Essai concernant Clarence Garfield Mainse - Nous nous souviendrons d'eux - Ressources pédagogiques - Bibliothèque et Archives Canada
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Projet Nous nous souviendrons d'eux

Clarence Garfield Mainse, soldat
28e bataillon, Saskatchewan Regiment (Northwest)
6e brigade d'infanterie, 2e division d'infanterie
Corps expéditionnaire canadien (CEC)

Renseignements personnels : Né le 2 novembre 1892 à Lyndhurst (Ontario), à 30 kilomètres au nord-est de Kingston, Clarence Garfield Mainse était l'aîné d'une famille de cinq enfants. Ses parents, Edward et Susan Mainse, venaient également de Lyndhurst. Jeune célibataire, il s'est installé à Moose Jaw, en Saskatchewan, où il a travaillé comme commis.

Mouvements militaires : Clarence Garfield Mainse faisait partie du 28e bataillon du Saskatchewan Regiment (Northwest Regiment) de la 2e division d'infanterie du Corps expéditionnaire canadien (CEC). Au moment de leur enrôlement, Mainse et les autres membres du 28e bataillon ont été regroupés à Winnipeg avant de partir vers l'Est pour débarquer en Angleterre. (Nicholson, page 549) En mai 1915, la 2e division a mis le cap sur l'Angleterre pour recevoir une formation à Shorncliffe, sur la côte du Kent. Le 15 septembre 1915, la 2e division a rejoint la 1re division au saillant d'Ypres : le corps d'armée canadien était formé.

Au début de la guerre, les soldats passaient six jours au front, six jours en réserve et six jours en permission. Toutefois, les lourdes pertes subies jusqu'alors obligeaient les hommes à réduire leur période de permission et à passer plus de temps au front. À ce moment-là, les soldats passaient 18 jours au front puis six jours derrière les lignes.Pendant qu'ils étaient au front, les soldats devaient souvent composer avec la maladie, les poux et les problèmes chroniques de pied des tranchées.

Les derniers jours : Au début de novembre 1917, le 28e bataillon s'est déplacé vers les abords nord-ouest du village de Passchendaele, sous le commandement de la division du major-général Macdonell. Les derniers hommes du 28e bataillon sont arrivés d'Ypres vers 4 h, soit à peine deux heures avant « l'heure H » de l'offensive de Passchendaele.

Le 5 novembre 1917, on a émis l'ordre d'opération 159 qui commandait à la 2e division canadienne d'attaquer et d'occuper le village de Passchendaele. Cette offensive  --  connue sous le nom de la 8e attaque  --  sortait de l'ordinaire dans le mesure où elle était menée exclusivement par le corps d'armée canadien. La 1re division canadienne était placée à la gauche du 28e bataillon, tandis que les 3e et 4e divisions restaient à l'arrière et se déplaçaient de gauche à droite. Le 28e bataillon devait passer à l'attaque sur la gauche de la ligne de front. On a passé l'essentiel de cette journée-là à mettre les bataillons en position  --  le 27e bataillon (de Winnipeg) devait se placer sur la droite, le 31e bataillon (de l'Alberta) était au centre, et le 28e bataillon (de la Saskatchewan) était à gauche.

Selon le plan d'attaque, le 28e bataillon devait se rendre sur la route de Mosselmarkt, au nord-ouest de Passchendaele, tandis que le 31e bataillon avancerait vers les abords nord-ouest du village et que le 27e bataillon entrerait dans le village comme tel. (Nicholson, carte 9) Les Allemands voulaient garder Passchendaele et avaient renforcé leur ligne de front le 3 novembre en faisant venir la 11e division de Champagne, dans le nord de la France. Selon les archives du grand état-major allemand, Passchendaele ne devait pas tomber, et si d'aventure la crête tombait, elle devait être reprise à tout prix. (Dancocks, p. 161)

À 6 h le matin du 6 novembre 1917, Clarence Garfield Mainse et le reste du 28e bataillon sont entrés dans le village de Passchendaele à l'aide d'un barrage d'artillerie lourde, dans le but de percer les lignes allemandes. Les 27e et 31e bataillons devaient suivre le barrage d'artillerie deux minutes plus tard. Pour atteindre leur objectif  --  la route menant au nord-ouest de Passchendaele  --  les bataillons devaient parcourir une distance de 1 000 verges sur le flanc gauche. (Nicholson, carte 9)

La coordination serrée des mouvements de l'artillerie et de l'infanterie était essentielle à la réussite de la mission. À plusieurs reprises avant cette offensive, le laps de temps entre les mouvements d'artillerie et d'infanterie était trop grand, ce qui s'est révélé catastrophique pour l'infanterie. Toutefois, pour la 8e attaque, le général Currie avait réduit le laps de temps de huit à deux minutes, pour que les Allemands n'aient pas le temps de sortir de leurs bunkers et de se mettre en position. Cette tactique a produit d'excellents résultats pour les Canadiens, dans la mesure où ils purent se rendre maîtres des tranchées allemandes et où ils y ont fait de nombreux prisonniers. Les 27e et 31e bataillons ont parcouru la distance voulue assez rapidement, mais ça n'a pas été le cas du 28e bataillon.

En effet, les hommes du 28e bataillon ont éprouvé des difficultés d'emblée. La boue entravait leur progression. Une grande partie du terrain était tellement boueuse que les soldats s'enlisaient jusqu'aux genoux et parfois même jusqu'à la taille. Leur avancée a donc été considérablement ralentie, ce qui a accru le laps de temps entre le barrage d'artillerie et l'avancée de l'infanterie. Le 28e bataillon a donc encaissé le plus fort de la riposte allemande et a subi de lourdes pertes. (Voir les cartes illustrant les mouvements du 28e bataillon le 6 novembre 1917)

Les membres du 28e bataillon ont été pris en souricière à deux reprises entre le feu du barrage d'artillerie canadien et le tir nourri de l'arrière-garde allemande. Au total, 12 officiers et 178 fantassins ont perdu la vie pendant la prise du village de Passchendaele et de la crête au nord du village. À 7 h 40, le village était aux mains des Canadiens, qui avaient toutefois subi de lourdes pertes. De nombreuses casemates allemandes ont été détruites. Le caporal P. H. Linsell aurait traversé un barrage d'artillerie pour prendre d'assaut une casemate allemande à la baïonnette et capturer 16 prisonniers.

Les survivants de cette offensive racontent qu'ils ont vécu l'enfer sur terre ce matin-là dans le village de Passchendaele. Le caporal H. C. Baker a noté, le matin du 7 novembre, qu'il avait l'impression d'avoir gagné la crête mais perdu le bataillon. (Dancocks, page 170) L'offensive et le bombardement de l'artillerie allemande le lendemain ont porté le nombre total de pertes de la 2e division canadienne à 2 238 hommes, dont 734 ont été tués ou sont morts des suites de leurs blessures. (Nicholson, p. 353)

Très tôt le 7 novembre 1917, le 28e bataillon a été relevé de ses fonctions. Les soldats ont campé près du cimetière, à Ypres. Ils se souviennent que les cuisiniers leur ont servi de la soupe et que c'était leur premier repas chaud en soixante-douze heures. L'appel de ce jour-là confirme que peu de soldats du 28e bataillon ont survécu à l'affrontement de la veille. Du 26 octobre au 7 novembre 1917, le corps d'armée canadien a perdu environ 16 000 hommes : la campagne de Passchendaele a fait 3 000 morts, 1 000 disparus et 12 000 blessés.

La réussite de la 8e attaque a été annoncée au général Currie, qui a transmis l'information au quartier général. Dans sa réponse, le maréchal Haig accorde à l'offensive de Passchendaele la même importance qu'à celle de la crête de Vimy. Toutefois, quelques semaines après la prise de Passchendaele et de sa crête, la Force expéditionnaire britannique a laissé tomber ce secteur, jugé insignifiant sur le plan stratégique.

La 8e attaque a fourni le premier terrain d'essai des dispositifs de communication sans fil dans un contexte opérationnel de combat. On a constaté que les dispositifs ont donné entière satisfaction et permis d'améliorer grandement le degré de communication au cours de l'offensive. (Nicholson, p. 325)

Le 28e bataillon s'est démarqué à de nombreuses reprises durant la guerre. Le 7 juin 1916, la presque totalité du 28e bataillon a été décimée sous l'effet de l'explosion de quatre mines. Après la bataille de la Somme, le régiment était réduit à 140 hommes, tous rangs confondus; cette bataille a été et demeure la plus sanglante du régiment. Le 11 novembre 1918, le soldat George Price, du 28e bataillon, a été la cible d'un tireur d'élite embusqué : il était 10 h 58, l'armistice allait être déclarée deux minutes plus tard, mettant fin à tous les combats et à la guerre. Le soldat Price est considéré comme étant la dernière victime de la Première Guerre mondiale chez les Alliés.

Dossier médical : Clarence Garfield Mainse a passé quelques jours à l'infirmerie en 1917. Le 17 avril 1917, il était admis à l'hôpital, et on lui a donné son congé le même jour sans consigner le motif de son admission. Le matin du 7 novembre 1917, au moment de l'appel de 6 h, Clarence Garfield Mainse n'a pas répondu. Plus tard au cours de la même journée, on a trouvé Mainse et on l'a amené au dépôt no 1 d'ambulance de campagne, où on a constaté son décès après avoir procédé à un examen. Son dossier médical révèle qu'il avait subi une commotion cérébrale lors de l'explosion d'un obus allemand tout près de sa position. Ces renseignements concordent avec les informations selon lesquelles un barrage d'artillerie allemand très concentré a riposté à la prise de Passchendaele et de la crête du village par les Canadiens.

Nous nous souviendrons d'eux : Dans son testament, Mainse léguait tout à sa mère. Elle a reçu la plaque militaire de son fils portant le numéro de série 752774. Mainse avait au total gagné 402,01 $ au sein du CEC, de son enrôlement à sa mort, à l'âge de 25 ans.

Clarence Garfield Mainse est enterré au nouveau cimetière militaire de Vlamertinge, en Belgique. Pendant la majeure partie de la Première Guerre mondiale, le village de Vlamertinge était situé tout juste à l'extérieur de la zone habituelle de tirs d'obus allemands, et était utilisé à la fois par les unités d'artillerie et les ambulances de campagne. Jusqu'en juin 1917, les enterrements avaient lieu sur le site initial du cimetière militaire; ensuite, on a entrepris la construction du nouveau cimetière militaire, conçu par sir Reginald Bloomfield en vue de l'offensive alliée qui serait lancée en juillet. Les enterrements ont continué d'avoir lieu au cimetière d'origine jusqu'en octobre 1918, mais la majorité des enterrements ont eu lieu entre juillet et décembre 1917. Le cimetière compte 1 813 tombes de soldats du Commonwealth datant de la Première Guerre mondiale. (Agence canadienne de la Commission des sépultures de guerre du Commonwealth)

Bibliographie

Dancocks, Daniel G. Legacy of Valour, The Canadians at Passchendaele, Edmonton, Hurtig Publishers, 1986.

Murray, W.W. The History of the 2nd Canadian Battalion (East Ontario Regiment) Canadian Expeditionary Force in the Great War, 1914 - 1918, Ottawa, Mortimer Limited, 1947.

Nicholson, Colonel G.W.L. Corps expéditionnaire canadien 1914–1919, Ottawa, Imprimeur de la Reine, 1964.

Sources

Dossiers militaires du soldat Clarence Garfield Mainse (RG 150, acquisition 1992-1993/166, boîte 5855 - 37) de Bibliothèque et Archives Canada, 395, rue Wellington, Ottawa (Ontario).

Sites internet (au moment de mettre en ligne)

Clarence Garfield Mainse

Nous nous souviendrons d'eux

Photo : Mike Pinder, travail de photographie pour la Presse canadienne, photo tirée d'un article sur Blake Seward, avec la permission de l'Ordre des enseignantes et des enseignants de l'Ontario.