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Cisjordanie Occupée: L´Effet Liban, Vengeance de l'Occupant - Le Mal : ne pas le voir, ne pas l´entendre, ne pas en parler

Humiliés par le Hezbollah au Liban, les soldats israéliens se vengent sur les civils palestiniens dans les territoires occupés... Aveugle, sourde et muette, la société sioniste israélienne dans sa grande majorité soutient les crimes commis par son armée. Quelques rares israéliens crient dans le désert et préviennent : "ne ditent pas que vous ne saviez pas, parce que je témoignerai, j'affirmerai, je dirai: je vous l'avais dit."




Checkpoint Cisjordanie Occupée
Checkpoint Cisjordanie Occupée

L´Effet Liban

La guerre du Liban produit aussi des effets violents et brutaux en Cisjordanie. C´est ce qu´a appris, dans sa chair, Bilal Mouhsin, qui déclare avoir été victime de traitements cruels de la part de trois soldats, alors qu´il revenait de l´Université de Naplouse et qu´il rentrait chez lui. Le 26 août, deux semaines environ après la fin de la seconde guerre du Liban, Tayer Bilal Mouhsin, un étudiant de 18 ans, au teint sombre, de l´Université An-Najah de Naplouse a pris le chemin de son lieu d´habitation à Naqurah. Il a parcouru tranquillement à pied le trajet qui lui est familier, quotidien, jusqu´au barrage de Beit Iba. Là, il a été pris en stop jusqu´au village de Deir Sharaf où il a repris la marche dans les collines rocailleuses, par un chemin évitant la route Deir Sharaf - Naqurah, interdite aux Palestiniens. Cette limitation des déplacements allonge son chemin d´une heure mais il y a belle lurette qu´il s´y est habitué.

Le chemin de contournement s´arrête à la route de Shavei Shomron qui mène au Mont Garizim et qui est, elle aussi, interdite aux Palestiniens. Cette route, Mouhsin a l´habitude de la traverser en courant pour arriver aux terrains situés au-delà qui le conduisent à son village par des chemins semés d´obstacles. Il ne rencontre de soldats que rarement. Généralement, ils l´ignorent, parfois ils lui demandent sa carte d´identité, le retiennent une demi heure puis le libèrent. Ces derniers temps, il n´est pas rare que des barrages surprise surgissent sur la route, mais même cette routine épuisante, cela fait longtemps qu´elle a cessé de lui paraître particulièrement menaçante.

Cette après-midi là, un véhicule blindé se trouvait sur la route, avec à son bord, le sergent H, le sergent Y et le conducteur. Ils l´ont arrêté, lui ont pris sa carte d´identité, lui ont donné l´ordre d´attendre à côté d´un autre à avoir été ainsi « retenu » et qui se tenait sur le côté. « Je ne connaissais pas le jeune gars », a raconté Mouhsin, « Je lui ai demandé : ` Pourquoi es-tu ici ?´ Il m´a dit : `Ils ont trouvé sur moi une cassette de Nasrallah, ils l´ont prise et ils l´ont cassée´ ». Peu de temps s´était écoulé, a poursuivi Mouhsin, quand un des soldats s´est approché de lui et lui a demandé de traduire ce qui était écrit sur le boîtier de la cassette. Le titre « Promesse tenue » scintillait devant ses yeux. Mouhsin a regardé la cassette puis a dit qu´il ne savait pas. Le propriétaire de la cassette s´obstinait lui aussi à dire qu´il ne savait pas. Le soldat s´est mis en colère. « Bon. Attendez un instant », a-t-il lancé. Il parlait « l´arabe des Juifs ». Il est allé au véhicule blindé et est revenu avec un bâton à la main. Le propriétaire de la cassette, qui avait déjà reçu des coups ce jour-là, s´est enfui à toutes jambes. « Je n´ai pas fui, je ne pouvais pas : ma carte d´identité était entre leurs mains, je n´avais pas encore réalisé ce qui se passait, ils n´avaient pas d´armes, ils n´ont pas tiré sur lui, ils n´ont même pas essayé de le rattraper, et ils avaient l´air de se contenter de m´avoir moi ».

Un coup de téléphone du Hezbollah

A partir de ce moment-là, Mouhsin a été, selon son témoignage, livré à la cruauté et aux mauvais traitements, pour le plaisir. Le sergent H et le sergent Y l´ont, dit-il, traîné jusqu´au véhicule blindé, lui ont mis des menottes en plastique et l´ont obligé à chercher son camarade en fuite, dans les champs de ronces qui bordaient la route. Mais peu après, ils se sont ravisés et, sans crier gare, se sont mis à le frapper et à lui donner des coups de pieds. « Ils m´accusaient de lui avoir dit de fuir », a-t-il raconté, « L´un d´entre eux m´a fait tomber et m´a frappé à la tête avec un gourdin. J´ai essayé de me relever et ils ont continué à me porter des coups violents et à m´injurier : shahid, Hezbollah, Hamas. Je me suis relevé, j´ai marché sur la route, plié en deux, endolori, avec eux derrière moi. L´un des deux m´a frappé à la tête avec un bâton, j´ai perdu connaissance, je suis resté inconscient une dizaine de minutes. Quand je me suis éveillé, j´ai seulement ouvert les yeux, je ne comprenais même pas ce qui m´arrivait. J´ai reçu encore des coups et des coups. »

Un véhicule militaire est arrivé inopinément, ce qui a amené les soldats à cesser de lui donner des coups. Le soldat du véhicule les a réprimandés mais quand il est parti, ils se sont remis à frapper. Ils m´ont dit : "Redresse-toi. J´ai dit : Je ne peux pas. Ils m´ont entraîné fiévreusement, furieux, et ils m´ont frappé avec un bâton jusqu´à ce qu´il se brise. Le sang me coulait sur la chemise et sur le visage et n´arrêtait pas de couler. Le soldat m´a dit : Enlève ta chemise et sèche-toi la tête. Un des soldats m´a demandé : Tu veux de l´eau. J´ai dit oui. Alors il m´a dit de me mettre à genoux et de leur tourner le dos et il est allé au véhicule blindé chercher une espèce de barre de fer et il m´a frappé, sur l´oreille et sur la tête, puis il m´a dit : `Voilà de l´eau pour toi".

Chaque fois que Mouhsin essayait de se lever, il prenait des coups, dit-il. Les deux soldats l´ont jeté dans le fossé de drainage, ont sauté après lui et ont continué à le frapper. Quand ils ont entendu le bruit d´une jeep militaire qui s´approchait en venant de Shavei Shomron, ils l´ont caché à l´intérieur du véhicule blindé, bâillonné avec un tissus et menacé : « Si tu ouvres la bouche, on te tue ». Ils ont tracé un cercle, dit-il, et lui ont ordonné de s´y asseoir à l´intérieur en le menaçant : « S´il y a quelque chose de ton corps qui sort du cercle, tu recevras des coups ». « Ils me disaient tout le temps : `Tu vas mourir aujourd´hui, ici´. C´était à qui me frapperait le plus », a-t-il raconté. « Il y en a un qui m´a attrapé et m´a tenu solidement, et le deuxième a pris son élan pour me frapper au cou avec ses chaussures. Un des soldats a dit à l´autre : `Tire-toi´ et il m´a frappé avec un bâton. Mon téléphone portable a sonné. C´était mon cousin. Le soldat a coupé la connexion. `Tu as eu un coup de téléphone du Hezbollah´, a-t-il hurlé en me frappant à la tête. »

Toutes ces tortures ont duré une longue heure, jusqu´à ce que tout à coup les soldats ont décidé de le lâcher. « Les soldats ont frotté avec les pieds le sang que j´avais laissé dans le cercle », a-t-il dit, « Quand j´ai commencé à m´éloigner, ils m´ont lancé des pierres, et alors, voilà, j´ai décidé de rejoindre mon village, et s´ils lancent des pierres, qu´ils fassent ce qu´ils veulent, soit, qu´ils tirent, ça m´est égal. »

Mouhsin est arrivé au village, couvert de sang, et son père l´a emmené d´urgence à l´hôpital de Naplouse. Il a été recousu à la tête. Lorsque les soldats qui l´ont brutalisé ont joué avec son téléphone portable, ils se sont photographiés sans le savoir, et leurs photos ont permis à la division d´investigation de la police militaire de les identifier. C´est apparemment le seul cas résolu jusqu´à présent, sur les huit plaintes adressées la semaine dernière à l´armée israélienne par l´association « B´Tselem » contre des soldats, et portant sur des brutalités visant des Palestiniens à des barrages, depuis le début de la dernière guerre du Liban.

Un acte d´accusation a été introduit cette semaine au tribunal militaire régional contre les sergents H et Y. Le détail du délit est formulé dans une langue faite d´euphémismes : les accusés, en tant que soldats de l´armée israélienne, se sont comportés d´une manière qui ne s´accorde pas avec leur grade et leur position dans l´armée.

Un enfant avec des lunettes et un casque

La guerre du Liban, qui a retenu l´attention du public durant un mois environ, a laissé la Cisjordanie comme une zone grise soumise à des retombées non négligeables d´offense, de nationalisme exacerbé et de vengeance destructrice liées à l´incapacité de l´armée israélienne à défaire le Hezbollah. Distraitement, par une sorte de réaction inévitable à l´atmosphère de guerre dans le nord, le régime des limitations des déplacements dans les Territoires a été durci soit par de l´imposition de nouvelles limitations ou parce que des soldats, aux barrages, s´appliquaient à redoubler de rigueur dans la mise en oeuvre des limitations existantes. Les barrages surprises se sont multipliés.

Un mois et demi environ après la guerre, on en voit encore les signes. Un jour, c´est une interdiction générale pour les habitants de Jénine de se rendre d´un endroit à l´autre ; un autre jour, c´est au tour des habitants de Naplouse. Même Tulkarem qui n´est d´habitude pas bloqué, a été fermé plus d´une fois. Un jour la limitation frappe les gens entre 16 à 35 ans, un autre jour les gens entre 18 et 30 ans. Les plaintes pour brutalités exercées par des soldats aux barrages se sont succédé. Des habitants qui avaient contourné les barrages en coupant par les champs ont rapporté que lorsqu´ils se faisaient pincer, ils étaient battus avec une cruauté saturée de haine. La référence, récurrente dans les jurons des soldats, au Hezbollah, à Nasrallah, aux vierges du paradis, parle d´elle-même.

« Ils ont échoué avec le Hezbollah, alors ils ont tout sorti contre nous, les faibles », a dit Mouawiya Hassan Mousil, 36 ans, père de cinq enfants, chauffeur de taxi dans la région de Tulkarem. Il a lui-même été victime de brutalités au plus fort de la guerre du Liban. Le 23 juillet, il a, selon ses dires, été retenu au barrage de Ramin, alors qu´il se rendait de Tulkarem à Ramallah. Tous les passagers du taxi ont dû s´asseoir par terre, mains croisées dans la nuque, mais lui-même a été tiré de son taxi par un soldat qui l´a attrapé par la chemise, et deux autres soldats lui ont saisi les bras et l´ont traîné derrière la jeep militaire, hors de vue de ceux qui étaient retenus au barrage.

« Un des soldats m´a porté un coup au ventre avec la crosse de son fusil, tout droit dans l´estomac. J´ai serré mon ventre et je suis tombé par terre. Alors j´ai senti un coup violent sur les épaules », a raconté Mouawiya, en hébreu. « Je ne sais pas, c´était un jeune soldat, de 20 ans, quelque chose comme ça, un enfant, avec des lunettes et un casque. Je ne pouvais pas le croire », a-t-il murmuré, sa colère grandissant. « Les deux autres m´ont donné des coups de pieds dans les côtes, tout est devenu noir, je me suis tu. En général, je ne me tais pas avec les soldats. C´est la première fois, pour moi. Impossible de décrire la peur. Ils n´arrêtaient pas, ils donnaient des coups tout le temps. »

Il n´a toujours pas compris pourquoi ils l´avaient choisi lui. Les soldats sont allés s´occuper des passagers qui étaient assis à l´avant du barrage et lorsqu´ils sont revenus à lui, ils l´ont accusé de feindre et de mentir. « Ils voulaient discuter avec moi. Je ne pouvais pas. Mes yeux étaient complètement rouges, tout mon corps était rempli de sang », a-t-il dit. « `Menteur, tu n´as mal nulle part´, m´a crié le soldat puis, je ne sais pas, un soldat m´a collé son révolver contre le front, mais le deuxième soldat l´a arrêté en lui disant : `Laisse tomber, on ne veut pas le tuer´. A la fin, ils ont compris que j´étais vraiment en piteux état. Grâce à Dieu, il y avait un médecin dans mon taxi. Alors ils sont allés le chercher. Il a dit aux soldats : `Si dans cinq minutes, vous ne l´avez pas emmené d´ici, il mourra´ ».

« Je ne sais pas ce qu´ils voulaient de moi », ne cesse-t-il de répéter, « Tout le temps, ils me criaient dessus : `On t´a pincé, espèce de maniaque du Hezbollah´. Je ne sais pas. Peut-être qu´ils pensaient que j´étais un terroriste, frappant tout le temps comme des fous. Je ne comprends pas ça. Ils sont entrés chez moi et maintenant ils me tuent. Qui les fera cesser de dire que je voulais piquer une arme ? On connaît les Juifs, on les connaît bien, ils pensent qu´ils peuvent tout faire. Nous vivons comme dans une prison. Nous voulons vivre. Nous sommes déterminés à vivre. Les Juifs parlent de paix. Quelle paix ? Ces gens-là aiment le sang. Si quelqu'un analysait leur groupe sanguin, il y trouverait la guerre. Ces gens-là ont la guerre dans leurs gênes. Et après ils se plaignent qu´il y ait des attentats. Pourquoi ? Du fait de la pression dans laquelle nous vivons. Si je ne peux pas ramener du pain ou du lait à la maison, qu´est-ce que je ferai ? Y a pas moyen, y a pas moyen. »

Un Guillaume Tell israélien

Un des harcèlements les plus choquants a été, semble-t-il, le lot d´Akram Razi Nazial, 21 ans, natif de Naqurah, étudiant en histoire à l´Université An-Najah. « Au début, les gens du village ne m´ont pas cru quand je leur ai raconté ce qui s´était passé. Ce n´est que lorsque mon cousin, qui était avec moi, a confirmé mon récit qu´ils ont commencé à me croire », a-t-il dit, visiblement touché. « La politique ne nous intéresse pas », a-t-il souligné. Pas plus tard qu´il y a une semaine, son père a reçu un permis de travailler en Israël comme serrurier.

Jusqu´alors, il avait été au chômage pendant des années et dans sa misère, il avait élevé de la volaille. « Si je rencontre le soldat qui m´a fait ça, même dans vingt ans, je le tuerai », a-t-il murmuré. Son apparence fluette, paisible, ne s´accordait pas avec les bouffées de haine et d´offense qui lui venaient graduellement. « J´ai toujours eu de la compassion pour les Juifs, mais maintenant, ils m´ont fait eux-mêmes quelque chose de ce qu´Hitler leur a fait », a-t-il lancé. Il est convaincu que deux des quatre soldats qui l´ont maltraité étaient les sergents H et Y, qui ont été accusés cette semaine de brutalités à l´égard de Mouhsin. Il les a identifiés à partir des photos prises avec le téléphone portable et qui ont été diffusées dans le village.

Il était sur le chemin de Naqurah à Beit Saref, en compagnie de son cousin Taher Abdel Nasser. Il a raconté que tout à coup, des soldats ont surgi d´une oliveraie en lui criant « Viens, espèce de maniaque ! ». Ils leur ont pris leur carte d´identité à tous deux et les ont fait asseoir sous un olivier. « Après une heure, un des soldats m´a appelé », a poursuivi Nazial d´une manière factuelle, « Il m´a dit : `Ta mère est une salope´, des mots que je ne répéterai pas, `Je ferai ça et ça à ta soeur´, des choses comme ça, puis il m´a dit : `Tu es Hamas´. Je lui ai dit : `Je ne suis pas Hamas´. Il m´a dit : `Soulève ta chemise´. Je l´ai soulevée et il a commencé à me donner des coups dans la poitrine ».

La liste des humiliations et des brutalités n´a pas cessé de s´allonger dans une description détaillée : « Ensuite, ils m´ont dit : `Assieds-toi´. Ils ont pris une boîte de café instantané à moitié pleine et me l´ont vidée sur la tête. Ensuite ils m´ont dit : `Prends ce gobelet et mets-le sur ta tête´. Le gobelet était vide et léger, alors le vent l´emportait. Chaque fois qu´il tombait, le soldat me frappait de nouveau et son copain l´encourageait : `File-lui ça, file ça à ce salaud´. Ensuite, il a reçu un appel téléphonique et il m´a dit de me taire. Après ce coup de téléphone, il a de nouveau injurié ma soeur, Mohammed, Allah et tout.

« Chaque fois que le gobelet tombait, je prenais des coups assassins, alors j´ai essayé de le stabiliser sur ma tête. Quand j´y suis parvenu, le soldat m´a dit : `Maintenant, tranquille, tranquille, ne bouge pas, tais-toi, fils de pute´. Il a pointé son fusil et a tiré dans le gobelet. Les soldats étaient pliés de rire et applaudissaient. J´ai vu le coup de feu. Le soldat était à quatre mètres environ. Il a apparemment fait mouche, car les soldats ont applaudi. J´ai pensé que c´était la fin pour moi. Il n´y a pas moyen de décrire cela. Je ne croyais pas que j´étais vivant. Si seulement je rencontrais ce soldat, je le tuerais, ça m´est égal, ils n´ont qu´à me tuer. On ne meurt qu´une fois ».

L´armée israélienne a communiqué à B´Tselem que toutes les plaintes seraient examinées.

Ada Ushpiz Haaretz, 29 septembre 2006

www.haaretz.co.il/hasite/spages/768642.html

Version anglaise : Fallout of shame - www.haaretz.com/hasen/spages/768762.html

(Traduction de l'hébreu : Michel Ghys)

Le Mal :ne pas le voir, ne pas l´entendre, ne pas en parler

Les pécheurs ont des milliers de manières de s´accommoder de leurs péchés. Certains, conscients de la gravité de leurs fautes, continuent à les commettre, par défi. D´autres sont tellement pris de remords qu´ils cherchent le repentir, et finissent par renoncer à ces fautes. D´autres encore, en nombre sans cesse grandissant, ont habitué leurs yeux à ne pas voir, leurs oreilles à ne pas entendre et tournent la tête dans une seule direction : celle d´un monde visible mais creux. Là, ils peuvent voir danser les rock stars. Mais ils ne regardent jamais dans l´autre direction, là où ils pourraient voir des choses agaçantes, décourageantes, déprimantes.

Et c´est loin d´être facile, de ne pas voir, de ne pas entendre, de détourner la tête. Mais ces pécheurs-là ont un talent unique. Depuis des années, cela leur est devenu un instinct. Même s´ils se trouvaient assis sur l´épaule d´un soldat, atterrissaient à bord d´un missile ou passaient un week-end sur un bulldozer, inévitablement, ils ne verraient rien, n´entendraient rien, resteraient collés à leur téléphone portable ou au reality show du moment. Et ainsi, aveugles et sourds, ils se répètent à eux-mêmes d´une voix assurée : "Nous sommes dans notre droit, et nous n´avons pas péché." Mais, comme il est dit dans nos prières, nous et nos ancêtres avons péché. Et nous continuons. Yom Kippour ne pardonne pas ces péchés-là. Leur gravité ne peut être rachetée par le repentir, la prière ou la charité.

Ouvrir ses yeux aveugles et ses oreilles sourdes

Parce que je ne veux pas, Dieu m´en préserve, pécher en ne faisant pas mon devoir, je n´ai d´autre choix que d´ouvrir leurs yeux soi-disant fermés, leurs oreilles soi-disant sourdes, et tourner leurs têtes pour qu´ils voient les péchés et les fautes qu´ils ont commis au nom de l´argent, du pouvoir et de l´autorité. Mais aussi en mon nom, mon argent et mon pouvoir, au nom de mon autorité et de mon incapacité à provoquer le changement. Sous leur nez, des juifs volent la terre de leurs voisins, abattent des arbres fruitiers, volent l´eau, vandalisent des vergers, agressent des enfants, manquent de respect à des vieillards et tuent des troupeaux - tout en se sentant dans leur droit le plus absolu. Sous leurs fenêtres, un système militaro-bureaucratique exerce son oppression tyrannique sur des millions de gens, dont le seul péché est d´appartenir à une race, une religion, un peuple.

Des malades pourrissent sur place aux check points jusqu´à ce qu´un fonctionnaire daigne leur délivrer l´autorisation de voir un médecin. Des femmes accouchent sur le bord de la route, parce que le maître qui règne sur la région en a décidé ainsi. Des maris sont séparés de leur femme parce qu´une administration a décidé que, ce matin-là, les hommes de plus de 40 ans à longue barbe ne seraient pas autorisés à rentrer chez eux. Des étudiants sont écartés de leurs études, des ouvriers de leur gagne-pain, des agriculteurs de leurs terres et des parents de leurs enfants. Et pourquoi ? Parce que. Parce que le fonctionnaire, là, en a décidé ainsi.

Pourrir dans la prison de la bande de Gaza

Et devant leurs yeux fermés, un million et demi de gens sont en train de pourrir dans une prison de masse appelée "bande de Gaza", dont on ne peut pas sortir, et où l´on ne peut pas entrer. Il n´y a ni port maritime ni aéroport. Ni gagne-pain, ni électricité. Le péché de ces gens est effectivement très lourd. Ils n´ont pas su réaliser en 10 mois ce que l´Etat d´Israël n´a pas pu faire en 10 ans. Pire encore, ils ont élu un gouvernement que n´aime pas beaucoup le crétin de la Maison Blanche. Est-il étonnant, dans ces conditions, qu´ils soient condamnés à la faim et au découragement ? Et presque tous les jours, ils entendent le ronronnement des drones de l´armée israélienne, le rugissement des jets, le sifflement des missiles, le chuintement des bombes qui ciblent encore un de ces "activistes haut placés", ou de ces "hommes armés de moindre importance", avec ses voisins, ou seulement une jeune fille qui s´obstinait à rester chez elle, ou une grand-mère et son petit-fils, sa mère et ses enfants, et une famille qui avait osé s´aventurer dehors.

Tournez la tête et regardez ailleurs

"Ce n´était pas intentionnel", disent les pilotes et ceux qui les envoient. Et eux aussi s´en sortent, absous et purifiés. Mais s´ils jettent un regard vers l´Est, juste une seconde, ils verront comment eux-mêmes, par leurs propres actes, discriminent des gens par la religion, le peuple, le sang. Des routes sont réservées au seul peuple élu, et la terre à la religion élue. L´eau est réservée à ceux qui ont la bonne couleur de sang. Et nous n´avons pas parlé des procès injustes, du mur qui coupe tout un tissu social, et du mécanisme des ténèbres qui grandit et dont le seul but est d´exploiter, d´opprimer, de voler et de tromper les étrangers et les habitants.

Enfer et destruction

Sans doute, tous les aveugles et sourds volontaires murmurent entre eux : "Tout cela a été fait au nom de la sécurité ! S´ils n´avaient pas cherché notre destruction, nous ne serions pas venus leur faire vivre l´enfer !" Mais peut-être est-ce le contraire ? Peut-être que si nous ne leur avions pas fait vivre l´enfer, ils n´auraient pas cherché notre destruction ? Entre les prières de Kol Nidrei et de Ne´ila *, il y aura assez de temps pour y réfléchir.

Je sais que ces aveugles s´en tiendront à leur aveuglement, les sourds à leur surdité. Après tout, vivre ainsi est si confortable ! Mais quand arrivera le moment de l´expiation, devant un tribunal terrestre ou divin, personne ne pourra clamer à bon droit : "Nous ne savions pas, nous n´avons pas vu, pas entendu." Parce que je témoignerai, j´affirmerai, je dirai : "Je vous l´avais dit."

Hag Sameakh ! **

B. Michael Yediot Aharonot, 1er octobre 2006

http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-3309864,00.html

* Première et dernière séries de prières de Kippour
** "Bonne fête" en hébreu


(Traduction de l'anglais : Gérard Eizenberg)

Solidarité Gaza: aide à projet des paysans palestiniens pauvres

Samedi 07 Octobre 2006

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