Chromehounds

Chiens de guerre XXL

Chromehounds (Xbox 360)
Simulation de robots géants pour Xbox 360 - Edité par Sega

Le mecha-designer Go Nagai, Père de Goldorak, expliquait qu’un robot géant, afin d’être crédible, devait sembler agile mais pesant à fois, avoir une matérialité plausible. Et ce, en restant un défi aux lois de la physique. C’est cette idée qui domine Chromehounds. Derrière les escarmouches à l’artillerie lourde se cache une finesse de jeu qui ravive le genre. Mais l’alchimie entre le public et cette simulation lente et dépouillée se fera-t-elle ?

(JPEG) Dans Chromehounds, la guerre froide est entrée dans l’histoire. Tout se déroule au sein d’un contexte géopolitique parallèle. Les blocs de l’Est et l’Amérique sont entrés en conflit, provoquant une scission des états russes en 3 grandes patries. Les frontières voient de nouveaux pays se regarder en chiens de faïence, dans l’attente d’une nouvelle explosion de violence. Suivant la logique de la course à l’armement qui présida aux inventions terrifiantes de la seconde guerre mondiale, les robots géants sont devenus les nouveaux outils de la destruction massive. Vingt ans de recherches militaires peuvent accomplir d’inquiétantes prouesses.
Ces titans, les méchas, sont hauts comme des gratte-ciels et possèdent une puissance de feu à faire passer le Charles de Gaulle pour un pétard mouillé. Un homme seul à bord d’un de ces holocaustes mobiles peut rayer des villes de la carte, du bout du doigt. Les processus de paix ayant presque tous échoué, les conflits restent en suspens, l’Amérique affame ou abreuve les trois pays de l’Est selon ses besoins, et la Russie essaye de ramener à elle ces contrées dissidentes. Il n’y a pas de gentils dans Chromehounds, juste des intêrets. En tant que jeune recrue, vous découvrirez au fil des diverses campagnes de quelle étoffe sont faits les héros. C’est une soie tissée de fils d’acier.

Les plus courtes sont les meilleures
(JPEG) Bien qu’évoquée, la trame générale de Chromehounds est néanmoins solide. Toutes les cinématiques ingame se résument à du dialogue en sens unique qui vous exposent la situation. Il est d’ailleurs surprenant de constater à quel point cette extrapolation géopolitique nous apparaît limpide, quel que soit le camp que l’on choisit d’incarner. La narration se soustrait donc au fil conducteur de chacune des 6 mini-campagnes solo que propose le jeu. Chromehounds en offline est assez court. En comptant les phases d’entraînement, sept missions pour chaque campagne, avec des notes sanctionnant vos performances de pilote. Les campagnes sont séparées suivant les six types de méchas possibles. La ligne de front ira caresser l’ennemi à contre sens, le sniper fera de fourbes cartons en embuscade, l’artilleur détruira les bases par de précis tirs en cloche. Pendant ce temps, l’armurier protègera vos murs comme ses propres dessous de coton, l’éclaireur fendra la bise pour se saisir des points stratégiques. Le chef d’unité, lui, coordonnera le tout en vociférant des ordres dans sa radio. Cette dernière spécialité axe principalement ses objectifs sur des ordres que vous envoyez à vos unités, propulsant une simulation de gros robots en RTS prenant.
(JPEG) Les buts des missions scénarisées sont en effet simples. Détruire un objectif, protéger une cible, accroître votre réseau, conquérir un terrain. Tout s’articule autour des tours de relai radio que vous devez/pouvez pirater pour développer la portée de votre communicateur, et des bases, sensibles aux pilonnages. Les campagnes se bouclent rapidement, suivant votre sens de la perfection du score, et n’ont pour but que de vous préparer à l’hécatombe de l’online.
De nombreux clans sont déjà en action sur le Xbox Live et s’étripent dans des déluges de plomb et d’engins explosifs. Le challenge est élevé et l’on se surprend à admirer les tactiques d’équipe, mais surtout les machines adverses. C’est un défilé de constructions baroques et finement étudiées qui s’élancent les unes contre les autres dans les plaines dévastées de l’Est. Car Chromehounds révèle toute sa profondeur en ligne à travers ce qui l’handicape en offline : La customisation de votre mécha.

La mort prend son temps car seul celui des vivants est compté
(JPEG) Chromehounds a étudié son gameplay de façon à concilier vraisemblance et fun. C’est une gageure que beaucoup croiront perdue s’ils se contentent de ne gratter que la surface du jeu. Certes il y a des mechas, mais pas de personnages typés manga. Certes, les robots sont détaillés, mais les décors sont d’une austérité mormone. Où réside donc le plaisir ? Chaque mission vous dote d’un robot pré-assemblé qui vous permettra de compléter vos objectifs sans aucun confort. Les modèles fournis sont d’une lenteur insoutenable, maniables comme des haltères de compétition. Pour peu, on pourrait mourir de vieillesse avant d’avoir traversé la carte des opérations ou fait un 360° avec votre tourelle de tir. Et pourtant, cela reste probable, car ce sont des milliers de tonnes de métal qui arpentent des déserts. C’est en cela que le soft est assez pervers. Les dernières missions s’avèrent assez sadiques pour que vous ayez recours à un mécha de votre propre conception. Juste pour espérer réussir à vous en tirer autrement qu’entre quatre planches. Après quelques raclées et pertes humaines massives, on se hasarde à entrer dans le hangar d’assemblage.
(JPEG) Un monde de possibilités quasi infinies s’offre à vous. Et les mots sont pesés avec minutie. Tout comme devra l’être votre équipement. Chaque châssis, bipède, quadrupède ou sur roues a sa propre vitesse et capacité de charge. Il vous faudra alors adapter le choix de votre générateur d’énergie, celui de votre cockpit et de ses composants d’assistance au pilotage. Stabilité, gestion des armes, refroidissement des systèmes, tout est pris en compte. Vous venez de pénétrer dans un royaume d’optimisation forcenée. La soif de pièces détachées vous assaille. Vous refaites alors les missions passées, en rang S, pour bénéficier de pièces bonus, vous devenez un obsédé du boulon. On surveille le poids de sa machine comme on le ferait pour un jockey, on saute de joie quand un nouveau gadget nous permet de mettre à jour notre moissonneuse-basheuse. On retrouve le sérieux que nous avions étant enfant avec les lego, car chaque élément peut être retourné en tous sens, assemblé suivant des points d’attache que nous avons définis.
(JPEG) Pourtant, tout doit se plier aux lois de la physique. L’un des plus importants réglages fins consiste ainsi en l’attribution de vos armes par fonction de défense. Un tir de barrage de 4 fusils à pompe de la taille d’une école primaire peut vous sembler imparable, mais... On doit répartir le poids de ses armes, définir laquelle portera la caméra directrice du tir et se demander quel sera l’influence du recul sur nos salves. La fonction de test en situation vous permet heureusement de contrôler l’efficacité de vos choix. Souvent pour constater que nos projectiles partent en tous sens car la logique a cédé face à notre gourmandise. Tout est alors à repenser, méthodiquement.
Cet aspect, digne d’une maîtrise d’ingénieur en dynamique des fluides, fera sûrement fuir à toutes jambes les joueurs impatients qui veulent de l’arcade à tout rompre. Le gameplay immédiat est d’ailleurs un pendant surprenant au milli métrage de la conception de mécha. Et il s’efface naturellement pour vous laisser apprécier la précision de coucou suisse qui préside aux attaques de votre fléau high-tech. Ces antipodes dans Chromehounds ne font pas que nourrir votre imagination, ils sont parfaitement complémentaires. En sus de la technologie à votre disposition, vous pourrez créer des emblèmes disposant de 16 ( !) couches de motifs, redéfinir la couleur de chaque partie, le camouflage à appliquer. Vous serez la plus belle pour aller fragger.

L’amour en ligne
(JPEG) Vous l’aurez compris, cette folie furieuse de la customisation n’a pas pour but de maîtriser les campagnes étriquées du jeu. Elle vous met en condition pour les batailles sur le Xbox Live. Une fois que vous penserez avoir construit un robot impeccable, lancez-vous à l’assaut, par escadrons de 6, dans des affrontements qui vous feront goûter au breuvage amer de la défaite. Malgré tous vos préparatifs minutieux, c’est le travail d’équipe, de clan, qui vous fera tirer votre épingle du jeu. Sega a poussé le souci du détail en matérialisant la répercussion des escarmouches sur le site officiel de Chromehounds. Les villes sont tour à tour saisies et reprises à l’issue des parties, on tente de vous impliquer dans le contexte instable des trois nations ennemies. Ce n’est qu’un aspect superficiel, mais il a son importance. L’immersion dans le conflit s’installe peu à peu et c’est un point fort indéniable de Chromehounds. Sega a d’ailleurs récemment mis en ligne un pack de pièces détachées supplémentaires pour remercier les joueurs qui se sont accrochés aux serveurs, malgré une mise en place chaotique. A l’avenir, il semblerait que d’autres packs soient mis à disposition sur le marketplace Live. Mais cela soulève le problème de l’élitisme, du déséquilibre entre les équipes, une facette perverse du système d’optimisation extrême. Il y a fort à parier que, comme à l’accoutumée, les joueurs sauront d’eux-mêmes régler cette éventualité en définissant leurs propres règles d’admission. Chromehounds propose donc du bon jeu online sur une centaine de cartes, de quoi vous occuper pendant des heures et, pourquoi pas, susciter en vous la vocation d’un leader de clan.

Assurément jeu des contrastes, est un soft d’une profondeur inouïe qui livre tout son potentiel avec le temps. Les entrailles d’acier de vos HOUNDs vous appellent, qu’attendez-vous pour vous lover dans le cockpit ?

(JPEG)

Chromehounds
Développé par From Software
Edité par Sega
Sortie le 30 Juin 2006


Rémi Vermont

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