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GUIDE - VOYAGES

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Chine
Dernière croisière sur le fleuve Bleu

«Ce sont les dernières croisières sur le Yangzi ! » Lou, l'armateur de Chongqing, hurle dans son téléphone, qu'il abandonne sur la table poisseuse, pour accueillir à bras ouverts l'étranger qui se profile à la porte.

Caroline Puel

« Vous voulez descendre les Trois-Gorges, c'est une bonne idée ; qu'est-ce qui vous ferait plaisir ? Un sampan, un cargo chinois, un navire de croisière ? » Marchons pour le cargo chinois, le prochain navire de croisière - généralement très prisé des étrangers avec ses suites royales, ses spectacles et sa piscine - ne part que dans dix jours...

En juin 2003, le barrage des Trois-Gorges, le chantier le plus pharaonique lancé dans le monde ces dernières années - également le plus controversé par les Chinois eux-mêmes -, sera achevé. L'interruption du cours du fleuve Bleu (Yangzi en chinois) par l'énorme mur de béton situé en aval des Trois-Gorges entraînera une montée des eaux spectaculaire qui noiera ce magnifique défilé montagneux. Une grande partie des paysages mythiques des célèbres Trois-Gorges, qui depuis des millénaires inspirent peintres et poètes chinois, perdront de leur intérêt ou disparaîtront l'an prochain. En quelques jours, les eaux du fleuve Bleu monteront de 135 mètres, pour constituer un immense lac de retenue de plus de 600 kilomètres de long. Puis, en différentes phases, le niveau s'élèvera jusqu'à 185 mètres et sera encore plus haut dans les périodes de crues.

DES TEMPLES QUI PRÊTENT À RIRE

L'horaire de départ des bateaux qui descendent le fleuve est assez variable, dépendant de la météo et du nombre de navires sur le trajet. Il est près de 23 heures lorsque la corne de brume du cargo chinois sonne l'embarquement. Sur une presqu'île de sable à la sortie de Chongqing, les passagers sont rassemblés à la lueur de phares de camions. Ces dernières heures, des dizaines de groupes de migrants sont venus s'ajouter aux passagers. Un rapide comptage dénombre plus de 600 voyageurs. « Combien le cargo contient-il de places ? - 480, répond un accompagnateur, un peu embarrassé, mais rassurez-vous, tous les bateaux partent aussi remplis. En première et seconde classes, vous avez des gilets de sauvetage ! »

Plusieurs villes sont réputées sur ce parcours, en particulier Fengdu, qui dans le taoïsme (religion chinoise intégrant des éléments de philosophie dérivés de Lao Tseu et de croyances populaires) symbolisait l'entrée des Enfers. Depuis plus de huit siècles, cette ville est un lieu de pèlerinage réputé dans la Chine entière. Mais les temples ont été détruits pendant la Révolution culturelle et reconstruits au début des années 80 avec des sculptures en plâtre peint, totalement kitsch, qui incitent plus au rire qu'au recueillement. Tout le mercantilisme qui entoure aujourd'hui ces lieux sacrés, l'incessant va-et-vient des touristes et les commentaires au mégaphone des guides achèvent de tuer toute spiritualité. Le lac de retenue portera les eaux à l'entrée des temples, engloutissant toute la ville. Une ville nouvelle a été reconstruite sur l'autre rive et un nouveau sanctuaire, plus élevé dans la montagne, est en cours de construction. Les habitants de la bourgade, qui vivent essentiellement du tourisme autour des temples, sont aujourd'hui résignés.

La deuxième journée de croisière est la plus impressionnante. Après la passe de Kuimen, le lit du fleuve se resserre et s'enfonce entre les parois vertigineuses des gorges de Qutang (8 kilomètres de long). Les vestiges d'un ancien chemin de halage sont encore visibles dans les falaises, qui en été prennent des tons rosés. A Wushan, une ville également appelée à disparaître l'an prochain, le cargo jette l'ancre. La découverte des Trois-Petites-Gorges, qui bordent la rivière Daning, affluent du fleuve Bleu, se poursuit à bord d'embarcations légères. La remontée de cette rivière donne une idée de ce que devait être celle du fleuve Bleu avant qu'il soit pacifié par le barrage de Gezhou, une version miniature du barrage des Trois-Gorges, achevé en 1989. Les eaux de la Daning sont peu profondes mais d'une pureté absolue, contrastant sévèrement avec l'épaisseur boueuse du fleuve. La remontée à contre-courant est très difficile. En dépit de la puissance des « feuilles de saule » (les sampans à moteur qui affrontent la rivière), trois hommes armés de bambous avec une pointe d'acier sont encore nécessaires dans chaque embarcation pour aider le pilote au moment des rapides et des tourbillons. « Jusqu'en 1984, les sampans n'avaient pas de moteur et nous tirions les embarcations avec des cordes, raconte Gou, l'un des trois bateliers, avec une pointe de regret dans la voix. On parlait de nous dans toute la région, car nous étions entièrement nus, avec seulement des chaussures de paille et un harnais. Les vêtements étaient insupportables tant l'effort était intense. » Sur les navires de croisière, des photos en noir et blanc exposées dans les coursives évoquent encore la douleur et la beauté de cette époque.

Alentour, le paysage est somptueux, fait de cultures en terrasses, notamment de colza, qui compose avec les bosquets de bambous et de forêt primaire de magnifiques contrastes du vert au jaune. Les parois des gorges sont à elles seules des tableaux étonnants, dans lesquels les Chinois aiment à reconnaître des formes poétiques. « Voyez ici, montre Zhang, le second batelier, c'est le singe qui attrape la lune dans la rivière et, là, des chevaux qui rentrent dans la montagne... » La constitution du lac du barrage ne laissera aucun espoir aux Trois-Petites-Gorges, leurs parois, moins élevées que celles des Trois-Grandes-Gorges, seront remplies d'une eau désormais quasi stagnante et terriblement polluée, se déchargeant du Yangzi.

LES MACAQUES DORÉS DEVRONT DÉMÉNAGER

Dans cet espace reculé de Chine, au-delà des petites gorges de Longmen, où la rivière est la plus violente, se trouvent les très sauvages gorges de Bawu, longues de 10 kilomètres. Plus aucune habitation, les falaises sont colonisées par des singes, des macaques dorés, spécifiques à cette région du Sichuan, qui s'ébattent ici en toute liberté et apparaissent de loin en loin sur les berges. De nombreux oiseaux vivent dans ces gorges. « Nous ne verrons plus tous ces animaux, qui vont devoir s'enfoncer plus loin dans les montagnes, loin du fleuve », regrette Zhang.

De retour sur le cargo, le voyage se poursuit à travers les grandes gorges de Wu, longues de 40 kilomètres, aux formes étonnantes. Dans ce défilé rocheux, le changement de climat est incessant. Une bourrasque s'est levée et le brouillard qui enveloppait les navires remontant le cours du fleuve se déchire par pans entiers. On ne tient plus debout sur le pont avant. Quatre passagers venus du lointain Nord-Est chinois (ex-Mandchourie) pour effectuer la descente des Trois-Gorges « avant qu'il ne soit trop tard » discutent du barrage : « La majorité des Chinois est contre et pourtant il se fera », résume l'un d'eux. Quel qu'en soit le coût, humain, écologique et financier. « Vous savez, la décision politique a été prise à Pékin et personne n'a jamais pu contrarier la volonté des empereurs de Chine... »

En descendant ou en remontant le Yangzi

La descente du fleuve Bleu (Yangzi) au niveau des Trois-Gorges s'effectue au départ de la ville de Chongqing, dans la province du Sichuan, qui est reliée plusieurs fois par jour par des vols directs à Pékin, Shanghai ou Hongkong. La croisière prend trois jours jusqu'à Yichang, où se trouve le barrage des Trois-Gorges, dont le chantier se visite. Le voyage en bateau peut se poursuivre jusqu'à Wuhan (quatre jours de navigation) et même Shanghai (six jours de navigation). Mais, en aval de Yichang, le fleuve est bordé par une vaste plaine dont on aperçoit peu de chose depuis le bateau, et le voyage peut s'avérer rapidement ennuyeux. Le parcours le plus recommandé est donc Chongqing-Yichang. C'est sur ce tronçon du fleuve Bleu que se trouvent les Trois-Grandes-Gorges et les Trois-Petites-Gorges. Le fleuve se remonte également au départ de Shanghai, Wuhan ou Yichang jusqu'à Chongqing. Le voyage est légèrement plus long dans ce sens, le bateau avançant à contre-courant (compter quatre jours pour Yichang-Chongqing). Mieux vaut réserver votre bateau très à l'avance, nombre d'entre eux étant complets ; sinon, il ne resterait que les sampans et les cargos chinois

Carnet de route
À SAVOIR

Durée du vol : environ 12 h.

Décalage horaire : + 6 h en été, + 7 h en hiver.

Climat : les meilleures périodes pour effectuer la croisière sont les mois de mai, septembre et octobre, l'hiver étant gris et humide et l'été très chaud.

Adresses : ambassade : 11, avenue George-V, 75008, 01.47.23.34.45 ; office du tourisme : 15, rue de Berri, 75008, 01.56.59.10.10, www.amb-chine.fr.

Formalités : passeport valable six mois après le retour, visa obligatoire (renseignements auprès de l'ambassade) et billet de retour.

Vols : Air China propose trois Paris-Pékin directs par semaine (01.44.51.55.66) à partir de 689 euro.

VOYAGES À LA CARTE

La Maison de la Chine (01.40.51.95.00) ; Voyageurs en Chine (01.42.86.16.40, www.vdm.com) ; Asia (01.56.88.66.50, www.asia.fr) suggère un parcours « Chine de l'eau et des rivières » de quinze jours, qui combine plusieurs excursions dont les jardins de Suzhou, la rivière Li, les villes-jardins du Sud et une croisière sur le fleuve Bleu.

SUR L'EAU

Les réservations pour une croisière peuvent se faire en Chine, par le biais des agences CITS (représentées dans les grands hôtels) ou directement auprès des compagnies, qui ont leurs bureaux dans les ports. Deux catégories de bateaux : les bateaux réguliers ou ban chuan (environ 200 euro) et les navires de luxe, beaucoup plus chers (de 500 à 1 000 euro par personne).

« La croisière Bleue », grand classique d'Asia : trois jours de navigation sur le Yangzi de Chongqing à Wuhan, en pension complète, sans les vols, à partir de 866 euro; par personne. Une croisière de cinq jours chez Voyageurs en Chine : visite des Trois-Gorges, de Jinzhou, des ensembles rupestres des sculptures bouddhiques de Beishan et Baodingshan. A partir de 606 euro par personne, sans le prix du bateau.

CIRCUITS ACCOMPAGNÉS

Ce voyage très complet (vingt-cinq jours) se distingue par la qualité des sites sélectionnés, car nombre d'entre eux sont inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco : la Cité interdite à Pékin, l'armée enterrée du premier empereur de Chine à Xi'an, les sculptures bouddhiques de Dazu... Un périple qui inclut également une descente du Yangzi. Huit départs (départ garanti à partir de 8 personnes, 24 maximum), du 12 avril au 11 octobre 2002, à partir de 4 345 euro; par personne tout compris avec Voyageurs en Chine. Pour « au fil du Yangzi Jiang » (dix-sept jours), le voyagiste Jet Tours (01.45.15.70.00) combine les sites classiques à une croisière sur le fleuve Bleu. Hôtels 3 à 5 étoiles, bateau de croisière 4 étoiles. 14 départs du 7 avril au 20 octobre 2002. A partir de 3 355 euro par personne, tout inclus.

HÔTELS

Tao Hua Ling, 29, Yun Jie Road, à Yichang (00.86.717.62.36.666). Ancien hôtel du Parti communiste qui vient d'être restauré. Chambres très spacieuses, grand jardin. Environ 60 euro; la nuit avec petit déjeuner ;

Le Marriott, 77, Qingnian Road, à Chongqing (00.86.23.63.88.88.88). Tout neuf et bien placé. 100 euro; environ la nuit avec petit déjeuner, promotions régulières.

À VOIR

Le vieux quartier de Chongqing (Qi Kou), qui vient d'être bien restauré. Rues piétonnes très typiques bordées de multiples commerces traditionnels et un bon restaurant au bord du fleuve.

À LIRE

Guides :

« Chine », collectif, Lonely Planet (30,34 euro;), le seul guide avec les noms de lieux en chinois ; « Chine, de Pékin à Hongkong », de Robert Boulanger, Guide Bleu Hachette (27,52 euro) ; « Le grand guide de la Chine », collectif, Gallimard (26,95 euro) ; « Chine du Sud-Ouest », collectif, Guide Bleu Hachette (23,90 euro).

Civilisation : « Dictionnaire de la civilisation chinoise », collectif, Albin Michel (27 euro).

Littérature : « Essais sur la Chine », de Simon Leys, Robert Laffont Bouquins (22,71 euro).

© le point 22/03/02 - N°1540 - Page 138 - 1947 mots

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