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Les écosystèmes



 les différents types de zones humides
Les zones humides méditerranéennes regroupent une grande variété d'habitats naturels : deltas des fleuves, lacs et marais (eau douce, saumâtre ou salée), rivières permanentes ou oueds, forêts inondables des bordures de fleuves, ou bien salines et lacs de barrage.
Les deltas
C'est à l'embouchure des principaux fleuves que l'on trouve le plus fréquemment des zones humides côtières : les limons et les sables charriés vers la mer se déposent à l'endroit où le fleuve atteint les eaux calmes, non affectées par les marées, et donnent ainsi naissance à des dunes, à des marais et à de nouvelles langues de terre gagnant sur la mer, l'ensemble formant un delta.
Un delta naturel typique regroupe donc toute une gamme de zones humides dont la salinité augmente généralement au fur et à mesure que l'on s'approche de la mer. L'absence de marées en Méditerranée est particulièrement propice à la formation de deltas mais les grands cours d'eau permanents sont peu nombreux et essentiellement alimentés par de l'eau provenant de l'extérieur de la région (comme le Rhône, le Pô, le Guadalquivir ou le Nil).

Les lagunes côtières et les marais salants
Les sédiments charriés par un cours d'eau se déposent normalement à quelques centaines de mètres au large, lorsque les courants marins ont réduit la vitesse d'écoulement du fleuve. Les courants modèlent ensuite les dépôts de sable en créant souvent des cordons littoraux parallèles à la côte, derrière lesquels se forment les lagunes. Celles-ci sont généralement reliées à la mer par un chenal et peuvent également être alimentée par le cours d'eau. L'extension des cordons littoraux peut provoquer la fermeture de certaines lagunes dont l'eau s'adoucit alors (cas du Languedoc). D'autres ont été artificiellement isolées de la mer afin de les drainer pour l'agriculture (cas de la lagune de Drana en Grèce).
Les plus grandes zones de lagunes et de marais salants de la Méditerranée se trouvent le long des 200 km de côtes de Provence et du Languedoc-Roussillon, dans le sud de la France, de Venise à Trieste en Italie du nord et sur la côte tunisienne, sans oublier le delta du Pô. L'Egypte, quant à elle, abriterait près du quart des zones humides côtières subsistant en Méditerranée, en majorité sous forme de lagunes dans la vaste région du delta du Nil.

Les lacs d'eau douce
Ils se forment soit à l'intérieur des terres, soit par adoucissement d'une lagune marine isolée de la mer et alimentée par des cours d'eau (comme dans le delta du Nil, du Rhône et du Pô). En Afrique du Nord, hormis les lagunes marines et deltaïques, on ne trouve que peu de lacs permanents (région d'El Kala en Algérie), les eaux libres disparaissant rapidement du fait de l'importance de l'évaporation.

Les marais d'eau douce
Des centaines de marais d'eau douce qui bordaient autrefois la Méditerranée, très peu subsistent aujourd'hui et leur régime d'inondation est presque toujours contrôlé par l'homme, du moins en partie. Ils englobent divers types de milieux, allant des roselières qui entourent les lacs aux prairies humides pâturées dans les deltas ou en bordure du lit majeur des fleuves.

Les plaines d'inondation et les forêts inondées
La plupart des zones humides que l'on trouvait autrefois dans les plaines d'inondation ont été drainées de manière systématique au cours des deux derniers millénaires. Parallèlement, les importantes forêts riveraines (saules et peupliers) qui bordaient le cours inférieur de la majorité des cours d'eau de la région méditerranéenne, ont presque entièrement disparu à la suite du déboisement ou du drainage. Il reste un petit nombre de marais d'eau douce dans les plaines d'inondation du Pô et du Tage et dans le Languedoc en France et quelques forêts inondées autour du lac Skadar au Monténégro, dans les deltas du Pinios et du Nestos et autour du Lac Kerkini en Grèce ainsi que dans le delta du Kizilirmak et autour du lac Manyas en Turquie.

Les zones humides intertidales
Du fait de l'absence de marées dans la majeure partie de la mer Méditerranée, il y a très peu de grandes vasières entre la limite des hautes et basses eaux à l'exception de la partie du golfe de Gabès, située entre la côte du sud tunisien et les îles kneïs, ainsi que, avec une amplitude plus faible, en Adriatique.

Les lacs salés continentaux
Les lacs salés ("chott, sebkhas") comptent parmi les plus grandes zones humides du Bassin méditerranéen. Les plus importants se trouvent en Afrique du Nord où l'effet conjugué de pluies torrentielles subites et d'un ruissellement rapide dans des paysages quasi désertiques entraîne parfois la formation de vastes étendues d'eau dans des dépressions continentales. Dans les chotts, La végétation permanente est éparse avec des îlots de verdure chaque fois que l'eau est présente. Les invertébrés y sont limités à une poignée d'espèces adaptées aux conditions xériques et les oiseaux d'eau sont rares. Les sebkhas sont des dépressions peu profondes renfermant de l'eau pendant de plus longues périodes et ne s'asséchant généralement qu'au plus fort de l'été.

Les oasis
Au Sahara, en Afrique du Nord et dans une bonne partie du Levant, les eaux souterraines sont abondantes et proviennent d'infiltration au cours des ères plus humides dans l'histoire géologique de la région.

Les salins
Les salins, lorsqu'ils sont exploités, constituent des zones humides à forte composante artificielle mais néanmoins de très grande valeur. Dans les bassins de faible salinité certaines espèces de végétaux et de poissons tolérant le sel prospèrent; en revanche, dans les bassins les plus salés, seules les artémias (micro-crustacés) survivent. Les cycles saisonniers réguliers des salins permettent de garantir la disponibilité des ressources alimentaires et, par conséquent, d'accueillir une avifaune abondante.

Les lacs de barrages
Ils constituent un type de zones humides de plus en plus déterminant dans le Bassin méditerranéen. Les réservoirs, construits en montagne, peuvent remplacer, dans une certaine mesure, les zones humides des plaines en aval. Ils peuvent également jouer un rôle important dans les deltas. Ainsi le petit réservoir de stockage des eaux de crue de Valle Santa, près de Ravenne dans le delta du Pô a permis de sauvegarder quelques-uns des derniers marais de la plaine d'inondation du Pô, contenant des roselières, des nénuphars, des brochets et des tanches. Ce site figure aujourd'hui sur la liste de la Convention de Ramsar.
Malheureusement, la plupart des réservoirs sont construits dans des zones très pentues ce qui limite beaucoup les possibilités de développement de marais peu profonds en périphérie et pour beaucoup d'entre eux, le niveau d'eau peut baisser de manière très importante et irrégulière, réduisant d'autant plus les chances de croissance de la végétation sur les rives.


 La végétation
Les plantes halophytes
En bordure maritime des lagunes où les deux types d'environnement se fondent, on trouve des herbiers marins.
Dans les zones intertidales, la végétation est généralement dominée par les zostère zostera spp ; celles-ci laissent habituellement la place aux ruppias Ruppia spp dans les eaux plus calmes, plus fermées et plus chaudes des étangs d'eau salée. Ces deux plantes herbacées sont pérènnes et constituent d'importantes frayères et zones de nourrissage pour des poissons côtiers et attirent de nombreux oiseaux d'eau herbivores.
Sur les berges, dans des zones marécageuses saisonnièrement inondées, on trouve des espèces halophytes annuelles qui germent à la saison sèche, lorsque l'eau redescend au-dessous de la surface du sol et notamment les salicornes Salicornia, Arthrocnemum et les graminées des marais salants qui résistent aussi bien aux inondations hivernales qu'à un pâturage intense.
Les salicornes occupent de vastes zones de marais salés dans le Bassin méditerranéen, en particulier dans les deltas, en bordure des lagunes et autour des lacs salés d'Afrique du Nord. Elles contribuent au maintien de ces structures en capturant les sédiments, donnant naissance à un terrain caractéristique parsemé de mamelons.
D'autres communautés de plantes halophytes sont établies en bordure des marais comme les joncs Juncus spp. qui peuvent former une ceinture de quelques mètres de large seulement autour des étangs, à la limite supérieure des zones inondées en hiver, avant que les tamaris Tamarix spp. ne cèdent la place aux prairies humides à mesure que l'on s'éloigne du rivage.
Les joncs font partie des communautés végétales les plus particulières du Bassin méditerranéen ; un grand nombre de ces plantes très diverses, et en particulier plusieurs espèces d' isoètes isoetes spp. ne se rencontrent que dans cette région.
Les grandes émergentes des marais d'eau douce
Les roseaux Phragmites australis dominent nettement parmi les grandes émergentes des marais d'eau douce. Cette espèce pousse partout où l'humidité se maintient presque toute l'année. On la trouve dans les zones inondées en permanence, parfois sous forme de masses flottantes.
En cas de pâturage intensif, les roseaux peuvent céder la place à des graminées rampantes comme les Aeluropus ou à des scirpes maritimes Scirpus maritimus qui tolèrent mieux le sel et prospèrent dans des zones légèrement pâturées, souvent sur les berges de lacs profonds.
Les marisques Cladium spp. préfèrent les zones qui restent humides en permanence. Dans le Bassin méditerranéen, les plus grandes stations se trouvent dans la zone humide de Daimiel dans le centre de l'Espagne et dans le marais de la Crau en Camargue.
Les forêts riveraines
La plupart des forêts riveraines ont disparu des plaines d'inondation européennes, bien que dans certains deltas, quelques parcelles subsistent comme dans celui du Nestos, en Grèce, qui abrite les soixante derniers hectares d'une forêt de feuillus inondée saisonnièrement ou le delta de l'Ebre qui abrite des peuplements de peupliers Populus spp. , d'aulnes Alnus spp. et de saules blancs Salix alba .
Les plantes d'eau douce submergées et flottantes
Beaucoup d'espèces de plantes submergées sont de types de potamots, comme le potamot pectiné Potamogeton pectinatus qui s'étendait sur près d'un tiers de la superficie du lac d'Ichkeul en Tunisie et qui constituait la principale espèce consommée par les populations de canards hivernant. Lorsque l'eau est plus salée, les potamots font place aux ruppias et dans les zones qui restent à sec pendant plus d'un mois, on trouve plutôt des communautés d'eau peu profonde comme les characées Chara spp . qui tolèrent un assèchement estival.


 La faune
Les lacs et marais d'eau douce et salée du Bassin méditerranéen constituent non seulement des sites de reproduction et d'hivernage pour des millions d'oiseaux mais ils jouent également le rôle d'étape pour un nombre encore plus important d'oiseaux qui s'y nourrissent et s'y reposent lors de leurs migrations annuelles entre l'Afrique et le nord de l'Europe et de l'Asie. Les principales voies migratoires ceinturent la Méditerranée, à travers la Turquie et la vallée du Rift en Israël, ou via la péninsule ibérique. D'autres voies plus directes traversent la mer aux passages les plus étroits, entre la Tunisie et le sud de l'Italie, via Malte, ou entre la Libye et la Grèce et les Balkans, via la Crète.

Les zones humides méditerranéennes constituent un refuge pour les mammifères, mal adaptés aux étés chauds et secs du climat méditerranéen. Leurs grands espaces non perturbés représentent des habitats importants pour les animaux rares (par exemple, le lynx pardelle ibérique Lynx pardina au sud de l'Espagne, à Doñana).
L'endémisme des amphibiens et des reptiles est extrêmement élevé. Dans les îles méditerranéenne, la faune actuelle provient très largement de connexions passées entre les îles et le continent européen ou africain mais aussi des introductions par l'homme. Sur les îles du bassin occidental de la Méditerranée, les valeurs d'endémicité pour les batraciens sont élevées en raison de l'ancienneté des populations comme de leurs faibles capacités de déplacement. Qu'il s'agissent de nouvelles espèces, de sous-espèces ou de petites populations isolées, cette palette de variation génétique est très souvent la plus menacée. Toute atteinte à l'habitat de ces espaces entraîne des conséquences irréversibles.
La faune des poissons d'eau douce de la région nord-méditerranéenne est particulièrement remarquable avec 226 taxa endémiques (128 espèces et 98 sous-espèces) répartis en 13 familles : les Cyprinidés qui constituent le groupe le plus important les Gobitidés, les Gobiidés, les Cyprinodonités et les Salmonidés, les Petromyzonidés, les Acipenseridés, les Siluridés, les Percidés, les Blennidés, les Gottidés et les Gasteroteidés. La plupart de ces espèces habitent les rivières de plaine et les lacs naturels, dans une moindre mesure les sources et les torrents de montagne et rarement les marais, les lagunes côtières, les canaux artificiels et les réservoirs. Quatre espèces (connues d'une seule localité) ont déjà disparu et plus de 70% des espèces endémiques sont menacées d'une façon ou d'une autre.