La réhabilitation des sédiments de la rivière Saint-Louis

La fiche technique, intégrée au Plan d'action et de réhabilitation écologique (PARE) du lac Saint-Louis en 1997, a mené à la création du Comité sédiments. En plus des représentants de plusieurs ministères (Environnement Canada, ministère de l'Environnement du Québec et Direction de la santé publique de la Montérégie) et de groupes environnementaux (Stratégies Saint-Laurent, Crivert et Action Poissons Plus), le Comité a pu compter sur la participation d'Hydro-Québec et de trois établissements industriels de la région, soit PPG Canada, Alcan Beauharnois et Zinc Électrolytique du Canada. Les membres du Comité ont travaillé de concert pour en arriver à une compréhension intégrée du problème des sédiments contaminés dans la rivière et le lac Saint-Louis, tenant compte des préoccupations de l'ensemble des participants.

Afin de mieux comprendre la nature et l'ampleur de la contamination de la rivière Saint-Louis, les membres du Comité sédiments ont commandé, en 1998, une étude de caractérisation écotoxicologique des sédiments. Cette étude a permis de confirmer la présence de contaminants dans la rivière, plus particulièrement entre le barrage Smith et les émissaires des sociétés Alcan Beauharnois et PPG Canada. En effet, lors des analyses physico-chimiques effectuées sur les sédiments, en surface et en profondeur, on a mesuré des concentrations en biphényles polychlorés (BPC), en hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), en hexachlorobenzène (HCB) et en mercure supérieures au seuil d'effets néfastes (SEN) pour les organismes benthiques, défini dans le document Critères intérimaires pour l’évaluation de la qualité des sédiments du Saint-Laurent publié par Environnement Canada et le ministère de l’Environnement du Québec. Des bioessais effectués en laboratoire ont d’ailleurs permis de démontrer que les sédiments des stations les plus contaminées étaient toxiques pour de petits organismes (algues microscopiques, amphipodes, larves d’insecte). L’inventaire d'organismes benthiques récoltés sur place a en outre révélé une dégradation des communautés benthiques.

Une caractérisation supplémentaire a été effectuée en 1999. Elle avait pour but de vérifier s'il y avait également contamination en amont des émissaires industriels. Seule la présence de BPC a été constatée dans ce secteur, mais à des teneurs faibles pouvant être attribuables à des apports diffus et lointains. Cette deuxième étude visait également à déterminer si la contamination observée entre le barrage Smith et les émissaires industriels était récente. Selon les analyses qui ont été faites, la contamination des sédiments de ce secteur serait antérieure aux années 70, soit avant la mise en place de mesures de contrôle des rejets par les établissements industriels. Au cours du troisième volet de l'étude, on a toutefois démontré que des sédiments contaminés pouvaient être remis en circulation, en raison notamment du rétrécissement de la rivière et de l'augmentation du courant dans certains secteurs en amont du barrage Smith. Ces sédiments contaminés pourraient éventuellement se retrouver à l'embouchure de la rivière, voire dans le lac Saint-Louis.

C'est en se basant sur les conclusions des études de caractérisation citées plus haut, ainsi que sur les nombreuses discussions ayant animé les réunions de travail du Comité sédiments, qu'il a été possible d'en arriver à un consensus en vue du dépôt du plan de réhabilitation des sédiments contaminés entre le barrage Smith et les émissaires industriels. PPG Canada et Alcan Beauharnois se sont engagées volontairement dans la mise en œuvre du plan de réhabilitation. Un comité consultatif, composé d'un représentant du ministère de l'Environnement du Québec, d'Environnement Canada et du Comité ZIP, assurera le suivi et fournira un soutien en ce qui a trait aux exigences réglementaires et techniques rattachées aux solutions envisagées. Selon le calendrier préliminaire, les travaux de restauration devraient être entrepris au printemps 2003. Plusieurs étapes devront être franchies d’ici là, parmi lesquelles l'élaboration des différentes options, l'exécution des études d’impact et la conduite des consultations publiques.

« Compte tenu du fait qu'il a été démontré que peu de contaminants se sont accumulés, au cours des trente dernières années, dans ce secteur de la rivière, les travaux de réhabilitation constituent une suite logique et durable des mesures qu'ont déjà instaurées Alcan Beauharnois et PPG Canada pour améliorer leurs pratiques en regard de l'environnement », explique Mme Claire Lachance, coordonnatrice du Comité ZIP du Haut Saint-Laurent. « En outre, sachant que les contaminants accumulés dans cette portion de la rivière pourraient être remobilisés dans la portion sud du lac Saint-Louis, advenant par exemple une crue exceptionnelle, ce projet constitue un premier pas important vers la protection et l'amélioration de la qualité de ce plan d'eau, déjà fréquenté par un grand nombre de pêcheurs. » À n'en pas douter, les efforts investis par le Comité ZIP du Haut Saint-Laurent et ses partenaires pour atteindre le consensus souhaité valent largement la réussite de ce projet majeur de concertation.

DOUVILLE, M., C. CÔTÉ, et P. McKEE. 1999. Caractérisation des sédiments de la rivière Saint-Louis (Beauharnois) — Volume 1. Rapport d'analyse et d'interprétation rédigé par BEAK International inc., pour la ZIP du Haut Saint-Laurent, 65 pages + annexes.

LORRAIN, S., J.P. SAVARD, et J. VASS. 2000. Caractérisation additionnelle des sédiments de la rivière Saint-Louis (Beauharnois — 1999). Rapport technique rédigé par le Service d'études sédimentologiques, division d'Environnement Illimité inc., pour la ZIP du Haut Saint-Laurent, 36 pages + annexes + carte.