{\rtf1\ansi \deff5\deflang1033{\fonttbl{\f5\fswiss\fcharset0\fprq2 Arial;}}{\colortbl;\red0\green0\blue0;\red0\green0\blue255;\red0\green255\bl ue255;\red0\green255\blue0;\red255\green0\blue255;\red255\green0\blue0; \red255\green255\blue0;\red255\green255\blue255;\red0\green0\blue128;\red0\g reen128\blue128;\red0\green128\blue0;\red128\green0\blue128;\red128\green0\b lue0;\red128\green128\blue0;\red128\green128\blue128;\red192\green192\blue19 2;}{\stylesheet{\widctlpar \f5\lang1036 \snext0 Normal;}{\*\cs10 \additive Default Paragraph Font;}}{\info{\author FRANCOIS GAUTIER}{\operator FRANCOIS GAUTIER}{\creatim\yr1999\mo6\dy1\hr15\min23}{\revtim\yr1999\mo6\dy7\hr11\min 8}{\version2}{\edmins0}{\nofpages3}{\nofwords1072} {\nofchars6116}{\*\company }{\vern57431}}\paperw11906\paperh16838 \widowctrl\ftnbj\aenddoc\makebackup\hyphcaps0\formshade \fet0\sectd \linex0\headery709\footery709\colsx709\endnhere {\*\pnseclvl1\pnucrm\pnstart1\pnindent720\pnhang{\pntxta .}} {\*\pnseclvl2\pnucltr\pnstart1\pnindent720\pnhang{\pntxta .}}{\*\pnseclvl3\pndec\pnstart1\pnindent720\pnhang{\pntxta .}}{\*\pnseclvl4\pnlcltr\pnstart1\pnindent720\pnhang{\pntxta )}}{\*\pnseclvl5\pndec\pnstart1\pnindent720\pnhang{\pntxtb (}{\pntxta )}} {\*\pnseclvl6\pnlcltr\pnstart1\pnindent720\pnhang{\pntxtb (}{\pntxta )}}{\*\pnseclvl7\pnlcrm\pnstart1\pnindent720\pnhang{\pntxtb (}{\pntxta )}}{\*\pnseclvl8\pnlcltr\pnstart1\pnindent720\pnhang{\pntxtb (}{\pntxta )}}{\*\pnseclvl9 \pnlcrm\pnstart1\pnindent720\pnhang{\pntxtb (}{\pntxta )}}\pard\plain \widctlpar \f5\lang1036 SITUATION DE GUERRE AU CACHEMIRE \par \par Quinze canons de 155mm qui font feu ensemble, cela fait du bruit : \ldblquote ouvrez l\'e9g\'e8rement la bouche, afin de d\'e9contracter vos tympans\rdblquote , avertit le major Satish, commandant de la batterie. Un sergent aboie dans un m\'e9 gaphone les coordonn\'e9es de l\rquote ennemi, que des soldats tapotent sur la console de chaque canon, pendant que d\rquote autres chargent les beaux obus cuivr\'e9s. Enfin, les hommes reculent de deux pas et se mettent au garde \'e0 vous, tout en hurlant : \ldblquote pr\'eat\rdblquote . Le sergent commence alors le compte \'e0 rebours: \ldblquote cinq, quatre, trois, deux, un\'85 feu\'85\rdblquote L\rquote \'e9norme boum des gros canons Bofors fait sursauter m\'ea me les plus aguerris - les culasses reculent brutalement sur elles-m\'eames et la fum\'e9e \'e2cre fait tousser les soldats. Quinze kilom\'e8tres plus loin, le long de la Ligne de Contr\'f4le qui s\'e9pare le Cachemire indien du Cachemire pakistanais, les quinze obus font \'e9clater la montagne o\'f9 se terrent les gu\'e9rilleros musulmans. Au dessus d\rquote eux, un h\'e9licopt\'e8re indien v\'e9rifie la justesse des tirs et relaye d\rquote autres positions ennemies au major Satish. Et c\rquote est reparti pour un autre round. \par \par La route qui m\'e8ne de Srinagar, capitale du Cachemire indien, \'e0 Leh, la ville principale du Ladhak, est devenue l\rquote enjeu d\rquote une \ldblquote quasi-guerre\rdblquote entre Pakistanais et Indiens, depuis que des s\'e9 paratistes kashmiris, encadr\'e9s par des Taliban et des soldats pakistanais en civil, ont pris position sur les hauteurs qui dominent Drass et Kargil, les deux bourgs les plus importants avant Leh. C\rquote est sous couvert d\rquote intenses barrages d \rquote artillerie pakistanais, que d\'e8s le d\'e9but de la fonte des neiges, les gu\'e9rilleros ont franchi la ligne de contr\'f4le indienne, apr\'e8s avoir \'e9t\'e9 entra\'een\'e9s dans des camps \'e0 l\rquote int\'e9rieur du Cachemire pakistanais. L \rquote arm\'e9e indienne, qui s\rquote aper\'e7ut trop tard de ces infiltrations - on parle de mille hommes - doit aujourd\rquote hui mettre le paquet: barrages d\rquote artillerie, raids a\'e9riens massifs d\rquote escadrilles de MiG-21, MiG-23 et MiG-27, prot\'e9g\'e9s par des Mirage-2000 charg\'e9s de brouiller les radars adverses et pour pr\'e9venir toute intrusion en provenance du Pakistan; et derni\'e8rement, les premiers combats au corps \'e0 corps. \ldblquote Cette route est pour nous d\rquote importance vitale, car si nous la perdions, le Cachemire serait coup\'e9 en deux et le Ladhak nous \'e9chapperait,\rdblquote commente le major Satish. \par \par Vingt kilom\'e8tres apr\'e8s Srinagar, on ne trouve plus \'e2me qui vive sur la nationale 1 qui m\'e8ne \'e0 Leh. Seuls des soldats indiens en uniforme treillis patrouillent aux alentours des villages, pendant que d\rquote autres ont pris refuge derri\'e8 re des mitrailleuses. Comme la route s\rquote \'e9l\'e8ve rapidement le long d\rquote un paysage de toute beaut\'e9 - sapins qui s\rquote \'e9lancent vers un ciel bleu azur, torrents glac\'e9s et pics neigeux - on se rend rapidement compte que l\rquote art\'e8re Srinagar-Leh est devenue un vaste camp fortifi\'e9: \'e0 chaque replat, on a \'e9lev\'e9 des tentes, construit des d\'e9p\'f4ts d\rquote essence, improvis\'e9 des ateliers de r\'e9paration, parqu\'e9 des centaines de camions. Des patrouilles, \'e9quip\'e9es pour les combats \'e0 haute altitude, gravissent lentement le flanc d\rquote une montagne; plus loin, on aper\'e7oit un camp de mules, qui achemineront les mitrailleuses lourdes vers les ha uteurs inaccessibles. Mais surtout, les Indiens ont mont\'e9 l\'e0 un nombre impressionnant de canons 105mm et 155mm - les redoutables Bofors, achet\'e9s au Su\'e9dois; on en compte bien une centaine entre Drass et Kargil, deuxi\'e8 me ville du Ladhak. Les canons Bofors ont une port\'e9e de trente kilom\'e8tres ou plus et ils font maintenant feu de toutes leurs pi\'e8ces, non seulement vers les positions des s\'e9paratistes, mais aussi en direction de la fameuse \ldblquote Tiger Hill\rdblquote (colline du Tigre), d\rquote o\'f9 les batteries pakistanaises r\'e9pondent par un barrage tout aussi nourri. Bien s\'fbr, comme le remarque un journalistes kashmiri, \ldblquote \'e0 ces distances-l\'e0, c\rquote est un peu la loterie,\rdblquote . C\rquote est ainsi qu\rquote hier le Pakistan accusait les Indiens d\rquote avoir tu\'e9 dix enfants lorsqu\rquote un de leurs obus \'e9tait tomb\'e9 sur une \'e9cole situ\'e9e dans la vall\'e9e de la Neelum, \'e0 l'est de Muzaffarabad. \par \par Une fois franchie la passe de Zotiliya, qui culmine \'e0 3500 m\'e8tres, on arrive \'e0 Drass, qui se targue d\rquote \'eatre le deuxi\'e8me endroit le plus froid du monde: \ldblquote moins 60\'b0,\rdblquote indique fi\'e8 rement une pancarte. Mais Drass, c\rquote est aussi le d\'e9but du front, car ce gros bourg n\rquote est qu\rquote \'e0 quatre kilom\'e8tres \'e0 vol d\rquote oiseau des positions pakistanaises qui dominent la ligne de contr\'f4le. C\rquote est pourquoi, ce village, qui est pilonn\'e9 sans r\'e9pit, a \'e9t\'e9 abandonn\'e9 par 90% de ses 15.000 habitants. Son maire, Abdul Chukoor, a lui aussi \'e9vacu\'e9 toute sa famille, \ldblquote car il y a quelques jours, raconte-t-il, trois personnes habitant la maison voisine, ont trouv\'e9 la mort sous un obus pakistanais.\rdblquote . Mais est rest\'e9 derri\'e8re \ldblquote pour s\rquote occuper des derniers habitants et garder nos maigre possessions.\rdblquote Ainsi, la r\'e9gion de Drass et de Kargil compte aujourd\rquote hui plus de 100.000 personnes d\'e9plac\'e9es, qui vivent dans des camps \'e9tablis par l\rquote arm\'e9 e indienne au del\'e0 de Kargil. \par \ldblquote Le monde se rend-il compte que nous sommes en guerre ici,\rdblquote nous demande un officier arborant le b\'e9ret rouge de la police militaire, qui v\'e9rifie nos permis pour la \'e9ni\'e8me fois ?\rdblquote Il nous avertit \'e9 galement que pendant plusieurs kilom\'e8tres, \ldblquote la route va \'eatre sous le tir direct des Pakistanais\rdblquote . Vont-ils reconna\'eetre le sticker \ldblquote Presse\rdblquote coll\'e9 en toutes lettres sur le pare brise ? \ldblquote Il faut rouler vite et garder cent m\'e8tres de distance avec la voiture de devant,\rdblquote nous a conseill\'e9 une journaliste indienne, qui a d\'e9j\'e0 fait deux fois le trajet. Les batteries indiennes tirent de tous les c\'f4t\'e9 s et la terre tremble, lorsqu\rquote un obus pakistanais tombe \'e0 moins de 600 m\'e8tres sur la gauche. Mais cela n\rquote a pas l\rquote air d\rquote impressionner le chauffeur sikh, qui hurle en riant: \ldblquote action, action !\rdblquote . Ouf, on est pass\'e9. \par \par Alors que le paysage devient de plus en plus lunaire, nous p\'e9n\'e9trons dans le district de Leh. Les habitants commencent \'e0 avoir les yeux l\'e9g\'e8rement brid\'e9s et leur patois ressemble un peu \'e0 du Tib\'e9 tain, car nous nous rapprochons de la Chine -d\rquote ailleurs, on aper\'e7oit la photo du Dala\'ef lama pr\'e8s d\rquote un temple bouddhiste. Kargil, qui est la deuxi\'e8 me ville du Ladhak, compte 50.000 habitants, dont 70% sont des musulmans chiites et 30% des bouddhistes. La ville, qui abrite une \'e9norme base de l\rquote arme indienne, concentre la furie des tirs pakistanais depuis ao\'fbt dernier et c\rquote est une cit\'e9 fant\'f4me : \ldblquote ll ne reste que 2000 habitants,\rdblquote nous indique le propri\'e9taire de l\rquote unique restaurant encore ouvert - le Shesheela. \par Le capitaine Ranjeev, charg\'e9 de la presse \'e0 Kargil, a l\rquote air tr\'e8s s\'fbr de lui. \ldblquote Nos tirs d\rquote artillerie et les bombardements a\'e9riens ont d\'e9cim\'e9 les gu\'e9rilleros islamistes et nous avons r\'e9ussi \'e0 couper leurs lignes arri\'e8re,\rdblquote affirme-t-il, citant des messages radio intercept\'e9s demandant de l\rquote aide au Pakistan.\rdblquote La seule chose qui fait vraiment peur au capitaine Rajeev, \ldblquote c\rquote est que les politiques nous laissent tomber, alors que nous avons le dessus\rdblquote . Il fait l\'e0 sans doute allusion \'e0 la prochaine visite \'e0 Delhi du ministre pakistanais des Affaires \'e9trang\'e8 res, Sartaj Aziz, pour entamer les discussions visant \'e0 r\'e9duire la tension au Cachemire. \par \par Alors que nous redescendons vers Srinagar, les soldats indiens creusent des abris et installent d\rquote autres canons et nous croisons d\rquote interminables files de camion militaires qui am\'e8 nent des renforts. Et nous nous rappelons de la phrase du capitaine au b\'e9ret rouge: \ldblquote le monde sait-il que nous sommes en guerre ici ?\rdblquote \par \par FRANCOIS GAUTIER / DRASS-KARGIL \par \par }