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Gérard ONESTA
Député Vert européen,
Vice Président du Parlement européen




Carré d'Europe N°3 – ETE 2000 L'Europe vue d'Aquitaine
Faire barrage au gâchis

Gardères-Eslourenties pourrait être le beau nom d’une base de loisirs nautiques du Béarn. Il n’en est rien. C’est un projet pharaonique de retenue d’eau pour l’irrigation et le soutien au débit d’étiage qui serait, s’il se réalisait, le deuxième grand chantier des Pyrénées-Atlantiques après… le tunnel du Somport.
Une digue de 550 mètres de long et de 30 mètres de haut, qui créerait un plan d’eau de 220 à 320 hectares, contenant 21 millions de m3 d’eau. La vallée de Gabas serait noyée, alors qu’elle est propice à une agriculture extensive, respectueuse de l’environnement.
Le soutien au débit d’étiage de l’Adour et de ses affluents n’est qu’un prétexte. Cet ouvrage servira principalement à l’irrigation. Résultat : pollution des nappes et des rivières par les pesticides et les nitrates, suppression de haies, lessivage des sols, augmentation de la vitesse d’infiltration, d’où sécheresse et donc besoin d’irrigation supplémentaire. C’est le cercle infernal.
En six ans, les surfaces irriguées ont été multipliées par huit dans les Pyrénées-Atlantiques. Faut-il multiplier les projets de stockage pour pouvoir adapter l’offre à la demande ? Ici aussi, le marché fait la loi. L’Europe, partenaire financier du projet à ses débuts, tente désormais de limiter la surproduction du maïs.
Son désengagement financier va donc être supporté par l’Agence de l’Eau Adour-Garonne, qui ne peut pas laisser tomber sa filiale, la Compagnie d’Aménagement des Coteaux de Gascogne chargée de la réalisation et de la gestion du barrage.
Cette politique est poussée par les industriels de l’agroalimentaire et par les chambres d’agriculture, qui cherchent à augmenter encore les surfaces de maïs irrigué.
On impose donc aux petits agriculteurs (la surface moyenne des exploitations, souvent tenues par des jeunes, est de 21 ou 22 hectares) de s’adapter ou de mourir. Plus de matériels, plus de surface cultivée, plus de production, et des marges qui se réduisent… À terme, ne subsisteront que ceux qui ont les moyens, donc les grosses exploitations.
De cette agriculture-là, les citoyens européens ne veulent plus. La mobilisation contre la malbouffe ou les OGM le prouve. La politique agricole commune (PAC), qui subventionne fortement l’hectare a construit ce monde artificiel où les paysans disparaissent, les cours des produits s’effondrent, la nourriture est de mauvaise qualité, et les sols et les eaux pollués. Cette fuite en avant devra cesser un jour. Le plus tôt sera le mieux. Le refus de ce barrage s’inscrit dans ce combat. Mais les lobbies agroalimentaires et certains syndicats agricoles ne veulent pas voir disparaître leur fonds de commerce...

Les Verts du Bearn,
1 rue des Balaïtous, 64000 Pau
Tél. 05 59 32 46 08