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Novartis, un chevalier blanc crédible pour Aventis


Le groupe helvète a confirmé examiner la faisabilité d'un rapprochement avec Aventis. Cette fusion, qui créerait le numéro deux mondial de la pharmacie, paraît séduisante aux experts.

L'hypothèse du chevalier blanc venant à sa rescousse, brandie par Aventis depuis l'annonce de l'offre hostile de Sanofi-Synthélabo sur son capital, a commencé à prendre corps vendredi. A la demande de l'Autorité des marchés financiers (AMF), le suisse Novartis a confirmé "examiner la faisabilité d'un rapprochement avec Aventis" et précisé qu'"aucune décision n'a encore été prise." Désigné comme un sauveur potentiel en raison de sa taille et de son opulence, le numéro cinq mondial de la pharmacie avait récemment indiqué étudier l'impact d'un rapprochement tant avec Aventis qu'avec Sanofi, mais uniquement dans une démarche amicale. Dès jeudi, un prix et les modalités d'une offre, non confirmés, circulaient sur le marché. Prise au sérieux, la perspective d'une contre-offre a propulsé l'action Aventis à son plus haut niveau depuis août 2002 vendredi, à 65 euros (+ 4 %), tandis que Novartis, en repli de 3 % en matinée, restait quasi inchangé.

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Contre-offre généreuse. De l'avis des experts, Aventis pourrait difficilement rêver d'un meilleur parti : un rapprochement avec le groupe helvétique créerait le numéro deux mondial du secteur et constituerait "peut-être la seule contre-proposition industriellement plus forte que le rapprochement avec Sanofi", selon Eric Le Berrigaud, analyste chez Natexis Bleichroeder. L'entrée en lice de Novartis a de quoi inquiéter Sanofi : le suisse dispose d'une force de frappe financière sans commune mesure. Il peut se prévaloir de la meilleure note de crédit du secteur en Europe (AAA). "Novartis peut mobiliser immédiatement 10 milliards de liquidités et lever aisément de la dette pour financer un volet important en cash, ce qui conférerait un caractère plus sûr à son offre pour les actionnaires d'Aventis et permettrait de limiter l'effet de dilution, tout en bloquant une surenchère de Sanofi", explique l'expert de Natexis.

Selon une rumeur venue de Suisse, que certains suspectent être un "ballon d'essai" lancé par Novartis pour "sonder le marché", l'helvète envisagerait de proposer 0,9 action Novartis et 35 euros en numéraire pour une action Aventis, valorisant ce dernier à 53 milliards ou 66 euros par action, dont plus de la moitié, 28 milliards, en espèces. Une proposition plus généreuse que les 47,3 milliards ou 59 euros offerts par Sanofi, à 80 % en papier qui plus est ! Si ces termes se confirmaient, cette contre-offre placerait la barre très haut pour une surenchère de Sanofi. Selon UBS, ce dernier "aurait du mal à proposer plus que 30 euros par action en cash sans hypothéquer la situation financière de la nouvelle société".

Les actionnaires d'Aventis obtiendraient des titres Novartis moins risqués, exempts de la menace de la perte du brevet du Plavix qui pèse sur les actions Sanofi. Par ailleurs, compte tenu de sa taille, un ensemble Novartis-Aventis générerait des synergies estimées entre 2,5 et 3 milliards, contre 1,6 milliard pour le projet de Sanofi.

Si le suisse a tout du chevalier blanc idéal, on peut s'interroger sur ses motivations, au-delà de l'ambition de grandir. "Avant Sanofi, personne ne voulait d'Aventis", rappelle un expert. Novartis dégraderait sa note de crédit, son profil de croissance et la qualité de son portefeuille de produits, peu exposé à la menace des génériques et plus prometteur. Il pourrait se heurter à un barrage politique. Mais certains observent qu'il capitalise plus qu'Aventis et Sanofi réunis : rien ne l'empêche d'ouvrir un deuxième round après leur fusion pour croquer les deux d'un coup.

Delphine Cuny
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