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Les communautés autonomes du Chiapas à nouveau harcelées

   BENITO PEREZ   

Paru le Samedi 24 Août 2002
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SélectionZAPATISME Les communautés indigènes proches de l`Armée zapatiste de libération nationale dénoncent une recrudescence des violences paramilitaires.

La tension est montée d`un cran ces dernières semaines au nord du Chiapas. Plusieurs attaques paramilitaires et l`assassinat d`un militant zapatiste le 7 août dernier font craindre le pire aux communautés indigènes soulevées depuis maintenant huit ans dans cet Etat du Sud-Est mexicain. Surtout que ces événements se dérouleraient sur fond de manoeuuvres militaires d`envergure selon des sources proches de l`Armée zapatiste de libération nationale (EZLN).
L`assassinat d`un villageois tzeltal dans la «Municipalité autonome 17 novembre» a mis le feu aux poudres au début du mois. Membre de la communauté zapatiste «6 août» José Lopez Santiz a été abattu alors qu`il travaillait sur les terres de son village «reprises» à un grand propriétaire lors de la révolte indigène de 1994. Selon les autorités communautaires il aurait été atteint par huit balles tirées à bout portant. Sur la base de plusieurs témoignages recueillis ainsi que d`indices retrouvés sur place les villageois ont immédiatement accusé trois transporteurs locaux d`avoir perpétré le meurtre. Ceux-ci ont d`ailleurs disparu depuis lors.

«ACCIDENT DE CHASSE»
Bien que le mobile ne soit pas très clair les représentants de la Municipalité autonome affirment que deux des présumés coupables seraient liés à l`ancien propriétaire terrien de «6 août». Et de signaler que M. Lopez Santiz à l`instar d`autres villageois avait été menacé de mort par des membres du Parti de la révolution institutionnelle (PRI/ex-parti unique) que l`on sait proche des grands propriétaires et qui règne sur les institutions municipales officielles.
Or s`il confirme l`implication probable des «suspects» cités par les zapatistes le procureur général de l`Etat penche plutôt vers la thèse d`un «accident de chasse» et affirme que le paysan n`aurait reçu qu`une seule balle... Plus étrange encore les villageois affirment que la police municipale accourue sur place le soir du meurtre aurait immédiatement - et illégalement! - levé le cadavre sans prêter la moindre attention aux indices relevés par les habitants de «6 août». Le corps a toutefois pu être récupéré grâce à la mobilisation de centaines de militants zapatistes.
Accusant les autorités de semer la confusion et de laisser volontairement impuni ce crime la Municipalité autonome a mis en place depuis le 14 août un «planton pour la justice» au centre du village entravant toute circulation tant que les suspects ne seraient pas arrêtés. Un blocage que plusieurs tentatives d`intimidation n`ont pas découragé.

TRAFICS DE BOIS ET D`ALCOOL
Non loin de là à Quexil un autre barrage routier a été le théâtre le 18 août d`une violente bataille lorsque quelque 200 hommes en armes ont fondu à bord d`une vingtaine de véhicules sur la petite localité. L`attaque a fait une douzaine de blessés dont cinq atteints par balles (un assaillant et quatre zapatistes).
L`escouade formée de sympathisants de l`Organisation populaire de défense indigène et paysanne (OPDIC/liée au PRI) entendait mettre un terme au barrage routier instauré depuis plusieurs mois par la communauté zapatiste afin de contrôler les trafics de bois et d`alcool fréquents sur cette route reliant le chef-lieu «priiste» Ocosingo. Quelques jours auparavant les plantons de la communauté zapatiste avaient d`ailleurs intercepté un camion chargé de bois précieux. Chargement que les paramilitaires ont tenté de récupérer durant l`attaque avant d`être repoussés par des renforts zapatistes selon des sources villageoises.
Au dire d`une association indigène indépendante d`Ocosingo la COAO l`opération avait été minutieusement préparée partiellement dans les locaux du PRI et avec le soutien actif du propre maire de la localité Omar Burguete.

INQUIÉTUDES
Mais selon les organisations chiapanèques de défense des droits humains1 ces deux agressions aussi graves soient-elles ne sont que l`écume médiatique d`une véritable lame de fond. Le 31 juillet dernier 40 militants armés de l`OPDIC s`étaient déjà signalés en attaquant la communauté zapatiste La Culebra laissant sept blessés derrière eux.
Dans un communiqué signé par une quinzaine d`ONG les défenseurs des droits humains relèvent encore trois autres agressions survenues ces quinze derniers jours contre des communautés indigènes autonomes. Et les signataires de dénoncer les responsabilités de l`OPDIC accusée de servir de vitrine légale au funeste groupe paramilitaire MIRA (lire ci-dessous).
L`inquiétude est d`autant plus vive que depuis un mois les communautés zapatistes ont recensé une recrudescence des manoeuuvres de l`armée fédérale dans la région. Ainsi les jours précédents l`attaque du barrage de Quexil l`armée faisait acheminer 3000 hommes dans la zone. En 72 heures pas moins de cent unités d`artillerie défilaient sur les routes reliant l`Etat voisin du Tabasco au Nord-Chiapas selon le Réseau des défenseurs communautaires pour les droits humains2. Accompagnées de survols à basse altitude d`avions militaires et d`incursions de blindés dans des villages ces «manoeuuvres» sont perçues par les indigènes comme des tentatives d`intimidation complémentaires aux attaques paramilitaires explique l`ONG chiapanèque.

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