LE BARRAGE DES ZARDÉZAS PAR HUBERT GROUD [Zarde101.jpg] -- développent Un problème cependant n'est pas facile à résoudre, celui de l'approvisionnement en eau dont la pénurie grandit avec l'extension de l'activité et du peuplemenl Un barrage en est peut-être la clé. (1) A.F.N. illustré 1930 -- Philippeville rend compte d'une démarche de M. Thompson député de la circonscription qui appelle l'attention de M. le Gouverneur général sur l'utilité pour la région de la construction immédiate du barrage des Zardézas. La réponse , dit l'article est de nature à donner bon espoir aux agriculteurs ; signée du Secrétaire général du gouvernement -- Vous avez bien voulu me demander d'envoyer en mission à Philippeville un ingénieur des Ponts et Chaussées qui s'occuperait spécialement des études relatives à la construction du barrage des Zardézas... En résumé : les quatre postes d'ingénieur ordinaire n'étant pas pourvus de titulaires il faut procéder à des nominations de métropole ; alors seulement et si la situation budgétaire le permet j'examinerai avec intérêt la possibilité de demander un cinquième ingénieur auquel seraient confiées suivant votre désir les études du barrage des Zardézas ". -- concernent environ un millier d,'entreprises de quelque importance pour plus de 200000 hectares arrosés , selon deux méthodes : - les barrages de dérivation déjà édifiés par les Romains, continués par les Berbères et les Arabes de façon très rudimentaire, multipliés et améliorés dans leurs caractéristiques de fiabilité et d'efficacité par la colonisation ; on distinguera les barrages de dérivation à irrigation d'été dans la zone tellienne sur la Mouilah l'oued Isser et le Saf Saf dans la Tafna, sur l'oued Deurdeur, le Chelif et l'oued Sly, sur le Rhumel et la Seybouse et les barrages de dérivation à irrigation d'hiver et de printemps sur les Hauts Plateaux pour les cultures de céréales. - les barrages réservoirs : en 1900 il en existe sept , cinq dans l'Oranie et deux dans l'Algérois ce sont : le barrage du Tlela, 1869-I870 d'une retenue de 730 000 m³, le barrage de l'Oued Magoun, 1879-1887 d'une retenue d'un million de m³ d'eau saumâtre ; le barrage des Cheurfas construit en trois étapes : en 1849 un premier mur retient 3 millions de m³ puis en 1880-1882 est édifié en amont un second mur plus haut , enfin suite à une rupture , le premier mur est rétabli et agrandi en 1886-1892 ; ces murs permettent une retenue totale de 18 millions de m³ ; le barrage de l'Oued Fergoud 1865-1873 retient 30 millions de m³ ; le barrage de la Djidiouïa 1875-1876 retient sept cent mille m³ ; le barrage de Meurad retient huit cent mille m³ ; enfin le barrage du Hamiz 1869-1894 retient 23 millions de m³ (capacité du réservoir en 1960). Ces ouvrages ne sont pas très hauts mais longs , souvent en terre parfois en béton , ou encore -- Suite à ces aménagements hydrauliques, on notera alors un certain ralentissement , sinon un arrêt pendant 25 ans du programme de construction des barrages réservoirs en particulier ; parmi les motifs invoqués celui d'une retenue insuffisante, I/3 seulement des eaux des oueds en raison d'une capacité trop faible celui de l'évaporation -- l'Algérie se développe, sa population augmente, les besoins se font sentir et il devient nécessaire d'engager un programme de grands barrages réservoirs sur de nouveaux principes : ce sera le programme de 1920, A la session extraordinaire de novembre 1920, les délégations financières arrêtent un programme d'une vingtaine d'ouvrages , avec -- s'attacher à réaliser une utilisation aussi complète que possible de l'eau des oueds ", et dans un discours prononcé à l'occasion de la pose de la pierre de niveau du barrage de l'oued Fodda le 10 novembre 1924, le gouverneur général Steeg souligne la nécessité d'une politique générale de l'eau. -- d'assainissement et de protection contre les eaux, l'aménagement rationnel de la plaine du Cheliff par la construction de grands (2) barrages réservoirs-. Grâce à l'action de M. Steeg et de son successeur M. Violette, plusieurs de ces ouvrages sont déjà commencés. - Le barrage de l'Oued Fodda déclaré d'utilité publique par décret du 20 octobre 1923 est en cours d'exécution . C'est un barrage poids en béton hauteur de retenue 90 mètres, capacité 220 millions de mètres cubes, délais d'exécution 4 ans , il permettra l'irrigation de 30 000 ha. - Le barrage du Ghrib sur le Cheliff déclaré d'utilité publique par décret du 16 septembre 1925 est du type "barrage en enrochement" hauteur 60 mètres, capacité 230 millions de mètres cubes , il permettra l'irrigation régulière de 35 000 hectares , les travaux sont commencés. - Le barrage de la Haute Mina déclaré d'utilité publique par décret du 12 septembre 1926 hauteur 40 mètres, capacité 33 millions de mètres cubes il permettra l'irrigation de 13 000 hectares dans la plaine de Relizane. - Le barrage des Zardézas sur le Saf Saf département de Constantine, déclaré d'utilité publique par décret du 12 septembre 1926, hauteur 45 mètres , capacité 34 millions de mètres cubes , il sera de type "en -- déclaration d'utilité publique ; le délai imparti aux concurrents pour établir leurs projets et formuler leurs offres expire le I5 juin 1927. Enfin sont à l'étude le barrage de Foum El Gueiss qui doit assurer l'irrigation de la plaine d'Edgar Quinet dans l'Aurès et plusieurs grands barrages dans le bassin de la Tafna, dans le Hodna et sur le versant sud de l'Aurès. Cette dernière programmation est une décision des délégations financières qui ajournent des constructions de lignes -- par la route , via Philipeville, port de débarquement à 40 kilomètres. Les bureaux d'étude du Gouvernement général de l'Algérie supervisent le déroulement des opérations . Pour ce barrage en particulier, les travaux sont conduits par l'entreprise adjudicataire, en coopération avec les services administratifs des Ponts et Chaussées . -- dernier village, d'ailleurs marché très important le vendredi qui draîne à lui le mouvement humain et économique du chantier. Zardézas est un petit barrage un des plus petits d'Algérie. Cependant son utilité, son rôle dans la mise en valeur de la vallée du Saf Saf seront grands. Pour le comprendre je citerai Gilbert Attard qui nous -- Au village la cantine de l'Entreprise Ballot L'adjudication pour la construction du barrage des Zardézas est donnée fin 1928, après concours, à la Société Algérienne des Entreprises Ballot qui prend en charge tous les travaux de génie civil. Les -- débit variable suivant les années et les saisons. Le bassin versant en amont de l'emplacement choisi pour le barrage couvre une superficie de 34120 hectares , légèrement boisée en oliviers et maquis ; les débits enregistrés jusqu'alors vont de 50 -- Avant même d'attaquer les fouilles dans le lit de la rivière, il faut détourner l'oued de son cours normal et pour toute la durée des travaux de construction du barrage . Pour cela la rivière est dérivée latéralement sur la rive droite par un canal ayant son origine à 150 mètres à l'amont de l'ouvrage. La rive gauche de ce canal est -- [Zarde106.jpg] Barrage en construction côté rive gauche (Photo H.Groud) A l'origine, ces galeries ont d'abord servi à la reconnaissance des -- d'évacuation de secours en cas de,crue anormale de l'oued. Quel type de barrage ? A l'origine , le barrage des Zardézas est conçu selon le type "en enrochement", comprenant : un mur de pied à l'amont avec parafouille un massif d'enrochement formant le corps du barrage et reposant sur une couche de fondation en béton, un mur de pied à l'aval, un masque soutenu à sa base par un socle, ancré latéralement dans les berges et placé sur le parement amont du massif d'enrochement, enfin un dispositif de drainage général de toutes les eaux d'infiltration à travers les fondations, les encastrements et le corps du barrage. Dans leurs fonctions , le masque en béton assure l'étanchéité pour résister à la poussée, des blocs de rochers sommairement taillés sont empilés -- Etudes géologiques : Ce projet de barrage sur l'oued Saf Saf avait déjà fait l'objet de diverses études géologiques préliminaires depuis 1912, ou consécutives aux premiers travaux préparatoires ces études sont reprises en 1930. -- l'emplacement de la gorge du Saf Saf. Il est établi alors que ce poudingue y appartenant au nummulitique moyen, a longtemps constitué un barrage naturel séparant le bief amont où doit être établie la retenue artificielle, du bief aval, ne laissant à la rivière qu'un étroit passage. Et jusqu'alors, les études faites laissaient prévoir -- même. Il s'agit de la faille emplie de glaise, marne et grès , se décomposant sous l'action de l'air qui a été mise à jour au cours de la première fouille pour la construction du barrage en enrochement. De ce fait, la formation du canon en ce point peut s'expliquer par -- l'étanchéité. Le barrage poids Les recherches géologiques ont donc mis en évidence la présence de roches pouvant servir de socle et de butée à un barrage. Prenant en considération ces nouvelles études l'entrepreneur décide alors de reporter la construction 40 mètres en aval, et de construire un barrage de type "barrage poids". Il s'agit alors d'une barrière en béton encastrée dans le cañon et qui résiste à la poussée de l'eau par son propre poids uniquement; les travaux reprennent rapidement, l'entreprise Ballot a toujours son matériel en place. Avec le retard apporté par ces surprises géologiques nous sommes déjà en I933. Le socle du barrage est coulé dans le lit de la rivière et bientôt jusqu'à une hauteur de 30 mètres s'élèvent les trois secteurs centraux de 6 grades, encadrés par les tours à béton Coméra de 75 mètres sur la -- et demi, et aboutissent à la reconnaissance de la masse stable; on identifie dans ce volume, à une distance compatible avec les travaux, un massif de calcaire sain qui permet de donner au barrage un appui solide. [Zarde107.jpg] Secteurs centraux du barrage en construction. On peut voir la galerie prévue pour les visites de l'ouvrage et les puits des flotteurs des futures vannes de -- [Zarde108.jpg] Barrage en construction, côté rive droite - centrale à béton - en arrière du barrage le mur de pied amont du premier projet (Photo S.Groud) La construction reprend donc au cours de l'année 1934, mais le deuxième projet de barrage est cependant reconsidéré dans ses dimensions et sa forme. En effet, par mesure de sécurité, sa hauteur est réduite, réservant l'avenir pour une surélévation éventuelle. Les -- aval , nécessite une exécution en fouille blindée, de 9 grades à 17 grades 40 dans les repérages, d'un secteur complémentaire de 8 grades 40 qui allonge dissymétriquement le barrage. Enfin pour assurer sur le flanc de la montagne, la stabilité des terrains en mouvement, des remblais sont effectués entre ces terrains. -- fermeture de leurs vannes. Contre-barrage et tirants Les dernières coulées de béton sont consacrées au contre-barrage qui a pour rôle d'amortir la force vive des eaux déversantes et d'éviter les affouillements. Implanté sur le pied même du barrage, il dresse ses dents vers le déversoir et sur toute la largeur du secteur déversant. Une deuxième ligne, plus en aval, sert de déversoir aux eaux bouillonnantes. Pour assurer la tenue du contre-barrage et sa résistance à la force vive des eaux, chaque dent est renforcée par un tirant de 150 tonnes : il s'agit de câbles tendus à la verticale entre le rocher sous-jacent et le béton; enfin 12 tirants de 600 tonnes plaquent la maçonnerie du contrebarrage au pied du barrage. D'autre part, côté rive gauche, 4 tirants de 1200 tonnes ont un double rôle : ils rendent solidaires le tandem contrebarrage - pied du barrage et servent d'arcs-boutants à l'édifice lui-même ; sur cette rive ce dernier repose sur une masse rocheuse en pente vers l'aval ; les tirants de 1200 tonnes appliquent l'ouvrage sur son piédestal. Cette méthode de consolidation aurait été employée au barrage des Cheurfas ; ce dernier glissant sur sa base naturelle aurait été stabilisé sur son socle par des tirants qui traversent le béton et s'enracinant à grande profondeur avec une -- bascule. Derrière le barrage, au pied du piton rocheux du Kef, la tour de prise d'eau est implantée à l'origine des conduites forcées, dans le réservoir. Construite en même temps que le barrage , elle reçoit ses derniers appareils : commandes électriques des vannes de pied amont, transmissions, portes, grilles. -- Caractéristiques finales de l'ouvrage terminé Le barrage des Zardézas est terminé. Après dix ans d'efforts et de travail, de fouilles et de bétonnage, il entre dans sa phase utilitaire en 1939 avec sa mise en eau définitive. -- mètres cubes et la surface du lac à 196 hectares . Ce barrage a été conçu de telle sorte que la tenue de l'ouvrage ne puisse d'aucune manière être mise en défaut par une crue exceptionnelle si le niveau de l'eau venait à atteindre la cote 203. -- (1) Pfeiffer et Assant, Alger 1927 (2) Selon la terminologie internationale un grand barrage doit dépasser 15 mètres, de hauteur; Sud-Ouest du 17-08-87, "Les veilleurs de barrages" J. P. Deroudille. In l'Algérianiste n°59 de septembre 1992 -- References 1. file://localhost/home/Marc/projet_barrage/pages_aspirees/hydraulique/economique35.htm