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Actuel/article
Le conseiller national Carlo Sommaruga organise un forum des parlementaires.
La politique, barrage à la privatisation

   MARCO GREGORI   

Paru le Mardi 15 Mars 2005
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ActuelSelon Carlo Sommaruga, les parlementaires ont un rôle fondamental à jouer en favorisant l'émergence d'une mobilisation populaire de défense de l'accès à l'eau et en concrétisant cet élan avec des lois.

Conseiller national, avocat à l'Asloca, membre de divers groupements ou associations, le socialiste Carlo Sommaruga cumule les fonctions. Les organisateurs du Forum mondial alternatif sur l'eau (FAME) lui ont confié la mise sur pied d'un forum des parlementaires, qui aura lieu en parallèle au grand rassemblement. Plusieurs dizaines de politiciens ont annoncé leur venue à Genève, en provenance du Venezuela, du Brésil, de France, de Lituanie, d'Estonie, de Bosnie, du Népal, des Philippines, du Mali, du Togo, du Cameroun. D'autres, notamment de la Colombie et du Mexique, pourraient compléter la liste.

Le Courrier: pourquoi organiser un forum des parlementaires?
Carlo Sommaruga: L'idée est venue du FAME avec comme objectif d'avoir un plan d'action concret, en travaillant avec des élus pour qu'ils le relayent dans leurs parlements, là ou sont approuvées les lois. Il s'agit d'occuper ces espaces, de créer des réseaux, d'échanger des expériences. L'idéal serait de mettre sur pied un canevas d'actions-type, pouvant être adapté à la réalité de chaque pays. Enfin, cette rencontre s'inscrit dans la même dynamique que celle de Porto Alegre, où les parlementaires peuvent s'imprégner des discours des mouvements sociaux.


Ce forum des parlementaires affirme que l'accès à l'eau est un droit humain. Est-ce à dire qu'il faut l'inscrire dans la Charte universelle des droits humains?
– Je ferais une remarque préalable. La prise de conscience par la société publique de l'importance de l'eau est un formidable levier pour remettre en cause le mode de production capitaliste. C'est aussi un élément mobilisateur important.
Maintenant, comment procéder? Il importe de s'ouvrir à plusieurs stratégies. Il existe bien sûr la piste des accords internationaux, qui ne va pas sans difficulté car les Etats signataires ne sont pas toujours transparents vis-à-vis de la société civile. L'autre option consiste à permettre à des collectivités de prendre des décisions entraînant des lois locales ou nationales, un peu à l'image de ce qui se passe dans certaines régions ou villes qui se déclarent zones hors AGCS (Accord général sur le commerce des services). Même si je suis assez sceptique du fait que l'on vienne, par une convention internationale, régler le problème de l'accès à l'eau, je pense que les deux stratégies doivent être menées de front.


Au-delà des déclarations d'intention, de quels moyens de pression disposent les politiques?
– Il faut déjà faire face à des contradictions. Par exemple, en Suisse, la Division pour le développement et la coopération défend l'eau comme un bien public universel, mais le Secrétariat à l'économie préconise une ouverture aux capitaux privés. Compter sur la mobilisation populaire est un élément fondamental car il est clair que l'OMC poursuit sa logique. Il importe donc d'y répondre pied à pied.


L'accès à l'eau est une chose et la notion de contrôle de la consommation dans les pays industrialisés une autre. Or, ce volet semble absent dans le cas présent.
– Ce débat traverse tous ceux qui se préoccupent de l'eau. Il y a bien sûr l'eau potable et l'eau en général, à usage industriel. Mais c'est une problématique globale. Certes, dans certains pays riches on observe une surconsommation. Pourtant, la priorité actuelle réside dans l'accès à l'eau. Pour le reste, je pense que la prise de conscience liée à la consommation doit se faire au niveau des individus, pas du discours politique. Enfin, je reste persuadé que l'engagement pour l'eau modifie notre perception de la consommation.


En tant que socialiste, que vous inspire la libéralisation de l'eau intervenue en Angleterre et menée par un gouvernement dit de gauche?
– Tout est dans l'adjectif. Aujourd'hui, ce qui me préoccupe c'est que l'on essaye de faire passer comme étant de gauche une politique favorisant le privé pour ses prétendues qualités de gestion et de fonctionnement social supérieures au service public. Or on se rend bien compte que ce n'est pas le cas. La politique menée par le premier ministre Tony Blair remet en cause les valeurs fondamentales du socialisme. Il affaiblit le rôle de l'Etat avec des conséquences difficiles à réparer.
Cela dit, le combat pour l'eau va bien au-delà de l'étiquette politique. Il consiste à garantir un bien public et son accès.


 
   
   
 
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