Quatre anciens chefs du Shin Beth critiquent le Premier ministre.

Danièle Kriegel

«N'emportez pas chez vous le fascicule de l'accord de Genève. Brûlez-le ! » Cet appel a été lancé par plusieurs rabbins en Israël et dans les implantations de Cisjordanie. A Kyriat Malachi, une petite ville à l'ouest de Jérusalem, ils ont été écoutés. Des militants de droite ont fait un autodafé de plusieurs centaines d'exemplaires du document rédigé par des pacifistes israéliens et palestiniens distribué dans 2 millions de boîtes aux lettres. Pour Ariel Sharon, ce texte est encore « plus dangereux que les accords d'Oslo ». Cette initiative arrive au mauvais moment pour le Premier ministre israélien. Sa popularité est nettement en baisse. L'administration Bush critique d'une manière à peine voilée son immobilisme et le développement des colonies. Fait sans précédent dans l'histoire du pays, Sharon a également subi un tir de barrage de la part de quatre anciens chefs de la sécurité intérieure, le Shin Beth, qui, dans une interview à Yediot Aharonot, le principal quotidien du pays, l'accusent, ni plus ni moins, de conduire le pays à la catastrophe. « Si nous ne changeons pas de voie et ne cessons pas cette politique du Grand Israël, nous irons tout droit à l'abîme », affirme l'un d'entre eux, Avraham Shalom. Pour Ami Ayalon, le précédent patron du Shin Beth et auteur, avec le Palestinien Sari Nusseibeh, d'une autre initiative de paix qui a déjà recueilli plus de 150 000 signatures en Israël et en Cisjordanie, « certains de nos actes dans les territoires palestiniens sont immoraux et hypothèquent notre avenir »