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                      |  | Le son mystérieux de la bin (avril 2005) |  
                      |  | 
 
                            
                              |   Emblème de la musique instrumentale de l’Inde, la bin – aussi appelée rudra-vina – a connu une histoire particulièrement riche, associée à de fortes traditions séculières
 et religieuses qu’attestent traités musicaux et témoignages iconographiques. Apparue vers le milieu du premier millénaire, elle a remplacé peu à peu les harpes et luths des cours royales de l’Inde ancienne et s’est développée en une grande variété d’instruments à cordes pincées.
 Cependant, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, à la suite de troubles politiques concomitants à l’émergence de nouvelles tendances musicales, elle a été progressivement écartée de la scène musicale. Aujourd’hui, sa tradition n’est plus représentée que par quelques rares musiciens.
 Le timbre de la bin plonge l’auditeur dans un univers sonore dense d’une grande richesse harmonique dont il est difficile de distinguer la source. Ce phénomène, lié en partie à la présence d’un chevalet plat, relève de propriétés acoustiques complexes qui conservent encore une part de mystère.
  Les récentes découvertes de l’acoustique musicale confirment que pour maintenir une écoute attentive, l’oreille humaine doit en permanence recevoir des stimuli différents, faute de quoi, lassée, elle cessera de s’employer à entendre (ce qui est bien commode pour supporter le bruit d’un aspirateur). Pour séduire et maintenir l’attention de l’ouïe, la musique occidentale s’est dotée d’une harmonie complexe – beaucoup de sons différents joués en même temps – et de la virtuosité – beaucoup de sons en un minimum de temps. La musique indienne a développé d’autres atouts, elle s'appuie souvent sur des changements radicaux de timbres pour un même instrument. La bin offre ainsi mille possibilités, en exploitant à la fois des effets stéréophoniques et des effets de battements. L’auditeur est enveloppé dans un espace sonore propre au développement des ragas. L’expression mélodique venant se déposer sur cette enveloppe sonore captera toute l’attention de l’auditeur en maintenant son oreille à l’écoute par le développement de timbres très variés que permet le chevalet plat de l’instrument. Cette mécanique particulière provoque, comme on peut le voir sur le sonogramme, des transferts d’énergie d’un partiel à l’autre, modifiant d’un instant à l’autre, le timbre perçu.
 
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                      |  | Nouveaux matériaux, nouvelles stratégies de conservation (avril 2005) |  
                      |  | 
  Dépose des filets sur la guitare Jacobacci E.994.20.1
                 Le nitrate de cellulose, matière plastique créée au milieu du XIXe siècle, a permis de réaliser des imitations de matériaux comme l’écaille, l’ivoire ou la nacre. Naturellement instable, ce polymère perd une partie de ces constituants en vieillissant et produit alors des acides pouvant altérer les matériaux environnants. La sublimation du camphre, employé à sa fabrication, le rend de plus en plus fragile et cassant. Ces processus de décomposition sont favorisés par la présence d’éléments chimiques et surtout de rayons ultra violets, qui provoquent la rupture des chaînes chimiques. Comme nombre d’instruments du XXe siècle, la guitare jazz « Royal 2 » (E.994.20.1), réalisée par la firme Jacobacci vers 1965, comporte des pièces en nitrate de cellulose, en particulier les filets décoratifs encerclant la caisse. Leur dégradation mettant en péril le reste de l’instrument, il a été jugé indispensable de les déposer. Cette intervention délicate et extrêmement rare dans un musée a permis de maintenir l’instrument dans un état de conservation satisfaisant. L’évolution chimique des filets a été ralentie par leur isolement. Même si aucune solution chimique ne permet encore une stabilisation du processus de décomposition, les modes de stockage et de conservation mis en œuvres autour des filets, ont permis de ralentir les cinétiques chimiques.  |  
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                      |  | De la publication au fac-similé (janvier 2005) |   
                      |  | 
  © Musée de la musique Considérée 
                        aujourd’hui comme l’ancêtre directe 
                        de la guitare, la vihuela de mano est au XVIe 
                        siècle l’instrument d’une musique originale 
                        et raffinée dont la diffusion grâce aux tablatures 
                        charme l’Europe entière. Elle partage avec 
                        le luth le privilège d’avoir donné 
                        à la musique instrumentale occidentale les fondements 
                        de son développement ainsi que ses premiers virtuoses. 
                        À Paris sont conservés deux des instruments 
                        les plus rares et les plus importants : l’un 
                        au Musée de la musique, l’autre au Musée 
                        Jacquemart-André.
 Phénomène culturel, musical et organologique, 
                        la vihuela méritait bien l’attention 
                        que lui consacre la Cité de la musique à 
                        travers une publication, 
                        parue en 2004 dans la collection des cahiers du Musée, 
                        qui appréhende l’instrument de façon 
                        pluridisciplinaire, et la réalisation en 2005 d’un 
                        fac-similé qui intègre les connaissances 
                        acquises ces dernières années.
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                      |  |  |   
                      |  | De la vihuela à la 
                        guitare classique (mars 2005) |   
                      |  | La spécificité 
                          organologique que constitue la vihuela du Musée 
                          de la musique (E.0748) peut se résumer en quelques 
                          caractéristiques simples. On peut, pour plus 
                          de clarté, les mettre en regard avec celles de 
                          la guitare classique.
 
                           
                            |  |  |  |  |   
                            |  |  | Vihuela | Guitare |   
                            |  |  |  |  |   
                            |  |  Table d’harmonie
 |  Table en bois résineux 
                                avec une rose en bois et parchemin. L’épaisseur 
                                est relativement importante au centre (3 mm 
                                env.) mais va en diminuant vers les bords (1,5 mm 
                                env.). Seules deux barres collées de part 
                                et d’autre de la rose contribuent à 
                                maintenir sa planéité.  |  Table en bois résineux 
                                avec une ouverture circulaire. L’épaisseur 
                                moyenne est d’environ 2 mm, répartie 
                                plus ou moins régulièrement sur 
                                toute la surface. Le système de barrage 
                                est le plus souvent constitué de deux barres 
                                épaisses de part et d’autre de l’ouverture, 
                                et d’un ensemble de barres disposées 
                                en éventail sur la surface comprise entre 
                                l’ouverture et le bas de la table.  |   
                            |  |  |  |  |   
                            |  |  Fond  |  Le fond en bois dur 
                                est constitué de sept fines lamelles moulées 
                                à la chaleur en forme de « tuile » 
                                et juxtaposées par collage. L’architecture 
                                très particulière qui en résulte 
                                permet de se passer de tout barrage et assure 
                                à l’ensemble une certaine élasticité. 
                               |  Le fond est plat 
                                et doit être renforcé de trois barres 
                                collée sur chant. Cette disposition crée 
                                une plaque d’une grande rigidité. 
                               |   
                            |  |  |  |  |   
                            |  |  Cordes  |  Six cordes doubles 
                                en boyau pour une tension totale 36 kg env. 
                               |  Six cordes simples 
                                en nylon et nylon filé métal pour 
                                une tension totale 50 kg env.  |   
                            |  |  |  |  |   
                            |  |  Poids  |  600 grammes env. 
                               |  1500 grammes env. 
                               |  La redécouverte d’un instrument largement 
                          oublié est toujours un moment intense. Son examen 
                          détaillé établit dans notre esprit 
                          un ensemble de liens avec une tradition musicale du 
                          passé dont l’instrument était précisément 
                          l’outil et nous permet de renouer avec un concept 
                          sonore aujourd’hui inconnu et évidemment 
                          très différent de celui de la guitare.   Les côtes du fond 
                          de l’instrument ont été pliées 
                          à chaud dans un moule, à partir d’une 
                          seule pièce de bois. Les parchemins que l’on 
                          voit   datent du XIIIe siècle et ont pour 
                          but de renforcer les joints de collage parvenus jusqu’à 
                          nous en parfait état. © Musée de 
                          la musique
 |   
                      |  |  |   
                      |  | Clavecin Couchet, les enjeux 
                        de la restauration (janvier 2005) |   
                      |  | 
 
                           
                            |  © Musée de la musique
 |  Acquis 
                                par la Cité de la musique avec l’aide 
                                de l’État en 2003, le clavecin Ioannes 
                                Couchet, classé trésor national, 
                                est actuellement en cours de restauration en vue 
                                de sa présentation au public. Prestigieux 
                                exemple de facture anversoise, il est daté 
                                sur sa table d’harmonie de 1652. Remanié 
                                (« ravalé ») en France 
                                en 1701, il reçoit un piétement 
                                de style Louis XIV et un nouveau décor 
                                de peinture sur dorure, proche des figures « à 
                                la Bérain ». C’est peut-être 
                                à cette époque que l’instrument 
                                est muni de son jeu de « quatre pieds » 
                                venant compléter les jeux de « huit 
                                pieds » d’origine.Comprendre la succession des interventions subies 
                                sur le décor et analyser les efforts mécaniques 
                                présents sur la structure de cet instrument 
                                encore sous tension sont les objectifs des études 
                                en cours qui accompagnent la restauration.
 |  |   
                      |  |  |   
                      |  | Le clavecin Johannes Couchet : les premières découvertes de la restauration (mars 2005)
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                      |  | 
 
                           
                            |  À 
                                l’instar des couches archéologiques 
                                qui nous renseignent sur les époques anciennes, 
                                la décoration d’un instrument de 
                                musique, et particulièrement ses transformations 
                                esthétiques, permettent parfois d’appréhender 
                                son histoire. Le clavecin de Johannes Couchet, 
                                construit à Anvers en 1652 et acquis en 
                                2003 par le Musée de la musique, est à 
                                cet égard particulièrement représentatif. 
                                En effet, si les peintures de la table d’harmonie 
                                et le décor original en faux marbre de 
                                la partie arrière ont été 
                                conservés, plusieurs transformations du 
                                décor peint sont apparues lors de l’étude 
                                préalable à la restauration de l’instrument. 
                                La première n’a touché que 
                                l’entourage du clavier flamand et peut-être 
                                le pourtour de la table d’harmonie, mais 
                                la seconde a profondément modifié 
                                le style de l’instrument. Celle-ci, probablement 
                                réalisée en 1701 lors du ravalement 
                                qui a permis de remplacer le clavier original 
                                par les deux claviers actuels, a gommé 
                                le caractère décoratif flamand au 
                                profit d’une ornementation purement française. 
                                La réalisation à la même époque 
                                d’un piétement sculpté et 
                                doré et l’ajout d’un couvercle 
                                d’un seul tenant n’ont fait que renforcer 
                                cette unité stylistique.  |   
                            | 
 
  Détail du pourtour 
                                interne et décoration originale sous-jacente.
 © Musée de la musique
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                      |  |  |   
                      |  | Harpe Naderman, 
                        un nouvel éclairage sur la harpe au XVIIIe siècle (janvier 2005)
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                      |  | 
 
                           
                            |  Le 
                                harpiste et compositeur Jean Baptiste Krumpholtz 
                                (1747- 1790) est à l’origine d’une 
                                innovation importante de la harpe dite à 
                                crochets. Vers 1785, il conçoit un 
                                système original de sourdine et ajoute 
                                à la caisse de résonance un ensemble 
                                de volets dont l’ouverture, commandée 
                                par une pédale supplémentaire, change 
                                sensiblement le timbre de l’instrument. 
                                Jean-Henri Naderman (1734-1799), un des principaux 
                                facteurs de harpe parisiens, est chargé 
                                de le réaliser. Pierre-Augustin Caron de 
                                Beaumarchais (1732-1799), écrivain et auteur 
                                dramatique, fait un compte-rendu circonstancié 
                                de ces inventions dans le Journal de Paris 
                                du 8 février 1786. À ce jour, six harpes de ce modèle 
                                ont été localisées et le 
                                Musée de la musique a récemment 
                                acquis l’une d’entre elles. Leur facture 
                                est particulièrement soignée : 
                                les décors sculptés, bien que tous 
                                distincts, sont à mettre en rapport avec 
                                un recueil d’ornements intitulé Livre 
                                des Trophées d’Amour et de Musique, 
                                publié à Paris vers 1780 par 
                                l’architecte Jean-Charles Delafosse (1734-1789). 
                                Fait remarquable : les peintures de toutes 
                                les tables d’harmonie sont identiques et 
                                à l’évidence réalisées 
                                par le même peintre. En février, 
                                une fois la restauration terminée, la harpe 
                                du Musée intégrera les vitrines 
                                de la collection permanente.
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 |  © Jean-Marc Anglès/ 
                                Musée de la musique
 
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                      |  |  |   
                      |  | Restaurations (décembre 2004) |   
                      |  | Restauration de deux harpes françaises du 
                          18e siècle 
                          Harpe Naderman avant restauration 
                        (E.2002.13.2) © musée de la musique 
                            |  | Deux 
                                jolies harpes parisiennes de la fin du 18e siècle 
                                sont actuellement en cours de restauration au 
                                laboratoire du musée. L’une (E.2002.13.2), 
                                de Jean-Henri Naderman est un exemplaire exceptionnel 
                                doté d’un mécanisme de sourdine 
                                inventé par Jean-Baptiste Krumpholtz en 
                                1786. L’autre (E.2000.26.1) fabriquée 
                                par Georges Cousineau vers 1770 présente 
                                un décor noir et or et des miniatures en 
                                imitation de laque de Chine.Le projet réunit autour de ces instruments, 
                                outre le laboratoire et la conservation du musée, 
                                une équipe de restaurateurs spécialistes 
                                des dorures, laques et autres décors peints, 
                                des travaux d’ébénisterie, 
                                de la restauration des textiles ou des métaux. 
                                Les deux harpes restaurées seront présentées 
                                au printemps 2004 dans l’exposition permanente 
                                du musée.
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                      |  |  |   
                      |  | Matériaux et 
                        analyses (décembre 2004) |   
                      |  | Analyses par Fluorescence X de décors d’instruments 
                          de musique indiens 
                           
                            | Les 
                                techniques de décoration des instruments 
                                de musique indiens anciens sont mal connues. La 
                                préparation de l’exposition Gloire 
                                des Princes, Louange des Dieux a 
                                donné l’opportunité d’observer 
                                et d’analyser les décors d’instruments 
                                n’ayant jamais quitté l’Inde 
                                auparavant.Ainsi, sur un sitar du 19e siècle, 
                                fabriqué à Alwar au Rajasthan, jusqu’à 
                                10 couches de peinture superposées ont 
                                été observées. L’analyse 
                                de cette superposition permet de discerner deux 
                                décors successifs. Pour chacun de ces décors, 
                                et parmi les différents matériaux 
                                utilisés, un métal précieux 
                                (de l’or pour le premier et de l’argent 
                                pour le second) ont été identifiés 
                                par des analyses de fluorescence X in situ 
                                (analyses non destructives ne nécessitant 
                                pas de prélèvement). Chacun de ces 
                                métaux, appliqués juste sous la 
                                couche superficielle, colorée et translucide, 
                                donne à l’instrument une profondeur 
                                et une apparence qui ne sont pas sans rappeler 
                                les fastes de l’Inde d’autrefois.
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                                  |  | Sitar, 
                                    Alwar, Rajasthan © musée de la 
                                    musique / cliché J.M. Anglès |   Détail d’une lacune montrant les 
                                différentes couches de peinture. © 
                                musée de la musique
 |  Cette étude a donné lieu à une communication 
                        au 17e congrès ICXOM 
                        (International Congress on X-ray Optics and Microanalysis) 
                        à Chamonix en septembre 2003.
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                      |  |  |   
                      |  | Documentation (décembre 2004) |   
                      |  | Radiographie d’un pianoforte de 1791 (E.990.11.1) 
                         
                           
                            |  | Le pianoforte E.990.11.1, 
                              conservé au musée, est un des plus 
                              anciens pianoforte à queue portant la marque 
                              de Sébastien Erard (« Sébastien 
                              Erard et Frère […] 1791 »). L’importance 
                              historique de cet instrument a suscité le 
                              besoin de mieux connaître les techniques employées 
                              pour le construire. La caisse de cet instrument a donc été 
                              radiographiée pour visualiser sa structure 
                              interne. L’instrument mesurant 2 m de long 
                              et 83 cm de large, une vingtaine de films radiographiques 
                              (de format 35 x 43 cm) a été nécessaire 
                              pour radiographier l’ensemble de la caisse. 
                              Après leur numérisation (dans le cadre 
                              du partenariat avec AGFA 
                              NDT), les clichés ont été 
                              assemblés avec un logiciel de traitement 
                              d’images pour restituer une vue d’ensemble 
                              de l’intérieur de l’instrument.
 Il sera ainsi possible de comparer , sur le plan 
                              des techniques de construction, ce pianoforte à 
                              d’autres instruments du même facteur 
                              ou de la même période.
 |  Pianoforte Erard 1791 (E.990.11.1), 
                        radiographie X © musée de la musique
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                      |  |  |   
                      |  | contact : labo@cite-musique.fr |   
                      |  |  |    |  |  
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