Le Monde.fr Horizons À BAS LA " GROSSOPHOBIE " ! Andrée Poch BIBLIOGRAPHIE foulée conquérante du bon usage de la confrontation encore un petit effort, m. borotra ! RECYCLAGE ÉLECTORAL au courrier des lecteurs du bon usage de la confrontation Le point de vue sur " La responsabilité des historiens face à l'histoire coloniale" (Le Monde du 20 septembre) constitue une heureuse contribution pour ouvrir, hors des sentiers minés par les mémoires opposées, une voie plus assurée et plus raisonnée à une histoire coloniale qui peine encore à se constituer d'un strict point de vue scientifique. On doit cependant observer que les auteurs, pourtant spécialistes reconnus de la question, s'en tiennent à des propositions très générales au regard des enjeux de l'histoire coloniale. Qui n'adhérerait à leur intention d'établir la véracité des faits " pour" en proposer des explications les moins subjectives possibles ? Cela ne constitue pas une méthode spécifique et ne trace pas un véritable programme d'action. Il y a près de cinquante ans, en pleine guerre d'Algérie, Germaine Tillion introduisait courageusement l'idée d'un bilan de la colonisation française en confrontant ce qu'elle appelait " nos bonnes oeuvres et notre malfaisance" (in Les Ennemis complémentaires, réédition Tirésias, 2005). Elle entendait par " bonnes oeuvres" la masse d'instruction et d'expérience moderne mise à la disposition de la population algérienne par la France - car il ne faut pas oublier, à notre actif, que les masses algériennes sont, de loin, les plus évoluées du monde arabe. Et elle ajoutait : " J'entends par malfaisance le barrage que nos compatriotes d'Algérie ont constitué devant l'irruption des jeunes élites musulmanes, barrage qui contraignit à s'expatrier les jeunes cadres qui ne consentirent pas à être chez eux des "exilés de l'intérieur~." Ce dont l'histoire coloniale a besoin pour progresser, c'est d'une confrontation la plus large possible des faits et des opinions, méthodique et sans a priori, indépendante de la bonne conscience coloniale comme du politiquement correct anticolonial. Paul Stouder Grosrouvre (Yvelines) Droits de reproduction et de diffusion réservés Le Monde 2002. Usage strictement personnel. L'utilisateur du site reconnaît avoir pris connaissance de la Licence de droits d'usage, en accepter et en respecter les dispositions.