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Benflis aux Femmes : “Le 8 avril, faites barrage au tuteur”

 
A un mois des présidentielles du 8 avril, Ali Benflis dévoile une partie de son projet de société : il s’engage solennellement à procéder à l’amendement du code de la famille.
mardi 9 mars 2004.

A l’occasion de la Journée mondiale de la femme, le message de celui qui devrait succéder à Bouteflika dans moins de deux mois a valeur de chantier ouvert.
Un projet ambitieux qui ne peut se réaliser sans l’adhésion active de la gent féminine invitée à “exprimer en toute clarté (son), refus des manœuvres et des complots ourdis par ceux qui veulent s’autoproclamer censeurs et tuteurs”.

Des “censeurs et tuteurs” non seulement de la femme mais de l’ensemble “du peuple algérien afin d’arracher aux forceps un deuxième mandat mais qui n’y arriveront pas parce qu’ils vous trouveront au travers de leur chemin, vous qui avez brisé la folie meurtrière du terrorisme barbare, comme vous avez brisé par le passé les chaînes ignobles du colonialisme”. _ La conjoncture ayant primé sur l’événement, Ali Benflis ne se perdra pas dans les louanges de circonstance en direction des femmes mais interpellera leur sens de la citoyenneté. Dans l’immense salle des fêtes Catherine à Bouzaréah (sur les hauteurs d’Alger) où le patron du FLN, candidat à la présidentielle, avait invité les femmes pour une cérémonie symbolique pour la circonstance, une nuée de militantes, sympathisantes, simples citoyennes, personnalités nationales, artistes ou anonymes y ont répondu. Nombreuses ont été celles qui n’ont pu accéder à l’intérieur de la salle, se contentant de l’agréable jardin alentour.

Dans une ambiance débordante de sincérité et qui contraste radicalement avec le show artificiel concocté par l’administration pour le président-candidat au luxueux El-Aurassi, Benflis allait discourir pendant près d’une heure. L’homme qui s’apprête à la lourde tâche de présider aux destinées du pays déclare : “Le 8 avril, vous porterez haut et fort le slogan de la citoyenneté pleine et entière et permettrez à l’Algérie d’entrer dans une ère nouvelle, une ère qui redonnera espoir à notre jeunesse en proie au doute et à la désillusion. Le 8 avril, vous crierez à la face du monde et vous lui prouverez que l’Algérie nouvelle pointe à l’horizon (...).” Au fait, sans doute, de nombreux sondages confidentiels de ces derniers temps le donnant largement favori du prochain scrutin, Benflis insistera longuement sur l’impératif, pour la nation, de faire barrage à “la fraude et aux fraudeurs”.

Citant “l’anecdote du président du Conseil constitutionnel qui ne fait que servir son ami le président-candidat”, Benflis informera qu’en dépit d’une délibération des membres du CC de la veille consistant à fixer l’ordre d’annonce des candidatures retenues ou rejetées suivant l’ordre alphabétique en arabe, “il annonce quand même à la télévision ce qui suit : le premier candidat retenu est Abdelaziz Bouteflika, etc”. Or, poursuit Benflis, ce même ordre alphabétique voudrait que je sois le premier. L’ordre chronologique de dépôt des dossiers également d’ailleurs”. Cet exemple illustre bien jusqu’à quel point le cercle présidentiel est prêt à aller dans son entreprise, en cours, de fraude.

“Le 8 avril, vous vous opposerez, le peuple algérien s’opposera à ceux qui veulent domestiquer sa volonté. Le 8 avril, l’Algérie se trouvera devant un grand dilemme : ou les élections seront régulières et transparentes et permettront une véritable sortie de crise, ou nous assisterons à un simulacre de scrutin qui mettra l’Algérie sur la voie de l’inconnu par l’action d e celui q u i croit encore que spolier la volonté populaire est une chose aisée, et, en croyant cela, il commet une grave erreur de jugement devant le peuple et l’histoire.”

Hier lundi, toujours, mais dans la matinée, Ali Benflis avait réuni les mouhafedhs (responsables du FLN au niveau des wilayas). Conclave au cours duquel le patron du FLN avait enjoint ses collaborateurs à faire montre d’une vigilance sans faille. “Nous allons sortir vainqueurs de ces élections, lancera-t-il. Alors, faites très attention à la fraude que ne manquera pas de tenter le président-candidat !”. A Bouzaréah, il réitère la chose. “Nous allons libérer le pays de ces despotes, nous allons libérer la justice, la télévision et allons restituer au citoyen sa dignité.” Plus explicite, il enchaîne : “La victoire est proche. Oui, la victoire est très proche. Et s’il me reste un seul combat à mener dans ma vie, ce sera bien celui là, contre la fraude et les fraudeurs, pour la démocratie et la liberté”.

Mobilisez-vous pour faire barrage aux fraudeurs. Et, croyez-moi, je les connais très bien, ils vont reculer. Ce ne sont que des lâches. Nous allons gagner !”

Kamel Amarni , Le Soir d’Algérie