RSI - FRENCH SECTION - SLOVAQUIE ET...

Les zones humides en Slovaquie et la convention de Ramsar

Les zones humides représentent actuellement les écosystèmes, les plus menacés du monde. Au niveau international, elles sont protégées par la Convention de Ramsar, relative aux zones humides d’importance internationale particulièrement comme habitats des oiseaux d’eau. Cette convention internationale a été signée le 2 février 1971 à la ville iranienne Ramsar et elle a pour le but de « favoriser la conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides par des mesures prises au plan national et par la coopération internationale, comme moyens de parvenir au développement durable dans le monde entier.

Même si la Convention existe depuis 31 ans, les zones humides figurent toujours parmi les habitats les plus menacés du monde. On sait que les zones humides rendent des services inestimables à l’humanité, dont la régulation des crues et l’approvisionnement en eau et en aliments et qu’elles constituent un habitat irremplaçable pour d’innombrables plantes et animaux.

Conformément à la Convention de Ramsar, en Slovaquie il y a 11 localités protégées. Du point de vue de la régénération et la réhabilitation des zones humides, le territoire slovaque le long du fleuve Morava, à la frontière slovaco-tchéco-autrichienne représente le plus grand projet de l’Europe centrale. Cette région slovaque a été inscrite en 1993 sur la liste des territoires protégés par la convention de Ramsar. Au cours de quelques dizaines d’années, le pré humide autour de Morava a diminué de 30%. L’Union Européenne, dans le Programme SAPARD, fournira à la Slovaquie des moyens pour renouveler ces zones humides. Non seulement des zones grandes, inscrites dans la Convention de Ramsar, mais aussi celles qui sont petites et à la première vue sans importance, il faut les protéger. En Slovaquie, dans des régions de plaine, il y a encore environ 200 000 hectares des zones humides, qu’on pourrait régénérer, malheureusement le Ministère de l’Agriculture propose de dessécher la majorité d’eux.

Nous sommes à la frontière slovaco-tchéco-autrichienne. Une mosaïque de rivières, de forets inondables et de prairies alluviales, qui constituent, avec le Danube tout proche, une des dernières grandes plaines inondables d’Europe. Le tracé de la frontière passe par cette rivière Morava, une rivière de plaine typique, avec un cours très lent, d’innombrables méandres et des inondations à chaque printemps.

Penchés sur cette zone, qu’observons-nous? Un fleuve, des affluents, des canaux, des fossés de décharge, des gravières, anciens bras, oui, c’est une zone humide. Si on s’approche de plus près, on peut voir une mosaïque de biotopes alluviaux reliquats : prairies, milieux humides, forets. Dans ces espaces, des espèces remarquables, certaines rares au niveau européen, d’autres en grande quantité, notamment les oiseaux d’eau hivernant comme le canard chipeau, l’oie des moissons et le cormoran… Ces espaces et ces espèces sont liés les uns aux autres et leur valeur a été reconnue au niveau européen : c’est une zone de grande qualité écologique.



LA PLUS GRANDE COLONIE DE CIGOGNES BLANCHES EN EUROPE

La cigogne blanche est en Europe très menacée. Sur plusieurs territoires elle a déjà pratiquement disparue. Un des derniers endroits où toujours elle revient régulièrement sont des prés des rivières Morava et Dyje sur le territoire frontalier de l’Autriche, de la Slovaquie et de la Tchéquie. La réserve du Fond Mondial de la Nature près de la commune autrichienne Marchegg, à quelques pas de la frontière slovaque et de la commune slovaque Vysoka, représente l’endroit principal. Dans une colonie sur des arbres, plus de 40 paires de cigognes y nichent. Il s’agit d’un phénomène particulier dans le contexte international.

Les premières notes écrites sur cette colonie de cigognes datent de 1885. Les cigognes y reviennent régulièrement dans le même nid. Annuellement elles les agrandissent et de cette manière, elles y forment un ensemble des nids colossaux de 2000kg. Des prés humides le long des rivières forment pour la cigogne blanche des conditions de vie idéales. Son existence, depuis le Moyen Age dépendait de l’utilisation accrue des prés. Malheureusement, l’intensification de l’agriculture a pour conséquence la régression des zones humides et des bocages, ce qui provoque la disparition de leur nourriture naturelle - il y a moins de petits rongeurs, de grenouilles, de criquets, etc. La base de leur nourriture se réduit de plus en plus et leur nombre diminue sans cesse.

Malgré cette tendance, le nombre de cigognes près de la commune Marcheg, depuis 100 ans n’arrête pas d’augmenter. Ce phénomène s’explique par le fait que sur le côté slovaque de la rivière Morava, les prés énormes inondés ont été conservés. Les cigognes qui nichent en Autriche sur de vieux chênes près de Marchegg, passent quotidiennement la frontière slovaco-autrichienne où justement sur le côté slovaque de la rivière Morava, elles trouvent une nourriture abondante sur des prés inondés slovaques. C'est vrai qu’en Autriche existent encore des forêts magnifiques avec des chênes anciens convenables à la construction des nids de cigognes, mais les prés initiaux ont pratiquement entièrement disparus. Par contre, en Slovaquie, à la Réserve naturelle régionale ZAHORIE, des zones immenses inondées ont été conservées.

Et c’est comme ça que les forêts sur le côté autrichien et les prés de la rivière Morava sur le territoire slovaque font une paire parfaite. Il s’agit de territoires frontaliers qui représentent pour la population saine des cigognes le refuge et un milieu de vie non seulement pour les cigognes mais aussi pour beaucoup d’espèces de la faune et de la flore.

Les forêts et les prés de la rivière Morava, représentent un bijou de la nature d’une grande valeur. La plus précieuse est le pré Sterk avec une superficie d’environ de 1000 ha sur laquelle on peut trouver plusieurs espèces de faune et de flore qui actuellement sont très menacées.

Les alliances de la flore et de la faune dans cette région n’ont pas encore été entièrement prospectées à cause de l’interdiction de plusieurs années de l’entrée sur ce territoire, car il s’agissait du territoire frontalier protégé par les douaniers. Des découvertes biologiques sensationnelles donc attendent encore d’être révélées.

Après la chute du communisme, la pression sur l'exploitation des zones inondées près de la rivière Morava a augmenté. L'exploitation des cailloutis sur une surface de 10 ha, l'intensification de l'agriculture, la transformation des prés sur la terre arable, l'utilisation des engrais et des pesticides menacent ces zones d'une grande importance. En 1989 le barrage hydraulique sur la Moravie du sud a été mis en marche. La construction du canal sur des rivières du Danube, Odra, Labe qui traversera les zones inondées de la rivière Morava aura des conséquences imprévisibles, dont le résultat serait un pays artificiel.

Une grande menace représente aussi la construction du barrage hydraulique Wolfstahl en Autriche. Le gonflement en arrière de la rivière Morava aurait des effets jusque sur la commune slovaque Vysoka qui voisine avec le village autrichien Marchegg. Selon les études élaborées à l’Université Comenius à Bratislava, ce barrage hydraulique détruirait des forêts inviolées et menacerait la réserve avec la colonie des cigognes. La richesse d'espèces de la faune et de la flore se réduirait dramatiquement.

La présence des cigognes sur le côté autrichien et de bonnes conditions pour leur nourriture sur le côté slovaque ont rapproché même des habitants de deux communes ce qui a aboutit à un jumelage des deux communes. Chaque année, le troisième week-end du mois de juin, les villages voisins slovaco-autrichiens Vysoka et Marchegg organisent "Les fêtes des cigognes".

Ces jours – là on jette un ponton sur la rivière Morava par lequel les Slovaques et les Autrichiens peuvent librement passer d'un côté à l'autre. Régulièrement les habitants des deux capitales qui se trouvent seulement à quelques pas de ce paradis y viennent pour visiter cette réserve inhabituelle. Beaucoup de vacanciers découvriront ce territoire, jusqu'à maintenant interdit. Mais une approche sensible de ce territoire est nécessaire.

Cette approche demandera de nouveaux règlements et de décrets de lois. Par exemple, la construction de nouvelles routes devrait être permise uniquement en dehors des territoires protégés. De cette manière seulement, les impressions vécues sur les territoires le long de la rivière Morava seront possibles aussi dans l'avenir et les vacances passées ici pourront être une perspective nouvelle pour l'avenir de cette région.