la grande joie du *père *duchesne , au sujet de la grande victoire remportée par les soldats de la *liberté , dans la ville du *mans , sur les brigands de la *vendée , qui ont été taillés en pièces, et qui ont perdu leurs trésors, leur artillerie, leurs saints et leurs reliques. sa grande ribotte avec tous ses compères et commères, en réjouissance de cette bonne nouvelle, qui donne le coup de grâce aux aristocrates, aux calotins et à tous les conspirateurs. § on me reproche d'être trop souvent en colère. on s'imagine que je ne ris jamais que d'une joue; les aristocrates me regardent comme un loup-garou. on ne parle que de mes moustaches , de ma voix de tonnerre, en un mot, je suis un bougre à faire trembler la volaille. ceux qui me connaissent, savent bien cependant que je ne suis pas si diable que je suis noir. au surplus, que l'on pense de moi tout ce qu'on voudra, je m'en fous, cela ne m'otera pas un seul cheveu de mon crâne pelé. je marcherai toujours droit mon chemin, sans faire attention aux cris des corbeaux et aux sifflements des serpents que je rencontrerai sur mon passage. je consens à passer pour un ours mal léché au vis-à-vis des conspirateurs et des traîtres, pourvu que les *sans-culottes continuent de me regarder comme un bon vivant et comme leur véritable ami. avec eux, je jurerai toujours tant que je verrai les sots dupes des intrigants, tant que les fripons pêcheront en eau trouble, tant que les loups se couvriront de la peau de l'agneau, pour mieux tromper le troupeau et pour nous manger la laine sur le dos; mais, foutre, si je m'emporte comme une soupe au lait, quand j'apprends de mauvaises nouvelles, je me réjouis de même des bonnes. quand je vois tourner la girouette au mauvais vent, je suis triste comme un bonnet de nuit, et quand le temps est beau, je suis gai comme un pinson. les jean-foutreries des aristocrates me font renverser mes fourneaux, les bonnes actions des *sans-culottes , les victoires des républicains font sauter mes pintes. § ah foutre! quelle joie dans ma boutique quand on est venu m'annoncer que les brigands de la *vendée avaient dansé une si fameuse carmagnole dans la ville du *mans ! tous mes compères et commères du voisinage sont accourus en m'entendant crier: victoire, vive la république . grande nouvelle, mes amis, leur ai je dit; femmes, taisez vous et écoutez. alors j'ai pris mes besicles, et j'ai lu une lettre d'un brave canonnier de mes amis, contenant tous les détails de la bataille. § du *mans, ce 23 *frimaire , l'an 2 de la rép- une et indivisible . "réjouis toi, brave marchand de fourneaux, l'armée du pape qui , pour la gloire du bon dieu, ravageait depuis si longtemps plusieurs départements, qui égorgeait les vieillards, les femmes et les enfants, dont la trace était plus funeste que la peste, qui a changé la *vendée dans un vaste cimetière, ces bandes de scélérats que l'*angleterre avait vomi sur la terre de la liberté pour renverser son temple, sont à la fin écrasés; le fanatisme a reçu son coup de grâce. ces scélérats, depuis qu'ils avaient été si bien étrillés à *granville , sachant combien pèse le bras des républicains, n'osaient plus revenir à la charge, et fuyaient comme des lièvres devant les soldats de la liberté. enfin nous leur avons si bien serré la botte, qu'ils ont été forcés de faire volte-face; comme ils étaient les plus forts en nombre, ils nous ont repoussé d'abord, et déjà ils criaient victoire ; les braves volontaires de *cherbourg arrivent et nous soutiennent, et nous les foutons en déroute; mes jean-foutres se replient sur leurs retranchements, et semblaient défier à tous les diables de les débusquer. c'est alors que notre courage redouble; ni retranchements, ni ponts, ni canons, rien ne peut arrêter des guerriers patriotes; ils taillent en pièces les brigands; c'est alors, foutre, qu'il fait chaud; jamais on n'a vu un combat aussi terrible; il dura jusqu'à neuf heures du soir; la nuit le fait cesser quelques instants, mais les républicains craignant de perdre l'occasion de purger la république de ces monstres, recommencent, comme de plus belle, à leur foutre le bal; ils se pressent, ils gagnent le terrain pied à pied, et les pourchassent à travers des rues jusqu'au beau milieu de la grande place du *mans . c'est là que se donne le grand coup de peigne. la mélée a duré jusqu'à deux heures du matin. l'armée chrétienne, voyant alors que ses reliques étaient sans vertu, et que le grand dieu, le dieu tout puissant, celui auquel on ne saurait résister, c'est celui qui veut que les hommes soient libres, commencent à jouer des jambes et à vanner à la faveur de la nuit, et ils s'éclipsent petit à petit de la ville. à la pointe du jour, nos chasseurs les ont poursuivi l'épée dans les reins, et les ont mis en pièce par milliers. toutes les routes sont couvertes de leurs cadavres; depuis quinze heures nous en avons fait une boucherie et le combat dure encore. nous leur avons tout pris, leurs canons, leur trésor, leurs bagages, leur malles, tous leurs effets,les carrosses qui étaient à leur suite pour conduire les princesses, duchesses, marquises, comtesses et toutes les muscadines que les chefs mènent à leur suite. des croix d'or et d'argent, des mitres et d'autres prétintailles de la calotte sont aussi entre nos mains. nous leur avons aussi enlevé leur plus chère pacotille, les reliques que des prêtres scélérats portaient avec eux pour embêter les habitants des campagnes. les principales étaient un crâne pourri de *st-*charles *borrhomé , car les vers mangent aussi bien les reliques des saints que les os des hérétiques, une dent de la machoire de *st-*vincent , une côte de *st-*julien , un morceau de la robe de l'enfant *jésus , un morceau du crâne de *st-*sébastien , et une petite fiole du lait de la vierge *marie , qui,par parenthèse,devait en avoir plus à elle seule que toutes les vaches de *suisse , si tous les fourbes, qui se vantent d'en posséder sont crus sur parole. voilà, mon vieux, une grande nouvelle qui va faire gueuler, dans tous les coins de *paris , la grande joie du *père *duchesne . continue de défendre les généraux *sans-culottes , qui, comme tu vois, jouent beau jeu bel argent, et qui répondent aux injures que l'on débite sur leur compte en remportant des victoires. si nous n'avions eu que des *biron , des *dubayet , des *thunck et d'autres muscadins de cette espèce à notre tête, jamais, foutre, nous n'aurions vu la fin de cette guerre, que ces godelureaux regardaient comme leur pot-au-feu. embrasse pour nous le brave *pache , et dis lui que son fils s'est battu comme un petit déterminé. quand il aura de la barbe, ça fera un fier luron. à quinze ans, il dégote les plus vieux canonniers. tandis que le petit bougre servait nos pièces avec une ardeur sans pareille, un boulet lui a passé entre les jambes. il n'en a pas bronché d'une ligne. notre bon maire pleurera de joie en apprenant les dangers que son enfant a bravé avec nous et ça le consolera des chagrins que les coquins lui font endurer, foutre". salut et fraternité. sans-quartier , canonnier de *paris . ah! *père *duchesne , la bonne aubaine, s'écrièrent nos commères; en réjouissance de ces heureuses nouvelles, il faut nous en foutre une pile; volontiers, mes amis. allons, *jacqueline , une table, des verres, vas vite à la cave, et prends derrière les fagots ces vieilles bouteilles de *bourgogne ; aussitôt dit, aussitôt fait; nous voilà tous tablés, nous mangeons, nous buvons jusqu'au jour, ma maison retentit des cris de vive la liberté, vive la république, foutre. § la grande colère du *père *duchesne , de voir les aristocrates se sans-culottiser pour mieux nous foutre dedans, et pour perdre les véritables patriotes. ses bons avis à tous les citoyens pour qu'ils se tiennent sur leurs gardes afin d'arracher le masque à tous les fripons et pour qu'ils environnent la convention et la défendent jusqu'à la mort contre les intrigants et les traîtres qui cherchent à la diviser. § ah! quel bougre de métier que celui de se faire imprimer tout vivant, et de dire pour deux sols, tous les matins, la vérité à ceux qui ne veulent pas l'entendre! il n'y a pas de cheval de bat qui souffre autant qu'un pauvre diable qui s'est lui-même imposé la tâche de dénoncer tous les fripons et les traîtres qui lui tombent sous la patte, et de dévoiler tous les complots que l'on manigance contre la république. s'il a de trop bons yeux, on veut les lui crever; s'il ne ménage ni *pierre ni *paul , dans ses discours, on trouve bientôt le secret de lui couper la parole, soit en l'amadouant, soit en l'épouvantant. sur quelle mauvaise herbe avais je donc marché, le jour où il me prit fantaisie de quitter mes fourneaux pour me mettre à broyer du noir? quel démon, ennemi de mon repos, m'inspira un semblable dessein? depuis ce temps j'ai passé ma vie dans des transes continuelles. plus j'ai fait de bien, plus on m'a voulu de mal. souvent j'ai passé pour un jean-foutre pour avoir démasqué les plus grands scélérats. la première fois qu'on entendit gueuler ma grande colère aux quatre coins de *paris contre le ministre *jean *farine : "est il possible, s'écrièrent tous les badauds, que l'on ose accuser un aussi grand homme! oui, celui qui peut ainsi vilipender le vertueux *necker , le digne mentor de notre bon roi, est un incendiaire payé par les aristocrates, il faut le lanterner, il faut le pendre"; en attendant que ce beau jugement fût exécuté, on commençait par me brûler en effigie. on arrêtait par centaines tous les pauvres bougres qui avaient colporté ma feuille; on les jetait dans les cachots, sans s'embarrasser si leurs femmes et leurs enfants avaient du pain cuit. § lorsque je me débaptisais en voyant tant de viédases agenouillés devant l'écharpe ensanglantée du traître *bailly , et tous les courtauds de boutique se disputant l'honneur de baiser la botte du général courbette, quand je tombais sur la friperie des têtes à perruque qui gouvernaient les districts, qui regardaient les *sans-culottes du haut de leur grandeur et qui se croyaient les premiers moutardiers du pape, attendu que par un décret sanctionné par sa majesté, ils avaient des têtes en façon de marc d'argent, alors, foutre, je n'étais pas bon à jeter aux chiens, mais surtout quand je découvrais le pot aux roses et que je foutais mon nez dans les mystères du comité autrichien, c'est alors que tous les aboyeurs de la liste civile jappaient contre moi. tous les mouchards du maire grue étaient à mes trousses. tantôt le juge de paix *brideoison me faisait arrêter pour ma grande colère contre madame veto ; un autre jour un échappé des petites maisons me dénonçait à l'assemblée nationale, et demandait le décret d'accusation contre moi. et voilà, depuis quatre ans, les menus plaisirs du *père *duchesne , toujours marchant entre deux feux, toujours sous le couteau des fripons; je ne parle point des *brissotins, qui, après m'avoir fait un pont d'or pour tourner casaque à la *sans-culotterie et n'ayant pu me corrompre, ont remué ciel et terre pour me perdre; je ne parle point du comité des douze, qui m'a fait siffler la linotte et qui voulait commencer par moi le massacre de tous les patriotes; je ne parle point des estafiers de *custine , qui ont levé le poignard sur moi quand je dénonçais ce traître aux *jacobins; mais je dis, foutre, que tous les amis et serviteurs de *capet , que les complices des *brissotins, des rolandins, des *girondins ont une dent de lait contre moi. je dis que tous les hypocrites qui font contre fortune bon coeur, et qui crient à tue-tête, vive la république, tandis que dans leur intérieur ils soupirent après la royauté; oui, foutre, tous ces scélérats me guettent comme le chat fait la souris, et ils n'attendent que le moment de se venger de moi et de me déchirer à belles dents. ils me tendent des pièges mais je n'y tomberai pas. l'un me reproche d'être un emporte-pièce et de ne ménager personne; l'autre soutient que je suis un modéré; celui-ci prétend que j'ai tort d'estimer le *sans-culotte *jésus , et de recommander de suivre tout uniment son évangile sans chercher midi à quatorze heures et sans s'embarrasser de tous les mensonges et des tours de passe-passe des calotins; celui-là soutient que je suis un athée, parce que j'ai toujours engagé les *sans-culottes à vivre en paix, à ne jamais disputer sur ce qu'ils ne comprennent pas, et surtout à ne pas souffrir que l'on répande une seule goutte de sang au nom de celui qui prêcha toute sa vie la paix, l'union, la fraternité, et le mépris des injures. § comment faire, me disent tous les jours mes amis? comment s'entendre au milieu de tout ce charivari? à qui se fier, foutre? celui-ci veut blanc, celui-là veut noir; l'un pousse à droite, l'autre à gauche. voilà, foutre, le secret de conduire toujours sa barque à bon port au milieu de tous les orages et des bourrasques; c'est de ne consulter que le bons sens et la probité, de ne croire que sa conscience. on nous annonce de nouveaux coups de chien, des complots affreux contre la convention, eh bien, foutre, c'est autour d'elle qu'il faut toujours se rallier, comme je n'ai cessé de le dire. ceux qui voudraient y exciter la trouble, la diviser, doivent être regardés comme les plus mortels ennemis du peuple. malédiction à celui qui voudrait ramener les crapauds dans les marais fangeux dont ils ont disparu depuis le trente-et-un *mai . tant que nos législateurs seront unis, les ennemis de la république seront confondus, c'est du haut de la montagne que partira la foudre qui doit les écraser. c'est là, foutre, qu'est le trône de la liberté. c'est de là qu'elle va pulvériser tous les trônes des despotes, et verser ses bienfaits sur les humains. le comité de salut public est son bras droit: elle lui a remis la massue qui écrasera tous les traîtres. bons citoyens, mettez toute votre confiance dans ceux qui ont détruit la tyrannie, fondé la république, et à qui vous devez cette belle constitution qui fera un jour votre bonheur. il est impossible que ceux qui, depuis quatre ans, ont affronté tant de périls, bravé la rage de tous les despotes, pour défendre les droits du peuple, puissent jamais l'abandonner; car foutre, quelle serait leur espérance? les rois leur pardonneront ils jamais d'avoir fait raccourcir le dernier de nos tyrans? ne seraient ils pas les premières victimes, si la contre-révolution arrivait? souvenez vous au surplus de ce mot de *robespierre , qu'il soit à jamais gravé dans votre mémoire: s'il était possible que le comité de salut public trahit le peuple, je le dénoncerais. vingt fois ce comité a sauvé la république; il la sauvera encore. braves *sans-culottes , restez donc unis à la convention, tout votre espoir est dans elle, toute sa force est dans vous. veillez plus que jamais; arrachez le masque à tous les jean-foutres qui se sont sans-culottisés pour brouiller les cartes ralliez vous; tenez vous serrés, et vous confondrez tous vos ennemis, foutre. § la grande colère du *père *duchesne , de voir que les *sans-culottes se laissent foutre dedans par des aristocrates à bonnet rouge, qui les mettent à chien et à chat. sa grande joie d'avoir vu *marat en songe,et qui lui a dévoilé toutes les manigances des étrangers, des aristocrates, des complices de *brissot et des prêtres, pour brouiller les cartes, pour détruire les patriotes les uns par les autres. § encore un rêve, mais un rêve bougrement patriotique, dont il faut que j'entretienne les *sans-culottes ; ils ne m'en voudront pas de leur faire connaître jusqu'à mes songes, ça leur prouvera, foutre, que jour et nuit le *père *duchesne n'a que le bien public en tête, d'ailleurs, c'est de *marat que je vais leur parler. je l'ai vu cette nuit pendant mon sommeil, ses yeux étincelaient de colère, il menaçait du poing, il se trémoussait, il s'agitait, il jurait même en frappant la terre de ses pieds; il m'a semblé encore le voir à la tribune de la convention quand il bravait les poignards des *brissotins, ou quand il délivrait des brevets de guillotine aux infâmes tripotiers du comité des douze. "bougre de *père *duchesne, s'est il écrié d'une voix de tonnerre, tu dors, tu t'amuses à gober des mouches quand tu devrais faire feu des quatre pieds et fulminer contre les intrigants et les traîtres qui veulent perdre la république. on annonce de grands complots, et tu n'oses les dévoiler! tu te contentes de dire qu'il y a quelque anguille sous roche; tu annonces que le feu couve sous la cendre, et tu n'indiques pas d'avance aux bons *sans-culottes les moyens d'arrêter l'incendie qui les menace! tu dénonces des fripons, des conspirateurs et tu ne nommes pas les masques! as tu donc aussi la patte graissée pour te taire, ou bien n'es tu à présent qu'une poule mouillée qui craint pour sa peau et qui aime mieux voir la république en danger que de s'exposer en disant la vérité". § non foutre, m'écriai je, je suis toujours le même. si je ne vais pas si vite en besogne c'est que je me souviens que qui trop embrasse mal étreint. depuis que tu n'es plus, ami du peuple, je suis comme un aveugle qui a perdu son bâton. tu étais la sentinelle avancée des écrivains patriotes. c'est toi qui allais à la découverte, tu nous donnais le mot d'ordre, et d'après toi nous pouvions charger l'ennemi en toute confiance; mais depuis que l'infernale guenon du *calvados t a percé le sein, les fripons, les traîtres ont beau jeu. ton nom seul les glaçait d'effroi; tes yeux perçants lisaient jusqu'au fond de leur coeur. tu étais toujours à leur piste; tu connaissais toutes leurs actions, et tu devinais la plus secrète de leurs pensées. depuis ta mort ils ont redoublé d'audace. pour mieux nous donner le change, ils singent de leur mieux les *sans-culottes . à les croire, ils dégottent les plus chauds patriotes, et tout ce qu'il y a de *cordeliers et de *jacobins ne sont que de la *st-*jean . ils se vantent d'avoir été républicains dès le ventre de leur mère, et avant d'avoir dit papa et maman , ils soutiennent qu'ils ont crié vive la république . enfin, mon pauvre *marat , si tu revenais en ce bas monde, tu ne t'y reconnaîtrais plus. tous les muscadins aux petites bottines, aux culottes étroites, sont devenus des fiers à bras. ils portent maintenant des moustaches postiches qui, d'une lieue, font fuir les petits enfants et trembler la volaille. ils traînent tous de grands sabres à leur cul de chien. on ne voit plus que de larges pantalons et des vestes de *sans-culottes . les rues de *paris , les promenades sont comme des champs de coquelicots; on y voit fourmiller les bonnets rouges. jamais le faubourg *st-*antoine ne vit un pareil carnaval. bientôt pour n'être pas confondus avec tous les jean-foutres, qui ont pris leur costume, il faudra que les *sans-culottes prennent des culottes étroites, et se fassent à leur tour friser et bichonner. le grand secret des contre-révolutionnaires est de tout embrouiller, et de mettre les patriotes à chien et à chat. les véritables agents de *pitt et *cobourg , accusent les meilleurs républicains, et les *sans-culottes sont assez badauds pour tauper dans de semblables panneaux. § "c'est pour faire cesser tout ce tintamarre que je viens trouver le *père *duchesne , me dit *marat en m'interrompant; mes yeux sont toujours ouverts sur ma république, et au jour et à la minute je suis informé sur le rivage sombre de tout ce qui se passe sur la terre de la liberté. je connais tous les intrigants qui brouillent les cartes, et qui veulent détruire les patriotes, et, comme dit le vieux marchand de fourneaux, qui se servent de la patte du chat pour tirer les marrons du feu. on connaîtra tous les fripons qui jettent de l'huile sur le feu. sur les rapports les plus faux et les mensonges les plus atroces, on vient d'en imposer à la convention, et on lui a escamoté un décret pour mettre en état d'arrestation le patriote *vincent . dis à tous nos braves *montagnards qu'il n'y a pas un mot de vrai dans tout ce qu'on a avancé contre lui; dis leur que *vincent était mon ami; dis leur que c'était lui qui me communiquait toutes les notes contre les généraux scélérats qui voulaient perdre la république, contre les fripons fournisseurs que je dénonçais; dis leur que c'est l'énergie de *vincent qui a purgé les bureaux de la guerre de tous les muscadins que *servant , et *beurnonville y avaient placé; dis leur que ces muscadins ont été remplacés par de vieux *cordeliers et d'excellents *jacobins . il peut se trouver parmi ces commis quelques faux frères, mais c'est ceux-là qu'il faut dénoncer et nommer, et ne pas confondre avec eux ceux qui ne l'ont pas mérité. raconte ce qui s'est passé la veille de ma mort entre *vincent , toi et moi. tu sais si nous trois nous nous occupions alors de la chose publique. sans nous trois, l'infâme *custine vivrait encore; il aurait livré l'armée du *nord ; *lille , *metz , toutes nos places de guerre auraient été vendues l'une après l'autre. eh bien, foutre, tu peux l'attester, sans *vincent , cet infâme complot s'exécutait; c'est lui qui a mis tout sens dessus dessous dans les bureaux pour réunir toutes les pièces qui ont prouvé les crimes de ce scélérat. je sais que le petit bougre est hargneux, que dans sa fièvre patriotique il frappe quelquefois à tort et à travers; c'est aussi le crime qu'on n'a cessé de me reprocher. quand je couvrais de boue les aristocrates, un patriote a t il pu se plaindre de ce que je l'éclaboussais par mégarde. au surplus, je sais bon gré à nos frères les *cordeliers , aux électeurs et aux citoyens de la section de mutius soevola d'avoir rendu hommage au patriotisme de *vincent . j'invite mes braves amis du comité de sûreté générale à examiner sa conduite, et à lui accorder prompte justice. si comme tant d'autres , il a changé, ce que je ne saurais croire, il faut qu'il soit puni; s'il est innocent, il faut lui rendre la liberté. je ne doute pas qu'il n'y ait des milliers de jean-foutres à la porte de ce comité pour accuser les meilleurs patriotes. les amis de la royauté, les complices de *brissot remuent ciel et terre pour se venger. on cherche surtout à sauver les restes de la bande brissotine et girondine. les parents, les femmes de tous les jean-foutres qui sont en état d'arrestation, jettent le chat aux jambes des patriotes. les banquiers qui mangent du fromage de voir les assignats au pair, cherchent à exciter un mouvement pour en profiter et ruiner encore la fortune publique. surtout que l'on se défie de la conversion subite des prêtres. le serpent qui quitte sa vieille peau reste toujours serpent. recommande ,*père *duchesne , à tous les *sans-culottes d'être toujours unis. qu'ils daubent d'importance les coquins qui veulent les diviser. qu'ils réfléchissent qu'en s'accusant, qu'en se déchirant entre eux ils font bouillir du lait aux aristocrates. que la convention, que la sainte montagne soient toujours leur point de ralliement! périssent tous les traîtres et les conspirateurs! mais que les patriotes protègent les patriotes! ils ont besoin de toutes leurs forces pour sauver la république. adieu,*père *duchesne ; une autre fois je t'en dirai davantage, et je te montrerai au doigt ces bougres d'intrigants auxquels il faut livrer un combat à mort, foutre." § la grande joie du *père *duchesne , de voir que tricherie revient à son maître, que les fripons et les intrigants qui ont été pris les mains dans le sac, et qui voulaient jeter le chat aux jambes des patriotes sont démasqués. ses bons avis à la convention, pour qu'elle fasse danser la carmagnole aux intrigants et aux traîtres qui veulent la foutre dedans, diviser la montagne, armer les patriotes contre les patriotes et ramener sur l'eau tous les crapauds du marais. § mon dernier rêve où notre cher *marat m'est apparu, m'a remis du baume dans le sang, foutre. avant ce songe heureux, j'étais tout foutimassé, je voyais tout en noir, j'entendais du soir au matin bourdonner à mes oreilles un essaim de commères qui foutent leur nez partout, qui abandonnent leurs enfants pour balayer avec leurs cottes toutes les rues de *paris en allant motionner à droite et à gauche, qui ne sachant pas gouverner leur ménage veulent gouverner l'état, qui enfin, si nous les laissons faire, s'empareront bientôt de nos culottes. ces motionneuses soufflées je ne sais pas par qui, il y a gros pourtant qu'elles pourraient nous dire de quelle couleur et de quel poids est la monnaie de *pitt et de *cobourg ; ces viragos débitaient à tous les coins de rues des histoires à faire peur et des contes à dormir debout. l'une disait: "n'est ce pas indigne que l'on manque toujours de pain et que nous autres pauvres gens nous soyons obligés de perdre nos journées et de nous faire écharper à la porte des boulangers. c'est la municipalité, c'est ce coquin de *pache qui sont la cause de notre misère". quelque bon luron regardait il entre les deux yeux de cette guenon, il y lisait le mensonge et le crime; s'il allait à sa poursuite, il la voyait rentrer le soir dans quelque grand hotel et découvrait que c'était la chère moitié d'un maître laquais d'un émigré, ou la cuisinière d'un calotin, ou quelqu'autre salope de même acabit qui avait la patte bien graissée pour tourmenter les *sans-culottes . d'autres garces pareilles allaient clabaudant le long des rues, qu'aujourdhui on avait arrêté tel patriote, que demain on en arrêterait tel autre. § c'est ainsi, foutre, que les aristocrates et les conspirateurs mitonnent leurs complots dans l'ombre, et disposent les esprits aux coups de chien qu'ils nous préparent. les pauvres *sans-culottes n'y voient que du feu: ils regardent jouer toutes les marionnettes, et ne connaissent pas les grands bateleurs qui sont derrière la toile. *polichinelle amuse les badauds avec ses quolibets, mais, foutre, le coupeur de bourse est là, il profite du moment où un nouveau débarqué ouvre le bec d'une aune, et rit à gorge déboutonnée. quand la farce est jouée, mon nigaud se retire tout joyeux d'avoir vu gratis la comédie; comme le temps a passé vite, il veut voir quelle heure il est; mais il ne trouve plus sa montre; il fouille à sa poche et son porte-feuille est fondu. il se lamente, il se désespère, il jure, il s'arrache les cheveux. il n'est plus temps, il ne lui reste plus que les yeux pour pleurer, tandis, foutre, que l'homme aux marionnettes et le compère, et les filous se partagent sa dépouille et boivent à la santé des imbéciles. § voilà, foutre, trait pour trait le tableau de ce qui se passe tous les jours sous nos yeux. le pauvre peuple est toujours dupe des apparences. à force d'avoir été trompé, il devrait cependant être un peu dégourdi et ne pas donner tête baissée dans tous les pièges qu'on lui tend. mais il est des bougres qui sont si fins, si déliés qu'il faudrait être sorcier pour deviner leurs desseins. ce qui nous console pourtant c'est que tôt ou tard le papillon se brûle à la chandelle. jusqu'à présent tous les fripons, tous les traîtres, tous les ennemis du peuple se sont pris eux-mêmes dans leurs propres filets. tous les masques tombent peu à peu et à la fin du bal, les aristocrates dansent la grande *carmagnole . § revenons au fait et après, les réflexions. je dis donc, foutre, que depuis quelque temps il s'est élevé autour des patriotes un certain brouillard si épais, foutre, qu'ils ne pouvaient plus se reconnaître les uns les autres. les coquins qui voyent que leur cas est sale, n'avaient plus d'espérance qu'en brouillant les cartes et en mettant les *sans-culottes à chien et à chat. "le pot aux roses est découvert, se sont ils dit, on crie déjà sur nous, eh bien crions plus fort sur les *sans-culottes . on nous accuse d'avoir mis la main dans le sac et de nous être enrichi des dépouilles du peuple, accusons ceux qui nous accusent et renvoyons leur le chat aux jambes. on nous reproche d'avoir sauvé les émigrés, d'avoir protégé les accapareurs, nous ne pouvons pas nous en défendre, on trouve dans nos poches des millions d'assignats, ripostons à ceux qui dévoilent notre turpitude, qu'eux-mêmes en ont reçu davantage de *pitt et de *cobourg . tous ceux qui sont d'accord avec nous et qu'on ne connaît pas encore, nous défendront de toutes leurs forces. nous trouverons des témoins, car nos dénonciateurs ont accusé avant nous tous les traîtres et les ont conduit à la fatale bascule, les parents, les amis, les complices des *brissotins, des *girondins et de tous ceux qui ont craché dans le sac, saisiront l'occasion de se venger de ces maudits patriotes. on les dénoncera, on épiloguera toutes leurs paroles, on envenimera toutes leurs actions, on leur supposera les plus criminelles intentions. ainsi, foutre, si nous périssons, il faudra bien qu'ils périssent, ou du moins ils seront trop heureux de se sauver dans la même barque avec nous. une amnistie générale confondra tous les accusés, et on ne saura, à la fin du compte, qui avait tort ou raison". § voilà, foutre, au doigt et à l'oeil le projet qui est maintenant sur le tapis. on a commencé par accuser le brave *ronsin , général de l'armée révolutionnaire. il fallait arracher du pied la plus forte épine. quand on frappe la tête, il est aisé de tuer le corps. si on avait pu trouver à mordre sur le chef, les soldats auraient bientôt été accusés, et l'armée de la liberté aurait été détruite avant qu'il soit l'âge d'un petit chien. on a fait aussi siffler la linotte au patriote *vincent pour se débarrasser de ce maudit argus, qui a fureté dans tous les bureaux de la guerre, et qui a entre les mains des pièces capables de faire cracher dans le sac tous les fripons et tous les conspirateurs. après eux, dit on, c'était ton tour, vieux marchand de fourneaux. tonnerre de dieu, je suis bon cheval de trompette, je ne m'effraie pas du bruit; il n'y a plus de comité des douze, et quand il y en aurait, je m'en battrais l'oeil. la convention peut être trompée, mais elle est juste, et puis les bons *sans-culottes sont là pour l'éclairer, et lui demander vengeance contre les ennemis de la liberté. § heureusement, foutre, l'intrépide défenseur de la *sans-culotterie , le brave *collot-d-*herbois est arrivé pour débrouiller toute l'intrigue. le géant a paru, et tous les nains qui asticotaient les meilleurs patriotes sont rentrés cent pieds sous terre. il a parlé au comité de salut public, à la convention, aux *jacobins, et il a confondu les intrigants qui voulaient armer les patriotes contre les patriotes, diviser la montagne, rappeler les crapauds du *marais. § la convention connaît maintenant la vérité, et tricherie revient à son maître. non, foutre, non, elle ne reculera pas; la montagne restera unie. les patriotes se serreront plus que jamais. les aristocrates de *lyon qui voulaient assassiner la patrie, qui ont égorgé les meilleurs républicains subirent tous le supplice qu'ils ont mérité. la foudre nationale va achever la destruction de leurs superbes maisons bâties avec le sang du peuple. les patriotes ne seront plus opprimés. la liberté leur sera rendue, ils reprendront leurs fonctions et, d'accord avec la montagne, ils vont donner le coup de grâce à l'aristocratie, au fédéralisme et ça ira, foutre. § la grande joie du *père *duchesne , au sujet de la prise de *toulon , et de voir dans l'embarras l'infâme conseiller du roi *georges-*dandin, qui va bientôt jouer à la main chaude comme son confrère *capet . ses bons avis aux patriotes anglais, pour qu'ils se vengent de l'échappé des petites maisons qui les gouverne et de son infâme ministre qui les a ruiné pour mettre la *france à feu et à sang. § victoire, foutre, victoire! aristocrates, que vous allez manger de fromage! *sans-culottes , réjouissez vous, chantez, buvez à la santé de nos braves guerriers et de la convention. nos ennemis sont à quia ; *toulon est pris, foutre. brigands couronnés, mangeurs d'hommes, princes, rois, empereurs, pape qui vous disputiez les lambeaux de la république, tous vos projets s'en vont ainsi en eau de boudin. comment vas tu parer cette botte, méprisable conseiller du roi *georges-*dandin ? comment vas tu dorer la pilule? que vont dire les *anglais quand ils apprendront la défaite totale de leur armée, la prise de toutes ses provisions, la ruine de leur flotte, quand tu vas être entouré de tous les marchands que tu as ruinés,des femmes et des enfants que tu as fait égorger pour bâtir tous les châteaux en *espagne , que pourras tu leur répondre? quand le parlement va être rassemblé pour juger ta conduite et celle de l'échappé des petites maisons que tu mènes par le nez, comment feras tu pour t'excuser? je te vois sur la sellette en présence des représentants du peuple anglais; je vois les mines allongées de toutes ces têtes à perruque. assis sur leurs balles de laine les honorables membres vont tous se jeter le chat aux jambes, et t'accuser de tous les maux de la patrie. on va te demander compte de toutes les richesses que tu as prodiguées pour soutenir le despotisme. c'est alors, foutre, que l'amour de la liberté va se ranimer dans le coeur des *anglais. tu auras beau présenter tes mémoires d'apothicaire, et mettre en ligne de compte toutes les sommes que tu as dépensées pour entrer, avec la clef d'or, dans *toulon , et pour te faire ouvrir les portes de toutes les villes maritimes de *france . les *anglais ne se payent pas en monnaie de singe, ils savent compter, foutre. en vain tu leur montreras la liste de tous les mouchards que tu as payé pour brouiller les cartes en *france , de tous les traîtres à qui tu as graissé la patte, de tous les accapareurs qui, avec tes guinées, nous ont si longtemps affamés; lorsqu'à la fin de ton compte on verra qui de tant paye tant reste zéro ; et quand, par dessus le marché, tu seras obligé d'annoncer la banqueroute, la famine et la guerre civile, c'est alors, foutre, qu'il n'y aura pas assez de potences pour t'accrocher. sire *georges , que tu fais jouer depuis si longtemps à colin-maillard, va jouer à son tour au roi dépouillé, et finir comme son très honoré frère et cousin le roi de *france et de *navarre ; car, foutre, la tête du roi d'*angleterre ne pèse pas une once quand le peuple anglais est en train de bien faire. § ainsi, foutre, tôt ou tard, il faut que justice soit faite. tonnerre de dieu comme ils ont le bec jaune tous les coquins qui voulaient nous faire marcher à la liberté comme les écrevisses! si nous avions cru les viédases qui pissent le verglas dans la canicule, les modérés, qui barrent le chemin aux *sans-culottes quand ils sont au pas où en serions nous? quelle différence de la situation actuelle de la république, à celle qu'elle était avant le 31 mai, nos armées chassées de la *belgique et presque détruites; tous nos magasins livrés à nos ennemis; nos braves soldats sans habits, sans souliers; nos armées n'ayant à leur tête que des talons rouges qui se préparaient à les vendre au plus offrants; la convention, espoir de la patrie, déchirée par des scélérats qui voulaient la perdre; toutes les frontières ouvertes à nos ennemis, et l'*europe entière armée contre nous. voilà, foutre, le tableau déchirant qui s'offrait à nos regards à l'ouverture de la campagne. le génie de la liberté a tout bravé, il a triomphé de tous les obstacles. plus un peuple libre est en danger, plus il est puissant, la convention a été délivrée des monstres qui l'enchaînaient, et aussitôt qu'elle a été libre, elle a fait plus de bien chaque jour que les autres assemblées qu'elle a remplacé n'en avaient fait en quatre ans. elle nous a donné une constitution qui fera à jamais le bonheur du peuple. les traîtres ont été raccourcis, les nobles chassés de nos armées sont remplacés par des braves *sans-culottes ; partout nos ennemis ont été battus à plate couture. les villes rebelles ont été détruites; la *vendée n'est plus, ça va, foutre, et ça ira encore mieux malgré les fripons et les ambitieux qui mettent des bâtons dans les roues. § comment avons nous fait tant de miracles en si peu de temps? c'est en nous rebiffant contre tous les jean-foutres qui nous trahissaient à la journée; c'est en exterminant tous les coquins. ce n'est depuis que nous avons mis les gens suspects à l'ombre, ce n'est que depuis que la terreur est à l'ordre du jour, ce n'est que par le vertu de la sainte guillotine que nous nous sommes sauvés, si nous faisions un seul pas à reculons, nous serions foutus. ne donnons pas à nos ennemis le temps de nous reconnaître. que le torrent de la révolution entraîne tous les ennemis de la république, et renverse tous les traîtres. ne nous lassons pas de frapper tant que nous rencontrerons des ennemis sur notre passage. profitons de la grande battue, et tandis que nous cernons toutes les bêtes féroces qui voulaient nous dévorer, exterminons sans pitié. mieux vaut tuer le diable que le diable nous tue, comme je n'ai cessé de le dire; il n'y a que des poules mouillées ou des traîtres qui puissent s'effrayer de la vengeance nationale; trop longtemps nous avons été bons et humains, trop souvent nous avons pardonné. tous les scélérats que le peuple a épargné, au lieu de bénir sa clémence, ont au contraire tourné contre lui les armes qu'il leur a laissé entre les mains. si les vils jean-foutres qui , l'année dernière, livrèrent *longwy et *verdun à nos ennemis avaient été passés au fil de l'épée; si ces villes rebelles avaient été rasées comme il avait été décrété, les marchands de galons de *lyon y auraient regardé à deux fois avant de tauper dans le fédéralisme et de s'armer contre la patrie. maintenant que ces traîtres voient renverser leurs nids d'aristocrates; maintenant qu'ils sont à la gueule du canon et sous le fatal rasoir, ils crient miséricorde. tonnerre de dieu, s'ils avaient réussi dans leurs affreux complots, nous auraient ils épargné? existerait il un seul montagnard? a t on oublié qu'ils avaient juré la mort de tous les *jacobins, de tous les patriotes. ç' aurait bien été une autre boucherie sans la révolution du 31 mai , qui a fait tourner leurs projets en eau de boudin. fiez vous donc au loup qui, quand il est pris, fait le chien couchant et promet de ne plus croquer les moutons. § ah, foutre, si ce n'était pas un jour de joie comme je jurerais contre les jean-foutres qui cherchent à nous endormir; mais, foutre, la convention est payée pour ne plus se laisser foutre dedans par les coquins. chat échaudé craint l'eau froide. pour son salut, pour celui du peuple, ses décrets seront exécutés.les galonniers de *lyon seront engloutis sous leurs murs; les scélérats qui ont livré *toulon , qui ont égorgé les patriotes, massacré les représentants du peuple, vont perdre le goût du pain. non, foutre, non, il n'existera aucune trace de ces villes abominables, et leurs cendres vont couvrir le sang des républicains qui y furent immolés; tremblez, ennemis de l'égalité, tremblez, tyrans, le peuple est debout, il ne se reposera que lorsque vous serez exterminés, foutre. § la grande joie du *père *duchesne , en apprenant la destruction totale des rebelles de la *vendée , et en songeant au désespoir des brigands couronnés, quand ils vont apprendre cette nouvelle. sa grande colère contre certains jean-foutres qui veulent recruter tous les brigands et former une nouvelle *vendée en proposant d'ouvrir les prisons et de faire grâce aux conspirateurs. ses bons avis aux braves *montagnards pour les empêcher de donner dans un pareil panneau,et pour les engager à continuer d'exterminer les fripons et les traîtres. § je suis d'une telle joie, foutre, que je ne me possède pas. ah! quelle pille je vais m'en donner, en réjouissance de toutes les bonnes nouvelles qui nous arrivent de tous côtés; quelle carmagnole on vous fait danser, *autrichiens, *prussiens et *anglais; messieurs les bougres, vous savez ce que peut le bras des patriotes: il y a longtemps, foutre, que je vous ai prédit que vous vous en tireriez comme arlequin, et qu'à la fin du bal vous payeriez les violons. brigands couronnés, ours du *nord , tigres d'*allemagne , vous croyez qu'il n'y avait qu'à se baisser et en prendre, des villes, des provinces des départements. d'avance vous vous partagiez nos dépouilles; mais quand on compte sans son hôte, il faut compter deux fois. êtes vous satisfaits d'avoir fait égorger un million d'hommes pour venger soi-disant la mort d'un misérable ivrogne et d'une infâme guenon qui ne valait pas une pipe de tabac? quel fruit allez vous retirer de toutes les richesses que vous avez répandues et de tous les hommes que vous avez sacrifiés à votre ambition? quand tu vas arriver à *berlin , sans sol ni maille, en pélerin de *st-*jacques , *mandrin-2 , tes sujets. quand ils te demanderont où sont les dépouilles de la *france que tu leur avais promises; que pourras tu leur répondre; quand ils chercheront derrière toi l'armée puissante que tu t'étais vanté de conduire à la victoire, et qu'ils apprendront que leurs pères, leurs frères, leurs amis ne sont plus; quand, pour les consoler, tu leur annonceras de nouveaux impôts, et lorsqu'à coups de bâtons tu voudras les forcer de te suivre à leur tour. § vas te faire foutre, te répondront ils, maudit aventurier; que celui qui a cassé les verres, les paye, nous avons été trop longtemps victimes de tes fredaines; au lieu de continuer la guerre avec les *français, nous allons au contraire suivre leur exemple, et toi, pêcheur de grenouilles, petit *françois , empereur muscadin, pauvre blanc bec, qui te croyait déjà maître de la moitié de la *france , toi qui te vantais d'exterminer jusqu'au dernier républicain, pour venger le raccourcissement de la guenon que tu nommais ta chère et très honorée tante, autant t'en pend à l'oreille. toi, salope maudite qui as fait fondre la république fromage , et qui te crois reine de *hollande , ton compte est bon, les *hollandais vont se souvenir qu'ils ont été républicains, et, foutre, tu sauteras le pas. je t'ai déjà annoncé ton triste sort, *georges-*dandin , c'est toi qui vas commencer la danse. ton tour viendra bientôt, roi d'*espagne et des *indes . tes chapelets, tes scapulaires, toutes tes reliques ne pourront te préserver de la foudre républicaine qui va écraser tous les tyrans. oui, foutre, le tocsin de la liberté va sonner, tous les trônes vont tomber comme des quilles, et les peuples vont jouer à la boule avec les têtes couronnées. § mangeurs d'hommes, vous n'avez reculé que pour mieux sauter. vous n'aviez d'espérance que dans nos divisions, eh bien, foutre, nous allons être unis plus que jamais pour vous détruire. vous avez armés les *français contre les *français; *lyon et *toulon vont être réduits en cendres, la *vendée n'existe plus. la convention vient de recevoir la nouvelle de la destruction totale des brigands; ceux qui ont échappé au fer des républicains ont été engloutis dans la *loire . partout nos armées sont victorieuses. les campagnes du *nord , les rives du *rhin sont couvertes des cadavres des monstres qui les ont ravagés. d'un bout de la république à l'autre, tout retentit des cris de la victoire. § braves *sans-culottes , foutre, ne soyez pas enivrés de vos succès. vous avez encore bougrement de monstres à étouffer. vous êtes encore environnés de traîtres et de conspirateurs. défiez vous des bougres qui cherchent à vous endormir. veillez plus que jamais. c'est au milieu de vos triomphes que vous fûtes toujours trahis. ceux qui n'ont pu vous réduire par la force, vont employer la ruse pour vous perdre. déjà, foutre, des serpents se sont glissés au pied de la montagne pour darder leur venin. on veut diviser la convention, on cherche à armer les patriotes contre les patriotes. *brissot et *gorsas sont ressuscités, oui, foutre, leur voix s'est déjà fait entendre. des patriotes ont été dénoncés, accusés par les amis de *custine et de *dumouriez . on ose blâmer hautement toutes les mesures révolutionnaires qui ont sauvé la république. on pleure la mort des scélérats qui ont voulu égorger la patrie. un bourriquet à longues oreilles, qui n'eut jamais ni bouche, ni éperon, fait feu des quatre pieds depuis quelques jours; il paraît, foutre, qu'il veut gagner son avoine, et depuis qu'on lui a foutu sous le nez force picotins d'*angleterre , il rue à droite et à gauche, et, comme on dit, il donne le coup de pied de l'âne à tous les patriotes que les aboyeurs du roi *georges-*dandin outragent et calomnient. il ose se dire l'avocat consultant des *montagnards, quoique jamais il n'ait été que l'avocat du diable. après avoir défendu tous les tripotiers de *paris , après avoir plaidé la cause du muscadin *dillon , et soutenu que sans la protection des talons rouges, la république ne pouvait se sauver, il devient aujourdhui le champion de tous les jean-foutres qui sifflent la linotte. "ouvrez les prisons , dit il, à ces deux cent mille citoyens que vous appelez suspects" ouvrir les prisons, tonnerre de dieu,combien l'infâme *pitt a t il payé cette bougre de motion de *coblentz ? ouvrir les prisons, est ce donc pour recruter la *vendée , ou plutôt pour en former une nouvelle, mais suivons pied à boule notre endormeur. "vous voulez , continue t il, exterminer tous vos ennemis par la guillotine, mais y eut il jamais une plus grande folie? pouvez vous en faire périr un seul sur l'échafaud, sans vous faire dix ennemis de sa famille et de ses amis"? quel est le républicain qui ne ménage pas son sang en entendant un pareil discours? oui c'est une folie que de purger la *france de tous les scélérats? quoi c'est augmenter le nombre de nos ennemis que de nous délivrer des conspirateurs, suivant maître *camille , il faudrait que les *sans-culottes tombassent aux pieds des aristocrates pour leur demander grâce. où en serions nous, foutre, sans la sainte guillotine; sans elle existerait il un seul jacobin? aurions nous encore une convention? toutes nos armées ne seraient elles pas détruites? si le rasoir national cessait un seul instant d'être suspendu sur la nuque des contre-révolutionnaires, que deviendraient les patriotes? bientôt ce serait leur tour, et on ne ferait pas tant de façons pour s'en débarrasser. § tel est le langage, foutre, d'un misérable intrigailleur qui ose s'appeler le vieux *cordelier , le doyen des *jacobins . déjà les *cordeliers ont fait justice du viédase qui, sous leur étiquette, ose débiter un semblable poison, et ils l'ont chassé de leur sein. jamais *gorsas et *carra ont ils eu plus d'audace? celui qui traite les meilleurs patriotes de bourreaux, d'assassins, et qui en même temps s'apitoye sur le sort des aristocrates, n'est il pas un conspirateur, qui veut rallier tous les malveillants, encourager tous les traîtres pour les armer contre la république? n'est il pas un rebelle contre les décrets de la convention, qui a sauvé la *sans-culotterie en foutant à l'ombre tous les hommes suspects, et en mettant la terreur à l'ordre du jour? mais j'ai déjà dit le fin mot, les faux patriotes, les fripons qui ne savent plus à quelle branche s'accrocher, tâtent les modérés et les aristocrates; ils cherchent à faire cause commune pour écraser ensemble les hommes purs qui les pourchassent. § ça ne prendra pas, foutre, le peuple est éclairé. il connaît les intrigants, il protégera ses véritables amis. l'apôtre du modérantisme est déjà bafoué, mais ce n'est pas assez, il faut savoir quelle nouvelle liste civile paye les rhapsodies qu'il débite gratis . au dénouement de cette nouvelle farce contre-révolutionnaire, nous découvrirons plus d'un mystère, il y a gros que milord *pitt est encore derrière la toile; patience, avec le temps tous les brouillards de la *tamise se dissiperont et nous verrons à nu tous les personnages, foutre. § la grande joie du *père *duchesne . après avoir vu la fête qui a été célébrée en réjouissance de la prise de *toulon , et en apprenant que l'armée du *rhin a fait danser la carmagnole aux esclaves des despotes et s'est emparée de leur artillerie après les avoir foutus en déroute. § ah! le beau jour, ah! la belle fête que celle de la victoire d'un peuple libre. badauds imbéciles,*français du temps jadis, qui avez eu le malheur de vivre sous les rois, vos jours de triomphe étaient des jours de deuil; car ils ne servaient qu'à river vos fers. quand vous vous étiez battus comme des lions, et que vous aviez étripé des milliers d'ennemis, que vous en revenait il? rien, foutre! que de nouvelles calamités! la guerre n'était qu'un jeu pour l'infâme canaille qui vous gouvernait, les putains et les maquereaux conduisaient la partie, et le pauvre peuple était toujours la dupe. après avoir versé son sang dans les combats, il fallait qu'il suât sang et eau pendant la paix pour payer les frais de la guerre. pour l'étourdir sur ses souffrances, l'ogre royal et toute la ménagerie de *versailles défilait en pompe dans les rues de la bonne ville pour aller brûler un cierge devant la patronne de *paris , en réjouissance de ce qu'un des tigres, nommé *bourbons , venait d'être proclamé roi d'*espagne et de *naples . les échevins, avec leurs perruques à trente-six marteaux, allaient se prosterner devant le monstre couronné, et le félicitaient de ce qu'un autre peuple allait être dévoré par un des animaux voraces, soi disant sorti de la côte de *saint-*louis . toutes les cloches étaient en branle, toutes les rues étaient illuminées, on s'égosillait à force de crier vive le roi, grand bal, grand feu d'artifice à la ville. quand sa jean-foutre de majesté avait assez humé d'encens, quand elle était saoule de flatteries autant que de vin, on s'en retournait au grand galop; malheur alors aux curieux qui se trouvaient sur son passage, les vieillards, trop faibles pour se tirer de presse, les femmes, les enfants renversés étaient foulés sous les pieds des chevaux des hoquetons bleus, et écrasés sous les voitures. ces fêtes coûtèrent toujours la vie à plusieurs milliers d'hommes. le lendemain pour terminer la farce on annonçait un grand édit pour la levée d'un nouvel impôt, les pauvres badauds étaient forcés d'avaler tous les goujons. personne n'osait murmurer. il fallait encore que les *sans-culottes adorassent la main qui les écrasait. § ah! foutre, comme vous devez bénir votre sort,*français républicains! vos pères, comme l'abeille, amassaient le miel, et les frelons le dévoraient, comme les oiseaux, ils faisaient leur nid, et d'autres y venaient pondre; comme aux moutons, on leur mangeait la laine sur le dos; comme le boeuf, il portaient le joug, ils labouraient, ils suaient sang et eau pour engraisser les prêtres, des moines, des évêques, des financiers, des robins, des courtisans, les rois et leurs putains. vous, hommes libres, travaillez pour vous et vos enfants. la liberté est devant vous, et vos ancêtres n'avaient pour vis-à-vis que l'image dégoûtante de l'esclavage. il n'est pas étonnant que vous fassiez tant de prodiges de courage. si vous tombez au champ de la gloire, votre mémoire est respectée, votre nom est répété avec attendrissement par vos concitoyens. vos fils vous vengeront, et votre souvenir ne périra jamais. § voilà, foutre, les réflexions que je faisais avec quelques braves bougres de ma coterie, pendant la fête que nous avons célébrée en réjouissance de la prise de *toulon . jamais, foutre, *paris ne vit un spectacle aussi beau. la joie la plus vive brillait dans les yeux des *sans-culottes . les aristocrates étaient cachés au fond de leurs nids de cocu. on en rencontrait cependant par ci, par là quelques uns qui se chatouillaient pour faire contre fortune bon coeur; mais au lieu de rire ils grimaçaient, et ils avaient la face allongée d'une aulne. au lieu de ces voitures dorées, qui traînaient autrefois dans les fêtes publiques tous les vices, tous les crimes réunis, on a vu rouler des chars simples,mais admirables par les ornements républicains qui les décoraient. chacun d'eux était consacré à une de nos armées. ils étaient chargés de lauriers et des attributs de la victoire,celui des bougres à poil qui nous ont délivré de la peste de la *vendée , traînait les dépouilles ensanglantées des brigands; des drapeaux blancs, couverts de fleurs de lys, des images des saints et souillés du nom exécrable de l'avorton du *temple , ont balayé toutes les rues. celui de l'intrépide armée du *nord était entouré des drapeaux et des étendards enlevés aux ours et aux tigres de l'*allemagne ; quelle joie, foutre, quels chants de victoire retentissaient autour de celui qui portait les dépouilles des *anglais et des rebelles de *toulon ! on n'a pas eu besoin de baïonnettes pour faire observer l'ordre pendant la marche tout le cortège défilait paisiblement. la convention n'a point avili le peuple en lui jetant au nez des sacs de monnaie et des saucissons de cheval, et des cervelats de chien et de chat, comme faisaient nos anciens tyrans; mais chacun de nos braves *montagnards tenait à sa main une gerbe de blé, pour annoncer que nos législateurs honorent par dessus tout l'agriculture, et que leur premier soin est notre garde-manger. en passant devant le ci-devant *hotel-des-*invalides, qu'elle a nommé le temple de l'humanité, elle est allée toute entière visiter les vieux guerriers qui ont versé leur sang pour la patrie, quelques républicains ombrageux se sont effarouchés de voir le président de la convention, (le brave *couthon ) porté par des chevaux dans son fauteuil; mais fallait il que ce brave bougre, qui a si bon coeur, fût privé de la fête parce qu'il est impotent; ce n'est pas son président que la convention a voulu honorer, c'est la vertu et l'infirmité. § jamais, foutre, on n'a autant chanté et dansé. tout le long de la route ce n'était que des rondes, des carmagnoles. quant à moi, à force d'avoir remué le gigot j'étais harassé. je me suis tant égosillé, foutre, en chantant la *marseillaise et en criant vive la république, que mon gosier était ardent comme un brasier. je serais mort de soif, et quelle mort pour le *père *duchesne ! si je ne m'étais pas trouvé au beau milieu des gentilles commères qui m'ont pris mon mal en pitié et qui ont partagé avec le vieux marchand de fourneaux une petite gourde remplie d'excellent rogome. § pour mettre le comble à la joie publique, pendant la cérémonie, des courriers extraordinaires ont apporté la nouvelle d'une nouvelle victoire, on a annoncé que les lignes de *wissembourg avaient été reprises. les ennemis ont été battus à plate couture. toute l'artillerie des esclaves est tombé entre les mains des guerriers républicains. *haguenau a été évacuée; on poursuit les gros talons du *nord l'épée dans les reins. bientôt *landau en sera débarrassée, et avant qu'il soit l'âge d'un petit chien, l'étendard de la liberté flottera sur les remparts de *valenciennes , foutre. § le coeur plein de ces heureuses nouvelles, les patriotes faisaient retentir l'air de leurs chants; arrivés à l'autel de la patrie les airs de joie ont redoublés. on a fait un grand feu de toutes les dépouilles des tyrans et traîtres, et une grande ronde, qui a durée jusqu'au milieu de la nuit , a terminé cette heureuse journée. ce ne sera pas la dernière, car, foutre, nos braves guerriers, qui ne se mouchent pas du pied, préparent une danse générale à tous les ennemis de la république, et la dernière carmagnole des rois, foutre! § la grande colère du *père *duchesne . de voir une nouvelle clique de modérés, de feuillants, d'aristocrates nommés *phélipotins soudoyés par l'*angleterre , pour remplacer les *brissotins et brouiller les cartes à la convention, en dénonçant les meilleurs patriotes pour faire revenir sur l'eau tous les brigands qui sont à l'ombre et chasser tous les généraux *sans-culottes , afin de mettre à leur place tous les talons rouges et les blancs becs de l'ancien régime. § *sans-culottes , mes amis, souvenez vous foutre, que je vous annonçais dans une de mes dernières colères encore quelques nouveaux coups de chien contre les patriotes; je n'avais pas tort de dire qu'il y avait encore quelqu'anguille sous roche, mais que la mèche serait bientôt découverte; j'aurais pu dès lors nommer les masques, mais j'ai voulu laisser les papillons se brûler à la chandelle; je savais qu'il existait une nouvelle clique d'aristocrates, de modérés, d'intrigants, de voleurs qui s'entendaient comme larrons en foire pour animer les patriotes les uns contre les autres, et les détruire par eux-mêmes; je savais que *pitt était derrière la toile, et qu'il vidait le restant de la bourse que le foutu roi de carreau *georges-*dandin , lui a confié pour brouiller les cartes, et mettre en bisbille nos braves *montagnards. le moment est arrivé de dauber tous ces jean-foutres, et de dévoiler toutes leurs manigances. § j'ai déjà dit, foutre, comme quoi tous ces gredins ne sachant plus à quelle branches se raccrocher accusent les meilleurs patriotes pour qu'on les oublie, ou du moins pour les entraîner dans leur naufrage. on ne peut être sali que par la boue, foutre. au surplus la tricherie revient toujours à son maître. plus on accuse, plus on calomnie, plus on persécute les patriotes, plus on leur rend service. il est doux de souffrir pour sa patrie.l'honnête homme, qui se trouve aux prises avec un coquin, sort toujours victorieux du combat; car le peuple a de bons yeux, il n'est pas facile de le foutre dedans; il connaît ses véritables amis; il est juste surtout. malheur au scélérat qui cherche à l'égarer. § revenons à nos brigands, braves *sans-culottes , vous ouvrez de grands yeux, écoutez de toutes vos oreilles, vous cherchez autour de vous les nouveaux conspirateurs que je vous dénonce. vous jurez, vous tempêtez, vous demandez leur nom; eh bien, sachez qu'ils se nomment les phélipotiers . quels sont, m'allez vous dire ces nouveaux insectes dont on ne connaît l'existence que quand ils font sentir leur dard empoisonné? qui sont ils? d'où viennent ils? ils sortent de la fange du *marais, foutre. ce sont les vils excréments du royalisme et du brissotisme, en un mot, c'est le fond du sac de la contre-révolution. mais laissons là tout cet amphigouri; il faut nommer chaque chose par son nom. § il est certain canton de la république, voisin de la ci-devant *normandie . (la lisière, comme on sait, ne vaut pas mieux que le drap).il y a pourtant de braves gens partout je le sais, mais dans le pays dont je veux parler, les huissiers, les avocats, les procureurs fourmillaient dans l'ancien régime. c'est là qu'à chaque coche les témoins de toutes les façons arrivaient autrefois à *paris par douzaines pour déposer pour et contre et au plus offrant, c'est là qu'habitent des bougres si renardés en chicane qu'ils valent, dit on, un normand et demi. § gens pesant l'air fine fleur de *normands . § enfin, comme chacun sait, le haut et le bas *maine ont été, de tous temps, un véritable pays de *cocagne pour tous les églefins du barreau. un jour, le grand diable de la chicane en visitant son apanage, se déguisa en procureur, d'autres disent en bailli, qu'importe la maudite robe. une je ne sais quelle dévergondée, longue, sèche, jaune comme le safran, tomba tout à coup amoureuse de lui. tout diable qu'il était, il recula d'horreur quand elle lui défila son doux compliment. voilà pourtant, se dit il, une bonne occasion d'engendrer un second moi-même. ne la perdons pas. la *mancelle fût endiablée, et de leur union infernale sortit un petit diablotin. la grosse horloge du palais carillonna; le jour de sa naissance, toute la robinaille se disputa l'honneur de lui trouver un nom digne de la destinée qui lui était réservée, les uns proposaient de l'appeler *fripotin , mais celui de *phélipotin chatouilla davantage les oreilles des procureurs et procureuses qui environnaient son berceau. § *phélipotin fût dans son enfance un petit prodige, il avait l'esprit comme un petit démon; à sept ans, il crachait du latin comme le grand théologal, et il savait par coeur sa petite coutume. il n'avait pas encore de barbe, qu'il dégotait tous les aboyeurs du grand baillage. tous ces bougres s'ébahissaient en l'entendant plaider le vrai et le faux, et lui demandaient où il pêchait tout ce qui lui roulait dans la cervelle. ils ne savaient pas, les jean-foutres quel était son véritable père, ils ne se doutaient pas que le diable en personne était toujours à son oreille pour l'inspirer et lui dicter son thème. nul ne savait comme lui embrouiller une affaire, et prouver que ce qui est noir est blanc, et que ce qui est blanc est noir. c'est ainsi que *phélipotin faisait la pluie et le beau temps, en s'engraissant de poulardes, de chapons, de perdrix, de râles et du plus fin gibier, pour prix de toutes les mauvaises causes qu'il gagnait, des amis qu'il mettait à chien et à chat, des ménages qu'il brouillait. § malheureusement, foutre, la révolution arriva, et tous les escogriffes de la chicane eurent les ongles rognés. *phélipotin se désolait de ce qu'il n'y eu plus d'eau à boire, ni pour lui ni pour ses pareils, "console toi, lui dit son père, je ne t'abandonnerai pas; par ma vertu, tu auras deux visages, l'un pour les *sans-culottes et l'autre pour les aristocrates; je t'apprendrai l'art de tromper tout le monde; on te croira d'un côté, un patriote enragé, et de l'autre ,tu seras l'espérance des nobles, des calotins et de tous nos amis" § ce qui fut dit fut fait, *phélipotin joua si bien son double rôle, qu'il arriva tout bâti à la convention. d'abord il se montra moitié montagnard, moitié brissotin. dans le jugement de *capet , il opina pour et contre, malgré lui il dit oui, pour qu'on raccourcit le gros cornard, et, par sous-main, il engagea les sots qui lui prêtaient l'oreille à dire non. mais c'est dans la *vendée que tous les diables de l'enfer jetaient leur grand coup de filet. *phélipotin , toujours guidé par son papa, fit là ses grandes prouesses. c'est là qu'il brouilla les cartes de la bonne manière; c'est là qu'il fit une guerre ouverte aux généraux *sans-culottes , et qu'il fût l'avocat de *biron , de *dubayet , de *tunc et de tous les talons rouges qui allongeaient la courroie et qui voulaient perdre la république. la convention y vit clair à la fin. elle se lassa d'être *phélipotée , les protégés de *phélipotin furent mis à l'ombre et le protecteur rengaina tous ses bougres de projets de contre-révolution. alors les généraux *sans-culottes furent partout victorieux et la *vendée a été détruite, foutre. § *phélipotin se rongeait le bout des griffes de voir tous ses complots à vau-l-eau ; c'est alors que son père est venu à son secours. "formons une nouvelle *vendée , lui a dit l'animal cornu, formons la à *paris , dans la convention même; cries, gueule contre les meilleurs *montagnards, accuse le comité de salut public dans le moment où il vient de sauver la république; dénonce les meilleurs patriotes." § le monstre *phélipotin a vomi tout son fiel; il a dénoncé à tors et à travers. des jean-foutres de son acabit lui ont prêté la main; par leurs menées le général de l'armée révolutionnaire et le patriote *vincent ont sifflé la linotte; mais, foutre, ce n'était qu'un coup d'essai de ceux qu'il voulait porter aux patriotes. § le gros *bourdon de la *vendée a fait plus de charivari que *georges d'*amboise ; il a raisonné comme une véritable cloche, en faisant chorus avec *phélipotin , *fabre-d-*eglantine et le renégat *camille , pour perdre le *sans-culotte *bourbotte . les plus francs républicains ont été dénoncés par ces aboyeurs de *pitt . moi-même je suis accusé par *phélipotin d'être un muscadin soudoyé par l'*angleterre pour avoir rivé son clou à ce *phélipotin dans un dîner patriotique où il était venu écrémer la marmite sans être prié, et pour l'avoir rembarré de la bonne sorte lorsqu'il osa dire, en ma présence, que les *jacobins étaient des scélérats, et qu'il les ferait sauter. § il vient de faire imprimer à grands frais et avec des bonnes guinées, sans doute, que le roi *bouchotte vidait le trésor national pour me graisser la patte et pour empoisonner les armées de mes écrits. braves défenseurs de la patrie, vous qui lisez avec tant de plaisir mes joies et mes colères, vous que j'ai averti de toutes les trahisons de l'infâme *dumouriez , du traître *custine , du palefrenier *houchard , c'est à vous à me rendre justice. vous ai je jamais trompé? m'avez vous jamais vu flagorner les ministres? n'ai je pas toujours été votre ami sincère? si *bouchotte avait été suspect, je serais le premier tombé sur sa friperie, et je vous l'aurais dénoncé. je me fous bien des hommes, je ne vois que la république. si mon père était un traître je ne l'épargnerais pas plus qu'un autre. c'est par ordre du comité de salut public que *bouchotte vous envoie ma feuille ainsi que les autres journaux patriotiques.si je suis un homme vendu, le brave *audouin , *duval , auteur du républicain, *rousgiff , le sont comme moi; *marat l'était donc aussi. si *bouchotte est coupable pour avoir éclairé ses frères d'armes, il faut donc aussi accuser les comités de la convention. pour chauffer mes fourneaux on sait bien qu'il me faut de la braise, foutre. § la grande colère du *père *duchesne . contre certains brigands qui veulent crever les yeux des *sans-culottes pour empêcher de voir leurs brigandages, et leur couper bras et jambes pour mieux manigancer la contre-révolution, en donnant la clef des champs aux aristocrates qui sifflent la linotte, en proposant une amnistie pour tous les traîtres. son grand serment de braver la vengeance et les poignards de ces scélérats, et de continuer de démasquer les ennemis de la liberté. § il n'y a rien de si foutant que de parler de soi; car les bons républicains ne doivent s'entretenir que de la patrie; ils lui doivent toute leur existence, et le temps qu'ils perdent en s'occupant de foutaises, qui n'intéressent que *pierre ou *paul est volé à la chose publique! j'ai déjà dit, foutre, que la république est une grande ruche où chaque abeille doit apporter le plus de butin qu'il lui est possible; celles qui s'amusent à bourdonner , au lieu d'amasser la cire et le miel, trompent ou trahissent le reste de la famille qui travaille de bon coeur et qui vit de bon accord. mais quand, dans cette ruche il se glisse quelque frelons pour jeter le désordre, alors toutes les abeilles doivent se réunir pour exterminer l'insecte malfaisant. la meilleure besogne, le premier devoir est de se délivrer de l'ennemi commun. braves *sans-culottes , c'est vous qui êtes les abeilles dont je parle. personne plus que moi, foutre, ne respecte votre industrie. vous ne m'avez jamais regardé comme un boute-feu et un emporte-pièce; bien loin de là, foutre, je n'ai cessé de vous recommander l'union et la fraternité. dans tous les temps je fus votre sentinelle vigilante; et j'ai toujours crié qui vive dans les postes les plus avancés. j'ai essuyé toutes les bordées des aristocrates, des royalistes, des *brissotins, mais jamais ils ont pu me faire quitter mon poste, et je suis toujours dans la même guérite où vous m'avez vu depuis le premier jour de la révolution. quand les conspirateurs et les traîtres ont emportés quelques victoires sur la *sans-culotterie , *marat et le marchand de fourneaux ont été les premiers mis en joue, et si vous ne vous étiez pas rebiffé pour les sauver, s'ils avaient eu cent têtes, ils les auraient perdues l'une après l'autre. § je croyais avoir du relâche et me reposer sur mes lauriers, foutre, lorsque j'ai vu la convention délivrer des serpents et des crapauds du *marais. j'étais d'une joie de bougre en songeant que la constitution républicaine allait rallier les bons *français. je croyais m'en donner des pilles éternelles, et déjà j'avais quitté mon encrier pour retourner à mes fourneaux. maintenant, disais je à mes compères et commères, que nos braves *montagnards ont tous leur tête dans un bonnet, et qu'ils vivent d'un si bon accord, la machine va marcher sans le moindre choc. à l'aide de sainte guillotine qui va nous raccourcir tous les scélérats, personne ne sera aussi audacieux pour trahir la république. ainsi donc je rengaine toutes mes colères, et je ne reprendrai la plume que pour exprimer ma joie sur toutes les victoires que nous allons remporter; mais, foutre, les fripons et les traîtres vont et viennent comme les ombres chinoises, et comme on dit, un clou chasse l'autre. mon rêve n'a duré qu'un instant, et je n'ai pas tardé à réfléchir que tant qu'il y aura des trésors à gaspiller, il existera des voleurs, que tant qu'il y aura des sots, il se trouvera des hypocrites pour les foutre dedans et les mener par le nez, que tant qu'il y aura des places et des dignités, il se trouvera des intrigants et des ambitieux qui affronteront la guillotine pour s'en emparer. ne voit on pas les renards à la barbe du chien de la ferme faire main-basse sur la basse-cour, et le loup croquer les moutons à la face du berger le plus vigilant. § bon gré mal gré, il a donc fallu que je continuasse de broyer du noir. j'ai juré comme un charretier embourbé toutes les fois que j'ai trouvé sur mon passage des bougres qui n'étaient pas au pas; mais quand j'ai rencontré des ci-devant patriotes qui avaient l'air de saigner du nez et de vouloir tourner casaque, je les ai daubé comme les aristocrates. quand j'ai vu *chabot , que j'aimais autrefois comme mes petites boyaux lorsqu'il était un des plus fermes soutiens de la *sans-culotterie ; quand je l'ai vu, bras dessus bras dessous, avec les plus fieffés garnements de l'ancien régime, et cajolé par toutes les muscadines, d'abord je me suis mis tout bas en colère contre lui. "est ce que tu voudrais aussi nous faire faux bon, lui ai je dit; prends y garde, foutre; car, comme dit le proverbe dis moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es" . § il s'est foutu de mes avertissements et du qu-en-dira-t-on , et pour s'achever de peindre, il s'est marié à qui, à je ne sais quelle bohémienne qui est tombée amoureuse de lui, dit il, sans l'avoir vu. et quelle est cette bohémienne encore? c'est la fille d'un aventurier, faisant une poussière de prince à la cour de *vienne , et dont l'impératrice, mère de la louve que nous avons raccourcie, a tenu tous les enfants sur les fonds de baptême. en voyant un mariage aussi biscornu, n'y avait il pas de quoi se débaptiser soi-même? n'est ce pas un crime à un sans-culotte français d'épouser une autrichienne? que deviendraient donc nos jeunes filles qui sont si délaissées depuis la guerre, si le peu de républicains qui peuvent les contenter imitaient un pareil exemple? un législateur épouser une esclave, et l'esclave d'un des tyrans qui nous font la guerre, quand il y a tant de filles libres qui séchent sur pied à force d'attendre! lorsqu'ensuite ce même *chabot coup sur coup, après le conte bleu de son mariage de deux cent mille livres, a le front de faire une complainte au beau milieu de la convention sur ce qu'il n'existe plus de plaine ni de marais, et de faire signe de loin à tous les crapauds, en leur disant qui m'aime, me suit, pour les engager à y venir barboter avec lui, ai je eu tort de lui chanter sa gamme? après tout ce tripotage, j'apprends que mon frocard est à l'ombre pour avoir reçu quelques centaines de mille livres des brigands couronnés. je jure, je tempête. ses amis me répondent que c'est lui-même qui a déposé cette somme au comité de sûreté générale, en découvrant un grand complot qu'il connaissait depuis plus de six mois. je réponds pourquoi il n'a pas plus tôt dénoncé ce complot, pourquoi il ne l'a fait que le lendemain qu'il avait été dénoncé lui-même aux *jacobins on me répondra que tout cela s'éclaircira avec le temps. § je le désire foutre; mais il n'est pas un bon républicain qui voit clair dans cette bouteille à l'encre, et qui n'ait dit et pensé tout ce que j'ai écrit sur ce chapitre. eh bien, tonnerre de dieu, on m'en a fait un crime. n'est il donc plus permis de réfléchir? faut il se crever les yeux pour ne pas voir les manigances de certains personnages? on dit que je suis un chef de parti parce que je pense et je parle comme les véritables *sans-culottes . où est il donc ce parti? qu'a t il fait? c'est ce qu'on ne saurait dire, foutre. si c'est être chef de parti que d'être sans cesse à l'affût et de donner la chasse à tous les conspirateurs, si c'est être chef de parti que de braver les poignards, si c'est être chef de parti que de vivre pendant quatre ans entre les baïonnettes et les cachots, que d'être persécuté tantôt par le comité autrichien, tantôt arrêté par le comité des douze, j'en conviens, j'en suis un, et je m'en fais gloire puisqu'on me force à parler de moi. oui, j'ai toujours conspiré contre les ennemis de la liberté, et je ne lacherai pas prise, foutre. § je me fous de vos propos et de vos menaces, *chabotins et *phélipotins ;je vous défie de trouver à mordre sur moi. vous pouvez répéter toutes les kyrielles de calomnies et d'injures dont *carra et *gorsas ont régalé tant de fois les aristocrates. faites moi paraître comme *marat devant les tribunaux, j'en sortirai comme lui, foutre. tout ce que vous dites de moi, vous l'avez dit de lui; tout ce que vous manigancez contre moi vous l'avez employé contre lui. vous ne me reprochez pas ce que les feuillants et les *brissotins m'ont reproché avant vous. je n'ai pas changé, mais vous jouez leur rôle aujourdhui . malgré tous vos coups de chien que l'on connaît maintenant, vous ne diviserez pas les patriotes; ils resteront unis à la montagne. on ne donnera pas la clef des champs aux aristocrates qui sont en cage, comme vous le voulez; il n'y aura point d'amnistie, et, à votre tour, vous jouerez à la main chaude,foutre. § la grande colère du *père *duchesne . de voir toutes les manigances des *phélipotins contre les meilleurs citoyens, et surtout contre les généraux *sans-culottes à qui l'on veut donner de la pelle au cul, afin de vendre encore des batailles à milord *pitt , et de lui livrer nos villes de guerre. § avant de faire le voyage dans la voiture à trente-six portières, *brissot et sa clique s'écrièrent: "ce qui nous console, c'est que nous aurons des vengeurs." les jean-foutres savaient bien qu'ils auraient une arrière-garde d'hypocrites, d'intrigants, d'ambitieux et de traîtres qui, tôt ou tard, prendraient leur place, et qui n'attendaient que le moment favorable pour lever la crête. cette prophétie n'épouvanta pas les patriotes et ils ripostèrent: "s'il existe encore des conspirateurs, nous les verrons, foutre, et nous les ramasserons au contre." § cependant on manigançait dans l'ombre de nouveaux coups de chien. tous les furets de l'*angleterre se mirent aux trousses des patriotes pour les corrompre; ceux qui résistèrent à l'appas de l'or ont été assassinés par le poignard de la calomnie. les royalistes, les feuillants, les aristocrates de toutes les acabies, les complices de *brissot , les voleurs publics se sont tous ligués pour écraser ensemble la liberté. mais pour mieux jouer leur jeu, tous les gredins ont pris le masque du patriotisme. on n'a plus vu que des bonnets rouges. ces *sans-culottes de nouvelle fabrique se sont répandus dans les sections, dans les sociétés populaires pour mettre les patriotes à chien et à chat. de tous côtés on a soufflé le froid et le chaud. les bons citoyens asticotés par ces jean-foutres, se sont chamaillés, sans savoir ni pourquoi, ni comment leurs ennemis riaient sous cape de leurs disputes, et ils versaient autant qu'ils pouvaient, de l'huile dans le feu. pour mieux brouiller les cartes, les modérés se sont mis sur les rangs; ils ont jeté les hauts cris sur les arrestations; la barre de la convention a été assiégée des pleureurs et de pleureuses à gage qui venaient demander d'un ton menaçant la clef des champs pour leurs frères, leurs pères, leurs fils, leurs époux. comment s'entendre au milieu de ce charivari? la convention est restée ferme et inébranlable, et ces complots s'en sont allées en eau de boudin. oui, foutre, tant que nos législateurs seront unis, ses ennemis ne tireront que des coups d'épée dans l'eau. mais, malheur à elle, malheur à la république, si cette union cessait un seul instant.ceux-là, foutre, qui ont voulu la diviser, en proposant au restant des crapauds *brissotins et *girondins de venir encore barboter dans le *marais, ont proposé la contre-révolution. le feu de la guerre civile serait il éteint au *midi ? *lyon , *toulon auraient ils été détruits? l'armée chrétienne et royale serait elle détruite s'il avait seulement existé une centaine de *phélipotins dans cette convention ? quels sont donc les scélérats qui osent se plaindre quand la machine est en si beau chemin; quand nos ennemis fuient de toutes parts; quand les brigands couronnés sont à quia et ne savent plus à quel saint se vouer. § c'est au milieu de nos victoires, foutre, que l'on veut nous arrêter. c'est lorsque les *sans-culottes triomphent partout que l'on redouble d'efforts pour les perdre. les escrocs les voleurs, les plus vils intrigants osent accuser les hommes les plus pures; croient ils que le peuple prendra le change? c'est un juge redoutable qu'on ne saurait tromper. celui qui fût un pilier de tripots; qui écornifla les dîners des aristocrates; qui fût l'avocat consultant de tous les talons rouges, qui défendit les complices de *la-*fayette et *dumouriez , celui-là, foutre, aurait beau dire: je suis le vieux cordelier , doyen des *jacobins . on lui répondra qu'à bonne auberge, il n'y a pas besoin d'enseigne. plus il vantera ses anciennes prouesses, plus on se méfiera de lui, mieux on le tancera, s'il a tourné casaque à la *sans-culotterie . après s'être autrefois intitulé le *procureur-général de la *lanterne , s'il devient le procureur général de l'aristocratie et de la *phélipoterie ; s'il propose de former une nouvelle *vendée en mettant en liberté ses bons amis les muscadins et muscadines qui sifflent la linotte, s'il ose appeler les hommes révolutionnaires des hommes de sang, des septembristes, qui lèchent le collier de la guillotine , on lui répondra qu'il frise de près la fatale cravate. ou plutôt, on ne lui répondra rien. on lui donnera une loge aux petites maisons, et il sera fustigé comme un fou. mais si cet écervelé, au lieu de profiter de son brevet de folie, continue dans sa fureur de mordre et de déchirer les meilleurs républicains on l'étouffera comme un enragé. § pardon, braves *sans-culottes , si je vous entretiens si souvent d'un aussi mince personnage; mais, foutre, vous savez qu'il y avait autrefois à la cour des fous à titre d'office, c'est par eux souvent qu'on découvrait les plus grands secrets et que la mèche était éventée. or donc, milord *pitt , qui a mis en jeu le niais *camille , et qui s'en sert comme le singe de la patte du chat pour tirer les marrons du feu, vous a, sans le vouloir, dévoilé tous les complots qu'il médite à son agonie. voilà foutre, la dernière espérance de l'infâme *pitt , et en se débattant avec la mort, il a dit à *phélipotin : "après *brissot , il ne me reste plus que toi. remue toi de cul et de tête pour me sauver; dénonce , accuse tous les *sans-culottes , soutiens que les généraux qui ont détruit la *vendée sont des conspirateurs; trouve quelques gobe-mouches pour appuyer tes grandes dénonciations , un *camille , par exemple: attache toi comme une teigne à la personne de ce maudit *bouchotte ; alors, foutre, ces généraux *sans-culottes qui m'ont fait danser leur bougre de carmagnole seront remplacés par des talons rouges: un nouveau *beurnonville reviendra sur le tapis,alors les *phélipotins pêcheront en eau trouble, alors, je n'épargnerai pas les guinées, je gagnerai des batailles, et je prendrai des villes, et à la fin la contre-révolution! mets toi en quatre surtout pour me délivrer de ce comité de salut public qui vient de m'enlever *toulon , et qui va me conduire à la lanterne si toi et tes amis vous ne lui donnez pas un croc en jambes." § n'ai je pas mis le doigt dessus, foutre, il n'y a pas d'homme assez aveugle pour ne pas voir clair maintenant dans tout le phélipotage. la convention si grande et si forte depuis que ses membres sont unis, ne sera pas le jouet de cette nouvelle intrigue. après avoir sauvé la *france , elle restera à son poste jusqu'à ce qu'elle ait assuré le bonheur du peuple, et les bons républicains environneront toujours la sainte montagne et la défendront jusqu'à la mort, foutre. § encore une petite bouffée de ma pipe à *poinsinet-*camille . il n'est pas si fou que l'on s'imagine, le benêt *camille et si on le prend pour un niais, je dis, foutre, que c'est un niais de *sologne , car il sait amadouer les aristocrates et leur escamoter joliment leurs *corsets . il a vendu plus de cent mille exemplaires de son vieux *cordelier à vingt sols le numéro; et il me fait un crime d'avoir débité mes feuilles à raison de deux sols la pièce pour les armées. il prétend que je suis riche comme un *crésus parce que depuis le mois de juin j'en ai débité cent mille, ce qui fait quatre-vingt-dix mille livres. une telle somme à un misérable marchand de fourneaux! mais *camille doit rabattre dans son calcul plus de quinze mille livres de dépenses pour achat de presses, et de caractères, le papier, les frais journaliers, les dépenses de bois et de chandelle, la paie de 10 ouvriers, les gratifications de nuit, une augmentation de loyer, ce qui reste est peu de chose et encore n'en ai je que la moitié, puisque j'ai un associé. au surplus, j'ai placé mon bénéfice dans l'emprunt volontaire. c'est là que *camille appelle voler la *république . § la grande colère du *père *duchesne . de voir que les fripons, les intrigants, les modérés, les royalistes et les aristocrates osent lever la crête, et accusent les meilleurs patriotes de tous les coups de chien qu'ils manigancent contre la liberté. ses bons avis aux braves *sans-culottes , pour qu'ils soient unis plus que jamais, et qu'ils montrent les dents aux jean-foutres qui veulent diviser la convention, et qui tripotent sous-main un nouveau projet de contre-révolution. § depuis deux ans je n'ai cessé de dire aux *sans-culottes qu'ils ne devaient pas attendre leur salut que d'eux-mêmes; car ce n'est que pour eux qu'ils ont fait la révolution, et non pas pour se donner de nouveaux maîtres. je me suis égosillé à force de leur crier: défiez vous des nobles et des calotins. les uns m'appelaient vieux bavard, les autres m'ont appelé anarchiste, désorganisateur. les talons rouges sont restés à la tête de nos armées, comme je l'avait prédit: les jean-foutres les ont livrés à nos ennemis, et ce n'est qu'après les trahisons de *la-*fayette , de *dumouriez et de *custine , qu'on s'est rappelé les prédictions du vieux marchand de fourneaux, et qu'on est revenu à son avis, en donnant de la pelle au cul à tous les muscadins qui commandent nos armées, en mettant à leur place des bougres à poil, nés dans le sein de la *sans-culotterie . c'est alors, foutre, qu'on est allé beau jeu bel argent, et que tous les esclaves des tyrans ont dansé la carmagnole au *nord et au *midi . maintenant que ça va, et que tous les brigands couronnés sont forcés de mettre les pouces, ils jouent de leur reste, en employant le vert et le sec pour diviser les patriotes. on fait des querelles d'allemand à tous ceux qui, par leur vertu, par leur courage, ont sauvé la république. les poltrons qui se sont cachés pendant le combat, veulent arracher les lauriers des vainqueurs, les fripons dénoncent les hommes les plus purs, les traîtres accusent les plus francs républicains de tous les complots qu'ils méditent. § c'est ainsi, foutre, qu'après la révolution du 10 août on a vu les *brissotins lever la crête, et clabauder contre les *sans-culottes qui avaient foutu le trône en canelle; c'est ainsi que le vieux *roland vilipendait les *jacobins et cette commune intrépide, l'effroi des aristocrates et le plus ferme appui de la montagne; le boudoir de la reine *coco devint un atelier de contre-révolution. c'est là que se manigançaient tous les coups de chien pour perdre les patriotes, c'est là que cette bande de pillards et de brigands se partageaient les dépouilles du peuple; c'est là que le friand *louvet était régalé de nanan en composant son fameux discours contre *robespierre ; c'est là que l'infâme *gorsas recevait à pleines mains l'or et les assignats pour traîner dans la boue tous les amis de la liberté; c'est là que le goujat *barbaroux couvrait d'une perruque de boeuf le front tondu de ce ministre de *coblentz , en promettant de lui livrer *marseille et les principales villes des départements du *midi ; c'est là que *petion ; *guadet ,*vergniaud ,*gensonné tripotaient leur bougre de fédéralisme . malgré cette bande de *cartouches et de *mandrins , qui jetaient des bâtons dans les roues, nos armées étaient partout victorieuses. les drapeaux tricolores flottaient sur les murs de *bruxelles et la *hollande allait être conquise, mais les victoires devaient bientôt s'en aller en fumée, car les conspirateurs avaient tous les généraux dans leur manche, et le traître *dumouriez leur avait promis de conduire nos braves défenseurs à la boucherie et de livrer nos magasins à l'ennemi, afin d'accabler les républicains à force de revers et de les contraindre à accepter une paix honteuse avec les étrangers. il n'y avait alors dans le ministère qu'un seul homme qui leur barrât chemin. le brave *pache , au lieu de donner dans leur tripotage contre-révolutionnaire, les démasqua et resta fidèle à la *sans-culotterie . on mit tout en usage pour perdre celui qu'on n'avait pu corrompre, on appela aussi un imbécile, un sot qui se laissait gouverner par des fripons: on lui reprocha même sa vieille redingote et ses coudes percés. *carra ,*gorsas et *brissot dirent alors contre lui tout ce que le vieux *cordelier a depuis copié sur leurs libelles. le *sans-culotte *pache ne put opposer que sa vertu à tous les assauts de l'intrigue, il succomba, il fût remplacé par le bateleur *beurnonville . il fallut voir alors tous les patriotes déménager des bureaux de la guerre, une recrue de *coblentz succéda aux braves *sans-culottes dont *pache s'était environné. les deux battants de toutes les portes de ces commis muscadins étaient ouverts à toutes les coquines, et les défenseurs de la patrie couverts de blessures, trouvaient partout visages de bois dans ce nouveau *versailles . tous les officiers *sans-culottes furent opprimés, chassés, emprisonnés, et tous les bandits, auparavant soudoyés par la liste civile, tous les piliers de tripots du *palais-*royal les émigrés et leurs valets furent placés à la tête de nos bataillons. les fripons péchèrent en eau trouble. enfin nous fûmes trahis et vendus à la journée, et il a fallu toute l'énergie républicaine pour sauver la *france . § je réfléchis et je dis que nos ennemis se sont toujours servi des mêmes moyens pour nous opprimer. *la-*fayette ,*dumouriez ,et *custine ont suivi la même route. les *brissotins, comme les jean-foutres de conseillers de *capet , ont persécuté les patriotes et les ont accusé également d'être des anarchistes. on se sert aujourdhui d'un autre mot pour avilir les ardents républicains. on les appelle des ultra-révolutionnaires, parce que les mots de factieux et de désorganisateurs sont usés; mais foutre, le peuple ne prendra pas le change, ce sont encore les apôtres du modérantisme, les amis de la royauté et les aristocrates déguisés qui les accusent. ce n'est pas seulement aux généraux *sans-culottes , c'est au gouvernement révolutionnaire qu'on en veut. le comité de salut public est attaqué en même temps que les bougres à poil dont il s'est servi pour sauver la république. qui ne voit pas, foutre,qu'il y a derrière la toile, comme je l'ai déjà dit, des fripons qui veulent brouiller les cartes et tout désorganiser pour qu'on les oublie? existe t il donc de nouveaux *brissotins? non, foutre; ce n'est qu'une poignée de misérables intrigants qui veulent se venger des patriotes qui les ont démasqués; mais, foutre, si on ne leur montrait pas les dents de bonne heure, et si on ne les arrêtait à temps bientôt peut-être ils seront redoutables; car les feuillants, les royalistes et tous les ennemis de la révolution les applaudissent déjà, et ils se rangeraient bientôt sous leur bannière. il faut donc que tous les amis de la liberté et de l'égalité se rallient plus que jamais autour de la convention; car tant qu'elle marchera d'accord avec le peuple, elle triomphera de toutes les cabales et tous les conspirateurs se casseront le nez, foutre. § note du rédacteur . § le traître *carra , avant les *phélipotins , avait dit dans une de ses feuilles$: le 12 juin: "*marat et *hébert ont touché 50 mille livres, à la trésorerie nationale, pour le prix de leurs journaux envoyés par le ministre de la guerre dans les départements et les armées..." § *bouchotte répondit à cette calomnie par la lettre suivante insérée dans tous les journaux patriotes: "le fait n'est pas exact, car les abonnements existaient avant le 12 juin, non pas pour ces deux feuilles seulement, mais pour un plus grand nombre de journaux patriotiques qui ne sauraient être trop répandus dans les armées, et c'est le conseil exécutif qui, sur les fonds qui sont à sa disposition, a accordé les 50 mille livres employés à cet usage. signé, *bouchotte." § d'après cette note , j'avais avancé que le journal de *marat comme les autres feuilles patriotiques, était envoyé dans les armées. j'ai su depuis que *marat n'avait touché aucun fonds pour cet abonnement qui était projeté, mais que sa mort a empêché d'effectuer. je m'empresse de relever cette erreur, non qu'elle puisse faire le moindre tort à la mémoire de l'ami du peuple mais pour rendre hommage à la vérité. il serait au surplus bien utile de réimprimer les ouvrages de ce grand publiciste pour l'instruction du peuple. c'est le voeu de tous les patriotes, et il sera sans doute secondé par la convention. § la grande joie du *père *duchesne . de voir que l'infâme clique soudoyée par milord *pitt , pour brouiller les cartes et mettre les patriotes à chien et à chat, est enfin dénichée, et que les chefs de la conspiration sont maintenant sur le pot. ses bons avis aux braves *sans-culottes , pour les engager à être unis et à rester sur pied jusqu'à ce que les fripons et les conspirateurs aient tous craché dans le sac. § quand je songe à cette multitude d'intrigants, de voleurs et de traîtres dont nous sommes entourés, je serais souvent tenté de jeter le manche après la cognée, et d'aller m'ensevelir dans le fond d'un bois. oui, foutre, on est plus en sûreté au milieu des loups, des ours et de toutes les bêtes fauves , que parmi tant de scélérats qui vont et viennent tour à tour, qui se disputent les dépouilles du peuple et le fatal pouvoir d'opprimer les hommes. il ne faut pas cependant que les bougres qui ont du courage, fléchissent. plus le danger est grand, plus ils doivent montrer d'énergie. la vie d'un républicain ne lui appartient pas; son sang est à la patrie; il ne doit respirer que pour elle. où en serions nous, foutre, sans cette poignée de braves *montagnards qui, pendant neuf grands mois, a résisté à tous les pièges de l'intrigue, bravé les poignards pour sauver la république? sans ces bougres à poil, *brissot et son infâme clique feraient maintenant la pluie et le beau temps. *paris ne serait plus qu'un monceau de cendres; il n'existerait plus un seul jacobin; tous les patriotes auraient perdu le goût du pain; tout le territoire de la république serait dévasté; un crêpe lugubre serait étendu sur toutes nos villes; les campagnes seraient couvertes de cadavres; on ne verrait partout que l'image de la mort, et ce qui est plus affreux, sur les monceaux de cendres et les débris ensanglantés s'élèverait le trône d'un nouveau tyran. un des fils du roi *georges-*dandin , ce polisson royal, nommé duc d'*york ,aurait été couronné roi de *france , et graissé de la tête aux pieds dans la cathédrale de *reims par *claude *fauchet , son grand aumônier, avec cette huile puante que les moines assuraient avoir été craché par le père éternel et toute exprès apportée par les anges pour sacrer et rendre inviolables les fils aînés de l'église, c'est à dire, les soixante et tant de tigres qui, pendant quinze cents ans, ont dévoré les entrailles du peuple, et se sont engraissé de son sang. maintenant l'infâme *dumouriez , pour prix de ses trahisons,serait le connétable de cette nouvelle majesté égorgeante; *brissot serait son premier ministre, *carra , *vergniaud , *guadet , *gensonné et tous les chefs de la bande seraient à la tête du conseil royal. aucun d'eux n'aurait été oublié,pas même le pantin *gorsas qui occuperait au moins la place de premier porte coton. § braves *sans-culottes , quel serait aujourdhui votre sort? songez vous, foutre, à tous les maux que vous auriez endurés, à tous ces supplices qu'on vous réservait? riches égoïstes qui restiez les bras croisés et qui regardiez de loin le combat, croyez vous que vous auriez été épargnés. vieillards républicains qui versez des larmes de joie en entendant raconter les exploits de vos fils, vos cheveux blancs ne vous auraient pas fait respecter; vous auriez vu votre sang couler avec celui des femmes et des filles. l'enfant aurait été égorgé sur le sein de sa mère. voilà, foutre, trait par trait l'horrible tableau de la *france , si les *sans-culottes ne s'étaient pas rebiffés le 31 mai et si les francs républicains n'avaient mis leur tête dans un bonnet. les conspirateurs auront beau remuer ciel et terre, ils n'ébranleront jamais la masse du peuple qui restera toujours pure. § ainsi donc, foutre, que tous les patriotes s'entendent, ils feront sauter les intrigants et les ambitieux. les hommes du 14 juillet, du 10 août, du 31 mai, se retrouveront toujours. les ennemis de la liberté passeront, mais la liberté ne passera jamais. il ne faut pas s'étonner de voir tant de coquins se succéder nous sommes encore environnés des immondices de la royauté; mais peu à peu l'air que le despotisme a corrompu, se purifiera. la révolution jette maintenant sa gourme. au milieu des orages et des tempêtes, la mer s'enfle et bouillonne; ses flots voiturent sur le rivage un limon empesté, mais enfin le calme revient, le soleil reparait et dessèche ce limon qui rend ensuite la terre plus fertile. ainsi, foutre, tous les coups de chien que l'on médite contre la république, au lieu de la détruire, lui donnent au contraire une nouvelle vie. ils tiennent les patriotes en haleine; ils s'endormiraient dans le repos, le danger les ranime. plus un bien est acheté, plus il est précieux. la liberté ressemble à une belle femme. les uns la courtisent, mais pour la déshonorer; mais ses faveurs ne sont réservées qu'à celui qui l'aime en tout bien et tout honneur. pour la posséder, il faut lui faire tous les sacrifices, n'avoir des yeux que pour elle. on ne peut l'obtenir qu'après de longs tourments, mais une fois qu'on a été assez heureux pour en jouir, on ne l'oublie jamais, on ne saurait s'en séparer. § je dis donc, foutre, que tous les bons républicains doivent être constants et inébranlables dans leurs desseins. quand je découvre quelque nouvelle manigance contre les *sans-culottes , mon front se ride, je jure, je tempête, je brise ma pipe, je renverse mes fourneaux; mais pour cela je ne perds pas la carte, je vois venir de loin l'ennemi, et je l'attends de pied ferme; si j'ai affaire à un bougre renardé, je tâche d'être plus fin que lui, je me garde surtout de faire un coup fourré, et autant qu'il est possible, je le laisse s'enfiler de lui-même. il y a longtemps que je furetais pour découvrir la nouvelle conspiration qui est maintenant sur le tapis. si j'avais d'abord nommé les masques, j'aurais tiré un coup d'épée dans l'eau; j'ai laissé les papillons se brûler à la chandelle; j'ai vu les fripons se rallier pour perdre les patriotes, j'ai vu les plus vils intrigants accuser les meilleurs républicains; je me doutais bien que le viédase qui a osé dire que les patriotes qui ont fait jouer le traître *custine à la main chaude, étaient des agents de *pitt et de *cobourg , avait lui-même la patte graissée par le roi *georges-*dandin , pour armer les *sans-culottes contre les *sans-culottes . quand le sac est trop plein, il faut qu'il crève, foutre. enfin nous savons maintenant qui a graissé les roues du brillant carrosse de ce vil intrigant, nous savons qui a meublé si richement le grand hotel du *figaro de la révolution, nous allons savoir qui a payé les riches domaines acquis par certain charlatan, il y a deux jours marchand de baume sur la place de *tours , et l'un des fameux généraux de la *vendée , qui n'a pas brûlé une amorce pendant la guerre. il est prouvé maintenant que c'est avec le quibus de milord *pitt que tous ces équipages, ces chevaux magnifiques, ces palais, ces riches possessions ont été payées. *cartouche d'*eglantines est sur le pot. on doit deviner maintenant la cause de sa haine contre *bouchotte , *ronsin et *vincent . on voit enfin les *phélippotins à nu. j'avais donc raison de dire que tricherie revient à son maître. patience, avec le temps, nous en découvrirons bien d'autres. § la *sans-culotterie triomphera de toutes les intrigues. la révolution est comme la voûte d'un pont; pour l'élever on est obligé de se servir de toutes sortes d'instruments, mais quand la clef est posée, en tirant une seule cheville, tout l'échafaudage fout le camp, et il ne reste que l'architecture , qui dégagé de cet amas de charpente à moitié pourrie, s'élève avec majesté et brave l'injure des temps. voilà comme quoi, foutre, nous verrons disparaître les uns après les autres tous les mauvais ouvriers qui ont travaillé à la révolution non pour le peuple , mais pour leur propre intérêt. les bons travailleurs recevront seuls le prix de leurs peines, mais, foutre, ce ne sera qu'après avoir achevé leur tâche. le peuple est là pour examiner le travail, il offre à ceux qui l'auront bien servi, la couronne civique et à ceux qui lui auront tourné casaque, le sac fatal où il faudra qu'ils crachent, foutre. §