Originaire d’Argentine, Daiana, le visage cerné par de grands anneaux rouges et les cheveux teints en blond, raconte avoir été incarcérée pendant un an à la maison d’arrêt pour hommes de Fleury-Mérogis (Essonne) parce que son état civil était masculin. Elle était dans une cellule du bâtiment D3, où a été aménagé un quartier spécifique pour -- maison d’arrêt pour hommes de Lorient, à 170 km de là, dans le Morbihan. «Je suis restée là-bas pendant une semaine, à attendre la réponse de Fleury-Mérogis, même si je ne voulais pas y aller. On m’a dit "c'est une prison moderne, adaptée à vous". J'ai pensé qu'elle était adaptée aux femmes.» Mais arrivée là-bas, c’est la douche froide -- Le 13 janvier 2012, Ariana est finalement transférée à la maison d’arrêt pour femmes de Fleury. Mais le soulagement est de courte durée : trois mois plus tard, l’administration pénitentiaire ordonne son retour au bâtiment D3, chez les hommes. -- détention en quartier hommes. Puis on m’a dit, "maintenant qu’on voit que vous êtes une femme, vous allez être transférée chez les femmes, à Fleury".» Ce n’est qu’à la fin de sa détention provisoire qu’elle sera finalement -- Michel Fix, qui a été médecin-chef de l’unité de consultations et soins ambulatoires de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis durant 13 ans, admet avoir à plusieurs reprises préconisé une détention chez les femmes pour des personnes transgenres opérées, mais possédant encore un -- détention en fonction d’une note de rappel de Christiane Taubira, alors garde des Sceaux, précisant que tout détenu à l’immatriculation sociale et au patronyme masculins ne pouvait pas être incarcéré avec les femmes, quelle que soit son évolution physique.» Anne Lécu, médecin à la maison d’arrêt des femmes de Fleury-Mérogis, se souvient d’un cas en particulier : «Pour une personne qui voulait un rapprochement familial, il est arrivé que l’on me demande "où on le met -- liés ou non à leur transsexualité, c’est compliqué», raconte pour sa part l'endocrinologue Alfred Penfornis, qui intervient une fois par mois à la maison d’arrêt des hommes de Fleury et une tous les deux mois chez les femmes. -- détenue peut faire l'acquisition d'objets ne figurant pas sur la liste des objets fournis en cantine.» Un ex-gradé à la maison d’arrêt pour hommes de Fleury, souhaitant lui aussi rester anonyme, assure ainsi que «le port de vêtements féminins est autorisé». «Ça été compliqué mais j’en ai eu, confirme Beatriz. On m’a d’abord dit non, puis oui.» Mais -- «Un homme pour fouiller le bas et une femme pour le haut» A son arrivée à Fleury, Ariana a été fouillée par une femme, avant qu’un supérieur n'ordonne à cette dernière d’arrêter. «Les personnes détenues ne peuvent être fouillées que par des agents de leur sexe et -- parlant de Chloë, d’un «détenu dont on ne sait pas s'il est mâle ou femelle et qui nous enquiquine (pour ne pas dire autre chose) et accessoirement, nous fait passer pour des cons en extraction…». Cette transphobie des gardiens, Beatriz ne s’en souvient que trop bien : -- réponse, si ce n'est un accusé de réception», déplore Giovanna Rincon, présidente de l'association, qui rend régulièrement visite aux détenues trans de Fleury-Mérogis pour les accompagner dans leurs démarches. Interrogé par BuzzFeed News à ce sujet, Youssef Badr, porte-parole du ministère de la Justice, affirme : -- chose», estime Amélie Morineau, qui a été responsable du Groupement étudiant national d'enseignement aux personnes incarcérées (Genepi) à Fleury pendant deux ans. Beatriz l'a constaté : «On ne pouvait rien faire, on avait seulement droit à une promenade deux fois par jour.» «Dans un tout petit endroit. On était comme des chiens», renchérit -- suicider. Une femme a ouvert la porte de ma cellule et m’a demandé ce que je souhaitais. Je lui ai répondu que je ne voulais pas vivre.» En octobre 2012, elle a intenté une action en responsabilité de l’administration pénitentiaire pour réclamer une indemnisation de ses conditions de détention. -- varie de 15 à 30 suivant les années : «Elles étaient incarcérées dans huit établissements différents, la majorité se trouvant au sein de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis.» Et elles seraient entre 10 et 15 à alerter l’Observatoire international des prisons tous les ans, selon François Bès. Le 30 juin 2010, après avoir été saisi par Chloë, -- l’établissement.» «En créant des ghettos, on prive les gens de socialisation» Les pressions viendront-elles de l’étranger, alors que la France -- François Bès, de l’OIP, il était de toute façon «contre-productif, puisqu’encore discriminant» : «En créant des ghettos, on prive les gens de socialisation», met-il en avant. «En Colombie, en Argentine ou en Équateur, on a par contre un cadre -- numéro 2, "poursuivre l’amélioration du traitement des personnes LGBT privées de liberté"», assure Youssef Badr. Celui-ci comprend trois actions : * Inscrire à l’ordre du jour des commissions de surveillance des prisons, une fois par an, la question des actes anti-LGBT ;