Mesdames et Messieurs, Le soir du 31 décembre en présentant mes voeux aux Français je leur ai dit mon intention de mettre en oeuvre une politique de civilisation pour que la France soit l'âme de la nouvelle Renaissance dont le monde a besoin. Je sais que cette politique de civilisation a suscité chez un grand nombre d'entre vous beaucoup d'interrogations. Je suis heureux que cette rencontre me donne l'occasion d'y répondre, car il ne s'agit pas pour moi d'une formule de circonstances mais d'une conviction profonde et d'un engagement fort. Cette conviction je l'ai exprimée durant toute la campagne présidentielle. Cet engagement je l'ai pris devant les Français.J'ai été élu en promettant un changement en profondeur. J'ai été élu en proposant une véritable rupture avec les habitudes de pensée, les comportements, les idées du passé qui ont conduit notre pays dans la situation où il se trouve. J'ai été élu au terme d'une campagne dans laquelle les valeurs ont tenu une place centrale alors que depuis des décennies il n'était quasiment plus possible d'évoquer les valeurs dans le débat politique. Dans cette campagne j'ai parlé de la vie, de la morale, de l'autorité, de l'identité, de la culture, de l'intégration, du civisme. J'ai parlé de l'amour, de l'ouverture aux autres, de l'humanisme. J'ai parlé du respect, du respect de soi et du respect des autres, du respect de la différence et de la diversité. J'ai parlé de ce que nous voulons transmettre à nos enfants, de la nécessité de leur faire aimer ce qui est grand, ce qui est beau. J'ai voulu remettre l'Homme au coeur de la politique. Si la politique n'exprime pas l'idée que nous nous faisons de l'Homme, de sa liberté, de sa responsabilité, de sa dignité, qu'exprime-t-elle donc ? Et comment peut-elle changer le monde ? Comment peut-elle le rendre meilleur ? Comment peut-elle contribuer à rendre les hommes un peu plus heureux et leur vie un peu moins dure ? Comment la politique peut-elle faire qu'il y ait un peu moins de violence, un peu moins d'injustice, un peu moins de misère, un peu moins de souffrance si la politique n'est pas animée par le souci d'un idéal humain ? Pendant la campagne présidentielle c'est bien cette question qui a été posée par la plupart des candidats, chacun à sa manière. Et si les choses se sont déroulées ainsi c'est parce que les Français aspiraient à ce que le débat politique change de nature. C'est parce qu'ils avaient le sentiment que la politique n'allait plus assez au fond des choses, qu'elle ne disait plus rien sur l'essentiel. La défiance des Français vis-à-vis de la politique qui s'était accrue au fil du temps au point de miner notre démocratie n'était au fond pas due à autre chose qu'à ce sentiment que la politique était impuissante à force de ne jamais remonter aux causes réelles des problèmes, de se cantonner dans la gestion, dans la technique, de ne pas s'intéresser à ce qui détermine la vie des gens, leur bien-être, le sentiment de leur accomplissement personnel, de celui de leur famille, de leurs enfants. La politique de civilisation, c'est la politique de la vie. C'est une "politique de l'homme", comme le dit Edgar Morin qui en a ressenti le besoin et qui l'a formulée avant tout le monde. La politique de civilisation, c'est la politique qui est nécessaire quand il faut reconstruire les repères, les normes, les règles, les critères. Ce n'est pas la première fois que cette nécessité s'impose.Elle s'est imposée à chaque fois qu'un grand choc politique, économique, technologique, scientifique est venu ébranler les certitudes intellectuelles, la morale, les institutions, les modes de vie. "Il nous faut reconstruire notre rapport au temps et à l'espace, et notre rapport aux autres et à nous-mêmes. " Ce fut le cas avec la Renaissance. Ce fut le cas à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe avec les Lumières. Ce fut le cas avec la Révolution industrielle à la fin du XIXe et au début du XXe. Ce fut encore le cas dans l'immédiat après-guerre, après la grande crise de civilisation des années 30 et 40. La Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen, ce fut le fruit d'une politique de civilisation. L'école de Jules Ferry, ce fut le fruit d'une politique de civilisation. La laïcité, ce fut le fruit d'une politique de civilisation. La sécurité sociale, le droit du travail, les congés payés, le service public, ce furent les fruits d'une politique de civilisation. A chaque époque, les réponses sont différentes mais le défi est toujours le même : réconcilier l'ordre et le mouvement, l'identité et la modernité, aider le monde nouveau à naître et à s'organiser quand l'ancien n'a pas encore fini de se désagréger, réhumaniser la société, permettre à l'Homme de reprendre le dessus, de mettre le changement à son service, de s'approprier les nouveaux savoirs. Aujourd'hui il nous faut reconstruire notre rapport au temps et à l'espace, et notre rapport aux autres et à nous-mêmes bouleversés par la technique, la science et la globalisation. Nous avons à combattre les dérapages, les excès de notre propre civilisation dont les principes, les valeurs, les institutions ne suffisent plus à répondre aux besoins qu'elle a elle-même engendrés. Edgar Morin dit que les impératifs aujourd'hui d'une politique de civilisation sont la solidarité, le ressourcement identitaire, la convivialité, la moralisation qu'il oppose aux maux de notre temps que sont l'isolement, le cloisonnement, l'anonymat, la dégradation de la qualité de la vie, l'irresponsabilité. Ces objectifs, je les fais miens.Je les fais miens dans la politique intérieure comme dans la politique extérieure.Je les fais miens dans la politique éducative, dans la politique de la ville, dans la politique économique, dans la politique sociale, dans la politique du développement durable. Après des décennies de réformes différées, de réformes manquées, après des décennies de conservatisme et de pensée unique, après des décennies de chômage de masse, de relâchement du lien social, de recul de la promotion sociale, de stagnation des salaires, de dévalorisation du travail, de déficits et d'endettement, l'urgence est partout. Les Français n'en peuvent plus d'attendre. Et chaque jour apporte son lot de difficultés, de crises et parfois de drames auxquels il faut répondre tout de suite. C'est ce qu'avec le gouvernement, avec la majorité, je m'efforce de faire depuis que j'ai été élu. C'est ce que je continuerai à faire parce que cette impatience est légitime et parce que c'est tout simplement mon devoir.Mais dans la période où nous sommes, si l'on veut changer véritablement les choses, si l'on ne veut plus avoir le sentiment de subir, si l'on veut en finir avec une société où les enfants pensent qu'ils vont vivre moins bien que leurs parents, alors il faut aussi inscrire la politique dans la longue durée et dans la profondeur d'un projet de civilisation. C'est ce que je souhaite faire en 2008. Non pour m'éloigner des problèmes de vie quotidienne, non pour faire oublier les difficultés qui assaillent les Français qui seraient trop compliquées à résoudre, mais au contraire pour y revenir. Je pense bien sûr à l'environnement, à la santé, à l'urbanisme, à l'architecture, au logement, à l'école, au service public, à la protection sociale.Je pense aussi à la revalorisation du travail, à la place qui est faite à la jeunesse, à la manière dont notre société traite ses personnes âgées. Croyons-nous que la maladie d'Alzheimer, la dépendance, la dépression, le malaise des banlieues, l'intégration ou le chômage des jeunes ne sont pas des problèmes posés à notre civilisation et qui exigent autre chose pour être résolus que quelques mesures de gestion ou quelques crédits supplémentaires ? Croyons-nous que la révolution numérique ou celle des biotechnologies n'appellent pas à une transformation de la civilisation ? Croyons-nous que la civilisation peut sortir indemne des dérives du capitalisme financier ou du réchauffement climatique ? Et qui ne voit que la culture commune ou la morale partagée, qui nous permettent de nous parler, de nous comprendre et de nous supporter sont des valeurs de civilisation qui conditionnent notre vie quotidienne ? Qui ne voit qu'à la violence, à l'insécurité, à la peur de l'autre qui engendre le rejet, l'exclusion et le repli sur soi nous devons opposer la politesse qui est une forme de respect, l'autorité qui est l'expression d'une légitimité, l'éducation qui socialise et qui émancipe ? Qui ne comprend que pour retrouver la foi dans l'avenir, pour retrouver le goût de vivre ensemble, pour créer du mieux-être et du mieux vivre, et même pour augmenter le pouvoir d'achat et pour réduire le chômage et la précarité, il ne nous faut pas seulement gérer mieux mais d'abord changer nos façons de vivre, de produire, de travailler, d'apprendre ? En 2008, cette politique de civilisation elle s'exprimera d'abord dans la volonté de faire de notre démocratie une démocratie irréprochable grâce à la réforme de nos institutions inspirée par les travaux de la commission présidée par Edouard Balladur. Elle assurera un meilleur équilibre des pouvoirs en revalorisant le rôle du Parlement et en donnant aux citoyens des libertés nouvelles. Mais s'en tenir à la seule modernisation des règles et des procédures ne serait pas suffisant pour que notre démocratie soit portée à la hauteur des défis qu'elle aura, qu'elle a déjà à relever. Il me semble que le moment est venu d'ajouter aux droits fondamentaux qui forment le socle de notre République les nouveaux droits que notre époque appelle. Après la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen de 1789, après le Préambule de 1946 sur les droits sociaux, auxquels il ne faut pas toucher parce que ce sont de grands textes universels, je souhaite que le Préambule de notre Constitution soit complété pour garantir l'égalité de l'homme et de la femme, pour assurer le respect de la diversité, pour rendre possibles de véritables politiques d'intégration ou pour répondre aux défis de la bioéthique. J'ai demandé à Madame Simone Veil, dont tout le monde connaît la hauteur de vue, de présider la commission qui sera chargée de rédiger un projet de texte. Elle l'a accepté et je lui en suis infiniment reconnaissant car nul n'était plus qualifié qu'elle pour accomplir une tâche aussi importante et aussi délicate. Il ne s'agit pas que de questions juridiques. Il s'agit que sur les problèmes philosophiques, moraux, éthiques posés par la modernité notre Constitution soit en avance sur son temps, et que, comme ce fut si souvent le cas jadis, la France, patrie des Droits de l'Homme montre, la voie à tous les Hommes. C'est avec la même volonté de mettre en oeuvre une politique de civilisation que je souhaite engager une réflexion sur les moyens d'échapper à une approche trop quantitative, trop comptable de la mesure de nos performances collectives. Car si nous restons prisonniers de la vision restrictive du PNB, nous ne pouvons pas espérer changer nos comportements et nos façons de penser. Pour tout changer nous avons besoin d'abord de changer nos critères de jugement, nous avons besoin de prendre en compte la qualité et pas seulement la quantité. Si nous voulons favoriser un autre type de croissance nous devons changer notre instrument de mesure de la croissance. Là encore la France veut donner l'exemple en prenant l'initiative de réunir un groupe d'experts internationaux de haut niveau pour réfléchir aux limites de la comptabilité nationale et du PNB et à la meilleure manière de les surmonter pour que la mesure du progrès économique soit plus complète. Pour qu'elle prenne mieux en compte les conditions réelles et la qualité de vie des Français qui n'en peuvent plus de l'écart grandissant entre des statistiques qui affichent un progrès continu et les difficultés croissantes qu'ils éprouvent dans leur vie quotidienne. Deux prix Nobel d'économie Amartya Sen qui ont beaucoup travaillé sur ces questions ont accepté de contribuer à cette réflexion. Armatya Sen a accepté de m'apporter ses conseils et Joseph Stiglitz de présider le comité d'experts. Je les en remercie. Leurs grandes compétences seront extrêmement précieuses. 2008, ce sera l'année de la mise en oeuvre de ce qui a été décidé lors du Grenelle de l'environnement, ce sera le commencement de la construction d'une autre croissance, d'un autre modèle de développement, ce sera l'amorce d'un changement profond dans notre civilisation, dans son rapport à la nature, dans l'idée qu'elle se fait de sa responsabilité vis-à-vis de la planète, vis-à-vis des générations futures. Dans cet esprit, je suis disposé, si la Haute Autorité qui se prononce demain soulève des doutes sérieux sur les OGM actuellement cultivés en France, à recourir à la clause de sauvegarde jusqu'à ce que la Commission européenne tranche le problème. Je ne souhaite pas par ailleurs que la loi OGM soit discutée dans l'urgence. En 2008, la politique de civilisation s'exprimera dans l'école. L'année dernière j'ai écrit à tous les éducateurs de France pour leur présenter le projet éducatif que j'avais placé au coeur de ma campagne. Ce projet éducatif, le moment est venu de le mettre en oeuvre. Beaucoup de changements ont été accomplis dans l'école en 2007. Maintenant il s'agit d'aller au fond des choses, c'est-à-dire de s'occuper de ce que l'on veut enseigner à nos enfants, de ce que l'on veut leur transmettre comme connaissances, comme valeurs, comme culture, bref de fixer quel idéal humain nous voulons leur proposer et d'organiser les études, les programmes, les rythmes, la formation des enseignants pour y parvenir. La lettre aux éducateurs, c'est exactement pour moi l'illustration de ce que peuvent être les objectifs d'une politique de civilisation. Je m'impliquerai personnellement dans la mise en oeuvre des orientations que j'ai définies dans cette lettre pour bâtir une école du savoir, de la culture, du respect, de la civilité. Une école où l'on inculque le goût d'apprendre, la curiosité intellectuelle, l'ouverture d'esprit, le sens de l'effort et du travail de la pensée mais aussi le respect de l'autorité du professeur et la politesse, où l'on enseigne le civisme. La priorité de cette politique éducative ira à l'école primaire que l'on a trop longtemps délaissée sans voir que son affaiblissement était la cause principale des difficultés croissantes du collège. Cette politique prendra du temps, du temps pour être mise en oeuvre, du temps pour produire ses effets. Mais le rapport de nos enfants à la culture, au savoir, à la pensée est ce qu'il y a de plus essentiel pour l'avenir. C'est à l'école que se construisent la société et la civilisation de demain. Quelles que soient les difficultés nous n'avons plus le droit de reculer. Il y a eu dans le passé trop d'abandons, trop de renoncements pour reculer encore. Je veux que l'école redevienne l'affaire de tous et non plus seulement des spécialistes. Je veux qu'elle soit remise au coeur de la politique comme elle l'était jadis au lieu d'en être tenue à l'écart comme si c'était un sujet trop compliqué pour la politique ou trop risqué pour elle. En 2008, la politique de civilisation s'exprimera dans la profonde rénovation de nos universités. Des moyens considérables ont été dégagés pour combler un retard accumulé depuis des décennies et qui ont mis nos universités dans l'état de délabrement que l'on connaît. Nous devons refaire des universités où l'on a envie et où l'on a les moyens d'étudier. Nous devons faire des campus qui soient des lieux de convivialité et d'effervescence intellectuelle. Nous devons offrir à nos étudiants un cadre et des conditions de vie qui soient à la hauteur de l'idée que nous nous faisons de la place du savoir dans notre civilisation. En 2008, seront sélectionnés les dix premiers grands projets de rénovation universitaire qui témoigneront de l'ambition de notre politique dans ce domaine. En 2008, la politique de civilisation s'exprimera dans une politique de la jeunesse parce que notre société ne fait pas à sa jeunesse la place qui devrait lui revenir. Elle ne lui accorde pas la considération qu'elle devrait lui accorder.Elle ne lui donne pas les moyens de son autonomie, de son intégration. En traitant si mal sa jeunesse, notre société sacrifie son avenir. Sortir de l'immobilisme, sortir de la société des avantages acquis et des rentes de situation, c'est servir la jeunesse. Je veux que la rupture soit au service de la jeunesse, qu'elle lui donne les moyens de réaliser ses rêves, ses ambitions, d'exprimer sa générosité, son enthousiasme, son talent. C'est ce que nous allons entreprendre. En 2008, la politique de civilisation s'exprimera dans la politique qui prendra à bras-le-corps le malaise des banlieues. Cette politique, nous en parlerons dès le mois de février.Ce sera d'abord une politique d'intégration, une politique qui concernera avant tout les personnes, qui les soutiendra, qui les accompagnera, qui donnera à tous ceux qui veulent s'en sortir les moyens de le faire, à ceux qui subissent des handicaps particuliers de les compenser, à ceux que la vie a éprouvés de surmonter les épreuves qu'ils ont subies.Ce sera une politique de l'égalité des chances, une politique qui aura pour ambition que chaque jeune des quartiers en difficulté reçoive une formation, ce sera une politique de l'égalité des droits et aussi de l'égalité des devoirs. Ce sera une politique pour remettre dans la République non seulement les territoires mais aussi les personnes. Ce sera une politique qui sera partie prenante d'un dessein plus vaste, celui de la rénovation de notre modèle républicain, de ses principes, de son fonctionnement, de son adaptation aux réalités économiques, sociales, culturelles du XXIe siècle. Ce sera une politique qui ne sera pas séparable de la rénovation de l'école, de la modernisation du service public, de l'accompagnement des chômeurs, de la sécurisation des parcours professionnels, de la politique du logement, des conséquences du Grenelle de l'environnement.Ce sera une politique qui sera concernée par la réponse que notre société apportera à des questions fondamentales, comme celle de savoir comment redonner sa chance à celui qui a subi un échec ou comment permettre à celui qui veut entreprendre de trouver les moyens de le faire. Peut-on poser le problème du malaise des banlieues sans poser celui de la ville, qui est au coeur de notre civilisation urbaine et que nous avons tant de mal à maîtriser, à humaniser ? Le problème de la ville, je veux le poser en 2008, lui aussi non comme un simple problème de gestion mais comme un problème de civilisation.C'est un problème qui s'est posé à chaque fois que le rapport de l'Homme à l'espace et au temps s'est trouvé bouleversé.C'est un problème que notre civilisation moderne n'a pas su maîtriser.C'est un problème qui pèse lourdement sur la qualité de la vie, sur la convivialité, sur la sociabilité, sur la solidarité.Quelle ville devons-nous nous efforcer de construire en ce début de XXIe siècle ?Voilà la question à laquelle je voudrais que nous apportions une réponse française. C'est la raison pour laquelle j'ai voulu lancer la réflexion sur le Grand Paris, je veux dire par là la grande métropole que constitue l'agglomération parisienne et qui doit être considérée dans sa globalité parce qu'elle forme un tout. Cette réflexion elle ne doit pas être engagée d'abord sous l'angle des institutions, sous l'angle de la gouvernance mais d'abord sous l'angle de l'urbanisme, de l'architecture, de la sociabilité, de la convivialité, de la qualité de la vie, de la place de l'Homme dans la ville. Je veux faire de ce chantier le laboratoire de la modernité urbaine. Je veux qu'il soit l'occasion de remettre la France au premier rang en matière d'urbanisme et d'architecture. Je m'impliquerai là aussi personnellement dans ce chantier. Naturellement tout sera fait en concertation, en association avec les Franciliens, avec leurs élus, avec les maires, avec les conseils généraux et le conseil régional. Mais je ne laisserai pas ce projet s'enliser. Je ne laisserai personne le bloquer. La situation de l'agglomération parisienne est devenue inacceptable. La dureté de la vie qu'elle impose à un trop grand nombre de ses habitants, les coûts humains, écologiques, sociaux qu'engendrent ses dysfonctionnements ne sont pas supportables. Il faut que Paris retrouve sa vitalité, son rayonnement, son attractivité, sa créativité, qu'elle redevienne pour le monde entier le symbole d'un art de vivre et la plus belle ville du monde, que de nouveau elle étonne, elle surprenne, elle fascine et que tous ceux qui l'habitent soient heureux et fiers d'y vivre. Nous en parlerons dès après les municipales. En 2008, la politique de civilisation s'exprimera dans l'action qui sera menée contre le cloisonnement et la bureaucratisation de la société à travers la poursuite de la réforme de l'Etat et de la réforme administrative, parce que la bureaucratisation porte une lourde responsabilité dans la déshumanisation de notre société. Au-delà des changements d'organisation, de méthodes, d'état d'esprit, un Défenseur des Droits fondamentaux doté de larges attributions sera créé pour permettra à chacun de disposer d'un recours efficace et pratique face à la mécanique anonyme de l'administration. Son rôle sera consacré par la Constitution. En 2008, la politique de civilisation s'exprimera dans la rénovation de l'audiovisuel public.D'abord bien sûr dans la réorganisation de l'audiovisuel extérieur qui est devenu absolument nécessaire. Mais je propose aussi que nous accomplissions une véritable révolution culturelle dans le service public de la télévision. Le service public existe parce qu'il a une mission particulière. Si les chaînes publiques fonctionnent selon les mêmes critères, selon les mêmes exigences, selon la même logique que les chaînes privées alors on ne voit pas très bien pourquoi il y a un service public. Le service public, son exigence, son critère, c'est la qualité. Sa vocation, c'est d'offrir au plus grand nombre un accès à la culture, c'est de favoriser la création française. Je ne veux pas dire que la télévision publique doit être élitiste ou ennuyeuse, mais seulement qu'elle ne peut pas fonctionner selon des critères purement mercantiles. Je souhaite donc que le cahier des charges de la télévision publique soit revu et que l'on réfléchisse à la suppression totale de la publicité sur les chaînes publiques qui pourrait être financé par une taxe sur les recettes publicitaires accrues des chaînes privées et par une taxe infinitésimale sur le chiffre d'affaire de nouveaux moyens de communication comme la téléphonie mobile et l'accès à Internet. Voilà une révolution qui, en changeant le modèle économique de la télévision publique, changera du tout au tout la donne de la politique culturelle dans la société de communication qui est la nôtre. En 2008, la politique de civilisation s'exprimera aussi dans la politique de santé, qui est l'une des valeurs fondamentales sur lesquelles repose notre idée de l'Homme. Il y a un sujet particulier qui a été évité depuis trop longtemps et qui ne peux plus l'être : je veux parler de l'hôpital où tant d'espoir, de sentiment et de dévouement se mêlent à la maladie et à la souffrance. L'hôpital est en déshérence. Je veux en faire l'une des priorités de 2008. Je veux que soit réglé le problème des 35 heures qui l'a si profondément désorganisé. Je souhaite qu'on en change la gouvernance, qui n'est plus adaptée aux réalités d'aujourd'hui. Je souhaite que l'on transforme des structures hospitalières sous-utilisées pour accueillir des personnes âgées qui ont du mal à trouver un hébergement adapté à leurs besoins. Je veux insister aussi sur la nécessité de garantir à tous un égal accès à des soins de qualité quels que soient les moyens de chacun, quel que soit le territoire ou le quartier où il habite. Il faut qu'un effort soit fait en faveur des services d'urgences, qu'on aide les jeunes médecins à s'installer dans les cantons ruraux et dans les banlieues, qu'on rémunère mieux les gardes… En 2008, la politique de civilisation s'exprimera dans la poursuite de la politique de revalorisation du travail. Car bien sûr la revalorisation du travail ce n'est pas seulement de permettre à chacun de travailler plus pour gagner plus.Le travail c'est une valeur. Le travail c'est ce par quoi chacun trouve sa place dans la société. C'est ce par quoi se tisse le lien social. Le travail ce n'est pas un asservissement, c'est un moyen de conquérir sa liberté, de s'émanciper. La revalorisation du travail, cela concerne aussi bien le salaire que l'école, la formation, la promotion sociale ou les conditions de travail.La revalorisation du travail, elle est dans la suppression de tous les obstacles qui empêchent ceux qui le veulent de travailler.Elle est dans l'assouplissement des règles du marché du travail et dans la sécurisation des parcours professionnels. Mais elle est aussi dans la réforme d'une fiscalité qui taxe le travail, qui le décourage.Elle est dans l'allégement des charges fixes qui transforment l'emploi en variable d'ajustement économique.Elle est dans la suppression de tout ce qui alourdit le coût du travail sans en accroître la rémunération et incite à le délocaliser.En 2008, la politique de civilisation s'exprimera dans la réforme des prélèvements obligatoires et dans le choix des principes sur lesquels elle sera fondée, dans la manière dont elle encouragera la prise de risque, l'effort, l'innovation, le développement durable, dans les idées de justice et de solidarité qu'elle reflètera.Je souhaite par exemple qu'un transfert de charges s'opère progressivement pour libérer le travail et pour taxer la pollution. En 2008, la politique de civilisation s'exprimera dans l'introduction de plus d'équité dans notre système économique et dans la volonté de faire en sorte que les salariés ne soient pas éternellement privés de la part qui leur revient dans les succès des entreprises. Elle s'exprimera dans le fait que les exonérations de charge seront conditionnées aux négociations salariales. Qu'on me prenne bien au sérieux quand je dis cela. J'irai jusqu'au bout parce qu'il n'est pas légitime, parce qu'il n'est pas acceptable, qu'une entreprise qui fait beaucoup de bénéficies ne récompense pas ses salariés. En 2008, la politique de civilisation s'exprimera dans notre capacité à mieux partager les rentes et les profits, à partager plus équitablement les résultats des efforts de tous. C'est pourquoi je veux aller aussi beaucoup plus loin en matière de participation et d'intéressement. Je veux créer les conditions réglementaires et fiscales pour que la participation et l'intéressement puissent s'étendre à toutes les entreprises, même à celles qui ont moins de 50 salariés qui doivent y être fortement incités. Je veux que les salariés puissent choisir librement entre l'intéressement qui est versé tout de suite et la participation qui reste bloquée un certain temps dans l'entreprise en contrepartie d'avantages fiscaux. Je veux que les programmes de stocks options et de distribution d'actions gratuites bénéficient à tous les salariés de l'entreprise et pas seulement à quelques-uns. Je veux que le niveau même de la participation et de l'intéressement aux résultats soit fortement relevé. Ce sera le gage d'un changement des mentalités et des comportements.Ce sera le moyen de rétablir l'équilibre entre le travail et la propriété, de réhabiliter l'entreprise, de réconcilier les salariés avec le capitalisme et avec l'économie de marché.Ce sera un moyen aussi d'augmenter le pouvoir d'achat sans ruiner la compétitivité de nos entreprises.Cette volonté d'aller beaucoup plus loin dans le partage des profits va de pair avec celle de promouvoir un capitalisme d'entrepreneurs et un capitalisme familial plus enracinés dans les territoires et dans la société, et dont les valeurs ne sont pas celles du capitalisme financier. Face à la montée en puissance de fonds spéculatifs extrêmement agressifs et de fonds souverains qui n'obéissent pas seulement à des logiques économiques, il n'est pas question que la France reste sans réagir. Il n'est pas question de laisser faire. La France doit protéger ses entreprises, leur donner les moyens de se défendre et de se développer. Je veux que la Caisse des Dépôts soit l'instrument de cette politique de défense et de promotion des intérêts économiques primordiaux de la nation. Je pense particulièrement à l'industrie.Parce que je suis convaincu qu'une France sans industrie, sans usine, sans ouvrier, serait une France appauvrie, non seulement économiquement mais aussi culturellement et moralement parce qu'il y a une morale ouvrière, parce qu'il y a une culture ouvrière et une culture industrielle qui font partie de notre identité. Tout ne peut pas être abandonné à un capitalisme financier livré à lui-même.Le capitalisme financier , je n'ai pas cessé de le répéter, a besoin d'être moralisé.Il ne peut s'accorder avec une économie de rente, de parachutes dorés et de spéculation. Quand j'ai voulu ouvrir ce débat, je me souviens du scepticisme qui a prévalu. Je me souviens avec quelle ironie cette initiative a été accueillie par certains. Je constate que depuis la crise des crédits immobiliers il y a moins de scepticisme. Beaucoup de pays se rallient désormais à l'idée que les choses ne peuvent plus continuer ainsi, que les valeurs fondamentales du capitalisme sont celles de l'effort, du travail, de l'entreprise et non celles de la spéculation, de la rente ou de l'aubaine, et qu'à travers les marchés financiers, l'actionnaire ne peut pas décider tout seul de la marche de l'économie.La libre concurrence n'est pas plus compatible avec les dumpings de toutes sortes que le capitalisme entrepreneurial n'est compatible avec la prise totale de pouvoir par la finance et la soumission de la logique de la production à la logique financière. Il n'est pas compatible non plus avec un calcul économique qui ne prend pas en compte l'épuisement des ressources terrestres, la pollution ou les dégâts humains. A la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU, j'ai appelé le monde à un New Deal économique et écologique. Au-delà de ce qu'elle décidera de faire pour elle-même, la France prendra cette année de nouvelles initiatives pour moraliser le capitalisme et notamment lors de la présidence française de l'Union Européenne qui débutera le 1er juillet. La présidence française de l'Union sera une autre occasion pour la France de pousser une politique de civilisation. Les citoyens de toute l'Europe réclament de la protection ; ils veulent que l'Europe les protège, non qu'elle les rende plus vulnérables. Ils veulent qu'elle leur permette d'agir, non qu'elle les oblige à subir. L'Europe a besoin d'une politique de civilisation.Elle a besoin de s'humaniser.Elle a besoin de se débureaucratiser. Elle a besoin de plus de politique et de moins de technocratie. C'est le but que la France s'est fixé et qu'elle a contribué à atteindre en proposant et en faisant adopter le Traité simplifié. Maintenant l'Europe a un cadre et des règles pour décider.A la fin de la présidence française, mon objectif est qu'elle ait avancé dans la voie d'une politique commune de l'immigration, d' une politique commune de la défense, d' une politique commune de l'énergie et d' une politique commune de l'environnement. La politique de civilisation, la France veut la promouvoir à l'échelle européenne et à l'échelle mondiale. Non pour imposer au monde un modèle de civilisation mais pour faire rayonner les valeurs universelles de paix, de justice, de liberté, de dignité de la personne humaine et de diversité. La politique de civilisation, la France veut l'opposer à la violence, au terrorisme, au fanatisme. Elle veut l'opposer au choc des civilisations et à la guerre des religions. Elle veut l'opposer à la destruction de la planète et au réchauffement climatique qui pourraient déstabiliser le monde, provoquer des exodes massifs de population et de terribles guerres de l'eau et de la faim. La politique de civilisation, la France veut la faire en oeuvrant pour la réforme des institutions multilatérales qui ont été forgées pour répondre aux besoins du monde de l'après-guerre et qui ne sont plus adaptées aux réalités et aux nécessités d'aujourd'hui. La France mettra tout en oeuvre pour que le G8 devienne progressivement un G13 en intégrant les grands pays émergents. La France mettra tout en oeuvre pour que l'Allemagne, le Japon, le Brésil, l'Inde et un grand pays africain deviennent membres permanents du Conseil de Sécurité parce qu'il n'est pas raisonnable que des continents entiers et en plein essor soient écartés des responsabilités qui leur reviennent dans la gouvernance mondiale.La France mettra tout en oeuvre pour que les missions du FMI et de la Banque Mondiale soient repensées pour pouvoir faire face aux déséquilibres qui menacent la stabilité mondiale. La France mettra tout en oeuvre pour que la mondialisation soit régulée à l'échelle planétaire et pour que la logique du commerce ne prenne pas systématiquement le pas sur toutes les autres. Je pense en particulier à la question de l'environnement et du réchauffement climatique. Je pense également au partage nucléaire civil entre tous les peuples parce que c'est un droit pour tous les peuples.La politique de civilisation, la France veut la faire en engageant une nouvelle politique de l'immigration qui permette la maîtrise en commun des flux migratoires par les pays d'accueil et les pays de départ. Elle veut la faire avec une politique d'immigration décidée ensemble et gérée ensemble.Avec une politique fondée sur des quotas fixés en fonction des capacités d'accueil et d'intégration qui évite tous les drames humains, tous les rejets, toutes les exclusions liés à une immigration non maîtrisée. La politique de civilisation, la France veut la faire avec l'Union pour la Méditerranée. Elle veut la faire en oeuvrant pour la reconnaissance mutuelle des droits du peuple palestinien et du peuple israélien. Elle veut la faire en mettant tout en oeuvre pour que le Liban voie son indépendance garantie, pour qu'il redevienne ce pays symbole de la diversité qu'il fut tout au long de son histoire.La diversité ce sera, j'en suis convaincu, l'une des grandes valeurs universelles de la civilisation du XXIe siècle.La politique de civilisation, la France veut la faire en restant fidèle à ses valeurs et à ses amis mais en parlant à tout le monde.Ce que nous avons voulu faire, c'est réaffirmer l'appartenance de la France au camp occidental, au camp des démocraties sans pour autant que la France accepte d'être inféodée à quiconque.Je l'ai dit au Congrès des Etats-Unis, la France veut être l'amie, l'alliée, le partenaire des Etats-Unis mais elle veut être "un ami debout, un allié indépendant, un partenaire libre". Ce que la France veut être, c'est un facteur d'équilibre. Ce que la France veut c'est conduire une politique de réconciliation, c'est dialoguer avec tout le monde parce que c'est en dialoguant avec tout le monde que l'on peut faire avancer la paix et la justice. C'est en parlant à tout le monde que la France est fidèle à elle-même. La politique de civilisation, la France veut la faire avec le co-développement.Elle veut faire de la Méditerranée le laboratoire du co-développement sans lequel aucune maîtrise des flux migratoires ne sera possible, sans lequel aucune paix durable ne sera envisageable. Ce que nous voulons faire partout, ce que nous avons commencé à faire, c'est au fond une politique de réconciliation. Ce que nous voulons faire, c'est réconcilier les Français avec eux-mêmes, avec le monde, avec la modernité. C'est réconcilier tous les peuples entre eux.C'est réconcilier l'Homme avec la nature.Ce que nous voulons faire, c'est contribuer à l'émergence d'une nouvelle civilisation mondiale dont l'idéal sera le mieux vivre ensemble. Mesdames et Messieurs, Le soir du 31 décembre, en présentant mes voeux aux Français je leur ai dit mon intention de mettre en oeuvre une politique de civilisation pour que la France soit l'âme de la nouvelle Renaissance dont le monde a besoin. Je sais que cette politique de civilisation a suscité chez un grand nombre d'entre vous nombre d'interrogations. Eh bien je suis heureux que cette rencontre me donne l'occasion d'y répondre, car il ne s'agit pas pour moi d'une formule de circonstances mais d'une conviction profonde et d'un engagement fort. Cette conviction je l'ai exprimée durant la campagne présidentielle, et cet engagement je l'ai pris devant les Français, et j'ai bien l'intention de le tenir. J'ai été élu en promettant un changement en profondeur. J'ai été élu en promettant une véritable rupture avec les habitudes de pensée, avec les comportements, avec les idées du passé qui ont conduit notre pays dans la situation où il se trouve. J'ai été élu au terme d'une campagne dans laquelle les valeurs ont tenu une place centrale alors que depuis des décennies il n'était quasiment plus possible d'évoquer les valeurs dans le débat politique. Dans cette campagne j'ai parlé de la vie, de la morale, de l'autorité, de l'identité, de la culture, de l'intégration, du civisme. Mais j'ai aussi parlé de l'amour, de l'ouverture aux autres, de l'humanisme. J'ai parlé du respect, du respect de soi, du respect des autres, du respect de la différence et j'ai parlé de la diversité. J'ai parlé de ce que nous voulons transmettre à nos enfants. J'ai dit la nécessité de leur faire aimer ce qui est grand, ce qui est beau.J'ai voulu remettre l'Homme au coeur de la politique. Alors si la politique n'exprime pas l'idée que nous nous faisons de l'Homme, de sa liberté, de sa responsabilité, de sa dignité, qu'exprime-t-elle donc, la politique ? Et comment peut-elle changer le monde ? Comment peut-elle le rendre meilleur ? Comment peut-elle contribuer à rendre les hommes un peu plus heureux et leur vie un peu moins dure ? Comment la politique peut-elle faire qu'il y ait un peu moins de violence, un peu moins d'injustice, un peu moins de misère, un peu moins de souffrance si la politique n'est pas animée par le souci constant d'un idéal humain ? Et pendant la campagne présidentielle c'est bien cette question d'idéal humain qui a été posée par la plupart des candidats, chacun à leur manière. Et si les choses se sont déroulées ainsi c'est parce que les Français aspiraient à ce que le débat politique change profondément de nature. C'est parce que les Français estimaient que la politique n'allait plus suffisamment au fond des choses, et qu'au fond, la politique ne disait plus rien sur l'essentiel. Tout sur la technique, tout sur le quantitatif, rien sur l'essentiel.Et la défiance des Français vis-à-vis de la politique qui s'était accrue au fil du temps au point de miner notre démocratie n'était au fond pas due à autre chose qu'à ce sentiment que la politique était devenue impuissante ! Et pourquoi était-elle devenue impuissante ?Pour une raison simple.C'est que la politique ne remontait jamais aux causes réelles des problèmes, puisqu'elle se cantonnait à la gestion et aux conséquences des problèmes.Elle ne s'intéressait pas à ce qui détermine la vie des gens, le sentiment de leur accomplissement personnel. Eh bien la politique de civilisation, c'est la politique de la vie.Edgar Morin a dit que c'était une "politique de l'homme". La politique de civilisation, c'est la politique qui est nécessaire quand il faut reconstruire des repères, des normes, des règles, des critères. Eh ben c'est pas la première fois que cette nécessité s'impose dans notre pays. La nécessité de reconstruire des règles, des repères, des normes, s'est imposée dans notre pays à chaque fois qu'un grand choc politique, économique, technologique, scientifique est venu ébranler les certitudes intellectuelles, morales, les institutions, les modes de vie, et Dieu sait que les certitudes, il y en avait ! Ce fut le cas avec la Renaissance.Et tout d'un coup, dans un pays miné, les gens se sont dit : eh bien c'est possible !Ce fut le cas à la fin du XVIIIe siècle, au début du XIXe avec les Lumières. Ce fut le cas avec la Révolution industrielle à la fin du XIXe et au début du XXe. Ce fut encore le cas dans l'immédiate après-guerre, après la grande crise de civilisation des années 30 et 40. La Déclaration des droits de l'Homme, qu'est-ce que c'est, si ce n'est le fruit d'une politique de civilisation ? L'école de Ferry, c'est une politique de civilisation. La laïcité, ce fut le fruit d'une politique de civilisation. La sécurité sociale, le droit du travail, le service public, ce furent les fruits d'une politique de civilisation. A chaque époque, les réponses sont différentes mais le défi est toujours le même : comment réconcilier l'ordre et le mouvement, comment réconcilier l'identité, qu'on doit défendre, et la modernité qu'on doit épouser ?Comment aider le monde nouveau à naître et à s'organiser quand l'ancien n'a pas encore fini de se désagréger ?Comment réhumaniser la société ?Comment permettre à l'Homme de reprendre le dessus ? Comment mettre le changement indispensable au service de cet homme, et comment s'approprier les nouveaux savoirs ?Ce sont des questions éternelles auxquelles il convient que nous répondions aujourd'hui.Alors aujourd'hui il nous faut reconstruire notre rapport au temps et à l'espace, notre rapport aux autres, et à nous-mêmes, bouleversés par la globalisation, bouleversés par la technique, bouleversés par la science. Nous avons à combattre les dérapages et les excès de notre propre civilisation dont les principes, les valeurs, les institutions ne suffisent plus à répondre aux besoins que notre propre civilisation a engendrés. Voici à mon sens les questions essentielles !Edgar Morin, encore lui, a dit que les impératifs aujourd'hui d'une politique de civilisation sont le ressourcement identitaire, savoir qui nous sommes, c'est pas anecdotique de réfléchir à qui nous sommes.La moralisation La solidarité, la convivialité, qu'il oppose aux maux de notre temps qu'il définit comme l'isolement, le cloisonnement, l'anonymat, la dégradation de la qualité de la vie, l'irresponsabilité. Eh bien ces objectifs, je les fais miens. Après des décennies de réformes différées, de réformes manquées, Après des décennies de pensée unique qu'il aurait été si confortable de continuer ! De conservatisme, de chômage de masse, de relâchement dans lien social, de recul de la promotion sociale, de stagnation des salaires, de dévalorisation du travail, de déficits et d'endettement, l'urgence est partout.Et je m'étonne qu'on puisse se demander si on va trop vite, alors que j'ai tellement conscience de l'impatience des Français. D'ailleurs les mêmes qui nous demandent un bilan tout de suite et des résultats tout de suite sont les mêmes qui nous décrivent comme trop pressés, trop impatients.Faut savoir.Les Français n'en peuvent plus d'attendre. Eh bien c'est avec François Fillon et son gouvernement avec la majorité, que nous nous efforçons de répondre à cette urgence. Alors dans la période où nous sommes, si on ne veut plus avoir le sentiment de subir, si on veut en finir avec une société, et c'est grave, où les enfants ont le sentiment qu'ils vont vivre moins bien que leurs parents, ce qui est très exactement le contraire du progrès et ce qui est nouveau car ce n'est sans doute jamais arrivé dans notre pays.alors il faut aussi inscrire la politique dans la longue durée et dans la profondeur d'un projet de civilisation. C'est ce que je souhaite faire en 2008. Non pas pour m'éloigner des problèmes de vie quotidienne, ou pour faire oublier les difficultés qui assaillent les Français qui seraient tellement compliquées à résoudre, mais au contraire je veux y revenir. Mais je veux y revenir en nous donnant des chances de gagner, pas en faisant comme les autres pour échouer !Parce que c'est quand même ça !Si les autres ont échoué, c'est pas parce qu'ils étaient plus mauvais.C'est parce que la stratégie n'était pas la bonne.Et nous voulons épouser une autre stratégie.Portée par un projet de civilisation.Justement parce que nous voulons réussir !Alors bien sûr c'est l'environnement, la santé, l'urbanisme, l'architecture, l'école, la protection sociale, la revalorisation du travail. Mais regardez : croyons-nous que la maladie d'Alzheimer, la dépendance, la dépression, le malaise des banlieues, l'intégration ou le chômage des jeunes ne sont pas des problèmes posés à notre civilisation et qui exigent autre chose pour être résolus que quelques mesures de gestion ou quelques crédits supplémentaires ? Qui peut penser que si on met 3% de plus ici on va résoudre ces problèmes ?Qui osera le dire comme ça aux Français ?Alors que ça fait trente ans qu'on fait comme ça et que ça ne marche pas.Et qui peut me demander de conduire avec François Fillon la même politique ?Monsieur le Président, encore quelques crédits supplémentaires !Pour quels résultats, aussi peu que les autres ?Les autres ont pas échoué parce qu'ils étaient de gauche, ou parce qu'ils étaient de droite.Parce qu'ils n'avaient pas de talent.Ils avaient du talent !Ils avaient des convictions, et ça a pas marché.J'ai été élu pour que ça marche donc il faut pas m'en vouloir de vouloir une autre stratégie.Parce que j'essaye avec cela de nous donner des marges qui n'existaient pas pour les autres. Alors croyons-nous que la révolution numérique ou celle des biotechnologies n'appellent pas à une transformation de la civilisation ?Croyons-nous que la civilisation peut sortir indemne indemne des dérives du capitalisme financier ou du réchauffement climatique ? Et qui ne voit que la culture commune ou la morale partagée, qui nous permettent de nous parler, de nous comprendre voire, mesdames et messieurs de nous supporter (là je parle pour vous) sont des valeurs de civilisation qui conditionnent notre vie quotidienne ? Qui ne voit qu'à la violence, l'insécurité, la peur de l'autre qui engendrent le rejet, l'exclusion et le repli sur soi, eh bien nous devons opposer la politesse qui est une forme de respect, l'autorité qui est l'expression d'une légitimité, l'éducation qui socialise et qui émancipe ? Qui ne comprend que pour retrouver la foi dans l'avenir, retrouver le goût de vivre ensemble, pour créer du mieux-être et du mieux vivre, et même pour augmenter le pouvoir d'achat pour réduire le chômage et la précarité, il ne nous faut pas seulement gérer mieux mais d'abord changer nos façons de produire, de travailler, d'apprendre et de vivre ? C'est le coeur d'un projet de civilisation.Sinon on n'y arrivera pas. Eh bien en 2008, cette politique de civilisation elle s'exprimera d'abord dans la volonté de faire de notre démocratie une démocratie irréprochable.Grâce à la réforme de nos institutions que je souhaite ambitieuse, inspirée qu'elle est par les travaux de la commission présidée par Edouard Balladur.Il faut cesser de parler d'un meilleur équilibre des pouvoirs et décider de revaloriser le rôle du Parlement.Et le rôle du Parlement il sera revalorisé par les initiatives très importantes que nous prendrons sur l'ordre du jour.On n'a jamais vu un Parlement qui gagne de l'autonomie et du pouvoir sans pouvoir maîtriser [... ] son ordre du jour et en donnant aux citoyens des libertés nouvelles. Mais s'en tenir à la seule modernisation des règles et des procédures ne sera pas suffisant.Il me semble que le moment est venu d'ajouter aux droits fondamentaux qui forment le socle de notre République les nouveaux droits que notre époque appelle. Après la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen de 1789, après le Préambule de 1946 sur les droits sociaux, auxquels il ne faut pas toucher parce que ce sont des grands textes universels, je souhaite que le Préambule de notre Constitution soit complété pour garantir l'égalité de l'homme et de la femme, pour assurer le respect de la diversité, et ses moyens, pour rendre possibles de véritables politiques d'intégration, pour répondre aux défis de la bioéthique. J'ai demandé à Madame Simone Veil, dont tout le monde connaît la hauteur de vue, de présider la commission qui sera chargée de rédiger un projet de texte. Elle l'a accepté je lui en suis infiniment reconnaissant, car nul n'était plus qualifié qu'elle pour accomplir une tâche aussi délicate et aussi fondamentale. Il s'agit que sur les problèmes philosophiques, moraux, éthiques, posés par la modernité, notre Constitution soit en avance sur notre temps, et non pas en retard et comme ce fut si souvent le cas jadis, que la France, patrie des Droits de l'Homme montre la voie à tous les Hommes. Et peut-être que depuis soixante ans il s'est passé suffisamment de choses pour qu'on écrive ces nouveaux droits et ces nouvelles questions. Et c'est avec la même volonté de mettre en oeuvre une politique de civilisation que je souhaite engager une réflexion sur les moyens d'échapper à une approche trop quantitative, trop comptable de la mesure de nos performances collectives. Car si nous restons prisonniers de la vision restrictive du PNB, nous ne pouvons pas espérer changer nos comportements et nos façons de penser. Si les critères, si les indicateurs de la richesse restent les mêmes, comment allons-nous changer notre façon de produire et notre façon de réfléchir ?Pour tout changer nous avons besoin d'abord de changer nos critères de jugement, nous avons besoin de prendre en compte la qualité et pas seulement la quantité. Si nous voulons favoriser un autre type de croissance il faut changer notre instrument de mesure de la croissance. Là encore la France veut donner l'exemple en prenant l'initiative de réunir un groupe d'experts internationaux de très haut niveau pour réfléchir aux limites de la comptabilité nationale et du PNB et à la meilleure manière de les surmonter pour que la mesure du progrès économique soit plus complète. Pour qu'elle prenne mieux en compte les conditions réelles et la qualité de vie des Français qui n'en peuvent plus de l'écart grandissant entre des statistiques qui affichent un progrès continu et des difficultés croissantes qu'ils éprouvent dans leur vie quotidienne. Ca mine la confiance, car plus personne ne croit dans les statistiques.Deux prix Nobel d'économie qui ont beaucoup travaillé sur ces questions ont accepté de conduire cette réflexion. Armatya Sen a accepté de m'apporter ses conseils et Joseph Stiglitz de présider le comité d'experts. Je les en remercie. Leurs compétences internationales seront extrêmement précieuses pour la définition de ces nouveaux critères. 2008, ça sera l'année de la mise en oeuvre de ce qui a été décidé lors du Grenelle de l'environnement, ce sera le commencement de la construction d'une autre croissance, d'un autre modèle de développement, ce sera l'amorce d'un changement profond dans notre civilisation, dans son rapport à la nature, dans l'idée qu'elle se fait de sa responsabilité vis-à-vis de la planète, et même vis-à-vis des générations futures. Dans cet esprit, si la Haute Autorité qui se prononce demain soulève des doutes sérieux sur les OGM actuellement cultivés en France, je suis disposé à recourir à la Clause de sauvegarde, jusqu'à ce que la Commission européenne tranche le problème. Je ne souhaite pas d'ailleurs que la loi OGM soit discutée dans l'urgence. Il faut pas se tromper sur ce que nous avons voulu faire avec François Fillon et Jean-Louis Borloo.Le Grenelle de l'Environnement, c'est un tournant politique majeur.Ce n'est pas une opération de communication.Le Grenelle de l'Environnement sera respecté scrupuleusement.Il en va de la crédibilité de l'état et de la politique. En 2008, la politique de civilisation s'exprimera dans l'école.L'année dernière j'ai écrit à tous les éducateurs de France pour leur présenter le projet éducatif que j'avais placé au coeur de ma campagne. Eh bien c'est le moment de le mettre en oeuvre. Beaucoup de changements ont été accomplis dans l'école en 2007. Maintenant il s'agit d'aller au fond des choses, c'est-à-dire de s'occuper de ce que l'on veut enseigner à nos enfants, de ce qu'on veut leur transmettre comme connaissances, comme valeurs, comme culture, bref de fixer quel idéal humain nous voulons leur proposer et d'organiser les études, les programmes, les rythmes, la formation des enseignants pour y parvenir. La lettre aux éducateurs, c'est exactement pour moi l'illustration de ce que peuvent être les objectifs d'une politique de civilisation. Je m'impliquerai dans la mise en oeuvre des orientations que j'ai définies dans cette lettre pour bâtir une école du savoir, de la civilité, du respect et de la culture. Une école où l'on inculque le goût d'apprendre, la curiosité intellectuelle, l'ouverture d'esprit, le sens de l'effort et du travail de la pensée mais aussi le respect de l'autorité du professeur la politesse, où l'on enseigne le civisme. Nous donnerons avec François Fillon et Xavier Darcos la priorité à l'école primaire que l'on a trop longtemps délaissée sans voir que son affaiblissement était la cause principale des difficultés croissantes du collège. S'attaquer aux problèmes du collège c'est bien, mais si on continue à laisser sortir tant d'enfants du primaire accumulant déjà des échecs, comment voulez-vous que le collège puisse s'en sortir ?Cette politique prendra du temps, du temps pour être mise en oeuvre, du temps pour produire ses effets. Mais le rapport de nos enfants à la culture, au savoir, à la pensée est ce qu'il y a de plus essentiel pour l'avenir. C'est à l'école que se construira la société et la civilisation de demain. Alors quelles que soient les difficultés nous n'avons pas le droit de reculer. Il y a eu dans le passé trop d'abandons, trop de renoncements pour reculer encore. Alors à force de reculer on va finir par arriver au point de départ !Mais c'est plus possible !Le débat de l'école peut pas se réduire à la seule question du statut !Le statut c'est important.Mais enfin quand même le contenu d'un politique éducative, de ce qu'on enseigne à l'école, de ce qu'on attend pour nos enfants de l'école, ça n'appartient pas qu'aux seuls professionnels, ça appartient à tout le monde !Et nous devons prendre des engagements et obtenir des résultats. Je veux que l'école redevienne l'affaire de tous et non pas seulement des spécialistes.L'école doit être remise au coeur de la politique comme elle l'était jadis au lieu d'en être tenue à l'écart comme si c'était un sujet trop compliqué pour que la politique ou trop risqué attends, n'en parle pas s'il te plaît, c'est... on va avoir une manifestation Ben voilà très bien !Ben à force de pas en parler, on n'en parle pas et on a une manifestation.Beau résultat !Avec un malaise considérable des enseignants qui sont d'un dévouement remarquable et qui ont un problème identitaire constant, et dont je n'observe pas que les manifestations le règlent.Voilà.Si c'était le cas, avec toutes les manifestations que tous les gouvernements ont eues, ils devraient être au nirvana du bonheur !Donc il est venu le temps d'aller au fond des problèmes sur cette question. En 2008, la politique de civilisation s'exprimera dans la profonde rénovation de nos universités. Valérie Pécresse.On a dégagé avec François Fillon des moyens considérables, considérables, pour combler un retard accumulé depuis des décennies, et qui ont mis nos universités, pardon de le dire comme ça, dans un état de délabrement. Et ce n'est faire insulte à personne.Les enseignants sont plus victimes que coupables dans cette affaire.Mais un état de délabrement.Et bien nous devons refaire des universités où l'on a envie d'étudier, où on a les moyens d'étudier. Nous devons faire des campus qui soient des lieux de convivialité et d'effervescence intellectuelle. Nous devons offrir à nos étudiants un cadre et des conditions de vie à la hauteur de l'idée que nous nous faisons de la place du savoir dans notre civilisation. Eh bien en 2008, nous sélectionnerons les dix premiers grands projets de rénovation universitaire qui témoigneront de l'ambition de notre politique dans ce domaine. Parce que j'ai bien conscience qu'il y a pas un gouvernement qui dit : non vraiment, l'université c'est pas ma priorité.Ils disent tous ça.Et à l'arrivée qu'est-ce qu'on voit ?Rien.Eh bien en 2008 on lancera les dix premiers grands projets de rénovation.Au moins, on verra.Et on verra des résultats concrets. La politique de civilisation en 2008 s'exprimera dans une politique de la jeunesse parce que notre société ne fait pas à sa jeunesse la place qui devrait lui revenir. Elle ne lui donne pas les moyens de son autonomie, de son intégration. En traitant si mal sa jeunesse, notre société sacrifie son avenir. Alors on va sortir de l'immobilisme, sortir de la société des avantages acquis et des rentes de situation. Touche pas à mon avantage !Touche pas à ma rente !Touche à rien et change tout !Comment on fait ?Je veux que la rupture permette de mettre en oeuvre ce projet de civilisation. Que nous exprimons aussi dans la politique qui prendra à bras-le-corps le malaise des banlieues.Cette politique, nous en parlerons au début du mois de février.Ce sera une politique d'intégration, une politique qui concernera avant tout les personnes, qui les soutiendra, qui donnera à tous ceux qui veulent s'en sortir les moyens de le faire, à ceux qui subissent des handicaps particuliers de les compenser, à ceux que la vie a éprouvés de surmonter les épreuves qu'ils ont subies.Ce sera une politique de l'égalité des chances, qui aura pour ambition que chaque jeune des quartiers en difficulté reçoive une formation.Chaque jeune à qui l'état donnera le droit à une formation devra respecter des devoirs.Pas de droits sans devoirs. On mettra la République non seulement dans les territoires, on les mettra dans les personnes.Au service des personnes.Ce sera une politique qui ne sera pas séparable de la rénovation de l'école, de la modernisation du service public, de l'accompagnement des chômeurs, de la sécurisation des parcours professionnels, de la politique du logement, des conséquences du Grenelle de l'environnement.C'est une politique qui sera concernée par la réponse que notre société apportera à des questions fondamentales, comme celle de savoir comment redonner une chance à celui qui a subi un échec.Fantastique notre société qui se méfie du succès suspect à tout point de vue.Et qui est à ce point fascinée par l'échec qu'elle le considère comme insurmontable.Alors voilà, c'est pas bien de réussir parce que c'est suspect.Et forcément que la réussite, y a un truc qui est louche.Et en même temps, celui qui échoue, celui-là on lui donne pas une nouvelle chance. Mais comment on fait, si on peut ni échouer, et s'en sortir et rebondir, ni réussir ? Peut-on d'ailleurs poser le problème du malaise des banlieues sans poser celui de la ville, Le problème de la ville, je veux le poser en 2008, lui aussi non comme un simple problème de gestion mais comme une question de civilisation. C'est un problème qui s'est posé à chaque fois que le rapport de l'Homme à l'espace et au temps s'est trouvé bouleversé. C'est un problème, la ville, que notre civilisation n'a pas su maîtriser. Quelle ville devons-nous nous efforcer de construire, en ce début du XXIe siècle ?C'est un sujet politique majeur.Eh bien je voudrais que nous apportions à cette question une réponse française. Quelle est la ville dans lequel nous voulons vivre ? Et c'est la raison pour laquelle j'ai lancé la réflexion sur le Grand Paris, je veux dire par là la grande métropole que constitue l'agglomération parisienne, qui doit être considérée dans sa globalité parce que l'agglomération parisienne forme un tout. Cette réflexion ne doit pas être engagée d'abord sous l'angle des institutions, sous l'angle de la gouvernance, mais pardon peut-être de vous surprendre mais sur l'angle de l'urbanisme, sous l'angle de l'architecture, de la sociabilité, de la convivialité, de la qualité de la vie, de la place de l'Homme dans la ville. Je veux faire de ce chantier le laboratoire de la modernité humaine. Je veux qu'il soit l'occasion de remettre la France au premier rang en matière d'urbanisme et d'architecture. L'urbanisme et l'architecture sont des leviers profonds d'une politique de civilisation, on n'en parle jamais !Reprenez les débats des trente dernières années politiques en France, jamais il est question d'architecture dans la politique ou d'urbanisme.Je vais m'impliquer personnellement dans ce chantier. Alors naturellement tout sera fait en concertation, en association avec les Franciliens, avec leurs élus, avec les maires, avec les conseils généraux, avec le conseil régional. Mais je vais dire une chose : je ne laisserai pas ce projet s'enliser. Je ne laisserai personne le bloquer. La situation de l'agglomération parisienne est devenue inacceptable. Inacceptable.La dureté de la vie qu'elle impose à un trop grand nombre de ses habitants, les coûts humains, les coûts écologiques, les coûts sociaux qu'engendrent ses dysfonctionnements ne sont pas supportables. Paris doit retrouver sa vitalité, son rayonnement, son attractivité, sa créativité, Paris doit redevenir pour le monde entier le symbole d'un art de vivre, de la plus belle ville du monde, que de nouveau elle étonne, elle surprenne, elle fascine. Eh bien la politique de civilisation s'exprimera sur une ambition architecturale majeure en la matière. Nous mènerons également une action contre le cloisonnement et la bureaucratisation de la société à travers la poursuite de la réforme de l'Etat et la réforme administrative. Mais la politique de civilisation va s'exprimer dans une rénovation sans précédent de l'audiovisuel public. Sans précédent.Au moins y avait une attente. D'abord bien sûr dans la réorganisation de l'audiovisuel extérieur, qui est devenu, Christine Albanel et Bernard Kouchner ne le démentiront pas, absolument nécessaire. Mais je propose aussi que nous accomplissions une véritable révolution culturelle dans le service public de la télévision. Le service public existe parce qu'il a une mission particulière. Si les chaînes publiques fonctionnent selon les mêmes critères, selon les mêmes exigences, selon la même logique que les chaînes privées alors on ne voit pas très bien d'ailleurs on voit vraiment pas très bien pourquoi il y aurait un service public. Pardon, c'est très original ce que je dis, mais je le pense.Le service public, son exigence, son critère, c'est la qualité. Sa vocation, c'est offrir au plus grand nombre un accès à la culture, c'est de favoriser la création française. Je ne veux pas dire que la télévision publique doit être élitiste ou ennuyeuse, y a quand même un gap. Mais seulement qu'elle ne peut pas fonctionner, la télévision publique, selon des critères purement mercantiles.Je souhaite donc que le cahier des charges de la télévision publique soit revu.Profondément.Et que l'on réfléchisse à la suppression totale de la publicité sur les chaînes publiques qui pourrait être financée par une taxe sur les recettes publicitaires accrues des chaînes privées et par une taxe infinitésimale sur le chiffre d'affaire de nouveaux moyens de communication comme l'accès à l'Internet ou la téléphonie mobile. Voilà une révolution qui en changeant le modèle économique de la télévision publique, changera du tout au tout la donne de la politique culturelle dans la société de communication qui est la nôtre. Il faut savoir ce qu'on veut.On veut changer où on veut continuer.Je veux changer.Et je changerai sans tabou.Et nous aurons des résultats.Et nous assumerons les conséquences de ces choix stratégiques.Il me plaît beaucoup que la gauche qui n'a jamais osé faire cela qui en a toujours parlé sans en tirer aucune conséquence regarde ce que c'est qu'un gouvernement qui décide d'un certain nombre de priorités. Mais la politique de civilisation s'exprimera bien sûr dans la politique de santé, qui est l'une des valeurs fondamentales sur lesquelles repose notre idée de l'Homme.Et il y a un sujet particulier qui a été évité depuis trop longtemps et qui ne peut plus l'être.Merci à François Fillon et à Roselyne Bachelot de s'en occuper.C'est l'hôpital.Bon, personne ne veut toucher à l'hôpital.Mais enfin l'hôpital, y a tant d'espoir, y a tant de dévouement.Il y a un million de personnes qui se consacrent à la maladie, à la souffrance, à la misère, et on regarde le problème de l'hôpital s'aggraver chaque jour un peu plus sans qu'on ne fasse rien. Eh bien de même que j'ai employé un mot fort pour les universités, je veux le dire, malgré le dévouement et la compétence des médecins, des équipes paramédicales, l'hôpital est en déshérence. Et les 35 heures lui ont porté le coup de grâce. Voilà.Eh bien on va en 2008 changer la gouvernance de l'hôpital. De fond en comble.Parce que l'hôpital n'est plus gouverné.Parce que dans l'hôpital aujourd'hui, chacun a suffisamment de pouvoir pour dire non et personne n'a du pouvoir pour dire oui.Je souhaite que l'on transforme les structures hospitalières sous-utilisées pour accueillir des personnes âgées qui ont du mal à trouver un hébergement adapté à leurs besoins. Je veux insister sur la nécessité de garantir à tous un égal accès à la qualité des soins quels que soient les moyens de chacun, quel que soit le territoire ou quel que soit le quartier. Il faut qu'un effort soit fait en faveur des services d'urgences, qu'on aide les jeunes médecins à s'installer dans les cantons ruraux et dans les banlieues, et qu'on arrête d'avoir les mêmes médecins installés dans les mêmes quartiers. Bien sûr qu'en 2008, nous poursuivrons la politique de revalorisation du travail. Parce que le travail c'est une valeur essentielle. C'est ce par quoi chacun trouve sa place dans la société. C'est ce qui tisse du lien social. Le travail ce n'est pas un asservissement, le travail c'est une émancipation.Le travail c'est un moyen de conquérir sa liberté. J'aurai l'occasion certainement de répondre à vos questions sur le sujet. En 2008, nous introduirons davantage d'équité dans notre système économique et dans la volonté, je pèse mes mots, de faire en sorte que les salariés ne soient pas éternellement privés de la part qui leur revient dans le succès des entreprises. Y a un problème, hein.Quand les entreprises ont du succès, il faut rééquilibrer la répartition des conséquences du succès entre les actionnaires et les salariés.C'est la politique que nous porterons.Que les actionnaires soient récompensés de leur investissement, c'est très bien.Mais ça ne peut pas être l'alpha et l'omega.Les salariés doivent avoir la juste récompense de leurs efforts.Eh bien les exonérations de charge seront conditionnées aux négociations salariales. Et j'aimerais que l'on me prenne bien au sérieux quand je dis cela. Ce n'est pas une pétition de principe.Avec le Premier Ministre et le Ministre des Finances, nous irons jusqu'au bout parce qu'il n'est pas légitime, parce qu'il n'est pas acceptable, qu'une entreprise qui fait beaucoup de bénéfices ne récompense pas ses salariés. On en a parlé en 2007, nous le ferons en 2008. Je ne serai prisonnier d'aucun lobby.Je veux être le président de tous les Français.Et je sais parfaitement qu'on m'attend sur ce rendez-vous.Personne ne sera déçu.Les pour comme les contre. En 2008, la politique de civilisation s'exprimera dans notre capacité à mieux partager les rentes et les profits, à partager plus équitablement les résultats des efforts de tous. C'est pourquoi nous allons aller beaucoup plus loin en matière de participation et d'intéressement.Nous allons créer les conditions réglementaires et fiscales pour que la participation et l'intéressement puissent s'étendre à toutes les entreprises, toutes, même à celles qui ont moins de 50 salariés et pour cela nous sommes prêts avec le Premier Ministre à avoir un impôt sur les bénéfices différencié pour les entreprises de moins de 50 salariés qui se lanceraient dans la participation et dans l'intéressement. Je veux que les salariés puissent choisir librement entre l'intéressement qui est versé tout de suite et la participation qui reste bloquée un certain temps en contrepartie d'avantages fiscaux. Je veux que les programmes de stocks options et la distribution d'actions gratuites bénéficient à tous les salariés de l'entreprise et pas seulement à quelques uns. Si quelques uns veulent en profiter, pas de problème !Tous les autres en profiteront aussi. Je veux que le niveau même de la participation et de l'intéressement aux résultats soit fortement relevé.On verra, mais enfin, un doublement, voire un triplement, de la réserve de participation, c'est pas quelque chose qui me choquerait.Là aussi, hein, mesdames et messieurs, ça fait des années qu'on parle de participation.Eh bien il est venu le temps de la faire.Et de la faire de façon significative, lourde, ambitieuse.Pour qu'enfin les gens y croient.Et que ça ne soit pas un de ces marronniers de la vie politique qu'on trimbale de majorité en majorité, sans prendre la mesure du problème.A force de dire qu'il y a des risques, à force de dire qu'il faut attendre, plus personne n'y croit.Et on a tous les inconvénients sans aucun des avantages.Et en plus on tue l'idée !Eh bien si l'idée est bonne, on la met en oeuvre.Si l'idée n'est pas bonne, on l'arrête.Mais on continue pas avec une dose homéopathique.Parce qu'avec la dose homéopathique les Français ont le sentiment d'être grugés.Et nous nous voulons que les Français aient confiance.Donc on va se donner des marges de manoeuvre, on va aller beaucoup plus loin, et beaucoup plus fort.J'ajoute que j'attends les critiques avec intérêt.Quand nous avons proposé avec François Fillon le déblocage des fonds de participation, on m'a dit : oh la la !c'est dramatique !Tu empêches les entreprises de se défendre.Ok.Maintenant qu'on propose le doublement ou le triplement des fonds de participation, les mêmes ne vont pas me dire qu'on en fait trop !Enfin bon, la cohérence c'est pour tout le monde. Et cette volonté d'aller beaucoup plus loin dans le partage des profits va de pair avec celle de promouvoir un capitalisme d'entrepreneurs et un capitalisme familial plus enracinés dans les territoires. Alors face à la montée en puissance de fonds spéculatifs extrêmement agressifs et des fonds souverains qui n'obéissent à aucune logique économique, il n'est pas question que la France reste sans réagir. Il n'est pas question de laisser faire. La France assume le choix politique stratégique de protéger ses entreprises, de leur donner les moyens de se défendre, et de se développer. Eh bien la Caisse des Dépôts nous allons en faire un instrument de cette politique de défense et de promotion des intérêts économiques primordiaux de la nation. Et qu'on arrête d'opposer cette volonté industrielle qui est la nôtre avec le libéralisme, c'est absurde ! Tous les pays, y compris les plus libéraux, lorsqu'il s'agit de défendre leurs intérêts, ils le font avec acharnement, et ils ont raison !Si les Américains ne défendent pas leurs intérêts, qui le fera ?Personne !Et nous, on aurait l'air parfaitement ridicules d'être moins libéraux que les autres et de surcroît, de moins défendre nos intérêts.On peut être parfaitement libéral, croire à l'économie de marché, et dire : nos entreprises, on va les défendre !On va pas soutenir des entreprises qui ont aucune chance.Mais moi je me souviens du débat sur Alsthom. J'en ai entendu qui faisaient des éditoriaux à l'époque.Ils ont été plus discrets par la suite.Et Alsthom c'est aujourd'hui une des plus belles réussites industrielles françaises.Et j'ai encore en travers de la gorge Péchiney.Oui.Ce grand de la chimie qui a disparu sans que personnne ne lève le petit doigt.C'est pas ma conception d'une politique industrielle dans un pays comme le nôtre.On peut pas défendre toutes les entreprises, on peut pas défendre tous les métiers, on peut pas défendre toutes les industries, mais on ne peut pas se retrouver avec des fonds spéculatifs qui s'abattent sur une entreprise, qui la dépècent, qui la vendent.Et nous on dit c'est la mondialisation, on n'y peut rien.C'est pas vrai !Les autres se défendent, on va se défendre.Et la caisse des dépôts va trouver une véritable stratégie Bien sûr, avec son indépendance, mais enfin une véritable stratégie. Le capitalisme financier a besoin d'être moralisé.Quand j'ai dit ça la première fois, je me souviens du scepticisme. Eh bien maintenant, depuis la crise des subprimes, il y a moins de scepticisme, et nous avons pu adresser une lettre commune, Madame Merkel, Monsieur Brown, et moi-même. Et qu'il le voie qu'on ne peut pas continuer comme cela, la France prendra des intiatives. La libre concurrence, je le dis comme je le pense. n'est plus compatible avec les dumpings de toutes sortes.Là aussi, nous prenons des initiatives.On ne peut pas continuer.La réciprocité doit devenir la règle. A la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU, j'ai appelé le monde à un New Deal économique et écologique. La France prendra cette année de nouvelles initiatives pour moraliser le capitalisme et notamment lors de la présidence française de l'Union Européenne qui débutera le 1er juillet. D'ailleurs cette présidence sera une autre occasion pour la France de pousser une politique de civilisation. Mais qu'est-ce qu'ils veulent les Européens ? Ben les citoyens de toute l'Europe réclament de la protection.L'Europe a été bâtie, imaginée, pour protéger, pas pour inquiéter.Et j'affirme qu'on peut être parfaitement européen, et mettre l'Europe au service de la protection.Et ceux qui ignorent la préférence communautaire n'ont me semble-t-il rien compris à l'idéal européen.Si on a fait l'Europe, c'est justement pour la préférence communautaire.Sinon c'était pas la peine de faire l'Europe.En tout cas l'Europe politique.Il n'y avait qu'à laisser faire l'Europe anglo-saxonne, celle du grand marché !Mais vouloir faire une Europe politique et s'interdire de prononcer le mot protection, ça n'a aucun sens.Et dans la sagesse les peuples de l'Europe ont parfaitement compris cela.L'Europe doit protéger.L'Europe ne doit pas nous rendre plus vulnérables. L'Europe doit nous permettre d'agir.L'Europe ne doit pas subir. L'Europe a besoin d'une politique de civilisation.Elle a besoin de se débureaucratiser, de s'humaniser. Elle a besoin de davantage de politique et moins de bureaucratie. C'est ce que nous avons obtenu avec le traité simplifié.Et j'ai bien conscience que le traité simplifié à lui seul ne va pas réduire le fossé entre l'Europe et les citoyens.C'est évident.C'est un moyen.Mais à la fin de la présidence française, je voudrais que l'Europe ait une politique de l'immigration, une politique de la défense, une politique de l'énergie, une politique de l'environnement. Et à partir de ce moment-là, on comprendra ce que signifie l'Europe dans le quotidien des gens. Alors la politique de civilisation, la France veut la promouvoir à l'échelle européenne et à l'échelle mondiale. Non pour imposer au monde un modèle de civilisation mais pour faire rayonner les valeurs universelles qui sont les nôtres. Et nous voulons opposer cette politique de civilisation, à la violence, au terrorisme, et au fanatisme. Je voudrais dire d'ailleurs à tous ceux qui me demandaient d'annuler mon voyage en Algérie parce qu'un ministre algérien s'était laissé aller à des propos inacceptables Imaginez que j'aie annulé mon voyage en Algérie quelques jours avant que des barbares fassent sauter un bus rempli de jeunes étudiants algériens.On aurait eu l'air malin.Et naturellement, après avoir annulé le voyage, je me serais précipité pour dire ma consternation et ma solidarité avec des gens avec qui j'aurais pas voulu aller discuter.Et j'ai été très heureux de ce voyage en Algérie qui était pour moi extrêmement important.Et de la même façon, à tous ceux qui se sont étonnés que je dise qu'on resterait en Afghanistan, parce que se jouait là-bas une bataille contre les barbares : j'ai été quelques jours avant l'assassinat de madame Bhutto.L'Afghanistan est frontalier du Pakistan, où s'est rendu Bernard Kouchner et je l'en remercie.On aurait eu l'air malin de se retirer de l'Afghanistan quelques jours avant l'assassinat de madame Bhutto où naturellement ceux-là mêmes qui me demandaient de nous retirer de l'Afghanistan auraient versé des larmes de crocodile sur la même madame Bhutto.On aurait eu l'air malin !Un peu de cohérence.C'est sans doute ce qu'il y a de plus difficile, pour certains. Enfin la France mettra tout en oeuvre pour que le G8 devienne le G13. Là aussi, enfin écoutez, moi j'ai été très étonné à Heiligendamm.Je dois le dire en termes diplomatiques mais enfin qu'est-ce que c'est ?On se réunit deux jours et demi, sans la Chine, sans l'Inde, sans le Brésil, sans le Mexique, sans l'Afrique du Sud.Simplement, deux milliards et demi de gens qu'on oublie.Ah, alors évidemment, on les invite pour le déjeuner du troisième jour.Le plus extraordinaire c'est qu'ils viennent.Eh ben la France dit : on ne peut pas organiser le monde du XXIe siècle avec l'organisation du XXe.C'est pas possible !La Chine, l'Inde, l'Afrique du Sud, pardon, que j'avais oublié, l'Amérique latine, ce sont des continents d'un milliard d'habitants : ça compte !On peut pas faire comme si ça comptait pas quand même.Alors je sais bien qu'il y a des difficultés.Le Japon est satisfait que la Chine soit présente.l'Italie, se demande si sa place, enfin...Peu importe !ce sont des problèmes que je peux parfaitement comprendre !Mais imaginer qu'on peut régler les grandes affaires du monde à huit, en oubliant la moitié de l'humanité, ça me semble étrange. Et pareil d'ailleurs pour le Conseil de Sécurité, en tant que membre permanent, la France mettra tout en oeuvre pour que l'Allemagne, le Japon, le Brésil, l'Inde et un grand pays africain deviennent membres permanents du Conseil de Sécurité.On dit : tiens, c'est amusant, ça marche pas.Mais comment voulez-vous que ça marche ?On a l'organisation du XXe pour le XXIe siècle.Ca peut pas fonctionner !On peut pas considérer qu'on va régler les grandes questions de la planète sans demander leur avis à un seul pays africain, un milliard d'habitants, à un seul pays sud-américain, un milliard d'habitants. Ce qui est étonnant c'est que ça marche si bien avec une organisation si déséquilibrée !Donc la France sera l'avocat de ces pays pour demander une organisation qui corresponde au monde d'aujourd'hui, et pas au monde d'hier, et je ne vois pas ce qu'il y a de choquant à défendre ses idées.On me dit : c'est compliqué, il faut attendre !Ah ben si on doit attendre à chaque fois que c'est compliqué on va attendre longtemps.Et moi à la fin de mon quinquennat, je dirai : ben c'est compliqué !C'est pas la peine de faire de la politique si c'est pour attendre. Il faut prendre les plus gros problèmes et s'y atteler.Et je mettrai tout en oeuvre pour que les missions du FMI et de la Banque Mondiale soit repensées. Parce que le monde a besoin du FMI et de la Banque Mondiale, mais pas avec les mêmes raisonnements !Parce que le but c'est pas de faire mourir certain pays guéris.C'est quand même pas ça, le but. Voilà, politique d'immigration, j'ai demandé à Brice Hortefeux d'avancer sur deux points extrêmement importants à mes yeux : d'abord aller jusqu'au bout d'une politique fondée sur des quotas.Ca fait trop longtemps qu'on en parle.Tout le monde sait que c'est la seule solution.Eh bien il faut franchir le pas !Et arrêter de vouloir protéger les uns, ne pas choquer les autres, avec ça on n'a que des catastrophes !La politique des quotas, nous devrons la mettre en oeuvre, en fonction des capacités d'accueil et d'intégration.Quand même, on accueille des gens qu'on peut accueillir, parce qu'on a envie des les intégrer !Si on accueille des gens qu'on peut pas intégrer, ben on peut pas les accueillir.Ben il faut aller jusqu'au bout de cette logique, et ça évitera les drames humains. Et je lui ai demandé une deuxième chose en accord avec le Premier Ministre, c'est de supprimer cette bizarrerie française, que s'agissant du droit des étrangers, il y a deux ordres de juridiction : un public, un judiciaire, et excusez du peu, avec des jurisprudences contradictoires !Eh ben choisissez celui que vous voulez, mais choisissez-en un, qui ait une jurisprudence sur le droit des étrangers respectueuse des droits de l'homme, mais qui permette quand même d'avoir une politique de l'immigration fondée sur les quotas, négociés avec les pays de départ, fondés sur une grande ambition de codéveloppement, et une juridiction qui s'occupe du droit des étrangers.Moi je ne sais pas si ça doit être l'administrative ou la judiciaire.Ce que je sais c'est qu'il faut arrêter qu'il y en ait deux.Dans tous les pays, les grandes démocraties, il y en a un.Et voilà comment on résout les problèmes. Et je souhaite d'ailleurs que chaque année Monsieur le Premier Ministre, devant le Parlement, on puisse débattre de la politique d'immigration de l'année prochaine.Combien de personnes nous avons accueillies ?Combien de personnes nous voulons accueillir ?Pourquoi ce secret ?Pourquoi cette chape de plomb ?Pourquoi d'un côté les hystériques de l'immigration zéro et pourquoi de l'autre les poseurs en générosité absolue ?Ca donne quoi ça ?Ca donne un taux de chômage des étrangers en France qui est entre 20 et 30%. Beau résultat messieurs les généreux !Beau résultat !A force de ne pas débattre, on n'a que les inconvénients.Eh bien c'est fini.En 2008, on va en débattre.Et les gouvernements seront obligés d'expliquer au pays quelle est leur politique d'immigration, d'assumer leurs choix, de les revendiquer, et de rendre des comptes sur cette politique. Bien sûr il y aura l'Union de la Méditerranée dont vous savez que pour moi c'est le projet de civilisation par excellence. Nous oeuvrons pour la reconnaissance mutuelle des droits du peuple palestinien et du peuple israélien. Pour l'indépendance du Liban, long chemin.Et pour la diversité.Je vais me battre sur cette idée en 2008. La diversité. Pourquoi la diversité plus que pour la démocratie ?Parce que quand on se bat pour la démocratie, certains pays disent : Ah, post-colonial, vous voulez nous imposer le système qui est le vôtre !Quand on se bat pour la diversité, cet argument saute.Parce que de tous temps dans cette région du monde, ils ont vécu ensemble ! Il y a eu des musulmans, il y a eu des juifs, il y a eu des chrétiens.Et la diversité, c'est pas : valable pour nous, et pas valable pour les autres.Et pourquoi faut-il défendre l'indépendance du Liban ?Parce que le Liban est un symbole de la diversité.Et pourquoi faut-il défendre Israël, outre que c'est un fait politique majeur du XXe siècle ?Parce que c'est un symbole de la diversité.Et moi je dis qu'il est parfaitement normal et naturel qu'on reconnaisse aux musulmans français les mêmes droits qu'aux autres, je veux dire en matière de religion.J'ai toujours soutenu les projets d'ouverture de mosquées.Maintenant que les choses soient parfaitement claires : la diversité ne doit pas avoir lieu chez nous, et les fermetures d'églises ailleurs.La diversité elle est bonne pour tout le monde.La diversité c'est un principe universel, qui doit être respecté partout !Diversité, réciprocité.Voilà, me semble-t-il, une bonne façon d'envisager les problèmes d'aujourd'hui. Enfin, ce que doit faire la diplomatie française, c'est une diplomatie de la réconciliation.La France doit parler avec tout le monde. Franchement, le charivari, un peu ridicule, sur la venue de Monsieur Kadhafi.Quand je vois comment il a été reçu en Espagne, par le Roi d'Espagne, et le Premier Ministre socialiste, je me dis qu'elle doit bien mal se porter, l'Internationale Socialiste.Et quand je vois le comportement d'un certain nombre d'états, et de dirigeants, je me dis si nous ne recevons pas des gens qui ont renoncé au terrorisme, qui ont indemnisé les victimes, qui ont libéré les otages, si on les accompagne pas vers la respectabilité, qu'est-ce qu'on fera avec les autres, qu'est-ce qu'on leur dira ? Et bien sûr qu'il faut partager le nucléaire civil !Parce que si au sud de la Méditerranée, par rapport à nous, vous avez la misère et le sous-développement, une fois qu'il y aura la misère et plus de gaz, est-ce que vous croyez à ce moment-là, qu'on aura des gouvernements et démocratiques ? Et bien sûr qu'il faut soutenir le gouvernement de Monsieur Bouteflika, parce que personne ne veut d'un gouvernement taliban en Algérie.Et bien sûr qu'on doit aider Monsieur Moubarak en Egypte, un pays de 76 millions d'habitants, parce que qu'est-ce qu'on veut là-bas, les Frères Musulmans ?Et bien sûr qu'il faut accompagner la Libye sur le chemin de la respectabilité.Et je ne regrette pas d'avoir essayé avec la Syrie.Même si nous n'avons pas obtenu de résultat. Parce que la France veut tendre la main, la France veut être honnête, la France veut être de bonne foi.Et quand les Syriens n'ont pas répondu aux appels de la France, j'en ai tiré toutes les conséquences en condamnant l'attitude de la Syrie.Et la France doit parler avec Chavez.Et la France doit parler avec un certain nombre de personnes dans le monde parce que la France porte une diplomatie de la réconciliation.Et j'ai été très fier et très heureux de deux événement organisés par Bernard Kouchner, qui a été la conférence sur le Darfour qui a eu lieu à Paris, qui était un événement sans précédent, et la conférence des financeurs des Palestiniens a permis de lever 7 milliards 300 millions de dollars, qui montrent bien que la France est de retour. Voilà, mesdames et messieurs, il est temps que je réponde à vos questions.Je suis sûr qu'elles seront sur le fond, passionnantes, par définition.Et je m'aperçois que je vous ai pas présenté de voeux.C'est pas parce que je les pense pas, mais je vous vois si heureux, et si épanouis dans les commentaires qui sont les vôtres, que je me suis dit c'est inutile de leur présenter des voeux, mais enfin, quand même, à la fin de mon petit propos, je voulais vous dire, malgré tout, ils sont sincères.