Oubliez les films "bankable", ces grosses productions hollywoodiennes destinées, avant tout, à être rentables. Prenez plutôt place dans – l’unique – salle rénovée de l’Alhambra, cinéma indépendant, situé près du parc de la Pelouque (16ème). Du documentaire au film d’auteur, la programmation, éclectique, touche "un large public", affirme son directeur, William Benedetto. Un seul critère : "amener les spectateurs à s’interroger", et à partager sa réflexion.

En effet, pour tenter de rivaliser avec les grosses chaînes (Les 3 Palmes, Le Prado), ces petites salles obscures proposent un "SAV" qu’apprécie le public. "On retrouve une dimension de convivialité qui n’existe pas dans les cinémas classiques", continue le passionné de la toile, en ajustant les derniers préparatifs du ciné-concert de ce soir. Après le visionnage du film, les spectateurs partagent leur sentiment autour du bar-restaurant. Ici, pas de pop-corn, mais plutôt un bon vin rouge.

Du ciné d'auteur aux 3 Palmes ?

Devenus légion à Marseille, ces cinémas de quartier portent donc bien leur nom. "Marseille est une ville populaire où les habitants sont attachés à leur arrondissement. C’est important pour nous de rester au plus près des gens", explique William Benedetto. Même constat du côté du Polygone Étoilé, situé à la Joliette. "On propose des ateliers pour initier les amateurs à la réalisation d’un court métrage", précise Julien Bourdeix, responsable des lieux. Fin novembre, le cinéma organise la Semaine asymétrique, où une cinquantaine de cinéastes de tous horizons viennent présenter leur œuvre, puis en discuter. "A la fin, on ne distingue plus le cinéaste du spectateur !".

Preuve que la demande existe, l’Alhambra envisage l’ouverture d’une deuxième salle d’ici 2015. De son côté, le Vidéodrome, videoclub d'art et d'essai du cours Julien, s'apprête à ouvrir sa propre salle de projection début 2014. "Et si les 3 Palmes réservaient une de leurs salles au cinéma d'auteur ?", interroge Eliane Zayan, adjointe déléguée au cinéma. Le rêve éveillé, autre vertu du 7ème art.