Marché de l'art

La grande histoire de Marseille aux enchères

Par Judith Benhamou-Huet | 20/09 | 06:00
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Marseille, capitale européenne de la culture, a inspiré un commissaire-priseur. Il organise une vente de photos qui retracent l'histoire de la cité.

Ne cherchez rien en France de semblable au caractère marseillais ; et c'est ce qui me charme en ce pays. » En 1838, Stendhal est de passage dans la cité phocéenne et s'extasie devant le luxe des cafés, les avenues du centre-ville tirées au cordeau, ses petites femmes de la vieille ville et le franc-parler de ses habitants. Plus d'un siècle et demi plus tard, le constat pourrait être quasiment le même. Cette année, Marseille, capitale européenne de la culture, est une star française, ce qui ne fait qu'accentuer sa singularité nationale.

Plusieurs musées ouverts ou rouverts récemment chantent la gloire de la ville depuis ses origines. Au MuCEM, la remarquable exposition « Le Noir et le Bleu », consacrée à la Méditerranée, ne manque pas de se pencher sur la cité, entre autres, à travers des photos et des films d'archives. Le musée Borely, consacré aux Arts décoratifs et à la mode, installé dans une merveilleuse bastide du XVIIIe siècle, chante les louanges du raffinement marseillais en matière d'art de vivre. Enfin, le 12 septembre, était inauguré le musée d'Histoire de Marseille sur les lieux même de fouilles archéologiques qui rappellent qu'elle fut d'abord un port antique.

Face à cette riche actualité, un commissaire-priseur du cru, Damien Leclere, trente-huit ans, a saisi l'opportunité. L'étude qui porte son nom organise une vente de photographies depuis 1850 jusqu'à la période contemporaine, qui retrace la palpitante histoire de la ville et de sa région. « Beaucoup de choses se sont passées à Marseille depuis qu'au début de l'invention de la photographie des sociétés d'amateurs avaient été créées. »

Parmi les 230 lots qui constituent le catalogue, l'un des ensembles les plus remarquables est issu, selon l'expert Paul Benarroche, d'une collection parisienne consacrée à Marseille. Elle contient 10 photographies de celui qui est considéré comme le géant de la photographie d'architecture au XIXe siècle, Edouard Baldus (1813-1889). En vedette évidemment, une vue magistrale de l'entrée du Vieux Port, datée des années 1860, un tirage de bonne qualité, selon l'expert, estimé 5.000 euros.

Sous Napoléon III, le pouvoir central a une vision pour la ville. On va creuser l'actuelle rue de la République, alors nommée rue Impériale, dans la roche sur laquelle est situé le quartier du Panier. Des travaux extraordinaires documentés par une gloire locale, le photographe Adolphe Terris (1820-1899). Les tirages de ces grands travaux, datés de 1864, sont estimés entre 1.500 et 5.000 euros et sont connus des amoureux de photos anciennes du monde entier.

Une sélection de clichés de Germaine Krull

Dans les années 1930, Marseille est l'objet de véritables « pèlerinages » grâce à un monument de métal qui fascine les photographes modernistes : son pont transbordeur. Il est installé au-dessus du Vieux Port et sera détruit par les Américains en 1944. Une sélection de clichés de la fameuse photographe allemande Germaine Krull (1897-1985), datés de 1929, est proposée à partir de 1.500 euros.

La traversée des genres photographiques via Marseille se poursuit dans le catalogue avec toute une veine humaniste dont le mieux représenté du catalogue est Willy Ronis. Une vue du Vieux Port en tirage vintage de 1963 est estimée 1.000 euros.

Concernant la période contemporaine, le catalogue comprend aussi un ensemble de tirages d'exposition datés de 2002 et 2006, qui furent l'objet d'une commande de l'Agence régionale du patrimoine Provence-Alpes-Côte d'Azur. Le plus connu des auteurs de cette commande publique dans le marché de l'art contemporain international est Massimo Vitali (né en 1941) qui s'est par ailleurs rendu célèbre par ses images de tourisme populaire en grand format. Une scène en couleurs (180 × 225 cm) de visite au château d'If, haut-lieu de la légende marseillaise et de son héros Monte-Cristo, est estimée 8.000 euros.

Judith Benhamou-Huet, Les Echos

Le 12 octobre. www.leclere-mdv.com


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