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<mois=01><quinzaine=11> <semaine=111>
<Sda=1793> <numero=260> <edito=0> <Epg=1>
<Sat=0>
§ la grande douleur du *père *duchesne
au sujet de la mort de *marat assassiné à
coups de couteau par une garce du *calvados,
dont l'évêque *fauchet était le directeur.ses
bons avis aux braves *sans-culottes pour
qu'ils se tiennent sur leurs gardes,
attendu qu'il y a dans *paris plusieurs milliers
de tondus de la *vendée qui ont la patte
graissée pour égorger tous les bons citoyens.
<edito=1> § *marat n'est plus,foutre.peuple,gémis,
<Epg=2>pleure ton meilleur ami;il meurt martyr de
la liberté.c'est le *calvados qui a vomi le
monstre sous les coups duquel il vient
de périr.une jeune fille,ou plutôt une
furie armée par les prêtres,et pénitente,dit on,
du cafard *fauchet ,part de *caen pour
exécuter cet horrible attentat.elle arrive à
*paris,et après avoir acheté un large couteau
au *palais que je ne cesserai d'appeler *royal ,
puisqu'il est le rendez-vous de tous les fripons
de la terre,elle va trois jours consécutifs
frapper à la porte de *marat et
demande à lui parler.
le pauvre bougre épuisé de travail,ne
pouvait voir ni entendre personne.cependant
la voix plaintive d'une femme,frappe
son oreille;il croit que c'est une infortunée
qui vient implorer ses secours.
<Sat=1>qu'on ouvre!<Sat=0>
dit il :la coquine se présente avec un air
dolent et elle s'approche de son bain,où
il était alors.
<Sat=1> citoyen vous êtes le père des malheureux,le défenseur
des opprimés;je m'adresse à vous,avec
confiance,pour obtenir justice.mon père,
vieillard infortuné,bon patriote,gémit dans les fers.
un vieillard,un père de famille,
<Epg=3>un bon citoyen est dans les fers,
<Sat=0>réplique *marat;
<Sat=1>rassurez vous,jeune citoyenne,
je serai son vengeur.c'est m'obliger,que
de me procurer l'occasion d'être utile à un
homme aussi intéressant.quel est votre
pays? *caen ,... *caen !...oui citoyen
*marat, j'en arrive,...eh bien,
votre département est il toujours dans l'erreur,
décidemment marchent ils contre *paris, ces
*normands dont on nous fait peur?vous
voyez comme *paris est tranquille.vous pouvez
juger,par vous-même,les scélérats qui
cherchent à allumer la guerre civile.ils vous
disaient que tout était ici à feu et à sang,
qu'il n'existait plus de convention,et cependant
l'ordre et la paix y règnent et la convention
n'a jamais été si grande et si respectée.
elle reçoit de toutes parts des bénédictions
d'avoir fait une constitution toute
républicaine,toute populaire...
§ *ami du peuple à mon tour,permettez
moi de vous faire quelques questions.que
pensez vous vous-même des députés qui se
sont retirés dans notre département;que leur
arrivera t il?...ce qui leur arrivera;la *france
va connaître leurs complots criminels.
<Epg=4>bientôt ils n'auront plus d'asile,et sous peu la
guillotine...
<Sat=0>à ce mot la guenon tire de son sein le
couteau qu'elle y avait caché et l'enfonce
dans la gorge de *marat.au secours,à moi,
s'écria t il.ce mot est le dernier qu'il ait
prononcé.deux femmes accourent,elles
voyent le sang jaillir de la plaie,elles veulent
arrêter la garce qui vient de commettre ce
crime,mais elle bataille et joue des jambes
jusqu'à la porte.les voisins accourent au
bruit et saisissent la scélérate.la garde
accourt;toute la section de *marseille entoure
aussitôt la porte avec ses canons.
§ cette fatale nouvelle est bientôt répandue
dans tout *paris.les aristocrates sont au
comble de la joie;les bons citoyens au désespoir
vont pleurer sur le lit de leur véritable
ami.je ne fus pas des derniers à m'y
rendre,foutre,et j'assistai à l'interrogatoire
de la coquine.elle a la douceur d'une chatte
qui fait patte de velours,pour mieux égratigner;
elle ne paraissait pas plus troublée,
que si elle avait fait la meilleure action.le
commissaire lui demande son nom;elle
répond qu'elle s'appelle *charlotte *corday ,
<Epg=5>fille d'un ci-devant gentilhomme;elle défile
tranquillement son chapelet,et avoue qu'elle
n'était venue à *paris que pour tuer *marat
qu'elle regardait comme l'ennemi de la patrie,
et elle se félicite de l'avoir égorgé.
<Sat=1>je m'attends à mourir,dit elle,mais mon parti
est pris depuis longtemps;moi seule j'ai
formé ce projet;il me semblait si beau,
que je ne l'ai communiqué à personne,afin
d'en avoir seule la gloire.
<Sat=0> § si je m'étais cru,j'aurais mis cette tigresse
en chair à pâté,que t'avait fait *marat,lui
dis je?tu as menti quand tu as avancé que
tu le regardais comme un ennemi de ton
pays.toi-même l'as reconnu pour un bon
citoyen et un brave bougre,puisque pour le
voir,tu as cherché à exciter sa pitié.
§ elle ne répond pas à cette question.on
la fouille,on lui trouve les poches bien
garnies de gros écus et d'assignats faux.elle
répond à tout avec assurance,et marche aussi
tranquillement en prison,que si elle allait
au bal.ce coup là n'est pas le dernier que
nos ennemis doivent porter aux patriotes.les
mêmes jean-foutres qui ont tant de fois excité
les pillages,n'ont plus d'autre moyen
<Epg=6>de mettre *paris sens dessus dessous,que de
massacrer en détail les bons citoyens. *robespierre
, *pache , *chaumette et moi,nous
sommes sur leurs listes.tous les jours je
reçois des billets doux,dans lesquels on
m'annonce que je dois être pendu,massacré,
rompu,brûlé à petit feu;d'autres me mandent
qu'ils mangeront mon coeur en papillotes,
d'autres qu'ils boiront mon sang,d'autres
qu'ils me fendront le crâne,et boiront
dedans à la santé du roi.
§ je me fous des menaces,et elles ne
m'empêcheront pas de dire la vérité;tant
qu'il me restera un souffle,je défendrai les
droits du peuple et ma république,foutre.
ma vie n'est point à moi,elle est à ma
patrie,et je serai trop heureux si ma mort
pouvait être utile à la *sans-culotterie qui,
malgré les assassins et les empoisonneurs,
sera toujours la plus forte.si je meurs,au
surplus,ce sera le plus tard que je pourrai,
et j'ai de quoi répondre aux scélérats qui
m'attaqueront.j'invite les bons citoyens à
se tenir sur leurs gardes,à protéger les véritables
amis du peuple.malheureusement
<Epg=7>leur nombre est petit.songez bien,*sans-culottes,
que si *marat et *robespierre n'avaient
pas existé,vous n'auriez pas plus de liberté
que dessus ma main.
§ j'espère,foutre,que nos frères des départements,
qui se sont laissé buzoter,vont
revenir de leur erreur.ils vont voir de quel
côté sont les poignards.voilà déjà deux
députés égorgés par les *brissotins,et les
*brissotins vivent encore.pas un d'eux n'a reçu
aucune chiquenaude.je m'attends,cependant,
que le prêtre *fauchet et son camarade *duperret ,
complices de la garce du *calvados et
qui sifflent avec elle la linotte,vont recevoir
le prix de leurs forfaits.qu'il soit élevé un
tombeau à l' *ami du peuple;que ses restes
précieux y soient exposés à la vue des
citoyens;que sur la même place et en
face du tombeau,un échafaud soit dressé
pour *brissot , *duperret , *fauchet et la
normande.d'un côté,les larmes du peuple
prouveront sa reconnaissance;de l'autre,
les malédictions précéderont sa vengeance;
mais ce n'est point assez que la guillotine
pour punir les traîtres,il faut un nouveau
<Epg=8>supplice plus terrible et plus infamant,
égal au crime,s'il est possible,foutre.
<Sda=1793> <numero=261> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande joie du *père *duchesne
de voir que toutes les communes de la république
se rallient autour de la constitution,
que sa majesté *buzotine commence à jouer
au roi dépouillé,et qu'avant qu'il soit l'âge
d'un petit chien,les départements rendront
justice aux *parisiens ,malgré les accapareurs
de *marseille et de *bordeaux et les marchands
de galon de *lyon .
<edito=1> § sa majesté *buzotine commence à jouer au
<Epg=2>roi dépouillé.chaque jour lui enlève de
nouveaux sujets.partout où la constitution
est connue,les aristocrates ont le nez cassé.
déjà plusieurs communes du *calvados l'ont
acceptée;déjà plusieurs sections de *bordeaux
ont fait pâlir les marchands de sucre en
adoptant cet évangile de tous les peuples
libres.tous les bons citoyens,en examinant
cette constitution,se disent:
<Sat=1> voilà pourtant l'ouvrage de la *montagne;sans elle nous
serions encore au premier chant de mâtines,
puisqu'elle a pu faire dans quinze jours ce
que la convention n'avait pu seulement espérer
dans neuf mois de travail.il faut donc
que cette *montagne soit la fine fleur de la
république.les *montagnards ne sont donc
pas des voleurs de grand chemin,puisqu'ils
font les lois les plus sages pour maintenir
les propriétés?ils ne sont donc pas des anarchistes,
des désorganisateurs,puisqu'eux
seuls veulent faire cesser l'anarchie,en établissant
le règne de la loi?nos frères de
*paris avaient donc raison de défendre cette
sainte *montagne?c'est à tort que nous les
avons accusés.les hommes du 14 juillet et
du 10 août ne pouvaient nous tromper.
<Epg=3>encore une fois nous leur devons le salut de la
république.<Sat=0>
§ oui,foutre,c'est ainsi que raisonnent tous
les francs *sans-culottes du *calvados,du
*finistère ,de la *gironde ,de *lyon ,de *marseille .
s'ils ont été un moment égarés par
des avocats à langues dorées,ou par les accapareurs,
le flambeau de la vérité les va faire
rentrer dans le bon chemin.ils vont connaître
les véritables amis de la république.vous voilà
démasqués,bougres d'aboyeurs qui vous
égosillez à force de répéter la loi,la loi,
quand il n'existait point de loi,et qui n'en
voulez plus quand nous en avons.vous êtes
démasqués,infâmes tripotiers de la *gironde ,
qui vouliez anéantir *paris pour vous enrichir
de ses dépouilles;toutes vos bougres
de manigances avec *barbaroux ,et tous les
corsaires de *marseille ,prouvent que vous
vouliez vous emparer de toutes les richesses
de la *france .il est clair que les marchands
de galon de *lyon sont d'accord avec vous
pour perdre les départements du *nord ;aussi,
foutre,les *rouennais ,qui ont le nez fin,
n'ont ils pas donné dans le gobas,ils ont
<Epg=4>senti que votre bougre de fédéralisme ne visait
qu'à les ruiner,car foutre,*paris est une
excellente vache à lait pour la ci-devant *normandie .
c'est de là,foutre,que nous tirons
toutes nos provisions.
§ si le voeu des *brissotins était accompli,
s'il était possible qu'un jour on cherchât le
lieu où exista *paris,tous les fabricants,manufacturiers
et commerçants de *rouen ,pourraient
aller chercher des chalands dans la lune.
qu'on ne dise pas,foutre,que *paris est un
gouffre qui engloutit tout;car quelque chose
qui arrive,il faudra que la république ait un
centre,et dans quelque lieu qu'on le porte,
soit dans le royaume de *buzot ,ou dans les
*landes de *bordeaux ,ce serait toujours un
second *paris.je sais,foutre,qu'un certain
vagabond,nommé *pierre ,et auquel on donna
le sobriquet de *grand ,parce qu'il avait un
grand ministre,quand il vint à *paris,fût
curieux de contempler,du haut du *mont-*valérien ,
cette immense fourmillière.on assure
qu'il dit,en voyant tant de clochers,
tant de maisons,tant d'édifices entassés les
uns sur les autres:<Sat=1> ah si tu m'appartenais,
comme je te brûlerais ! <Sat=0>
<Epg=5>§ il n'y a qu'un roi,foutre,qui puisse tenir
un pareil langage.il y a apparence que cet
empereur,en réfléchissant que *paris était le
centre des lumières,entrevoyait notre révolution.
il se doutait bien que tôt ou tard
un million d'hommes réunis prendrait la
chèvre par la barbe,et se lasserait d'être
gouvernés par des putains et des maquereaux.
une grande ville est toujours l'épouvantail
de la tyrannie.un despote n'est pas en sûreté.
il y a trop d'yeux et d'oreilles.c'est
pour cette raison,foutre, que *louis-XIV
fit bâtir *versailles ;mais,foutre, si les rois
ont intérêt de séparer leurs esclaves,pour diminuer
leurs forces,une république doit au
contraire ramasser les citoyens,pour mieux
les faire agir.les grandes villes en sont le
soutien.qu'aurait fait l'assemblée constituante
si elle avait été placée dans une
bourgade;qu'aurait elle pu opposer aux
gardes de *capet ,à tous les assassins de
la louve autrichienne?une bicoque aurait elle
bravé l'armée de *broglio ?y aurait il
jamais eu un 12 juillet ,un 6 octobre ,
un 10 août ,un 31 mai ,si *paris n'avait
pas existé?pourquoi donc,foutre,faire
<Epg=6>un crime à ce *paris d'avoir tant de fois
sauvé la *france ?est ce que *paris est une
ville à part?n'est elle pas le rendez-vous de
l'univers,le séjour de tous les *français ?ses
habitants sont presque tous nés dans d'autres
départements;ils y ont leurs pères,leurs
mères, leurs parents,leurs amis.
§ il y a de la badauderie,foutre,à répondre
à toutes les calomnies des traîtres qui
nous accusent.ne leur opposons que les faits,
et tous les départements penseront comme
nous.on nous reproche des meurtres,des
assassinats,on nous fout sans cesse au nez
les massacres du 2 et 3 septembre,et cependant
dans ces jours de vengeance et de justice
il n'est péri que des scélérats qui avaient
précipité la *france à deux doigts de sa perte.
ces massacres ont été conduits par les coquins
qui les reprochent à des hommes purs
qui dans leur vie n'ont pas versé une seule
goutte de sang.on a la preuve maintenant
que *manuel laissa égorger les prisonniers de
l'abbaye,parce que le feuillant *boquillon à
qui il en voulait,y était enfermé.on sait
aussi que *brissot lâcha la meute de ses mouchards
<Epg=7>pour septembriser ceux de la *conciergerie
parce que son ennemi *morande y
était.tous ces massacres d'ailleurs ont été
exécutés par des étrangers,et le vertueux
*petion ,alors maire,ne fit pas un pas pour
les empêcher.que les départements qui sont
encore buzottés,réfléchissent à tous les
coups de chien dont nous avons été témoins,
qu'ils se mettent à notre place,et qu'ils disent
s'ils auraient eu autant de patience que nous?
ils ont cru sur parole les *mandrins du côté
droit qui ne rêvaient que de poignards,et
cependant pas un de ces renégats de *sans-culotterie
n'a reçu une chiquenaude,tandis,
foutre,que trois députés de la *montagne
ont été massacrés.les égorgeurs sont
donc parmi les crapauds du *marais ,tandis,
foutre,que la raison et la justice sont
opprimés,outragés au haut de la sainte
*montagne?*marat était donc bien terrible
pour les traîtres,puisqu'ils en sont délivrés
par l'action la plus lâche et le plus
exécrable des forfaits?frères et amis des
départements,songez que vous nous devez
la liberté,l'égalité,la république,et que
pour récompense,nous n'avons eu jusqu'à
<Epg=8>ce jour que la misère et les assignats,
foutre.
<Sda=1793> <numero=262> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande visite du *père *duchesne
au général *moustache ,ci-devant comte de
*custine ,en se déguisant en baron allemand
pour tirer les vers du nez de ce vieux renard,
qui lui a fait connaître tous les coups de
chien qu'il avait en tête pour livrer *condé
et *valenciennes à nos ennemis,tandis que
plus de vingt mille bandits,ci-devant nobles,
sont cachés dans *paris et attendent le signal
pour égorger les *sans-culottes et faire la
contre-révolution.
<edito=1>§ tous les traîtres sont du même acabit
<Epg=2>et semblent avoir été jetés dans le même
moule;ils employent les mêmes moyens pour
nous foutre dedans.comme ils ne peuvent
rien faire sans les *sans-culottes,ils font les
chiens couchants au vis-à-vis d'eux, et ils
sont aussi bas,aussi rampants devant le pauvre
déguenillé,dont ils veulent avoir le suffrage,
qu'ils l'étaient dans l'ancien régime,auprès
du cocu royal,ou de l'archi-tigresse d' *autriche .
c'est ainsi que le singe blondinet jeta
de la poudre aux yeux de nos badauds,en
leur faisant des courbettes;
<Sat=1>qu'il est poli notre général,<Sat=0>
disaient les grosses marchandes
du quartier *saint-*honoré et de la rue *saint-*denis
<Sat=1>en vérité ma voisine,j'ai un caprice
pour lui,et il n'y aura pas de sûreté pour
mon mari,si j'avais seulement un quart d'heure
de tête à tête avec ce joli marquis.
<Sat=0>si quelque grosse luronne de la *halle ,en
voyant gambader le bougre de cheval blanc,
haussait les épaules,et s'avisait ,en bonne
connaisseuse,de dire qu'elle n'aimait pas la
face de mouton et la mine de papier mâché
du chef des hoquetons bleus,tous les couteaux
alors sortaient de leurs comptoirs,pour
fondre sur elle avec leurs aunes;combien te
<Epg=3>paye t on,vieille salope,lui disait on,
pour parler ainsi de notre général.ce sont
les *jacobins ,sans doute,qui font bouillir ta
marmite.elle avait beau soutenir qu'elle ne
parlait que d'après sa conscience,et qu'elle
gagnait sa vie à la sueur de son front;qu'elle
n'allait écumer aucune marmite,on ne la
conduisait pas moins de corps de garde en
corps de garde,de districts en districts.
après avoir été partout rudoyée,maltraitée;
après avoir perdu sa journée,on la renvoyait
encore par grâce,et en rentrant dans son
pauvre galetas,elle n'avait pas un morceau de
pain à donner à ses enfants.
§ voilà pourtant,foutre,comme les *parisiens
se sont laissé mener comme des buses;
voilà comme ils idolâtraient un scélérat qui
les vendait à la cour,et qui a fini par être
la bête noire et un objet d'horreur pour
ceux qui l'avaient le plus honoré.chat
échaudé,dit on,craint l'eau froide.cet
exemple aurait dû servir de leçon,et jamais
aucun engueuseur n'aurait dû avoir le moindre
crédit.eh pourtant,foutre,le bateleur
*dumouriez ,croupi dans le vice,chargé de
crimes,escroc de profession,le plus plat
<Epg=4>des valets de cour,a cru encore escamoter
la confiance;il aurait mené nos armées au
fond des enfers,quand le pauvre *marat et
moi nous osions lâcher quelque bordée contre
lui;quand nous dévoilions ses trahisons,
on nous appelait anarchistes,désorganisateurs;
cependant nous avions raison,et si on
avait suivi tous nos bons avis,les manigances
du scélérat s'en seraient en allées en eau de
boudin;il n'aurait pas échappé,et il aurait
aussi mis la tête à la fenêtre.
§ lorsque sa foutue tête fût mise à prix,si
quelqu'un s'était avisé de dire que ce ne serait
pas le dernier traître,qu'une nouvelle idole
allait lui succéder,qu'un *custine oserait essayer
d'achever ce qu'il n'a pu finir,et de
donner un coup de grâce à la liberté,il n'est
pas un bon citoyen qui ne se fût gendarmé en
écoutant une pareille antienne.rien n'est plus
vrai pourtant que ce *custine ,en héritant de la
place de *dumouriez ,a conçu les mêmes projets.
son ambition est la même;il a autant d'amour
pour l'argent,que de haine pour la
*sans-culotterie .heureusement,foutre,on
lui a barré le chemin et le comité de salut public,
qui vient d'être renouvelé,et qui est composé
<Epg=5>de bougres à poil,ne lui a pas donné le temps
de perdre la république.ce fanfaron a été
obligé de se rendre aux ordres de la convention,
car,foutre,son armée n'était pas disposée
à se révolter pour ses menus plaisirs.
§ aussitôt que mon jean-foutre a été arrivé
à *paris,il m'est venu dans l'idée de lui rendre
visite,pour examiner de près ses moustaches.
il faut plaider le faux pour savoir le
vrai,me suis je dit;ainsi j'ai endossé le
costume d'un vieux baron allemand;j'en ai
pris le baragouin,et après lui avoir dit,en
langue de cheval,combien sa majesté impériale
faisait cas de sa seigneurie;il
m'a tendrement serré la main,et saisi à bras le corps .
<Sat=1>nous sommes seuls,baron,me dit
il,vous pouvez me parler en toute confiance,
quel traité venez vous me proposer
au nom de l'empereur,votre maître?
quel traité,foutre$! eh mais,ceux que vous
avez fait avec lui sont à peu près exécutés.
*général ,vous ne pouvez mieux le servir
que vous avez fait;sans vous,les armées
françaises seraient peut-être à *vienne ou
à *berlin ;mais vous avez su retenir l'ardeur
du soldat;les *français sont restés les
<Epg=6>bras croisés,tandis que nous assiégions
*condé et *valenciennes .la première de
ces deux villes est déjà rendue,et la seconde
sera bientôt à nous,si vous conservez encore
quelques jours le commandement.oui,
comte de *custine ,vous avez sauvé l'*empire
et perdu la *france .mais se peut il qu'on
vous ait rappelé dans le moment où vous
alliez nous être utile? l'empereur,mon
maître,a cependant répandu des flots d'or,
pour vous trouver des protecteurs dans les
comités de la convention.si vous saviez tout
ce qu'il a distribué aux journalistes,aux
motionneurs,pour faire votre éloge;mais
*marat,*marat seul était cru des *sans-culottes,
et *marat vous a tellement démasqué,
que tout notre or a été inutile.heureusement
nos amis du *calvados ont envoyé à
*marat un ambassadeur femelle qui,avec les
leçons de *claude *fauchet ,a su couper la
parole à l' *ami du peuple.
§ si quelque chose me console dans ma disgrâce,
répond le général *moustache ,c'est
d'abord ce que vous allez sans doute me remettre
au nom de votre maître,puis,la satisfaction
que j'éprouve de voir *marat immolé,
<Epg=7>massacré;il ne me reste qu'un regret,c'est
que ce ne soit pas de ma main.sans lui *bouchotte
était perdu.à la place de ce misérable
ministre,je mettais mon petit *beauharnais ,
il aurait été pour moi,ce que *beurnonville
fût à *dumouriez .lui,il aurait désorganisé
l'armée,et moi,je vous l'aurais livrée.
deux nobles,ainsi,à la tête des dernières
ressources de la *france auraient,avant la
fin de la campagne,rétabli la royauté et la
noblesse;mais je ne désespère pas encore,
si nous réussissons seulement à perdre *paris,
la république ira aussi au foutre.nous avons
encore la ressource de la disette,des pillages.
plus de vingt mille nobles sont maintenant
à *paris,tous armés jusque dans les dents
au moindre trouble qui surviendra,cette
armée sortira tout à coup des caves et des
souterrains,fera main-basse sur les *sans-culottes,
enlèvera le petit *capet du *temple .
il sera proclamé à l'instant roi,moi généralissime.
voilà donc tes projets,infâme coquin;
avais je tort,quand je foutais mes fourneaux
sens dessus dessous,quand je brisais ma pipe
toutes les fois que l'on m'annonçait qu'un noble
<Epg=8>avait été nommé à quelque place importante.
tu ne savais pas en défilant ton chapelet,
archi-traître,que tu parlais au *père *duchesne?
à moi mes gens,à moi mes aides de camp,
on veut m'assassiner,s'écrie le capon.
non,foutre,lui répartis je,les *sans-culottes
n'assassinent personne,il ne se souillent jamais
dans un sang aussi vil que le tien.je voulais
savoir ce que tu avais dans l'âme.je t'ai
démasqué,je suis content,foutre.
<Sda=1793> <numero=263> <semaine=112> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande colère du *père *duchesne
contre tous les bandits qui veulent exciter
du trouble dans *paris,en enlevant le pain
chez les boulangers,pour le jeter dans la
rivière.ses bons avis à la convention,pour
qu'elle fasse promptement jouer le général
*moustache à la main chaude,attendu qu'il
est le chef de tous les brigands;et qu'elle
s'occupe nuit et jour du soulagement des
pauvres foutant la chasse aux accapareurs.
<edito=1> § j'avais prédit,foutre,que la constitution
<Epg=2>donnerait le coup de grâce aux feuillants,
aux royalistes,aux fédéralistes.il ne fallait
pas être grand sorcier pour faire cette prédiction;
car,foutre,la nation,à l'exception
d'une poignée de fripons qui ne demandent
que plaie et bosse,oui,foutre,la nation entière
veut la liberté,l'égalité,la république une
et indivisible,la sûreté des personnes et des
propriétés.pour soulever les départements,
pour y allumer la guerre civile,tous les
roquets du boudoir de la vieille *roland
avaient répandu d'un bout de la *france à
l'autre que les *parisiens étaient des voleurs
et des brigands,qu'ils ne voulaient point de
constitution,que la *montagne s'entendait
avec eux pour rétablir la royauté.il
n'est pas étonnant qu'à deux cents lieues de
*paris on ait été dans l'erreur;mais enfin les
*parisiens ont confondu leurs calomniateurs,
en foutant la chasse aux avocats de *capet à
la fameuse journée du 31 mai.la sainte
*montagne a écrasé les crapauds et les serpents
du *marais ,en faisant une constitution excellente,
en réparant dans quinze jours tout
le temps que l'infâme clique des beaux esprits
et des hommes d'état avait fait perdre
<Epg=3>à la convention.l'évangile de la liberté a
été présenté au peuple français;alors,foutre,
le flambeau de la vérité a dissipé les nuages
que le mensonge avait répandu sur toute la république.
§ les traîtres ont été démasqués;les départements
qui devaient marcher contre nous,se
sont au contraire ralliés à la *sans-culotterie ,
ils bénissent les *parisiens,ils jurent avec
eux de mourir pour cette constitution qu'ils
ont acceptée.la capitale du royaume de
*buzot ,chante et danse la carmagnole avec
les *sans-culottes de *paris qu'elle a reçu dans
son sein,comme des amis et des frères.les
*calvadoriens commencent à se mordre les
pouces,de s'être laissé embadauder par
l'apôtre *fauchet .il vaut mieux se dédire que
de se détruire,disent ces *normands.le dictateur
*wimpffen fait inutilement battre la générale,
le pas de route,le pas de charge,
personne ne veut le suivre; *gérôme *petion
premier et dernier roi du *calvados , *petion
de la nigaudière a beau proclamer,pleurer
dans la rue *st-*jean ,dans la rue *st-*pierre ,
on ne l'écoute pas plus que le vent qui siffle.
en vain,le sapajou *gorsas sautille,gambade
<Epg=4>de rangs en rangs pour encourager,les têtes
à perruque de l'armée *buzotine ,en vain le
corsaire *barbaroux leur montre t il le faubourg
*st-*antoine comme la terre promise,
tous répondent que ce n'est pas le *pérou .
les *normands ne s'embarquent pas étourdiment
pour aller là où il y a tout à risquer
et rien à gagner.
§ jusqu'à présent,foutre,les carabos ont
écouté patiemment tous ses bateleurs qui
leur annonçaient un remède infaillible pour
sauver la *france ;mais quand ils vont savoir
que leur bougre de baume est un mortel
poison,bientôt la moutarde va leur monter au
nez et après la parade,arrivera la tragédie.
assassins de l' *ami du peuple,le sang de *marat
va rejaillir sur vous.oui,foutre,il n'est
point d'assez grand supplice pour expier tous
les crimes que vous avez commis et ceux
que vous méditiez.vous vous disiez les
amis de la liberté,et vous avez voulu assassiner
la liberté;vous ne parliez que de
lois,et vous les avez toutes violées;vous
avez sans cesse crié au désordre et à l'anarchie,
et vous avez partout allumé la guerre
civile;vous nous accusiez de rétablir la
<Epg=5>royauté,nous qui l'avons anéantie,et vous,
scélérats,vous avez employé le vert et le
sec pour sauver le dernier de nos tyrans;
après sa mort vous avez voulu bouleverser la
république,pour remettre son fils sur son
trône,afin de régner en son nom.vous
avez accusé les hommes du 10 août d'être
des dilapidateurs;et ces pauvres bougres sont
toujours aussi près de leurs pièces qu'avant la
révolution,tandis que vous avez les mains
pleines d'or et d'assignats pour faire la guerre
à votre patrie;vous fûtes les complices de
*dumouriez ;vous l'êtes encore des brigands
de la *vendée et de *custine .malgré tous
vos coups de chien pour perdre la république,
nous la sauverons,infâmes intrigants.
du *nord au *midi de la *france la liberté
triomphera;la constitution va être partout
acceptée;bientôt les patriotes de *lyon et
de *marseille seront vengés.déjà,foutre,
un détachement de l'armée des *alpes vient
de faire rebrousser chemin aux marchands
de sucre marseillais qui s'avançaient contre
*paris;les soldats de *barbaroux ont mordu
la poussière,et ils ont laissé leurs canons
à nos braves républicains.les marchands
<Epg=6>de galon de *lyon qui ont osé lever l'étendard
de la révolte,vont être bientôt bombardés,
s'ils ne s'empressent de mettre les pouces.
§ ainsi,foutre,tous les ennemis de la
république vont être à quia;mais pour les
anéantir une bonne fois,et ne plus leur
laisser d'espérance,il faut que la convention
chasse de toutes les places les ci-devant
nobles,qu'elle fasse jouer le général *moustache
à la guillotine,qu'elle fasse danser
la danse de *samson au traître *biron ,qu'elle
purge *paris de tous les bandits qui cherchent
à y exciter le désordre,et qui font
disparaître le pain,pour le jeter à la rivière.
il faut que jour et nuit elle s'occupe
du soulagement des malheureux et de l'instruction
publique,qu'elle fasse une guerre
éternelle aux accapareurs.il y a trop longtemps
que les pauvres bougres de *sans-culottes
souffrent et tirent la langue.c'est
pour être plus heureux,qu'ils ont fait la
révolution.la terre est couverte de la plus
riche moisson.on dit qu'une année de
récolte abondante doit nourrir la *france
pendant trois ans;ainsi donc,foutre,
<Epg=7>nous devons être tranquilles pour nos subsistances
pendant trois ans;mais il ne faut
pas les laisser disparaître,et les confier à
des mains aussi impures que celles du vieux
*roland .que les comités d'agriculture et
de commerce assurent la provision de chaque
département,et surtout que le garde-manger
de *paris soit bien garni.
quant aux autres denrées,le prix en diminuera
avec la paix;mais pour avoir la paix il
faut chasser,je le répète,tous les nobles,car
ce sont ces jean-foutres qui perpétuent la
guerre par leurs trahisons.que tous les *sans-culottes
se lèvent à la fois,et qu'ils se précipitent
de tous côtés sur les ennemis du
dedans et du dehors.dans peu de jours,
foutre,la république n'en aura plus,et tous
les brigands couronnés seront à ses pieds,
et elle leur dictera les lois qu'elle voudra.
alors,foutre,les assignats auront le plus
grand crédit;le commerce reprendra une
nouvelle vie;l'abondance régnera,et tous
les *français libres jouiront des bienfaits de
la constitution qu'ils ont faite avec tant de
peine,mais qui assurera à jamais leur gloire
<Epg=8>et leur bonheur,et celui de toutes les
nations,foutre.
<Sda=1793> <numero=264> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande joie du *père *duchesne
après avoir vu *marat dans un songe dans
lequel il lui a fait connaître tous les intrigants,
les fripons et les traîtres qui veulent
perdre la république.leur entretien bougrement
patriotique sur les moyens de sauver
la *sans-culotterie .le serment du vieux marchand
de fourneaux de marcher toujours sur
les traces de l' *ami du peuple ,malgré les
poignards et le poison des hommes d'état.
<edito=1> §je suis tout foutimassé depuis la mort de
<Epg=2>*marat.oui,foutre,depuis que l' *ami du peuple
n'est plus,la tristesse est peinte sur
tous les visages des *sans-culottes,et la
joie règne sur les faces de papier mâché de
tous les échappés de *coblentz .les patriotes,
en se rencontrant,pleurent et gémissent;
nous n'avons plus de guide,se disent ils,
nous ressemblons à des aveugles qui ont
perdu leur bâton.nous pouvions dormir
en repos,lorsque *marat vivait;car il veillait
sans cesse pour nous;il connaissait tous les
traîtres,il les poursuivait partout;leurs
plus secrètes actions lui étaient connues,
et jamais ils ne manigançaient un coup de
chien contre la république,que nous n'en
fussions avertis.de leur côté les aristocrates
bénissent la main sacrilège de l'infâme *charlotte ;
ils l'appellent la *judith du *calvados .
<Sat=1>son couteau,disent ils,nous a été plus utile
que tous les sabres,que toutes les baïonnettes et
tous les canons de la *prusse et de l' *autriche ;
nous pouvons conspirer désormais sans crainte;
nous sommes débarrassés du maudit *argus
qui épiait toutes nos démarches,et ne
cessait de nous dénoncer.
<Sat=0> § tous ces propos me troublent la cervelle,
<Epg=3>le souvenir de *marat me poursuit sans cesse.
la nuit dernière je l'ai vu dans un songe;sa
plaie saignait encore,foutre.à cette vue,j'ai versé des larmes:
<Sat=1>*ami du peuple ,m'écriai je,
en lui tendant le bras,est ce toi?oui brave
*père *duchesne,c'est *marat qui vient du séjour
des morts pour s'entretenir avec toi,car,
foutre,l'amour de la liberté me suit au
delà du tombeau.content d'avoir perdu la
vie pour ma république,il ne me reste
que le regret de ne l'avoir pas vu délivrée,
avant ma mort,de tous les scélérats qui
déchirent son sein.*père *duchesne,il faut
que tu fasses ce que je n'ai pu faire.tu
m'as suivi de près dans la révolution;comme
moi tu as consacré ta vie à la défense des
droits du peuple;tu parle le langage des
*sans-culottes,et tes bougreries,qui donnent
des vapeurs aux petites maîtresses,ronflent
agréablement aux oreilles des hommes
libres;car les hommes libres,il ne faut pas
les chercher parmi les beaux esprits.tes
joies et tes colères ont fait plus de bien que
tous les rêves des hommes d'état.ils le
savent bien les jean-foutres,et c'est pourquoi
ils sont persécutés comme moi.courage
<Epg=4>mon vieux,ne te rebute pas,quand tu devrais
éprouver le même sort que moi,n'en
sois point effrayé;est il une plus belle mort
que la mienne?mais comme tu es utile à
tes concitoyens,tâche d'éviter le poignard
des hommes d'état.vis encore quelque temps
pour les dénoncer,et pour achever,si tu
peux,la tâche que j'avais entreprise.
§ *ami du peuple ,lui dis je,la bonne volonté
ne me manque pas,foutre;tu te
rappelles ce que je te dis la veille de ta mort,
en te voyant épuisé de travail$:je désirais
partager avec toi ma force et ma bonne santé.
il m'en reste assez,me répondis tu,pour
confondre les intrigants,comme j'ai fait des
hommes d'état. il en est encore dans la convention,
il en est même à la *montagne quelques uns
que je démasquerai.oui,quand je
pourrai m'y traîner,je me ferai encore décréter
d'accusation;mais les fourbes seront connus.
<Sat=0>voilà,*marat,les dernières paroles
que tu m'adressas,en me serrant la main;
elle sont gravées dans ma mémoire,foutre,
et elle n'en sortiront jamais.
<Sat=1> § oui,*père *duchesne,il faut frapper d'estoc
et de taille maintenant,et ne ménager
<Epg=5>qui que ce soit.quand je proposai,il y
a trois mois,de planter trois cents potences
sur la terrasse des *tuileries ,pour y accrocher
les perfides mandataires du peuple,les
uns me prirent pour un fou,les autres pour
un buveur de sang;et cependant si on m'avait
cru,que de flots de sang auraient été épargné !
plus d'un million d'hommes de moins
auraient péri ! ainsi donc,au lieu d'être un
homme sanguinaire,quand je faisais cette
proposition,je parlais au contraire comme
un ami de l'humanité.les modérés ont plus
immolé de victimes,qu'il n'en est tombé
sous le fer de nos ennemis.rien n'est aussi
funeste en révolution que les demie mesures.
nous voilà arrivés enfin à l'époque où il faut
tailler dans le vif.les conspirateurs dont
on a bêtement laissé le nombre se grossir
sont d'un côté et les patriotes de l'autre;le
combat est commencé,mais c'est un combat
à mort.plus de quartier pour le parti vaincu;
car,foutre,si les hommes d'état avaient un
moment le dessus,il n'existerait pas dans
un mois un seul patriote.les scélérats
viennent de prouver de quoi ils sont capables.
à *marseille tous les jacobins ont été
<Epg=6>massacrés;à *lyon plus de cent républicains
ont été guillotinés par les royalistes;le sang
des amis de la liberté inonde en ce moment
les rues d' *avignon .les hommes d'état
voulaient commencer une semblable boucherie
à *paris,quand il nous firent arrêter,
toi et moi,*père *duchesne; mais les jean-foutres
ne connaissaient pas les *sans-culottes
de nos faubourgs.ce n'est pas au milieu
des hommes du 14 juillet et du 10 août que
l'on peut impunément commettre de pareilles
horreurs.ainsi les hommes d'état ont ils
changé leurs batteries.n'ayant pu corrompre,
ni ébranler la masse formidable des
*sans-culottes de *paris,ils les ont calomniés
dans tous les départements;ils les ont représentés
comme des bêtes féroces qui ne vivaient
que de chair humaine.les bonnes femmes
du *calvados ,du *finistère et de la *gironde ,
d'après tous ces mensonges,ont épouvanté
les petits enfants,en leur parlant de l'ogre
*marat,devenu plus redoutable pour les imbéciles
que le loup-garou;mais la postérité
me jugera,*père *duchesne;elle saura que
celui qu'on a tant de fois accusé d'être un
homme féroce,était le meilleur des humains,
<Epg=7>qu'il n'avait rien à lui,qu'il partageait le
fruit de ses veilles et de ses travaux avec les
malheureux,et qu'après lui il n'a laissé d'autre
héritage,que le bien qu'il avait fait à ses semblables.
mais c'est trop parler de moi,*père *duchesne,
ne songeons qu'à la république.
§ tu viens de faire une action digne de moi,
en dénonçant *custine ,tu as mis au jour
tous ses complots et ses trahisons.si on
eut tardé quelques jours à le rappeler,la
liberté était au foutre.cet infâme coquin,
après avoir fait massacrer les *français à
*francfort ,après avoir abandonné *mayence ,
après avoir laissé cerner *valenciennes ,après
avoir livré *condé ,n'attendait que le moment
de conduire son armée à la boucherie
et de donner le coup de grâce à la république,
en sacrifiant ses dernières ressources.
le bougre,heureusement,est à l'ombre.
ses crimes sont prouvés,que sa tête tombe
promptement sous le rasoir national,mais
que ce ne soit pas la seule ! que tous les
scélérats qui composent son état-major,soient
également raccourcis.poursuis,dénonce sans
relâche l'infâme *tourville ,qui était le
bras droit de *lameth ,et qui livrera *maubeuge ,
si on lui laisse le commandement.
fais connaître l'escroc *lapallière ,et surtout
le ci-devant marquis de *vérigni ,connu
dans tous les tripots sous le nom de *debrulis .
dis aux *sans-culottes de l'armée que ce
coquin a émigré deux fois.n'oublie pas *levenneur ,
l'ami intime de *la-*fayette ,et l'âme
<Epg=8>damnée de *custine ,ne donne point de relâche
à ces bandits,jusqu'à ce qu'ils aient été
chassés et punis comme des traîtres.
§ *marat,je profiterai de tes leçons.oui
foutre,ombre chérie,inspire moi;je te jure
de braver les poignards et le poison,et de
suivre toujours ton exemple.guerre éternelle
aux conspirateurs,aux intrigants,aux
fripons,voilà ma devise,foutre.ce fût
aussi la mienne,me dit le fantôme,en se
séparant de moi;tiens ta parole;oui,foutre,je la tiendrai.
<Sda=1793> <numero=265> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande colère du *père *duchesne
de voir que les *sans-culottes s'amusent à la
moutarde,au lieu de tailler dans le vif pour
sauver la république.les bons avisqu'ils leur
donne pour exterminer les brigands de la *vendée,
et faire mettre les pouces aux marchands
de galon de *lyon.sa grande motion pour
qu'on mette le grapin sur tous les contre-révolutionnaires,
les royalistes,les accapareurs,
et qu'on les enferme dans des églises,
en braquant devant le canon chargé à mitraille,
jusqu'à ce que la paix soit assurée
et la constitution établie.
<edito=1> § n'est il pas bien foutant de voir les
<Epg=2>*français se manger le blanc des yeux,lorsqu'ils
devraient être unis comme des frères?
les riches ne songent qu'à leur intérêt,et ils
laissent de côté celui de la république.si ils
chérissent tant leurs propriétés,ils doivent
tout faire pour les conserver;et cependant,
foutre,ils semblent qu'ils aient eux-mêmes
juré leur perte.cet avare,toujours occupé
de son coffre fort,qui ne dort jamais que
d'un oeil,qui a peur de son ombre,qui,au
moindre bruit,crie au voleur,à l'assassin,
que deviendrait il,si la contre-révolution
qu'il désire arrivait?ne serait il pas la première
victime ? les brigands de la *vendée,
les *prussiens et les *autrichiens,ne convoitent
pas les guenilles des *sans-culottes ? mais,
foutre,ils brûlent d'envie de faire ravage dans
les maisons des ci-devant fermiers,de ces
gros banquiers,qui entassent sacs sur sacs;
c'est pour eux que les agioteurs et les accapareurs
auraient travaillé,ils sauraient bien
déterrer tout l'or que cette foutue canaille a
caché dans les caves.
§ voilà,foutre,ce que je ne cesse de vous
répéter,infâmes égoïstes,qui perdez la patrie,
et qui voulez renverser le temple de la
<Epg=3>liberté au risque de vous ensevelir sous ses
débris.vous êtes,dites vous,fatigués de
révolution,vous soupirez après la paix et
c'est vous seuls qui éternisez la guerre;car
si une bonne fois vous consultiez le simple
bon sens et votre propre intérêt,au lieu de
vous séparer de la *sans-culotterie ,vous vous
joindriez à elle,et de bonne foi pour chasser
l'ennemi commun,en faisant un seul
effort pour la république;vous la verriez
bientôt triomphante;bientôt l'ordre et la
paix régneraient;la constitution affermie,
vous pourriez dormir en paix,car cette constitution
est la sauvegarde des propriétés.
mais,non,bougres d'imbéciles,vous voulez
un roi,c'est à dire que vous souhaitez votre
ruine totale et celle de votre pays.
§ un roi,millions de tonnerres ! avez vous
réfléchi,vils esclaves,à tous les maux qui
précéderaient la royauté, s'il était possible
qu'elle fût rétablie.il faudrait auparavant
faire perdre le goût du pain à tous les *sans-culottes.
le sang coulerait à flots,et la
*france ne serait plus qu'un vaste cimetière.
ce ne serait que sur des cadavres et au milieu
des ruines,que le petit avorton du *temple
<Epg=4>pourrait régner.mais ce n'est pas ainsi que
les royalistes calculent;ils s'imaginent,foutre,
de la république.ils pensent que
la misère le forcera bientôt à tomber à leurs
pieds,et à redemander ses chaînes.ainsi,
foutre,pour arriver plus tôt à leur but,ils
accaparent tout,ils font disparaître les subsistances
et les denrées,pour les revendre
ensuite au poids de l'or.mais les scélérats,
ignorent ils de quoi sont capables les hommes
qui veulent être libres?ont ils oublié que
nos braves volontaires,sans habits,sans
souliers,couverts de vermine,la boue jusqu'à
la ceinture,se sont battus comme des
lions contre les ours du *nord qui,l'année
dernière,avaient porté le fer et le feu dans
nos départements.il ne serait pas échappé
un seul de ces vagabonds,et le *mandrin de
*berlin ,comme son confrère *capet,aurait
mis la tête à la fenêtre,si l'infâme *dumouriez
n'avait lié bras et jambes à nos braves
guerriers.non,foutre,rien n'est impossible
aux *français,combattants pour la gloire et la
liberté.s'ils n'avaient pas été arrêtés dans
leur course,s'ils n'avaient pas été trahis,il
<Epg=5>n'existerait pas maintenant un roi sur la terre.
nos ennemis,fussent ils maîtres de la moitié
de la république,leur destruction n'en serait
que plus certaine.bientôt la *france entière
se lèverait pour les cerner de toutes parts,
et il n'en échapperait pas un seul pour aller
porter la nouvelle de leur capilotade.
§ qu'on ne s'effraye donc pas des dangers
qui menacent la liberté;plus ils sont grands,
plus notre victoire sera signalée.les brigands
qui nous font la guerre,le savent bien,
foutre;aussi n'espèrent ils nous réduire que
par la trahison,et en nous armant les uns
contre les autres.ils ont plus dépensé cent
fois pour allumer chez nous la guerre civile,
que pour armer les bandes d'esclaves qui
nous font la guerre;mais la masse de la
*sans-culotterie est inébranlable;elle veut
la liberté,et elle l'aura,foutre,malgré les
tyrans,malgré les traîtres.nous connaissons
maintenant la cause de tous nos maux,et
nous savons aussi les grands remèdes qu'il
faut y apporter;nous savons que tous les
nobles sont conjurés contre nous,que tant
qu'il en existera à la tête de nos armées,
nous ne cesserons d'être trahis et vendus à
<Epg=6>nos ennemis.eh bien,foutre,de par la *sans-culotterie!
on va donner de la pelle au cul à
tous les nobles.ils pourront,s'ils le veulent,
aller rejoindre leurs bons amis de la *vendée;
mais la *vendée,malgré tous les grands succès
de l'armée chrétienne,sera bientôt délivrée
des monstres qui ravagent nos campagnes et
nos villes dans ce département.pour combattre
ces loups enragés,on n'enverra plus des
compagnies composées de jean-foutres de sac
et de corde,qui ne s'enrôlent que pour escamoter
les assignats,et qui reviennent huit jours
après,en enfants de choeur,ayant un passeport
du roi *louis-XVII .il faut détacher de
nos différentes armées douze ou quinze hommes
par chaque compagnie.ce renfort,ayant
à sa tête un brave *sans-culotte ,tel que
*santerre ,aura bientôt débusqué les rebelles,
les amènera en plaine,et en fera une dernière
déconfiture.mais encore une fois,plus
de nobles.que tous les états-majors soient
supprimés,et que les talons rouges soient
remplacés par de bon vieux médaillons,
qu'en même temps tous les hommes en état
de marcher et de porter les armes,soient
requis,et qu'on se précipite de tous côtés
où il y aura du danger;avant la fin de la
campagne,tous les brigands seront à nos
pieds,et la paix sera assurée,foutre.
§ je vois ricaner nos fédéralistes,ils se
foutent de mes projets;ils se flattent de voir
la république se déchirer elle-même.je leur
entends parler du royaume de *buzot ,de la
<Epg=7>république de *lyon et de celle de *marseille .
ils s'imaginent qu'il est impossible d'anéantir
ces différents noyaux de contre-révolution;
eh bien,foutre,je vais aussi leur donner du
rabat joie, et leur prouver que si on veut,
*caen ,*lyon, *bordeaux , *marseille et *toulon
seront *sans-culottisés comme le faubourg
*saint-*antoine .que l'on fasse marcher l'armée
des *alpes contre les marchands de galon de
*lyon,qu'il pleuve seulement quelques douzaines
de bombes sur les gros magasins des
accapareurs de cette ville rebelle,qu'on permette
aux soldats le pillage de tous les nids
d'aristocrates;avant huit jours les fabricants
et trafiquants lyonnais mettront les pouces
et seront trop heureux de recevoir leur grâce
et d'accepter la constitution.il en sera de
même des marchands de sucre de *marseille .
quant au roi *buzot ,avant qu'il soit l'âge
d'un petit chien,s'il ne joue pas des jambes
du côté de la *vendée ou de l' *angleterre ,
nous lui verrons essayer à son tour le collier
de *charlotte *corday .
§ ainsi,foutre,quand nous voudrons donner
le moindre signe de vie,tous nos ennemis
seront à quia.qu'on mette le grapin sur tous
les contre-révolutionnaires,que tous les
feuillants,royalistes,aristocrates,accapareurs
soient mis à l'ombre,qu'ils soient enfermés
dans des églises,et que l'on braque vis-à-vis
des canons chargés à mitraille,jusqu'à ce que
la paix soit faite et la constitution établie.
voilà,foutre,les moyens de salut public
<Epg=8>que je propose,ils valent mieux que ceux
du bateleur *barrère ;mais il ne faut plus
biaiser,plus on tardera,plus le mal empirera.
à bas les modérés,à bas les nobles,
vive la *sans-culotterie ,foutre.
<Sda=1793> <numero=266> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande colère du *père *duchesne
au sujet de la capitulation honteuse de
*mayence livré aux *autrichiens par les ordres
de l'infâme *custine qui a placé dans toutes
les villes de guerre des scélérats pour les rendre
de la même manière.ses bons avis à la
convention pour qu'elle chasse tous les nobles
des armées.sa grande joie de voir le général
*moustache jouer à la main chaude en présence
des braves bougres des départements,
qui arrivent pour la fête du 10 août.
<edito=1> § depuis que le traître *custine siffle la linotte,
<Epg=2>je reçois à chaque poste des billets
doux de la part de tous les talons rouges
des armées.l'un me mande qu'il mangera
mon coeur à la croque au sel,l'autre qu'il
me fera rôtir à petit feu,l'autre qu'il m'écorchera.
ces estafiers m'accusent d'être payé
par *pitt et *cobourg pour calomnier le plus
grand des hommes,celui qui seul,peut seul
sauver la république,celui-là qui,suivant
eux ,a rétabli la discipline dans les armées;
car si on les en croit,nos braves frères de
la troupe de ligne,nos intrépides volontaires
ne sont que des brigands qui ne
savent que piller,voler,ravager.moi,foutre,
qui connais le soldat,puisque j'ai blanchi
sous les armes,je lui rends plus de justice.
je sais au contraire que c'est la faute
des chefs,quand la discipline ne règne pas
dans toutes les armées;de tout temps,il y a
eu plus de bravoure et de générosité parmi
les pauvres bougres qui font la guerre pour
cinq sols par jour,que parmi les foutriquets
qui jusqu'à présent les ont commandé.
§ au surplus je me fous des injures et des
menaces;tant qu'il me restera une goutte de
sang dans les veines,je dirai la vérité
<Epg=3>et je ferai une guerre mortelle à tous les
intrigants,aux fripons,et aux traîtres.quand
j'ai dit,il y a plus d'un an,que *custine était
un jean-foutre,je pouvais le prouver,j'avais
vu ce fanfaron à l'assemblée constituante
faisant toujours chorus avec les aboyeurs de
la liste civile pour écraser le peuple et
donner au cornard *capet tous les pouvoirs
et l'autorité possible afin d'écraser la liberté.
aussi,pour prix de ses bons offices,
fût il nommé général par le comité autrichien,
et de la même fournée que *la *fayette ,
*rochambeau , *dillon et autres pareils scélérats
qui ont conduit la *france à deux doigts
de sa perte.ce n'est pas ma faute,car depuis
la prise de la *bastille je n'ai cessé
de crier plus de nobles dans nos armées,
plus de nobles dans aucune place ,si nous
voulons être libres.la suite a prouvé si
j'avais raison.qu'on me cite un seul bougre
de cet acabit qui n'ait pas fini par trahir
la patrie,ceux qui sont restés au milieu de
nous,qui ont fait les bons apôtres pour nous
tromper,nous ont fait cent fois plus de
mal que les gredins qui ont vanné du côté
de *coblentz et que ceux qui sont aujourdhui
<Epg=4>dans la *vendée.toute la canaille des
ci-devant gens de qualité s'entend admirablement
pour nous perdre et il serait à
désirer que les patriotes fussent d'un aussi
bon accord que ces bougres le sont entre
eux.aussitôt que les *sans-culottes se sont
levés pour les anéantir;
<Sat=1>il ne faut pas d'abord nous rebiffer,se sont ils dit,car nous
ne brillerions pas,nous ne sommes pas un contre
mille;mais puisque nous ne sommes pas les
plus forts,tâchons d'être les plus fins.
partageons les rôles pour faire la contre-révolution,
que les uns parcourent toute l' *europe
pour aller recruter des ennemis à notre patrie,
que les plus adroits restent en *france et
qu'ils soient en apparence des *sans-culottes
enragés.ils obtiendront des places et ils
livreront en détail les *sans-culottes qui auront
été assez dindons pour leur accorder
leur confiance.à force de brouiller les
cartes et de mettre les *sans-culottes
à chien et à chat les uns contre les autres,
nous fatiguerons le peuple et lorsqu'il ne
lui restera plus que les yeux pour pleurer,
il tombera à nos pieds et nous lui ferons
durement la loi.c'est alors qu'il payera
<Epg=5>chèrement tous les maux qu'il nous fait endurer.
<Sat=0>§ voilà,foutre,comme les nobles,les financiers,
les robins ont raisonné depuis les
premiers jours de la révolution,voilà comme
ils ont agi,voilà la cause de tous nos malheurs.
ne nous en prenons qu'à notre badauderie.
revenons à ce garnement de *custine
et prouvons aux incrédules,(puisqu'il
faut des preuves),que ce viédase est le
second tome de *dumouriez.la mèche est
découverte à la fin et les crimes de ce
monstre sont prouvés.il est clair comme le
jour,foutre,qu'il a fait massacrer les *français
à *francfort ,qu'il a fait transporter la
plus belle artillerie de nos frontières à
*mayence pour la livrer aux *autrichiens et
qu'il voulait y faire périr les vingt deux mille
hommes qu'il y avait enfermés.le comité
de salut public possède les pièces qui prouvent
que quelques jours après le commencement
du blocus de cette place,le général *doiré
fût invité par le général prussien à une conférence
qui devait avoir lieu avec un agent
de *custine pour livrer cette ville.cette
conférence eut lieu en effet et il existe un
<Epg=6>billet signé de la main du traître *custine,
dans lequel il engageait le général *doiré à
négocier la reddition de *mayence avec nos ennemis.
§ ainsi donc,foutre,tandis que cet infâme
brigand jetait de la poudre aux yeux de
la convention et que certains badauds de la
*montagne,dupes de ses singeries patriotiques,
l'élevaient au dessus des nues,il tramait
sourdement la ruine de la *france.il
disait que cette ville avait des provisions
pour plus d'un an quand il était certain
qu'elle allait manquer incessamment de vivres;
il laissait une armée de cent mille hommes
les bras croisés plutôt que de voler au
secours de cette place importante.les soldats
cependant ne demandaient pas mieux
que de se foutre un coup de peigne et ils
brûlaient du désir de repousser au loin les
bandes de bêtes féroces que le *nord a vomies
sur nos frontières.pour dorer la pillule,
*custine répondait de tout sur sa tête;
il disait qu'il n'était pas prudent d'attaquer
les ennemis qui,suivant lui,étaient en force
supérieure tandis que ,foutre,le nombre de
nos troupes était plus considérable que les
<Epg=7>leurs.pour leur faire encore plus beau jeu,
il avait éparpillé son armée afin qu'elle
fût attaquée sur plusieurs points où elle n'aurait
pas été en force et afin de la détruire petit à petit.
§ c'est ainsi,foutre,qu'il a fait périr plus
de trente mille hommes en détail.quand il
a vu que le projet de ses bons amis les *brissotins
était à vau-l-eau,il s'est empressé
de faire capituler la garnison de *mayence
,qui s'est rendue honteusement,quoiqu'elle eut
encore des vivres pour plus de quinze jours;
c'est un nommé *corbeau ,rolandin renforcé
de la section de la *butte-des-*moulins ,qui
a manigancé cette odieuse capitulation.*custine
a placé dans toutes les villes de guerre
de pareils jean-foutres pour les livrer également,
quand il lui plairait de leur donner
le mot d'ordre. *condé a été vendu de la
même manière; *valenciennes va l'être ou
l'est peut-être déjà. *landeau , *lille , *strasbourg
seront en la possession de nos ennemis
avant un mois si on ne rappelle à
l'instant tous les nobles;mais puisque nous
tenons le chef de cette affreuse conspiration,
que son supplice effraye les scélérats qui seraient
<Epg=8>tentés d'imiter son exemple ! eh vite,
foutre, qu'on dresse la guillotine,que le
général *moustache et tous ses complices jouent
à la main chaude en présence de nos frères
des départements qui arrivent de toutes parts
pour la réunion du 10 août! que ce beau
jour,foutre,soit le dernier des nobles,des
intrigants,des traîtres,foutre.
<Sda=1793> <numero=267> <quinzaine=12> <semaine=121> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande colère du *père *duchesne
contre les *brissotins, les *rolandins , les
*royalistes qui font assiéger les boutiques
des boulangers par leur valetaille,dès la
pointe du jour ,afin d'exciter du trouble dans
*paris pour sauver le traître *custine.sa grande joie
au sujet du décret qui va faire raccourcir
tous les accapareurs. ses bons avis aux *sans-culottes
pour empêcher la disette et assurer
du travail et du pain à tous les citoyens,
quand on aura mis à l'ombre tous les jean-foutres
qui soufflent le froid et le chaud pour
faire la contre-révolution.
<edito=1> § tricherie revient toujours à son maître,
<Epg=2> foutre.jusqu'à présent tous les coups de chien
des ennemis du peuple sont retombés sur eux.
plus on a persécuté la *sans-culotterie ,plus
la *sans-culotterie a gagné.oui,foutre, les
scélérats qui ont conspiré contre la liberté
nous ont appris à être défiants;ils nous ont
guéri de la maladie de l'adoration.un homme,
tel qu'il soit,n'est plus qu'un homme à nos
yeux;tant qu'il va droit on l'encourage;
s'il fait un faux pas,il est foutu.*la-*fayette et
*dumouriez nous avaient donné de trop
bonnes leçons pour que nous les mettions
dans la boîte aux oublis.chat échaudé craint
l'eau froide.aussi,foutre,tous les patriotes
sont ils à présent sur leurs gardes;ils suivent
tous les fonctionnaires publics à la piste;rien
ne leur échappe;toutes les paroles,toutes
les actions des généraux sont connues.le
traître *custine ne se doutait pas qu'il avait
à ses trousses un essaim de *jacobins qui
examinaient sa conduite et rendaient compte
aux *sans-culottes de *paris de ses moindres
pensées.on l'a laissé s'engager pas à pas
dans le labyrinthe du crime et quand la
mesure a été comblée mon jean-foutre a
été criblé de toutes parts.quand il s'est vu
<Epg=3>démasqué,il a fait contre fortune bon coeur;
il a cru qu'avec de l'audace il pourrait,encore
pendant quelque temps,faire face à
l'orage;il s'est flatté qu'en jetant le chat
aux jambes des *sans-culottes,qu'en accusant
ceux qui le dénonçaient d'être des anarchistes,
des désorganisateurs,on pourrait
prendre le change sur son compte.comme
*dumouriez dont il a été le véritable singe,
il est venu à *paris conspirer avec les *brissotins,
les *rolandins ,les *girondins ,les *royalistes .
<Sat=1>"le pot aux roses est découvert,
leur a t il dit;cet aboyeur de *père *duchesne
ne me donne pas de relâche.je ne sais pas
qui a pu l'instruire de tous mes projets;mais
il les connaît comme moi-même.il les a
dévoilé à toute mon armée et il a si bien
mis le doigt dessus que les soldats n'ont plus
de foi dans les reliques du général *moustache.
plus j'ai fait d'efforts pour me justifier,plus
on a eu de défiance sur mon compte.c'est
en vain que j'ai fait brûler par mes agents et mes
complices ses joies et ses colères,le soldat
n'a été que plus avide de les lire.cependant
ce goujat de *duhem ,ce législateur de balle,
que j'ai si bien empaumé par mes cajoleries,
<Epg=4>et surtout par mes dîners,m'a défendu
comme le meilleur des avocats.*danton et
*lacroix n'avaient pas soutenu *dumouriez avec
plus de chaleur;mais malheureusement le
soldat se défie des législateurs qui dînent
avec les généraux.quand un pauvre bougre
de fusillier vient se plaindre au représentant
du peuple des injustices de ses chefs et
quand il voit ce représentant,la vue troublée
et cherchant les murailles,sortant de s'en
donner une pille avec ces mêmes chefs,il ne
reçoit pour réponses à ses plaintes que des rots
et des bouffées d'ivrogne;il retourne en murmurant
à sa tente,où,pour se consoler,il
est trop heureux de jurer avec le *père *duchesne.
voilà ma position;je suis foutu,mes
amis,si vous ne m'indiquez pas quelque moyen
de me raccrocher aux jambes.il faut que vous
répandiez à flots l'or et les assignats de *pitt et
de *cobourg ;il faut crier plus fort que les
accusateurs;il faut me donner de la tête aux pieds
une lessive pareille à celle dont se servit
l'apôtre *fauchet pour rendre *narbonne blanc
comme neige;il faut que *danton et *lacroix
plaident ma cause au haut de la *montagne;
il faut que notre cher *barrère épuise toute sa
rhétorique pour prouver que je suis la perle
des généraux;il faut surtout que le bavard
*thuriot ,en nageant comme de coutume
entre deux eaux,oppose ses si et ses mais£ aux
bougres du nouveau comité de salut public,
qui ne savent pas mâcher châtaigne et qui
sont capables de me faire jouer à la main
<Epg=5>chaude,comme dit ce maudit *père *duchesne;
il faut surtout que quelque nouvelle *corday
nous débarrasse de ce vieux bougre de marchands
de fourneaux;après cela,que je parte
avec des pouvoirs illimités;en arrivant à l'armée
je ferai pâlir d'effroi quiconque osera
souffler le mot;je ferai fusiller les raisonneurs;
malheur à celui qui se plaindra;je livrerai
aux *prussiens et aux *autrichiens toutes les
villes de guerre;je diviserai mon armée par
petits corps et elle sera détruite avant l'âge
d'un petit chien;alors,comme *dumouriez,
je jouerai des jambes du côté de l' *autriche ,
alors les républicains,trahis de tous côtés,
pressés de toutes parts,seront forcés de mettre
les pouces,alors la royauté sera rétablie,
alors les *brissotins reviendront sur l'eau,alors
je serai généralissime".
<Sat=0> § telle est,foutre,l'intention du général
*moustache en se rendant à *paris;tels sont
les complots qu'il a médités avec les scélérats
qui voulaient allumer la guerre civile
dans tous les coins de la république.heureusement
qu'il s'est brûlé à la chandelle,comme le
papillon.tous les *sans-culottes de *paris,
à la vue de ce chien enragé,se sont levés
pour l'étouffer.toutes ses turpitudes ont été
démasquées.tandis,foutre,qu'il distribuait
des assignats à pleines mains à de prétendues
poissardes pour se faire donner des
couronnes et leur faire crier vive *custine ;
tandis qu'il se promenait au *palais-*royal,au
milieu de tous les escrocs de *paris,qui criaient
<Epg=6>aussi comme les fausses poissardes, vive
*custine ;tandis,foutre, qu'il courait de spectacles
en spectacles pour se faire applaudir,
les *jacobins lui ont lâché une botte secrète,
dont il ne se relèvera pas,foutre.à son arrivée
de la comédie italienne où les coquines des
loges et des coulisses lui avaient fait les yeux
doux,où le bateleur *philippe lui avait adressé
plusieurs couplets,il a été happé comme un
renard dans le traquenard.il était temps,
foutre,car déjà les chevaux de poste étaient
attelés à sa voiture.
§ enfin la prise de *mayence a achevé d'éventer
la mine,on a trouvé des pièces qui
prouvent qu'elle a été livrée ainsi que *condé,
par les trahisons de ce garnement.son fils,
qui remuait ciel et terre pour exciter du désordre
dans *paris afin de lui donner la clef
des champs,vient d'être aussi arrêté. *montanet ,
président du tribunal révolutionnaire,
le même jean-foutre qui a sauvé *miranda ,
et qui avait la patte bien graissée pour sauver
également le général *moustache ,qui déjà
manigançait sa justification et celle des *brissotins,
a été mis aussi en cage.tous ces coquins
sifflent maintenant la linotte.nuit et
jour le tribunal révolutionnaire travaille au
raccourcissement de cette bande d'assassins du
peuple;pas un n'échappera au rasoir national.
§ depuis que leur procès est commencé,les
aristocrates ont le bec jaune;les bougres
,pour s'en venger,ont recommencé leurs farces
chez les boulangers dont les portes sont
<Epg=7>assiégées dès le point du jour.mais les *sans-culottes
leur font manger du fromage en
restant paisibles.ils ont de la peine,c'est
vrai, à se procurer du pain mais enfin ils
en ont.ils se consolent dans l'espérance que
*paris sera sous peu de jours délivré de tous
les coquins qui y sèment le trouble et de
voir rouler sur l'échafaud les crânes de tous
les traîtres;les accapareurs aussi jouent de
leur reste.le décret qui prononce contre
eux la peine de mort va être mis à exécution.
ça ira ,foutre,malgré les conspirateurs et les fripons.
§ mais pour que ça aille plus promptement,
il faut que les bandits qui composent les états-majors
des armées soient appelés ,et qu'on
les mette en lieu de sûreté.ils sont tous
complices de *dumouriez et de *custine.il
faut,foutre,que dans toutes les villes et
campagnes de la république,on arrête à la
fois,et à la même heure,tous les hommes
suspects,qu'on les enferme dans des caves et
dans des églises comme je l'ai déjà demandé,
et que le canon,chargé à mitraille,soit
braqué devant les lieux où ils seront détenus.
alors la paix régnera dans l'intérieur;alors
les citoyens pourront partir sans crainte,et
marcher en masse pour chasser les brigands
qui ravagent nos frontières.il n'y a plus de
temps à perdre,foutre;les moments sont
précieux.après cette bonne expédition,que
la république s'empare de toute la moisson
en indemnisant les cultivateurs;que le bled,
<Epg=8>le vin,le cidre et toutes les denrées soient
partagés entre tous les départements,suivant
la population;que la première part soit pour
les armées,car ceux qui nous défendent ne
doivent manquer de rien,qu'il soit donné
des secours aux vieillards et aux infirmes;
que tous les citoyens soient assurés de trouver
du travail et leur subsistance,la constitution
le veut,la *sans-culotterie l'ordonne.périsse
le jean-foutre qui s'y opposera,foutre.
<Sda=1793> <numero=268> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
<edito=1> § la grande colère du *père *duchesne
<Epg=2>au sujet de la prise de *valenciennes,qui
vient d'être livrée par les amis de *custine.
sa grande joie de voir que la louve autrichienne
va être à la fin raccourcie. la grande
visite qu'il lui a rendue à la *conciergerie
pour entendre ses cris et ses injures contre la
*sans-culotterie . sa grande dénonciation
au sujet d'un complot formé pour demander
une amnistie,le 10 août,en faveur de *custine
et de *brissot,et pour sauver tous les
viédases qui ont voulu buzoter la *france.
ses bons avis aux braves *sans-culottes
pour qu'ils se mettent sur leurs gardes pour
empêcher ce nouveau coup de chien.
§ sommes nous assez joués et ballottés par
les fripons,foutre?avais je tort quand je
me débaptisais dès le commencement de la
révolution pour empêcher les nobles de foutre
leur nez dans les affaires du peuple?ai je
cessé,badauds imbéciles,de vous crier que
si vous donniez votre brebis à garder au loup,
il finirait par la croquer? devions nous penser
que cette bougre de canaille,engraissée
de notre sang,qui mettait tout son bonheur
à tourmenter la *sans-culotterie ,changerait
tout à coup de caractère et donnerait,tête
baissée,dans la révolution,qu'elle aimerait
de bonne foi la liberté et l'égalité?il est
aussi impossible à rendre un jean-foutre de
l'ancien régime bon citoyen que d'apprivoiser
un tigre.qu'on me cite un seul noble,
depuis *la-*fayette jusqu'à *custine,qui n'ait
pas fini par être un conspirateur et un traître ?
il nous en cuira longtemps,foutre,pour
nous être laissé endormir par ces gredins.
après la trahison de *dumouriez,devions
nous en souffrir un seul dans nos armées.
§ quoi,foutre,plus de sept cent mille soldats
sont à la solde de la république,plus
de six millions de *français sont sous les armes,
et nous n'avons pu empêcher les bandes
<Epg=3>d'esclaves des tyrans du *nord ,d'envahir notre
territoire ! nous avons vu de sang froid et
les bras croisés *mayence,*condé et *valenciennes
investis par ces brigands,et nous
n'avons pas volé à leur secours ! nous avons
attendu que ces places fussent livrées par les
ordres de l'infâme *custine ! ce n'est pas la
faute des braves bougres qui les défendaient;
s'ils avaient eu de bons *sans-culottes à leur
tête,tous seraient morts sur la brèche plutôt
que de se rendre.jamais désespoir n'a été
comparable à celui de la garnison de *condé,
quand elle a été forcée de capituler.un porte-enseigne,
en remettant son drapeau à l'ennemi,
s'est brûlé la cervelle; deux sergents qui l'accompagnaient
se sont poignardés.tous leurs
camarades auraient suivi leur exemple s'ils
n'en avaient été empêchés.
§ les intrépides lurons qui étaient renfermés
dans *mayence auraient tenu dix ans,
s'ils avaient eu des vivres,et ils étaient déterminés
à mourir plutôt de faim que de se
rendre.le général *moustache connaissait
leur courage,aussi le scélérat s'est il empressé
d'ordonner à ses amis qui y commandaient
de livrer la place,quand il s'est vu
forcé de marcher à son secours.la garnison
n'a point été consultée pour la capitulation;
au contraire on a persuadé aux soldats qu'il
y avait une suspension d'armes,tandis que
l'état-major ouvrait les portes de la ville aux
ennemis.les *français se voyant ainsi trahis,
s'arrachaient les cheveux,brisaient leurs armes;
<Epg=4>ils ont protesté contre cette honteuse
capitulation à laquelle ils n'ont point de part,
et ils ont juré de venger la république,et
d'immoler tous les traîtres qui leur tomberaient
sous la main.où étais tu ,brave *merlin ,
dans ces moments affreux?toi seul aurais
empêché cette infâme capitulation.le premier
qui aurait parlé de se rendre aurait péri de
tes mains.les traîtres,pour consommer leur
crime,se sont débarrassés de toi;tu es
tombé sous leurs coups;reçois nos regrets,
homme pur et courageux; longtemps nous
pleurerons ta perte;mais tu seras vengé,foutre.
§ *valenciennes vient aussi d'être livré par
une pareille perfidie.la république perd dans
ces trois villes plus de neuf cent pièces d'artillerie.
*lille était également vendue par le
général *moustache;il voulait en faire sortir
les canons,quand les *sans-culottes lui ont
barré le chemin et l'ont forcé de venir rendre
compte de sa conduite à la convention;
au lieu d'approvisionner cette ville,il avait
au contraire fait vider les magasins,afin
qu'elle fût réduite par la famine dans le même
temps que *condé et *valenciennes.
§ tous ces malheurs sont grands,foutre;
mais il y a du remède.je voudrais que les
ennemis fussent à vingt lieues de *paris;c'est
alors,foutre,que les *français prouveraient
qu'ils ont du sang dans les veines.bientôt
les ennemis seraient cernés de toutes parts,
et leur sang impur engraisserait nos champs.
<Epg=5>mais les bougres savent bien ce qu'en vaut
l'aune;ils se souviennent de la *champagne ;
ils savent qu'ils ne peuvent nous vaincre que
par la trahison.étouffons donc une bonne fois
les traîtres;nous en sommes environnés;
*paris renferme en ce moment plus de vingt
mille brigands soudoyés par *pitt et *cobourg ;
et ils n'attendent que le signal pour piller et
égorger.*sans-culottes,mes amis,aiguisez
vos piques et vos sabres pour faire main
basse sur tous ces chenapans;mieux vaut tuer
le diable que le diable nous tue,comme
je vous l'ai dit cent fois. *parisiens ,on veut
vous détruire,soyez unis et vous triompherez;
c'est à vous surtout,gens de boutique,
que l'on en veut.les *anglais sont jaloux de
votre industrie;ils veulent anéantir *paris pour
s'emparer de votre commerce; *pitt vient d'accaparer
plus de vingt millions d'assignats marqués
de la face du traître *capet ,afin de faire
perdre le crédit de ceux de la république.
la convention vient de le ramasser au contre,
en empêchant le cours de cette monnaie des
contre-révolutionnaires;ces assignats ne
seront plus reçus qu'en payement des contributions
et des domaines nationaux,ainsi,
foutre,ce bon décret va forcer *pitt et ses
agents d'acheter les biens des émigrés.la masse
des assignats étant diminuée,le prix des denrées
va baisser et les contre-révolutionnaires
auront encore un pied de nez.
§ la veuve *capet qui,dans sa tour,se réjouissait
de tous nos revers,et qui espérait
<Epg=6>voir arriver à chaque instant les *prussiens
et les *autrichiens à *paris pour lui donner la
clef des champs vient d'avoir un rabat joie,
auquel elle ne s'attendait pas.la convention
a livré la garce au tribunal révolutionnaire.
elle a été transférée du *temple à la *conciergerie;
j'espère,foutre,que cette tête de
malédiction,qui a tant fait de mal à la
*france,ne pèsera pas une once.j'étais dans
cette prison quand elle y est arrivée pâle et
tremblante.lorsqu'elle a été seule et livrée
à elle-même,j'ai prêté l'oreille à son guichet,
pour entendre ses hurlements.telle qu'une
louve affamée qui rugit quand on lui a arraché
sa proie,elle poussait des cris affreux.
<Sat=1>"ainsi que mon gros cocu,disait elle,je
vais donc être raccourcie ! tout l'or de l' *autriche
et de l' *angleterre ne pourront me
sauver ! je ne verrai donc pas la ruine de
*paris,que j'avais préparée depuis si longtemps;
je ne contemplerai pas vos maisons
embrasées,badauds que je déteste;je ne
nagerai pas dans votre sang;je ne verrai pas
le jour où il n'existera pas pierre sur pierre
dans cette maudite ville;je serai morte satisfaite
si j'avais vu vos enfants égorgés sur le
sein de leurs mères,les femmes massacrées
dans les bras de leurs maris.je n'avais formé
qu'un voeu et il ne sera pas accompli,celui
de voir le dernier des *français à son dernier soupir !"
<Sat=0> § ainsi la guenon se lamentait.voilà,foutre,
les douces paroles qui sortaient de sa gueule
<Epg=7>empestée.après les avoir entendues,je rentrai
chez moi,transporté de colère,et je me
couchai la tête remplie de cette furie;je ne
dormis pas tranquillement,et dans un songe
*marat m'apparut encore.<Sat=1>
"vieux marchand de fourneaux,me dit il,malgré tes lunettes,
tu ne vois que du feu dans tous les coups de
chien qu'on nous prépare.tu as raison de te
réjouir de la mort d'une scélérate qui a mis
la *france à deux doigts de sa perte.sans doute
il faut que la coquine expie ses forfaits sur
l'échafaud,et le plus tôt sera le mieux;mais
tu ne vois que c'est un os qu'on jette aux
chiens à ronger;on croit,en raccourcissant
cette guenon,faire oublier *custine et *brissot.
apprends,mon vieux, qu'il existe certains
endormeurs à la convention qui se proposent
de demander une amnistie,le 10 août,pour
les infâmes députés qui ont voulu buzoter la
*france.c'est à toi à avertir les *sans-culottes
de cette nouvelle trahison.renverse tes fourneaux
,brise les le jour où on osera faire une
pareille proposition,et fous en les morceaux
à la tête des nouveaux hommes d'état qui
veulent remplacer ceux que j'ai mis à quia .
point de grâce pour les monstres qui ont
juré la perte de leur patrie". <Sat=0>
§ braves *sans-culottes,ce rêve est une
réalité.l'ombre de *marat m'a donné l'éveil,
foutre,et je n'ai pas mis son avis en oreille
d'âne.oui,il existe des députés assez jean-foutres
pour faire une pareille proposition;
j'ai la preuve que ce complot est formé par des
<Epg=8>bougres qui commencent à se démasquer.il
serait bien foutant,dans le moment où la convention
marche si bien,de la voir arrêtée par
les nouveaux *brissotins;mais je les suis à la
piste;je saurai tout ce qu'ils feront,tout ce
qu'ils diront,et je les dévoilerai,foutre.
<Sda=1793> <numero=269> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande colère du *père *duchesne
contre une nouvelle clique de fripons et d'intrigants
qui veulent remplacer les *brissotins
et mener la convention à la lisière,livrer la
*france à nos ennemis,et donner la clef des
champs au petit louveteau du *temple pour
régner en son nom. sa grande joie de voir
arriver les braves *sans-culottes des départements
pour la fête du 10 août. les bons avis
qu'il leur donne de mettre tous leur tête dans
un bonnet pour exterminer tous les traîtres,
et donner le grand coup de collier qui fera marcher
la constitution.
<edito=1> § tous les bons citoyens ont le coeur navré
<Epg=2>des malheurs de la république.abattons nous
un traître ,un autre le remplace.ce n'est pas
la faute du peuple,foutre,si nous retombons
toujours de fièvre en chaud mal;car ce
pauvre peuple a fait plus que puissance pour
être libre;il s'est épuisé,dieu merci,et il
est prêt à faire les derniers sacrifices pour
en venir à son but.il serait heureux,s'il
avait été conduit par des bougres dignes de
lui;mais,hélas,il n'a cessé d'être trompé
dans tous ses choix.des milliers de gredins
qu'il a tiré de la boue et qu'il a comblé de
bienfaits le volent,le grugent et le trahissent
à la journée.qu'ont fait les trois assemblées
nationales$: rien,foutre?la première
détruisit les grands,mais pour s'emparer de
leurs dépouilles;les avocats voulaient succéder
aux ducs et aux marquis;ils vendirent
les *sans-culottes au tyran,et dans leur
bougre de gâchis de la révision,ils préparèrent
à la nation des chaînes plus dures et plus
honteuses que celles qu'elle avait portées jusqu'alors.
l'assemblée législative,toute composée
de têtes à marc d'argent,pêcha en eau
trouble;elle foula aux pieds les *sans-culottes;
l'aristocratie des riches succéda à celle
<Epg=3>des nobles;cette bougre de cohue ne voulait
qu'un roi dans la constitution,parce que
ce roi avait une liste civile et toutes les places
en sa disposition;la liberté était foutue;l'infâme
*capet allait être plus despote que dans
l'ancien régime,s'il n'avait existé des *jacobins ,
la fine fleur de la *sans-culotterie ;ces
*jacobins bravèrent la rage des tyrans et les
poignards de *bailly et de *la-*fayette ,pour défendre
le peuple,et l'éclairer.quand le sac est
trop plein,il faut qu'il crève,foutre.à force
d'être opprimés,les *sans-culottes se rebiffèrent ;
le 10 août ils firent danser la carmagnole
au comité autrichien;mais malheureusement
dans cette belle journée ils ne
firent que la moitié de la besogne.ce n'était
pas assez que de foutre en canelle le trône
que soixante et tant de mangeurs d'hommes
avaient occupé depuis tant de siècles,ce n'était
pas assez de mettre à l'ombre toute la
ménagerie des *tuileries ,il fallait,tandis
que la masse du peuple était levée,qu'elle
écrasât tous les ennemis de la liberté et de
l'égalité,il fallait que le monstre qui venait
de faire égorger tant de victimes,fût traîné
par les chevaux avec sa bougre de race sur
<Epg=4>la place du *carousel , et que son sang impur
fût versé sur les cadavres des citoyens qui
venaient de périr,il fallait dans ce jour faire
disparaître tous les monuments de la royauté,
il fallait raser le château où la louve autrichienne
avait juré la perte de la *france,il
fallait en même temps ne pas laisser pierre sur
pierre à *versailles,à *marly ,à *trianon ,à *rambouillet ,
à *st-*cloud ,à *fontainebleau ,à *chantilly ;
car tant que les repaires du crime existeront
toutes ces bêtes féroces qui seront avides
du sang des hommes,tous les monstres qui
auraient la fureur de régner,chercheraient à s'y nicher.
§ voilà,foutre,la seule faute du peuple;
pour s'être arrêté dans sa vengeance,il se
voit encore au premier chant des mâtines;il
devait espérer qu'une convention,toute composée
de *sans-culottes,donnerait à la révolution
un si bon coup de collier,que les
affaires iraient mieux;il ne réfléchissait
pas qu'une infinité de fourbes,couverts du
masque du patriotisme,avaient jeté de la
poudre aux yeux des *sans-culottes de tous
les départements,et ils s'étaient fait nommer à
cette convention;il devait,quand il vit les
gredins de la *gironde renommés à cette
nouvelle assemblée,se souvenir de toutes
les manigances de *guadet , *vergniaud , *gensonné
avec le comité autrichien,et renvoyer
tous ces jean-foutres aux *gascons qui les
avaient nommés;il devait demander aux
*sans-culottes du pays chartrain quelque bon
<Epg=5>laboureur à la place de ce fripon de *brissot ,
qui fait et a plus fait de mal à sa patrie que
*pitt, *cobourg et *brunswick ;c'est ce mauvais
levain qui a manqué de perdre la convention
et la république.si on l'eut d'abord étouffé,
la *france serait partout triomphante.
*sans-culottes,mes amis,je vous mets le
doigt dessus.que vos sottises passées vous
servent de leçon,et vous empêchent d'en
faire de nouvelles;vous allez jouer de votre
reste;vous touchez à votre bonheur ou à votre
perte;le moment d'employer de grandes
mesures est arrivé;il n'y a plus à tortiller;
vaincre ou mourir,foutre;vous allez être les
plus vils, les plus malheureux des esclaves
,ou les premiers des hommes;ne craignez
plus de tailler dans le vif;enchaînez tous les
amis de la royauté,si vous ne voulez être
enchaînés par eux.
§ frères et amis des départements,braves
bougres,qui avez accepté avec transport la
constitution républicaine,et qui êtes envoyés
par vos concitoyens à *paris pour jurer,en
leur nom,de défendre jusqu'à la mort cette
constitution,apprenez tous les complots que
l'on forme pour la détruire.des ambitieux,
des intrigants,des voleurs qui ,jusqu'à présent,
ont fait les bons apôtres,et qui vous
ont si bien foutu dedans,que vous croyez
d'excellents républicains,sont d'accord avec
les brigands couronnés pour perdre la *france.
déjà vous les avez vu défendre *dumouriez,
et partager avec lui les dépouilles de la *belgique .
<Epg=6>ces nouveaux hommes d'état vous
donneront encore plus de fil à retordre que
les *brissotins et les *girondins ,si vous ne
vous empressez de leur lier pieds et mains,
pour les empêcher d'agir.savez vous,foutre,
quel est le projet qui est maintenant sur le
tapis?je vais vous l'apprendre;vous en
frémirez,foutre;il vous paraîtra extravagant,
mais il n'en existe pas moins.
§ on veut,à force de trahisons et de malheurs,
forcer le peuple à désirer l'ancien
régime,et à le redemander.attendons nous
à voir toutes nos villes de guerre livrées
comme *condé et *valenciennes,si la république
ne fait pas un grand effort pour écraser
ses ennemis du dedans et du dehors.on va
tout tenter pour fatiguer le soldat,et pour
faire débander nos armées;mais,foutre,
je suis bien tranquille sur leur compte,elles
sont composées de la fine fleur de la république.
il n'est pas un seul de nos guerriers
qui ne soit décidé à tenir le serment qu'il
a fait de vivre libre ou de mourir.les
traîtres,en calculant ainsi la ruine de leur
pays,comptent sans leur hôte;lorsqu'ils
nous auront réduit à cette extrémité,quand
la moitié de la *france sera ravagée par les
brigands du *nord,ces jean-foutres se flattent
que les *sans-culottes seront trop heureux
de recevoir la paix à genoux.c'est alors
que les hommes d'état,pour mettre fin à
tous les maux qu'ils auront occasionnés,
nous proposeront la royauté comme le seul
<Epg=7>remède;c'est alors qu'ils iront donner la
clef des champs au petit avorton du *temple .
des milliers de coquins,répandus dans *paris,
et qui auront la patte bien graissée,crieront
alors vive *louis-XVII ;les meilleurs patriotes
seront massacrés;les scélérats qui mitonnent
cette contre-révolution s'empareront de
l'autorité,et régneront au nom du louveteau.
§ voilà,foutre,le coup de chien qui se
prépare;que faut il faire pour l'empêcher?
ce qu'il faut faire,foutre?il faut d'abord
mettre à l'ombre tous les hommes suspects,
chasser de nos armées tous les nobles et
les intrigants;il faut ensuite renouveler la
convention,et ne la composer,cette fois ci,
que de véritables républicains;il faut,avant
toutes choses,organiser un pouvoir exécutif,
et ne pas réunir tous les pouvoirs dans
les mêmes mains.la contre-révolution sera
faite avant un mois,si on laisse le comité
de salut public organisé tel qu'il l'est aujourdhui.
les ministres ne sont plus que des commis
sans responsabilité,puisqu'ils sont
obligés de marcher comme des aveugles,
et d'obéir comme des esclaves aux ordres
de ce comité.je sais,foutre,qu'il est composé,
en majorité, d'excellents citoyens,
mais il y a dans le troupeau plus d'une brebis
galeuse;d'ailleurs ce comité sera renouvelé,
et à la place de *robespierre ,
de *saint-*andré ,de *prieur ,je vois d'avance
se glisser certains fripons qui convoitent les
<Epg=8>cinquante millions que la convention a accordé
à ce comité;gare le pillage et la contre-révolution,foutre.
<Sda=1793> <numero=270> <semaine=122> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande colère du *père *duchesne
de voir manquer les subsistances au moment
où nos frères des départements viennent manger
avec nous le pain de la fraternité. ses
bons avis aux braves *sans-culottes pour
qu'ils s'emparent de la clef du garde-manger,
afin qu'il ne soit plus délivré de boufaille
qu'aux ouvriers et aux hommes utiles,et que
les godelureaux et les coquines de l'ancien
régime,qui rient de la misère du peuple,
soient condamnées à leur tour à faire carême.
sa grande joie de s'en foutre une
pille éternelle avec les braves bougres qui
vont jurer avec nous de défendre jusqu'à
la mort la république,une et indivisible et
la mort des tyrans,des traîtres et des accapareurs.
<edito=1> § aussitôt que la convention fût accouchée
<Epg=2>de la constitution,je dis:la république est
sauvée ,foutre.d'un côté je voyais les mines
allongées des aristocrates,de l'autre la joie
des *sans-culottes;cela ne va jamais l'un
sans l'autre;mais aussi je m'attendais que les
ennemis du peuple emploieraient le vert et
le sec pour empêcher cette constitution de s'établir
<Sat=1>" voilà,se sont ils dit,une loi
toute à l'avantage des malheureux;si la
*france adopte cette constitution,la république
est à jamais affermie;tous les *français
vont être libres et égaux,non pas en rêve,
mais en réalité,foutre.le *sans-culotte se
moquera du riche,et lui dira de dîner deux
fois;ses enfants seront aussi puissants,aussi
honorés que les nôtres,puisque cette constitution
veut que l'éducation soit la même.
la *sans-culotterie ,qui jusqu'à présent ne
produisait que de mauvais sauvajons,faute
de culture,va pousser maintenant les tiges
les plus hautes et les plus saines;il en sortira
des fruits en abondance,tandis,foutre,
que nos troncs usés et pourris ne pourront plus
rien produire;réunissons nous tous,hommes
de l'ancien régime,armons nous de haches
pour couper l'arbre de la liberté;il est encore
<Epg=3>fragile,il n'a poussé que de faibles racines,
tâchons de le déterrer,pour placer à sa place
le cyprès de la royauté;il poussera comme
le chiendent,il étouffera sous ses rameaux
empoisonnés tous les arbrisseaux qui l'entourent
;un seul épi ne mûrira à son ombre;
mais les plantes venimeuses,c'est à dire la
noblesse,le clergé,la finance,la robinaille,
l'usure,l'agiotage,le monopole,l'accaparement
croîtront à vue d'oeil autour de lui;
mais,foutre,il n'est pas facile d'exécuter ce
projet;les *sans-culottes n'entendent pas raison
sur ce chapitre;ils ont tous juré de mourir
plutôt que d'avoir un roi;ils tiendront leur serment,
foutre.jamais nous ne pourrons
les réduire par la force,ils sont mille contre
un.que faire donc?il faut avoir recours à
la trahison,c'est notre grand cheval de bataille,
nous ne sommes qu'une poignée de
contre-révolutionnaires,mais nous sommes tous
riches.commençons par accaparer toutes
les subsistances,toutes les denrées.quand
nous aurons la clef du garde-manger,nous
ferons tirer la langue d'une aulne à cette maudite
canaille;nous vendrons tout au poids
de l'or.l'ouvrier ne pourra plus approcher
<Epg=4>de rien;il faudra qu'il arrose de ses sueurs
et de ses larmes le morceau de pain bis
que nous lui jetterons comme à un chien.
quand il aura perdu sa journée,à la porte
des boulangers pour avoir sa subsistance,et
qu'il n'aura pu s'en procurer,quand il rentrera
chez lui,désespéré d'entendre les cris
de sa femme et de ses enfants,nous lui
lâcherons aux trousses quelques uns de nos limiers
qui lui tiendront un peu près ce discours:
eh bien $! *sans-culotte imbécile,te voilà
républicain,et tu n'as pas de quoi mettre
sous la dent ! reviens de ton erreur,va demander
pardon à tes anciens maîtres;ils ne
demandent pas mieux que de te faire grâce.
leurs caves sont remplies d'écus et de beaux
louis d'or.quand tu voudras,ils te délieront
les cordons de leurs bourses;mais avant de
ressentir les effets de leurs bontés,il faut que
tu renonces à tous les projets de liberté,il
faut que tu immoles de tes mains tous les
hommes qui ont brisé tes fers,il faut que
tu gueules à plein gosier pour redemander un
roi,il faut que les princes,que les émigrés
rentrent dans leurs biens,il faut que les cardinaux,
archevêques,évêques,abbés,prieurs
<Epg=5>et chanoines reprennent leurs bénéfices,il
faut ramener en triomphe les fermiers généraux,
les rats de cave,les gabeloux,il faut
que les têtes à perruque des ci-devant parlements,
chambres des comptes,des aides
recommencent leurs mascarades,et disent
leurs messes rouges,il faut enfin,pour
couronner l'oeuvre,une banqueroute générale;
voilà,*sans-culotte ,le seul chemin du bonheur
,où tu puisses marcher maintenant.ventre
affamé n'a point d'oreille.il faudra,bon
gré,mal gré que les gueux obéissent.les
généraux qui sont dans notre manche,livreront
aux étrangers toutes nos villes de guerre;
de faux patriotes,qui s'entendent avec nous,
brouilleront les cartes à la convention;la
république sera déchirée de toutes parts;elle
ressemblera à la tour de *babel ;personne ne
s'entendra que nous;les patriotes s'armeront
les uns contre les autres,se mangeront le
blanc des yeux;tous les mécontents se joindront
à nous;enfin nous deviendrons les plus
forts;c'est alors que nous ferons nos prouesses,
et que les *jacobins apprendront de quel bois
nous nous chauffons".
<Sat=0> § voilà,pauvres *sans-culottes,qui ne voyez
pas plus loin que votre nez,toutes les manigances
de vos ennemis.ils vous enlèvent vos
subsistances,et au lieu de vous en prendre à
eux,c'est vos magistrats que vous gourmandez.
je conviens,foutre,que votre position
est affreuse,mais prenez garde de la rendre
encore plus malheureuse.sans doute il est
<Epg=6>foutant et contre-foutant d'aller se coucher à
jeun,quand on s'est épuisé pendant le jour à
force de travail.oui,vous avez raison de
vous débaptiser quand vous éprouvez la disette
au milieu de l'abondance;mais quand vous
voudrez cette disette cessera. n'avez vous pas
des bons bras pour exterminer les accapareurs?
n'avez vous pas des bonnes jambes pour aller
chercher le grain qui vous manque,chez les
gros fermiers qui le cachent?
§ quand vous voyez la foule à la porte des
boulangers,prenez la liste de tous les citoyens,
distribuez vous-même le pain.commencez
par servir les ouvriers,les mères de famille;
ceux-là n'ont pas de temps à perdre.faites la
conduite de *grenoble à tous les coquins de
riches qui rient de votre misère.condamnez
cette bougre de vermine à quelques jours de
carême et je vous réponds que vous n'éprouverez
plus de disette;car eux seuls l'occasionnent,
il y a toujours de vivres de reste pour
les hommes utiles.ceux qui ne le sont pas
sont indignes de vivre.quand vous les aurez
fait fumer à leur tour,ils ne s'aviseront plus
de vous escamoter les premières fournées
pour les jeter à la rivière,comme ils ont
fait depuis que la constitution est sur le chantier
;serrez aussi de près la botte aux mitrons
qui,pour la plupart,ne valent pas les quatre
fers d'un âne;empêchez leur de vendre le
pain aux gens de campagne , qui maintenant
ont fait leur récolte.encore une fois *sans-culottes,
mes amis,songez que si vous êtes
<Epg=7>malheureux,vos frères des départements le
sont encore davantage;toute l'année ils ont
payé le pain dix à douze sols la livre,et encore
n'en ont ils pas pu avoir.pour la plupart
ils ont été réduits à manger des choux bouillis
et des racines;ils ne sont pas pour cela rebutés;
car ils savent que les aristocrates et les
royalistes sont seuls cause de tous nos maux;
ils espèrent les voir bientôt finir,et maintenant
ils dansent partout la carmagnole autour
de l'arbre de la liberté,et bénissent la convention
qui vient d'achever une constitution parfaite.
§ rallions nous autour d'elle.braves lurons
des départements,qui veniez ici pour chanter
et boire avec nous en réjouissance de l'acceptation
de l'évangile de la *sans-culotterie ,
ne vous effrayez pas si vous voyez *paris agité
pendant votre séjour parmi nous;vous devriez
vous y attendre;votre arrivée est la mort de
tous nos tyrans.le monstre du fédéralisme
fait un dernier effort en expirant,pour empoisonner
le beau jour qui nous réunit;mais
il n'en sera que plutôt étouffé.aidez nous à
lui donner le coup de grâce.comme nous,
vous connaissez la cause de cette disette factice;
mais les magistrats du peuple,et surtout
le bon *sans-culotte *pache se sent tout remué
nuit et jour.nous aurons assez de pain pour
le partager avec vous,et nous avons derrière
les fagots quelques bonnes bouteilles de réserve
que nous vous destinions ; buvons les ensemble
à la santé du peuple,à la *sans-culotterie ,
<Epg=8>à la république,une et indivisible.quand vous
retournerez chez vous,vous direz à vos concitoyens
tous les coups de chien que l'on emploie
pour affamer *paris;vous nous enverrez
des vivres,et vos armes et les nôtres purgeront
la république de tous les traîtres et des accapareurs,foutre.
<Sda=1793> <numero=271> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande joie du *père *duchesne
de voir que les braves bougres,envoyés par
les départements pour la fête de la constitution,
sont décidés à donner avec nous le dernier
coup de collier pour sauver la république.
le grand discours qu'il leur adresse avant
leur départ,et les bons avis qu'il leur donne
pour qu'il fassent sonner le tocsin dans tous
les villages,afin de faire danser la carmagnole
aux aristocrates,aux royalistes et
aux accapareurs,et ensuite aux *autrichiens
et aux *prussiens.
<edito=1> § elle est donc acceptée,foutre, cette constitution
<Epg=2>qui fera à jamais la gloire et le bonheur
de la *france.la république entière a juré de
défendre cet évangile de la *sans-culotterie .
quel spectacle,foutre,que celui de la réunion
de tous les départements pour cette grande
fête ! celle du 14 juillet 1790 n'était que de la
*st-*jean en comparaison;à cette première
fédération il faisait un temps de bougre;tous
les fédérés,mouillés jusqu'aux os,crottés jusqu'à
l'échine,s'en prenaient au père éternel,
qu'ils accusaient d'être un peu aristocrate;
mais,foutre,le père éternel avait raison,
car il était sans doute indigné de voir la
*france embadaudée comme elle l'était alors;
il ne pardonnait pas aux *sans-culottes qui
avaient pris la *bastille,et qui se vantaient
d'avoir établi la liberté et l'égalité,de souffrir
encore les distinctions de citoyens actifs et
inactifs;à cette cérémonie tous les nobles
jouaient encore les premiers rôles.les prêtres
que le père éternel n'aime pas(quoiqu'ils
se disent ses hommes d'affaires ici bas),les
prêtres ,au mépris de la liberté des cultes,y
faisaient aussi leurs farces,et ce qu'il y avait
de plus odieux encore,c'était la présence
d'un roi.ainsi donc,foutre,le père éternel,
<Epg=3>en lâchant tous les robinets de la voûte céleste,
pour arroser les envoyés du peuple
français,loin de se montrer aristocrate,
prouva au contraire qu'il était le père de la
*sans-culotterie .voyez,foutre,quel beau
temps pendant la fête de la constitution républicaine.
§ je n'entreprendrai point,foutre,de faire
le tableau de cette fête;je laisse le soin à
nos braves lurons des départements de raconter
à leurs femmes et à leurs enfants tout ce
qu'ils auront vu.quand les vieilles grands-mères
viendront leur demander combien chaque
parisien mange de petits enfants à son
déjeunée,combien les *jacobins boivent de
pintes de sang à leur repas,ils les enverront
au conte de la *barbe-*bleue ,et ils rendront
justice aux *sans-culottes de *paris.oui,
foutre,nous en sommes certains,frères et
amis,vous ne nous quitterez point,sans
répandre des larmes.nous ne vous avons pas
reçu aussi bien que nous l'aurions désiré,
mais du moins vous avez pu connaître que
vous et nous,nous n'avions qu'un coeur et
qu'une âme.vous savez maintenant si nous
aimons la liberté et l'égalité,si nous voulons
l'indivisibilité de la république ! après tous
les sacrifices que nous avons fait pour la
révolution,nous n'aurions jamais dû vous
être suspects;mais des scélérats vous avaient
trompés sur notre compte;ils vous avaient
persuadé que nous voulions détruire notre
ouvrage,que nous voulions devenir vos maîtres,
<Epg=4>nous qui ne pouvons vivre sans vous ! c'est
vous qui semez le grain qui nous nourrit,
c'est vous qui nous envoyez toutes nos denrées;
en échange de ces dons précieux nous
ne vous rendions sous l'ancien régime que
des colifichets,maintenant nos bons républicains
s'exerceront à des arts utiles:nous fabriquerons
des étoffes solides avec la laine de
vos moutons,nous forgerons le fer qui
défendra vos propriétés;notre commerce,
notre industrie porteront l'abondance dans les
campagnes;*paris ne sera plus regardé comme
un gouffre,où viendront se perdre toutes les
richesses de la république;ce que *paris recevra
d'une main il vous le rendra de l'autre et
vous ne perdrez point au change,car notre
travail embellira tout ce que vous nous aurez
confié,et le fera servir à l'utilité commune.
les boutiques des marchandes de modes se
transformeront en ateliers; les cafés,le rendez-vous
des fainéants,seront occupés par des
bons travailleurs,par des bougres de ma trempe,
qui,avec une argile grossière,mouleront
des poêles et des fourneaux.les marchands
de carrosses deviendront de bons charrons,
les orfèvres se feront serruriers;ces
arrangements ne conviendront pas à nos petites
maîtresses et à ces godelureaux à culottes
étroites et aux habits carrés;mais une république
ne peut exister avec une pareille canaille,
et j'espère qu'un de ces matins les
*sans-culottes s'armeront de fouets pour
foutre la chasse à tous ces courtauds de
<Epg=5>boutique,à tous ces clériaux,à tous ces bandits
du *palais-*royal ,qui tirent la langue sur
les patriotes,et qui ne cessent de faire de
l'esprit à perte de vue contre la république.
§ nous ne voulons souffrir parmi nous que
des hommes utiles.des bougres d'endormeurs
qui s'imaginent faire toujours la pluie
et le beau temps avec leur politique,prétendent
que sans le luxe et le vice tous les
habitants de *paris iraient à l'hôpital;moi,
je réponds à ces viédases que *paris ne saurait
exister sans les bonnes moeurs;dans
l'ancien régime,nous nous laissions éblouir
par mille foutaises.l'étranger,en entendant
tout le fracas des voitures,en voyant dans
les places publiques,dans les spectacles,
tant de gens brillants et ne songeant qu'à
leurs plaisirs, s'imaginait que ce *paris était
un paradis terrestre;mais,foutre,s'il venait
à réfléchir que tous ce fatras d'or et d'argent,
de soieries,de meubles magnifiques,était
arrosé des sueurs,des larmes de sang des
malheureux,s'il lui prenait fantaisie de perdre
un instant de vue les superbes nids de
cocu du quartier *st-*germain ,pour visiter
les galetas des pauvres bougres du faubourg
*st-*marcel ou *st-*antoine ;c'est là,foutre,
que son coeur saignait de voir des milliers
de bons pères de famille épuisés de fatigues,
desséchés de misère,pour procurer aux fermiers
généraux,aux évêques et à leurs putains
les meubles et les décorations de leurs
palais,de leurs boudoirs.l'homme libre se
<Epg=6>dégrade,quand il est aux gages du vice.
pourquoi les *marseillais,les *lyonnais,les
*bordelais ont ils tourné casaque à la *sans-culotterie ?
c'est que les gros marchands,
trafiquants,boutiquiers de ces villes,sont tous
des accapareurs,des usuriers qui s'engraissaient
avec la cour et les nobles.ils
prévoient que la république va leur couper les
vivres et délivrer les ouvriers de leur tyrannie,
voilà pourquoi ils ont levé l'étendard
de la révolte et massacré tous les amis de
la liberté.nous autres *sans-culottes *parisiens,
qui nous foutons des richesses et qui
ne voyons de bonheur que dans l'égalité,
nous périrons jusqu'au dernier pour défendre
la république,une et indivisible.
§ voilà notre profession de foi,frères et amis
de tous les départements.c'est à nous que
vous devez la ruine de la *bastille ,la destruction
de la noblesse,de la gabelle,des entrées,
de la taille,de la chasse,de la dîme.
en nous levant les premiers contre notre tyran,
nous savions que nous porterions tout
le fardeau de la révolution;mais nous avons
tout bravé pour l'intérêt général.depuis quatre
ans nous endurons la misère et la famine pour
achever notre ouvrage.nous ne nous sommes
jamais plaint que quand vous ne nous avez pas
rendu justice.vous êtes venus de tous
côtés pour nous juger;vous avez vu ce que
nous sommes;vous savez ce que nous
voulons;nous sommes satisfaits.
§ avant de rentrer dans vos foyers,frères et
<Epg=7>amis,il faut,foutre,que nous mettions tous
nos têtes dans un bonnet et que nous donnions
tous le grand coup de collier pour sauver la
république.aidez nous à la délivrer de tous les
traîtres.ils viennent de livrer à nos ennemis
les plus fortes de nos villes de guerre.
nos campagnes du *nord sont ravagées par
ces mêmes *prussiens dont tout le sang aurait
dû engraisser les plaines de la *champagne ,
sans l'infâme *dumouriez .volez dans vos départements
;sonnez y le tocsin;que tous les
bras des républicains soient armés pour exterminer
d'abord tous les aristocrates,tous les
royalistes;précipitons nous ensuite comme
un torrent sur les bandes de tigres que les
monstres couronnés ont déchaînés contre nous.
donnons en même temps le coup de grâce
aux accapareurs.que toute la moisson de
cette année d'abondance soit achetée par la
nation,comme je l'ai déjà proposé.que la
première part soit pour les défenseurs de la
république et les cultivateurs;qu'il en soit
ensuite délivré à toutes les villes,suivant
leur population.quand tout le monde sera
approvisionné,que l'on forme avec l'excédent
des magasins dans chaque département.après
cette mesure salutaire levons nous;que tous
les citoyens en état de marcher s'arment de
piques,de sabres,de broches,de faux,
pour faire danser la carmagnole aux ours d' *allemagne ;
que nos femmes et nos filles fassent
bouillir de l'huile,allument le soufre
pour assaillir les soldats des despotes qui oseront
<Epg=8>pénétrer dans nos villes.oui,foutre,
que le signal de la mort des traîtres,des accapareurs,
des modérés,des aristocrates,des
royalistes,soit donné d'un bout à l'autre de
la république,et elle sera sauvée,foutre.
<Sda=1793> <numero=272> <Epg=1> <edito=0><Sat=0>
§ la grande colère du *père *duchesne
de voir que l'on allonge la courroie pour le
jugement de *brissot ,de *custine et des
crapauds du *marais . ses bons avis aux braves
*sans-culottes des départements pour
qu'ils ne quittent pas *paris avant que tous
les traîtres qui ont voulu allumer la guerre
civile,aient mis la tête à la fenêtre. son
grand discours aux braves *montagnards qui
ont fait la constitution pour les engager à
délivrer le peuple des sangsues de la chicane
,et décréter promptement l'instruction publique.
<edito=1> § est ce que l'on veut se foutre éternellement
<Epg=2> du peuple?il souffre,il languit,et il
ne peut voir la fin de sa misère.si nous vivions
dans les déserts,je dirais aux *sans-culottes :
pauvres bougres,prenez votre mal
en patience;la terre que vous habitez ne produit
rien;mangez les racines des bois et le
gland des forêts,puisque vous n'avez pas autre
chose;mais,foutre,dans le pays le plus
fertile de l'univers,sur un sol qui produit
avec abondance du bled,du vin,sur une
terre couverte des dons de la nature,il est
odieux de voir des vieillards épuisés de fatigue,
après avoir travaillé toute leur vie,n'avoir
pas où poser leur tête.le coeur saigne de
voir les épouses de braves ouvriers,dont le
sein desséché par la faim ne peut donner de
nourriture à l'enfant qu'elle élève pour la patrie.
il faut en convenir,la bougre de race
d' *adam est une espèce bien méprisable;les
uns ont tout ,les autres n'ont rien.je ne prétends
pas,foutre,que nous devions être tous
aussi riches les uns que les autres;car,par
exemple,si la *france était partagée en égales
portions,chacun n'aurait,dit on ,que quarante
écus de rente,ce qui ferait le malheur
de tout le monde,sans faire le bien de personne.
<Epg=3> ces quarante écus d'ailleurs seraient
bientôt réduits à zéro dans les familles nombreuses
au bout de deux ou trois générations.
il est naturel,il est juste,foutre,que celui
qui travaille le mieux,qui a le plus de talent,
gagne d'avantage;mais aussi il est foutant de
voir tous les biens,tous les avantages entre
les mains des lâches fainéants,des vils égoïstes,
dont les autres hommes ne sont que les esclaves.
§ c'est pour mettre fin une fois pour toutes
à ce désordre que les *sans-culottes se sont
rebiffés et ont fait la révolution.depuis quatre
ans le sang des citoyens coule pour assurer
la liberté et l'égalité,une constitution véritablement
républicaine leur promet le bonheur;
mais,foutre,ce n'est pas assez que
de belles promesses,il nous faut des effets.
il est temps que nos maux finissent,il est
temps de s'occuper des malheureux,d'un
bout de la *france à l'autre,le cri de la misère
se fait entendre.les aristocrates,les
royalistes,qui seuls en sont cause,rient sous
cape de nos souffrances;ils veulent nous
rendre la république odieuse,et nous forcer,
par la guerre civile et la famine,à redemander
l'ancien régime.la convention,qui est
toute puissante,quand elle est au pas,et
qu'elle marche avec le peuple,doit enfin
couronner son ouvrage en assurant la félicité publique.
§ malheureusement cette convention conserve
encore une partie de ses vieilles habitudes;
<Epg=4> elle s'endort trop souvent;elle se
laisse mener par un tas de bavards qui l'empêchent
de faire le bien;elle semble déjà
avoir oublié qu'elle a promis au peuple,son
maître et son souverain,de ne plus habiter
avec les avocats,les procureurs,les journalistes
et tous les beaux esprits;elle les
écoute plus que jamais,et ces jean-foutres
recommencent à faire la pluie et le beau temps,
et s'opposent à toutes les grandes mesures
qu'elle pourrait employer pour sauver la patrie.
§ nous sommes trahis partout,foutre,et
les traîtres restent impunis.pas un conspirateur
n'a mis la tête à la fenêtre.le tribunal
révolutionnaire n'a jugé jusqu'à présent que
les valets,et les maîtres sont échappés.les
juges du nouveau et de l'ancien régime sont
toujours des juges;ils ont deux poids et deux
mesures:l'un pour les grands ,l'autre pour
les petits.une misérable cuisinière s'est avisée
de crier vive le roi ; le lendemain elle a été
raccourcie;c'est bien fait;elle le méritait,
foutre;mais pourquoi n'expédiez vous
pas aussi promptement,citoyens jugeurs,
les grands scélérats qui sont convaincus d'avoir
voulu perdre la république? pourquoi cet
infâme *brissot ,le plus cruel ennemi de sa
patrie,qui nous a mis aux prises avec toute
l' *europe ,qui a causé la mort de plus d'un
million d'hommes,qui avait la patte graissée
par tous les brigands couronnés pour mettre
la *france à feu et à sang;pourquoi,foutre,
<Epg=5> ce monstre vit il encore?vous m'allez dire
que les comités n'ont pas rédigé d'acte d'accusation
contre lui?on ne paye pas avec
pareille monnaie.je vois là-dessus une connivence
entre le tribunal et les comités,
pour sauver cet assassin du peuple.on
craint qu'il ne jase quand il sera sur le fauteuil,
et qu'il ne découvre ses complices.
je remarque,foutre,que depuis que ce garnement
est à l'ombre,ainsi que les autres
crapauds du *marais ,la foule a augmenté à la
porte des boulangers.on veut exciter un
mouvement dans *paris .je sais qu'une bande
de coquins,soudoyés par *pitt ,rode dans
toutes les rues de *paris ,dans tous les cafés
pour exciter du trouble.un de ces matins
les prisons doivent être ouvertes,si nous n'y
prenons garde,afin de donner la clef des
champs à tous ces scélérats et à la veuve
*capet qui était trop bien gardée au *temple
par les *sans-culottes de la *commune .
§ voilà tout à l'heure un mois que le traître
*custine siffle la linotte;ses crimes sont
prouvés cependant,et on ose allonger la
courroie pour le sauver.il fallait avoir des
pièces,il fallait entendre tous les témoins,
disent les aboyeurs du *palais .des témoins,
bougre d'endormeurs,en faut il d'autres que
les prises de *mayence ,de *condé ,de *valenciennes ,
livrées par ses complices,et qu'il
pouvait sauver,s'il n'avait pas enchaîné l'ardeur
des braves soldats qu'il commandait?
je me souviens d'un certain approvisionneur
<Epg=6> d'armée,qui était un voleur insigne,et que
certain général menaça de le faire pendre.
on ne pend point un homme qui a cent mille écus,
répondit il ;en effet,il en donna cinquante
mille au général qui le reconnut pour le plus
galant homme de *france .il en est de même
de *custine ;il peut dire aussi:j'ai plus de
vingt millions à mon service,on ne guillotine
pas un homme qui a vingt millions;
c'est à dire en bon français,citoyens des
comités,citoyens juges,si vous pouvez me
dispenser de jouer à la main chaude,je
partagerai le gâteau avec vous.
§ voilà le fin mot,foutre,*braves *sans-culottes
des départements,qui êtes venus jurer
avec nous de défendre jusqu'à la mort notre
constitution,ne partez pas qu'elle ne soit
cimentée avec le sang des traîtres.soyez vous-mêmes
leurs juges,attendez vous,quand *custine
va paraître au tribunal,que le premier
des braillards du *palais va se débattre comme
un diable dans un bénitier pour prouver que
ce qui est noir est blanc;mais il faut que les
cris du peuple,que ce brigand a voulu égorger,
ne cessent de répéter , *mayence , *condé
*valenciennes .que ces mots terribles retentissent
du faubourg *saint-*antoine au faubourg
*saint-*germain ;alors il faudra bien que justice
soit faite,malgré les 20 millions du
général *moustache .qu'il en soit de même pour
*brissot et ses adhérents.malheurs à la république
si elle laisse les traîtres impunis;si
<Epg=7> *la-*fayette avait été raccourci, *dumouriez
n'aurait pas osé l'imiter;si *dumouriez n'avait
pas échappé, *custine n'aurait pas livré
le *nord à nos ennemis.si *custine ne périt
pas,si tous ces complices ne perdent pas le
goût du pain,la république est foutue et la
constitution s'en ira en eau de boudin.
§ vous qui avez fait cette constitution,*montagnards
qui vous endormez comme le patriarche
qui planta la vigne,après qu'il eut
trouvé le secret de faire du vin,si vous ne
prenez encore une fois le mors aux dents,
vous êtes perdus,et vous perdez la *france ;
frappez,écrasez tous les fripons qui ont
voulu allumer la guerre civile.point de grâce
pour les traîtres administrateurs du *calvados ,
de *marseille ,de la *gironde ;décrétez que
dans la prochaine législature,il n'y aura ni
nobles,ni avocats;chassez de nos armées
tous les talons rouges,tous les freluquets
qui ont été placés par *capet , *la-*fayette ,
*dumouriez et *beurnonville ;assurez la subsistance
des armées,des grandes villes;exterminez
tous les accapareurs;délivrez les
*sans-culottes des hommes de loi;décrétez
promptement le projet d'instruction publique
de *michel *lepelletier ;il ne convient pas aux
riches,mais il fera le bonheur des pauvres
qui n'ont besoin que d'instruction pour cesser
de l'être;faites mettre à l'ombre tous les
hommes suspects,c'est à dire les aristocrates,
les royalistes,les banquiers,les financiers;
bientôt nous aurons la paix au dedans,et
dans peu les ennemis du dehors fuiront
devant nous,foutre.
<mois=02>
<Sda=1793> <numero=273> <quinzaine=21> <semaine=211> <edito=0> <Sat=0> <Epg=1>
§ la grande colère du *père *duchesne
contre les riches qui veulent affamer
le peuple en accaparant le bled et les
denrées. ses bons avis à la convention,
pour qu'elle lève une armée de dix mille *sans-culottes
dans chaque département,pour forcer
les gros fermiers de sortir le bled de leurs
greniers,où il moisit,et pour faire prendre
l'air au sucre et au savon que les accapareurs
cachent dans des souterrains,pour les vendre
ensuite au poids de l'or.
<edito=1>§ du pain ,foutre,voilà le mot à l'ordre
<Epg=2> du jour;les *sans-culottes n'envient pas les
richesses des dieux de la terre;ils se foutent
de leurs palais,de leurs cuisiniers,de leurs
carrosses,de leurs chevaux,de leurs laquais;
le bonheur n'existe pas dans toutes ces
foutaises,mais dans le travail et la vertu.
les *sans-culottes n'en connaissent et n'en
désirent pas d'autre;mais aussi il faut du pain
aux *sans-culottes.la terre a été faite pour
tous les êtres vivants,et depuis la fourmi jusqu'à
l'insecte orgueilleux qui s'appelle homme,
chacun doit trouver sa subsistance dans les
productions de cette mère commune.je sais
que les gros veulent toujours manger les
petits:les loups dévorent les moutons,
l'aigle déchire les entrailles de la timide tourterelle;
l'homme,de son côté,détruit tout,
ravage tout,mange tout ce qui lui tombe
sous les mains.il n'est pas d'animal à deux
pieds,qui n'ait mangé dans sa vie des milliers
d'autres animaux.les lions que nous
regardons comme des bêtes féroces,les tigres
dont nous ne parlons qu'en frémissant,sont
mille fois moins cruels et moins voraces que
nous;ces monstres,si sauvages et si sanguinaires,
respectent au moins leurs semblables,
<Epg=3> et ils ne se mangent pas entre eux;
mais les hommes n'ont point de plus cruels
ennemis qu'eux-mêmes;ils se trahissent,ils
s'outragent,ils se dévorent,ils inventent
toutes sortes de moyens pour se nuire et se
détruire;ils se vantent cependant d'être le
chef d'oeuvre de la nature et l'image de la
divinité.ah,foutre,quel blasphème!il y
a gros que le monde n'existerait plus,si son
auteur était aussi méchant,aussi cruel que l'homme.
§ d'où te revient donc cette humeur noire,
vieux radoteur.quel malheur t'est il donc
arrivé,joyeux marchand de fourneaux?toi,
qui d'ordinaire ne fais que rire des sottises
d'autrui et qui n'es jamais si drôle que lorsque
tu veux te fâcher,quelle mouche te
pique aujourdhui?sur quelle herbe as tu
marché?crois tu mieux valoir que tes semblables,
toi qui en parle avec tant de mépris?
je ne les méprise pas ,foutre,je les plains.
quoi donc,quand je vois l' *europe à feu et
à sang;quand du *nord au *midi ,j'entends
gronder le canon;quand je vois des villes
embrasées,des campagnes ravagées,la terre
couverte de cadavres,n'ai je pas raison d'être
<Epg=4> affligé;quand je me demande la cause de
tous ces désordres et que je songe qu'une
demie douzaine d'imbéciles appelés rois,
empereurs,occasionne tous ces maux,je
me débaptise,je brise ma pipe,j'arrache les
poils de mes moustaches,je bats tout ce qui
m'entoure et dans mon humeur noire,je
n'épargne pas même ma pauvre *jacqueline;
je lui fais des querelles d'allemand;je lui
cherche noise sur la pointe d'une aiguille:en
un mot,je suis le bougre le plus maussade
de la république.
§ ce qui m'échauffe encore plus la bile,
foutre,c'est de voir les *français à chien et à
chat,et se mangeant le blanc des yeux,au
lieu de se tenir par la main pour chasser les
brigands qui leur font la guerre.les riches
ne songent qu'à leur intérêt;la république
n'a pas de plus grands ennemis qu'eux;ils
détestent la révolution,parce qu'elle a établi
la liberté et l'égalité;ils veulent,bon gré,
mal gré,se mettre à la place des grands,
pour nous faire la loi,et opprimer les *sans-culottes;
ils entassent sol sur sol;leurs caves
sont remplies de notre numéraire qu'ils y ont
enfoui;ils bâtissent chaque jour leur fortune
<Epg=5> sur la ruine publique;ils accaparent toutes
les denrées;ils se vantent de nous faire tirer
la langue d'une aulne,et de nous réduire à
la plus affreuse misère,si nous ne rétablissons
pas la royauté.les jean-foutres tiennent entre
leurs mains toutes les subsistances,les empêchent
de circuler,et ils ne font sortir le
bled de leurs greniers,que lorsqu'il est pourri;
encore ne se contentent ils à nous le céder
qu'au poids de l'or.
§ il faut en finir,foutre.on a proposé aux
*sans-culottes de se lever en masse;c'est
bien fait;mais ce n'est pas contre les *prussiens,
les *autrichiens,les *espagnols qu'ils doivent
marcher.nous avons sous les armes près
de sept cent mille bougres à poil,qui sauront
mettre en déroute et faire mordre la poussière
aux vils esclaves qui combattent pour
les tyrans.que nos armées soient seulement
délivrées de toute la canaille de l'ancien régime,
de tous les freluquets à talons rouges,
dont elles ont été empoisonnées;qu'elles
soient commandées,comme je n'ai cessé de
le demander,par de bons vieux invalides,et
je réponds de leur succès.nous avons dans
<Epg=6>l'intérieur des ennemis mille fois plus redoutables,
et nous n'aurons jamais de repos tant
qu'ils existeront.ainsi donc,foutre,puisqu'on
veut faire marcher à la fois tous les républicains,
ce ne doit être que contre les
traîtres,les conspirateurs,les accapareurs,
qui nous troublent et nous minent dans l'intérieur.
guerre mortelle à tous les scélérats.
elle ne sera pas longue si nous sommes bien
conduits.qu'il soit formé dans chaque département
un corps de dix mille *sans-culottes,
payés par la république.il ne faudra pas faire
de grandes dépenses pour leur équipement
et leur armement.le service dont on le
chargera ne sera pas difficile.qu'on leur fasse
faire d'abord quelques promenades dans les
campagnes,pour faire rendre compte aux
gros fermiers de leur récolte,après avoir
laissé à chaque canton toute la provision de
l'année,que le reste soit transporté dans un
grenier commun dans chaque département,
après avoir été payé,comme de raison,par
le trésor public.c'est là,foutre,que les armées,
les grandes villes trouveront leurs
subsistances,et comme l'année est bonne et
que la récolte peut nourrir pendant trois ans
<Epg=7>tous les habitants de la république,il y aura
une réserve en cas de disette.
§ après cette opération qui rétablira le
calme et dissipera toutes les inquiétudes,
nos patriotes iront rendre de pareilles visites
aux accapareurs de *marseille ,de *lyon ,de
*bordeaux ,de *nantes ,de *rouen .on videra
leurs magasins,on fera prendre l'air au sucre,
au savon,qui moisissent dans les souterrains
où ces bougres de voleurs les ont entassés.
on les forcera de les mettre en vente,alors
l'abondance de ces denrées en fera diminuer
le prix et ça ira,foutre.
§ oui,les riches ne nous oppriment que
parce que nous le voulons bien.oui,foutre,
quand il nous plaira de donner le moindre signe
de vie,tous les tripotiers de banquiers,de
marchands,seront obligés de mettre les pouces.
ils ont accaparé nos subsistances,accaparons
des bras pour les forcer de nous les
rendre,et il faudra bien qu'ils cèdent à la
force et surtout à la loi.le marchand doit
vivre de son industrie,rien de plus juste;
mais il ne faut pas qu'il s'engraisse du sang
des malheureux.la première propriété,c'est
l'existence;et il faut manger,n'importe à
quel prix.la faim tire le loup des bois.tremblez
donc,bougres de sangsues du peuple,
vous avez voulu nous réduire au désespoir.
vous vous êtes flatté que les *sans-culottes
allaient tomber à vos pieds,pour vous supplier
de leur donner un misérable morceau
de pain,vous en aurez menti.les mêmes
<Epg=8>bras qui ont mis en canelle le trône du cornard
*capet ,vont fondre sur vous.vous ne
vous foutrez plus des décrets de la convention;
vous n'insulterez plus à la misère publique.
le peuple,votre maître,ne languira
pas plus longtemps.vous l'avez réduit au désespoir;
il va frapper:frémissez,foutre.
<Sda=1793> <numero=274> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ les grands préparatifs du *père *duchesne
pour faire marcher en masse tous les républicains
contre les esclaves des despotes. sa
grande joie de foutre,à la gueule du canon,
tous les courtauds de boutique,tous les petits
clériaux et tous les foutriquets à culottes
serrées et aux habits carrés. sa grande découverte
d'un nouveau complot,pour sauver
le traître *brissot ,et sa grande colère contre
certains bougres,à double face, qui veulent
marier la fille de *louis le traître avec
un des fils du roi d' *angleterre .
<edito=1> § enfin nous nous levons en masse pour
<Epg=2>foutre la chasse aux ours du *nord qui ravagent
nos frontières,et pour faire danser la carmagnole
à tous les brigands couronnés.il y
a longtemps que j'avais donné ce bon avis
aux *sans-culottes,et si on l'avait suivi,
*mayence , *condé , *valenciennes seraient
encore à nous;le traître *custine aurait été
obligé de marcher quand il se serait vu entre
deux feux;mais ce n'est pas assez que de se
lever,il faut frapper les derniers coups,et
dans quinze jours assurer notre liberté,en
faisant mettre les pouces à tous les despotes.
il est impossible,foutre,que cinq ou six
millions d'hommes ne terrassent pas ces
troupeaux qui jamais n'auraient
pu mettre le pied sur le territoire de la
république,si nous n'avions été trahis par les
scélérats qui jusqu'à présent ont commandé nos
armées.oui,foutre,qu'un millions d'hommes
serve de renfort à l'armée du *nord ,et bientôt
*mayence , *condé et *valenciennes nous seront
rendues;bientôt nos troupes victorieuses s'empareront
encore une fois de la *belgique et
de la *hollande ,non pas pour rendre libres
ces balourds flamands qui préfèrent leurs reliquaires
et leurs saints de bois à la liberté,
<Epg=3>mais pour leur faire restituer les provisions
que l'infâme *dumouriez leur a abandonnées;
non pas pour réunir la *hollande à la *france ,
mais pour faire payer les frais de guerre à
ces accapareurs d' *amsterdam ,et leur faire
échanger tous nos assignats contre leurs tonnes d'or.
§ il faut en même temps,foutre,qu'un autre
million de républicains se précipite du côté du
*midi sur les crasseux *espagnols,qu'on les
pourchasse jusqu'à *madrid ,que l'on ramène
le cousin *capet et ses inquisiteurs pieds
et mains liés à *paris ,pour les faire jouer
à la main chaude;mais surtout que les soldats
de la liberté balayent,en passant,toutes
les sacristies,tous les bancs d'oeuvre de
l' *espagne et l' *italie ,et qu'ils nous rapportent
tout l'or de *notre-*dame de *lorette et
de *st-*jacques en *galicie ,afin d'en fabriquer
de la monnaie au coin de la république.
§ pendant cette expédition,que cent mille
bougres bien déterminés fassent une descente
en *angleterre !aucune place forte,aucune
armée ne peut les arrêter;en entrant dans
cette île,qu'il soit fait une proclamation au
peuple anglais pour lui offrir la paix ou la
<Epg=4>mort,et qu'on lui parle à peu près dans ces termes
:<Sat=1>"*anglais,toi qui le premier as voulu
être libre,mais qui n'a pas eu le courage
de persévérer,toi,qui après avoir brisé tes chaînes,
t'en es forgé de nouvelles,toi qui,après
avoir chassé et raccourci tes rois,n'as pu te
passer d'un roi,toi qui n'as jamais connu
l'égalité,peuple fier et courageux,rentres dans
tes droits;le *français vient t'offrir ses secours
contre tes tyrans;que les deux nations les plus
éclairées de l' *europe ,les seules dignes
de la liberté,cessent de se déchirer!qu'elles
soient à jamais unies pour faire triompher la
raison et la justice!quelle infamie pour l' *angleterre
d'être gouvernée par un échappé des
petites maisons!*anglais,envoyez à l'échafaud
ce *pitt qui a mis le feu aux quatre coins
de l' *europe ,et qui vous ruine pour perdre la
*france ;il n'y réussira pas,foutre;toutes ses
finesses sont cousues de fil blanc;nous les
connaissons,nous savons qu'il veut détruire
notre république,pour marier un des fils du
roi *georges-*dandin à la fille de *louis le
traître;nous savons que les hommes d'état
manigancent ce mariage,pour régner au nom
de ce digne couple;nous savons que plusieurs
<Epg=5>*montagnards à double face,qui jusqu'à présent
ont cajolé les *sans-culottes,pour ensuite
leur tourner casaque,quand ils seraient
gorgés d'or et élevés au pinacle,doivent
proposer cette alliance.
§ s'il n'y avait quelque anguille sous roche,
tarderait on autant à faire guillotiner
*brissot et les autres jean-foutres qui,comme
lui,ont allumé la guerre civile et qui avaient
la patte si bien graissée par votre ministre,
pour brouiller les cartes parmi nous? peuple
anglais,peuple français,ne soyez qu'un maintenant.
alliez vous,non pas sous les mêmes
maîtres,mais par les liens de la fraternité.les
*français ont juré de vivre libres ou de mourir,
ils le tiendront,foutre.*anglais,qu'avez vous
à gagner en combattant contre nous?vous
servez la cause des tyrans,s'il était possible
qu'ils eussent le dessus,vous en seriez les
premières victimes,et on ne vous laissera
pas même l'ombre de liberté que vous avez conservée."
<Sat=0> § après cette déclaration appuyée par des
canons et des bombes,je ne doute pas,foutre,
que les *anglais ne revirent de bord et qu'ils
ne se joignent à nous.voilà de beaux projets
<Epg=6>pour un marchand de fourneaux;mais comment
les exécuter? comment faire marcher
à la fois plusieurs millions d'hommes ? comment
les armer,les approvisionner? comment,
foutre? rien n'est impossible à des hommes
libres.il faut,avant toutes choses,nous
assurer de toutes les subsistances de la république;
former des greniers publics dans tous
les départements;cuire force biscuit,pour
nourrir les armées pendant leurs marches.il
faut mettre en réquisition tous les ouvriers
qui travaillent aux métaux depuis le maréchal
jusqu'à l'orfèvre,établir des forges dans
toutes les places publiques et fabriquer,nuit et jour,
des canons,des fusils,des sabres et des baïonnettes.
§ que feras tu,vieux radoteur,de tous les
hommes suspects ? si nous les menons avec
nous,quand ils seront en présence de l'ennemi,
il nous brûleront le cul,pour se joindre
à lui,et ils se serviront contre nous des armes
que nous leur auront confiées.je réponds:
d'abord il faut purger la *france de tous les
traîtres,établir des tribunaux dans toutes les
places publiques,pour y juger tous les scélérats
qui ont conspiré contre leur patrie;
<Epg=7>que le rasoir national nous délivre de tous
les fripons,de tous les traîtres.nous ferons
ensuite marcher devant nous ces vils égoïstes
qui,pendant la révolution,n'ont été ni chair
ni poisson,nous leur ferons porter le bagage;
nous mettrons à la gueule du canon tous les
accapareurs,les financiers,les avocats,les
calotins et tous les bougres qui n'ont vécu
jusqu'à présent que pour le malheur public:
nous ménagerons les pères de famille,et
autant que nous pourrons,nous les laisserons
au quartier de réserve.
§ voilà,foutre,ce que je propose,et ce
qui sauvera la *france ,si nous l'exécutons à la
lettre.mais,encore une fois,ne partons
pas comme des ahuris,sans avoir tout préparé,
sans avoir des armes,des vivres et des
munitions;gardons nous surtout de laisser
derrière nous aucun ennemi de la liberté;
car,dans notre absence,nos propriétés seraient
pillées,nos femmes égorgées,et la
contre-révolution si bien combinée,que nous
ne pourrions plus l'empêcher.déjà tous les
foutriquets du *palais-*royal rient sous cape de notre départ;
<Sat=1>partez,*sans-culottes,
disent ils,bon voyage;dites,si vous voulez,
qui m'aime me suit ;nous qui ne vous aimons pas
pas,nous vous tournerons le dos;nous allons
nous cacher pendant le recrutement,et nous
sortirons de nos caves quand vous serez sortis,
pour brûler vos maisons;quand il n'existera
plus de faubourg *st-*antoine ,nous pourrons
crier à notre aise: vive *louis-XVII , et faire
<Epg=8>à *paris ce que nos camarades,les muscadins,
ont fait à *lyon .<Sat=0>
culottes étroites,habits carrés,courtauds de boutique,petits
clairiaux,vous comptez sans votre hôte;nous avons les
yeux sur vous,attendez vous,lâches bandits,
à essuyer la première bordée;vous ne nous
échapperez pas,foutre.
<Sda=1793> <numero=275> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande colère du *père *duchesne
de voir l'accaparement de savon que l'on
fait pour blanchir *custine ,et la grande
lessive que l'on prépare pour le laver de la
tête aux pieds. sa grande dénonciation aux
braves *sans-culottes,pour leur faire connaître
les faux frères qui veulent rétablir
la royauté,et tous les fripons qui pêchent en eau trouble.
<edito=1> § tu dors, père *duchesne ,foutre;tu
<Epg=2> t'amuses à la moutarde, au lieu de te mettre
en quatre pour sauver la république.il est
temps que tu fasses voir au peuple la profondeur
de l'abîme où l'on veut le plonger;il
est temps qu'il sache la vérité;jusqu'à présent
il ne l'a vu qu'à travers un voile;il faut qu'elle
se montre toute nue.tremblez,intrigants et
fripons;il vous avait confié le soin de le
sauver,mais vous l'avez trompé,vous l'avez
trahi;vous vous êtes ligués avec ses ennemis
pour le perdre;encore une fois il va se
sauver lui-même;vous allez lui rendre
compte du bien que vous n'avez pas voulu
faire,et du mal que vous lui avez fait:vous
ne jouirez pas de ses dépouilles et du fruit
de vos brigandages.intrépide marchand de
fourneaux,casses maintenant les vitres,ne
ménages personne,souviens toi que les *sans-culottes
te regardent comme le successeur de
*marat ,remplis ta tâche;elle est difficile,
mais honorable pour toi;le poison,les
poignards ne doivent point t'effrayer;celui
qui n'est pas prêt de faire à chaque instant
le sacrifice de sa vie à sa patrie,n'est pas
républicain;il n'est pas digne de vivre.
§ voilà,foutre,ce que *marat , *marat lui-même
<Epg=3> m'a dit dans un songe;car son image
me poursuit jour et nuit;plus nous nous
éloignons de lui,foutre,plus nous sentons
sa perte;il a laissé dans la convention un
vide immense;depuis sa mort les fripons
sont devenus plus audacieux;ils peuvent
maintenant pêcher en eau trouble,ils ne
craignent plus l'oeil perçant de l'ami
du peuple.en le voyant,en l'entendant,des
larmes coulèrent de mes yeux,et je lui
tendis les bras pour l'embrasser.
<Sat=1> c'est toi,m'écriai je,martyr de la liberté;ombre sacrée,
tu viens encore une fois visiter le vieux marchand
de bougreries;tu viens,après ta mort,
l'éclairer et l'aider de tes conseils;pourquoi
ne t'ai je pas vu plus souvent pendant ta vie;
le *père *duchesne était digne d'être ton ami,
ton compère.les mêmes jean-foutres qui
t ont persécuté,m'ont aussi opprimé;nos
ennemis étaient les mêmes.mais puisque
je n'ai pu m'instruire à ton école,je te
remercie de venir du séjour des morts,pour
me servir de guide;d'ailleurs,foutre,tu
m'as laissé ton exemple,je le suivrai;comme
toi,je serai peut-être arrêté dans le bon chemin,
mais je m'en écarterai jamais,foutre.
<Epg=4> § ne parlons pas de nous, *père *duchesne ,
ne songeons qu'à la chose publique,me dit il;
puisque les vivants s'en occupent si peu,il
faut que ceux qui sont morts parlent du fond
de leurs tombeaux.ah,si ma voix pouvait
encore se faire entendre,si ma cendre pouvait
se ranimer,quels coups terribles je porterais
à certains individus couverts du masque du
patriotisme,et qui,dans leur intérieur,
bénissent autant la main de *charlotte *corday ,
que tous les sujets du roi *buzot ! j'irais
à la convention le poignard à la main,comme
je te le disais,la veille de ma mort;placé
au sommet de la sainte *montagne ,je lancerais
la foudre sur les faux patriotes;*montagnards,
il est des traîtres parmi vous.
m'écrirai je,il en est,n'en doutez pas.
vous avez écrasé les crapauds du *marais,des
serpents se sont glissés à la montagne;à
côté des plantes salutaires croissent les plus
mortels poisons.je vous en avertis,vous
qui aimez la liberté et l'égalité,qui ne voulez
que la république,une et indivisible,on vous
mène par le nez,sans que vous vous en
doutiez;de nouveaux hommes d'état ont
remplacé ceux que j'ai pulvérisé.vous qui
<Epg=5> ne cherchez que le bonheur du peuple,qui
avez les mains aussi nettes que lorsque vous
êtes entré à cette convention,défiez vous
de ces bavards qui,pour trois ou quatre coups
de gueule lâchés à tort et à travers en différents
temps,se sont fait une réputation de
patriotisme,grâce à leurs larges poumons,
et qui sont restés muets quand la sans-culotterie
a été dans le plus grand danger.
je vous le répète,défiez vous de tous ceux
qui prétendent avoir plus d'esprit,de talent
et de politique que vous.quel bien ont ils
fait à la république,tous ces grands parleurs,
tous ces raisonneurs à perte de vue?ont ils
empêché *dumouriez de livrer la *france à
nos ennemis?ont ils chassé les *brissotins ?
non;quand le peuple a levé sa massue pour
exterminer les hommes d'état,le 31 mai dernier,
ils se sont montré les plus lâches,les
plus méprisables des intrigants,en tournant
casaque à la sans-culotterie ,pour se ranger
du côté des fédéralistes.malgré eux le peuple
s'est sauvé lui-même,malgré eux le peuple
a eu une constitution.tous ces endormeurs
n'ont jamais songé qu'à leurs intérêts,et ils
n'ont été habiles que pour eux.
§ braves *montagnards,ne souffrez pas au milieu
<Epg=6> de vous ceux qui sont arrivés à la convention
en véritables *sans-culottes,et qui
maintenant ont des voitures magnifiques,des
terres et des châteaux qu'ils espèrent bientôt
ériger en baronnies,marquisats et duchés,
quand la contre-révolution qu'ils mitonnent,
sera faite;oui, la contre-révolution$:nous y
touchons,si vous ne prouvez pas que vous
avez bec et ongle,et c'est pour les subsistances
qu'elle arrivera,si vous n'y prenez
garde.le conducteur de l'aveugle roi *georges-*dandin,
*pitt , a accaparé tous vos grains l'année
dernière;il a encore entre ses mains plus
de cent millions pour occasionner la disette
en *france .une nuée de gredins soudoyés par
ce scélérat,tombent déjà sur la nouvelle moisson
comme les sauterelles d' *egypte ;elle va
être accaparée,et elle va disparaître dans un
clin d'oeil.il faut que le décret que vous avez
rendu et qui déclare que toute la récolte appartient
à la nation soit exécuté;car ce n'est
pas assez que de décréter,il faut faire ce qu'on
annonce:mais comment faire quelque chose
de bien,quand tout le monde veut être maître.
*montagnards,tant que les comités usurperont
tous les pouvoirs,nous n'aurons jamais de
gouvernement,ou nous en aurons un détestable.
pourquoi les rois ont ils fait tant de mal sur
la terre,c'est que rien ne s'opposait à leur
volonté,pas plus qu'à celle de vos comités.
la constitution acceptée par le peuple veut
que chacun fasse son métier et rien de plus;
que ceux qui sont destinés à faire des lois,
<Epg=7> les fassent bonnes,et que ceux qui doivent
les exécuter,les exécutent.nous n'aurons
jamais de liberté,notre constitution ne sera
qu'une chimère,tant que les ministres ne
seront que des galopins aux ordres des derniers
balayeurs de la convention.quand le
bateleur *lacroix a demandé que l'on s'occupât
de partager les *français comme des troupeaux
de moutons,avant de songer à remplacer
la convention,il avait de bonnes raisons:
car cette opération durera trois ou
quatre ans,et pendant ce temps ce nouveau
*gargantua aura le temps de s'engraisser et de
devenir aussi rond que *st-*christophe ;mais,
foutre,la république dévorée par tant d'insectes,
deviendra étique et périra.pour la
sauver,il faut organiser promptement un
gouvernement comme le veut la constitution.
alors les subsistances deviendront abondantes,
car les ministres seront responsables et craindront
pour leur tête.la liberté est foutue,
quand tous les pouvoirs sont confiés à des
hommes inviolables.
§ voilà,foutre, *père *duchesne ,ce que je
dirais à la convention,si je pouvais y parler
encore.je lui reprocherais surtout de laisser
traîner en longueur le procès du traître *custine ,
et de souffrir que le tribunal qui le juge,
se soit érigé en conseil de guerre. c'est pour
jeter de la poudre aux yeux des *sans-culottes,
qu'on l'interroge sur des délits militaires;
tandis qu'on ne devrait lui reprocher
que son royalisme,son rolandisme,son
<Epg=8> brissotisme,son buzotisme,son fédéralisme;
mais *custine a vingt millions à son service,
quel innocent,foutre!que de savon accaparé
pour le blanchir!on ne fit pas
meilleure lessive pour *montmorin , *narbonne ,
*duport du *tertre ,et *miranda ,foutre.
<Sda=1793> <numero=276> <semaine=212> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande colère du *père *duchesne
au sujet du tripotage que l'on a employé
pour affamer *paris et faire passer nos subsistances
aux *muscadins de *lyon et aux
accapareurs de *marseille . sa grande ribotte
à la *courtille avec toutes ses commères,
pour leur faire découvrir le pot aux roses et leur
faire connaître les jean-foutres qui sont
cause que nous avons mangé notre pain blanc le premier.
<edito=1> § je me promenais l'autre soir du côté de
<Epg=2>la *courtille ,donnant le bras à ma *jacqueline .
malgré la guerre et la misère, les cabarets
étaient pleins jusqu'à la porte.on chantait,
on dansait,on s'en foutait des pilles éternelles.
<Sat=1> vois donc,notre homme,me dit la
vieille,comme on se divertit;ça m'fait
plaisir,et pourtant de la peine;car quand
j'songe que,tandis que l'on danse ici,nos
frères,nos amis se battent sur les frontières,
et versent leur sang pour nous,c-t idée là
m'tourmente,et l'coeur me saigne.femme,
taisez vous,vous ne voyez pas plus loin que
votre nez;rien ne prouve autant la force du
peuple,que de le voir calme et joyeux au
milieu des plus grands dangers.les aristocrates
seraient enchantés de nous voir tristes
comme des bonnets de nuit;rien ne leur
fait tant de plaisir que nos plaintes,et rien
ne leur fait autant manger le fromage que
nous entendre rire,chanter et boire.d'ailleurs,
foutre,pourquoi ces idées noires;nos
braves guerriers ne vont ils pas eux-mêmes au
combat en chantant?sont ils donc si malheureux
de mourir pour la patrie?ne vaut il
pas mieux être tué par un boulet de canon
que par les médecins?il faudra bien un jour
<Epg=3> que nous quittions la vie? est il rien de
plus foutant que de s'éteindre comme une
chandelle,et de languir pendant des années
entières,le cul sur la plume,être environné
de vieilles commères qui ne vous parlent que
du diable,avoir sans cesse à son chevet un
bougre à jaquette noire,qui vous fait des
histoires de l'autre monde à faire trembler
la volaille,qui vous annonce que votre âme
sera rôtie comme un boudin,si vous ne lui racontez
toutes vos fredaines,si vous ne vous
laissez graisser par lui de la tête aux pieds,
pour faire le grand voyage,et surtout si vous
ne mettez pas dans sa patte crochue votre
petit magot,pour vous dire des libéra et des
oremus ,tonnerre de dieu,une telle mort ne
convient qu'à des poules mouillées;mais des
républicains,foutre,ne doivent avoir de lit
de mort que le champ de bataille.ce n'est
rien,ma *jacqueline ,que de mourir,quand
on meurt pour la liberté;mais,foutre,on
expire la rage dans l'âme,quand on est trahi
et livré à ses ennemis.
<Sat=0> § voilà mot pour mot notre entretien.nous
allions trottinant,en entendant dire autour de
nous$:voilà le *père *duchesne ,foutre.c'est un
<Epg=4> brave bougre,disait l'un ;es tu en colère aujourdhui;
es tu joyeux,disait l'autre?j'aperçois
une jolie guinguette dont je ne me rappelle
pas le nom.sous des arbres touffus,
de jeunes lurons aux larges épaules et des
grosses filles bien portantes,bien joufflues
dansaient la carmagnole en ronde au son du
tambourin.ça me ravigote de voir c-te
jeunesse là,me dit la *jacqueline ,ça nous
rappelle notre jeune temps.plaçons nous là,
mon vieux.nous nous asseyons à une petite
table.eh vite garçon,apportez nous chopine.
du bon,foutre.
§ enfin nous buvons;à peine avions nous
étouffé deux ou trois enfants de coeur que nous
voyons arriver une coterie de notre voisinage,
tous compères et commères,de braves
gens à l'exception d'un vieux grimaud,grippe sol
de son métier et tout cousu d'or et d'assignats.
<Sat=1> pardi,c'est ben heureux d'rencontrer
comme ça, *père *duchesne ;n'faisons qu'un
écho.plus on est de fous,plus on rit.vous
voilà donc,ministre manqué,me dit notre
vieux pingre ?là sérieusement a t on voulu
vous donner cette place, *père *duchesne ?
je ne sais pas,foutre,si c'était une frime,
mais au moins on m'a mis sur le tapis;et
si on avait eu la sottise de vous nommer,
auriez vous fait celle d'accepter?citoyen
*pincemaille,à sotte demande,point de réponse.
pardi,citoyen *duchesne ,s'écrie la
commère *martichon ,la ravaudeuse du coin,
comme çà serait farce de te voir avec ta
<Epg=5> vieille souguenille couverte de terre et de
plâtre dans ce beau carrosse doré où le vieux
*roland se carrait comme un prince.au lieu
de venir pomper avec nous de cette mauvaise
piquette de *suresne ,le plus chenu *bordeaux ,
le plus fin *muscat arroserait ton gosier desséché;
et vous,commère *jacqueline ,comme
vous vous dorloteriez dans le boudoir de la
reine *coco !vous nous donneriez,à notre
tour,du nanan et des confitures,comme la
viaille *roland à son petit *louvet .auriez vous
aussi bien arrangé le front du marchand
de fourneaux que madame *coco le crâne pelé
de son vieil intérieur ? nous auriez vous regardé
tous les deux par sus les épaules d'un
air de protection?ce que j'aurais fait,compères
et commères$?c'est mon secret;mais,
puisque vous me forcez à parler sur ce chapitre,
je vais vous ouvrir mon coeur.les
ambitieux,les intrigants,les voleurs désirent
grandes places,pour pêcher en eau trouble;
mais les bougres de ma trempe,ceux qui se
foutent des richesses et des honneurs,regardent
les plus grandes places comme un fardeau
accablant.on ne pouvait me rendre un
plus mauvais service,que de m'arracher de
ma boutique,où je vis heureux,pour me foutre
dans une passe où il est presque impossible
de faire le bien,et où,sans le
vouloir,on fait souvent beaucoup de mal;
je n'aurais pas été quinze jours ministre,sans
être vilipendé de tous côtés;un tas de coquins
qui se disputent les places,comme des
<Epg=6> chiens affamés l'os qu'on leur jette,seraient
tombés sur ma friperie,et dans peu,je n'aurais
plus été bon,ni à bouillir,ni à rôtir.
qui trop embrasse,mal étreint.je me souviens
du brave *pache qui arriva,le fouet à
la main,dans les bureaux de la guerre,et
qui chassa tous les muscadins nommés par
les comités de la convention et par les jean-foutres
qu'il remplaçait.tandis que ce père
des *sans-culottes suait sang et eau,gardait
le boire et le manger,pour approvisionner
les armées, *dumouriez et les *brissotins qui
ne voulaient que les armées fussent approvisionnés
le criblaient d'injures;tous les
cuistres soudoyés par le roi *coco ,tous les
journalistes à tant la page lui reprochaient
ses souliers crottés,ses mailles échappées,
ses coudes percés.eh bien,foutre,j'aurais
été aussi tourmenté,si je m'étais avisé de
continuer mes joies et mes colères,(comme
je n'y aurais pas manqué),les gens du bon
ton seraient venus me foutre sous le nez
la civilité puérile et honnête pour m'empêcher
de dire mes bougreries.grand bien te fasse,
maître *paré ,qui tombes à cette place des
nues.lorsque *danton faisait la guerre aux
aristocrates,vous étiez le feu et l'eau;vous
voilà amis comme cochons,aussi amis que ce
*danton l'était de *dumouriez ;il vient de te
donner un brevet de *cordeliers ,où tu n'as
jamais traîné ta savatte.tout cela prouve que
les loups du bois ne se mangent point.
§ monsieur *pincemaille ,en m'entendant
<Epg=7> ainsi parler,me dit ,en ricanant:vous ressemblez
à ce renard, *père *duchesne ,qui ne
pouvant attraper une grappe de raisin,disait
qu'elle n'était pas mûre.la grappe que je
tiens,foutu grippe sol,vaut mieux que celle
qu'a attrapée le procureur *paré en s'accrochant
sur les larges épaules de son confrère *danton .
je me fous des intrigants de toutes les acabits.
ah çà, *père *duchesne ,si tu avais été
ministre,nous aurais tu procuré du pain,me
dit la mère *javotte ,en rompant les chiens;
oui,ma commère,si on m'avait donné carte
blanche pour faire mettre à l'ombre tous les
jean-foutres qui accaparent les subsistances,
et si,pour me perdre,on ne m'avait pas joué
des tours aussi perfides que ceux qu'on a fait
à notre bon maire.savez vous,foutre,pourquoi
nous avons mangé à *paris notre pain blanc
le premier,et pourquoi nous en avons si difficilement
du bis?voici le fin mot: *pache veut
ménager la chèvre et le chou par trop de
bonté;moi,je vais vous découvrir le pot aux
roses:quand *dumouriez fit sa belle équipée,
l'ancien comité de salut public,croyant voir
ce *mandrin aux portes de *paris ,dit,en ma
présence,à *pache d'approvisionner *paris à tel
prix que ce soit,pour soutenir un siège,s'il
en était besoin. *pache donna dans le godas,et
acheta des farines pour près d'un an;mais
quand il fallut faire honneur aux marchés,le
gentilhomme *barrère et les autres bougres du
comité firent la sourde oreille et manquèrent
de parole au maire qui fût forcé de manquer
<Epg=8> également à ses engagements.les fournisseurs
vendirent les bleds qu'ils nous destinaient aux
marchands de galon de *lyon et aux accapareurs
de *marseille .on a été forcé de vider
les magasins de *paris ,et ça ne se remplit pas
dans un jour.quoique ça soyez tranquilles,
les farines arrivent de tous côtés,et ça ira,
foutre.ah qu'eux coups de chiens,quelles
bougres de gabegies,dirent nos commères;
<Sat=0> en revenant,elles ne firent que jurer avec
moi contre ces jean-foutres.
<Sda=1793> <numero=277> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande colère du *père *duchesne
contre les jean-foutres qui ne sont dans les places
que pour jouer au fin et tirer leur
épingle du jeu. ses bons avis aux braves
*sans-culottes de ne choisir pour juger les
traîtres et les conspirateurs que de pauvres
bougres qui n'iront pas chercher midi à
quatorze heures pour condamner *custine ,
et qui n'auront pas les pattes crochues pour
empocher l'or et les assignats qu'on leur offrira,
pour ne pas voir clair en plein midi.
<edito=1> § quand je disais qu'on ne guillotinait pas
un bougre qui avait une vingtaine de millions
<Epg=2> à son service,je ne me trompais pas.quand
*robespierre a dit que la tête du traître *custine
tenait plus sur ses épaules que la sienne,
il avait raison,foutre.monnaie fait tout
dans le régime actuel comme dans l'ancien;
la révolution n'a pas changé les hommes;
ceux qui étaient ambitieux le sont encore;
les libertins sont toujours libertins,les avares
font et feront toujours leur dieu de leur coffre-fort.
ce n'est qu'avec des lois sevères,et surtout
par l'éducation,que l'on corrigera les vices,
et que les bonnes moeurs s'établiront;mais
attendons peu de ceux qui ont sucé le lait du
despotisme,et qui ont croupi dans l'esclavage.
les hommes sont comme les arbres;
celui qui a été planté par un bon cultivateur,
qui a été greffé à temps,dont les rameaux ont
été émondés,dont une main salutaire a
éloigné toutes les plantes venimeuses qui
auraient dévoré sa sève,croit à vue d'oeil
et rapporte bientôt d'excellents fruits;mais
le triste sauvageon qui se trouve jeté au
hasard sur une terre aride et qui est abandonné
à lui-même est étouffé par les épines;
les chenilles le dépouillent de sa verdure,et
il se dessèche sans rien produire.
<Epg=3> § non,foutre,non,jamais,on n'aura de
bons généraux,de bons magistrats,jusqu'à
ce qu'une bonne éducation ait réformé les
hommes.empressons nous donc de former
nos enfants dans les principes républicains;
que leurs mères soient leurs nourrices,la
nature l'ordonne;que les premiers mots
qu'elles leur feront balbutier,soient ceux
de liberté et d'égalité;que leurs vieilles
grands-mères,au lieu de leur apprendre
des contes de fées et de revenants,leur racontent
dès le berceau,tous les crimes des
rois.ils apprendront de bonne heure à détester
ces ogres véritables,qui ne vivent que
de chair humaine.l'histoire de *capet leur
fera plus horreur que celle de la barbe bleue.
il faut,foutre,qu'en entendant prononcer le
nom de roi,qu'en voyant l'effigie d'un roi,
l'enfant républicain recule de peur,comme
s'il voyait un loup ou un tigre prêt à fondre sur lui.
§ aussitôt qu'il marchera,foutre,qu'il soit
placé dans des écoles publiques,où on lui
apprendre avec l' a-b-c la constitution;ce sera
là son premier catéchisme.surtout que les
prêtres n'approchent jamais de lui;car ils
<Epg=4> corrompraient bientôt sa jeunesse,ils lui
apprendraient à être fourbe,orgueilleux.la liberté
des cultes étant permise,il choisira,quand
il aura l'âge de raison,la religion qui lui conviendra
le mieux;s'il veut être chrétien,s'il
croit que quelques mots de latin et un peu
d'eau salée puissent laver son âme,et effacer
un crime qu'il n'a pas commis,alors il se
fera arroser la tête;s'il veut être juif,il se
fera raccourcir tout ce qu'il lui plaira,quoique
la nature n'ait rien fait de trop;s'il veut adopter
la foi de certains peuples indiens,qui ne
veulent manger ni chair ni poisson,qui
croiraient étouffer s'ils avaient dévoré les entrailles
d'un être vivant,il fera bien,foutre;
car je ne crois pas que les hommes aient le droit
de tout détruire,de s'engraisser du sang des
animaux qui ont autant coûté au créateur que
l'homme qui prétend être le roi des animaux,
et qu'il l'est en effet,puisqu'il les mange.je
ne serais pas fâché,foutre,que tous les habitants
de l'univers fussent *koakers ;car ces
braves gens ont le sang en horreur,ils se
laisseraient plutôt égorger eux-mêmes que
de porter la main sur leurs semblables;ils
sont chrétiens cependant,et c'est dans l'évangile
<Epg=5> qu'ils ont puisé ces principes d'humanité,
tandis,foutre,que les prêtres catholiques,
cet évangile à la main,ont fait égorger la
moitié de la terre par l'autre moitié.oui,cet
évangile,sans les prêtres,serait le meilleur
livre que l'on puisse donner aux jeunes gens;
il formerait leur coeur à la vertu;ils trouveraient
le modèle de toute perfection dans le
bon sans-culotte qui a fait ce livre divin.je
ne connais pas de meilleur *jacobin que ce
brave *jésus .c'est le fondateur de toutes les
sociétés populaires;il ne les voulait pas trop
nombreuses,car il sait que les grandes assemblées
dégénèrent presque toujours en cohue,
et que tôt ou tard il s'y glisse des *brissotins ,
des *rolandins , des *buzotins .le club qu'il
créa n'était composé que de douze membres
tous pauvres *sans-culottes;encore dans ce
nombre se glissa t il un faux frère,appelé
*judas ,ce qui signifie,en langue hébraïque,
un *petion .avec ces onze *jacobins , *jésus enseigna
l'obéissance aux lois,prêcha l'égalité,
la liberté,la charité,la fraternité,fit une
guerre éternelle aux prêtres,aux financiers,
anéantit la religion des *juifs qui était un
culte sanguinaire;il apprit aux hommes à
fouler aux pieds les richesses,à honorer la
vieillesse,à pardonner l'offense.toute la
sans-culotterie se rangea bientôt autour de
lui.plus les rois,les empereurs persécutèrent
ses disciples,plus le nombre en augmenta.
malheureusement,foutre,l'ivraie se mêle
avec le bon bled.d'autres *judas succédèrent
<Epg=6> à celui qui le vendit,et après sa mort,ils le
crucifièrent encore,en devenant papes,cardinaux
,évêques,abbés,moines et chanoines.
cette foutue canaille,au nom de ce divin
législateur qui n'aimait que la pauvreté,s'enrichit
des dépouilles des sots,en imaginant
un purgatoire,un enfer,en vendant au poids
de l'or les indulgences.c'est ainsi,foutre,
que les feuillants,comme les prêtres,ont
voulu perdre la liberté en la déshonorant,et
volant à toutes mains.
§ en formant le coeur et l'esprit de nos enfants,
habituons les au travail,qu'ils apprennent
à supporter la fatigue,à endurer le
froid et le chaud;que leurs bras s'exercent
au maniement des armes,pour défendre leur
patrie et purger la terre de tous les rois et
de tous les monstres qui ne veulent pas le
bonheur de l'humanité.quels hommes nous
aurons dans vingt ans si nous adoptons ces
principes!c'est alors,foutre,que la république
s'établira sur des bases inébranlables.
si elle rencontre tant d'obstacles,c'est que
les hommes ne sont pas assez mûrs.chacun
veut jouer au fin,et tirer son épingle du jeu.
étouffons l'intérêt particulier et nous ferons
le bonheur de tous.
§ ce n'est pas ainsi que vous pensez,juges,si
mal nommés révolutionnaires,et qui faites marcher
la révolution à la manière des écrevisses;
vous qui jugez comme à *damfront une malheureuse
cuisinière,et qui employez le vert et le
sec pour sauver un scélérat qui a fait égorger
<Epg=7> plus d'un million d'hommes;vous qui ne
voulez pas voir que *custine est le second
tome de *dumouriez et qui vous préparez à
le savonner de la tête aux pieds et à le rendre
blanc comme neige.dites moi,foutus
lâches,si un pauvre factionnaire avait quitté
son poste à *mayence ,à *condé ,ou à *valenciennes ,
si l'ennemi avait profité de son absence
pour s'emparer de ces villes,balanceriez
contre lui ? eh bien,foutre,ce *custine qui
a abandonné ces places sans vivres,sans munitions
,qui a laissé tous les braves bougres
qu'il commandait les bras croisés,au lieu
d'aller délivrer ces villes,qui n'en a confié
le commandement qu'à des aristocrates qui
étaient d'accord avec lui,n'est il pas mille
fois plus coupable que le misérable fusillier
dont je vous parle?et vous balancez à le
condamner! où est donc l'égalité?qui ne
voit pas que vos pattes crochues sont remplies
de l'or et des assignats que ce brigand vous a
donnés pour le sauver! mais que peut on
attendre des gens de justice?vous vous
souvenez des leçons de procureur que vous
avez reçues.si le tribunal révolutionnaire
n'était composé que de pauvres bougres du
faubourg *saint-*antoine ,ils n'iraient pas chercher
midi à quatorze heures,pour sauver
l'ennemi de la république,ils mépriseraient
son or,et depuis longtemps le général *moustache
aurait joué à la main chaude.législateurs,
empressez vous donc de donner de
<Epg=8> l'instruction aux *sans-culottes,pour les
délivrer de la tyrannie des hommes de robe et
des beaux esprits,foutre.
<Sda=1793> <numero=278> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande joie du *père *duchesne
au sujet du raccourcissement du général *moustache ,
qui,après avoir vécu comme un
traître et un scélérat,est mort comme un
jean-foutre. ses bons avis à la convention,
pour qu'elle établisse une douzaine de tribunaux
pour faire mettre promptement la tête
à la fenêtre à la louve autrichienne,à l'infâme
*brissot ,et aux autres coquins qui ont
trahi le peuple et allumé la guerre civile.
<edito=1> § enfin le traître *custine a joué à la main
<Epg=2> chaude.quelle dent à arracher,foutre!
comme la tête des hommes riches et puissants
tient sur leurs épaules! que de simagrées
pour condamner le plus traître,le plus scélérat
des hommes!quoi donc,foutre,tous
les hommes sont égaux devant la loi,et ceux
qui sont chargés de la faire exécuter,peuvent
biaiser pendant deux mois pour condamner
un grand conspirateur,tandis qu'ils font raccourcir
à la minute un pauvre *sans-culotte !
où est donc l'égalité,foutre?je l'ai déjà dit
plus d'une fois:la révolution a changé les
choses,et les hommes sont restés les mêmes,
et malheureusement les juges ne sont que des
hommes.quand quelque gros *matador est
cité devant eux,ils sont bientôt assaillis de
tous ses amis,de ses parents.un père,un
frère va trouver chaque juge au saut du lit,
et le poursuit dans son cabinet,à l'audience,
à la table,partout où il va;
<Sat=1>"citoyen président,citoyen magistrat,citoyen juré,dit il,
mon fils,mon frère est innocent,sauvez le"
<Sat=0> en même temps le suppliant tire de sa poche
des rouleaux d'or,des portefeuilles remplis
d'assignats.si le juge est un bougre à poil,et
assez honnête homme pour mépriser les richesses
,<Epg=3> s'il envoie faire foutre le coquin
qui essaye de le corrompre,on s'adresse ensuite
à sa femme,ou à sa maîtresse;les
femmes ont le coeur sensible,surtout quand
on leur fait voir quelques bijoux.on ne peut
pas être coupable quand on offre un écrin
rempli de diamants,quand on laisse sur la
toilette des montres,des boîtes d'or,n'est il
pas vrai,chaste époux de l'incorruptible des
*magdeleine ?ah,quel dommage,foutre,
que votre loyal mari ait été si tôt forcé de
déguerpir du tribunal révolutionnaire,et de
jouer des jambes du côté du royaume de
*buzot ,avec son frère, *valazé !quelle bonne
vache à lait que *custine !
§ si le juge n'a point de femme dont on
puisse faire tourner la tête,on ne se
rebute pas encore,foutre.l'accusé a une
jolie fille,une bru charmante,elle attend
le soir notre magistrat célibataire;quand il
rentre,elle se présente devant lui,les cheveux
épars,un mouchoir à la main;elle se
jette à ses pieds,elle pleure,elle se lamente,
elle se désespère,et en se frappant la poitrine
,dérange son châle et laisse entrevoir une gorge d'albâtre.
<Sat=1>
"serez vous insensible à mes larmes,citoyen?êtes vous fils,
êtes
vous homme?si vous l'êtes vous vous laisserez toucher?"
<Sat=0> si le juge voit tout cela
d'un oeil sec;on se jette entre ses bras,on
le serre,on l'embrasse,on s'évanouit,il
faudrait avoir un coeur de roc pour ne pas se
laisser attendrir.à la fin notre bougre mollit,
<Epg=4> il console l'affligée,il essuie ses larmes;
on le presse,on lui promet tout ce qu'il
exigera pourvu qu'il consente à sauver le
cher papa;voilà,foutre,comment cela s'enfile.
la justice a les yeux bandés;mais,foutre
,il n'en est pas de même des juges,ils
ont malheureusement trop de bons yeux.
pour voir l'or qu'on leur offre et les charmes
qu'on leur découvre.voilà de quelle manière
se jugent presque tous les grands
procès.il est impossible d'être raccourci,
quand on a des millions à son service et de
jolies filles pour demander grâce.toujours
les hommes ont un endroit sensible,et c'est
de ce côté qu'on les attaque.le premier talent
des riches est celui de corrompre,et
il faut être ferré à glace pour ne pas tomber
dans les pièges qu'ils vous tendent.
§ vous autres,misérables *sans-culottes,qui
n'avez pour lot que la misère,si vous vous
oubliez un moment,si la faim vous fait
commettre quelque crime,il n'y a pas de
pardon pour vous.c'est trop peu que la
guillotine pour punir vos forfaits.vos femmes,
vos enfants,ont beau gémir et se désespérer,
vainement demandent ils grâce pour
celui qui les fait subsister,on est sourd à
leur voix.c'est se tuer la tête contre un
mur que de solliciter,quand on est en guenilles.
les pauvres ont toujours tort;personne
ne les plaint;on parle pendant des
années,on s'attendrit sans cesse au récit du
supplice des grands coupables,et on ne s'aperçoit
<Epg=5> pas d'un pauvre bougre qui met la
tête à la fenêtre.
§ cependant,foutre,nous avons une constitution
faite pour protéger les malheureux.
il faut enfin que nous jouissions de ses bienfaits;
il faut même justice à tous les citoyens;
il faut qu'il soit impossible à qui que ce soit
d'échapper à la vengeance des lois;que le
général comme le soldat,le magistrat
comme le plus pauvre *sans-culotte ,que les ministres,
que les législateurs même soient également
punis,quand ils seront coupables,
mais pour arriver à ce but,il faut envoyer
à la beurrière tout le foutu grimoire que l'on
appelle code pénal qui a été fabriqué par
des avocats;il faut que tous les juges pendent
leurs jaquettes noires au croc,que l'on
délivre une bonne fois le peuple de toutes les
vermines de la chicane;que tous les
procès soient jugés par des arbitres choisis
par les deux partis,et que le jugement que
porteront ces arbitres soit sans appel.
§ j'ai entendu les juges et les jurés du tribunal
révolutionnaire jeter le chat aux jambes
de la convention,au sujet du procès de *custine ;
ils se plaignaient d'être enchaînés par
la loi.eh bien,foutre,qu'une bonne loi les
envoie tous planter leurs choux;qu'il soit
établi à *paris dix ou douze tribunaux composés
de véritables *sans-culottes,pour juger
tous les conspirateurs;que les juges soient
renouvelés à chaque procès,on n'aura pas
le temps de leur graisser la patte.si on ne
<Epg=6> prend pas ce parti,les plus grands coupables
échapperont,et on ne punira que les petits.
faut il donc tant de beurre pour faire un
quarteron?est il si difficile,foutre,de décider
si un tel a commis tel crime,et d'ouvrir
la loi pour examiner quelle est la peine qu'il
a méritée ? on va tout à l'heure,dit on,
commencer le procès de l'archi-tigresse d' *autriche ;
eh bien,foutre,si on la laisse juger
de la même manière que *custine ,on n'en
finira pas.tous les avocats vont suer sang et
eau,pour prouver que c'est la meilleure et
la plus honnête des femmes,et qu'elle n'a
pas seulement tué une mouche en sa vie,
tandis,foutre,qu'elle a fait égorger plus d'un
million d'hommes.pendant qu'on va la juger,
on verra encore le pain disparaître,afin de
forcer le peuple à redemander un roi.si elle
n'est pas jugée et raccourcie dans vingt quatre
heures,je dirai,foutre,que nous ne sommes
pas libres,que nous ne sommes pas dignes
de l'être.que l'infâme *brissot et les autres
députés qui ont trahi le peuple,allumé la
guerre civile à *marseille ,à *lyon ,dans le
*calvados ,qui avaient juré la perte de la
république,soient aussi promptement expédiés!
on va dire que je suis un buveur de
sang,qu'il n'y a qu'un anthropophage,qu'un
cannibale qui puisse faire de pareilles propositions;
moi,je dis,foutre,qu'il n'y a pas
de plus grand ennemi de l'humanité que
celui qui veut épargner les traîtres,et qui
cherche à ouvrir la porte de derrière,
<Epg=7> pour les sauver.ah,foutre,si les aristocrates
avaient un moment le dessus,notre procès
ne serait pas long,il n'y aurait pas assez de
cordes pour nous pendre,pas assez de roues
pour nous y attacher,pas assez de bois pour
nous brûler à petit feu,pas assez de chevaux
pour nous écarteler.
§ puisse le supplice de *custine effrayer les
jean-foutres qui sont à la tête de nos armées!
que n'en ont ils tous été témoins!que n'ont
ils vu l'infamie et l'opprobre de ses derniers
moments ! que n'ont ils entendu les cris de
joie et les malédictions du peuple,tandis qu'il
traversait les rues de *paris !le bougre,pour
inspirer de la pitié,a fait comme *capet ,et
ne pouvant,après sa mort,être au nombre
des citoyens,il a désiré avoir une place dans la
légende,et à côté de la vie de *st-*louis-XVI ,
on lira celle de *st-*custine ;mais les *sans-culottes
ne sont pas dupes de ses singeries;
en le voyant lever les yeux au ciel,comme un
hypocrite,et manger le petit bon dieu que
son confesseur lui présentait,on lui a crié de toutes parts
<Sat=1>"après avoir vécu comme un scélérat,
tu devais mourir comme un jean-foutre;
ce n'est pas d'avoir péché que tu te repends,c'est
de n'avoir pas comblé tous tes crimes!"
<Sat=0> quand son chef pelé a été séparé de son dos rond,
l'air a retenti des cris de vive la république,
vive la liberté,vive l'égalité,à bas les traîtres.
à bas les tyrans ,et lorsque le valet de *samson
a présenté cette tête hideuse aux quatre coins
de l'échafaud,la tenant par ses moustaches,
<Epg=8> tous les citoyens ont applaudi.voilà le sort
qui vous attend,lâches conspirateurs;le jour
de votre supplice doit être un jour de fête,
tremblez;autant vous en pend à l'oreille,foutre.
<Sda=1793> <numero=279> <quinzaine=22> <semaine=221> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande colère du *père *duchesne
de voir que les gros continuent de manger les
petits,et que les riches se déclarent tous les
ennemis de la république. sa grande joie
de voir que les muscadins de *lyon vont être
mis à la raison. ses bons avis à la convention
pour qu'elle ôte l'autorité aux riches,
qu'elle protège les pauvres,et qu'elle ne
souffre pas plus longtemps que tous les oeufs
soient dans un même panier,comme dans l'ancien régime.
<edito=1>§ ils vont enfin être mis à raison,ces
<Epg=2> renégats de la *sans-culotterie ,ces muscadins
audacieux,qui se foutaient de la république
et qui voulaient rétablir la royauté.le sang
des braves républicains,qu'ils ont versé à
flots,va rejaillir sur eux,oui,vous allez
être vengés,martyrs de la liberté.déjà les
bombes et les boulets pleuvent comme grêle
sur les magasins des accapareurs et des marchands
de *lyon ;déjà la flamme réduit en
cendre les maisons des scélérats qui voulaient
perdre leur patrie.braves *sans-culottes,ne
regrettez pas les richesses que les flammes
dévorent;c'est le fruit de vos sueurs et de
votre sang.ce n'était pas pour vous que
vous aviez tissé toutes ces riches étoffes.
toutes ces soieries chargées d'or n'étaient
pas à votre usage;elle étaient destinées à
vos tyrans;vous ne retiriez du fruit de votre
industrie qu'un morceau de pain arrosé de
vos larmes;tandis,foutre,que tous les
riches fabricants ,avec le produit de votre
travail,bâtissaient des palais et tenaient des
tables de fermiers généraux,vos femmes et
vos enfants languissaient dans des galetas.
qu'elle périsse,cette ville rebelle;vous n'y
perdrez rien,citoyens laborieux,qui n'avez
<Epg=3> que vos mains pour subsister.vos bras vous
resteront.fuyez cette terre souillée de crimes,
où on voulait vous forger de nouveaux fers;
c'était vous qui l'aviez enrichie;partout où
vous irez,vous verrez renaître l'abondance.
le travail enrichit tous les lieux qu'il habite.
toutes les villes qui sont restées fidèles à la
république vous recevront comme des frères.
vous trouverez partout des secours;la constitution
vous en assure.vous formerez de
nouveaux ateliers,vous travaillerez à votre
compte.tout le produit de vos arts,de vos
métiers,vous appartiendra.
§ il est triste,j'en conviens, d'en venir à
des extrémités,il est cruel de voir des frères
se battre contre des frères,mais il est encore
plus foutant que des enfants déchirent le sein
de leur mère.assez longtemps la convention
a usé de douceur envers ces rebelles.au lieu
de revenir à eux,et de se repentir de leurs
forfaits,ils en ont commis de nouveaux;les
émigrés,les prêtres réfractaires,les étrangers
même ont trouvé asile parmi ces révoltés;
les *sans-culottes ont été opprimés par cette
foutue canaille;les patriotes ont été jetés
dans des cachots,et chargés de fers;un
<Epg=4> grand nombre a été passé au fil de l'épée,
les autres ont été jugés par un tribunal sanguinaire;
les amis de la liberté ont péri sur l'échafaud.
§ toutes ces atrocités n'étaient encore qu'un
jeu en comparaison de celles que ces brigands
méditaient.pour mieux détruire la constitution,
ils ont fait frime de l'accepter;mais si
l'armée de la république se fût éloignée de ce
cloaque impur,bientôt les muscadins se
seraient joints aux marchands de sucre de
*marseille et aux rebelles du *jura ,bientôt
tout le *midi aurait marché contre le *nord ,
et tandis que la moitié des *français aurait été
aux prises avec l'autre moitié,les *autrichiens,
les *prussiens,les *espagnols,les *anglais se
seraient emparés de toutes nos villes de guerre,
et se seraient partagé les lambeaux de la
république.tels étaient les affreux projets
de ces jean-foutres;peu leur importe sous
quels maîtres ils vivent;ils en veulent un pour
écraser avec lui les malheureux.dans
tous les temps,dans tous les pays les gens de
commerce n'eurent ni coeur,ni âme;leur
coffre-fort est leur dieu;ils ne savent que
tromper et voler;ils tondraient sur un oeuf,
<Epg=5> et ils attraperaient jusqu'à leurs pères;ils
trafiquent de tout,même de chair humaine;
ce sont leurs vaisseaux qui vont sur les côtes
d' *afrique enlever les nègres qu'ils traitent
ensuite comme un vil bétail.devait on jamais
s'attendre que des êtres aussi vils deviendraient
citoyens? l'homme libre,avant tout,
doit être humain,désintéressé;il doit tout
sacrifier à sa patrie,la patrie,foutre$!les
négociants n'en ont point.tant qu'ils ont cru
que la révolution leur serait utile,ils l'ont
soutenue,ils ont prêté la main aux *sans-culottes
pour détruire la noblesse et les parlements
;mais c'était pour se mettre à la place
des aristocrates.aussi depuis qu'il n'existe
plus de citoyens actifs,depuis que le plus
malheureux *sans-culotte jouit des mêmes
droits que le plus riche maltôtier,tous ces
jean-foutres nous ont tourné casaque,et ils
emploient le vert et le sec pour détruire la
république;ils ont accaparé toutes les denrées,
toutes les subsistances,pour nous les revendre
au poids de l'or,ou pour nous amener la disette;
mais comme ils voient les *sans-culottes
disposés à mourir,plutôt que de redevenir
esclaves,ces mangeurs de chair humaine ont
armé leurs valets et leurs courtauds de boutique
contre la *sans-culotterie ;ils ont fait
pis,ils ont nourri,habillé,approvisionné
les brigands de la *vendée ;ils ouvrent en
ce moment les ports de *toulon et de *brest
aux *anglais,et ils sont en marché avec *pitt
pour lui livrer les *colonies .
<Epg=6> § tonnerre de dieu,puisque nous nous levons
en masse,écrasons d'abord tous ces monstres;
ce sont nos plus cruels ennemis.les *prussiens
et les *autrichiens qui ravagent nos frontières,
qui égorgent les enfants au berceau,qui mutilent
et mettent en chair à pâté les cultivateurs,
qui ouvrent le sein des mères de famille,
pour en arracher le fruit qu'elles portent,
ces ours,ces tigres sont moins féroces
que tous ces trafiqueurs qui nous minent et
nous font périr à petit feu.si nous ne coupons
pas ces membres gangrenés,ils feront périr la république.
§ qu'on ne dise pas,foutre,en parlant de
la sorte que je suis un buveur de sang;qu'on
ne croie pas que je méprise le commerce,
personne n'honore plus que moi l'homme
honnête qui vit de son industrie. rien n'est
plus respectable qu'un bon négociant,qu'un
marchand patriote.souvent une seule fabrique
enrichit toute une ville et nourrit des
milliers de citoyens.j'ai connu plusieurs
négociants,qui étaient les pères de leurs
ouvriers.ils se contentaient d'un gain modique
et ils n'étaient que les économes de la grande
famille qu'ils faisaient travailler.leur parole
était sacrée.bénis de tout ce qui les entourait
ils ne désiraient pas amasser d'immenses
richesses,mais ils voulaient laisser
à leurs enfants leur exemple,leur probité,
leur talent pour héritage.malheureusement
les hommes de cette trempe sont rares,mais
<Epg=7>la république en produira,j'espère;eh,foutre,
il faudra que la mémoire de celui qui aura
amassé une trop grande fortune,soit déshonorée.
§ commençons d'abord à compter pour rien
la richesse,à honorer l'indigence,et bientôt
on deviendra moins avare.que tous les biens
nationaux soient vendus en petites portions;
que l'on cesse de mettre tous ses oeufs dans
un panier;qu'on divise les grandes terres,
en louant à une douzaine de fermiers,celles
qui ne sont cultivées que par un seul.bientôt
l'accaparement cessera,tout le monde
vivra.que la nation donne des secours à
ceux qui feront des découvertes,qui travailleront
le mieux;que tous les paresseux soient
envoyés à *cayenne ,que les lois soient respectées,
que tous les citoyens se regardent
comme des frères,que le travail soit honoré,
que la vieillesse soit respectée et surtout secourue:
voilà la constitution,foutre.nous aussi,
nous allons dire et répéter comme les feuillants,
la constitution,toute la constitution,
rien que la constitution, avec cette différence
que nous pensons ce que nous disons et que
nous agirons comme nous pensons.au contraire
ces viédases avec leur bougre de rapsaudie
de constitution royale,dans leur intérieur
ne voyaient dans cette constitution,
que la royauté,toute la royauté,rien que
la royauté;pour nous,(et nous l'avouons
franchement),nous ne voulons voir dans la
<Epg=8>nôtre que le peuple,tout le peuple,rien
que le peuple,foutre.
<Sda=1793> <numero=280> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande joie du *père *duchesne
en apprenant que les marchands de sucre et
les accapareurs de *marseille ont été forcés
de mettre les pouces,et d'ouvrir les portes
de cette ville aux troupes de la république qui
y sont entrées en triomphe. sa grande motion
pour que le fonctionnaire *samson joue bientôt
à la boule avec la tête de la louve autrichienne,
et celle de *brissot ,de *vergniaud ,du calotin
*fauchet ,et des autres scélérats qui voulaient
détruire la *sans-culotterie .
<edito=1>§ ça va,foutre,et ça ira encore mieux avec
<Epg=2>le temps.tous nos ennemis sont à quia .encore
un bon coup de collier,et la république
est sauvée.tous ces brigands couronnés qui
se partageaient d'avance les lambeaux de la
*france ,vont être tout à l'heure forcés de
mettre les pouces.dès le printemps,ils devaient
être aux portes de *paris ,et ils restent
toujours dans la même position.ils n'ont pu
nous prendre jusqu'à présent que trois places
fortes,et encore n'en sont ils venu à bout
que par la trahison de nos généraux.si le
capucin *custine avait joué six mois plutôt
à la main chaude,si on avait suivi mes bons
avis en chassant,au commencement de la
campagne,tous les nobles des armées,ainsi
que presque tous les officiers de la troupe
de ligne,qui,pour la plupart sont de fieffés
aristocrates,depuis longtemps nos frontières
seraient balayées et on nous demanderait maintenant
la paix à genoux.malgré tous les jean-foutres
qui,jusqu'à présent,ont commandé
nos armées,elles ont toujours fait danser la
carmagnole aux *prussiens et aux *autrichiens.
cela prouve la force d'un peuple libre.des
soldats républicains n'ont pas besoin de chefs pour vaincre.
<Epg=3> § tous les scélérats qui dans l'intérieur nous
mettaient à chien et à chat les uns contre les
autres,les faux patriotes,les royalistes,les
feuillants,les fédéralistes,n'ont fait non plus
que les ennemis du dehors,que de l'eau toute
claire. *barbaroux ne sera pas plus empereur
de *marseille ,que *buzot roi du *calvados .le
vieux tondu de *roland ne régnera pas d'avantage
à *lyon qu'à *paris .les bombes,les
boulets rouges ont réduit en cendre les magasins
des marchands de galon et des accapareurs
de cette ville rebelle.il n'en échappera
pas,maître *coco,aussi aisément que de la section
de *beaurepaire ;il faudra qu'il soit livré
vif ou mort aux commissaires de la convention,
et il mettra aussi la tête à la fenêtre,le roi *coco.
§ les *mandrins de la *vendée sont presque
détruits.le général *rossignol allait leur
donner le coup de grâce,mais les aristocrates
,qui ont des amis partout,ont trouvé
le moyen de lui barrer le chemin,lorsque ce
brave bougre,la hache et la torche à la
main,allait les poursuivre dans leurs derniers
retranchements.certain bailli de village,jadis
intendant du *juigné ,frère du ci-devant
archevêque de *paris , *goupilleau ,député de la
*vendée à la convention,et commissaire en
ce département,voyant cet intrépide *sans-culotte
décidé à tout brûler,lui a dit:
<Sat=1>"halte là,vous ne savez donc pas que moi aussi j'ai
un petit château dans ce pays,des bois de
haute futaie,des taillis;du train dont vous
<Epg=4>y allez,vous allez me mettre à la besace;
périsse plutôt la république,que de voir ma
propriété détruite! songez combien il m'a
fallu de temps,de travaux,de tours de passe
passe pour l'acquérir ! que de pauvres plaideurs
j'ai grugé,que de pots de vin il m'a fallu pour
acquérir ce petit domaine que vous voulez
dévaster! de par moi,de par mon collègue,
*bourdon *leroux ,mettez bas les armes;nous
vous destituons,pour mettre à votre place le
gentilhomme *aubert du *baillet ,qui arrive
tout frais et remoulu de *valenciennes .c'est
un homme comme il faut,que monsieur
*aubert du *baillet .ce n'est pas un brûleur de
châteaux,ce n'est pas un anarchiste ,un désorganisateur
;on sait de quelle manière il
s'est conduit à l'assemblée législative;on se
rappelle de quelle manière il ménageait la
chèvre et le chou . *dumas , *vaublanc et *pastoret
n'étaient pas plus amis du roi,que monsieur
*aubert du *baillet ;c'est le général qu'il
nous faut ici;nous n'avons confiance qu'en
lui.allez,citoyen *rossignol ,pliez bagage,
et partez en poste pour rejoindre vos *sans-culottes
de *paris .nous aimons mieux dans
nos forêts le chant du coucou,que celui du rossignol".
<Sat=0> § cependant tous nos braves soldats n'ont
de confiance que dans leur général *sans-culotte;
tous répétaient que ce *rossignol
leur ouvrirait toutes les portes,et leur tracerait
le chemin de la victoire.il est venu
<Epg=5>à *paris ,il a confondu tous les jean-foutres
qui avaient osé le calomnier,et la convention,
satisfaite de sa conduite,lui a rendu le
commandement.malgré le pingre *goupilleau
et le rouge *bourdon ,il va raser tous les
forts,tous les châteaux des brigands,et
dans quinze jours,il n'y aura pas plus de
*vendée que de dessus ma main.
§ ainsi,foutre,de tous côtés les affaires
prennent bonne tournure.les armes se fabriquent
à force.tous les jeunes républicains
vont se lever en masse,et se porter aux
frontières,pour en chasser les ours et les
tigres du *nord .les intrigants,les aristocrates
commencent à avoir leur bec jaune.sous peu
de jours *samson jouera à la boule avec la
tête de la femme *capet ,avec celle de *brissot
,de *vergniaud ,de *gensonné ,du calotin
*fauchet ,et des autres scélérats qui ont voulu
perdre la république.la paix se rétablit dans
tous les départements.partout on bénit la
constitution,et la *france ne sera bientôt
qu'une famille de frères,si on veut
faire main-basse sur tous les traîtres.la lettre
suivante prouvera quel esprit anime maintenant
tous les départements;elle est de mon
petit neveu;c'est un petit bougre qui n'est
pas un niais de *sologne ,comme il veut bien
le dire;il était député de son assemblée primaire
pour la fête de la constitution,et il
n'est pas venu me voir et pomper avec moi;
c'est un jean-foutre,et il me le payera.
<Epg=6> <Sat=1>mon cher oncle,
j'prends la plume d'ma main droite,pour
vous dire comme ça que je suis tout frais arrivé
d' *sologne à *paris .
§ mon père n'voulait pas que j'men fusse,
par c'qui m'disait que je serais mal reçu zà
*paris ;mais mon assemblée primaire m'disait
que mon père était z'un craintif,et dam' moi,
qui n'suis pas peureux,j'suis v-nu et me v-là.
oh,bigre,qu'eu différence! au lieu qu'les
*parisiens m'ayent battu comm'plâtre,ils
m'embrassent et par dessus et par dessous;
ils m'donnent à dîner,à bouche que veux
tu et disent que je suis un bon patriote;
j'leux réponds et vous itou,eh dam' oui,
s'font ils,et puis ils m'font boire à la santé
d'la république.c-te gross dame que j'ai
vu zà la *bastille,qui presse ses deux gros
tétons pour nous donner zà boire de bien
bonne eau fraiche et claire;ensuite j'ai zeté
à la procession qu'était b-en belle et b-en
longue,j'ai rencontré un qu'ez un qui m'a
prêté z'un livre que vous avez écrit et c'est
çà qui m'a fait prendre la valicence de vous
donner de mes nouvelles.fichtre,me fis je,
j'ai z'un oncle qu'a b-en de l'esprit,y n'me
r-semble pas da;mais je l'fréquente et si
je l'hante,il m'en apprendra _ çà dit,çà
fait_parmettez moi,mon cher oncle,de
vous demander conseil sur c'qui vient d'arriver
à mon grand frère ainé.il était dans
un vaisseau qui revenait des *indes , n'v-là t il
<Epg=7>pas qu'la tempête agite le bâtiment;n'v-là
t y pas que l'vent déchire les voiles,casse les
cordages,brise les mâts et qu'un grand trou
s'fait au ventre du vaisseau;n'v-là t y pas
qu'l'eau entre à grands flots dedans et le vaisseau
s'emplissait,s'emplissait. l'capitaine qui
n'voulait pas que l'bâtiment coulât zà fond,
travaillait,travaillait comme cinq cents
diables,il faisait travailler tout l'équipage;
mais mon grand frère qui est z'un lâche,
ne voulait pas travailler.crac,on assemble
l'conseil,et il est décidé qu'il faut l'jeter
dans la mer:aussitôt dit,aussitôt fait;v-là
qu'on l'prend par les bras et par les jambes
et plouf le v-là dans l'iau;à peine y est il tout
d'bon,que mon bigre se débat,se démène
tant et plus:à la parfin,il gagne l'bord à
l'aide d'une planche et le v-là sauvé.
§ l'navire se sauve itou et au bout de quelques
jours,mon frère vient réclamer ses bagages
qui étaient dans le bâtiment,il voulait aussi
qu'on lui donnât sa part dans le bénéfice de
la cargaison,il a plaidé,il a perdu son
procès et n'a eu rien du tout.pour lui prouver
que la justice avait raison à cet égard,
il y eut un vieux juge qui lui dit comme çà,
ce vaisseau ressemble à la république française:
tous ceux qui feront les lâches et qui
refuseront de partir,vont être déclarés incapables
de posséder une seule propriété dans
la république;ils ne pourront pas héritier
des biens de leurs parents à quelque degré
que ce soit;et si quelqu'un les favorise dans
<Epg=8>leur lâcheté,il sera puni tout de même que
les lâches.mon grand frère trouve que c'est
bien dur,et moi je crois que l'on a raison.
qu'en dites vous,mon oncle,qui avez
plus d'esprit que votre neveu ?
*mathurin *duchesne ,(le cadet), envoyé
de *sologne à *paris ,rue du *change .
<Sda=1793> <numero=281> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande colère du *père *duchesne
de voir que l'on souffre tous les bandits du
*palais-*royal ,tous les vendeurs d'argent,
tous les filous qui dévalisent tous les passants.
ses bons avis au général des *sans-culottes,
de faire main-basse sur toute cette
canaille,et d'en purger une bonne fois *paris .
sa grande douleur en apprenant que les soldats
de la république ont abandonné la victoire
auprès de *lille ,pour se livrer au
pillage,et s'en foutre des pilles,tandis que
les ennemis prenaient leurs canons.
<edito=1> § je traversais l'autre jour le grand bordel
<Epg=2>appelé *palais-*royal ,ce qui ne m'arrive pas
souvent,foutre;car autant que je le peux,je
fuis les fripons et les escrocs.j'entrai dans un
café pour voir ce qui s'y passait,et connaître
un peu l'air du bureau;je vois des foutriquets
aux bottes bien cirées,aux habits carrés,d'un
autre côté de vieilles têtes à perruque,surtout
force garçons mâchotant leurs cure-dents,
sans avoir seulement étrenné d'une bavaroise
pendant toute la journée;tous jabotaient
autour des tables sur les affaires publiques,
et faisaient un charivari de bougre;chacun
racontait sa nouvelle:l'un assurait que
*toulon était pris;l'autre racontait les exploits
des muscadins de *lyon ,et soutenait
que jamais ce nid de banqueroutiers et d'accapareurs
ne se rendrait.chacun lâchait
son paquet contre la république.j'étais d'une
colère de bougre,et je me tenais à deux
mains pour ne point gifler à droite et à
gauche toutes ces faces de papier mâché;
j'appelle le garçon,pour qu'il m'apporte une
taupette,point de garçon;j'appelle encore,
on ne me répond pas;rendoublé nom d'un
tonnerre,m'écriai je,qu'elle est donc cette
bougre de baraque,où l'on fait si peu attention
<Epg=3>aux républicains.je menace de casser
les tables et les glaces,et de foutre tout sens
dessus dessous;enfin un gros homme court,
ayant des besicles sur son bougre de nez,
accourt tout essoufflé avec un ventre aussi rond
que *gargantua *lacroix .
<Sat=1>qui fait donc tout ce tapage dans ma boutique,dit notre
pataud? citoyen c'est moi qui demande _ citoyen
vous-même,s'écrie mon jean-foutre,
que voulez vous? _ je veux une taupette _
il n'y a pas de taupette ici _ eh bien,foutre
apporte moi,si tu veux,pinte ou chopine? _
je ne vends pas de bière _ qui te demande
de la bière? c'est de l'eau de vie que je
veux foutre _ vous n'en aurez qu'un petit
verre,et vous le payerez douze sols,et
d'avance encore.me prends tu pour le bourreau,
bougre de marchand de tisane.
<Sat=0>je vous allonge en même temps un moule de gant à
ce viédase,et je le fais rouler sous les tables.
me voilà aussitôt entouré de tous les galopins
de la fabrique d'eau chaude;l'un veut
me jeter un tabouret,l'autre me menace du
poing,celui-ci lève le manche à balai ,celui là
appelle la garde;je me débats et je frappe
à droite et à gauche;après avoir fait mesurer
<Epg=4>la semelle de mes souliers à cette foutue canaille,
chacun vanne et gagne la porte.
§ les muscadins vont recruter dans les allées
tous escrocs de leur connaissance,pour venir
m'assaillir à la fois;bientôt la garde arrive.
l'officier,bien poudré,bien atiffé,s'écrie en entrant..
<Sat=1>quel est cet ivrogne qui vient ici
faire du tapage,où est il ? qu'on l'arrête,
qu'on le garrotte,qu'on l'entraîne au corps de garde.
je reconnais les pompons de la
section de la *butte des *moulins .arrêtez,
foutre,leur dis je,bande de rafiats,vous ne
mettrez pas la main sur le *père *duchesne .le
*père *duchesne ,s'écrie l'homme au plat à
barbe,oh,nous t'allons encore une fois faire
siffler la linotte. c'est ce vieux coquin de marchand
de fourneaux,disaient toutes les coquines
à travers les vitres,en prison,en prison.
<Sat=0>suis je donc ici dans la *vendée pour être
traité de la sorte?
§ la foule augmente.mon nom retentit de
toutes parts,les *sans-culottes accourent;
je raconte mon aventure.le bougre d'épauletier
qui m'avait donné tort,commence à
faire le capon en me voyant soutenu.tous
les foutriquets qui faisaient si haut claquer
leur fouet se retirent tous penauds,les baïonnettes
disparaissent.la maîtresse du café
quitte son comptoir et vient me faire des excuses.
<Sat=1>apprenez à vivre une autre fois,lui
dis je.vous êtes insolents avec les pauvres,
tandis que vous n'êtes que de plats valets au
vis-à-vis de tous les greluchons qui vous content
<Epg=5>des fleurettes.nos assignats valent autant
que ceux de tous les bandits que vous appelez
monsieur,gros comme le bras,et auxquels
vous faites les yeux doux,tandis que
vous êtes froide comme une carafe d'orgeat
avec les *sans-culottes,parce qu'ils n'ont pas
de beaux habits et des culottes étroites.
<Sat=0> § une douzaine de braves commères restent
avec moi,on ne nous parle qu'en tremblant et
on nous sert tout ce que nous demandons à la
parole.après avoir vidé plusieurs flacons de
parfait amour et de sacré chien tout pur,je
demande les papiers.on me présente les
petites affiches,je n'y trouve que des chiens
perdus,que des terres à vendre.on voit
bien qu'il ne vient ici que des gens inutiles,
foutre.que veux tu m'apprendre avec ce torche cul;
<Sat=1>garçon,un autre journal_voilà
celui de *paris ,citoyen *duchesne _je ne me
salis pas les doigts avec de pareilles ordures.
voulez vous *feuillant ,voulez vous
*perlet ,citoyen *duchesne ,voulez vous
*courrier *français ?oui,foutre,si tu m'apportes
en même temps un réchaud pour en faire
un feu de joie.vous ne vous contentez donc
pas seulement de nous empoisonner de vos
liqueurs,gargotiers du diable,vous voulez
encore empoisonner l'esprit de ceux qui
viennent chez vous?quoi donc,dans toutes
ces tabagies de *coblentz ,on ne peut pas
trouver un seul journal patriotique!est ce
qu'on laissera longtemps subsister ces antres
de voleurs et ces repaires d'aristocrates?quoi
<Epg=6>la convention a décrété que tous les hommes
suspects seraient arrêtés,et on souffre ici le
rendez-vous de tous les brigands,de tous
les scélérats de l' *europe !on ne peut faire
un pas dans cette forêt,sans être dévalisé
par les marchands,par les coquines et par
les filous de toutes les acabits.les agioteurs,
les accapareurs,les marchands d'argent chassés
de la bourse,se sont réfugiés sous ces arcades
pour braver la convention et ses décrets!
eh vite,général des *sans-culottes,
compère *hanriot ,environne moi ce lieu
d'horreur de toutes les piques des faubourgs.
que l'on ne se borne pas à arrêter
les muscadins,il faut une bonne fois les exterminer
et en purger *paris .main-basse sur tous ces gredins.
<Sat=0> § tandis que je faisais ces réflexions,une
des commères de notre écot,me dit,
<Sat=1>*père *duchesne ,puisque tu veux savoir des nouvelles,
en voilà de fraiches de l'armée du
*nord .lis cette lettre que j'ai reçue hier de
mon fils qui est un brave canonnier,*père *duchesne .
<Sat=0>je lis foutre: <Sat=1>
§ "je vous annonce,ma mère,que nous
nous sommes battus comme des diables à tous
les postes environnant *lille .vous ne vous
faite pas idée du courage des soldats républicains.
j'en ai vu plusieurs avec un bras
coupé,et qui se battaient contre la cavalerie
jusqu'à ce qu'on leur eut coupé l'autre.les
*autrichiens n'ont jamais été mieux étrillés,et
nous serions à présent à *menin ,si les bataillons
<Epg=7>ne s'étaient pas amusés à piller,et
si les canonniers n'avaient pas abandonné leurs
canons,pour s'ennivrer.l'ennemi a profité
de ce désordre,et s'est emparé de plusieurs
pièces d'artillerie.j'en ai été au désespoir
ma mère;car vous le savez,je ne suis pas
de ceux qui préfèrent leur intérêt à celui de
la république,et je tiendrai le serment
que j'ai fait de mourir à mon poste."
§ votre fils est un brave bougre,ma
commère.faites lui promptement réponse,
et engagez le à vivre toujours dans les mêmes
sentiments.est il possible que des *français
abandonnent la victoire,pour se livrer au
pillage,que des canonniers laissent prendre
leurs canons!j'ai servi autrefois dans l'artillerie
,moi,et,foutre,je regardais ma pièce
comme ma maîtresse,je ne la quittais
jamais,et on m'aurait arraché mille fois la
vie,plutôt que de me la faire abandonner.
les soldats qui se livrent à de pareils excès,
ne voyent donc pas qu'ils sont les plus cruels
ennemis de leur patrie.ah,ma commère,
cette nouvelle me saigne le coeur.ce sont
les amis de *custine qui ont excité ces désordres
,afin de dire que la discipline ne
règne pas dans l'armée depuis que le général
*moustache est raccourci.ils ne vont pas
manquer de demander à la convention qu'elle
donne le droit aux généraux de condamner
à mort tout soldat qui manquera à la discipline,
afin d'avoir un prétexte pour faire
fusiller celui qu'ils voudront pour un oui ou
<Epg=8>pour un non .que les soldats,véritablement
républicains,fassent eux-mêmes la police,
qu'ils immolent le premier qui osera conseiller
le pillage,et le lâche qui abandonnera
son canon! voilà,foutre,ce qu'il faut recommander
à votre fils;allons nous en,ma
commère,et avant de sortir,payons notre écot,foutre.
<Sda=1793> <numero=282> <semaine=222> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande joie du *père *duchesne
au sujet des bons décrets que la convention
vient de rendre,pour faire ouvrir tous les
greniers des accapareurs par la vertu de la
sainte guillotine ambulante et par l'armée révolutionnaire
qui va dauber les *muscadins ,
et donner le coup de grâce aux aristocrates
et aux royalistes.
<edito=1> § ah, *père *duchesne ,quelle joie,foutre!
<Epg=2>quelle pille aujourdhui ! que d'enfants de
choeur tu vas étouffer en réjouissance de tous
les bons décrets que la convention vient de
rendre,et qui vont sauver la république;
il était temps,foutre;quelques jours plus tard
pas plus de liberté,pas plus de constitution
que de dessus ma main;encore une fois nos
ennemis se sont pris dans les pièges qu'ils nous
tendaient;ils ont craché en l'air,et ça retombe
sur leurs bougres de nez.il faut en convenir,
nous avons plus de bonheur que de prudence,
et c'est presque toujours malgré nous
que nous nous sauvons.quel coup de chien
on nous préparait,et nous n'y voyons que du
boeuf !les scélérats qui nous divisent,qui
nous enlèvent nos subsistances,qui nuit et
jour conspirent contre le peuple,qui sont
soudoyés par les brigands qui nous font la
guerre,pour brouiller les cartes,et allumer
partout la guerre civile,s'étaient glissés dans
toutes les sections,et même dans les sociétés
populaires,pour y vomir leur poison;ils
ont fait les bons apôtres pour nous jeter de la
poudre aux yeux.d'abord en les entendant
motionner,on les prenait pour la fine
fleur des républicains; *marat et le *père *duchesne
,<Epg=3>au vis-à-vis d'eux,n'étaient que
de la *saint-*jean ;ils étaient écoutés comme
des oracles;tout ce qu'ils disaient était
applaudi à outrance;tout ce qu'ils
proposaient était adopté.les pauvres *sans-culottes
qui malheureusement ne voyent pas
plus loin que leur nez,ignoraient que tous
les coquins ne sont que des calotins et des
nobles déguisés.quand ils ont eu ainsi usurpé
la confiance,ils ont commencé à vilipender
les meilleurs citoyens,ils ont accusé les
magistrats les plus patriotes de tous les maux
qu'ils faisaient eux-mêmes par sous-main.tandis,
foutre,que des milliers de bandits,aux
gages de *pitt et de *cobourg ,empêchaient
les subsistances d'arriver à *paris ,tandis que
les citoyens étaient obligés de passer les nuits
à la porte des boulangers,pour se procurer
un morceau de pain,on rencontrait à tous les
coins de rues,au milieu des groupes des muscadins
habillés en charbonniers,en maçons,
qui mettaient le feu sous le ventre des *sans-culottes,
pour les exciter au désordre.
<Sat=1> "voilà une belle république,disaient ils avec un air
patelin;nous étions mille fois plus heureux
sous l'ancien régime,et cette constitution qui
<Epg=4>devait nous faire tomber les perdrix toutes
rôties, ne nous donne pas seulement du pain."
<Sat=0>quand j'entendais ces propos de jean-foutres,
je commençais par examiner ces
viédases de la tête aux pieds,et je remarquais
toujours qu'ils avaient les mains blanches et
délicates.ces bougres là,disais je,ne sont
que des manoeuvres de contrebande.nous
autres,gens de fatigue,nous ne nous servons
pas de pâte d'amande pour avoir de
jolis doigts,et le travail est écrit sur nos mains
couvertes de poireaux et de durillons.défions nous
de ces endormeurs qui viennent moucharder
au milieu de nous.les bougres disparaissaient
comme l'éclair,quand ils entendaient
faire ces observations,et allaient dans
un autre quartier chercher des badauds pour
les écouter et les croire.
§ il ne faut pas être grand sorcier pour deviner
cette marotte,car on a entendu plusieurs de
ces scélérats vanter la générosité de *cobourg
et de *pitt ,et proposer de placer sur le trône
le duc d' *york .voilà,foutre,le complot des
muscadins qui veulent non seulement nous
empoisonner d'un roi,mais qui cherchent à rendre
les *français esclaves des *anglais.ce projet
est sur le tapis depuis le commencement de la
révolution,et on se souvient que le cuistre
*carra le proposa aux *jacobins ,il y a trois ans.
l'infâme *brissot et la clique de la *gironde
n'ont cessé de remuer ciel et terre pour vendre
la *france au roi *georges-*dandin .c'est par
leur manoeuvre que *toulon vient d'être livré
<Epg=5>à la flotte anglaise;celui de *brest le sera également,
si on ne chasse pas à l'instant tous les
ci-devant nobles de la marine.
§ le renard *pitt sait bien,foutre,qu'il ne
sera que l'eau toute claire,tant que *paris ne
sera pas détruit,que,pour anéantir la république,
il faut la frapper au coeur;aussi le
bougre a t il rassemblé dans le berceau de la
liberté tous les ennemis de la révolution qu'il
a pu recruter dans les départements.les hôtels
garnis regorgent ,de la cave au grenier,de
prêtres réfractaires,de ci-devant gardes du
corps;tous les échappés de *coblentz ,tous
les chefs des brigands de la *vendée sont maintenant
à *paris ;ils bravent ,ils insultent,ils
outragent les patriotes;depuis longtemps ils
se disposent à un grand coup de main,et ils
n'attendent que le signal pour égorger les *jacobins
et la convention;mais si ces jean-foutres
osent lever la crête dans les tripots du
*palais-*royal ,ils frémissent d'horreur quand
ils entendent parler du faubourg *st-*antoine .
§ ce n'est qu'en divisant les *sans-culottes de
*paris ,qu'on espère les détruire.quand je
vois le trouble régner dans quelque section,
quand les ouvriers sont obligés de faire jouer
les chaises pour chasser les muscadins,quand
on se bat pour avoir du pain,je m'écrie:
combien en a t il coûté de guinées au porte
esprit du roi *georges-*dandin pour exciter
tout ce désordre?oui,foutre,tous les
maux que nous endurons,toutes les pertes
<Epg=6>que nous éprouvons,toutes les trahisons que
nous découvrons,sont autant de chefs d'oeuvres
des agents de *pitt .c'est lui qui a fait sonner
la trompette d'alarme dans tous les ateliers,
c'est lui qui a graissé la patte à tous les coquins
qui criaient au pain dans toutes les rues
de *paris ,et qui demandaient la tête du maire,
en l'accusant d'être un accapareur;en égarant
le peuple,on croyait qu'il allait prendre le change,
et qu'on lui ferait égorger ses meilleurs
amis,comme à *marseille et à *lyon ;
mais,foutre,les *parisiens sont débadaudés,
ils se sont entendus,et au lieu de se manger
le blanc des yeux et de s'entredéchirer
comme leurs ennemis le voulaient,ils se sont
embrassés,ils ont juré la mort des traîtres.
et ce serment sera accompli,foutre.
§ tout le peuple de *paris ayant à sa tête
la municipalité,s'est présenté à la convention
il a exposé sa misère à ses représentants,
il a demandé justice,il l'a obtenue.ce jour
qui devait être un jour de deuil et peut-être
le dernier de la *sans-culotterie a été
un jour de fête et de triomphe pour les amis
de la liberté.la convention a décrété sur
le champ la formation d'une armée révolutionnaire
qui va parcourir tous les départements,
suivie d'un tribunal redoutable qui balayera
la république de tous les brigands,des
royalistes,des accapareurs,et de tous les
ennemis du peuple.la guillotine ambulante
nous ouvrira tous les greniers,et dans quinze
<Epg=7>jours *paris ,toute la république auront des
subsistances assurées pour toute l'année.les
talons rouges sont enfin chassés de nos armées,
tous les nobles vont être arrêtés.pour
engager les *sans-culottes à assister à leurs
sections,et à donner la chasse aux muscadins,
les ouvriers recevront une gratification
toutes les fois qu'ils se rendront à l'assemblée
de leur section. *brissot et ses complices,
la louve autrichienne vont dans cette semaine
mettre tous la tête à la fenêtre,et six tribunaux
composés de *sans-culottes à toute
épreuve,vont juger nuit et jour tous les conspirateurs.
§ voilà,foutre,ce que le peuple a obtenu.
voilà une moisson qui réduit tous les
accapareurs à zéro.voilà le coup de grâce
de l'aristocratie et de la royauté.tremblez,
scélérats,qui avez voulu enchaîner le peuple,
il tient entre ses mains la massue qui va vous
écraser.tremblez,muscadins,qui n'avez
pas voulu être des hommes libres;l'heure
de votre mort va sonner.tremblez,riches
égoïstes engraissés du sang des pauvres,le
jour est arrivé.vous,*sans-culottes,qui
avez tant fait dans un jour,ne vous rebutez
pas;n'abandonnez pas le fer dont vous vous
êtes armés jusqu'à ce que tous vos ennemis
soient exterminés,il y va de votre salut,
de celui de vos femmes et de vos enfants.
le combat à mort est commencé,il faut
en sortir victorieux ou esclaves.il faut tuer
<Epg=8>vos ennemis,si vous ne voulez pas l'être.
la liberté ou la mort,foutre.
<Sda=1793> <numero=283> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
la grande joie du père *duchesne,
de voir le pain reparaître chez les boulangers
depuis que le peuple a retrouvé la clef du
grenier,en mettant à l'ombre tous les muscadins
,tous les commis de *pitt et de *cobourg ,
qui se déguisaient le matin en *sans-culottes,
pour faire rafle des pains de quatre livres,et
les jeter dans la rivière, et qui le soir, bien
poudrés et bien pomponnés, allaient insulter
à la misère publique avec leurs culottes étroites
et leurs habits carrés dans les promenades et
les spectacles.
<edito=1>§ il n'y a rien qui vaille que les *sans-culottes,
<Epg=2>il n'y a rien de bien fait que ce que font les
*sans-culottes ; on ne trouve de vertu et de
patriotisme que parmi les *sans-culottes ; sans
eux la révolution serait au foutre ; eux seuls
sauveront la république. il faut donc que toutes
les lois les défendent et les protègent, que
la convention ne travaille que pour leur
bonheur, car eux seuls forment la nation ;
ce sont eux qui arrosent de leurs sueurs la
terre qui nous nourrit, ce sont eux qui font
les étoffes dont nous sommes revêtus, ce
sont eux qui travaillent les métaux, et qui
fabriquent les armes qui servent à la défense
de la république ; ce sont eux qui versent
tous les jours leur sang pour la liberté et
l'égalité ; pour prix des services qu'ils rendent
à la société, ils n'ont eu jusqu'à présent
pour lot que la misère et le mépris. tandis
que leurs femmes et leurs enfants languissent
dans des galetas et dans des cabanes, tandis,
foutre, qu'ils ont à peine une poignée de
paille pour se coucher, de riches fainéants se
dorlotent sur le duvet dans des alcôves dorés ;
tandis que ces artisans laborieux s'épuisent à
force de travail, pour gagner un misérable
morceau de pain bis, des financiers, engraissés
du sang du peuple, des marchands, enrichis
des dépouilles des dupes, des banqueroutiers,
des accapareurs, des banquiers, des gens de
loi, en un mot toutes les sangsues de la
*sans-culotterie jouissent de tous les plaisirs ;
leurs tables sont couvertes des mets les plus
exquis ; d'un bout de la *france à l'autre les
<Epg=3>routes sont couvertes de voitures pour apporter
toutes les friandises de ces bouches inutiles.
§ assez longtemps la roue de fortune a été
aveugle ; il faut enfin qu'elle lève son bandeau
pour partager ses dons avec plus de justice ;
il faut que sa roue tourne enfin du côté de la
*sans-culotterie . le soleil luit pour tous les
hommes. la terre qui est notre mère commune,
et qui prodigue avec abondance tous ses
trésors, n'a été jusqu'à présent qu'une marâtre
pour les pauvres qui la cultivent ; il faut que
les moissons, que les fruits dont elle est
couverte, soient partagés plus également à
ses enfants ; celui qui plante la vigne doit
avoir la plus belle grappe.
§ voilà, foutre, ce que les *sans-culottes
désiraient, quand ils ont fait la révolution,
voilà ce que la constitution leur promet,
voilà ce qu'ils obtiendront, s'ils ne veulent
pas jeter le manche après la cognée, et s'ils
achèvent leur ouvrage.
<Sat=1>" tu nous promets
plus de beurre que de pain, vieux marchand
de fourneaux, me dit on ; depuis quatre ans
nous avons foutu la danse aux aristocrates,
nous les avons chassés, nous avons fait plus,
et nous avons tout à fait taillé dans le vif, en
raccourcissant le dernier de nos tyrans, et
cependant nous n'avons encore fait que de
l'eau toute claire. d'autres fripons ont remplacé
ceux que nous avons détruit ; enfin nous
sommes toujours aussi malheureux que par le
passé. les gueux porteront toujours la besace."
<Sat=0>§ oui, foutre, ils la porteront toujours,
<Epg=4>s'ils sont assez lâches pour se décourager. c'est
là ce qu'attendent nos ennemis ; ils n'ont plus
d'espérance que dans le désespoir des *sans-culottes.
c'est pour nous faire perdre la carte,
et nous faire mettre à chien et à chat les
uns contre les autres, qu'ils ont tout accaparé,
qu'ils nous enlèvent nos subsistances,
pour nous faire tomber à leurs pieds et leur
redemander des fers. si nous en étions réduits
à ces extrémités, pendant quelques jours ils
nous cajoleraient, le pain ne manquerait pas
d'abord ; mais, foutre, qu'ils nous le feraient
payer cher par la suite ! il n'y aurait pas d'assez
grands supplices pour nous faire expier le crime
d'avoir voulu être libres et égaux. la taille,
la gabelle, les entrées, la chasse, la corvée,
les parlements n'étaient que de l'eau rose, en
comparaison des maux qu'il faudrait endurer.
les bêtes à somme seraient moins malheureuses
que les *sans-culottes. dans l'ancien
régime on a entendu des nobles dire que si les
chevaux manquaient en *france , ils se serviraient
des roturiers pour les traîner ; eh bien,
foutre, ils réaliseraient cette prédiction, et
il n'est pas un bon citoyen qui ne préférât
alors être cheval plutôt que de vivre aussi dégradé.
oui, lâches qui demandez un roi,
vous en auriez un et il vous en cuirait bougrement
pour l'avoir demandé. il faudrait
doubler et tripler les impôts, pour fournir
à ses plaisirs et entretenir les armées qu'il
serait obligé de mettre sur pied, pour régner
en paix et pour opprimer le peuple ; riches
<Epg=5> et pauvres,tout serait également enchaîné,
ou plutôt il n'y aurait bientôt dans toute la
*france que des gueux .un roi! qui peut être
assez jean-foutre, pour prononcer ce nom sans
horreur ? existe t il un homme assez stupide,
assez hardi, pour désirer le trône ? croit il
qu'il y resterait seulement 24 heures ? n'existerait
il plus d'hommes libres pour le poignarder,
avant qu'il les eut tous détruit ; avant
que la terre fût couverte de nos cadavres,
nous saurions nous venger. nous aurions aussi
du poison et des poignards pour immoler ceux
qui seraient tentés d'être nos maîtres . quand
même nous serions battus de tous côtés, y
eut il un million d'étrangers répandus sur notre
territoire, fussions nous tous désarmés, il nous
resterait encore à chacun un bout de fer que
notre désespoir aiguiserait pour arracher la
vie aux satellites des despotes qui voudraient
nous faire la loi, et si nous n'en avions
pas, nous les étoufferions, nous aurions encore
des dents pour leur déchirer les veines et
les entrailles. notre rage égalerait celle de
nos tyrans, et nous trouverions mille moyens
pour délivrer la terre de pareils monstres.
jamais, foutre, on n'a empêché un peuple
qui veut être véritablement libre de le devenir.
en *suisse , une poignée de paysans
s'est délivrée de la tyrannie des mêmes *autrichiens
qui veulent aujourdhui asservir la
*france . des pêcheurs, sans armes, sans argent,
sans bled, et ne vivant que de fromage
et de harengs, vinrent à bout dans la
<Epg=6> *hollande de faire mettre les pouces à un
empereur autrichien qui alors était maître de
toute l' *allemagne , de l' *espagne , de presque
toute l' *italie ,des *pays-*bas ; des grandes *indes ,
de tous les trésors de l' *amérique , et
même d'une partie de la *france . avec la
foi, on transporterait, dit on , des montagnes :
eh bien, foutre, de la foi dans le patriotisme,
et nous viendrons à bout de tout, nous abattrons
tous les colosses qui nous menacent,
et nous établirons la liberté universelle ; mais
encore une fois, tenons bon et soyons fermes
comme des rochers. songeons que nous ne
pouvons être détruits par nous-mêmes. restons
unis comme des frères. plus on fera
d'efforts pour nous diviser, plus nous devons
rester serrés les uns contre les autres.
si on veut nous prendre par les vivres,
tirons plutôt la langue d'un aulne, que de nous
plaindre et de nous chamailler, sachons endurer
la faim, pour avoir bientôt l'abondance ;
songeons que les citoyens de *lille et des
autres villes assiégées ont été réduits à manger
des chats et des rats, tandis que leurs maisons
étaient embrasées par les bombes et les
boulets rouges. si nous n'avons qu'un morceau
de pain, partageons le avec notre voisin,
en attendant la fin de notre misère. regardons
la liberté comme une femme aussi bonne que
belle, que nous brûlons de posséder. que
n'endure t on pas pour une maîtresse que l'on
chérit ! pour être heureux, il faut un peu de
peine. on n'a pas bâti *paris dans un jour.
<Epg=7>quand le cultivateur jette son bled en terre,
il ne s'attend pas que chaque grain en produira
mille; il a aussi à craindre les gelées,
la sécheresse et la grêle. pour recueillir, il
faut semer. entendons nous encore une fois,
et nous arriverons à notre but. quand nous
éprouvons quelque disgrâce, ne nous en
prenons jamais qu'à nos ennemis ; car, foutre,
ils sont toujours à nos trousses, et ils ne cessent
de nous harceler. tandis, foutre, qu'il assiégeaient
la porte des boulangers pour enlever
le pain et le jeter à la rivière, ils accusaient
les magistrats les plus vertueux d'être des
accapareurs, ils croyaient que les *sans-culottes
allaient faire main-basse sur leurs meilleurs
amis; mais, foutre, ils se sont encore une
fois cassé le nez. on a organisé l'armée révolutionnaire;
les affameurs ont été mis à l'ombre;
tous les jean-foutres qui se déguisaient
en charbonniers et en poissardes, pour assiéger
les portes des mitrons, et qui le soir
reprenaient leurs culottes étroites et leurs
habits carrés, pour insulter à la misère publique
dans les spectacles et les promenades,
sifflent maintenant la linotte ; le pain a reparu,
et chacun en a facilement. j'avais donc
raison de dire que la vertu de la sainte guillotine
nous rendrait la clef des greniers. poursuivons,
foutre, et promenons la dans tous
les lieux où il y a des accapareurs et des
contre-révolutionnaires, et bientôt l'abondance
régnera, foutre.
<Epg=8> § avis aux *sans-culottes.
vous qui regardez avec raison les rois comme la
peste, voulez vous connaître un plat de leur métier
allez demain mercredi, 11 septembre, au tribunal du
sixième arrondissement, à l'*abbaye *saint-*germain ,entendre
plaider la cause du brave *latude contre les
héritiers de la *pompadour et ceux des ministres de
*louis-XV , qui tenaient boutique ouverte de lettres
de cachet, et qui ont fait languir ce pauvre bougre
pendant quarante cinq ans dans les cachots de la *bastille
et de *bicêtre pour les beaux yeux de la putain
royale. j'espère que les juges qui sont de véritables
*sans-culottes ne se laisseront pas graisser la patte, et
qu'ils condamneront ces sangsues engraissées du sang
du peuple à une bonne amende et à une forte pension,
pour consoler ce vieillard malheureux de tous les maux
qu'il a souffert. s'ils ne le font pas, je m'en souviendrai,
foutre, et je les habillerai en enfants de bonne maison.
<Sda=1793> <numero=284> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande colère du *père *duchesne
de voir que les *sans-culottes de *paris restent
les bras croisés, au lieu de marcher promptement
en masse pour balayer les frontières de
tous les brigands qui les ravagent. ses bons
avis aux jeunes *parisiens pour qu'ils forment
promptement leurs bataillons, et qu'ils marchent
sans délai vers l'ennemi, en faisant porter
leurs sacs aux muscadins, et les forçant de
traîner les équipages. sa grande joie de voir
siffler la linotte à tous les jean-foutres qui
voulaient brûler *paris , et faire perdre le goût
du pain aux braves *montagnards et aux
*jacobins .
<edito=1> § ah, foutre, comme les aristocrates mangent
<Epg=2>du fromage ! que sont ils devenus ces
insolents muscadins qui faisaient tant claquer
leur rouet, qui se vantaient de faire perdre le
goût du pain à tous les *jacobins, qui devaient
chasser la convention à coups de fouet,et
être tous les grands officiers de l'avorton du
*temple , qu'ils osent appeler *louis-XVII .
il n'est pas de courtaud de boutique, de
saute-ruisseau de notaire qui n'ait fait tous
les soirs cette prière en place de son pater :
<Sat=1> " ô bienheureuse contre-révolution, quand
arriveras tu ! les *autrichiens sont ils bientôt
aux portes de *paris ! quand auront ils brûlé
ce maudit faubourg *saint-*antoine ! quand pourrons
nous laver nos mains dans le sang des
*sans-culottes! quand pourrons nous danser
sur leurs cadavres."
<Sat=0> § voilà, foutre, ce que pensent tous ces
foutriquets du *palais-*royal , tous ces piliers
de tripot, tous ces joueurs,tous ces escrocs,
tous ces bandits, tous ces polissons que l'on
rencontrait à chaque pas dans les promenades
et dans les spectacles. où sont ils cachés,
foutre ; depuis que la convention a décrété
l'armée révolutionnaire et la guillotine ambulante,
les jean-foutres sont rentrés dans les
<Epg=3>caves où ils s'étaient tapis le 10 août.semblables
à des rats qui fourragent dans un grenier,
qui sautillent, gambadent, infectent et
dévorent tout ce qu'ils rencontrent, et tant
qu'ils se croient en sûreté, bravent de loin
tous les chats de l'univers, et les défient de
venir troubler leur ripaille ; mais quand le
gros angora de la maison montre seulement
sa barbe à la tête de la chatière, tous les
rats muscadins le fleurent, et chacun vanne de
son côté, et tous passeraient dans un trou de
souris. quelques uns tombent sous les griffes
de minet qui leur fait payer les sottises des
autres.
§ voilà, foutre, trait pour trait le tableau
de *paris ; depuis que la convention a ouvert
toutes les ratières et les souricières, pour attraper
toutes les vermines qui infectent *paris ,
les muscadins qui ne sont pas allés se nicher
avec les chauves-souris, pour mieux tromper
l'espion, ont tout à coup quitté leurs culottes
étroites pour prendre de larges pantalons et
des vestes courtes à la place de leurs habits
carrés ; une perruque noire et à cheveux plats
ombrage leur face de papier mâché, et deux
moustaches postiches pendent sous le nez de
<Epg=4>ces blancs-becs ;on les voit la pipe à la gueule,
ni plus ni moins que le *père *duchesne , mais
pour la frime ; car, foutre, une seule bouffée
de tabac les suffoquerait.
§ les *sans-culottes, foutre, ont le nez fin,
et d'une lieue ils sentent les aristocrates ;
aussi, malgré ces farces et ces déguisements,
reconnaissent ils ces viédases. l'autre soir je
me promenais au grand bordel, très bien
nommé *palais-*royal , puisque c'est le rendez-vous
de tout ce qu'il y a dans le monde de
plus impur et de plus scélérat ; j'étais avec
une douzaine de lurons d'affût ; nous voilà
tout à l'heure faufilés parmi toutes les coquines
et les escrocs qui à la vérité étaient
clair-serrés. pour tromper le *jobe , nous jasons
avec ces salopes qui nous prennent pour des
muscadins déguisés, et qui se déboutonnent à leur aise.
<Sat=1> " qu'allons nous faire, disaient elles,
qu'allons nous devenir ; d'un seul coup de filet
cette maudite police vient de nous enlever
toutes nos pratiques. moi, disait l'une,je
perds mon vieil abbé, et moi, mon gros banquier.
il faut donc pendre nos dents au croc.
pardi, j'ai bien du guignon, disait l'une de ces
princesses ; je me suis fait enlever, il y a cinq
ans, par le baron de la *crânerie , le plus dégourdi
gentilhomme de mon canton; il est
vrai qu'il n'avait ni sol ni maille, mais de
l'esprit en revanche ; ah, comme il vous jouait
des mains! comme il vous travaillait les cartes !
c'était de tous les gardes du corps le plus
renommé pour les coups de main. il fallait
<Epg=5>voir alors comme j'étais sur mon dix-huit.
j'avais un appartement superbe, une voiture
magnifique, les plus beaux laquais, les plus
jolis jokais, ma petite loge à tous les spectacles.
il est vrai que pour fournir à toutes ces
dépenses, il a fallu dévaliser quelques centaines
de nigauds de province, et ruiner autant de
marchands. la révolution est arrivée, et tout
mon étalage a disparu. mon pauvre baron a
été obligé de faire comme les autres ; il a
vanné du côté de *coblentz et je ne sais où. je
croyais ne le revoir de la vie ; mais il me tomba
tout à coup sur les bras, il y a quelques mois,
tout en loques, et arrivant de la *vendée ; je
ne savais si je devais le reconnaître, mais
enfin on a un coeur ; il sut me prendre par
l'endroit sensible, et je me suis laissé aller.
ce jour là je fis un bon miché ; moyennant
un portefeuille assez bien garni que je lui brissotai
avec adresse, mon baron fût habillé de
la tête aux pieds comme un cadet. nous
vivions tous les deux comme deux tourtereaux ;
il me laissait, en joli garçon, faire tranquillement
mon commerce ; lui,par ses connaissances,
s'était procurés une place honnête qui lui
rapportait joliment, et sans se donner de mal,
sinon qu'il était obligé de se lever quelquefois
avant le jour, pour aller faire sentinelle à la
porte des boulangers ; mais quand il y a du
quibus , coûte qui coûte ; autant d'assignats
de vingt-cinq francs que de pains de quatre
livres. un brave *anglais de ses amis le payait
rubis sur l'ongle, et lui donnait encore de
<Epg=6>bonnes gratifications, quand on venait à bout
d'affamer les *sans-culottes, et de les faire
pester, jurer et tempêter. malheureusement
le pot aux roses est découvert, et mon pauvre
ami est obligé de se cacher. après avoir tant
jeté de pains de quatre livres à l'eau, il n'a
pas seulement une flûte à casser, et moi qui
n'étrenne pas ! "
<Sat=0>§ tandis que la garce jabotait ainsi, je vois
s'avancer à pas de loup un grand flandrin,
tenant à sa main un de ces gros gourdins courts
appelés casse-tête avec un grand sabre à la
*malbrouck pendu à son cul de chien.
<Sat=1>"la faim tire le loup du bois, s'écrie la petite
guenon, le voilà, ce cher ami de mon coeur ; tu
vas te fâcher, tu vas me battre, tu vas m'assommer,
mais je ne puis pas te lâcher seulement un
assignat de dix sols, foi de *sophie ,
je n'ai pas étrenné." comment, s'écrie le
coupe-jarret, entre vous toutes coquines, vous
ne pourrez pas vous cotiser pour me donner à souper.
c'est moi,gredin, lui dis je,qui vas te régaler ;
<Sat=0> je saisis mon bougre au collet,
et je lui fous les quatre fers en l'air ; je fais
sauter sa perruque sous laquelle on aperçoit
des cheveux blondins, bien roulés et bien crêpés ;
mon jean-foutre est aussitôt entre les
mains de la garde, et siffle maintenant la linotte.
§ *paris est plein de ces scélérats ; il faut,
foutre, que tous les bons citoyens se lèvent
pour leur donner la chasse ; il faut les relancer
dans toutes les cavernes de voleurs, où
ils sont cachés. c'est cette maudite canaille
<Epg=7>qui nous tourmente sans cesse, et qui nous
aiguise dans l'ombre les poignards pour égorger
les patriotes. si nous avions différé de quelques
jours de les mettre à l'ombre, ils foutaient
*paris sens dessus dessous. j'invite tous
les *sans-culottes à se joindre à moi, pour faire
une dernière battue pour faire rafle de tous
ces bandits. oui, foutre, saisissons tous les
muscadins, non pas pour leur faire l'honneur
de marcher avec nous à l'ennemi, mais pour
porter le sac et traîner les équipages. ceux
là qui ne veulent pas être des hommes, quand
la patrie est en danger, doivent être traités
comme des bêtes à somme.
§ et vous, jeunes citoyens, dignes fils des
braves *sans-culottes, ralliez vous, foutre,
soyez armés, formez promptement des bataillons
pour voler aux frontières. songez que
c'est pour vous que vous travaillez; c'est
vous qui recueillerez les fruits de la révolution;
vos pères ne jouiront pas longtemps de
leur ouvrage, mais vous la verrez heureuse et
triomphante votre république ; nous n'avons
que les épines, et les roses vous sont destinées.
aux armes, jeunes républicains, déjà
vos frères des départements du *nord sont
levés pour écraser les tyrans et leurs esclaves.
si vous tardez, vous ne partagerez pas leur
gloire, et la *france sera sauvée avant que vous
soyez en marche. quelle honte, foutre, pour
les *parisiens ! nos braves volontaires, en revenant
couverts de lauriers, se demanderont
où sont les hommes du 14 juillet et du 10
<Epg=8>août. non, foutre, vous ne vous attirerez pas
ce reproche ; vous ne serez pas comme le chien
à *jean de *nivelle , qui s'enfuit quand on
l'appelle. vous allez voler où l'honneur vous
commande. partout où vous passerez, les
aristocrates rentreront cent pieds sous terre
à votre approche, les esclaves des brigands
couronnés fuiront devant vous comme des
lièvres, et le pied sur la gorge des rois, vous
les forcerez à nous demander la paix, foutre.
<Sda=1793> <numero=285> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande joie du *père *duchesne
en apprenant toutes les victoires des braves
défenseurs de la république sur les *anglais,
les *autrichiens et les *prussiens, et de voir
qu'avant qu'il soit l'âge d'un petit chien on
promènera à *londres au bout d'une pique la
tête de l'âne de *hanovre et celle de son porte
esprit *pitt , le jokay. ses bons avis aux *sans-culottes
pour qu'ils continuent de lever les
cottes des salopes soudoyées par les *anglais
pour assiéger les portes des boulangers, et de
les étriller comme elles le méritent.
<edito=1> § nom d'un tonnerre, quels bougres à poil que
<Epg=2>ceux qui combattent pour la république !
quelle fameuse danse l'armée du *nord vient
de donner aux brigands qui ravagent nos frontières !
il n'existerait pas un seul roi en
*europe ,si ces intrépides lurons avaient eu
des chefs dignes d'eux. oui, foutre, les
*français iraient en enfer pour défendre la
liberté et l'égalité. les *mandrins couronnés
savaient, dès l'année dernière, combien pesait
le bras des républicains. jamais, foutre,
ils n'auraient été tentés de s'y frotter une
seconde fois, s'ils n'avaient pas compté sur
la perfidie de nos généraux et sur les coquins
qu'ils soudoient dans l'intérieur pour nous
mettre à chien et à chat.
§ que doivent dire maintenant les *anglais
de se voir aussi bien étrillés ? ils croyaient
qu'ils n'avaient qu'à se baisser et en prendre ;
parce que les traîtres de *toulon avaient vendu
à la folle enchère leur port et leur ville
au muscadin nommé duc d' *york ; ce foutriquet
s'imaginait que toutes les portes allaient
s'ouvrir devant lui. il se flattait que le cuistre
*carra un de ces matins paraîtrait devant lui
à la tête de tous les boutiquiers de *paris , pour
lui présenter à genoux les clefs de la bonne
<Epg=3>ville,et le supplier de faire l'honneur aux
*français d'accepter la couronne du cornard
*capet . *pitt et les *brissotins avaient préparé
toutes les batteries pour nous amener là, et ils
espéraient nous réduire par la famine, mais,
foutre, les*sans-culottes ont trouvé la clef du
grenier, en mettant à l'ombre tous les coquins
qui faisaient commerce de pains de quatre
livres.
§ quelques salopes, malgré l'abondance du
pain, ont encore osé assaillir la porte des
boulangers, pour jeter l'alarme ; mais les
bons citoyens les ont dispersées, en leur jetant
de l'eau sur les guenilles qu'elles avaient empruntées
pour continuer leur métier, et de
braves commères ont levé les cottes de ces
poissardes de contrebande, et les ont claquées
d'importance. c'est ainsi, foutre, que tous
les projets du fameux *pitt s'en vont en eau
de boudin ; il voit s'évanouir tous ses châteaux
en *espagne . patience, avant qu'il soit l'âge
d'un petit chien, le scélérat recevra le prix
de tous ses forfaits. quand les *anglais daubent
les rois et les ministres, ils tapent dur, foutre.
il y a à *londres de bons *sans-culottes qui
aiment la liberté, et qui n'attendent que le
<Epg=4>moment favorable pour se montrer ; quand ils
vont apprendre la défaite honteuse de leur
armée, ils vont faire un beau gâchis.
<Sat=1>" il faut que nous soyons bougrement badauds, vont ils
dire, de nous laisser gouverner par un bougre
échappé des petites maisons et par son polisson
de ministre qui a ruiné notre commerce, et
épuisé toutes les ressources de l'état, pour
exciter une guerre injuste. au lieu de respecter
l'alliance que nous avions fait avec la
*france , nous avons perdu plus de quarante
millions par an, que nous gagnions par ce
traité, pour venger la mort d'un misérable
ivrogne, et pour soutenir la cause d'une demie
douzaine de mangeurs d'hommes, appelés
rois et empereurs. les *français n'avaient ils
pas aussi bien que nous le droit de se défaire
de leurs tyrans ? ne leur en avions nous pas
donné plus d'une fois l'exemple, en chassant
les nôtres ? n'avons nous pas aussi raccourci
autrefois certain faquin nommé *charles
*stuart , dont le traître *capet n'était que le
second tome ? on voulut alors nous en faire
un crime, et ses confrères prévoyant que tôt
ou tard autant leur en pendait à l'oreille,
dérouillèrent tous leurs vieilles flamberges
<Epg=5>pour fondre sur l' *angleterre , et lui faire la
loi. nous fîmes voir alors que nous avions bec
et ongle, et nous prouvâmes à tous les *mandrins
couronnés qu'on ne fait jamais mettre
les pouces à une nation qui veut être libre.
pourquoi donc, foutre, blâmer dans les autres
ce que nous avons fait nous-mêmes ? vengeons
nous de ce bougre de mannequin que
nous avons tiré des petites maisons, et surtout
de ce jokay manqué qui règne en son
nom ! une bonne fois prouvons que nous
avons du sang dans les veines, en donnant
le coup de grâce à la royauté. n'est il pas
honteux pour des *anglais d'avoir pour maître
un cheval rétif d' *allemagne , qui n'a ni
bouche ni éperon ? nous qui avons prononcé
les premiers le mot sacré de république,
nous avons encore des rois ! nous combattons
pour les rois, quand les *français les
exterminent ! "
<Sat=0> § le même jour où cette motion sera faite
dans les tavernes et dans le parc *st-*james ,
je réponds que la tête de l'âne de *hanovre
sera promenée au bout d'une pique, ainsi que
celle de son porte-esprit. les *anglais iront
un peu plus vite en besogne que nous, et ils
<Epg=6>ne laisseront pas échapper les traîtres, pour
aller former une *vendée en *ecosse ou en *irlande .
l'escroc royal nommé prince de *galles ,
ses frères et toute la bougre de race perdra
le goût du pain. les milords, les lords, les
baronnets n'auront pas le temps d'émigrer et
toutes les têtes à perruque de la chambre
haute serviront de pâture aux brochets de la
*tamise . une députation de la commune de
*londres s'embarquera à l'instant et voguera
sous le pavillon tricolore et viendra proposer
amitié et fraternité à celle de *paris , qui la
recevra sans rancune. on fera la paix et le
jour où elle sera signée, sera le dernier des
rois.
§ voilà un beau rêve, foutre, mais il est arrivé
de plus grands miracles. qu'on ne croie
pas, foutre, que je veuille endormir le peuple
avec ces belles promesses. jusqu'à ce que
les *anglais soient à quia ,nous devons les
regarder comme nos plus mortels ennemis.
continuons de les rosser, faisons leur autant
de mal qu'ils veulent nous en faire, faisons
embarquer une centaine de mille hommes pour
aller mettre à la raison les accapareurs de *londres .
plus ils éprouveront de malheurs, plus
<Epg=7>ils détesteront le roi *georges-*dandin et l'infâme
*pitt qui les a jetés dans ce margouillis.
§ braves *sans-culottes, tandis que nos frères
et nos amis font si joliment danser la carmagnole
aux ennemis du dehors, tandis que
les *prussiens, les *autrichiens, les *anglais,
vannent, comme des daims, devant les troupes
de la république, imitons leur exemple
dans l'intérieur : ne donnons point de relâche
aux royalistes, aux modérés, aux aristocrates
et aux conspirateurs de toutes les acabits ;
que l'armée révolutionnaire commence ses
promenades salutaires dans les campagnes,
pour forcer la main aux accapareurs de bled,
et aux riches fermiers qui enterrent le bled
et refusent de battre la nouvelle moisson ;
que tous les départements qui avoisinent la
*vendée , se lèvent en masse, puisque masse
y a, pour mettre le feu à tous les bois où les
brigands sont cantonnés ; que ces bêtes fauves
soient brûlées dans leurs repaires. tant que
nos ennemis du dehors auront l'espérance
d'entretenir chez nous la guerre civile, tant
que la *vendée existera, n'attendons pas la
paix. eh, vite donc, plus vite que çà, *dubois
de *crancé , achèves promptement de réduire
en cendres les nids d'aristocrates de *lyon ,
pour aller cerner *toulon . je me fous du reste
et çà ira partout, si nous prenons le mors
aux dents dans l'intérieur. périssent tous les
rebelles, tous les ennemis de la liberté et de
l'égalité ! périssent tous les rois et leurs esclaves !
le règne de la raison et de la justice
<Epg=8>est arrivé. mourons plutôt que de n'être pas
républicains. nous le serons, j'en jure sur mes
moustaches, foutre.
<mois=03>
<Sda=1793> <numero=286> <quinzaine=31> <semaine=311> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande colère du *père *duchesne
de voir que les *sans-culottes s'amusent à la
moutarde, au lieu de donner le coup de grâce
aux royalistes, aux aristocrates, aux *rolandins ,
tandis que nos braves guerriers foutent
de si bonnes danses aux ennemis du dehors.
ses bons avis à la convention pour qu'elle
fasse promptement mettre la tête à la lunette
à l'infâme *brissot , à la louve autrichienne
et à toute la clique de la *gironde , et surtout
qu'elle n'oublie pas le scélérat *bailly . sa
grande motion pour que le maire grue soit
raccourci à l'entrée du *champ-de-*mars , où
il a fait massacrer le peuple.
<edito=1><Sat=1> § grande victoire remportée sur les *autrichiens
<Epg=2>et les *prussiens ; défaite totale de
l'armée anglaise qui ont perdu toute leur
artillerie, tous leurs bagages ; neuf mille six
cents *hanovriens faits prisonniers avec leur
trésor ; fuite honteuse du muscadin appelé
duc d' *york , qui s'est échappé à la nage, après
avoir eu son cheval tué sous lui, voilà de
bonnes nouvelles, *père *duchesne ! quelle
joie ! quelle pille, foutre ! comme tu vas
danser la carmagnole avec ta *jacqueline ! partout
les troupes de la république sont victorieuses.
tous les *français, levés en masse,
vont donner le dernier coup de collier, et
faire mettre les pouces à tous les despotes.
<Sat=0> § voilà, foutre, le bon jour que tous les
*sans-culottes me donnent en me serrant la
main. oui, foutre, ça va, mais ça pourrait
encore mieux aller; car tandis que nos braves
guerriers tapent si dur sur les *autrichiens,
les *prussiens, les *anglais, les *espagnols, nous
nous amusons à la moutarde. nos plus grands
ennemis, foutre, sont au milieu de nous, et
nous avons l'air de prendre des mitaines pour
leur parler. nous crions beaucoup, et nous ne
faisons rien. le temps d'agir est cependant arrivé.
le combat à mort est commencé, il
<Epg=3>faut que l'aristocratie soit étouffée, sinon la
république est au foutre. si nous perdons
l'occasion, nous ne la trouverons plus. tandis
que les *sans-culottes dorment, les aristocrates
veillent nuit et jour, et ils n'attendent
que le moment de prendre leur revanche.
depuis que la convention a ordonné d'arrêter
les hommes suspects, qu'avons nous
fait pour exécuter ce décret qui doit sauver
la république ? tout va encore par compère
et commère comme dans l'ancien régime,
et les plus fieffés aristocrates trouvent des
défenseurs même parmi les *sans-culottes.
l'homme riche et puissant a des amis partout.
un gros financier est il en gage, cinq
cents intrigants sont aussitôt sur pied pour
lui donner la clef des champs. avec de l'or
on ouvre toutes les portes. millions de tonnerres,
quel fromage tu m'as fait manger, maudit
paillard capucin, quand je t'ai entendu demander
à la convention de lever les scellés
qui avaient été mis chez les banquiers ! se
peut il, foutre, que la convention se soit laissé
jeter de la poudre aux yeux par un bougre
d'étourneau de ton espèce ? ne devait elle
pas voir que tu t'étais laissé endoctriner par
<Epg=4>les muscadines qui t'environnent nuit et jour ?
tandis, foutre, que les assignats de *pitt et
de *cobourg étaient sous les scellés, tous les
coquins qui font commerce de pains de quatre
livres, les fausses poissardes qui assiégent les
portes des boulangers, ont eu les vivres coupés,
et nous avons eu facilement de quoi mettre
sous la dent ; mais depuis ta bougre de capucinade,
imbécile *chabot , depuis que les
moyens de nous nuire ont été rendus aux
commis de l' *angleterre , les farces du pain
ont recommencé.
§ heureusement la convention vient de balayer
le comité de sûreté générale, et elle
en a balayé tous les viédases qui préfèrent les
dîners de fermier général et de jolies coquines
aux intérêts de la république. j'espère que
les bougres à poil qui composent maintenant
ce comité, donneront une bonne consigne
pour foutre la chasse à toutes ces muscadines
qui viennent jouer de la prunelle, pour tirer
de presse milord pot-au-feu. de vrais *montagnards
doivent préférer des pommes de
terre et des haricots à tous les dîners de
l'univers, et ils ne doivent courtiser que la
liberté, foutre ; il ne faut pas qu'ils aillent se
<Epg=5>faire attraper comme des mouches à des toiles
d'araignées.
§ vous qui avez sauvé tant de fois la république,
habitants de la sainte montagne,
voulez vous, oui ou non, achever votre ouvrage?
après avoir planté la vigne, vous vous
endormez comme le patriarche ! c'est à vous
de la cultiver, et de nous procurer le baume
salutaire que vous nous avez promis. vous
nous avez fait une excellente constitution, et
nous n'en jouissons pas. tous les jours vous
rendez des décrets qui comptent, et qui
sauveraient la *sans-culotterie , s'ils étaient
exécutés, mais on les fout dans la boîte aux
oublis. nous ressemblons à un pauvre gascon
dont le ventre joue du violon, et qui hume la
fumée d'un repas magnifique, sans pouvoir y
toucher. braves *montagnards, il faut que vous
nous teniez la promesse que vous nous avez
faite. vous avez juré de ne pas abandonner
votre poste, jusqu'à ce que la *france soit
sauvée. il faut conserver l'édifice que vous
venez d'achever, car si les colonnes en étaient
renversées, vous et nous, nous péririons sous
ses ruines.
§ toute la force, toute la puissance du peuple
vous soutient, écrasez vos ennemis et les
nôtres. le monstre du fédéralisme fait le mort
maintenant, mais si vous ne lui portez pas le
coup mortel, il va bientôt se relever. pourquoi,
foutre, l'infâme *brissot qui l'a engendré,
vit il encore ? pourquoi cette bande infernale
de *girondins que vous avez fait mettre
<Epg=6>à l'ombre, n'est elle pas encore jugée ? faut
il donc tant de simagrées, pour condamner
des scélérats que la république entière accuse ?
en les laissant aussi longtemps impunis, leurs
complices s'enhardissent et se préparent à
vous donner encore du fil à retordre. oui,
foutre, le feu couve sous la cendre, et il va
bientôt embraser la *france d'un bout à
l'autre, si vous ne l'éteignez pas. tous les
jean-foutres qui se sont tant débattus dans
les départements pour allumer la guerre civile,
tous ces rolandistes qui sont à la tête des
administrations, bravent encore vos décrets et
insultent les *sans-culottes. pourquoi la guillotine
ambulante ne roule t elle pas dans les
départements de l' *eure et du *calvados ? tous
ces avocats, tous ces hommes de loi, écharpés
et à écharper, qui voulaient armer les
départements contre *paris , continuent leurs
fredaines ; ils protègent les accapareurs ; ils
empêchent les subsistances de circuler et plus
que jamais, ils oppriment les *sans-culottes.
dans la petite bourgade de *lisieux , une municipalité
insolente vient de faire siffler la
linotte à la femme d'un pauvre bougre nommé
*debey , parce qu'elle demandait un certificat
de civisme pour son mari, qui a été
obligé de fuir et d'abandonner sa boutique
pour avoir dénoncé ces coquins, dans le temps
qu'ils voulaient forcer les *sans-culottes à
marcher contre *paris . dans toute la république,
les *sans-culottes doivent s'attendre au
même sort, si on ne lie pieds et jambes aux
<Epg=7>fédéralistes, si on ne raccourcit promptement
tous les scélérats qui ont juré la perte de la
*sans-culotterie . il n'y a plus à reculer, foutre,
la liberté ou la mort. faut il donc tant
tatonner pour nous délivrer de nos plus mortels
ennemis? s'ils avaient un seul jour le dessus,
ils iraient plus vite en besogne$: dans
vingt-quatre heures, *sans-culottes de tous
les départements, votre affaire serait faite.
rappelez vous comme on les a expédié par
centaines à *lyon et à *marseille . agissons
avec les traîtres comme ils agissent avec nous.
nous les avons pris les armes à la main, il
faut les traiter comme des *autrichiens. main
basse sur tous les royalistes, sur les fédéralistes,
sur les administrateurs perfides qui ont
trahi le peuple ; main-basse sur tous les lâches
qui veulent détruire la république ; main
basse sur les accapareurs, sur ces gros fermiers
qui enterrent le bled, qui brûlent les
gerbes pour nous réduire par la famine. purgeons
si bien la république, qu'il n'y reste
plus que des hommes libres ; que la tête de
l'infâme *brissot , que celle de la louve autrichienne,
paraissent, avant huit jours, à la
lunette fatale ; que tous les traîtres et les fripons,
d'un bout de la république à l'autre,
jouent à la main chaude ; que le scélérat *bailly ,
que nous tenons enfin, soit raccourci à l'entrée
du *champ-de-*mars , au même lieu où
il dégaina le drapeau rouge et donna le signal
pour massacrer le peuple ; que tous les gredins
qui vendirent ce peuple au tyran, dans l'assemblée
<Epg=8>constituante, dans l'assemblée législative
et dans la convention, perdent également
le goût du pain. point de quartier pour
les ennemis de la *sans-culotterie . le jour
de la vengeance est arrivé, l'heure de la mort
va sonner ; qu'ils périssent tous jusqu'au dernier, foutre !
<Sda=1793> <numero=287> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande ronde du *père *duchesne
dans les prisons, pour passer en revue tous
les aristocrates, tous les royalistes, tous les
*brissotins qui sifflent la linotte. sa grande
colère de voir que l'on se fout du peuple en
allongeant la courroie au sujet du jugement de
*brissot , de la veuve *capet , du prêtre *fauchet ,
de *vergniaud , de *gensonné , du borgne *manuel
et de tous les autres scélérats qui voulaient
dépecer la république, et en vendre les lambeaux
au roi *georges-*dandin , au *mandrin
de *prusse et au *cartouche de *vienne .
<edito=1> § je viens de faire ma ronde dans les prisons.
<Epg=2>j'y ai passé en revue tous les jean-foutres
qui sifflent la linotte. ah, foutre, comme
tous ces muscadins, si fiers, si rodomonds,
quand ils avaient la clef des champs, sont
maintenant adoucis ! comme ils ont le bec
jaune ! comme ils font les chiens couchants,
depuis qu'ils sont en cage. tous ces fiers à
bras qui devaient mettre les *jacobins en
capilotade, qui, du soir au matin, gouaillaient
les patriotes, qui se vantaient dans les cafés,
dans les places publiques, de donner de la
pelle au cul à la convention, qui se réjouissaient
de nos disgrâces, qui, sans cesse, tiraient
des lances pour *la-*fayette , *dumouriez
et *custine , qui devaient, avant la chute des
feuilles, faire disparaître *paris de dessus la
carte, qui osaient prononcer le nom de roi
et nous menacer de remettre sur le trône le
prétendu fils de *louis-le-raccourci , tous ces
viédases, prêtres, nobles, financiers, robins,
sont aussi capons qu'ils étaient insolents; ils
ne rêvent plus que guillotines, toutes les fois
qu'ils entendent gémir les gonds des guichets;
ils se croient septembrisés, et ils se jettent
à genoux, la face contre terre, pour demander
grâce.
<Epg=3>§ il faut voir la mine allongée de l'infâme
*brissot ; le bougre, autant qu'il le peut, fait
contre fortune bon coeur. quand je parus
devant lui, il frémit de rage.<Sat=1>
"vieux gueux, me dit il, tu es un des auteurs des maux que
j'endure ; tu n'as cessé de me vilipender et
de me couvrir de boue ; c'est de ta foutue
fabrique de fourneaux que les noms de *brissotins
et de *girondins sont sortis ; tu n'as
cessé de me dénoncer dans tes colères. ce
peuple badaud, à qui je savais si bien jeter de
la poudre aux yeux, me regardait comme un
franc *sans-culotte; sans toi et une poignée
de gueulards qui n'ont cessé de tomber sur
ma friperie aux *jacobins , aux *cordeliers , la
*france aurait maintenant un roi, je serais
premier ministre. qu'as tu gagné en me persécutant,
misérable marchand de fourneaux ?
que t'avais je fait ? le compère *roland ne
t avait il pas aussi fait un pont d'or pour chanter
ses louanges? la reine *coco ne t'a t elle
pas aussi voulu protéger ? au lieu de refuser
ses bonnes grâces, et de dénoncer les offres
qu'elle te faisait, si tu t'étais mis de notre
bord, ta fortune serait faite."
<Sat=0>comme la tienne, bougre de *cartouche ,
<Epg=4>lui répartis je. te voilà propre maintenant,
avec tes assignats, tes écus, tes louis, tes guinées.
que les tyrans dont tu étais l'espion et
l'avocat, viennent donc te tirer de presse!
que le chétif palefrenier du cheval rétif d' *allemagne ,
appelé roi d' *angleterre , que ce
*pitt si puissant et qui a tant de quibus à son
service, essaye donc de te sauver, qu'il mette
sur pied tous les matins, à la pointe du jour,
cinq ou six cents bandits et autant de guenons
pour assiéger la porte des boulangers et enlever
le pain, afin de soulever le peuple.
toutes ces finesses sont cousues de fil blanc,
et les *sans-culottes n'en seront pas dupes.
toutes ces tracasseries, imaginées pour exciter
la contre-révolution, retomberont sur
toi, et avanceront le terme de ton abominable
existence ; il ne te reste plus que le temps de
dire ton in manus . on a beau tourner autour
du pot pour te juger, il faudra bien, bon gré,
mal gré, que tu joues à la main chaude . la
*france entière t'accuse. s'il ne se trouve personne
pour rédiger ton acte d'accusation, je
m'en charge, foutre, et je réponds dans deux
heures de voir ta face blême à la fenêtre. pour
te condamner, je n'irai pas chercher midi à
<Epg=5>quatorze heures, et prendre le roman par la
queue. quand tu seras encruché sur le fauteuil,
je te demanderai s'il a existé un complot
pour dépecer la république; tu ne pourras
le nier ; car, foutre, dès le commencement de
la révolution, tu l'as proposé aux *jacobins .
je prouverai comme quoi depuis tu as remué
ciel et terre pour brouiller les cartes à l'assemblée
législative et dans la convention.
que répondras tu, foutre, quand je mettrai
au grand jour toutes tes cabales pour sauver
l'ivrogne *capet , quand je dévoilerai ton âme
de boue, quand je te reprocherai d'avoir défendu
dans tous tes discours et dans tes écrits
tous les ennemis du peuple, d'avoir fait
nommer *dumouriez au ministère, et d'avoir
plaidé sa cause à la convention, quand il
livrait la *france aux *prussiens et aux *autrichiens ?
pourras tu te défendre d'avoir été le
complice de ce scélérat qui appelait ta clique
la partie saine de la convention, et qui voulait
faire marcher son armée contre *paris pour
te protéger ? ne seras tu pas confondu,
anéanti, quand je rappellerai tous les coups
de chien que tu as employé pour détruire le
berceau de la liberté, quand je dévoilerai
<Epg=6>toutes les manoeuvres du vieux tondu de
*roland qui n'était que ton prête-nom pour
allumer la guerre civile, et armer les départements
contre *paris ? pourras tu nier, foutre,
que c'est toi qui as fait massacrer les patriotes
de *marseille et de *lyon ? si cette dernière
ville est maintenant embrasée, n'est ce pas
ton ouvrage ? sur ses ruines fumantes les
vieillards, les femmes, les enfants demandent
vengeance au ciel contre toi. les muscadins
eux-mêmes, maintenant qu'ils sont entre deux
feux, et qu'ils ne peuvent échapper au supplice
qu'ils ont mérité,t'accuseront aussi de
les avoir égaré, de les avoir excité à la révolte.
c'est par tes mains que *toulon a été livrée
aux *anglais. tout le sang qui va couler pour
les chasser de cette place, rejaillira encore
sur toi. mais tous ces forfaits ne sont encore
que des bibus en comparaison de celui dont
tu t'es rendu coupable, en forçant la *france
à déclarer la guerre à toute l' *europe . je ne
parle point des *colonies que tu avais vendues
aux *anglais,et que tu as mises à feu et
à sang.non,foutre,la guillotine est un
supplice trop doux pour tous les crimes que tu
as commis.il n'est pas de famille en *france
que tu n'aies mise en deuil,et pourtant tous
les crimes dont tu t'es rendu coupable ne sont
que de l'eau rose en comparaison de ceux que
tu méditais.
§ après avoir ainsi défilé mon chapelet et
vidé mon coeur,je fous le camp pour aller aussi
chanter la même gamme à *gensonné , *vergniaud ,
<Epg=7>et autres cuistres de la *gironde .
je trouvai le prêtre *fauchet battant la campagne,
et desséché comme un hareng-saur
devant une image de *charlotte *corday . *manuel
s'arrachait le reste de ses cheveux de
rage,de n'avoir pas été le mari de la grosse
*babet .le cuistre *carra ,qui dans ce moment
n'avait pas ses lunettes,en me voyant entrer
dans son galetas,me prit pour un *anglais qui
venait le délivrer au nom de son cher duc *york .
<Sat=1>"la *france est elle conquise,s'écria
t il;mon petit prince est il roi de *france ?
quelle place va t il me donner pour tout ce
que j'ai souffert pour lui?va t il me faire
milord,duc ou prince? milord *carra ,le duc
*carra ,le prince de *carra !" <Sat=0>
méprisable coquin,c'est donc pour de pareilles chimères que tu
as trahi ta patrie?
§ je ne m'arrêtai pas longtemps avec tous
ces brigands;leur présence m'inspirait trop
d'horreur.chemin faisant,je donnai un coup
de pied à la *conciergerie,pour rendre visite
à la veuve *capet .je trouvai la garce aussi insolente
que de coutume.<Sat=1>
tu as beau jurer et te débaptiser,vieux marchand de fourneaux,
me dit elle,je ne serai pas raccourcie,
j'ai des amis partout et dans la convention
même;ils ont la patte bien graissée
pour allonger la courroie et pour m'ouvrir,
un beau matin,les portes de cette prison.
<Sat=0>oh je n'en doute pas,coquine,mais le peuple
est là.il faudra bien qu'on en passe par où
il voudra,car c'est le souverain,c'est le
<Epg=8>maître;ce n'est que quand il dort,qu'on
peut se foutre de lui,mais quand il se réveille,
gare la bombe;ton gros cocu avait
aussi de bons amis dans la convention,il
n'en a pas moins joué à la main chaude;tu
essayeras aussi la cravate,foutre.
<Sda=1793> <numero=288> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande colère du *père *duchesne
de voir que des *muscadins déguisés,empêchent
les femmes des braves *sans-culottes
de porter la cocarde nationale.ses bons avis
à toutes les luronnes qui ont si bien foutu
la danse à tous les *muscadins de *versailles ,
le 6 octobre,de ne pas se démentir.sa grande
motion pour qu'on enlève,d'un seul coup de
filet,tous les aristocrates et les royalistes qui
brouillent les cartes parmi nous,et qu'on les
embarque pour le *mississipi .
<edito=1>§ les *sans-culottes ne s'entendent pas,foutre.
<Epg=2>l'un veut blanc,l'autre veut noir.ils se
chamaillent pour des vétilles,tandis qu'ils ne
devraient avoir tous qu'un seul coeur,qu'une
seule âme,qu'une seule volonté.comme disent
les bonnes gens,si l'un veut aller
à dia , et l'autre
à hue ,la machine ne marchera jamais et pourtant
il faut qu'elle aille et promptement,foutre.
ce n'est pas la faute de la convention,
car,dieu soit loué,elle vient de donner un
fameux coup de collier,en ordonnant l'arrestation
de tous les gens suspects;elle a fait
plus:elle a désigné ceux que l'on doit regarder
comme tels.pourquoi donc,foutre,les *sans-culottes
qui ont maintenant la bride sur le
col,s'endorment ils avec ce qu'ils ont de
poisson péché?pourquoi s'amusent ils à prendre
des mouches,tandis qu'il leur est si facile,
d'un seul coup de filet,de balayer la république,
de tous les monstres qui ont voulu
la perdre?pourquoi tous les jean-foutres qui
ont trempé dans le tripotage du fédéralisme,
sont ils encore à la tête des administrations,
des départements et des municipalités?ne
devaient ils pas tous siffler la linotte?qu'attend
t on pour les juger?veut on leur donner
le temps de recommencer leurs fredaines?il
<Epg=3>est bon d'être humain,mais il ne faut pas
être imprudent;et,comme je l'ai souvent
dit,il vaut mieux tuer le diable que le diable
nous tue.
§ pourquoi tous les jean-foutres qui,dès le
commencement de la révolution,ont tourné
casaque à la *sans-culotterie,pour se ranger
autour de l'ogre *capet ,et le soutenir contre
vent et marée,et qui maintenant ont l'air de
mettre de l'eau dans leur vin,parce qu'ils
ne sont pas les plus forts,pourquoi,tonnerre
de dieu,ont ils encore leur olivier courant?
pouvons nous être dupes de leurs singeries?
celui qui n'a pas toujours aimé le peuple,et
qui n'a pas vu la lumière,quand le beau jour
de la liberté a éclairé la *france ,celui-là est
une bête brute,indigne de vivre avec des
hommes libres,ou un tigre qu'il faut bannir
de la société.est il possible qu'un homme
de bonne foi ait pu jamais balancer entre la
liberté et l'esclavage,entre la république et
la royauté?
§ je passe en revue tous ceux qui sont restés
fidèles au peuple et ceux qui l'ont trahi.parmi
les déserteurs de la *sans-culotterie ,je
ne vois que des riches croupis dans tous les
<Epg=4>vices,que des ambitieux,des intrigants,
des voleurs,des escrocs,des joueurs,des
hommes de loi,des accapareurs,tous les
inutiles,tous les chefs de l'espèce humaine;
mais,foutre,en retournant la médaille,
en examinant le côté des *sans-culottes qu'y
rencontre t on?des pères de famille,de bons
artisans,des ouvriers,le soutien de l'état,
qui dans leur misère bénissent la révolution
et la soutiennent de tout leur pouvoir,dont les
enfants combattent pour la liberté et versent
leur sang pour la patrie.ce n'est que là que
je vois des hommes et de véritables républicains.
ce n'est pas pour avoir des places
ni pour s'enrichir,qu'ils persévèrent;leur
unique ambition est d'être libres,et de pouvoir
se dire en eux-mêmes: nul n'est au dessus
de moi,personne n'est au dessous de moi .
§ voilà pourtant les deux espèces d'hommes
qui sont en guerre maintenant.la raison
est aux prises avec le mensonge,le vice avec
la vertu,la probité avec le crime.riches
égoïstes vous avez engagé la danse,et bien,
foutre,vous paierez les violons.le combat
est commencé,c'est un combat à mort,
nous allons voir comme vous en sortirez.
<Epg=5>braves *sans-culottes,plus de faiblesses,
plus de pitié pour les lâches qui vous ont
abandonné.saisissez la balle au bond.si vous
ne portez pas le dernier coup à l'aristocratie,
vous allez bientôt lui voir lever encore une
fois la tête hideuse,pour vomir sur vous les
poisons.si dès le 14 juillet vous aviez fait
main basse sur vos ennemis,vous seriez
maintenant libres et heureux.vous vous levez
en masse pour sauver la république,il faut
que cette masse écrase les tyrans et leurs
esclaves,il faut avant de vous rasseoir qu'il
n'existe plus,ni aristocrates,ni royalistes,
ni feuillants,ni modérés.vous voulez tailler
dans le vif et employer les grandes mesures
pour vous sauver,eh bien!foutre,le *père
*duchesne va vous les indiquer.
§ faites moi rafle sans pitié
de tous les jean-foutres,
qui se sont montrés les ennemis de
la révolution,non pas seulement pour les
tenir en cage jusqu'à la paix,car alors qu'en
feriez vous?en relâchant toute cette ménagerie,
vous devriez vous attendre à une
nouvelle guerre,tous ces coquins ne rentreraient
dans la société que pour brouiller
les cartes.jamais ils ne vous pardonneraient
<Epg=6>de vous être rebiffés contre eux et de les avoir
tenus un moment enchaînés.leur rage n'aurait
fait qu'augmenter,et il faudrait toujours
que vous finissiez par les étouffer si vous ne
vouliez être dévoré par eux.n'allons donc
pas par deux chemins et marchons droit au
but.notre ennemi est là,tombons sur lui.
occupons nous de tous les traîtres,de tous
les faux patriotes,de tous les royalistes.traitons
les comme les *anglais ont traités les
loups.qu'il n'en reste pas un seul sur le territoire
de la république.qu'ils soient tous
embarqués pour le *mississipi et qu'on les
envoie à la garde du dieu de la *vendée ,
fonder une nouvelle colonie à *luchine ,au
*japon ,en *afrique ,dans les grandes *indes ,
où on voudra enfin,pour peu que ce soit
bien loin de nous;c'est là qu'ils pourront,
s'ils le veulent se donner un roi et sacrer s'ils
le veulent l'avorton du *temple .
§ c'est là,foutre,qu'obligés de travailler
pour subsister,tous ces muscadins sentiront
les obligations qu'ils avaient aux *sans-culottes
qui les nourrissaient et les habillaient,ou
plutôt leurs mains douillettes se refuseront
au travail;ils ne sauront pas arroser la terre
de leurs sueurs pour la rendre féconde;ils
seront obligés de se manger eux-mêmes,et
la nature sera vengée,foutre.
§ *sans-culottes,mes amis,si vous ne vous
empressez d'embarquer cette pacotille de
malédiction,vous ne ferez que de l'eau toute
claire.n'oubliez pas surtout les calotins qui
<Epg=7>troublent la cervelle de vos femmes et de vos
filles,qui,pour l'amour de dieu,vous enrôlent
dans la grande confrérie;je vous recommande
cette bougre de canaille qui ne
veut que plaie et bosse,qui,depuis tant de
siècles,vit aux dépens des sots,qui empoisonne
tout ce qu'elle approche,qui a
fait périr plus d'un millier d'hommes depuis
1793 ans,et viendrait à bout de faire disparaître
tout à fait l'espèce humaine de ce
monceau de boue que nous habitons,si on
lui laissait faire plus longtemps les tours de
gibecière.pour qu'elle n'aille pas empoisonner
les autres contrées qui ont le bonheur de
ne pas la connaître,foutons à fond de cale
de nos plus vieux vaisseaux cette maudite
engeance,et que le diable l'emporte au milieu
des rochers ou au fond des mers.
§ voilà,*sans-culottes,le seul moyen
d'avoir la paix.quand vous n'aurez plus sur
les bras tous les ennemis qui vous tourmentent
dans l'intérieur,ceux du dehors mettront
bientôt les pouces.organisons donc promptement
l'armée révolutionnaire,pour mettre à
la raison les royalistes,les aristocrates et
tous les ennemis du peuple.les moments
sont précieux,foutre.demain,si nous
voulons nous entendre,et marcher d'accord,
les ennemis de la république ne seront plus,
et la liberté sera sauvée,foutre.
à mes *commères des halles et des marchés .
§ tonnerre de *dieu ,quels fagots ose t on débiter
sur votre compte,braves luronnes?on dit que vous
<Epg=8>arrachez la cocarde nationale aux citoyennes qui
vont acheter votre marée et vos choux?est ce qu'il
se serait glissé parmi vous quelques muscadines pour
vous donner ces mauvais avis?n'est ce pas un honneur
aux femmes aussi bien qu'à leurs maris,de porter
les couleurs de la liberté?on se lasse de faire
la guerre des pains de quatre livres,depuis que la
farine nous arrive,
la guerre des cocardes va commencer.
nos commères,souvenez vous du 6 octobre
qui vous a fait tant d'honneur;ce jour là,il n'y
en avait pas une de vous
qui n'eut un ruban tricolore.
vous n'avez pu changer,foutre;continuez de
porter le signe de la liberté et de
l'égalité, c'est une
plus belle parure que toutes les dentelles,que les
pompons et les ajustorions des muscadines,foutre.
<Sda=1793> <numero=289> <semaine=312> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande colère du *père *duchesne ,
de voir que les accapareurs se foutent des décrets
de la convention,et qu'ils continuent,comme
de plus belle,à affamer les *sans-culottes dans
tous les départements.ses bons avis aux braves
*montagnards,pour qu'ils s'occupent nuit et
jour des subsistances,et qu'ils fassent marcher
promptement l'armée révolutionnaire avec
la sainte guillotine qui fera miracle,et qui
mettra à la raison les accapareurs,les traîtres
et tous les contre-révolutionnaires.
<edito=1> § comment ,tonnerre de dieu,nous ne mettrons
<Epg=2>pas à la raison les riches,ces égoïstes
infâmes,ces accapareurs,tous ces scélérats
qui affament le peuple!partout le peuple
souffre,languit,se désespère.on se fout des
décrets de la convention.depuis qu'elle a fixé
le prix du grain,les propriétaires,les gros
fermiers enterrent nos subsistances,et les font
disparaître,pour les vendre à nos ennemis.
depuis le décret contre les accapareurs,les
marchands manufacturiers,les trafiquants vident
leurs magasins,sans qu'on sache ce que
deviennent leurs marchandises.c'est donc un
parti pris de nous faire périr de froid et de
faim.il faut donc,foutre,que la république
soit bien avantageuse aux *sans-culottes,
puisque les riches font tant d'efforts pour la
détruire!quoi,nous sommes mille contre
un,et nous nous laisserions lier et garrotter
par une poignée de fripons qu'il ne tient qu'à
nous de faire rentrer cent pieds sous terre!
j'entends toujours prêcher le respect pour les
propriétés;cela est bel et bon;mais la première
propriété,n'est ce pas l'existence?est il
une autorité dans le monde qui puisse nous
la ravir?la terre,comme l'air et l'eau,appartient
à tous les hommes.les riches ne
<Epg=3>doivent ils pas être satisfaits d'avoir les trois
quarts et demi du gâteau,et veulent ils empêcher
les pauvres de glaner,lorsqu'ils ont
fait,eux,de si bonnes moissons?encore
une fois ventre affamé n'a point d'oreilles.
affameurs du peuple,craignez son désespoir.
§ que nous aurait servi d'avoir détruit nos
anciens tyrans,si nous en laissions d'autres
prendre leur place?ce n'est pas à cause de
leurs vieux parchemins rongés de vers,que
nous avons foutu la chasse aux nobles,c'est
parce qu'ils nous opprimaient.que nous foutaient
toutes leurs bricoles bleues,rouges,
vertes,leurs crachats,leurs croix de *malte ,
de *saint-*louis ,et un tas d'autres foutaises
que l'on n'aurait jamais regardé que comme
des hochets d'enfants et des marottes d'imbéciles,
si tous les signes n'avaient été achetés
au prix du sang du peuple?dans tous les temps,
dans tous les pays,ses oppresseurs ont une
mauvaise fin.quand le sac est trop plein,il
faut qu'il crève.l'insecte qu'on veut écraser
se recoquille,se regimbe et pique celui qui
veut le détruire,et l'on croit que des hommes
libres seront assez badauds pour ne pas
exterminer les plats jean-foutres qui,pour
<Epg=4>être leurs maîtres,veulent les réduire à la
plus affreuse misère?non,foutre,non,le
premier article de la déclaration des droits
de l'homme,c'est la résistance à l'oppression,
et quand la convention ne l'aurait pas décrété,
ce principe est dans le coeur de tous les hommes.
l'esclave souvent écrase avec ses fers,le
tyran qui exige de lui plus que puissance.
§ quelle est donc votre espérance,ennemis
de l'égalité?croyez vous à force de nous
faire souffrir,que nous tomberons à vos pieds
pour vous supplier de nous donner la caristade,
tandis,foutre,qu'il nous reste des
bras,pour arracher de vos griffes l'or que
vous avez accaparé et les clefs du grenier
que vous ne voulez pas lâcher.peuple,géant
formidable,réveille toi.écrases sous tes
pieds tous ces nains qui profitent de ton sommeil,
pour t'enchaîner.quoi donc,après
avoir foutu le tour à tous les hobereaux de
l'ancien régime;après avoir fait danser la
carmagnole aux marquis,aux ducs,aux
princes,aux moines,aux évêques,aux archevêques,
aux cardinaux;après avoir retranché
le picotin de l'animal aux longues oreilles,
appelé pape;après avoir forcé toutes ces
<Epg=5>têtes à perruque et sans cervelle des parlements,
de pendre au croc leurs robes rouges,
après avoir rogné les ongles des oiseaux de
proie de la finance;après avoir détruit la ménagerie
des *tuileries et fait rouler sur l'échafaud
la tête du monstre biscornu,nommé roi de
*france et de *navarre ,tu te vois encore au premier
chant de mâtines.tout ce que tu fais de
bon et d'utile,est à l'instant détruit.de nouveaux
fripons remplacent les anciens fripons.de
nouvelles vermines veulent te ronger.millions
de foutre,je mange mon sang,en songeant
à tous les maux qui nous accablent,
tandis,foutre,qu'il est si aisé d'y apporter
du remède.
§ où est donc cette armée révolutionnaire,
qui devait marcher dans tous les départements
avec la sainte guillotine,pour purger la république
des accapareurs,des traîtres,des conspirateurs?
n'aurait elle pas dû,foutre,être
formée le même jour que la convention l'a
décrétée?d'où vient donc cette lenteur à
exécuter les mesures les plus salutaires?quels
sont les viédases qui paralysent le bras
de la république,quand il va frapper ses plus
mortels ennemis?ah,foutre,si les *sans-culottes
<Epg=6>étaient aussi agissants que les aristocrates,
la *france serait bientôt balayée de
tous les scélérats qu'elle renferme.ils ne
s'amusent pas à la moutarde,ils ne sont
qu'une poignée,et ils trouvent chaque jour
mille moyens de nous nuire et de nous tourmenter.
§ il faut pourtant en finir,foutre.la misère
est à son comble.nos subsistances sont
entre les mains des contre-révolutionnaires.
dans tous les départements,les *sans-culottes
languissent.eh bien,foutre,que les *sans-culottes
se lèvent;qu'ils s'emparent de tous
les propriétaires,des gros fermiers accapareurs,
qu'ils les menacent de leur faire perdre
à eux-mêmes le goût du pain,si la disette
continue.bientôt,foutre le bled abondera
dans les marchés,et nous vivrons,foutre.
§ vous qui avez bâti l'édifice de la constitution
braves *montagnards,vous n'avez rien fait en
élevant ce temple,s'il ne devient pas celui de
l'abondance.je me fous d'un beau palais entouré
de colonnes magnifiques,s'il est habité
par la misère.vous avez promis le bonheur
au peuple en construisant cet édifice,malheur
à vous si vous ne lui tenez pas parole.
occupez vous nuit et jour des subsistances.
laissez faire aux ministres leur besogne et ne
souffrez pas que vos comités se mêlent de
gouverner la république;elle deviendrait
bientôt la cour du roi *pétaut ,si des avocats
voulaient tracer des plans de campagne et
conduire des armées,et si des emballeurs de
<Epg=7>magasins administraient les finances.au lieu
d'envoyer des commissaires dans les armées,
pour pomper du soir au matin avec les généraux,
faites en partir par centaines dans les
départements pour assurer les subsistances.du
pain,foutre!voilà le cri du peuple.n'attendez
pas que les contre-révolutionnaires aient
fait passer nos grains à nos ennemis pour
vous occuper de nos garde-manger .décrétez
foutre,que tout propriétaire qui n'aura pas
fourni à la république une quantité de bleds
proportionnée au produit de ses terres,sera
dépouillé de sa propriété et que ses champs
seront partagés entre tous les sans-culottes
qui ont de bons bras,et qui n'ont pas un sillon
à labourer.qu'une bonne part du gâteau soit
également délivrée à celui qui dénoncera un
propriétaire accapareur.défendez surtout qu'il
sorte une seule aulne de drap de nos manufactures
pour l'étranger.
§ la *france produit vingt fois plus qu'il ne
faut pour les besoins de ses habitants.eh bien,
foutre,que tous les citoyens soient d'abord
calés de la tête aux pieds et bien nourris!
c'est la volonté du peuple,législateurs.vous
avez été choisis pour l'exécuter,vous l'avez
juré,foutre.que tous les *sans-culottes soient
culottés!ainsi le veut la constitution que vous
avez faite.faites la donc exécuter
cette constitution.
que tous vos ennemis et les nôtres
périssent!n'allez pas jeter le manche après la
cognée.à vous la balle,et tandis que vous
la tenez pour faire le bonheur du peuple,profitez
<Epg=8>en;songez qu'en vous séparant,vous
devez être comblés de gloire ou accablés de
malédictions,foutre.
<Sda=1793> <numero=290> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande colère du *père *duchesne ,
contre le palefrenier *houchard qui,comme
son maître *custine ,a tourné casaque à la
*sans-culotterie .sa grande joie de voir bientôt
ce butor mettre la tête à la fenêtre.ses bons
avis aux braves soldats républicains pour
qu'ils lui dénoncent tous les jean-foutres qui
regrettent l'ancien régime,et qui préfèrent
de porter la livrée du tyran,plutôt que d'endosser
l'habit des hommes libres.
<edito=1> § que des ci-devant nobles,que des calotins,
<Epg=2>que des financiers,que des robins trahissent
la patrie,cela ne m'étonne pas,foutre.d'un
sac à charbon on se saurait tirer blanche
farine.la caque sent toujours le hareng;
mais qu'un *sans-culotte,élevé à un grade
éminent,tourne casaque à la république,il y
a de quoi se débaptiser,et cependant,foutre,
nous n'en avons que trop d'exemples,pour
l'honneur de la *sans-culotterie .quelle est
donc l'espérance de ces renégats?croient ils
qu'ils jouiront du fruit de leurs trahisons,
si la contre-révolution,qu'il est aussi impossible
de faire que de prendre la lune avec
les dents,pouvait arriver?les aristocrates
qui se servent de ces lâches comme le singe
de la patte du chat pour tirer les marrons du
feu,les méprisent autant que nous.on aime
la trahison,mais on déteste le traître.si les
marquis,les ducs,les princes pouvaient
remonter sur l'eau,pourraient ils se fier aux
jean-foutres qui ont trahi leur patrie?ils
rougiraient d'avoir eu obligation à de pareils
viédases,et ils commenceraient par les faire
pendre,pour étouffer avec eux le souvenir
des services qu'ils en auraient reçu,et leur
faire restituer l'or qu'ils leur ont donné.
<Epg=3> § comment se peut il qu'un foutu palefrenier
devenu général d'armée,ne soit pas content
de son sort,qu'il veuille trancher du grand
seigneur,en trahissant la république qui l'a
tiré du fumier pour le mettre sur le pinacle?
un *houchard vouloir singer un *dumouriez !
c'est bien l'occasion de dire que les petits
chiens veulent comme les gros pisser contre
les murs!mais pouvait on mieux attendre
d'un misérable goujat qui ne s'est élevé qu'à
force de bassesses et en décrottant les bottes
du général *moustache !tel maître,tel valet,
foutre.si l'infâme *custine n'avait pas connu
l'âme de boue de son ci-devant palefrenier,
s'il ne l'avait pas regardé comme son bras
droit,l'aurait il fait son égal?c'est le crispin
de la comédie,qui prend les habits de son
maître pour lui aider à faire un coup de
main.
§ j'espère,foutre,que le procès de ce vil
coquin ne traînera pas,et qu'il va,sous peu
de jours,jouer à son tour à la main chaude;
mais ce n'est point assez que de détruire
ainsi les traîtres en détail,il faut une fois
pour toutes faire main basse sur eux,et les
balayer dans toutes nos armées,et en purger
<Epg=4>la république.pourquoi,tonnerre de dieu,
souffre t on à la tête de la troupe de ligne
un tas de viédases,ci-devant sergents,brigadiers,
maréchaux de logis,plus aristocrates
que les muscadins qu'ils ont remplacés,et
qui ne sont parvenus sous l'ancien régime
qu'en décrottant les bottes de leurs officiers ?
ceux qui ont fait le métier de chlagueurs,
sont ils dignes de commander à des hommes
libres?la plupart de ces capons qui doivent
tout à la république,qui ne pouvaient tout
au plus espérer que devenir porte-drapeaux,
ne sont pas contents de se voir aujourdhui
chefs des mêmes régiments,après avoir été
les derniers officiers de guérite;ils clabaudent
comme des talons rouges,et poussent des
soupirs à faire peur,en racontant la fin piteuse
de *louis le traître ;ils méprisent l'habit
national,et malgré les décrets de la convention,
ils s'obstinent à porter la livrée de la
royauté;ils veulent continuer d'être des
culs-blancs,plutôt que d'endosser l'uniforme
de la liberté.braves défenseurs de la patrie,
dénoncez moi tous les jean-foutres qui vous
commandent;le *père *duchesne est un vieux
soldat qui connaît le service;il sait quel
<Epg=5>est l'esprit des épauletiers ;il se souvient
de toutes les tracasseries qu'ils lui faisaient;
il n'a pas oublié que pour un verre de vin
de plus ou de moins,pour une parole plus
haute que l'autre,on vous foutait autrefois
un pauvre fusillier dans un cachot pour trois
ou quatre mois.il faut obéir à ses chefs pour
tout ce qui regarde le service,rien de plus
juste,foutre;mais,hors de là,l'officier
n'a aucun droit sur vous,et quand un butor
avec son plat à barbe s'avise de venir troubler
votre chambrée,pour vous empêcher de
chanter la carmagnole,envoyez le moi
faire foutre:s'il ose en votre présence
gouailler contre la république et regretter
l'ancien régime,s'il cherche à vous embêter
avec ces journaux du diable,et les feuilles
empoisonnées que *pitt et *cobourg répandent
dans les armées pour vous foutre dedans,
écrivez à l'instant au *père *duchesne ,et faites
lui connaître le nom et le grade du jean-foutre
qui a la patte graissée pour vous faire
faire des pas de clerc;j'ai le bras long,
foutre,quoique je ne sois qu'un misérable
marchand de fourneaux;j'aurais du pain cuit
pour le reste de mes jours,si j'avais autant
de louis que j'ai débusqué de fripons.
§ braves *sans-culottes des armées,si on
vous fait quelque injustice,si vos officiers
gaspillent votre prêt,s'ils vous maltraitent
encore une fois,adressez vous au *père *duchesne ;
il se mettra en quatre pour vous
rendre service,et vous venger;mais surtout
<Epg=6>ne me dénoncez pas à tort et à travers,et
n'allez pas confondre les braves bougres avec
les traîtres;surtout,mes amis,que le service
se fasse.tandis que les brigands qui vous
font la guerre,ne remuent que comme des
automates,et ne marchent qu'à coups de
bâton,faites voir que des soldats républicains
connaissent la discipline.je ne vous recommande
pas le courage,vous en avez assez.
suivez toujours les bons avis que je vous
donnerai,car jamais je ne vous ai trompé;
ayez toujours confiance dans vos frères les
*sans-culottes de *paris ,vous n'avez pas de
meilleurs amis;continuez de combattre et de
vaincre pour la république.plutôt vous foutrez
le tour aux esclaves des brigands couronnés,
plutôt vous jouirez du fruit de vos exploits.
quelle joie à la paix de vous voir au milieu
de vos concitoyens,et d'embrasser vos mères,
vos pères et vos frères!toutes les jeunes filles
qui séchent d'ennui pendant votre absence,
iront au devant de vous pour vous couronner
de lauriers,tandis,foutre,que nous autres,
lurons de la ganse,nous ferons sauter les
brocs et les pintes pour vous recevoir.à ce
spectacle les aristocrates frémiront de rage,
et ils disparaîtront pour jamais.
§ lorsque vous serez partout fêtés et choyés,
les *prussiens,les *autrichiens,les *anglais,les
*hollandais,les *espagnols rentreront chez eux
tous penauds,comme les colimaçons dans
leurs coquilles.le peuple de leurs pays,accablé
de misère,pour avoir soutenu la cause
<Epg=7>de ses tyrans,gémira,pleurera à l'approche
de ces pileurs de poivre.toutes les portes
leur seront fermées,et ils ne trouveront nulle
part un misérable enfant de choeur à étouffer,
pas seulement un pot de bière pour se désaltérer.
dans une république le soldat est citoyen;
il est regardé comme le sauveur de son
pays,et chez les nations assez stupides pour
se laisser gouverner par un âne couronné,les
soldats sont avilis et traités comme des nègres.
guerriers républicains,soutenez jusqu'à la
mort la cause de la liberté;ébranlez,renversez
tous les trônes des despotes;vive la
république,vive la *sans-culotterie ,foutre.
avis
les soirées de la campagne.
feuille périodique
§ jusqu'ici les journaux ont été rédigés en
faveur de ceux qui savaient lire ; le nôtre est
destiné à ceux qui ne savent qu'écouter :
les rallier autour de la *constitution , leur
inspirer le goût des vertus républicaines,
leur présenter de nouvelles découvertes en
agriculture, tel est le but que nous nous
proposons. la simplicité du langage, le soin
de décomposer les idées et de les amener à
la portée de l'esprit le moins cultivé, voilà
nos moyens.
§ chaque numéro sera de 8 pages in 8 ; il
en paraîtra deux par semaine, le mardi et
le vendredi, à commencer le premier octobre
<Epg=8>prochain. le prix est de 18 livres par an, et
9 livres pour six mois, franc de port. on
s'abonne à *paris , chez *girardin , directeur
du cabinet littéraire, jardin de l'*égalité ; et
dans les départements, chez les directeurs
de la poste et les principaux libraires.
<Sda=1793> <numero=291> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande colère du *père *duchesne
de voir que les *sans-culottes saignent du nez
quand il faut frapper à coups redoublés sur
les vermines qui s'engraissent du sang du
peuple.ses bons avis à tous les citoyens,et
surtout aux habitants des campagnes,pour
qu'ils fassent la conduite de *grenoble à tous
les ci-devant robins,avocats,greffiers,procureurs
qui sont à la tête des départements,
et qui s'entendent comme des larrons en foire
avec les accapareurs pour affamer le peuple.
<edito=1> § il n'y a pas de mauvais coups sur la bête
<Epg=2>puante,foutre;c'est donc pain béni de
dauber sans cesse les aristocrates et les calotins;
mais il est une autre vermine aussi
dangereuse et dont on ne parle que par ricochet;
c'est la robinaille.depuis le déluge
jusqu'à la prise de la *bastille ,les litanies de
la *sans-culotterie de tous les pays,étaient:
délivrez nous,mon *dieu ,des griffes des
hommes de loi. cette espèce vorace a plus
fait de mal aux hommes que la peste,la
guerre et la famine;car tous ces fléaux ne
sont que passagers$:comme dit le proverbe,
il n'est point de si grande guerre,qu'il n'en
réchappe.quand les tyrans qui gouvernent
le monde,et qui se disputent les dépouilles
des peuples,ont épuisé tous leurs trésors,
et fait massacrer tous les soldats,il faut
bien que le combat cesse.faute de combattants,
les rois sont obligés de mettre bas les armes,
jusqu'à ce que les enfants de ceux qui ont été
assez badauds pour sacrifier leur vie pour ces
monstres,aient la force d'endosser la cuirasse
et de porter le mousquet.quelques
années de paix réparent les malheurs de la
guerre:quand la peste ou la famine ont rendu
déserte une riche contrée,une fois que le
<Epg=3>mal est passé,on n'y songe plus;d'autres
habitants viennent peupler ces lieux abandonnés;
la terre produit de nouvelles moissons,
et dans quelques années elle est aussi peuplée
qu'auparavant.ainsi donc avec de la patience
et du courage,les pauvres humains surmontent
l'infortune et viennent à bout de tout;
mais se peut il,foutre,qu'après avoir détruit
les nobles,les prêtres et les rois,ils
ne puissent se délivrer des sangsues de la
chicane?
§ la constitution républicaine,en rendant
tous les *français égaux,a détruit pour jamais
le règne du plus fort;il faut aussi que celui
du plus fin finisse;il est temps de renverser
une bonne fois la marmite des gens de loi,
que les imbéciles plaideurs font bouillir;il
est temps que les citoyens s'entendent pour
ne plus se chamailler et pour ne pas engraisser
à leurs dépens des juges,des avoués,des
défenseurs officieux,des huissiers,et tous
leurs saute-ruisseaux.il faut enfin que tous
les procès soient jugés par des arbitres et non
par des engueuseurs à jaquettes noires,qui
vont chercher midi à quatorze heures pour
nous prouver que ce qui est blanc est noir,
<Epg=4>et que ce qui est noir est blanc.avec du
bon sens et de la probité,il n'est pas de
*sans-culotte qui ne débrouille mieux le
procès le plus entortillé,que tous les braillards
de palais.chez un peuple libre,les lois
doivent être simples et à la portée de tout le
monde;il faut qu'en ouvrant le livre sacré,
le citoyen touche du doigt le chapitre qui le
concerne.
§ je me souviens d'une vieille histoire que
j'ai entendu raconter devers *caen ,et que je
n'oublierai de ma vie.en fait de procès,les
*normands s'y connaissent,foutre,et je ne
connais que les *manceaux qui les dégottent.
cette aventure qu'ils me racontaient avec
admiration,et qui aurait bien dû leur servir
d'exemple,prouve que c'est faute de s'entendre
que les hommes se mangent le blanc
des yeux pour nourrir des jean-foutres qui
rient de leurs sottises.voici le fait,foutre.
§ deux pauvres bougres que l'on appelait
dans l'ancien régime des paysans,qui s'intitulent
aujourdhui citoyens,et qui le sont
plus,foutre,que les plus huppés personnages,
puisqu'ils nous nourrissent,s'avisèrent de
plaidailler,sans trop savoir pourquoi;car
<Epg=5>ils étaient amis dès le berceau,et,comme
on dit dans le pays,ils avaient ensemble gardé
les moutons;mais leurs femmes s'étaient
prises de propos,et les maris qui devaient
savoir qu'on ne peut pas plus empêcher une
femme de parler,que de faire cesser le vent
qui siffle,furent assez benêts pour se mêler
de la querelle.on en vient aux gros mots:
les femmes jettent encore de l'huile sur le
feu,et au lieu d'apaiser leurs maris,elles
redoublent leurs cris.dans la colère on ne
prend pas garde à ce qu'on dit;il échappe
à ces furieux quelques expressions qui chatouillent
l'honneur.en fait de ça,les *normands
n'entendent pas raison;l'un et l'autre
compère crie haro sur son voisin.on prend
des témoins,on dresse sa plainte;chacun va
trouver son procureur,son avocat;des deux
côtés on soutient que le cas est pendable.
voilà un bon procès bien emmanché.déjà
maître *harpagon ,maître *brigandeau rient
sous cape de la sottise des deux plaideurs,
et ils se félicitent d'avance de les sucer jusqu'à
l'eau rousse,et de ne leur laisser que
les yeux pour pleurer.déjà les apprentis
*cartouches de ces deux corbeaux de palais
commençaient à broyer du noir et à griffonner
en lettres aussi larges que mon pouce
la ruine de ces deux imbéciles.quand on
plaide,il faut avoir du foin dans les bottes,
bon droit a toujours besoin d'aide,c'est ce
qu'on sait mieux en *normandie que partout
ailleurs.aussi le jour où la cause devait être
<Epg=6>portée devant monsieur le bailli,chacun des
deux plaideurs avait eu soin de garnir son
gousset;chacun avait chargé son cheval à le
faire crever,de volaille,de gibier,de fruits,
en un mot de ce qu'il avait de plus précieux;
il y avait des chapons pour celui-ci,des
poulardes pour celui-là,une oie pour le
greffier,un dindon pour le bailli.en cheminant
vers la ville,nos deux hommes se
rencontrèrent nez à nez dans le même cabaret;
et quoique l'un et l'autre fût triste comme un
bonnet de nuit,ils font contre fortune bon
coeur;ils gardent le silence,mais ils avaient
l'air de se dire:
<Sat=1>tu veux donc me ruiner?<Sat=0>
§ le *père-la-joie ,vieux riboteur,fermier
du même canton,et leur ami commun,s'aperçoit
de leur embarras,et quoiqu'il fût déjà
dans une petite pointe de vin,il entreprend
de les raccommoder.
<Sat=1> *colas , *mathurin ,leur
dit il,est ce que vous m-tais la clef sous la
porte tous les deux?ou portez vous donc toute
votre basse-cour?v' n'avez,à c'qui m'semble,
laissé à la ferme que la charrue?ah,ah,ah,
j'vous comprends;v' allais graisser la patte
d'vos proculeus,d'vos avocats et du bailli.
croyez moi,mes amis,arrangeons c-t affaire
au cabaret;v-nais choquer ensemble,et
rebroussons chemin.j'ais honnête homme,
dit *mathurin ,et moi itou,répond *colas ;
eh,foutre,qu'est ce qu'en doute,s'écrie le
*père-la-joie .tout un chacun dans le village
vous aime et vous estime;ça nous saignerait
le coeur à trétous d'vous voir plus longtemps
<Epg=7>en bisbilles.tout le grimoire du bailli ne
saura vous arracher un poil.
<Sat=0>*mathurin et
*colas croient le *père-la-joie ;ils s'embrassent,
et le procès est fini.nos deux compères s'en
retournent plus joyeux et plus amis que
jamais.
§ qui mangea du fromage,foutre,à la place
de la volaille et du gibier?ce fût monsieur le
bailli,ce furent les avocats,les procureurs.
braves *sans-culottes des campagnes,souvenez
vous de la leçon du *père-la-joie ;si
vous continuez de vous laisser jeter de la
poudre aux yeux par les gens de loi,ils vous
feront encore voir bougrement du pays;
chassez ces coquins de toutes les places;
n'en souffrez pas plus que de nobles et de
calotins dans les administrations;gardez
vous surtout d'en nommer jamais un seul
pour votre représentant;n'oubliez jamais que
*chapelier , *barnave , *thouret et les autres
jean-foutres qui ont vendu le peuple à l'assemblée
constituante,étaient des avocats;
rappelez vous sans cesse que *vergniaud ,
*gensonné , *brissot , *guadet ,tous les crapauds
du *marais étaient aussi des avocats.si
vous avez la guerre avec tous les tyrans,c'est
la faute des gens de loi et de beaux esprits
qui ont brouillé les cartes.si vous manquez
de subsistances,après une récolte excellente,
si les denrées sont au poids de l'or,n'en accusez
que les hommes de loi que vous souffrez
bêtement à la tête des départements et des
municipalités,et qui ont mis leur tête dans
<Epg=8>un bonnet avec les accapareurs pour vous
affamer.si vous ne donnez pas le coup de
grâce à la robinaille,pas plus de liberté que
de beurre,foutre.
<Sda=1793> <numero=292><quinzaine=32> <semaine=321> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
la grande joie du *père *duchesne ,
de voir que la convention donne le coup de
grâce aux accapareurs,aux affameurs du
peuple,aux muscadins et muscadines.sa
grande colère de ce que les grands intrigants
et les gros fripons sont épargnés.ses bons avis
aux braves *montagnards pour qu'ils fassent
déclarer suspects tous les jean-foutres qui
étaient les amis de *brissot ,et qui taupaient
dans le fédéralisme avant le 31 mai.
<edito=1> § le compère *audouin ,brave montagnard,
et journaliste de mon acabit,qui écrit pour
<Epg=2>instruire les *sans-culottes,et non pour
amuser les muscadins,parle quelquefois de
mes gaudrioles dans son journal;souvent
même il a fait l'éloge du vieux marchand de
fourneaux,ce qui m'a chatouillé le coeur;
car,foutre,l'estime des véritables républicains
m'a toujours paru préférable à toutes
les richesses de l'univers;il n'y a que ça qui
reste;l'or pur se trouve au fond du creuset.
que reste t il maintenant à ces cuistres
soudoyés par la liste civile,pour mentir à
tant la ligne dans leurs foutus journaux de
malédiction?le sapajou *gorsas n'est il pas
bien avancé d'avoir été dorloté par la vieille
*roland ?au lieu d'aller faire des gambades
dans le boudoir de cette guenuche,s'il avait
au contraire continué de fréquenter
les *sans-culottes,
il serait encore aimé et chéri.il est
vrai,foutre,qu'il aurait eu moins de quibus ,
mais aussi il n'aurait pas le trappe sur le col.
mais pourquoi salir le papier avec ces noms
impurs;revenons à nos moutons,et parlons
du *sans-culotte *audouin .dans son dernier
numéro il m'adresse les paroles suivantes:
<Sat=1> §"eh bien,*père *duchesne ,es tu content
de la convention?elle a décrété
l'armée révolutionnaire,
<Epg=3>elle a décrété un maximum
pour les grains,elle a décrété l'incarcération
de tous les scélérats,elle a décrété de grandes
mesures,elle a décrété la taxe des denrées,
elle a recomposé le tribunal révolutionnaire,
en un mot,elle est décidée à se conduire
avec une énergie vraiment républicaine.presse
donc l'exécution de tous ces décrets;car,à
quoi serviront ils,s'ils ne sont pas exécutés?
ne vois tu pas que la *montagne agit depuis
quelque temps pour écraser l'aristocratie financière,
etc ,comme la législature agissait pour
détrôner le tyran?on lui ôtait sa garde,on
rendait des décrets auxquels on savait bien
qu'il refuserait sa sanction,on prenait tous
les moyens de le rendre odieux et de l'affaiblir
à mesure qu'il était détesté davantage,on
mûrissait alors la journée du 10 août contre
la cour,comme on mûrit maintenant le jour
de la vengeance contre les accapareurs,les
riches égoïstes,les vampires du peuple,il
faut moins regarder les lois elles-mêmes appelées
révolutionnaires que le but politique
de ces mêmes lois:ou elles seront obéies
par ceux qu'elles frappent,ou elles ne le
seront pas.dans le premier cas,le bien
<Epg=4>qu'elles promettent arrivera;dans le second
cas,le peuple reconnaîtra que la convention
a rempli ses devoirs,et que c'est à lui en personne
à suivre la route qui lui est implicitement
indiquée.le peuple n'a pas besoin de
lunettes pour voir ce qu'il doit faire,si les
scélérats que la convention veut frapper sont
toujours scélérats." <Sat=0>
§ je réponds à mon compère *audouin ,que
je ne cesse de dire et de répéter ce qu'il
m'adresse:comme lui,foutre,je rends justice
à la convention ;la majorité est excellente;
elle veut sauver la république,et son
voeu serait accompli,si tout ce qu'elle décrète
était exécuté ;mais,par malheur,il y
a des jean-foutres qui mettent des bâtons
dans les roues.des ambitieux,des fripons,
des traîtres détruisent tout ce qu'elle fait de
bon et d'utile;mais,avec le temps,elle
viendra à bout d'étouffer ses ennemis et les
nôtres.patience,foutre,on n'a pas fait *paris
dans un jour:mais une fois pour toutes,si
la convention veut être bien servie,qu'elle
fasse donc impitoyablement raccourcir ceux
qui la trompent;ça me scie le dos de voir
des jean-foutres qui l'ont déjà mise cent fois
<Epg=5>dedans,qui étouffent d'embonpoint à force
de s'être engraissé du sang du peuple, continuer
de plus belle,et faire la pluie et le beau
temps,malgré la voix du peuple qui crie vengeance.
puisqu'il est décrété que les hommes
suspects doivent être mis à l'ombre,pourquoi
les bougres qui ont été les avocats de *dumouriez ,
et qui ont partagé avec lui le gâteau,
se gobergent ils encore dans de riches appartements
et font ils des chaires de chanoines
avec l'or et les assignats qu'ils ont empochés?
pourquoi,foutre,certains *montagnards de
nouvelle fabrique,qui jappaient comme des
roquets,il y a quelques mois,au milieu des
crapauds du *marais,ne sont ils pas aussi regardés
comme suspects?ceux qui,avant le
trente-et-un mai,étaient amis comme cochons
avec la canaille *brissotine et *girondine ,
croient ils en être quitte aujourdhui pour
faire les bons apôtres,et pour nous dire que
leurs chiens ne chassent plus ensemble?
croient ils que les *sans-culottes se payent
de cette monnaie?non,foutre.ceux qui
ont une seule fois fait faux bond,et tourné
un seul instant casaque à la *sans-culotterie ,
ne doivent être regardés que comme des viédases.
<Epg=6>ces jean-foutres n'ont reviré de bord
que parce qu'ils ont vu le bon vent de notre
côté;s'il changeait encore,ils tourneraient
de même comme des girouettes.que la convention
fasse donc elle-même un grand
exemple;qu'elle commence par se purger de
tous ces intrigants et de tous les fripons qu'elle
renferme ; mais, foutre, s'ils restent impunis,
ils vont recommencer leurs fredaines;elle
verra encore deux partis se former dans son
sein,et au lieu de travailler au bonheur du
peuple,elle sera déchirée et avilie.
§ je vois l'orage gronder sur ma tête,et la
grêle tomber sur moi,d'oser ainsi réveiller le
chat qui dort;mais,foutre,quand il s'agit
du salut de la république,j'y vais de cul et de
tête.je n'ai pas plus de fiel qu'un pigeon au
vis-à-vis de mes ennemis personnels;mais j'ai
une rancune éternelle envers ceux de la patrie.
je ne pardonne point,je ne pardonnerai
jamais à ceux qui ont voulu armer les départements
contre *paris ;je me souviendrai
toujours du rapport de monsieur *barrère de
*vieuzac sur les événements du 31 mai;quand
il aurait été dicté par *brissot il n'aurait pas
été plus perfide.si monsieur *barrère paraît
<Epg=7>aujourdhui converti,je ne m'y fie pas plus
qu'à la religion d' *henri-*i*v ,qui répondit à
un de ses courtisans,lorsqu'il lui reprochait
d'avoir abandonné *calvin pour le pape,
ventre saint gris, *paris vaut bien une messe.
je ne pardonne pas plus au cafard *cambon d'avoir
empêché l'approvisionnement de *paris ,en
mettant son veto sur les secours que la convention
voulait accorder à la municipalité
pour acheter des grains quand il en était
temps.
§ voilà,compère *audouin ,ma profession
de foi;jamais on ne tirera de blanche farine
d'un sac à charbon;qui a bu,boira;celui qui
a été jean-foutre,sera encore jean-foutre.
nous gâterons tout,si nous voulons ménager
la chèvre et le chou ;tu as raison de dire
que le peuple n'a pas besoin de lunettes pour
voir ce qu'il doit faire;mais il faut que la
convention en ait d'excellentes pour examiner
tout ce qui l'entoure,et examiner toutes les
paroles et les actions des scélérats qui méprisent
ses décrets et qui la foutent dedans.
j'ai une joie de bougre de voir arrêter tous
les muscadins et muscadines;mais elle serait
parfaite,si je voyais faire rafle des grands
intrigants,des gros fripons comme des petits.
que la convention reste à son poste et qu'elle
n'abandonne pas le terrain,jusqu'à ce qu'elle
ait sauvé la république;mais,pour arriver
plus promptement et plus sûrement à son
but,qu'elle prenne une bonne fois le mors
<Epg=8>aux dents pour exterminer les traîtres et faire
exécuter les lois,foutre.
<Sda=1793> <numero=293> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
la grande colère du *père *duchesne ,
en apprenant un nouveau complot pour forcer
les prisons,afin de sauver la louve autrichienne
et l'infâme *brissot .ses bons avis
aux braves *sans-culottes,pour qu'ils se
tiennent sur leurs gardes,et qu'ils continuent
de donner la chasse aux muscadins et muscadines.
sa grande joie de voir partir l'armée
révolutionnaire pour aller mettre à la raison
les gros fermiers qui enterrent leurs grains,
ainsi que les vignerons qui ont vendu d'avance
leur vendange à *pitt et *cobourg ,afin de nous
faire périr de faim et de soif.
<edito=1>il faut en convenir,le peuple est bougrement
<Epg=2>bon,bougrement sage de ne pas jeter
le manche après la cognée après toutes les
trahisons dont il est témoin et victime.rien
ne prouve mieux son amour pour la liberté
que sa patience.si depuis quatre ans il avait
eu des magistrats et des mandataires dignes
de lui,tous les trônes des despotes seraient
en canelle,et leurs têtes auraient sauté
comme celle de l'infâme *capet ;mais malheureusement
pour construire le temple de la
liberté,il a été obligé de se servir des ouvriers
bons ou mauvais,qui lui sont tombés
sous les mains.les uns n'ont fait que du gâchis
en posant les fondements de ce temple sur de
l'argile au lieu de chercher le tuf;les autres
ont mangé la grenouille.jamais l'édifice n'aurait
été achevé,si le maître lui-même n'avait
mis la main à la besogne pour réparer le temps
perdu.tout ce qu'il y a de bon dans le travail
est son ouvrage.
§ pourquoi sa volonté sacrée est elle donc
méprisée?pourquoi,foutre,veut on le
mener à la lisière,comme un enfant,tandis
qu'il a la force d'un géant.j'entends tous les
jours des bavards,qui se disent des fameux
politiques,se plaindre de ce qu'on apprend
<Epg=3>trop de choses au peuple.moi,foutre,je
soutiens qu'il doit tout voir et tout connaître.
ceux qui lui déguisent la vérité sont des
traîtres.c'est un crime que de n'avoir pas
dans lui la confiance la plus absolue.il veut
être libre et heureux;tout ce qu'on lui proposera
pour arriver à ce but lui plaira;malgré
les fripons et les traîtres,il l'atteindra,
foutre;il sait ce qui lui convient;tout ce
qu'il voudra,il l'obtiendra,car il est
tout-puissant.
§ quelle est donc l'espérance des jean-foutres
qui le trompent à la journée?tous ceux
qui l'ont trahi jusqu'à présent ne filent ils
pas un beau coton?hommes vils et lâches,
qui êtes dévorés par la soif de l'or,et qui
vendez votre patrie au plus offrant,osez vous
espérer de jouir en paix du fruit de vos crimes?
voyez quel est le sort des traîtres.qu'est
devenu ce *la-*fayette ,qui se croyait le premier
moutardier du pape parce que les muscadins
de *paris baisaient le talon de ses bottes
et s'agenouillaient devant son bougre de cheval
blanc?où est maintenant ce polisson de *barnave
que les badauds portaient en triomphe,
quand ils le regardaient comme un franc
<Epg=4>*sans-culotte?depuis près de trois ans il
siffle la linotte,et déjà il aurait joué à la
main chaude si on lui avait rendu justice.
quelle est la destinée de l'infâme *dumouriez ?
que lui servent les dépouilles de la *belgique
et tout ce qu'il a volé à la *france ?comme le
*juif errant,il est obligé de marcher sans
s'arrêter,et il ne trouvera bientôt plus un
seul lieu de la terre où il puisse se reposer.
§ mais,foutre,l'exemple ne corrige point
les ambitieux.les voleurs sont toujours
voleurs.de tous temps c'est un jour de moisson
pour les filous que celui où on a fait quelque
pendaison à la *grève .tous les coupeurs de
bourse sont alors sur pied pour dévaliser ceux
qui vont à ce spectacle.ainsi donc,foutre,
quoique le traître *custine eut vu tomber à
veau l'eau tous les projets de *dumouriez ,et
sa tête mise à prix,il n'en a pas moins formé
le projet de le remplacer et d'achever ce
qu'il avait entrepris.la mort honteuse de ce
dernier jean-foutre n'a pas effrayé son palefrenier
*houchard qui,comme son maître,
va bientôt mettre la tête à la fenêtre.
§ il est donc vrai que les traîtres se foutent
de la guillotine.si on les faisait expirer sur
<Epg=5>la roue,ou au milieu des flammes,ils redouteraient
du moins l'horreur du supplice et ils ne
joueraient pas aussi facilement leur vie à pair
ou à non.je ne suis pas sanguinaire,foutre,
mais je voudrais qu'on rétablit les gibets et
la question pour des monstres,qui,de sang
froid,ont fait égorger des milliers d'hommes.
c'est une duperie que d'être humains avec des
scélérats qui veulent perdre leur patrie.
§ on nous annonce enfin le jugement de
*brissot ,et dans trois jours,dit on,le comité
de sûreté générale va présenter l'acte d'accusation
contre ce traître.que de simagrées pour
condamner un pareil fripon!ses amis prétendent
encore qu'il ne sera pas raccourci et
ils soutiennent qu'ils ont encore plus d'une
corde à leur arc pour le sauver.je m'attends
que ce procès va traîner en longueur comme
celui de *custine .on va faire venir des témoins
des rives de la *gironde ,des *bouches-du-*rhône ,
et même des *colonies ,pour déposer
en sa faveur;il y a longtemps qu'on
brave les *sans-culottes et qu'on veut leur
faire monter la moutarde au nez.on voudrait
voir les prisons forcées et
les massacres recommencer,
afin d'ouvrir une porte de derrière
<Epg=6>à la veuve *capet ,qui n'a pas été transférée
à la *conciergerie pour des prunes.*sans-culottes,
mes amis,vous ne donnerez pas
dans ce panneau.souvenez vous ,foutre,que
c'est *manuel et *petion qui ont fait faire le
hachis du mois de septembre,etc,l'année
dernière,afin de sauver *montmorin , *thierry ,
*lessart et d'autres pareils jean-foutres qui
leur ont grassement payé leur rançon.ces
traîtres que vous avez crus morts se portent
aussi bien que moi et ils sont maintenant à
*londres ,où ils boivent du matin au soir à la
santé de leur roi *louis-XVII .
§ plus on a mis de lenteur à juger la louve
autrichienne et *cartouche *brissot ,plus nous
devons désirer qu'ils le soient,car,foutre,
quand ils seront juchés l'un et l'autre sur le
grand fauteuil,ils jaseront et nous découvrirons
le pot aux roses.on sait que *brissot
s'est vanté de faire connaître plus de quarante
jean-foutres qui étaient dans son tripotage,
et dont les têtes,comme la sienne,tomberont
dans le sac.
§ soyons donc sur nos gardes,foutre,et
songeons que nous sommes environnés de
traîtres et de conspirateurs.veillons sans
<Epg=7>cesse,et ne nous rebutons pas;continuons
de faire la chasse aux muscadins et de foutre
tous les coquins à l'ombre.guerre éternelle
aux accapareurs.que l'armée révolutionnaire
se mette promptement en marche pour nous
amener des subsistances;car,foutre,les
riches propriétaires et les gros fermiers se
foutent des décrets de la convention;ils enterrent
leur bled,ils brûlent leurs gerbes pour
affamer le peuple.n'y a t il pas de quoi se
manger le sang,de voir les pauvres *sans-culottes
réduits à vivre de racines et d'herbes,
après une moisson aussi abondante que celle
que nous venons de faire.n'oublions pas
non plus les vignerons,qui ont vendu leur
vendange sur le cep à *pitt et à *cobourg .si
l'armée révolutionnaire ne met pas toute cette
canaille à la raison,nous n'aurons cet hiver,
ni pain,ni vin,et nous nous mangerons les
uns les autres.j'espère,foutre,que nous
ne mourrons pas de faim,quand nous savons
où sont nos subsistances,et quand nous connaissons
ceux qui les cachent et qui veulent
nous les enlever.eh vite donc,ami *ronsin ,
fais battre la générale,et marche à la tête des
*sans-culottes révolutionnaires.à ton approche
<Epg=8>je vois renaître l'abondance;tous les
greniers te sont ouverts;tous les traîtres
prennent la fuite;la liberté triomphe et les
brigands couronnés,qui n'attendent leurs
succès que de nos divisions sont obligés de
mettre les pouces et de nous demander la paix
à genoux,foutre.
<Sda=1793> <numero=294> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande joie du *père *duchesne ,
de voir l'infâme *brissot et la clique de la
*gironde devant le tribunal révolutionnaire.
ses remerciements aux braves bougres qui
composent maintenant le comité de sûreté
générale de la convention,qui ne se sont pas
amusé à chaboter les muscadins,et qui ont
enfin trouvé le moyen de déméler la fusée,
et de faire voyager cette bande de malédiction
dans la charrette de *samson .
<edito=1>§il n'y a plus à reculer,foutre;les traîtres
<Epg=2>sont au pied du mur.il faut que justice soit
faite. *cartouche *brissot et sa bande de voleurs
et d'assassins,les *mandrins de la *gironde .
vont recevoir le prix de leurs forfaits.le
décret d'accusation est à la fin lâché.ce n'est
pas sans peine que nous l'avons obtenu;car,
dieu merci,tout va encore par compère et
compagnon.il faut du temps,foutre,pour
déterminer ceux qui font les lois à les faire
pour eux.c'est avec raison qu'on a comparé
la justice à une araignée,qui n'attrape dans
sa toile que des moucherons,tandis que les
frelons et les grosses mouches rompent cette
toile,et dévorent l'araignée elle-même.le
peuple heureusement commence à se débadauder.
le *sans-culotte connaît sa dignité;
il s'estime autant que les plus huppés personnages;
il sait que le législateur n'est rien
sans le peuple,et que ce que le peuple a fait,
il peut le défaire.ainsi donc malgré la bonne
envie que certains jean-foutres avaient au
fond du coeur de sauver *brissot et sa clique,
la vengeance nationale sera satisfaite.
<Sat=1> §"il faut donc toujours que tu donnes,en
passant,ton coup de patte,vieux radoteur,
me dit un feuillant renforcé?tu n'es jamais
<Epg=3>content de rien.quand la convention montre
une si grande énergie;quand elle livre elle-même
ses membres à la justice,que peux tu
lui demander davantage?" <Sat=0>
mieux vaut tard que jamais,foutre;mais,foutre,n'ai je
pas le droit de lui reprocher d'avoir si
longtemps barguigné pour faire raccourcir des
scélérats qui ont voulu perdre la république?
pourquoi a t elle eu si longtemps l'air de les
frapper à regret et de les traiter avec plus
d'égards que les autres citoyens?pourquoi les
infâmes jean-foutres du comité des douze et
les autres scélérats,qu'elle avait fait mettre
en état d'arrestation,n'ont ils eu pour prison
que les murs de *paris et
les coulisses des spectacles?
*petion , *lanjuinais , *gorsas auraient ils
échappés,s'ils avaient été mis en cage comme
les autres citoyens?ne devait on pas s'attendre
que ces bougres,cousus d'or et d'assignats,
sacrifieraient une partie du butin pour
se sauver.devait on exposer les *gens d'armes ,
qui les gardaient,à la tentation?j'ai donc
eu raison quand je me suis plaint d'un privilège
qui ne doit pas exister dans une république.
le soldat et le général,le plus pauvre
*sans-culotte,et le magistrat,et le législateur
<Epg=4>même sont égaux devant la loi.la
convention a donc foulé aux pieds la déclaration
des droits,en traitant si poliment les
plus infâmes coquins que l'enfer ait vomi sur
la terre.elle doit se reprocher d'avoir facilité
leur fuite,mais le gibet ne perd jamais sa
proie,et tôt ou tard les pigeons reviendront
au colombier.
§ tenons nous en donc à ce que nous avons
de poisson pêché.ce sera toujours un fameux
abattis que le raccourcissement des scélérats
sur lesquels nous avons mis le grapin.remercions
les braves bougres qui composent maintenant
le comité de sûreté générale et qui ont
su débrouiller la fusée en quelques jours;
car si ce comité n'avait pas été renouvelé,
jamais nous n'aurions vu la fin de ce procès.
les muscadins seraient allé en procession se
faire chaboter ,et tandis qu'on s'amuse à chaboter ,
les fripons ont beau jeu.quelle joie,
foutre,de passer en revue cette longue file
de fripons que nous allons sous peu de jours,
voir jouer à la main chaude!les jours se
suivent,dit on,et ne se ressemblent pas.
quelle différence d'avoir vu tous les crapauds
barboter dans le *marais,et vomir le poison
<Epg=5>sur la *montagne et les *sans-culottes,ou de
les voir tous écrasés à la fois par la massue
de la loi.
§ je voudrais,foutre,lorsqu'on conduira
tous ces brigands au supplice,qu'ils fussent
revêtus de toutes les prétintailles des dignités
qu'ils se flattaient d'obtenir,
en faisant la contre-révolution;
que milord *brissot ,dans la
charrette de *samson ,eut à côté de lui deux
mannequins,l'un représentant le roi *georges *dandin ,
et l'autre son ministre *pitt ,tenant
des sacs remplis de guinées,pour le récompenser
d'avoir mis les *colonies à feu et à sang,
et allumé la guerre civile d'un bout de la république
à l'autre.je voudrais que le cuistre
*carra fût placé également entre deux autres
mannequins ressemblant au roi de *prusse et
au duc d' *yorck ,qui auraient l'air de marchander
avec lui la couronne de *france .je voudrais
que le prophète *isnard ,avant de grimper sur
le fatal théâtre,lorgnât avec une bonne
lunette d'approche,au beau milieu du pont de
la *révolution ,pour lui faire voir les deux
rives de la *seine ,et lui prouver que *paris
existe encore,et qu'il existera encore quelques
milliers de siècles,malgré les *gascons dont il
<Epg=6>nous a menacé.je voudrais que *guadet ,
*vergniaud , *gensonné , *grangeneuve , *fonfrède
et le petit *ducos ,que *marat appelait
le furet de la *gironde ,fussent couverts de
cordons bleus,caparaçonnés de robes rouges,
de simarres et de toutes les foutarades de l'ancien
régime,que ces coquins préféraient aux
couleurs de la liberté,et qu'ils se flattaient de
recevoir des mains de l'avorton du *temple .
s'ils avaient pu lui donner la clef des champs,
et transporter la *sainte ampoule à *bordeaux ,
pour graisser de la tête aux pieds cet embryon
maudit.jusqu'à ce que nous voyons défiler
cette mascarade,si le sapajou *gorsas n'y peut
figurer en réalité,il faudra du moins y voir
sa ressemblance,tenant sous le bras une
balle de coton,pour signifier la charge honorable
qui lui était réservée à la cour du roi
*louis-XVII .
§ il ne faudra pas oublier le muscadin *louvet ;
que le friand paraisse barbouillé des confitures
de la vieille *roland ,et chargé de boîtes
de dragées,de pistaches et de marrons glacés;
et toi,misérable barbouilleur à la toise,
grappillard *dulaure qui as si perfidement abandonné
les gros pendards de maman *lejay ,pour
aller flâner dans le boudoir de la reine *coco,
quel rôle joueras tu dans cette cérémonie?
pendards pour pendards,il fallait plutôt t'en
tenir à ceux qui faisaient doucement bouillir
ta marmite,que d'aller trancher du *girondin
et du *brissotin .qui trop embrasse,mal
étreint;et toi, *philippe d'*orléans ,quel
sera ton rôle?ton corps sera vêtu,d'un côté,
<Epg=7>d'une souguenille de *sans-culotte,et de l'autre,
d'un manteau royal;ton front bourgeonné
sera couvert de la moitié d'un bonnet rouge
et d'une demi couronne.
§ le reste ne vaut pas l'honneur d'être
nommé.cependant,foutre,je ne serai pas
fâché de voir fermer la marche par le prélat
*fauchet ,avec son habit d'ordonnance,accompagné
de *poignard *duperret ;ce dernier
baiserait tendrement l'effigie de *charlotte
*corday ,tandis que le saint évêque du *calvados
lui donnerait la bénédiction pour l'encourager
à faire perdre le goût du pain à
l'ami du peuple.
§ voilà,foutre,le supplément que je propose
à l'appareil du supplice de ces monstres
qui ont occasionné tous les malheurs de la
*france ,qui ont fait égorger plus de deux
millions d'hommes,et qui avaient juré la
mort de tous les patriotes.je ne m'attends
pas que l'on exécute ce que je propose,car
ces brigands ont encore de puissants amis;
on va feuilleter tout le grimoire de la chicane,
pour les empêcher de mettre la tête à
la fenêtre;mais j'espère que tous leurs défenseurs
tireront des coups d'épée dans l'eau.les
crimes de ces brigands sont trop avérés,pour
qu'on puisse les nier.si des scélérats qui ont
employé le vert et le sec pour sauver *capet ,
qui nous ont mis aux prises avec toute l' *europe ,
qui ont allumé la guerre de la *vendée ,
qui ont fait massacrer les patriotes à *lyon ,et
<Epg=8>à *marseille ,qui ont livré *toulon aux *anglais,
qui avaient vendu tous nos ports aux
étrangers,qui voulaient raser *paris ,ne sont
pas coupables,je dirai que tous les juges sont
leurs complices;mais non,foutre,les jurés
sont de bons *sans-culottes.ça ira,foutre.
<Sda=1793> <numero=295> <semaine=322> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande joie du *père *duchesne ,
en apprenant que le sapajou *gorsas ,grand
porte-coton de *louis-XVII ,est venu se brûler
à la chandelle,et qu'il a été arrêté
au *palais-*royal ,
en venant chercher ses chemises chez
sa blanchisseuse.sa grande colère de voir
qu'il existe encore bien des jean-foutres qui
veulent remplacer les *brissotins .ses bons avis
à la convention,pour qu'elle empêche les
commissaires qu'elle envoie dans les armées,
de brûler la chandelle par les deux bouts,en
menant un train de princes,et en godaillant
comme des chanoines.
<edito=1> § trop gratter cuit;toute vérité n'est pas
<Epg=2>bonne à dire;il ne faut pas jeter de l'huile
sur le feu;voilà de véritables propos de
*feuillants .moi,je crois au contraire qu'on
ne doit jamais cacher la vérité,et que le
moment est arrivé de tailler dans le vif.
pourquoi donc prendre des mitaines pour
parler à certains individus?celui qui s'effarouche
des reproches qu'on lui fait,est un
jean-foutre;car si c'est à tort qu'on l'accuse,
il lui est facile de répondre;si c'est avec raison,
il n'y a pas de mauvais coups sur une bête
puante.je déclare donc que je suis décidé à
casser les vitres,et à dauber tous les bougres
qui servent mal la république,ou qui conspirent
contre la liberté.généraux,magistrats,
législateurs,ne bronchez pas,foutre;
j'ai la verge à la main pour vous corriger;je
n'écoute plus rien;trop longtemps je me suis
laissé endormir par des poules mouillées qui
n'ont ni bouche ni éperon,et qui veulent
ménager la chèvre et le chou. <Sat=1>
"*père *duchesne ,me dit on,mets donc un peu d'eau
dans ton vin;un tel que tu dénonces comme
un grappillard,est pourtant un patriote;il
est vrai qu'autrefois il n'avait pas où reposer
la tête,et que depuis à peu près un an il a
<Epg=3>des châteaux,de riches ameublements,une
table de fermier général,des chevaux magnifiques,
des équipages superbes,un bon carrosse;
mais qu'est ce que cela te fait,*père
*duchesne ,s'il continue toujours de bien
servir la république?pourquoi veux tu mettre
ton doigt entre l'arbre et l'écorce?songe
donc que nous avons besoin de bougres qui
dans les moments périlleux nous donnent à
propos deux ou trois grands coups de gueule,
pour faire trembler les aristocrates.doit on
se fâcher si le dogue qui garde la maison,fait
disparaître quelque fois du garde-manger
l'aloyau ou le gigot,quand il a bien aboyé
au voleur?que t'importe,vieux chiqueur,
si celui qui peut être maintenant le soutien
de la *sans-culotterie ,a été le bras droit de
*dumouriez ,et nous a fait perdre la *belgique
et tous nos magasins,en défendant ce
traître,quand tous les patriotes,quand toutes
les sociétés populaires demandaient sa destitution?
pourquoi harcèles tu sans relâche
monsieur *barrère-de-*vieuzac ?il est vrai qu'il
a été tantôt *brissotin ,tantôt *girondin ;il est
vrai qu'il avait grande envie de faire raccourcir
tous les *sans-culottes,qui,le 31 mai,
<Epg=4>ont sauvé la république;mais à tous péchés
miséricorde.il en dit maintenant son mea
culpa ,et de si bon coeur!*père *duchesne ,
on prend plus de mouches avec de l'huile
qu'avec du vinaigre.songe donc,mon brave,
que les *sans-culottes ont besoin d'être unis
comme frères,et que nous devons tendre les
bras à ceux qui veulent se rallier à nous.
veux tu,en ne ménageant personne,que
tout le monde se jette la pierre?as tu la
force de résister à tous les ennemis que tu
vas te mettre sur le dos?" <Sat=0>
§ je ne sais,foutre,si la force me manque,
mais je me sens le courage de cribler
les intrigants et les fripons.qu'on me persécute,
qu'on m'accable,je m'en fous,et
s'il faut comme *marat ,me cacher dans
un souterrain,pour dénoncer les ennemis de
la république,je quitterai volontiers mes fourneaux,
ma boutique;je renoncerai même à
ma *jacqueline ,à tout ce que j'ai de plus cher,
pour m'ensevelir tout vivant,afin de dénoncer
et faire connaître de nouveaux *la-*fayette ,
de nouveaux *brissot ,qui veulent
s'emparer de l'autorité,disposer de toutes
les places,faire la guerre aux meilleurs citoyens.
<Epg=5>si,comme *marat ,je suis victime de
mon zèle,si une autre *corday me plonge le
poignard dans le sein;eh bien,foutre!je
serai trop heureux de verser mon sang pour la
république.qu'on ne se flatte donc plus de
m'amadouer.je vais broyer du noir et frapper
d'estoc et de taille sur tous ceux qui ne
font pas leur devoir et qui ne jouent pas beau
jeu bel argent.
§ personne ne respecte autant que moi la
convention.elle est notre unique refuge.je
pense qu'elle doit rester à son poste jusqu'à
ce que la patrie soit sauvée;mais pour remplir
sa tâche,il faut qu'elle soit respectée et
obéie.il ne faut pas surtout qu'elle se laisse
mener par des intrigants;elle est assez grande
pour marcher seule.trop longtemps elle a été
enchaînée par des scélérats.qu'elle apprenne
donc à se méfier des nouveaux *brissotins qui
veulent encore la mener à la lisière pour lui
faire faire des pas de clercs qu'elle n'accorde
sa confiance qu'à des hommes purs et désintéressés.
si elle veut tenir la bride haute
aux généraux et empêcher leurs trahisons;si
elle veut que les lois soient exécutées;si elle
désire donner le coup de grâce aux accapareurs,
une fois pour toutes,elle ne doit
donner sa confiance qu'à
de véritables *sans-culottes.
elle doit rompre en visière à ceux
qui s'enrichissent dans son sein;car il n'y a
pas de quoi faire florès avec dix-huit francs
par jour,et un député honnête homme doit
avoir peine à joindre les deux bouts dans le
<Epg=6>temps où nous sommes.ainsi donc ceux qui
achètent des maisons de campagne,qui ont
leurs caves remplies de fines liqueurs,qui
épousent des filles à deux cents,trois cents
et même six cents mille livres de dot doivent
lui paraître plus que suspects.ceux qui soupent
tous les soirs avec des muscadines,ne
sont pas non plus de francs républicains;car
dis moi qui tu hantes,je te dirai qui tu es.
il n'y a pas de venin qui s'inocule comme
l'aristocratie.les muscadines connaissent bien
tout le pouvoir;ce n'est pas pour leur
tournure et pour leurs perruques de *jacobins
que ces godelureaux inviolables donnent
dans l'oeil de ces péronnelles;mais les garces
savent faire argent de tout;en se livrant à
ces imbéciles,dont elles ne voudraient pas
pour leurs laquais,si la contre-révolution
arrivait,elles trouvent les moyens d'empêcher
leurs pères,leurs frères,leurs cousins et leurs
véritables amoureux de mettre la tête à la
fenêtre.
§ convention nationale,tu dois mettre fin à
ce scandale.celui qui n'a ni moeurs,ni probité,
n'est pas digne de siéger dans ton sein.
tu ne dois souffrir rien d'impur autour de toi.
celui qui n'est pas *sans-culotte dans toute
la force du terme,est indigne d'être législateur.
mère du peuple,jette tes regards sur nos
armées;examine la cause de tous les malheurs
que nous avons éprouvés pendant cette campagne,
tu n'en accuseras que les commissaires
que tu y avais envoyé.au lieu de godailler
<Epg=7>avec les généraux,s'ils avaient écouté les
dénonciations et les plaintes du soldat,ou
plutôt,s'ils ne s'étaient pas entendu avec les
traîtres, *dumouriez aurait eu la tête sous la
trappe; *custine n'aurait pas livré *mayence ,
*condé , *valenciennes ; *houchard n'aurait
pas fait massacrer notre armée et le duc
d' *yorck nous servirait d'otage;la guerre de
la *vendée serait terminée.mais,foutre,tant
que tu souffriras que les représentants du peuple
fassent une poussière de princes dans les
armées et les départements;qu'ils traînent
avec eux des muscadines;qu'ils fassent une
chaire de chanoine;qu'ils ordonnent de
sonner les cloches et tirer le canon dans tous
les lieux où ils passent,tu seras toujours
trompée.que doivent dire les citoyens en
voyant tout cet attirail?faut il donc,pour
annoncer la majesté du peuple,que le *sans-culotte,
son commis,tranche du grand seigneur,
et que lorsqu'un député traverse un
canton dans un carrosse à six chevaux et environné
de quarante ou cinquante cavaliers,
on se demande si c'est *condé ou d' *artois
qui sont rentrés en *france et qui recommencent
leurs fredaines.avec de pareils abus,on
ruine la république et on déshonore la convention,
foutre.
§ *sapajou *gorsas vient d'être arrêté,n'avais
je pas raison de dire dans mon dernier
numéro que le gibet ne perd jamais sa proie.
le jean-foutre est hors de la loi,celui qui l'a
arrêté était en droit de le sabrer,mais il a
<Epg=8>réfléchi sans doute que *samson avait une
vieille querelle à vider avec le porte-coton de
*louis-XVII .à tout seigneur,tout honneur.
j'espère que ça ne traînera pas,foutre.que
venait il faire,le cuistre,dans cette maudite
galère?...hélas!il venait chercher les
chemises à *gorsas .hé vite,pantin,joue à la
main chaude,foutre.
<Sda=1793> <numero=296> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
la grande colère du *père *duchesne ,
de voir que l'on cherche midi à quatorze heures
pour juger la tigresse d' *autriche ,et que l'on
demande des pièces pour la condamner,tandis
que,si on lui rendait justice,elle devrait
être hachée comme chair à pâté pour tout le
sang qu'elle a fait répandre.ses bons avis aux
*sans-culottes pour qu'ils soient unis comme
frères,attendu que les aristocrates,les royalistes,
les prêtres,les gros marchands,les
riches fermiers et les accapareurs se tiennent
tous par la main pour nous manigancer un
nouveau coup de chien.
<edito=1> § il n'y a pas de monstre plus affreux que
<Epg=2>celui qui trahit sa patrie.je ne connais pas
de supplice assez grand,pour punir un
renégat de la *sans-culotterie .qu'un ci-devant
noble,qu'un financier,qu'un robin,qu'un
prêtre nous tourne casaque,je ne m'en étonne
pas,mais qu'un jean-foutre comblé des bienfaits
du peuple,lui tourne le cul pour se
ranger du côté de ses ennemis,je me débaptise,
et moi-même je serai son bourreau!
j'aurais voulu,foutre,que la *france entière
eût assisté au supplice de l'infâme
*gorsas ,et que ce monstre eût entendu les
malédictions de tout le peuple qu'il a si lâchement
trahi.
§ comme je l'avais prévu,son procès n'a pas
été long.je sais bon gré aux braves *sans-culottes,
qui ont arrêté ce scélérat de n'avoir pas
souillé leurs mains de son sang impur,il faut
rendre à *césar ce qui appartient à *césar .il
était juste que le fonctionnaire *samson ,qui
avait une vieille querelle à déméler avec ce
jean-foutre,ne perdit pas son droit.quand
je disais que le bougre avait encore bien des
amis à *paris ,et qu'il comptait sur leur
puissance pour venir à la barbe
de la *sans-culotterie
former de nouveaux complots et
<Epg=3>tenter encore quelque coup de chien,je
n'avais pas tort.oui,foutre,nous sommes
environnés de traîtres et de scélérats qui
n'attendent que le signal pour égorger les
*sans-culottes.on a beau faire rafle tous les
jours des royalistes,des aristocrates les plus
connus,on tirera sa poudre aux moineaux,
si on n'en arrête pas cette fois davantage.si
nous ne profitons pas du bon vent,gare la
tempête,foutre;car,si nous avons le
dessous,nos ennemis ne marchanderont pas,
et ils iront plus vite en besogne.il ne leur
faut qu'un seul jour de triomphe pour que
les patriotes perdent le goût du pain dans
toute la république.
§ songeons,foutre,que les parents et les
amis des gredins que nous foutons à l'ombre,
vont remuer ciel et terre pour leur donner la
clef des champs;songeons que les gros marchands
qui ont accaparé toutes les denrées,
dans l'espérance de nous les vendre au poids
de l'or,sont maintenant au désespoir d'être
obligés de les céder au prix coûtant,et même
à perte.un marchand est une bête féroce qui
veut tout dévorer,tout engloutir;si sa proie
lui échappe,il devient enragé,et il aimerait
<Epg=4>mieux perdre femme et enfants,que de lâcher
de ses mains crochues l'or qu'il veut entasser.
songeons que les fermiers sont si vilains
comme lard jaune,qui aiment mieux enterrer
leurs grains,et brûler leurs gerbes,que de
garnir les marchés au prix ordonné par la
loi,vont faire feu des quatre pieds,et qu'ils
vont employer le vert et le sec pour nous
affamer;songeons qu'il existe des milliers de
scélérats soudoyés par les brigands couronnés
pour tromper les *sans-culottes,pour les
égarer,pour les mettre à chien et à chat;
songeons surtout à cette clique infernale,
qui attise le feu,qui veut profiter de tout
les désordres pour s'enrichir et s'emparer de
l'autorité.au milieu de tant d'ennemis,nous
sommes foutus,si nous ne sommes pas amis
comme des frères;si nous ne veillons pas nuit
et jour,si nous ne nous entendons pas.
§ *sapajou *gorsas avait sans doute calculé
tous les dangers qui nous menacent,quand
il est venu,comme un étourneau,se prendre
à la glue;quand il n'avait qu'un pas à faire
pour entrer dans la *vendée ,il y a gros qu'il
y serait allé chercher son brevet de porte-coton
de *louis-XVII ,plutôt que de venir
<Epg=5>blanchir ses chemises à *paris .je parierais
foutre,que le vieux *roland ,que *petion ,
*barbaroux et le roi *buzot ,que nous croyons
aux *antipodes ,sont cachés dans les environs
de *paris ,et peut-être à *paris même.ce sont
eux encore qui distribuent dans quelque souterrain
à assiéger la porte des boulangers,
quoiqu'il soit prouvé que les farines ne manquent
pas,puisque depuis trois mois que ce
bacanal dure,tout le monde mange comme
par le passé;mais tricherie revient toujours
à son maître;j'espère que nous pêcherons
tous les fripons en détail,et qu'aucun d'eux
n'échappera au sort qu'il a mérité.
§ *sans-culottes de tous les départements,
qui avez été un moment égarés par les calomnies
de nos ennemis,qui buviez à longs
traits dans une coupe dont les bords étaient
frottés de miel,qui avez été assez imbéciles
pour regarder les *brissotins et les *girondins
comme vos amis,comme de véritables républicains,
apprenez que ce *gorsas qui ne cessait
de parler de l'indivisibilité de la république,
pour mieux vous foutre dedans,en
vous dorant ainsi la pilule s'est lui-même
<Epg=6>démasqué quand il a vu sa tête de singe sous
la trappe.
<Sat=1>"courage,camarade,a t il dit à
un calotin qui allait être raccourci pour avoir
prêché la royauté,
courage, vous mourez pour la bonne cause."
<Sat=0>il est donc prouvé,
comme deux et deux font quatre, que *gorsas
et sa séquelle regarde la royauté comme la
bonne cause,qu'ils se foutaient du peuple,
en lui parlant de république;ces paroles sont
précieuses,et j'espère,foutre,qu'on ne les
oubliera pas;les scélérats,malgré eux,laissent
toujours passer un petit bout d'oreille.
§ le bougre,aussitôt qu'on lui a lu le décret
de la convention qui le met hors la loi,a
cependant osé soutenir qu'il était innocent;
il voulait encore jaboter avant de grimper
dans le vis-à-vis de maître *samson ;mais les
*sans-culottes,au lieu de l'écouter,l'ont
régalé de cette musique:
<Sat=1>"donnez nous les oreilles à *gorsas ,
donnez nous ses oreilles." <Sat=0>
§ d'autres,faisant chorus sur le même ton,
s'écriaient,en s'adressant à son dernier
valet de chambre:
<Sat=1>"voyons donc la chemise à *gorsas ,
voyons donc sa chemise."<Epg=7>
<Sat=0> § et l'air retentissait de tous côtés
de ce refrain..
<Sat=1> "voyons sauter la tête à *gorsas ,
voyons sauter sa tête."
<Sat=0> § voilà,foutre,le requiem qu'il a entendu
chanter à ses oreilles tout le long du voyage.
il est vrai que le bougre,qui faisait tant le
fanfaron,s'était empafé de trois ou quatre
bouteilles de vin pour s'étourdir;mais quand
il en aurait eu une barrique dans le ventre,il
y avait de quoi le dégriser d'entendre les
cris du peuple qui le maudissait.
§ vils intrigants,qui trompez le peuple,
lâches,qui le trahissez,frémissez à ce spectacle,
le même sort vous attend.scélérat
*brissot ,coquin de *fauchet ,traître *vergniaud ,
perfide *guadet ,cafard *gensonné ,vous
n'avez que le temps de dire votre in manus ,
nous allons tous vous voir passer à la queue le
loup ,pour essayer à chacun votre tour le
fatal collier;et toi monstre femelle,tigresse
d' *autriche ,monstre que l'enfer a vomi sur
la terre,et que cinq cents millions de diables
vont emporter,tu vas expier tous tes forfaits;
mais c'est un supplice trop doux que
celui que tu vas subir,si tu étais punie par
tous les bouts où tu as péché,si on te faisait
endurer autant de souffrances que tu as fait immoler
de victimes,il faudrait te mettre aussi
menue que chair à pâté;tu ne l'échapperas
pas,foutre,malgré les traîtres qui veulent te
sauver,qui sont assez jean-foutres pour
<Epg=8>demander des pièces pour te juger,comme si
tes crimes n'étaient pas prouvés,comme si
tous les instants de ta vie n'étaient pas marqués
par des brigandages et des assassinats.vous
qui avez été égorgés au *champs-de-*mars ,à
*nancy ,morts du 10 août,sortez de vos tombeaux
pour guérir de la berlue ceux que l'or
et les assignats aveuglent,foutre.
<Sda=1793> <numero=297> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande colère du *père *duchesne ,
contre les infâmes soldats du roi *georges *dandin ,
qui,après avoir pris *toulon par
trahison,ont fait pendre les représentants du
peuple,pillé les maisons,égorgé les femmes
et les enfants.ses bons avis aux
braves *sans-culottes,
pour qu'ils soient amis comme des frères,
afin d'exterminer tous les chiens enragés
que *pitt a lâché pour ravager la *france ,
et nous réduire à l'esclavage.
<edito=1> § ceux qui disent que le père éternel a fait
<Epg=2>l'homme à son image et ressemblance,lui
font un foutu compliment,car il n'y a pas
dans le monde d'animal plus méchant que
celui qui marche à deux pieds.il se vante
d'être le chef d'oeuvre de la nature,et il est
pétri de défauts et de vices.il a des mains
fort adroites,et il ne s'en sert que pour
nuire à ses semblables.il tire les métaux du
sein de la terre;il leur donne la forme qu'il
lui plait,il en fait des armes pour tuer,
massacrer tout ce qui l'entoure.il a l'orgueil
de croire que le monceau de boue qui le
compose est animé par un autre esprit que
les autres monceaux de boue qui pensent
mieux que lui,puisqu'ils se conduisent
mieux.
<Sat=1> § "te voilà dans ton humeur noire,vieux
radoteur;ne va t il pas te prendre fantaisie
de marcher à quatre pattes,et de manger de
l'herbe,pour faire croire que tu es plus sage
que les autres hommes?il convient bien à un
sac à vin tel que toi de faire des raisonnements
à perte de vue et de parler de choses que tu
ne comprends pas.tu oses nous comparer
avec les brutes.à t'en croire,l'instinct des
animaux vaut mieux que notre âme.vois
<Epg=3>donc les merveilles que la tête de l'homme a
enfantée;vois les chefs d'oeuvre qui sortent
de ses mains."
<Sat=0> § je réponds au bougre d'endormeur,qui
monte sur ses grands chevaux,pour combattre
mon raisonnement,qu'il n'est rien de
si facile que de prouver la vérité de ce que
j'avance.oui,foutre,il n'y a pas d'animal
dans le monde qui n'ait plus d'intelligence
que l'homme,puisque tous trouvent moyen
d'exister et d'être heureux sans avoir besoin
des autres.les petits oiseaux ont encore la
coquille sur la queue,qu'ils trottinent dans
les champs;presqu'aussitôt que leur bec peut
s'ouvrir,ils mangent seuls,tandis qu'il faut
pendant deux ou trois ans torcher,empâter,
avec de la bouillie,le monstre orgueilleux
qui s'appelle homme,qui prétend être le roi
de tous les êtres vivants,et qui l'est en effet,
puisqu'il les mange.il faut le mener presqu'autant
de temps à la lisière,avant qu'il
puisse marcher,et il est obligé de ramper
pendant plusieurs mois et de porter des bourrelets
pour ne pas se casser le col,quand il
essaye de se jucher sur ses deux pieds.jusqu'alors,
il n'a fait que souffrir et crier,cependant,
<Epg=4>c'est encore le temps le plus heureux
de sa vie,car quand il commence à parler,
il devient esclave;au lieu de jouer et de
gambader,comme il le désire,il est obligé
d'être enfermé dans une école,entouré de
férules,de verges,de martinets.il ne rit
qu'à la sourdine;il a toujours sur les épaules,
un cuistre maudit,qui le fait bailler sur un
grimoire latin.s'il parle,on le fait taire;s'il
rit,on le fait pleurer;s'il pleure,on veut
qu'il rie;s'il veut se servir de sa main gauche,
on lui rappelle la civilité puérile et honnête.
quand il a enduré ce supplice pendant dix à
douze ans,il lui reste bien d'autres chats
à tondre;c'est alors qu'il va manger de la
vache enragée.demande t il un métier,on
lui en donne un autre;a t il du goût pour
être soldat,il faut qu'il soit calotin.pour se
consoler de toutes les misères qu'il a endurées,
la vue d'une jeune fille te fait palpiter
son coeur;il la cherche,elle lui répond de la
prunelle,tous deux se serrent la main,s'embrassent
innocemment;ils s'aiment;ils semblent
faits l'un pour l'autre;ils croient être
unis;mais un père avare,une mère acariâtre
mettent leur veto à leur bonheur$:l'amoureuse
<Epg=5>n'est pas assez riche,ou le garçon n'est
pas d'un état assez brillant.bref,voilà nos
deux aimables enfants séparés pour la vie;le
jeune homme est obligé d' épouser une vieille
sempiternelle,qui serait sa grand-mère;la
fille un vieux pingre qu'elle abhorre et qu'elle
enrôle dans la grande confrérie,pour s'en
venger.les femmes ont du moins,cette
consolation.
§ voilà,foutre,trait pour trait,le tableau
de la vie humaine:l'enfance se passe dans les
larmes;la jeunesse,dans le désir;l'âge viril,
dans le travail et la peine,et la vieillesse,dans
les infirmités.la mort termine tout,et un
homme mort ne vaut pas un chien vivant,foutre.
on me répond que l'homme a des plaisirs
et des jouissances en proportion de ses maux.
les animaux seront condamnés à brouter
l'herbe,tandis que nous savourons les mets les
plus exquis;oui,foutre,mais pour rassasier
notre appétit dévorant,il faut faire la guerre à
toute la nature;il faut étouffer la colombe pour
dévorer sa chair;il faut égorger l'agneau
pour manger ses entrailles.nous avons de
beaux palais où règne l'abondance,mais à
côté de la cabane du pauvre,où la plus affreuse
<Epg=6>misère existe.nous construisons des vaisseaux,
mais c'est pour aller chercher l'or et
l'argent au fond des *indes ,et avec ces trésors
on nous amène la corruption.nous lisons
aux astres pour prédire des éclipses,la pluie
et le beau temps,mais nous ne voyons pas
sur la terre,le précipice où nous nous jetons
à chaque pas.nous avons inventé l'écriture
et l'imprimerie,en sommes nous plus instruits,
en valons nous mieux?le grand livre
de la nature est ouvert,c'est là celui qu'il
faudrait consulter,il nous éclairerait davantage
que toutes les rêveries des marchands
d'esprit.
§ vous qui voulez être républicains,foutre,
voyez une fourmillière amasser pendant l'été
la provision de l'hiver.insectes qui rampez
sur cette prairie de la terre nommé *france ,
prenez exemple sur ces insectes beaucoup
plus sages que vous.cette famille est encore
plus nombreuse que la votre,et elle trouve
le moyen de vivre en paix,et de s'approvisionner.
il n'y a pas là de paresseux ni
d'ambitieux;chacun travaille pour la communauté;
l'une apporte autant que l'autre,l'une
ne veut pas plus manger que l'autre;voilà
<Epg=7>pourquoi elles vivent en paix.point de
bonheur sans le travail et l'égalité.si les
bougres qui nous gouvernent,au lieu de
vouloir tout dévorer comme des aigles et des
vautours,n'étaient que des fourmis laborieuses
comme les autres,la république serait
bientôt heureuse et triomphante;mais chacun
veut tirer de son côté,tout le monde
veut faire la loi,personne ne veut obéir.
nous sommes à chien et à chat,tandis que
nous devrions être unis comme des frères.
tonnerre de dieu,quand nous sommes en
guerre avec tous les tyrans de l' *europe ,nous
pouvons nous chamailler.réfléchissons donc
que les *anglais attisent le feu de la guerre
civile,pour nous asservir plus facilement;
ce sont eux qui ont lâché les chiens enragés
qui ravagent la *vendée ,ce sont eux qui,à
force d'or,se sont fait ouvrir les portes de
*condé et de *valenciennes ,qui ont graissé
la patte de *custine et d' *houchard ,pour engager
ces deux scélérats à livrer les armées
qu'ils commandaient.jugeons,foutre,du
sort qu'ils nous préparent,s'ils pouvaient arriver
jusqu'à nous,jetons un coup d'oeil sur
*toulon ,et disons nous:autant nous en pend
à l'oreille,si nous n'exterminons pas les brigands
qui nous font une guerre plus atroce
que des sauvages.les *toulonnais qui les
avaient appelé à leurs secours,savent ce
que l'aulne en vaut.les riches ont été dépouillés,
leurs magasins pillés,les *sans-culottes
massacrés et embarqués sur des
<Epg=8>vaisseaux sans fond;deux représentants du
peuple ont été immolés par ces monstres,le
rebut des nations.vengeons l'honneur de la
*france ;vengeons l'humanité;rallions nous
tous pour anéantir des brigands qui,depuis
plus de quatre cents ans,ne cessent de nous
outrager,de nous voler;il n'y a pas de
milieu,foutre;il faut que,dans cette
guerre,la *france ou l' *angleterre périsse.
<Sda=1793> <numero=298> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande joie du *père *duchesne ,
au sujet du raccourcissement de la louve
autrichienne,convaincue d'avoir ruiné la
*france ,et d'avoir voulu faire égorger le
peuple,pour le remercier de tout le bien qu'il
lui avait fait.ses bons avis aux braves
*sans-culottes,d'être sur pieds pour donner
la chasse aux muscadins déguisés et aux
fausses poissardes,qui se disposent à crier
grâce,quand la guenon paraîtra dans le
vis-à-vis de maître *samson .
<edito=1> § il n'y a plus à reculer,foutre,il faut que
<Epg=2>l'infâme autrichienne reçoive le prix de ses
forfaits.tonnerre de dieu n'ai je pas entendu
des endormeurs douter s'il existait des preuves
suffisantes pour la condamner.quels sont donc
les jean-foutres qui ne veulent pas voir clair
en plein midi?quoi,cette garce infâme,
qui a ruiné la *france ;qui,chaque jour de
son abominable vie,a fait des milliers de
malheureux;qui,après avoir été l'idole du
pauvre peuple,qu'elle avait embadaudé,lui
a fait endurer autant de maux,qu'elle en avait
reçu de bienfaits,et ne lui a laissé que les
yeux pour pleurer.quoi,ce monstre,qui
était plus altéré du sang français que je ne
trouve de plaisir à me foutre sur la conscience
du vieux *bourgogne ou du chenu *bordeaux ,
qui avait juré la perte de la *france ;qui a fait
passer tout notre numéraire à nos ennemis;
qui voulait rôtir tous vivants,les pauvres
*parisiens dans leurs nids de cocus;qui a fait
massacrer,à *nancy ,les premiers soldats de
la liberté;qui donna l'ordre à l'infâme *bailly ,
et au traître *la-*fayette ,d'égorger,sur l'autel
de la patrie,des vieillards,des femmes et
des enfants sans armes,sans défense;qui
arma de poignards tous les muscadins de la
<Epg=3>cour,pour faire,dans *paris ,une nouvelle
*saint-*barthélemy ;qui,le 10 août,avait
rassemblé,dans la bougre de ménagerie des
*tuileries ,tous les bandits de l'ancien régime,
pour nous faire à tous perdre le goût du pain;
qui,d'accord avec *brissot et l'infâme clique
de la *gironde ,nous a fait déclarer la guerre
à tous les brigands couronnés,quand nos
finances étaient épuisées et que toutes nos
richesses avaient servies à armer nos ennemis;
quand nous n'avions ni armées,ni fusils,
ni canons;quand toutes nos villes de guerre
étaient sans garnisons,et toutes nos fortifications
délabrées.si une pareille scélérate n'a
pas mérité la mort,il n'y a plus de justice sur
la terre.
§ je suppose,foutre,qu'elle ne fût pas
coupable de tous ces crimes,n'a t elle pas
été reine?ce crime là suffit pour la faire
raccourcir;car,foutre,qu'est ce qu'un roi
ou une reine?n'est ce pas ce qu'il y a dans
le monde de plus impur et de plus scélérat?
régner,n'est ce pas être le plus mortel
ennemi de l'humanité?les contre-révolutionnaires
que nous étouffons comme des
chiens enragés,ne sont nos ennemis que de
<Epg=4>bricole;mais les rois et leur race sont nés
pour nous nuire;en naissant,ils sont destinés
au crime,comme telle plante,à nous empoisonner.
il est aussi naturel aux empereurs,
aux rois,aux princes et à tous les despotes
d'opprimer les hommes,de les dévorer,
qu'aux tigres et aux ours de déchirer la proie
qui tombe sous leurs griffes;ils regardent
le peuple comme un vil bétail dont le sang
et les sueurs leur appartiennent,ils ne font
pas plus de cas de ceux qu'ils appellent leurs
sujets,que des insectes sur lesquels nous
marchons,et que nous écrasons,sans nous
en apercevoir.ils jouent aux hommes comme
nous jouons aux quilles,et quand un monstre
couronné est las de la chasse,il déclare une
guerre sanglante à un autre brigand de son
acabit,sans sujet,et souvent contre ses véritables
intérêts,mais pour avoir un nouveau
passe-temps pour se désennuyer;il entend
de sang-froid la perte d'une bataille,il regarde
d'un oeil sec les monceaux de cadavres qui
viennent de périr pour lui,et il en est moins
affecté que moi,foutre,quand je perds une
partie de piquet,et qu'un de mes compères
m'a fait pic,repic et capot.c'est un devoir à
<Epg=5>tout homme libre de tuer un roi,ou ceux
qui sont destinés à être rois,ou qui ont partagé
les crimes des rois.une autorité qui est
assez puissante pour détrôner un roi,commet
un crime contre l'humanité,si elle ne profite pas
du moment pour l'exterminer,lui et sa bougre
de race.que dirait on d'un benêt qui,en
labourant son champ,viendrait à découvrir une
nichée de serpent,s'il se contentait d'écraser la
tête du père et qu'il fût assez poule mouillée
pour avoir compassion du reste;s'il disait,
en lui-même,c'est dommage de tuer une
pauvre mère au milieu de ses enfants,tout ce
qui est petit est si gentil;emportons ce joli
nid à la maison,pour divertir mes petits
marmots?ne commettrait il pas,par bêtise,
un très grand crime;car,foutre,les monstres
qu'il aurait réchauffés,et auxquels il aurait
ainsi conservé la vie,ne manqueraient pas,
pour le récompenser,de darder,lui,sa
ménagère et sa petite marmaille qui périraient
victimes de sa pitié mal entendue?point de
grâce;autant qu'il nous tombera sous la main
d'empereurs,de rois,de reines,d'impératrices,
délivrons en la terre.mieux vaut tuer
le diable que le diable nous tue,comme je
<Epg=6>l'ai dit cent fois.jamais nous ne ferons autant
de mal à ces monstres qu'ils ne nous en ont fait,
et qu'ils nous en veulent faire.
§ j'espère qu'aujourdhui,foutre,le tribunal
révolutionnaire va faire jouer l'archi-tigresse
d' *autriche à la main chaude.il y a longtemps
que nous aurions dû voir sa bougre de tête à
la lunette.mieux vaut tard que jamais.il
fallait la voir,hier,quand on lui a mis devant
sa face ridée,le miroir de vérité.cependant
autant qu'elle a pu elle a fait contre fortune
bon coeur;mais,foutre,quand elle a été
convaincue d'avoir recueilli le premier fruit
de la vigne qu'elle avait plantée,et d'avoir
fait,avec le petit avorton du *temple ,comme
le paillard *lot avec ses filles,alors la garce a
perdu la carte.
§ vous,plats jean-foutres,qui combattez
pour *dieu et le roi,voyez donc qu'elle est la
cause que vous défendez:vous ravagez votre
<Epg=7>patrie,vous immolez vos frères,eh pourquoi?
pour une vieille putain,qui n'a ni foi
ni loi,qui a fait périr plus d'un million
d'hommes;vous êtes les champions du
meurtre,du brigandage,de l'adultère,de
l'inceste,et vous osez dire que vous combattez
pour *dieu :s'il existait un *dieu qui
put approuver vos crimes,et qui put vous
faire triompher,j'aimerai mieux être crapaud
qu'un pareil *dieu ,car il n'y aurait pas dans
le monde de monstre plus méprisable,plus
odieux.
§ braves *sans-culottes,
vous allez voir aujourdhui
sauter la tête de l'abominable furie
qui voulait vous accabler de fers,soyez tous
sur pied pour tenir la bride haute aux fausses
poissardes et aux muscadins déguisés en charbonniers,
qui s'apprêtent à crier grâce quand
elle va paraître dans le vis-à-vis de maître
*samson ;ne l'abandonnez pas,foutre,jusqu'à
ce que sa tête soit roulée dans le sac,et que
<Epg=8>d'un bout de l'autre de *paris on entende crier
vive la république,foutre.
<mois=04>
<Sda=1793> <numero=299> <quinzaine=41> <semaine=411><edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la plus grande de toutes les joies
du *père *duchesne ,
après avoir vu de ses propres yeux,la tête
de veto femelle séparée de son foutu col de
grue.grand détail sur l'interrogatoire et le
jugement de la louve autrichienne,et sa
grande colère contre les deux avocats du
diable,qui ont osé plaider la cause de cette
guenon.
<edito=1> § du temps des badauds,qui n'est pas
<Epg=2>éloigné,foutre,quand l'animal féroce,
appelé roi,sortait de la ménagerie de *versailles ,
soit pour venir brûler un grand cierge
devant la chasse de la patronne de *paris ,à
laquelle il ne croyait pas plus qu'à *jean de *verd ,
et pour faire frime de la remercier au
sujet de la naissance d'un avorton, dont
il n'était que le père postiche ; ou qu'après
une guerre sanglante et entreprise pour les
menus plaisirs de ses putains et les caprices
de ses maquereaux, il venait enfin annoncer la
paix,quand le pauvre peuple n'avait plus que
les yeux pour pleurer;alors,foutre,toute
la canaille à talons rouges,avait grand soin
de faire crier sur son passage, vive le roi,
vive la reine,vive monseigneur le dauphin .
"voyez,sire,lui disaient ces jean-foutres,
comme votre peuple est heureux;comme il vous aime".
l'ogre royal les croyait sur
parole,et le soir il rentrait dans son nid de
cocu,tout joyeux non pas des bénédictions
qu'il croyait avoir reçues,mais enchanté de
voir les *sans-culottes si bien disposés,et
aussitôt dans son conseil il ordonnait la levée
d'un nouvel impôt et il se félicitait de
plumer ainsi la poule sans la faire crier.
<Epg=3>les *pompadour ,les *dubari ,les *antoinette ,
quand les badauds avaient fait chorus
,s'étaient égosillés pour témoigner leur joie
au monstre biscornu,au nom duquel elles
régnaient,se félicitaient d'avoir fait chanter
les grenouilles (c'est ainsi qu'elles appelaient
les *sans-culottes);mais,foutre,quand la
misère était à son comble,quand le peuple
écrasé,gémissait et murmurait tout bas;
en un mot,quand les grenouilles se taisaient
malgré les gros sols et les cervelas qu'on leur
jetait comme à des chiens affamés pour les
empêcher d'aboyer;alors,foutre,les rois
et leur clique étaient dans leurs petits souliers.
jamais le peuple n'est aussi grand,aussi
terrible que lorsqu'il est calme dans sa colère.
§ j'aurais désiré,foutre,que tous les brigands
couronnés eussent vu à travers la chatière,
l'interrogatoire et le jugement de la tigresse
d' *autriche .quelle leçon pour eux,foutre!
comme ils auraient frémi en contemplant
deux ou trois cents mille *sans-culottes,environnant
le palais et attendant,en silence,
le moment où l'arrêt fatal allait être prononcé!
comme ils auraient été petits,ces
prétendus souverains,devant la majesté du
<Epg=4>peuple!qu'auraient ils pensé en se voyant
ainsi soumis devant la loi,eux qui ne peuvent
être obéis que par la terreur.non,foutre,
non,jamais on ne vit un pareil spectacle.
tendres mères,dont les enfants sont morts
pour la république;vous,épouses chéries
des braves bougres qui combattent en ce moment
sur les frontières,vous avez un moment
étouffé vos soupirs,et suspendu vos larmes,
quand vous avez vu paraître devant ses juges
la garce infâme qui a causé tous vos chagrins;
et vous,vieillards,qui avez langui sous le
despotisme,vous avez rajeuni de vingt ans
en assistant à cette terrible scène.
"nous avons assez vécu,vous disiez vous,puisque
nous avons vu le dernier jour de nos tyrans".
§ les jours se suivent,dit on,et ne se
ressemblent pas.quelle différence de ces
moments de vengeance à ces temps de badauderie,
où tous les *français n'avaient point
assez d'yeux pour admirer leur dauphine,assez
de voix pour chanter ses louanges;elle ne
pouvait faire un pas,sans être suivie d'une
foule immense qui faisait retentir l'air de
cris de joie;paraissait elle au spectacle,on
oubliait musique,danse,tout enfin pour
<Epg=5>l'applaudir,et ne s'occuper que d'elle.le
pauvre *sans-culotte qui suait sang et eau
d'un soleil à l'autre,pour payer toutes les
mangeries,ne songeait plus à la taille,à la
corvée,à la gabelle,à la chasse,aux procureurs,
aux avocats et à toutes les vermines
qui le rongeaient tout vivant,quand il voyait
ce monstre,qu'il regardait comme une divinité,
traverser le champ arrosé de ses larmes.
qui l'aurait jamais dit,foutre,que l'objet
de tant d'amour ferait une si mauvaise fin!
mais tous chiens chassent de race.il est
aussi naturel aux rois et à leur bougre de
progéniture de manger les hommes,qu'aux
loups de manger les agneaux.
§ pour prix de tous les bienfaits qu'ils ont
prodigué à cette furie,les *français ont été
réduits par elle à deux doigts de leur perte.
depuis qu'elle a régné, elle n'a rêvé que
meurtre et carnage. plus d'un million d'hommes
ont été ses victimes,et les crimes qu'elle a
commis, ne sont encore que de l'eau de rose
en comparaison de ceux qu'elle méditait. il
n'y avait pas d'assez grand supplice pour les
expier, et c'est avec raison que ses juges, en
prononçant son arrêt de mort, lui ont rappelé
<Epg=6>les bienfaits de la loi,puisqu'on n'avait pas
imaginé un supplice nouveau pour venger la
*france et l'humanité.malgré toi,coquine,
tu as dû sentir le prix de l'égalité,puisque
ton châtiment a été aussi doux que celui des
autres coupables.
§ se peut il,foutre,qu'il se soit trouvé un
bougre assez hardi pour oser la défendre?
cependant deux braillards de palais ont eu
cette audace.l'un deux a poussé l'effronterie
jusqu'à dire que la nation
lui avait trop d'obligations
pour la punir,et de soutenir que
sans elle,sans les crimes qu'on lui reproche,
nous ne serions pas libres.je ne conçois pas,
foutre,comment on peut souffrir que des
cuistres de *bazoche ,par l'appât de la dépouille
des scélérats,pour une boîte d'or,une
montre,des diamants trahissent leur conscience,
et cherchent à jeter de la poudre
aux yeux des jurés.n'ai je pas vu ces deux
avocats du diable non seulement se démener
comme des diables dans un bénitier,pour
prouver l'innocence de la guenon dont ils
plaidaient la cause,mais encore oser pleurer
la mort du traître *capet ,et crier aux juges
que c'était assez d'avoir puni le gros cocu,
<Epg=7>qu'il fallait au moins faire grâce à sa salope.
faire grâce à une scélérate couverte du sang
des *français,laisser vivre un monstre pareil!
est ce donc pour qu'elle immole de nouvelles
victimes?mais j'ai eu une joie que je ne
saurais rendre,quand j'ai appris que ces deux
jean-foutres avaient été arrêtés par ordre du
comité de sûreté générale de la convention.
j'espère qu'au moins jusqu'à la paix on les
laissera siffler .
§ vous tous,qui avez été opprimés par nos
anciens tyrans;vous qui pleurez un père,un
fils,un mari mort pour la république,consolez
vous,vous êtes vengés.j'ai vu tomber
dans le sac la tête de veto femelle.je voudrais,
foutre,pouvoir vous exprimer la satisfaction
des *sans-culottes,quand l'archi-tigresse a
traversé *paris dans la voiture à trente six
portières.ses beaux chevaux blancs,si bien
panachés,si bien enharnachés,ne la conduisaient
pas,mais deux rossinantes étaient
attelées au vis-à-vis de maître *samson ,et
elles paraissaient si satisfaites de contribuer à
la délivrance de la république,qu'elles semblaient
avoir envie de galoper pour arriver
plus tôt au lieu fatal.la garce,au surplus,a
été audacieuse et insolente,jusqu'au bout.
cependant les jambes lui ont manqué au
moment de faire la bascule,pour jouer à la
main chaude dans la crainte,sans doute,
de trouver,après sa mort,un supplice plus
terrible que celui qu'elle allait subir.sa tête
<Epg=8>maudite fut enfin séparée de son col de grue,
et l'air retentissait des cris de vive la république,
foutre.
<Sda=1793> <numero=300> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande colère du *père *duchesne ,
contre les marchands,les fermiers,les accapareurs
qui se foutent des décrets de la convention,
et qui continuent,comme de plus
belle,de manigancer la contre-révolution.
sa grande motion pour que l'armée révolutionnaire
se mette promptement en marche,
pour en abattre comme des quilles.
<edito=1> § chacun plaide pour son saint.voilà le
mot de tous les égoïstes;mais,dans une
<Epg=2>république,foutre,le grand saint,la première
idole,c'est la liberté.celui qui ne se
sent pas le courage de lui sacrifier fortune,
amis,parents,tout ce qu'il a de plus cher,
doit plier bagage,et aller vivre avec les animaux
stupides,que les rois appellent leurs
sujets.des hommes libres ne connaissent ni
le tien ,ni le mien ,tout ce qu'ils possèdent
appartient à la patrie,et leur premier désir est
de mourir pour elle.
§ ça me scie le dos,foutre,d'entendre un
tas de bougres,qui ne sont ni chair,ni
poisson;qui ne valent ni à rôtir,ni à bouillir,
dire insolemment$: je suis républicain ,tandis
qu'ils prennent la chèvre par la barbe,et
qu'ils marchent,vers la liberté,comme les
écrevisses.n'y a t il pas de quoi manger son
sang,de voir les riches resserrer plus que
jamais,les cordons de leur bourse et faire
du pis qu'ils peuvent pour ramener l'ancien
régime.je me débaptise,quand je songe aux
marchands,négociants,trafiquants qui se
réjouissent de la misère publique,et qui tous
les matins demandent,dans leurs prières,la
contre-révolution comme leur pain quotidien.
je brise ma pipe et mes fourneaux,quand on
<Epg=3>me parle de ces fermiers qui accaparent les
subsistances;qui enterrent leur bled;qui
brûlent les gerbes,plutôt que de vendre aux
prix que leur ordonne la loi.tonnerre de
*dieu ,il faut en finir une fois pour toutes,
tremblez,ennemis du peuple,de le pousser
à bout$:si une fois la moutarde nous monte
au nez,vous aurez bientôt cessé de vivre.
§ un brave montagnard vient,sur ce chapitre,
de m'écrire de la bonne encre,et de me
donner des avis dont je profiterai:
<Sat=1> *lejeune ,représentant du peuple dans les
départements de l' *aisne et circonvoisins,au
*père *duchesne .
§ "depuis quinze jours,nous sommes, *roux
et moi,en mission dans le département de
l' *aisne ,nous avons remarqué combien l'esprit
public est peu à la hauteur des circonstances.
l'intrigue paraît y dominer;le cultivateur,
qui ne connaît que son intérêt,satisfait
avec lenteur aux réquisitions;cependant
nous prenons des mesures rigoureuses
et nous espérons surmonter les difficultés
que l'aristocratie et l'intrigue nous opposent.
crie dans tes feuilles,brave marchand de fourneaux,
<Epg=4>contre les administrations que nous
allons refondre et contre les cultivateurs que
la cupidité aveugle,et qui oublient les avantages
qu'ils retirent de la révolution.nous
viendrons à bout de ces hommes là à l'aide
de l'armée révolutionnaire et des arrestations
qui nous restent encore à faire dans ce
département.continue à démasquer les intrigants,
poursuis les coquins et remplis les
*sans-culottes du feu brûlant de la liberté".
salut et fraternité.
signé, *lejeune ,représentant du peuple.
<Sat=0> § oui foutre,je ferai main basse sur les fripons
et les traîtres.je n'ai pas besoin qu'on
me mette le feu sous le ventre pour m'engager
à remplir cette tâche.je te remercie,
brave montagnard,de me montrer de nouveaux
monstres à combattre.je les poursuivrai
jusqu'en enfer,et je ne leur donnerai
point de relâche qu'ils ne soient exterminés.
oui,je ne vous quitterai pas plus que notre
ombre,vous qui vous engraissez au dépend
du peuple$:vous,qui accaparez nos subsistances;
vous,qui avez deux visages,et qui
faites contre fortune bon coeur,qui tendez
<Epg=5>la main aux *sans-culottes en signe d'amitié,
et qui,dans le fond du coeur,désirez les voir
à cinq cents mille diables;vous,qui voulez
vous emparer de l'autorité,et qui vous
servez de la patte du chat pour tirer les
marrons du feu;vous,qui,encore encrassés
de la bourbe du marais,où vous avez barboté,
osez paraître sur la cime de la montagne;
vous,qui portiez la besace avant la
révolution,et qui nagez maintenant dans l'or;
vous,qui avez été les avocats de *dumouriez
et qui avez partagé avec lui les dépouilles de
la *belgique .point de quartier pour les voleurs,
les intrigants et les ambitieux.j'y périrai,
foutre,ou les projets des traîtres s'en iront
en eau de boudin.
§ c'est vous surtout que je dauberai,riches
fermiers,pour qui la révolution a tout fait,
et qui ne voulez rien faire pour elle.si
on vous eut dit,il y a dix ans,que la taille,
la corvée,la chasse,la pêche seraient détruites,
que vous deviendriez les égaux de ces
hobereaux qui vous faisaient pourrir dans des
cachots,et vous envoyaient aux galères,et
quelque fois pendre,pour avoir foutu du plomb
dans l'aile des pigeons qui détruisaient vos
moissons,ou tué le lièvre qui mangeait vos
choux,si on vous avait prédit alors que toutes
les vermines de la chicane seraient écrasées,
que les robes rouges des parlements seraient
pendues au croc,que les évêques,archevêques,
cardinaux et toute la bougre de
calotte s'en irait au foutre,que tous les bougres
<Epg=6>de muscadins de la cour,qui vous traitaient
de *turc à *maure,et qui avaient toujours le
barin levé sur vos épaules,sans que vous
osiez souffler le mot;qu'enfin l'ogre royal
qui,avec ses maquereaux et ses putains,dévoraient
à lui seul tout le produit de vos sueurs,
et qui s'abreuvait de votre sang,serait raccourci,
ainsi que l'infâme autrichienne qui
seule vous a fait plus de mal que toutes les
grêles et les ouragans qui ont ravagé vos
campagnes,n'auriez vous pas regardé toutes
ces promesses comme les rêves d'un échappé
des petites maisons,n'auriez vous pas tout
sacrifié,n'auriez vous pas donné votre sang
même pour voir arriver un aussi beau jour que
celui où tous ces miracles seraient arrivés?
eh bien,foutre,il luit ce jour heureux.
vous jouissez de tous ces avantages.vous
étiez les plus vils et les plus malheureux des
esclaves,et vous êtes aujourdhui des hommes
libres.vous ne sentez donc pas la dignité
du titre de citoyen qui vous élève au dessus
de tous les rois de la terre;vous craignez de
faire des sacrifices pour vous assurer la possession
de tant de biens.qu'est ce donc que
l'argent,en comparaison de la liberté;misérables,
qui calculez votre intérêt à celui de la
patrie,croyez vous foutre,que les brigands
qui nous font la guerre,respecteraient nos
propriétés s'ils pouvaient
détruire notre constitution;
non,foutre,vous seriez les premières
victimes;ils vous étoufferaient dans
vos ruches,pour avoir la cire et le miel que
<Epg=7>vous avez amassés.sans la constitution vous
êtes foutus,avec elle vous serez à jamais
libres et heureux.
§ vous n'avez pas dû vous attendre que les
perdrix vous tomberaient d'abord toutes rôties.
la liberté ne croît pas comme un champignon,
le chêne que vous plantez ne vous
ombragera pas de ses rameaux,il faudra qu'il
résiste à bien des tempêtes avant que vos petits,
en dansant à son ombre,bénissent votre mémoire
de leur avoir procuré un abri contre les
rayons ardents du soleil,et les mettre à couvert
de la pluie;vous qui murmurez de ne
pas jouir des fruits de la révolution,n'a
t il pas fallu à vos mères des peines et des
soins infinis pour vous donner et vous conserver
la vie?ne vous a t on pas d'abord torché
et empâté de bouillie,mené à la lisière!
avant que d'être homme vous avez plus coûté
à vos parents que vous ne pensez.eh bien,
foutre,il est de même de la constitution;c'est
un enfant plein de force qui ne demande qu'à
vivre;si vous ne lui donnez tous les secours
qu'il vous demande,vous le verrez périr et
dessécher;quand vous l'aurez perdu,vous
serez au désespoir.mais il vivra,foutre,
malgré les scélérats qui veulent lui donner la
mort.non,foutre,non,la liberté ne périra
pas,mais les égoïstes,les intrigants et les
traîtres sont à leur dernière heure.le tocsin
va sonner sur eux.malheur aux riches qui
préfèrent leur coffre-fort à la patrie;malheur
aux accapareurs;malheur aux lâches administrateurs,
<Epg=8>qui ont soufflé le froid et le chaud;
malheur aux voleurs qui se sont enrichis des
dépouilles de *sans-culottes.
l'armée révolutionnaire
va battre aux champs,et tous les
traîtres vont tomber devant elle comme des
quilles,foutre.
<Sda=1793> <numero=301> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande joie du *père *duchesne ,
de voir que les *sans-culottes des départements
donnent le dernier branle aux calotins,et
de ce que tous les magots d'or et d'argent
que nos vieilles grand-mères appelaient
des saints,sont enfin dénichés,et arrivent
par charretées à la monnaie,pour être convertis
en écus,qui serviront à payer les frais
de la guerre,et à nous délivrer de la peste des
rois et des prêtres.
<edito=1> § par la vertu de sainte guillotine,nous
<Epg=2>voilà délivrés de la royauté;à ton tour
bougre de calotte.n'était il pas bien foutant
de voir,depuis tant de siècles,deux animaux
voraces,le roi et le prêtre,se disputer
le droit de dépouiller,d'opprimer,de dévorer
les hommes,comme deux loups les entrailles
de la malheureuse brebis qui tombe
sous leurs griffes?quel pacte infâme que
celui du trône et de l'autel?l'un disait à
l'autre,comme les médecins,quand ils expédient
un pauvre malade,passe moi la rhubarbe,
je te passerai le séné;c'est à dire,
en bon français,<Sat=1>toi,roi,qui a la force en
main;qui,d'un seul mot,peux faire égorger
des milliers d'hommes;qui peut lâcher de
nombreuses armées,pour dévorer le peuple,
comme tes chiens le cerf et la biche des
bois;sire,prête moi ton appui;fais
dresser des échafauds;allume des bûchers,
pour faire respecter mon culte;tue,
égorge,massacre quiconque ne voudra
pas croire que un et deux ne font qu'un,
et que le dieu de l'univers,qui a tout créé,
qui gouverne tout,n'obéit pas à ma voix.
que celui qui ne croira pas que je puisse
escamoter ce dieu comme une muscade,et
<Epg=3>qu'après que j'aurai marmotté quelques mots
de latin,il n'existe pas tout entier dans un
pain à cacheter,soit déclaré impie et sacrilège;
qu'il soit rôti tout vivant;qu'il périsse dans
l'huile bouillante.roi,si tu veux seulement
faire pour moi cette bagatelle,tu n'auras
point affaire à un ingrat.je dirai au peuple,
que nous aurons grand soin d'abrutir,et qui
languira dans l'ignorance;je soutiendrai,
dans la chaire du seigneur,que tu ne tiens
ton autorité que de dieu seul,que tu as droit
de vie et de mort sur tes sujets;que le peuple
est fait pour les rois,comme le cheval pour
porter le bât;pour te rendre plus redoutable,
j'annoncerai,un beau matin,que le père
éternel m'a envoyé deux courriers de son cabinet
c'est à dire deux anges,pour m'apporter une
petite fiole,que je nommerai la sainte *ampoule ,
remplie d'huile,fabriquée avec les
olives du paradis terrestre;je te graisserai à
la tête,à la poitrine;aux bras,avec cette
huile merveilleuse;et après ce tour de
passe-passe,ta personne sera sacrée.les
quatre-vingt-dix-neuf moutons de la *champagne,
devant lesquels je ferai ce grand
miracle,ouvriront le bec d'une aulne,
<Epg=4>entonneront avec moi le domine salvum fac
regem ,qui sera répété par les badauds de
*paris et de toutes les provinces du royaume.
après cette opération,tu seras l' oint du seigneur;
tu guériras les écrouelles,le mal
caduc,aussi bien que les plus grands docteurs
de la faculté;on ne pourra te regarder en
face,on ne te parlera qu'à genoux;tes
enfants,soit que tu les aies fait toi-même ou
qu'ils aient été fabriqués par un laquais,un
palefrenier, c'est égal,eux et toute la race
seront également sacrés dans tous les siècles
des siècles;ils hériteront de la nation comme
on hérite d'un champ,d'un pré.eux seuls
feront la loi,et il n'y aura point de lois pour
eux.ils pourront violer les femmes et les filles;
égorger le mari dans les bras de sa femme,le
fils sur le sein de sa mère;de par dieu tout
ce qui serait un crime pour le reste des hommes,
sera permis au sang royal.l'ouvrier
travaillera nuit et jour;le laboureur suera
sang et eau,il arrosera la terre de ses larmes,
pour entretenir les putains des rois et des
princes,et pour engraisser leurs valets et leurs
maquereaux.taupe calotin,ton roi se laisse
aller.la volonté de dieu soit faite.<Sat=0>
<Epg=5>§ c'est ainsi foutre,qu'un barbier rase
l'autre.voilà le marché qui fût conclu entre
certain évêque,nommé *rémy ,de la trempe
de *claude *fauchet ,et saint,qui pis est,et
un brûleur de maisons,un mangeur d'hommes,
nommé *clovis ,roi de *france .depuis ce
pacte du diable,les *sans-culottes ont été
traités comme des bêtes à somme .quelquefois
les rois et les prêtres se sont disputé le butin;
le peuple s'est divisé pour défendre le parti
de ses tyrans;des flots de sang ont coulés,
mais les gueux ont toujours continué de porter
la besace.si des hommes avaient été instruits
plutôt;s'ils avaient connu tous les tours
de gibecière,il y a gros qu'ils auraient foutu
depuis longtemps le trône et l'autel en canelle;
mais malheureusement nos pauvres grands
pères ne savaient ni a ni b,et ils baisaient
en tremblant la main qui les écrasait.
§ enfin un plus grand saint que tous ceux de
la légende dorée,dégota tous les faiseurs de
miracles,en inventant l'imprimerie;des
bougres à poil,nommés philosophes ,firent
aussi de gros livres dans lesquels ils expliquèrent
les singeries des papes,des cardinaux,
des évêques,ses moines et de toute
<Epg=6>la foutue calotte;ils apprirent au peuple que
les rois n'étaient rien sans lui;car c'est le
peuple qui a fait les rois,et celui qui a pu
faire une chose,peut aussi la détruire.il est
vrai que plusieurs de ces braves bougres furent
étripés,grillés,écartelés tous vivants,pour
avoir dit la vérité;mais,foutre,une fois
que nous avons vu la lumière,on a beau
nous crever les yeux,le souvenir du soleil
reste toujours gravé dans notre mémoire.un
luron qui avait bec et ongle,et qui avait
plus d'esprit dans son cerveau que tous les
cuistres de l'église,un certain *voltaire arriva,
le fouet à la main,pour dauber tous les imposteurs
qui avaient fondé leur cuisine sur
la bêtise du genre humain;il prouva que
l'enfer et le purgatoire étaient des contes à
dormir debout,et avaient été imaginés par
les prêtres pour faire peur aux vieilles femmes.
un autre *sans-culotte de *genève ,nommé
*jean-*jacques *rousseau ,le plus franc et le
meilleur des humains,parut en même temps
pour combattre le mensonge et la tyrannie;
il prouva que la véritable religion est la probité
et le patriotisme;il prononça le mot
sacré de liberté,et à sa voix, tous les bons
*sans-culottes se prosternèrent devant cette
nouvelle idole.quand la poire est mûre,il
faut qu'elle tombe.l'infâme *capet qui croyait
encore être au temps de l'évêque *rémy ,continua
de fouler le peuple et de l'écraser.le
sac était plein,et il creva.le peuple se
rebiffa,et *capet a fini comme tous les tyrans
doivent finir.
<Epg=7> § les nobles,les robins,les rois sont foutus
sans retour,il faut à votre tour sauter le
pas,prêtres menteurs,prêtres avides,
prêtres sacrilèges.tonnerre de dieu,quel
branle on vous donne dans les départements.
les commissaires de la convention vont en
besogne comme une pie qui abat des noix.
dans les départements du *loiret ,de l' *allier ,
de la *nièvre où les prêtres faisaient la pluie
et le beau temps, *fouché , *laplanche et
d'autres braves *montagnards viennent de
donner le coup de grâce à la cagoterie.les
*sans-culottes,éclairés par les apôtres de la
liberté ont fait déménager tous les saints d'or
et d'argent et on les apporte maintenant à
pleins chariots à la monnaie.ah!foutre,
si le *sans-culotte *jésus revenait sur la terre,
comme il serait content de voir tous les voleurs
chassés du temple ,car il était l'ennemi
juré des prêtres.c'est en plein champ
et à la face d' *israël qu'il prêchait son évangile.
autant ses successeurs ont été insolents,
autant il était doux.il détestait les riches,
il soulageait les pauvres.voilà,foutre,le
modèle de tous les *jacobins.pour l'avilir,
les prêtres en ont fait un dieu de sang,
lui qui n'aurait pas voulu tuer une
mouche,lui qui pardonna à la femme adultère,
à la *madeleine ,et même à ses bourreaux.
comme il aurait été content de vider
son gousset,et de donner jusqu'à son dernier
sol pour soutenir une guerre qui aurait
détruit les rois et les prêtres!*sans-culottes
<Epg=8>de tous les départements,envoyez,à son
exemple,tous les prêtres au *mississipi ,et
faites des écus avec les magots d'argent que
vos nourrices vous ont appris à nommer des
saints,foutre.
<Sda=1793> <numero=302> <semaine=412> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande colère du *père *duchesne ,
en apprenant de nouvelles trahisons dans les
armées.ses bons avis au général *jourdan ,pour
qu'il continue de foutre le bal aux despotes et
à leurs esclaves,et pour l'empêcher de nous
tourner casaque,comme l'infâme *dumouriez
et le traître *custine .sa grande motion pour
demander à la convention de faire jouer la
sainte guillotine pour exterminer les voleurs,
les traîtres et les accapareurs.
<edito=1> § comme les brigands couronnés doivent se
<Epg=2>mordre le bout des doigts d'avoir entrepris
une guerre dont ils vont se tirer comme
arlequin,avec les étrivières.s'ils avaient pu
prévoir l'avenir au lieu de se liguer contre
la *france et d'épuiser leurs coffres pour détruire
notre liberté,ils auraient au contraire
ménagé leurs trésors pour soulager le peuple.
c'est ainsi,foutre,qu'ils auraient retardé
leur chute et qu'ils auraient pu batailler
encore quelque temps contre la mort;mais
heureusement ils ont pris le roman par la
queue et ils se sont brûlés à la chandelle.
quand on compte sans son hôte,il faut
compter deux fois.parce qu'ils avaient dans
leur manche toute la bougre de séquelle de
l'ancien régime,ils ont cru qu'ils n'avaient
qu'à se baisser et en prendre.<Sat=1>
"mon très honoré frère et cousin,<Sat=0> a dit le *cartouche
de *vienne au mandrin de *berlin ,<Sat=1> nous
sommes aussi brigands l'un que l'autre,nous
aimons également le pillage,si nous n'avions
pas été empereurs et rois,nous aurions été
les deux plus fameux voleurs de grand chemin
de notre siècle,et nous n'aurions pas
manqué de nous réunir pour couper les bourses
et pour égorger les passants.puisque la nature
<Epg=3>nous a donné les mêmes inclinations,
et qu'il se présente une belle occasion de
voler,rapiner,ravager,massacrer,mettons
tous les deux nos têtes dans un bonnet,et
convenons de fondre sur la *france comme
deux loups sur un troupeau de moutons.
votre très cher frère et cousin,le roi de
*france et de *navarre ,que ses sujets viennent
de mettre en tutelle,consent à jouer au roi
dépouillé,et il nous abandonne volontiers
la moitié de ses vastes états,si nous pouvons
lui aider à faire perdre le goût du pain à
cette maudite assemblée nationale,et à tous
les patriotes qui lui ont rogné les ongles,
et qui ne lui ont accordé que quarante millions
pour ses menus plaisirs.ma soeur *toinon
qui a juré la perte de la *france ,m'a déjà
fait passer pour les frais de la guerre plus
de deux cents millions en bons écus,et elle
m'en promet encore davantage;ainsi donc,
foutre,ce seront les *français eux-mêmes
qui nous donneront des verges pour les fouetter.
ce n'est rien encore,toute la noblesse,
tout le clergé,tous les honnêtes gens,toute
la robinaille, depuis les premiers présidents
jusqu'aux derniers clercs de la *bazoche,tous
<Epg=4>les financiers,tous les gros marchands,
commerçants,tous les riches enfin seront
de notre bord.pour mieux nous servir,ils
feront d'abord contre fortune bon coeur,et,
pour la frime,ils dégoteront les *sans-culottes
en patriotisme.quand ils les auront
ainsi foutu dedans,et qu'ils auront trouvé
moyen de se faire nommer à toutes les places,
chacun à leur tour,ils tourneront casaque à
la *sans-culotterie .
c'est ainsi qu'ils désorganiseront
les armées,et qu'ils allumeront
la guerre civile.quand le feu sera aux quatre
coins de la *france ,il nous sera facile de nous
en emparer.ainsi nous n'aurons contre nous
que ce que nous appelons la canaille;il est
vrai que c'est le côté le plus nombreux,
mais sans chefs,sans argent,sans ressources,
trahis de tous côtés,les *sans-culottes perdront
bientôt la carte,et ils jetteront le
manche après la cognée.nous les verrons
tomber à nos pieds et nous demander grâce.
si toi et moi,mon cher frère,cousin et
ami,nous n'étions pas assez forts,pour
exécuter ce grand projet,notre confrère,
le roi *georges *dandin ,est derrière la toile
avec son ministre *pitt .à l'aide de certains
<Epg=5> *brissot et de certains gredins de la *gironde ,
qui paraissent aujourdhui des républicains
enragés,et qui en secret ont la patte bien
graissée pour brouiller les cartes et mettre les
*français à chien et à chat,nous nous ferons
un parti puissant en *france .ainsi,la liberté
accablée de tous côtés,pressée au dehors et
au dedans,succombera bientôt.le pape,
auquel ni toi,ni moi,ne croyons,donnera
un dernier signe de vie.il ameutera toute la
bougre de calotte.les prêtres qui ne pardonnent
jamais,et qui sont désespérés de
voir finir leur règne,prêcheront de tous
côtés la révolte;ils parcourront les campagnes,
le crucifix et la torche à la main,et
rassembleront autour d'eux tout ce qu'il reste
d'imbéciles en *france ,pour rétablir la dîme,
les canonicats et tous les bénéfices."
<Sat=0> § voilà,foutre,les châteaux en *espagne
que se bâtissait le tyran d' *autriche
au commencement
de la guerre.tous les tyrans qui
règnent en *europe ,ont taupé dans ces projets,
et chacun se flattait d'avoir sa part du
gâteau.il en faut bougrement rabattre aujourdhui.
les scélérats savent maintenant de quel
bois nous nous chauffons,et ils ont appris
<Epg=6>combien pèse le bras d'un peuple libre.tous
leurs trônes seraient maintenant en canelle,
ils ne vivraient plus,foutre,et l'étendard
de la liberté flotterait à *vienne et à *berlin ,
si l'infâme *dumouriez avait joué beau jeu,
bel argent.
§ malgré les voleurs,les intrigants et les
traîtres,nous avons tenu tête à tous les despotes
ligués contre nous,et ils sont au bout
de leurs volets.malgré toutes leurs prouesses,
ils n'ont pu nous enlever encore que trois
villes,et encore par la plus lâche des trahisons.
ce *cobourg qui se vantait d'être un
second *césar ,vient d'être rossé à plate
couture par un jeune *sans-culotte qui lui a
étripé six mille gros talons et pilleurs de
poivre qui engraissent maintenant la terre
qu'ils ont ravagée.continue ,intrépide *jourdan ,
poursuis cette bougre de canaille,l'épée
dans les reins,reprends *condé et *valenciennes
et répare les crimes du général *moustache .
surtout,foutre,ne vas pas saigner du nez,
et faire naufrage en arrivant au port;foule
aux pieds l'or et les assignats que l'on va
t offrir,pour nous tourner casaque,et ne songe
qu'à la gloire.si tu continues,comme tu
<Epg=7>viens de débuter,tu reviendras couvert de
lauriers;partout où tu passeras,tu entendras
bénir ton nom,et tu seras comblé de
bénédictions;mais,foutre,si le diable
voulait te tenter,songe à *la-*fayette ,à
*dumouriez ;songe à *custine ,au palefrenier
*houchard et à tous les autres jean-foutres qui
ont trahi le peuple.tricherie revient toujours
à son maître.la liberté ne périra jamais,
mais les traîtres tour à tour seront anéantis,
foutre,
§ et vous,pères de la patrie,législateurs qui
venez de donner un si bel exemple à l'univers
en vous purgeant des immondices du marais
prenez encore une fois le mors aux dents.
sauvez la république,foutre,ne vous arrêtez
pas en si beau chemin.la *france est levée en
masse pour faire exécuter vos lois;profitez
du moment pour exterminer les brigands de
la *vendée .ils viennent d'être débusqués de
*mortagne et de *cholet .faites brûler les bois
et les forêts où ces bêtes féroces se sont réfugiées.
faites pleuvoir les bombes et les boulets
rouges sur les rebelles de *toulon ,avant tout,
que les scélérats qui ont manigancé
la contre-révolution
à *lyon ,à *marseille ,à *bordeaux ,
<Epg=8>dans le *calvados ,soient raccourcis comme
veto mâle et femelle;que les infâmes coquins
qui ont livré les lignes de *wissembourg ,et
occasionné la déroute de l'armée du *rhin ,
soient promptement livrés
au tribunal révolutionnaire.
frappez,écrasez tous les voleurs,
tous les conspirateurs,tous les accapareurs.
la guillotine et du pain,voilà le secret de
la république,foutre.
<Sda=1793> <numero=303> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande joie du *père *duchesne ,
de voir que les avocats de la veuve *capet ,qui
ont accaparé le savon pour blanchir *cartouche
*brissot et les *mandrins de la *gironde ,perdront
leur lessive.ses bons avis au fonctionnaire
*samson ,pour qu'il graisse promptement
ses poulies,afin de faire faire la bascule
à ces scélérats que cinq cents millions de
diables ont vomi sur la *france ,pour perdre
la république,et anéantir la liberté.
<edito=1> § ah?que les gens d'esprit sont donc bêtes
<Epg=2>dit je ne sais quelle soubrette,et je ne sais
quelle comédie.rien n'est plus vrai,foutre.
tous ces bougres qui parlent comme des
livres,souvent n'ont pas le sens commun;
tout leur bavardage n'est que de la crème
fouettée;et ces grands docteurs qui veulent
tout gouverner,ne savent pas se gouverner
eux-mêmes.qui trop embrasse,mal étreint.
qui mieux que vous peut nous dire des
nouvelles,*brissotins et *girondins ?vous
aviez des langues bien dorées,le miel était
sur vos lèvres,et le poison dans votre coeur.
si vous n'y aviez pas entendu finesse,et si
vous aviez tout unanimement marché dans le bon
chemin,vous seriez arrivés au port;après
avoir contribué à sauver votre patrie,vous
auriez été comblés des bénédictions du peuple;
votre vieillesse aurait été honorée;
les *sans-culottes ,
devenus libres et heureux,vous
auraient montré à leurs enfants,en leur
recommandant de suivre votre exemple;
<Sat=1>voilà,leur auraient ils dit,ceux qui ont fait votre
bonheur;si vous êtes républicains,mes enfants,
rendez en grâce à ces vieillards respectables
qui siégeaient au haut de la montagne
de la convention;ce sont eux qui nous
<Epg=3>ont délivrés des rois.souvenez vous à jamais,
vous et les autres,des services qu'ils nous ont
rendus;que leur mémoire soit chérie et respectée
tant qu'il existera sur la terre des
hommes libres.
<Sat=0> § voilà,foutre,le sort qui vous était réservé,
lâches déserteurs de la *sans-culotterie ,
qui avez préféré de barboter dans le
marais et vous couvrir de sa boue,plutôt
que gravir la sainte montagne où la gloire
vous tendait les bras.vous avez voulu péter
plus haut que le cul,vous avez voulu faire
fortune,et vous n'avez pas réfléchi que la
guillotine était au bout de la route que vous
preniez pour y arriver.que les ambitieux
et les intrigants qui seraient tentés de vous
imiter,viennent contempler l'opprobre où vous
vous êtes plongés.
§ te voilà enfin sur la fatale sellette,infâme
*brissot ;quand je te prédisais que tu ferais
une mauvaise fin,n'étais je pas un bon prophète!
n'avais je pas raison de te dire que le
gibet ne perd jamais sa proie?il y a plus de
dix ans que tu aurais fait la grimace au pont
*rouge ,si l'on t'avait rendu justice,mais
tes escroqueries d'alors,toutes les bourses
<Epg=4>que tu coupais dans l'ancien régime,n'étaient
que des coups d'essai des brigandages que tu
as fait pendant la révolution.
§ jamais,foutre,non jamais un seul homme
n'a fait autant de mal à sa patrie que toi et
les vils coquins de ta clique.c'est vous,foutre,
qui,en marchandant la liberté de la *france
avec son dernier tyran,lui avez fait beau jeu
pour rassembler autour de lui tous les chevaliers
du poignard,tous les scélérats qui
ont égorgé les patriotes le 10 août;c'est vous,
c'est vous qui avez empêché d'immoler ce
monstre et sa bougre de race;c'est vous qui
lui avez tendu les bras,qui l'avez flagorné
dans le moment où le canon ronflait autour
de la ménagerie des *tuileries et de la convention;
c'est vous qui avez mis une barrière
entre le peuple et lui pour le sauver;
c'est vous qui l'avez encore traité en roi quand
le peuple venait de mettre son trône en
canelle;c'est vous qui depuis avez cherché
les querelles d'*allemand aux braves bougres
qui avaient mis la race veto à l'ombre;c'est
vous qui avez vilipendé,dans tous les départements,
la commune de *paris et les
*sans-culottes qui avaient fait la révolution,
<Epg=5>pour vous venger de ce qu'ils vous avaient
coupé les vivres en détruisant le tyran
qui vous graissait la patte pour acheter
tous les décrets avec lesquels il voulait
assassiner le peuple;c'est vous qui avez jeté
le chat aux jambes des meilleurs patriotes,
quand toutes vos manigances ont été découvertes,
qui avez accusé *robespierre et *marat de
vouloir s'emparer de l'autorité,et qui avez
cherché à perdre ces intrépides défenseurs
du peuple qui vous portaient ombrage,et
qui vous barraient chemin;c'est vous qui avez
fait *roland ministre,pour vous servir de lui,
comme le singe de la patte du chat,pour
tirer les marrons du feu,c'est à dire pour
empoisonner tous les départements des journaux
du diable qui vous ont servi à allumer
la guerre civile,c'est vous qui avez également
choisi le traître *servan pour ministre de
la guerre,parce que vous vous entendiez
avec lui comme larrons en foire,pour
peupler nos armées de tous les ci-devant
gardes du corps et de tous les muscadins de
l'ancien régime;c'est vous qui avez également
nommé le coquin de *clavière ,et qui lui avez
fait donner le moule des assignats,pour pêcher
<Epg=6>avec lui en eau trouble;c'est vous qui avez
mis *dumouriez à la tête de nos armées,
parce que vous saviez qu'ils les livrerait à nos
ennemis,et que vous espériez partager avec
lui le gâteau;c'est vous,foutre,et c'est là
le plus grand de tous vos crimes,c'est vous
qui nous avez mis sur le dos toutes les puissances
de l'*europe ,et qui avez allumé la
guerre universelle dans le temps où nous
n'avions ni argent,ni armées,ni munitions;
quand toutes nos villes de guerre étaient
dégarnies et nos fortifications délabrées.si
nous avons triomphé de tous les brigands
couronnés,ligués contre notre république,
ne vous en attribuez pas la gloire,car,foutre,
votre intention était d'anéantir la liberté,en
livrant la *france ,aux despotes;si les *prussiens
et les *autrichiens n'avaient pas tant
pompé de vin doux dans la *champagne ,et
n'avaient pas péri de maladie par milliers,
ils arrivaient jusqu'aux portes de *paris ,et
alors tous les brigands,tous les royalistes,
tous les aristocrates de l'intérieur se réunissaient
à eux,et la contre-révolution était
faite.
§ c'est par vos manoeuvres,lâches et méprisables
<Epg=7>coquins,que les patriotes de *marseille ,
de *bordeaux ,de *lyon ont été égorgés;
c'est vous qui avez vendu *toulon aux
*anglais;c'est vous qui avez allumé la guerre
civile de la *vendée ,qui avez fait égorger plus
d'un million d'hommes.tout le sang qui a
été versé et qui coulera encore,vous l'avez
répandu.il rejaillit sur vous.la *france entière
vous accuse.vous n'échapperez pas au
supplice que vous avez mérité.les avocats de la
veuve *capet ont beau employer le vert et le
sec pour vous blanchir,ils ont beau accaparer
tout le savon de la *france ,ce savon ne mousse
pas.à laver la tête d'un nègre,on perd sa
lessive.les juges et les jurés
du tribunal révolutionnaire
sont des bougres à poil qui sont cuirassés
de la tête aux pieds,et ils ne se laisseront
éblouir ni par l'or,ni l'argent que vos amis
leur offriront pour se sauver.eh,vite donc,
maître *samson ,graisse tes poulies et dispose
toi à faire faire la bascule à cette bande de
<Epg=8>scélérats que cinq cents millions de diables
ont vomi sur la terre,et qui auraient du être
étouffés dans leur berceau,foutre.
<Sda=1793> <numero=304> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande colère du *père *duchesne ,
de voir que les feuillants,
les royalistes, les accapareurs
se cotisent pour sauver l'infâme
*brissot et la clique de la *gironde ,en enlevant
encore le pain chez les boulangers,pour le jeter
dans les égouts.ses bons avis au tribunal
révolutionnaire,pour qu'il ne s'amuse pas plus
longtemps à la moutarde et qu'il fasse jouer
bien vite à la main chaude ces scélérats qui
sont déjà jugés par le peuple.
<edito=1> § certain roi s'avisa un jour,je ne sais pas
<Epg=2>pourquoi,d'aller visiter les galériens;rendre
visite à des forçats;c'est un petit passe-temps
digne d'un roi,que de voir des hommes dans
les fers;mais rien pourtant en comparaison
de celui de visiter une *bastille,de voir languir
dans un cachot,et pourrir sur la paille
le malheureux qui a fait un couplet contre
sa majesté,ou contre monseigneur le
ministre,ou contre sa maîtresse,tourmenter
pendant un demi siècle,faire
périr à petit feu l'écrivain patriote qui a eu
le courage de dire la vérité,et de prononcer,
seulement du bout des lèvres,le mot de
liberté;oh!voilà,foutre,de véritables plaisirs
de roi.or donc,celui en question,en passant
en revue tous les bougres qui étaient enchaînés
dans le bagne,demandait à l'un:
qu'as tu fait?rien,sire;à l'autre: quel crime t'a
conduit ici;aucun,votre majesté?
toute la file répéta la même chanson;
tous dirent qu'ils
étaient de pauvres contrebandiers,ou des braconniers;
tous n'étaient là que pour des
foutaises,et dans tout ce qu'ils avaient fait,
il n'y avait pas de quoi fouetter un chat;un seul
était tapi dans un coin,et il paraissait déchiré
de remords;l'animal couronné le contemple
<Epg=3>sur son fumier,et l'apostrophe comme les autres;
<Sat=1>moi,lui répondit il,je ne suis
pas ici pour me vanter;mais si on m'avait
rendu justice,au lieu de la chaîne,j'aurais
mérité la roue,et peut-être d'être noyé dans un
cent de fagots;car j'ai commis les plus grands
forfaits;ma vie est chargée de tant de crimes,
que je n'en puis supporter l'horreur.qu'on
ôte ce coquin là d'avec tous ces honnêtes gens,
s'écria l'ogre royal,il les corromprait tous.
<Sat=0> § voilà,foutre,trait pour trait le tableau
du tribunal révolutionnaire,depuis que milord
*brissot est sur la sellette à la suite de
la clique de la *gironde ,rangée en espaliers
autour de lui.tous les crapauds qui barbotaient
dans le marais et qui faisaient,il y a
quelques mois,un charivari de bougre,en
vomissant leur poison contre la montagne,ont
maintenant leur caquet bougrement rabattu.
comme les galériens que je viens de citer,
ils sont les plus braves gens du monde,mais
avec cette différence qu'il ne s'en trouve pas
un qui convienne d'être coupable.quand on
reproche à *cartouche *brissot d'avoir été espion
en *angleterre et d'avoir été envoyé en
*france par *pitt au commencement de notre
<Epg=4>révolution pour brouiller les cartes,il commence
par nier le fait,attendu que tous
mauvais cas sont niables;mais,foutre,quand
on le presse,l'épée dans les reins,et qu'on
lui prouve que son cas est sale sur ce chapitre,
il convient qu'en effet il a été chargé
de quelque commission pour la *france par
les *anglais,mais en tout bien et tout honneur,
qu'il n'a jamais désiré que la gloire et
le bonheur de sa patrie,et comme,suivant
lui,l'*angleterre est un pays de *cocagne ,il
désirait que la *france fût une province de ce
beau royaume.
§ quand on dénonce *vergniaud ,*gensonné ,
*fonfrède ,*lacaze et le furet de la *gironde ,le
petit *ducos ,et qu'on les accuse d'avoir
taupé dans le tripotage de *brissot ,en mettant
les départements à chien et à chat avec *paris ;
en demandant une armée départementale pour
faire perdre le goût du pain aux *jacobins,en
allumant la guerre civile à *marseille ,à
*bordeaux ,à *lyon ,dans les départements du
*finistère ,du *jura ,du *calvados ,de la
*vendée ,ils nient aussi,comme de raison;
mais quand on leur montre les lettres qu'ils
ont écrites et dans lesquelles ils invitent la
<Epg=5>république à se lever en masse pour marcher
contre *paris ,qu'ils appellent une nouvelle
*sodome ;alors mes jean-foutres ont le bec
jaune et ne savent quoi répondre.cependant
le bateleur *vergniaud ,dont la langue est si
bien enfilée,explique du mieux qu'il peut l'affaire.
"nous étions dans l'erreur,dit il;
nous croyons qu'on en voulait à nos jours;
nous pensions de bonne foi que *marat voulait
nous faire égorger".
ah,foutre,comme certain juré lui a rivé son clou.
"misérable,s'est il écrié,en entendant ce
jean-foutre insulter à la mémoire de l'ami du
peuple,la preuve que tu mens,c'est que
*marat a été assassiné et que tu vis encore!"
à ce mot le peuple,qui était sur le gril
de voir outrager son meilleur défenseur,
celui qui est péri pour lui,n'a pu retenir ses
applaudissements.
§ quoique vous ayez bec et ongles,infâmes
coquins,vous ne pourrez jeter de la poudre
aux yeux de vos juges et vous n'échapperez
pas au supplice que vous avez mérité.je sais,
foutre,que vous avez encore beaucoup d'amis,
qui,par dessous cape,employent le
vert et le sec,pour vous empêcher de faire
<Epg=6>la fatale culbutte au vis-à-vis de la statue de
la liberté;mais ils y perdront leur latin.les
feuillants,les royalistes,les aristocrates,les
accapareurs,tous les gros marchands,qui se
sont cotisés pour faire disparaître,encore une
fois,le pain pendant votre jugement afin
d'exciter un mouvement dans *paris ,dont ils
profiteraient pour vous donner la clef des
champs;toute cette bougre de canaille ne
réussira pas plus à vous empêcher de mettre
la tête à la fenêtre,qu'elle n'a pu s'opposer à
ce que le cornard *capet et la louve autrichienne
ne jouent à la main chaude.on a
beau jeter les pains de quatre livres dans les
fosses d'aisance et dans les égouts,
les *sans-culottes
ne perdront pas le change.s'ils
n'ont qu'une livre de pain,ils la partageront
avec leurs voisins;ils savent maintenant où
est la clef du grenier.une fois que vous et
vos amis,aurez la tête dans le sac,l'argent,
l'or,les farines reviendront en abondance.
voilà le noeud gordien et nous allons le délier.
§ braves bougres qui composez le tribunal
révolutionnaire,ne vous amusez donc pas à
la moutarde.faut il donc tant de cérémonies
pour faire raccourcir des scélérats que le peuple
<Epg=7>a déjà jugés;en auraient ils fait avec nous
s'ils avaient eu un seul moment,le grappin
sur les *sans-culottes ?tonnerre de dieu,rappelez
vous donc comme ils ont été vite en
besogne avec les patriotes de *marseille et de
*lyon .n'allez donc pas chercher midi à quatorze
heures pour purger la république de
ces brigands.si on ose vous demander des
preuves pour les condamner,en voilà,foutre.
les colonies réduites en cendres;le *midi à
feu et à sang;la *vendée couverte de monceaux
de cadavres;*lyon en ruines,*toulon
livré aux *anglais,les millions de citoyens
égorgés sur des échafauds,*lepelletier ,*marat
assassinés,plus d'un million d'hommes morts
sur les frontières,dont les femmes et les enfants
vous demandent vengeance.voilà,foutre,
l'ouvrage de *brissot et de son abominable
clique.tous ces brigandages,tous ces meurtres,
tous ces assassinats n'étaient encore
qu'un jeu en comparaison des crimes qu'ils
méditaient et qu'ils n'ont pu exécuter;car,
foutre,s'ils étaient arrivés à leur but,comme
l'a dit le prophète *isnard ,on chercherait sur
les deux rives de la *seine le lieu où exista
*paris ,il n'y aurait pas plus de république
<Epg=8>que dessus ma main et la *france entière ne
serait plus qu'un vaste cimetière que les brigands
couronnés se seraient partagés.million
de bombes,il n'y aurait plus de justice sur
la terre,si un seul de ces scélérats pouvait
échapper.le repos de la *france en dépend.
que les têtes de ces brigands tombent donc
vite et qu'elles servent de signal pour abattre
dans tous les départements celles des jean-foutres
qui tourmentent le peuple,qui l'affament et
le trahissent,foutre.
<Sda=1793> <numero=305><quinzaine=42> <semaine=421> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande joie du *père *duchesne
après avoir vu défiler la procession des *brissotins ,
des *girondins et des rolandins,pour
aller jouer à la main chaude à la place de la
révolution.le testament de *cartouche *brissot ,
et la confession du prêtre *fauchet
qui a fait le cafard jusqu'à la fin,pour faire
pleurer les vieilles dévotes,mais qui,dans le
fond du coeur,se foutait autant du père éternel
que du grand diable *belzébut .
<edito=1>§ adieu paniers,vendanges sont faites,tous
<Epg=2>les châteaux en *espagne que vous avez bâtis,
infâmes *brissotins,s'en vont tous en fumée.
non,foutre,non la république que vous
aviez vendue aux brigands couronnés ne sera
point déchirée.le roi *georges *dandin et
*pitt ,porte-esprit,ont tiré leur poudre aux
oiseaux.nous serons républicains malgré
toutes les guinées de l'*angleterre et tout l'or
de l'*autriche et de l'*espagne .partout nos
affaires prennent la meilleure tournure.les
brigands de la *vendée sont dispersés et leurs
cadavres engraissent la terre qu'ils ont souillée
par leurs crimes;ce qu'il en reste est cerné
de toutes parts et va bientôt tomber sous les
coups des généreux défenseurs de la république ;
tandis,foutre,que l'armée du nord partout
victorieuse est aux trousses des gros talons et
des pieds plats que commande *cobourg ;tandis
que *mons ouvre ses portes au brave
*jourdan ,*brissot et sa clique marchent à
l'échafaud.
tonnerre de dieu,que de besogne nous
avons fait depuis cinq mois;mais la meilleure,
foutre,c'est d'avoir purgé la convention des
scélérats qui voulaient perdre la république.
après avoir bataillé sept jours au tribunal
<Epg=3>révolutionnaire,leur arrêt a été enfin prononcé
et tous ont été condamnés à aller rejoindre
l'infâme *capet qu'ils ont si bien défendu,et
qu'ils voulaient sauver contre vent et marée.
les bougres,qui se fiaient à leurs amis,et
qui croyaient que leurs têtes tenaient si fort sur
leurs épaules que jamais on ne réussirait à les
en séparer,ont encore fait un dernier effort
pour jeter de la poudre aux yeux de ceux qui
assistaient à leur jugement,et pour les foutre
dedans.vive la république,se sont ils écrié,
en jetant sur le peuple tous les assignats qu'ils
avaient dans leurs poches;mais,foutre,
fin contre fin,ne fait pas de doublure ;les
sans-culottes ont mis en pièces la fausse
monnaie de ces coquins,et de leur côté,
ils ont crié,mais de bon coeur,foutre,
vive la république,vive le tribunal.
le traître *valazé ,voyant qu'il n'y avait plus à
reculer,et qu'il fallait,bon gré,mal gré,
mettre la tête à la fenêtre,a tiré de sa manche
à l'italienne un poignard,et s'en est percé le coeur.
<Sat=1>il ne faut pas,
<Sat=0>a dit l'accusateur *fouquet ,
<Sat=1>que ce jean-foutre échappe à
l'infamie,je demande que son cadavre,
soit traîné au lieu du supplice.<Sat=0>
<Epg=4>le peuple applaudit et le tribunal l'a ordonné ainsi.
quoiqu'il fit un temps du diable,jamais,
foutre,il n'y a eu tant de foule dans les
rues de *paris ,que celle qui était rangée sur
leur passage,pour les voir défiler;de la cave
au grenier on entendait partout retentir les
cris de vive la république,vive la liberté et
l'égalité,à bas les fripons,à bas les traîtres,
avant de voir cheminer cette procession,
j'ai été curieux d'examiner de près ces garnements,
et de connaître ce qu'ils renfermaient
dans leur âme de boue.d'abord,
foutre,j'ai changé mon vieux gazon roussi
pour une petite perruque noire à l'anglaise,
et après avoir pris tout l'accoutrement d'un
matador de *londres ,je me suis introduit
dans la prison.arrivé auprès du chef de la
bande,j'ai baragouiné quelques mots anglais.
milord *brissot qui,comme on s'en doute,
avait déjà la vue bougrement embrouillée,
m'a pris pour un envoyé de son ami
*pitt ,et il m'a remis à la dérobée un paquet
contenant son testament.je m'esquive aussitôt
,et je vais dans un coin pour fouiller dans
cet amas d'ordures,et voir ce qu'il contenait,
j'ouvre et je lis: <Sat=1>
<Epg=5> testament de *jean-*pierre *brissot ,ci-devant
espion en *angleterre , aux gages de sa majesté
le roi de la *grande-*bretagne , et grassement
payé par son excellence milord *pitt , ministre
de la susdite majesté, ainsi que par les empereurs,
rois et autres puissances de l'*europe
pendant la révolution française, pour brouiller
les cartes, et mettre les français à chien et à
chat, afin de les empêcher de devenir républicains.
"au nom de la royauté et de la sainte
aristocratie, dont je n'ai jamais cessé d'être le
très humble et très dévoué serviteur, je déclare
à tous les siècles à venir ma volonté dernière,
et les sentiments sincères dont mon
coeur fût toujours animé".
"je vois trop maintenant qu'on ne peut
éviter son sort, et que lorsqu'on n'est pas
homme, on ne fait que se tirer d'un bourbier,
pour tomber dans un précipice. après
avoir cent fois escamoté le gibet et la roue
sous l'ancien régime, je ne puis brissoter la
guillotine. me voilà sous la trappe; avant que
ma tête soit dans le sac, je profite de mes
derniers moments pour mettre ordre à mes
affaires, et disposer de ce qui est en ma
possession."
<Epg=6>"je lègue à sa majesté *georges , roi de la
*grande-*bretagne , mes plans, discours, motions,
projets, journaux et en général tous les écrits
que j'ai composé par ses ordres. tous ces
ouvrages lui serviront à semer la discorde,
à allumer la guerre civile, à dissoudre même
le parlement si jamais le peuple anglais s'avise
d'imiter le français et de vouloir être
libre tout de bon."
"je lègue à sa majesté, le roi de *prusse ,
les grandes balances qui lui ont servi à peser
l'or et l'argent pour payer sa rançon à mon
compère *dumouriez , et le tirer du mauvais
pas où il s'était engagé, dans les plaines de
la *champagne . comme j'en ai eu ma bonne
part, ce don lui prouvera ma reconnaissance
et mon profond respect".
"je lègue toute ma dissimulation, toute
ma politique, toute ma perfidie à certains
personnages très connus qui sont aussi avides
de richesses que moi et qui ont des mains aussi
pleines que je les avais, mais je les avertis
d'être plus prudents, car les *sans-culottes
voyent clair maintenant; bientôt il n'y aura
pas seulement de l'eau à boire avec eux".
"je lègue à son excellence, mon sérénissime
protecteur le ministre *pitt , toutes mes
observations sur l'espionnage; elles sont de
main de maître, il sait tout le fruit qu'il en
a retiré".
"je ne recommande pas ma femme et mes enfants
à leurs majestés et puissances régnantes,
pour les bons offices que je leur ai rendus; je ne
<Epg=7>leur demande que la seule grâce de leur
conserver les propriétés que j'ai acquises en
*angleterre , en *suisse et en *hollande".
<Sat=0>§tels étaient, foutre, les principaux articles
du testament de *cartouche *brissot ; après
avoir fini ma farce auprès de lui, je me
déguisai en calotin pour tirer également les
vers du nez du prêtre *fauchet . en m'apercevant,
le cafard se mit a genoux seulement
pour la frime, car lorsque je lui demandai à
défiler son chapelet, il me rembarra tout bas
comme si j'arrivais du pays de *congo :
<Sat=1>"notre paradis, me dit il, notre purgatoire,
notre enfer sont de vieilles momeries pour
embêter les vieilles femmes, mais nous autres
enfants de la balle nous n'y croyons pas plus
qu'à *jean de *verd , parlons de ma chère
*calon , parlons de ces jolies muscadines, ah $!
c'est là le crève-coeur; qu'il est cruel de se
séparer pour jamais de ce qu'on aime ! si je
pouvais croire à un paradis, ce ne serait qu'à
celui de *mahomet ."
<Sat=0>§bougre d'imposteur, m'écriai je, je savais
bien que malgré toi, tu ferais ta confession
sincère au *père *duchesne ; à ce mot, mon
jean-foutre baisse la tête, joint les mains et
dit des oremus pour tromper l'espion. moi,
foutre, je m'en vas chercher une place à louer
sur la place de la révolution, pour voir jouer
tous ces coquins à la main chaude. plusieurs
ont fait contre fortune bon coeur et quelques
uns se chatouillaient pour rire, mais, foutre,
ce n'était que du bout des lèvres, et l'as
<Epg=8>me foute si le diable y perdait rien. à chaque
tête qui roulait dans le sac tous les chapeaux
étaient levés en l'air, et la place retentissait
des cris de vive la république. ainsi finirent
les *brissotins, ainsi passeront tous les traîtres,
foutre.
<Sda=1793> <numero=306> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande joie du *père *duchesne .
de voir que la convention fait la pluie et le
beau temps depuis qu'elle a écrasé les serpents
et les crapauds du marais. ses bons avis aux
braves *montagnards, pour les engager à donner
le coup de grâce à tous nos ennemis de l'intérieur,
en faisant raser tous les nids d'aristocrates
de *lyon ,et à ne pas donner de
relâche aux brigands couronnés, jusqu'à ce
qu'ils ayent payé les frais de la guerre.
<edito=1>§comme la convention est grande, comme
<Epg=2>elle est puissante, quand elle marche d'accord
avec les *sans-culottes ! l'infâme guenon
d'*autriche que nous venons de raccourcir,
un jour, dit on, demandait quelques centaines
de millions au scélérat *calonne ; c'était
pour meubler le bordel de *trianon , ou pour
les jeter à la tête de la race du diable des
*polignac .
<Sat=1>"je sais, lui dit la gueuse, que la
*france est épuisée, que le peuple est aux
abois, mais dût il crever sous le fardeau, il
me faut cette somme; je la veux absolument,
et bien vite; mets toi la cervelle à la torture,
imagine quelque nouvel impôt, ouvre un
emprunt, casse les parlements, s'il le faut,
mais je veux être obéie. si la chose est difficile,
lui répondit le *mandrin , elle est déjà
faite, si elle est impossible, elle se fera".
<Sat=0>les millions furent trouvés dans le jour, et
dépensés aussi facilement; car ce qui vient
de la flûte , s'en retourne au tambour.
§ ce coquin de *calonne connaissait bien
les ressources de la *france ; il savait, le
jean-foutre, que la nation était inépuisable,
et tant qu'il a eu l'éponge entre les mains, il
l'a pressurée, jusqu'à ce qu'elle fût desséchée.
si les rois, leurs ministres et leurs putains,
<Epg=1>malgré tous leurs brigandages, n'ont pu réussir
à ruiner et à perdre cette nation industrieuse,
que ne sera t elle pas, lorsqu'elle sera bien
gouvernée? je ne demande à nos législateurs
que de la probité et le sens commun, et ils
feront miracle, foutre; mais il faut qu'ils
fassent tout avec les *sans-culottes et pour
les *sans-culottes ; car, hors la *sans-culotterie ,
point de salut. tous les bougres qui jusqu'à
présent lui ont tourné casaque, et qui ont
voulu jouer au fin, se sont cassés le nez.
§ quand j'ai vu les gredins de l'assemblée
constituante manigancer leur bougre de constitution
de *coblentz , et vendre le peuple au
tyran, je me suis dit: ce marché là ne tiendra
pas, c'est une lettre-de-change que le payeur
n'a pas acceptée: quand on compte sans son
hôte, il faut compter deux fois. vous pouvez
bien nous vendre, indignes et lâches mandataires;
mais vous ne vous livrerez pas. quand
les garnements de l'assemblée législative,
qui se croyaient les premiers moutardiers du
*pape , parce qu'il avaient des têtes en façon
de marc d'argent, suaient sang et eau pour
achever l'ouvrage des gâcheux qu'ils avaient
remplacé, je riais à gorge déboutonnée de
<Epg=4>leur sottise. vous avez construit votre tour
de *babel sur un sable mouvant, leur disais je;
tout votre échafaudage va dégringoler, et
vous allez être écrasés vous-mêmes sous les
ruines de votre édifice, les murs que vous
voulez élever ne sont que de boue et de
crachat. c'est à nous , foutre; c'est aux
*sans-culottes qu'il appartient de trouver le
tuf; nous seuls avons entre les mains les matériaux
propres à élever un temple à la liberté
qui durera autant que les siècles. c'est avec
nos bras robustes qu'il sera construit; c'est
avec le sang des voleurs et des traîtres qu'il
sera cimenté. ce que j'ai prédit est arrivé,
le grimoire de l'assemblée constituante ne
sert plus qu'à l'épicier et à la beurrière, et
les *sans-culottes n'en ont pas fait un autre
usage que des chiffons que les charlatans font
distribuer sur le *pont-*neuf , pour annoncer
qu'ils guérissent de tous les maux, excepté de
celui qu'on a.
§ il n'en sera pas ainsi de votre ouvrage,
législateurs *sans-culottes ;
la constitution républicaine
que vous avez donnée sera l'évangile
des nations, parce que vous avez joué
beau jeu, bel argent, et que vous avez voulu
<Epg=5>de bonne foi le bonheur du peuple. tous
les bougres qui vous ont barré chemin et qui
ont mis des bâtons dans les roues, se sont
brûlés à la chandelle. vous avez voulu ce
que le peuple voulait, vous avez fait ce que
le peuple ordonnait, et vous avez été tous
puissants.la tête du dernier tyran a roulé sur
l'échafaud, la louve autrichienne a été raccourcie,
les *brissotins, les *girondins ont joué
à la main chaude. dans peu de jours les ennemis
de l'égalité d'un bout à l'autre de la
république, n'empoisonneront plus l'air que
nous respirons; malgré les perfidies et les
trahisons des jean-foutres qui commandaient
nos armées, le sang des *autrichiens, des
*prussiens, des *espagnols, des *anglais a arrosé
nos campagnes et leurs cadavres engraisseront
la terre de la liberté. les accapareurs de
*marseille et de *bordeaux , qui voulaient faire
bande à part et démembrer la *france pour
être les rois du *midi , ont été forcés de mettre
les pouces et de fléchir le genou devant la
statue de la liberté. les marchands de galon
de *lyon qui, pour trouver un meilleur débit
de leurs soieries et de toutes les foutaises qu'ils
fabriquent, voulaient rétablir la royauté et
<Epg=6>ramener à *versailles toute la canaille de l'ancien
régime, ont vu leurs maisons et leurs
magasins réduits en cendres. je m'en repose
sur toi, brave *collot pour achever la besogne.
donne le coup de grâce aux muscadins qui
osent encore lever la tête. fais raser les restes
de cette ville rebelle. que son exemple
épouvante celles qui seraient tentées de
l'imiter, et toi, sainte montagne, lances la
foudre de toutes parts sur les scélérats qui
ont livré *toulon . que les boulets rouges,
que les bombes, que le soufre et le feu
pleuvent sur ses remparts. il n'y a plus dans
ses murs que des traîtres à exterminer.
les patriotes y ont tous été égorgés. c'est là
que deux représentants du peuple ont été assassinés.
quand cette ville criminelle ne sera
plus, qu'avec ses débris on en construise une
nouvelle peuplée des *sans-culottes qui ont
été opprimés pendant la révolution. braves
*montagnards, qui avez sauvé la *france ,
donnez le dernier coup de collier. maintenant
que vous connaissez toute votre force,
frappez, renversez tous nos ennemis. que
nos armées victorieuses poursuivent leurs
conquêtes dans la *belgique , non pas pour
s'amuser à la moutarde, en plantant de ville en
ville l'arbre de la liberté,
qui ne peut prendre racine
sur cette terre ingrate; mais que les *belges
stupides, qui ont prêté les mains à l'infâme
*dumouriez pour faire massacrer les braves
soldats qui combattaient pour les rendre
libres, que ces vils esclaves soient désarmés;
<Epg=7>que tous les magasins des villes, que nous allons
réduire servent à habiller nos bataillons; que
toutes les propriétés des riches de cette contrée
, que l'or et l'argent des églises nous indemnisent
des frais de guerre. quand nous
aurons fait un vaste désert depuis nos frontières
jusqu'à *bruxelles , que nos bataillons,
chargés de butin, rentrent dans nos villes de
guerre, pour y passer le quartier d'hiver,
et y attendre de pied ferme les satellites des
despotes jusqu'au printemps prochain s'il leur
prend encore fantaisie de venir nous attaquer.
mais non, foutre, les tyrans sont à quia .
ils comptaient plus sur
les traîtres qu'ils soudoyaient
parmi nous , que sur leurs armées.
grâce à sainte guillotine, les conspirateurs
disparaissent et ils ne pourront plus tirer que
des coups d'épée dans l'eau,ainsi donc, tous
les brigands couronnés, après avoir épuisé
leurs dernières ressources pour nous asservir,
ne vont savoir de quel bois faire flèche. ils
voient leurs trônes ébranlés et ils pâlissent
d'effroi de subir, avant qu'il soit l'âge d'un
petit chien, le sort de leur confrère *capet .
ils vont tomber à nos pieds pour nous demander
la paix. ils ne doivent l'obtenir
qu'aux conditions les plus dures et que lorsqu'ils
auront payés les frais de la guerre et que
lorsque nous leur aurons lié pieds et mains
pour leur empêcher de nous nuire.
§ voilà, braves *montagnards, la tâche honorable
que le peuple vous a confiée. vous
avez juré de la remplir et vous tiendrez parole.
<Epg=8>quand la *france sera délivrée de ses
ennemis du dedans et du dehors, vous céderez
le terrain à qui doivent vous remplacer.
vous irez dans vos départements jouir
du fruit de vos travaux et recevoir les bénédictions
du peuple dont vous aurez fait le
bonheur. vous y ferez respecter les saintes
lois que vous avez décrétées; vous défendrez
les opprimés, vous serez le soutien des faibles
et l'effroi des conspirateurs, la consolation
des malheureux; tant que vous vivrez, vous
serez chéris et respectés, et après votre mort,
votre mémoire sera sacrée. voilà ce qu'on
gagne à être honnête homme, foutre.
<Sda=1793> <numero=307> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande joie du *père *duchesne .
en donnant le coup de grâce aux calotins, et
en faisant connaître aux sots qu'ils embêtaient,
tous leurs tours de passe-passe et
leurs prétendus miracles. sa grande joie de
voir les braves *sans-culottes des villes et
des campagnes dénicher tous les magots et
magotes des églises, pour mettre à la place la
statue de la liberté.
<edito=1>§ l'homme est un animal d'habitude, qui,
<Epg=2>sans savoir pourquoi, fait toujours à sa
vieille routine, il ne sait, la plupart du temps,
ni comment, ni pourquoi il agit. sur cent
individus, il n'y en a pas deux qui se donnent
la peine de penser et de réfléchir; les trois
quarts et demie des animaux à deux pieds
sont de véritables singes qui gambadent, quand
ils voient gambader, et qui font toutes les
grimaces qu'ils voyent faire. demandez,
foutre, à ce cagot, qui passe les jours et les
nuits en oraison, qui fait de sa vie un carême
perpétuel, qui, pour plaire au père éternel,
devient maigre comme un hareng-saur, et
hideux comme un squelette, pourquoi il se
détruit ainsi lui-même de ses propres mains;
il vous dira qu'il a peur du diable; demandez
lui ce que c'est le diable, il vous répondra
que c'est un esprit malfaisant qui embroche
avec sa fourche de fer les âmes des damnés,
aussitôt qu'elles sortent de leurs corps, pour
les précipiter au fin fond des enfers dans des
chaudières remplies d'huile bouillante et dans
le plomb fondu; serrez la boîte à ce bougre
d'imbécile, et demandez lui encore ce que
c'est qu'un esprit, s'il a vu des esprits, il
vous répondra que ça ne se voit pas, que ça
<Epg=3>ne se touche pas, que ça ne se sent pas
même; ripostez et soutenez que celui qui
croit à ce qu'il n'a vu ni senti, est une
foutue bête; il vous appellera impie, athée;
foutez vous en, mais ne quittez prise que
lorsqu'il vous aura appris de qui il tient ces
contes à dormir debout, il sera forcé de
convenir qu'il parle d'après sa nourrice;
allez interroger la nourrice, celle-ci vous
répondra également que c'est aussi sa nourrice
qui lui a parlé du diable , du bon dieu,
du paradis et de l'enfer; ainsi donc, foutre,
en remontant de nourrices en nourrices, de
vieilles femmes en vieilles femmes, on trouvera
la source de toutes les sottises et de
tous les tours de gibecière avec lesquels on a
embadaudé les hommes.
§ veut on savoir au vrai quel est le bougre
qui a inventé le diable et l'enfer, je vais le
dire, foutre. au temps jadis, avant le déluge,
il y avait ni muscadins ni muscadines.
tous les hommes ne formaient qu'une même
famille, tous travaillaient également. ils
étaient libres et égaux et heureux par conséquent;
tout était en commun, chacun mangeait
dans la même gamelle. personne ne
<Epg=4>songeait ni au tien ni au mien . certain vaurien,
paresseux, gourmand, libertin, s'ennuya
de cette vie douce et paisible; il se
dit en lui-même: que je serais heureux si
je pouvais rester les bras croisés, tandis que
mes frères et mes voisins travaillent pour
moi, si je pouvais à moi seul dévorer la
part d'une demie douzaine ou plus, si, sans
avoir aucune femme pour mon compte, je
pouvais être le mari de toutes et vivre sur
le commun! qu'imaginer, que faire pour
embêter les autres et leur persuader que je
vaux mieux qu'eux, les déterminer enfin à
croire que tout ce que je leur dirai. tandis que
mon jean-foutre bâtissait ces châteaux en *espagne ,
l'air se couvrait de nuages, la foudre
grondait, l'éclair brille, l'orage redouble, la
grêle tombe, chacun fuit dans sa cabane pour
y trouver un asile, et mon jean-foutre fuit et
se cache comme les autres. l'orage se dissipe
peu à peu, le coquin voyant le danger passé,
sort le premier de sa tanière, une baguette
à la main, il trace des cercles sur terre,
lève les mains au ciel; tout le canton accourt
pour examiner le bougre d'endormeur; on le
prend pour un fou; mais le fripon ne perd
<Epg=5>pas la carte. <Sat=1> "savez vous,
<Sat=0> dit il à ceux qui l'entourent,
<Sat=1> savez vous ce que je viens de
voir? pendant l'orage, tandis que vous vous
cachiez, je suis resté seul au milieu de ce
champ, et j'ai bravé la foudre et la grêle;
j'ai fait plus, j'ai fixé les nuages d'où partaient
les éclairs, et j'ai aperçu,
tremblez, mes amis, mettez vous à genoux,
j'y ai vu un vieillard vénérable avec une barbe
blanche. c'est moi, m'a t il dit, qui ai créé
le ciel et la terre, c'est moi qui tiens la foudre
entre les mains, c'est moi qui conduis le
soleil, c'est moi qui fais germer les grains et
qui mûris les fruits; c'est moi qui ai fait le
premier homme avec un morceau de boue
que j'ai pétri avec ma salive ; je te charge
d'apprendre aux hommes ces grandes vérités;
tu m'appelleras dieu, tu leur ordonneras de
frémir en entendant prononcer mon nom, et
tu seras mon maître d'affaires sur la terre, et
pour m'entretenir plus souvent avec toi, je
te défends de travailler, et j'ordonne aux
autres hommes de te nourrir, et t'habiller,
de t'obéir, de te respecter comme moi-même".
<Sat=0> § à ce discours, tous les badauds (car il y en
a eu dans tous les temps et dans tous les pays,)
ouvrent le bec d'un aulne.
<Sat=1>" ce n'est encore rien,
<Sat=0> ajoute le bougre de bateleur,<Sat=1>
après avoir vu, comme je vous vois, et parlé face
à face avec le père éternel; un animal cornu
à longue queue, vomissant le feu, ayant de
longues griffes crochues, m'a aussi tôt apparu.
tu viens de voir le dieu du ciel, me dit il
<Epg=6>moi, je suis celui des enfers, et quoique nous
soyons aussi ennemis que le feu et l'eau, je
suis forcé de lui obéir, c'est de moi qu'il se
sert pour tourmenter les âmes après leur mort;
par ses ordres, je les plonge dans le soufre ,
dans l'huile bouillante,
en un mot je m'appelle le diable". <Sat=0>
§ tous les petits enfants, toutes les vieilles
femmes joignent les mains et sont transis de
peur en entendant ce récit. quelqu'un embarrasse
un peu cet imposteur, en lui demandant
ce que le diable a voulu dire en parlant
d'une âme. l'âme, réplique mon bougre,
c'est votre esprit, votre raison qui existeront
encore après votre mort. plusieurs vieillards,
gens de bon sens, secouent la tête en entendant
ainsi déraisonner, ils proposent de
donner une calotte de plomb à l'animal sans
cervelle qui croit les endormir avec ces
contes bleues; mais les vieilles femmes l'écoutent
en silence, l'admirent, sont transies de
peur. le fourbe continue cette marotte; le bon
dieu, à ce qu'il assure, vient le visiter; tous
les jours, enfin, il prend le nom de prêtre .
ce mot là, dans la vieille langue, signifie
celui qui vit des sottises d'autrui. il obtient
tout ce qu'il avait désiré. il se couvre d'une
longue robe chargée d'or. on lui apporte
les premiers fruits de la terre, de jeunes
agneaux, tout ce que la terre produit, tout
ce qui sort des mains des hommes leur est
délivré gratis pro deo ; enfin mon bougre boit
et mange, ronfle, la grasse matinée, tandis
<Epg=7>que les imbéciles qui le nourrissent travaillent
et suent sang et eau.
§ voilà, foutre, comment a commencé la
bougre de calotte; voilà comme quoi le
premier autel a été élevé, et comme la bêtise
des hommes a toujours été en augmentant.
les prêtres ont pris racine de plus en plus.
enfin, pour les démasquer et leur donner le
meilleur et le plus sage des humains; le fils
d'un pauvre charpentier nommé *jésus , fit
connaître toutes leurs fourberies; avant lui
les prêtres des *juifs ne vivaient
que de brigandages,
ils ordonnaient à l'un d'égorger
son fils; ils forçaient l'autre d'immoler sa
fille; ils n'avaient d'autre passe-temps que de
faire massacrer les hommes, et ils nageaient
dans des flots de sang; mais quand le brave
*sans-culottes *jésus parut, il prêcha la
bienfaisance, la fraternité, la liberté,
l'égalité, le mépris des richesses. tous les
prêtres menteurs eurent bientôt les ongles
rognés, et ils tombèrent dans le mépris. il
est vrai que les scélérats s'en vengèrent de la
bonne sorte; d'accord avec les juges et le
*capet de ce temps, ils firent pendre le pauvre
*sans-culotte *jésus , mais pour mieux le persécuter,
après sa mort, ils s'emparèrent de
sa dépouille, ils défigurèrent son évangile,
et ils le firent même servir à leurs jongleries.
ils ont fait un dieu de sang du meilleur *jacobin
qu'il y a eu sous la calotte des cieux, et en
son nom ils ont égorgé la moitié des générations.
<Epg=8>*dieu soit loué, les *jean-foutres sont
démasqués. dans les villes et les campagnes,
on les chasse à coups de fouet. ils sont obligés
de rendre à la république tout ce qu'ils ont volé
au peuple ignorant. les calices, les ciboires,
les croix d'or et d'argent pleuvent à la monnaie,
la statue de la liberté remplace , dans
les églises, les magots que les fourbes appelaient
des saints. patience, avant peu, nous
n'aurons pas plus de calottes, que de nobles
et de rois, foutre.
<Sda=1793> <numero=308> <semaine=422> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande joie du *père *duchesne .
au sujet du raccourcissement de *capet-*bordel ,
ci-devant duc d'*orléans . ses bons avis au
tribunal révolutionnaire pour qu'il batte le
fer pendant qu'il est chaud, et qu'il fasse
promptement passer sous le rasoir national le
traître *bailly , l'infâme *barnave et tous les
tripotiers de l'assemblée constituante qui ont
vendu au plus offrant le peuple à la tyrannie.
<edito=1> § tôt ou tard, foutre, la vérité perce, les
<Epg=2>fourbes se démasquent eux-mêmes, et à la fin
justice se fait; que de fourbes, que d'intrigants,
que de scélérats ont fait la pluie et le
beau temps depuis la révolution! pauvre
peuple, que de miracles pour éviter tous les
pièges qu'on t'a tendus! qu'il t'a fallu de
bon sens et de courage pour résister à tous
les coups de chien que l'on a imaginé pour
te perdre! comment n'as tu pas jeté le
manche après la cognée, en voyant tant de
fripons abuser de ta confiance?
§ tonnerre de dieu, quand je regarde derrière
moi, et que je repasse en ma mémoire
tout ce qui s'est passé depuis la prise de la
*bastille , les bras me tombent, et je n'en
reviens pas, foutre. un animal féroce nommé
roi, c'est à dire mangeur de chair humaine,
s'engraissait, lui et sa bougre de race, depuis
plus de quinze cents ans du sang de vingt cinq
millions d'hommes. le peuple stupide
et avili par un si long esclavage, ne connaissait
plus ni sa force, ni sa dignité; aussi docile
que la bête à somme, il portait le fardeau
sans murmurer, et il baisait en tremblant la
main qui l'opprimait. qui trop embrasse,
mal étreint. le tigre couronné croyant qu'il
<Epg=3>pourrait dévorer à son aise tout le troupeau
timide qu'il gouvernait suivant ses caprices
et son appétit glouton, a redoublé de cruauté.
le ver rampant que l'on écrase se recoquille,
et fait du moins faible effort pour résister à
la douleur. le taureau rugit sous la hache du
boucher, et s'il vient briser la corde qui l'enchaîne,
transporté de fureur , il écrase avec ses
cornes terribles le bourreau qui l'a frappé, et
dans sa rage il se précipite sur tout ce qui l'entoure
il renverse, il donne la mort de tous
côtés et porte au loin l'épouvante. voilà,
foutre, l'image du peuple dans les premiers
jours de la révolution; quand il eut brisé sa
chaîne, tout trembla devant lui, mais quand
sa colère parut apaisée, il se vit environné
aussitôt de milliers de jean-foutres qui l'amadouèrent
pour l'enchaîner comme de plus belle.
§l'égorgeur royal se dit en lui-même:
<Sat=1> "il faut
mettre de l'eau dans mon vin, car si je veux
tomber à coup redoublés sur ce taureau furieux
avant de l'avoir lié et garrotté,je m'expose
à périr sous ses coups, il faut le réduire
par finesse. je vais le flatter, le cajoler, lui
donner pour la frime tout ce qu'il parait désirer;
je consentirai à renvoyer pour un peu
<Epg=4>de tous mes garçons de tuerie, c'est à dire,
les princes, les ducs et pairs, les marquis,
tous les nobles, enfin les cardinaux, les évêques,
les financiers, les parlements; je me servirai
pour le dompter de nouveaux garçons
de massacre et je les prendrai parmi les bergers
que le taureau regarde comme ses défenseurs,
c'est à dire dans l'assemblée nationale elle-même.
il est un loup déguisé sous la peau de
l'agneau, un certain *mirabeau avec lequel
j'ai déjà fait secrètement mon marché, je lui
graisserai bien la patte pour me vendre une
loi martiale, un droit de veto , une liste civile
et d'autres lois pareilles, qui seront
entre mes mains, autant de couteaux pour
égorger ce peuple qui ose se regimber. j'ai
aussi dans ma manche un *bailly , un *la-*fayette
tous prêts à me prêter les mains, quand je
voudrai égorger, massacrer et dévorer les
entrailles de la victime. ce n'est rien encore,
des *barnave , des *thouret , des *duport , le
coquâtre *dandré et deux cents autres me
prépareront les cordes et les chaînes avec
lesquelles je réduirai mes esclaves".
<Sat=0> § ainsi raisonnait l'infâme cornard, que
nous avons raccourci. ce n'était pas la seule
<Epg=5>bête féroce qui voulait nager dans notre sang
un loup-cervier, nommé d'*orléans , flânait
autour du peuple, pour faire aussi sa curée.
<Sat=1>"*sans-culottes ,<Sat=0> disait il,
<Sat=1> fiez vous à moi,
je suis l'ennemi mortel de l'ogre royal,
et, quoique je sois de sa race, je ferai tout
ce que vous exigerez pour vous en délivrer".
<Sat=0>§les *sans-culottes , qui savent que les loups
ne se mangent pas, ne furent pas dupés des
paroles sacrées du loup-cervier; cependant,
aussi fins que ceux qui voulaient les foutre
dedans, ils se servirent de la patte du chat pour
tirer les marrons du feu. le loup-cervier,
croyant se mettre à la place de l'ogre royal,
épuisa toutes ses richesses, pour donner des
crocs en jambes à son cousin *capet .
§ tandis, foutre, que ces deux monstres
étaient aux prises, et s'entre-déchiraient pour
avoir leur proie,
les *sans-culottes se fortifiaient,
et ils marchaient petit à petit vers la
liberté; enfin ils foutirent le trône en canelle,
l'ogre royal et la guenon d'*autriche jouèrent
à la main chaude, ce ne fût pas sans peine,
car les renards *brissotins , les serpents de la
*gironde et tous les crapauds du *marais de la
convention furent lâchés sur le peuple et
<Epg=6>l'assiégèrent de tous les côtés, quand il voulut
donner le coup de grâce à la royauté. "nous
avons consenti à la révolution, disaient les
avocats, mais c'était pour être présidents et
conseillers aux parlements, et pour changer nos
robes noires pour des robes rouges, et puisque
nous avons tiré notre poudre aux moineaux,
nous nous rangeons sous la bannière de l'aristocratie;
et nous, ripostaient les gros marchands,
nous avons endossé l'habit bleu et
nous nous sommes joints d'abord aux *sans-culottes
pour foutre la chasse aux nobles,
mais c'était dans l'espérance de les remplacer;
puisqu'il n'existe plus de citoyens actifs, et
qu'on veut nous confondre avec la canaille ,
nous allons faire du pis que nous pourrons,
nous deviendrons accapareurs, fédéralistes,
aristocrates, royalistes; au foutre la république,
vive la royauté; et nous aussi, ripostaient
les calotins, en faisant chorus avec
tous ces viédases,
nous avons accepté la constitution
civile du clergé, nous avons juré,
mais c'était pour avoir des curés et des évêchés
mais maintenant qu'on se fout de tous nos tours
de passe-passe,
et que nos singeries sont découvertes,
nous allons aiguiser les poignards,
<Epg=7>allumer la guerre civile et remuer ciel et terre
pour avoir un roi qui rétablisse la dîme, les
canonicats, les bénéfices simples, les moines,
les religieuses, et qui rende au clergé tous
ses biens et dignités. courage, courage, s'écriaient
à la fois les riches, en attisant le feu,
nous ne payerons point d'impôt, nous réduirons
notre dépense pour faire tomber les
manufactures, nous enterrerons notre or et
nous ferons tirer la langue d'une aulne aux
*sans-culottes , pour leur apprendre à vouloir
être nos égaux.
§ voilà pourtant, foutre, tous les ennemis
que nous avons eu à combattre: voilà toutes
les étamines par lesquelles il a fallu passer.
c'est au milieu de tous ces corsaires, qu' une
poignée de véritables républicains a conduit
une petite nacelle toujours prête à être engloutie
par les gros vaisseaux, qui lâchaient
sur elle leur bordées de tribord et de bâbord,
elle arrive enfin à bon port. l'ogre
royal a mis la tête à la fenêtre, les *brissotins
ne sont plus, les accapareurs de *marseille et
*bordeaux sont à quia . l'or des marchands
de galon de *lyon va payer les frais de la
guerre; dans peu de jours *toulon sera rasée.
les calotins et les marchands d'orviétan sont
sur la même ligne: l'armée révolutionnaire va
mettre les riches à la raison; les *autrichiens,
les *prussiens, les *espagnols, ne savent plus de
quel bois faire flèche: ça va , foutre, *philippe
d'*orléans , autrement dit *capet-*bordel s'est
pris dans le piège qu'il tendait
à la *sans-culotterie ,
<Epg=8>et le rasoir de l'égalité vient de faire
sauter la tête de cet infâme escroc. on accusait
les *jacobins de le vouloir pour roi. les *jacobins
demander un roi! c'est tout comme si
on accusait *pitt et *cobourg d'être les amis
de la république.c'est par des *jacobins,
par de véritables *jacobins que le bougre vient
d'être jugé; voilà comme les patriotes répondent
à la calomnie. à ton tour *coco-*bailly ,
maire-grue; à ton tour bateleur
*manuel ; à ton tour traître *barnave , et vous
tous, gredins de réviseurs de l'assemblée
constituante, qui avez vendu le peuple au
tyran, vous ne l'échapperez pas, j'en jure sur
ma moustache, foutre.
<Sda=1793> <numero=309> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande joie du *père *duchesne .
de voir que les cagots sont obligés
de se cacher
dans leurs caves pour y dire leurs patenôtres et
leurs oremus , et mangent du fromage de ce
que les *français ne veulent pas avoir d'autre
dieu que la liberté. leurs prières et leurs
lamentations en accusant le bon dieu de
devenir *sans-culotte , attendu qu'il ne lance
pas sa foudre pour exterminer ceux qui ne
croient pas à leurs contes de bonne femme.
<edito=1> § j'ai tant de choses à dire, foutre, que
<Epg=2>je ne sais pas par où commencer. tonnerre de dieu
comme le tribunal révolutionnaire en
abat! ah! foutre, s'il avait existé deux ans
plus tôt, nous serions maintenant libres et
heureux! nous avons d'abord joué avec la
liberté à *colin-maillard , et nous l'avons
cherché en tâtonnant, au lieu de renverser
et de détruire tout ce qui nous séparait d'elle.
si nous avions profité des bons avis de *marat ,
quand l'assemblée constituante tourna casaque
au peuple, et si trois cents potences avaient
été plantées sur la terrasse des *tuileries pour
y accrocher les jean-foutres qui nous trahissaient,
des flots de sang n'auraient pas coulés,
il n'en aurait pas coûté la vie à un million de
braves *sans-culottes pour assurer notre
liberté. si l'infâme *capet et la louve d'*autriche
avaient été raccourcis, après l'équipée de
*varennes , la révolution aurait avancée de
deux ans; notre numéraire n'aurait pas passé
à *vienne , et nous n'aurions pas fourni des
verges pour nous fouetter; les brigands
couronnés n'auraient pas osé foutre le
nez dans nos affaires; ils ne nous auraient
jamais attaqué, si le monstre que nous
avions lâchement conservé, ne leur avait livré
<Epg=3>les clefs de la *france . si le 10 août le peuple
avait su réparer le temps perdu, en immolant le
tyran et toute sa bougre de race sur les cadavres
des citoyens qui venaient d'être égorgés
par ses ordres, la convention n'aurait
pas été déchirée pendant cinq mois et la république
à deux doigts de sa perte.
§ il n'y a pas à barguigner, foutre, en révolution,
il faut s'attendre à tuer ou à être tué.
si les *brissotins n'avait pas été guillotinés,
les patriotes l'auraient été.
<Sat=1> vous faites bien de nous raccourcir,
<Sat=0> a dit le traître *biroteau en allant au supplice
<Sat=1>, car si nous avions eu
le dessus, nous ne vous aurions pas épargné;
il n'y aurait pas eu assez de bourreaux pour vous
détruire.<Sat=0> comme on voit, la bonne volonté
ne manquait pas à ces jean-foutres et nous
devons une belle chandelle à sainte guillotine;
car si tous les *sans-culottes n'ont pas perdu
le goût du pain, ce n'est pas leur faute. ils
voulaient couper l'arbre de la liberté par la
tête et par les racines. d'abord ils se déchaînèrent
comme des chiens enragés contre *robespierre ,
ils l'accusèrent de vouloir être
dictateur, et ils voulaient le condamner sans
entendre; mais ce brave bougre avait heureusement
<Epg=1>bec et ongle; il les confondit et ils
ne tirèrent que des coups d'épée dans l'eau;
ensuite ils déchirèrent à belles dents *marat ,
et ils le firent passer dans les départements comme
un véritable loup-garou: ils dirent qu'il
voulait être roi; ils le représentèrent avec
une couronne de poignards surmontés de
têtes de morts, tenant à la main une cuisse
qu'il dévorait en guise de sceptre.
tous les badauds de la *gironde , des *bouches
du *rhône , du *finistère , du *calvados
croyaient aussi fermement au roi *marat ,
que *brissot à la contre-révolution. et moi
aussi, pauvre marchand de fourneaux,qui
n'a jamais eu d'autre ambition que de voir
la république établie et les *sans-culottes
heureux, ils me firent passer pour un buveur
de sang, ils m'accusèrent de vouloir dissoudre
la convention, comme si une convention
pouvait se manier comme une terre glaise
que je pétris à mon gré et suivant mes
caprices. si la querelle d'allemand des viédases
du comité des douze avait réussi, il y a gros,
foutre, que ma vieille tête aurait tombée
dans le sac, et après la mienne, celle de tous
les bougres à poil qui ont défendu les droits
du peuple.
§ c'est donc pain béni que d'exterminer
tous les scélérats qui voulaient nous perdre.
mieux vaut tuer le diable que le diable nous
tue, comme je l'ai dit cent fois. les *sans-culottes
ont donc bien fait, dame *coco , de
te faire jouer à la main chaude; car si ton
<Epg=5>vieux cocu ne s'était pas cassé le nez avec
son brissotage, tu aurais été une seconde
autrichienne. ainsi donc, foutre, tandis que
le tribunal révolutionnaire a la bride sur le
col, qu'il nous délivre promptement de tous
les jean-foutres qui ont manigancé
la contre-révolution
avec l'ogre royal et des scélérats
qui ont voulu le sauver. puisque la terreur
est à l'ordre du jour, et la guillotine permanente,
que tous les ennemis du peuple
périssent! n'allons pas saigner du nez, et faire
un seul pas en arrière;
car les contre-révolutionnaires
se relèveraient bientôt, et recommenceraient
de plus belle. surtout ne perdons
pas de vue les calotins, et tenons en joue
toute la canaille de la cagoterie. les dévots
et les dévotes désolées de voir leurs saints
dénichés, vont jouer de leur reste, et remuer
ciel et terre pour nous tourmenter. ah$!
foutre, quel fromage ils ont mangé, quand
ils ont vu l'évêque *gobet et ses grands vicaires
venir faire amende honorable à la barre de
la convention, et découvrir le pot aux roses,
en déclarant que les prêtres étaient des
escamoteurs, des fourbes qui vivaient aux dépends
des sots, que l'enfer et le purgatoire
étaient des contes de bonne femme. ces bateleurs
qui pendant quinze cents ans avaient
fondé leur cuisine sur le mensonge et la superstition,
auraient ils consenti à renverser
ainsi leur marmite, s'ils n'avaient pas eu
l'épée dans les reins et s'ils n'avaient pas cru
davantage à la vertu de sainte guillotine qu'à
<Epg=6>leur petit bon dieu de pain à cacheter. ah le
beau jour! ah la bonne fête que nous avons
célébrée à la dernière décade! quel spectacle
de voir tous les enfants de la liberté se
précipiter dans la ci-devant cathédrale, pour
purifier le temple de la sottise et le consacrer
à la vérité, à la raison! ces voûtes où on
n'avait jamais entendu que le croassement
des corbeaux de l'église, où on n'avait jusqu'alors
entendu chanter que des psaumes et
des litanies, ont retenti des chansons patriotiques.
à la place de cet autel où des prêtres menteurs
persuadaient à des imbéciles que le dieu du ciel
descendait par leur ordre, en marmottant
quelques mots de latin, et passait tout
entier, comme une muscade, dans un petit
morceau de croquet; à la place de cet autel,
ou plutôt de ces tréteaux de charlatans, on
avait construit le trône de la liberté. on n'y
plaça pas une statue morte, mais une image
vivante de cette divinité, un chef d'oeuvre
de la nature, comme l'a dit mon compère
*chaumette . une femme charmante, belle comme
la déesse qu'elle représentait, était assise au
haut d'une montagne, un bonnet rouge sur la
tête, tenant une pique à la main, elle était
entourée de toutes les jolies damnées de
l'opéra qui à leur tour ont excommunié la calotte,
en chantant mieux que des anges, des
hymnes patriotiques. les *sans-culottes , enchantés,
criaient bravo à plein gosier; tous
juraient de ne reconnaître pour divinité que
la patrie et de mourir pour elle.
<Epg=7> § après avoir ainsi purifié le temple de la
jonglerie, les *sans-culottes firent une procession
civique à la convention.des canonniers
ouvraient la marche en portant au bout
d'une pique, en guise de bannière, la dépouille
du prince de la calotte, c'est à dire,
la chape, cousue d'or, et la mitre de l'archevêque.
les membres des autorités constituées
défilaient avec les ministres, tous
coiffés de bonnets rouges, en faisant retentir
l'air des cris de vive la liberté, vive l'égalité,
vive la république, vive la raison. quatre
lurons de la *halle portaient sur son trône la
divinité chérie.
il fallait entendre les applaudissements
de la convention , quand ce cortège
défila dans son sein. la divinité fût placée
auprès du président, c'est à dire de son grand
prêtre: quand on est si près du bonheur, on
ne peut s'empêcher de donner quelque signe
de vie, le brave *laloy , au nom de tout le
peuple français, donna, à la divinité, la
plus douce accolade en signe du respect et de
l'amour constant que les républicains auront
toujours pour elle. la convention décréta que
le peuple de *paris et ses autorités constituées
avaient bien mérité de la république, en donnant
ce grand exemple à l'univers. elle voulut
rendre le premier hommage au temple de la
raison, et elle reconduisit la liberté dans son
sanctuaire. toutes les rues étaient garnies
d'une foule immense qui était aux nues de voir
ce grand spectacle. les bigots étaient cachés
dans leurs caves, et ils enrageaient contre
<Epg=8>leur bon dieu; quelques uns même l'accusaient
de devenir *sans-culotte ; car il faisait le plus
beau temps du monde. pour combler la joie
publique, l'écorcheur du *champs-de-*mars , le
traître *bailly , venait d'être condamné par
le tribunal révolutionnaire, tant il est vrai
qu'un bonheur n'arrive jamais sans l'autre,
foutre.
<Sda=1793> <numero=310> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande colère du *père *duchesne ,
de voir que toutes les bigotes font feu des
quatre pieds, pour conserver leur vieilles reliques!
ses bons avis aux *sans-culottes , pour
qu'ils aillent s'instruire à la comédie qui vaut
mieux que les sermons des capucins. sa
grande revue des spectacles, pour dauber ceux
qui gouaillent la *sans-culotterie , et pour
soutenir les braves bougres qui jouent des
pièces républicaines.
<edito=1> § l'autre jour je fumais ma pipe au coin
<Epg=2>de mon feu; ma *jacqueline tricotait et mes
petits marmots se roulaient par terre en
jouant avec mon caniche; tout était paisible
dans mon ménage, quand tout à coup, foutre
une vieille édentée du voisinage, une dévote
à trente six carats vient nous montrer sa face
de carême et m'ennuyer de ses contes à dormir
debout.<Sat=1> *mère *duchesne ,
<Sat=0> s'écriait elle en joignant les mains et
en s'adressant à ma *jacqueline ,
<Sat=1> qu'allons nous donc devenir, on ne
connaît plus dieu ni ses saints? on détruit la
religion! ah que le bon dieu doit être en colère!
miséricorde! le jour du jugement va
sans doute arriver. je crois entendre la trompette;
je crois voir les morts sortir de leurs
tombeaux; il me semble que je suis déjà dans
la vallée de *josaphat et que le fils de dieu
s'avance sur un nuage pour nous juger tous.
<Sat=1> § *pardine , c'est grand dommage,
<Sat=0> riposte ma *jacqueline;
<Sat=1> vous voyez que la fin du
monde va arriver , parce qu'on fout de côté
toute la bougre de calotte. n'y avait il pas
assez de temps qu'elle nous embêtait? moi
aussi , comme une autre, j'ai été dupe dans
ma jeunesse de toutes les singeries des
prêtres; j'étais assez sotte pour aller m'agenouiller
aux pieds d'un cafard , et lui conter
mes petites fredaines. un certain jour que je
défilais ainsi mon chapelet à certain paillard,
j'allais achever mon confiteor et dire mon
mea culpa ; le bougre m'arrête tout court,
en me serrant la main. "c'est toujours la
même chanson, me dit il, vous me répétez
<Epg=3>à chaque fois que vous avez été gourmande,
que vous avez menti et juré; mais une fillette
doit commettre quelques péchés plus jolis
de quinze ans, qui a un minois aussi friand,
que ceux dont vous vous accusez. non,
mon père, je vous l'assure, je vous ai tout
dit. comment, vous ne sentez point encore
palpiter votre petit coeur? . pardonnez
moi, mon père, quand je vois souffrir quelque
malheureux; est ce qu'il y a du mal à cela?
vous ne vous faites jamais aucun attouchement?
vous grattez vous, quelques fois?
eh! mon père, puisque j'ai des mains et des
doigts, n'est ce pas pour m'en servir; est ce
un mal de se gratter où cela démange?
vous ne connaissez aucun garçon? pardonnez moi,
mon père, je joue avec tous
nos petits voisins à la clémusette, au gage-touché,
touché, à pied de boeuf. et le jeu d'*amour ,
le connaissez vous? pas encore,
mon père. eh bien, je vais vous l'apprendre.
le paillard alors me serre entre ses bras, me
dévore des yeux; il veut allonger son vieux
museau sur mon visage, je me défends; il
me serre si fort que je crus qu'il m'étoufferait;
il cherche, avec son menton de galoche, à
déranger mon mouchoir; je crie de toutes
mes forces; mon bougre, craignant d'être
surpris fût forcé de me lâcher. remettez vous
à genoux, me dit il, d'un air hypocrite, j'ai
voulu voir si vous étiez sage, et si vous saviez
rembarrer les hommes quand il veulent vous
caresser, dites votre mea culpa , et je vais
<Epg=4>vous donner l'absolution, à condition que
vous viendrez me voir dans ma chambre; allez
en paix et ne péchez plus.
§ je me retire toute confuse. quelque temps
après, ma mère qui donnait dans la momerie,
s'apercevant que je rechignais plus que de
coutume pour aller à confesse, m'en demanda
la raison. je lui racontai ingénument ce qui
m'était arrivé. vous êtes une morveuse, me
dit elle, vous mentez, cela n'est pas possible.
mais mon père qui était un luron de la ganse,
de la trempe de mon vieux marchand de fourneaux,
jura comme le *père *duchesne contre
le cafard , et me défendit d'approcher jamais
un calotin d'une lieue. ma mère eut beau se
fâcher et me mettre en pénitence, j'obéis à
mon père. depuis ce temps, je n'ai plus eu
foi dans les reliques des calotins , et à mesure
que j'ai vieilli, mon mépris pour eux n'a
fait qu'augmenter. je les ai toujours regardé
comme des brouille-ménage qui ne voulaient
pas prendre de femmes pour être les maris
de toutes. je ne crois plus à leur enfer
et à leur paradis qu'à *jean de *vert . s'il existe
un dieu, ce qui n'est pas trop clair, il ne
nous a pas créés pour nous tourmenter, mais
pour être heureux. il ne s'embarrasse pas plus
de nous que des hérétiques. les huguenots
et les juifs vivent tout comme nous; leurs
enfants sont aussi dodus que les nôtres. s'ils
étaient aussi détestés que le disent les prêtres
de notre prétendu père éternel, qui a tout fait
et qui peut tout détruire, il ferait perdre le
<Epg=5> goût du pain à ces hérétiques. ma voisine,
lamentez vous tant que vous voudrez, je me
gausse de vos gros soupirs et je suis d'une joie
de bougre de voir que nous voilà pour jamais
déprêtraillés. la bigote fait un signe de
croix. vous serez damnés tous les deux
comme la poule à la *charlotte, s'écria t elle.
tant mieux, vieille sotte, lui répondis je.
ton paradis, s'il existe, ne sera qu'une basse-cour
où tous les dindons et les cochons de la
terre seront renfermés; si je pouvais croire
à ton enfer, c'est là que je voudrais habiter
avec tous les hommes d'esprit et toutes les
jolies damnés. après avoir ainsi rivé le clou
à la péronnelle, je lui fis voir la place où les
maçons n'avaient point travaillé.
<Sat=0> § tu viens de parler comme un livre, dis je,
à ma *jacqueline , quand nous fûmes délivrés
de cette face à gifle; pour t'en récompenser
je te mènerai demain à la comédie: cela vaut
mieux que la messe on y dit en riant de
bonnes vérités, et quand la pièce est bonne,
elle instruit mieux que le plus beau sermon.
où ça, mon vieux, aux grands danseurs de
corde? non pas, *jacqueline , un pareil
spectacle est indigne des républicains. il n'y
a que des rois ou leurs valets qui puissent
s'amuser à voir un pauvre diable s'écloper
et souvent se casser le col pour gagner un
misérable *corset . nous irons donc voir les
ci-devant comédiens du roi. pas davantage. je
n'en suis pas fâchée, notre homme, car j'ai
toujours baillé en entendant ces rois et ces
<Epg=6>princesses en détrempe. ils ne feront plus
bailler personne, ma vieille, si ce n'est les
aristocrates avec lesquels ils sifflent maintenant
la linotte. cette bande de muscadins et
de muscadines est à l'ombre pour avoir voulu
gouailler la *sans-culotterie . ils ont oublié
que le plus beau de leur nez en était fait.
écoute, notre homme, on dit comme ça,
qu'il y a un nouveau théâtre qui est beau à
faire peur, où ce qu'on vous prie très poliment
d'entrer gratis , attendu que la salle est
toujours vide: si tu veux, nous en tenterons,
puisque ça ne coûte qu'un moment d'ennui.
on m'a dit que c'est une brave citoyenne qui
a fait construire exprès cette salle pour amuser
seule tous les *sans-culottes de *paris et faire
mettre la clef sous la porte à tous les autres
comédiens. quel est le laquais de muscadin
qui t'a fait un pareil conte, c'est la *montansier
dont tu veux me parler, et tu donnes le nom
de citoyenne à une pareille guenon? apprends
que cette vieille balayeuse de coulisses était
la première pourvoyeuse de la louve autrichienne.
à *versailles, elle lui tenait complaisamment
la chandelle, quand elle encornaillait
l'ogre *capet dans sa petite loge.
quand la bougre de ménagerie des *tuileries
fût à l'ombre, elle suivit le traître *dumouriez
à *bruxelles , et après lui avoir rendu le même
service, elle lui aida à faire perdre le crédit
des assignats, en affichant à la porte de son
spectacle que l'on payerait trois livres aux premières
places, en numéraire, et six francs en assignats.
<Epg=7>la garce qui aurait dû être raccourcie
pour avoir commis un pareil crime, a eu l'audace,
foutre, de venir ensuite demander
quatre vingt mille francs à la convention pour
récompense; et *gargantua *lacroix , pour
bonne raison, a appuyé sa demande de tous
ses poumons. on connaîtra sous peu les voleurs
de grands chemins qui ont fourni des
fonds à cette banqueroutière pour construire
ce nouveau bordel. on saura que chaque
pierre est cimentée avec le sang du peuple,
que les décorations ont été faites aux dépens
des chemises de nos braves volontaires. patience,
le temps découvrira tout. en attendant,
le comité de sûreté générale doit faire arrêter
comme suspecte cette tripotière de l'ancien
et du nouveau régime, et la convention
ne doit pas souffrir un spectacle auprès de la
bibliothèque nationale qui tôt ou tard y mettrait
le feu et détruirait le monument le plus
précieux de l'univers.
§ ainsi donc, ma *jacqueline , tu n'iras point
à ce spectacle, mais je te conduirai à celui
qui s'intitule avec raison *théâtre de la république ;
tu verras le *jugement dernier des
*rois , tu verras tous les brigands couronnés
la corde au col, jetés dans une île déserte,
tu verras le pape faire amende honorable, et
obligé de convenir qu'il n'est qu'un joueur de
gobelets; tu verras tous les tyrans de l'*europe
obligés de se dévorer eux-mêmes, et engloutis,
à la fin de la pièce, par un volcan. voilà un
spectacle fait pour des yeux républicains.
<Epg=8>nous passerons ensuite en revue tous les
autres spectacles de *paris . je mettrai au pas
tous ceux qui sentent encore le musc; mais
tu crieras bravo avec tous les bons *sans-culottes ,
en voyant le grand *opéra , et en
entendant nos compères *cheron , *lais ,
*renaud chanter des hymnes en l'honneur de
la *sans-culotterie , foutre.
<mois=05>
<Sda=1793> <numero=311> <quinzaine=51> <semaine=511> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande colère du *père *duchesne ,
contre tous les jean-foutres qui pêchent en
eau trouble, et qui s'enrichissent aux dépends
de la république. ses bons avis à la convention,
pour qu'elle mette au pas les fournisseurs
des armées, qui pillent le soldat,
et qui s'entendent tous, comme larrons en
foire, pour dégoûter les défenseurs de la
patrie, en les faisant mourir de froid et de
faim.
<edito=1> § je reçois tous les jours des lettres des braves
<Epg=2>bougres qui se peignent si dur aux frontières
avec les ennemis de la république.
<Sat=1> "tu es un vieux camarade,
<Sat=0> m'écrivent les uns, <Sat=1> tu connais
le service, tu dois être notre soutien,
nous te regardons comme le père du soldat,
jure donc du matin au soir contre les fripons
qui nous pillent, et contre les muscadins qui
nous tourmentent. les fournisseurs des armées
sont des scélérats. l'étoffe des habits
qu'on nous envoie est aussi mince que de la
mousseline, et ils sont si étriqués qu'ils ne
nous couvrent pas la moitié du corps; ils
sont si mal cousus , qu'en les mettant ils
pètent de tous côtés; nos chemises sont
faites avec de la toile à torchon; à peine
nous viennent elles jusqu'au nombril, et elles
sont si étroites que nos bras et nos épaules
n'y sauraient passer. on ne nous donne que
des souliers de papier mâché, qui nous manquent
dans les pieds, quand nous avons fait
deux pas; ce qui fait, mon vieux chiqueur,
que nous sommes tous déguenillés et aussi
nus que des petits *saint-*jean , et nous ne
cessons de bivouaquer et de coucher à la belle
étoile. cependant nous avons une convention
qui est une bonne mère, les défenseurs de
<Epg=3>la république sont ses enfants chéris. elle ne
veut pas sans doute qu'ils périssent de misère.
notre ministre est aussi le meilleur des humains.
il perd le boire et le manger, il ne dort
ni jour ni nuit, nous le savons. s'il pouvait
tout faire par lui-même, nous serions heureux,
foutre. recommande lui bien, *père *duchesne ,
la plupart des commissaires des guerres qui
sont des ignorants et des voleurs. ils s'entendent
comme larrons en foire avec les fournisseurs,
pour nous dépouiller. on croit peut-être nous
dégoûter du métier en nous maltraitant de la
sorte. on se flatte que nous jetterons le manche
après la cognée. on se trompe bougrement.
nous avons juré de vivre libres ou de mourir,
et de ne pas rentrer dans nos foyers jusqu'à
ce que la *france soit victorieuse de tous ses
ennemis. nous tiendrons parole, foutre, quoique
tous en loques, sans bas et sans souliers,
nous n'en faisons pas moins notre devoir en
bons républicains; la boue jusqu'à la ceinture
nous marchons gaiement à l'ennemi en chantant
tant la carmagnole. si nous nous plaignons,
foutre, ce n'est pas à cause du mal que nous
endurons, mais nous mangeons du fromage
de voir que la république est ainsi trompée
<Epg=4>et volée à la journée. au surplus, brave
marchand de fourneaux, nous nous en rapportons
à toi. tandis que nous foutons la
danse aux ennemis du dehors, c'est à toi de
faire la guerre aux fripons de *paris . nous
espérons être vengés après la guerre, et la
convention en temps et lieu saura rogner les
ongles aux jean-foutres qui s'enrichissent aux
dépens du peuple.
<Sat=0> § d'autres braves bougres m'adressent de
toutes parts leurs plaintes, les uns crient
contre les vivandiers, qui, ni plus ni moins
que les épiciers de *paris , fabriquent eux-mêmes
le brant-de-vin avec du bouillon de
canard et du poivre long et qui leur font payer
encore cette ripopée plus chère que le
meilleur sacré chien.il est foutant pour un
pauvre bougre, après avoir humé toute une
journée la fumée du canon et dont le gosier
est aussi desséché que le coeur d'un calotin de
n'avoir pas une goutte de bon rogome pour se
gargariser le palais.
§ un luron de la ganse, nommé la *tulipe ,
m'écrit de l'armée de *moselle :
<Sat=1> tu te plains,
<Sat=0> me dit il,<Sat=1> de ce que les officiers de
la ci-devant ligne ne sont pas tous au pas, et
<Epg=5>qu'ils sont encore commandés par des muscadins
qui ne veulent pas prendre l'habit
national. apprends, vieux marchand de fourneaux,
que les soldats de la république sont
tous citoyens, et que nous ne connaissons
d'autre distinction que celle des bons et des
méchants. s'il y a encore à notre tête quelques
muscadins, nous espérons en être délivrés
petit à petit; au reste ils n'auront pas beau
jeu avec des bougres à poil tels que nous;
mais puisque muscadins il y a, je vais te faire
connaître ceux contre lesquels tu peux dégoiser
à ton aise. dis moi donc pourquoi les
généraux et leurs aides de camp ne portent ils
pas aussi l'uniforme national? pourquoi sont ils
couverts de galons d'or? tu diras peut-être
qu'il faut une distinction pour les grades,
à fin de connaître ses chefs; mais des républicains
doivent ils se distinguer par de beaux
habits. j'ai toujours entendu dire que ce n'est
pas l'habit qui fait le moine, et cependant
dans l'ancien comme dans le nouveau régime
j'ai toujours cru que l'on ne regardait que
l'écorce, qu'un sot bien vêtu serait le premier
moutardier du pape, et que le plus
brave homme, sous des haillons, est reçu partout
<Epg=6>comme un chien dans un jeu de quilles.
si nous sommes tous égaux, foutre, il faut
faire cesser l'aristocratie des habits et surtout
à l'armée. je voudrais aussi que les généraux,
au lieu de se tenir à l'écart dans
leur bougre de quartier, fussent campés avec
nous, pour voir tout ce qui se passe. je désirerais
surtout que les représentants du peuple
auprès des armées, fussent plus souvent
avec le soldat pour entendre ses plaintes, et
lui rendre justice; car les muscadins des états
majors, craignant que nous ne découvrions le
pot aux roses, ont toujours grand soin de nous
écarter. le quartier général est toujours environné
d'un tas de galopins; quand un pauvre
pileur de poivre ose en approcher, les
chevaux des muscadins trépignent autour de
lui, et le couvrent de boue pour l'éloigner.
s'il se plaint, on le regarde avec dédain; s'il
crie contre pareilles viédaseries, on le
fout dedans. voilà la vérité, *père *duchesne ,
fais en ton profit et le nôtre, foutre.
<Sat=0> § c'est ainsi que nos braves camarades des
armées m'ouvrent leurs coeurs. la plupart de
leurs plaintes sont justes; qu'ils soient tranquilles,
foutre,leurs bons amis, les *jacobins
<Epg=7>prennent leur défense, et la convention va
les délivrer à jamais des muscadins et des
voleurs. déjà, foutre, elle vient de décréter
que tous les bons citoyens seraient invités à
fournir autant de chemises qu'ils pourraient
pour leurs frères des armées. il n'y a pas de
bon *sans-culotte qui ne se dépouille de sa
dernière pour garnir le sac d'un défenseur
de la république, et maintenant que sainte
guillotine fait tant de miracles, les riches font
contre fortune bon coeur, ils seront forcés de
donner à pleines mains pour n'être pas regardés
de mauvais oeil. j'aurais voulu encore,
tandis que la convention était en train de bien
faire qu'elle eut ordonné à toutes les communes
de la république de fournir chacune
autant d'habits, de bas et de souliers qu'elles
pourraient pour équiper nos frères d'armes.
de cette manière, la fabrication serait surveillé
par les *sans-culottes et les fournitures
seraient de bonne qualité, mais on n'a pas
fait *paris dans un jour.
j'espère que nous profiterons
de la mauvaise saison, pour nous
préparer à donner une fameuse danse aux
brigands couronnés. l'or pleut de toute part
à la monnaie; tout ce que les prêtres avaient
<Epg=8>volé à nos pères est restitué à la république.
toutes les richesses, jointes aux biens des
émigrés, payeront les frais de la guerre, et à la
campagne prochaine les soldats de la liberté
seront calés de la tête aux pieds, foutre.
<Sda=1793> <numero=312> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande colère du *père *duchesne ,
contre les trois jean-foutres qui ont déserté la
montagne pour aller barboter avec les crapauds
du *marais, afin de sauver le reste de la bande
de *cartouche *brissot . ses bons avis aux
braves *sans-culottes et aux *jacobins de se
tenir sur leurs gardes , et de ne pas s'endormir
jusqu'à ce que la grosse *babet ait été
raccourcie, ainsi que tous les coquins qui ont
voulu allumer la guerre civile entre *paris et
les départements.
<edito=1> § l'argent fait tout, disent les fripons et
<Epg=2>les aristocrates; avec l'argent, foutre, on
vient à bout de tout, on ouvre toutes les
portes; avec l'argent, on fait la pluie et le
beau temps; avec l'argent on a bon droit partout;
avec l'argent, on fait voir que ce qui
est blanc est noir; avec l'argent, le plus grand
voleur de l'univers passe pour le plus honnête
homme; avec l'argent, on met les citoyens à
chien et à chat, on mitonne des contre-révolutions;
avec l'argent on peut détruire
la république la plus calée et rétablir la
république.
§ voilà comme quoi un tas de jean-foutres
manigancent la contre-révolution, et s'imaginent
tout détruire, parce qu'ils ont du
quibus ; mais les *sans-culottes ont aussi leur
contrepoison, et ils peuvent leur riposter;
par la vertu de sainte guillotine, nous nous
foutons de votre or et de vos assignants; car,
foutre, le seul nom de cette grande sainte
vous fait vesser de peur. avec la guillotine,
nous faisons mettre les pouces aux accapareurs;
avec la guillotine, nous ferons sortir
des caves tout notre numéraire que les agioteurs
y ont enterré, avec la guillotine, nous
avons fait disparaître les muscadins; avec la
<Epg=3>guillotine, le masque des calotins a tombé,
et eux-mêmes ils ont été obligés de nous
faire connaître leurs tours de gibecière, et
d'avouer qu'ils étaient des fourbes et des imposteurs
qui vivaient depuis quinze cents ans
aux dépens des sots; avec la guillotine,
nous forcerons
les riches de vider leurs coffres, avec
la guillotine, ça ira, foutre, et la république
triomphera; mais il ne faut pas rester en si
beau chemin, car, foutre, un seul pas à reculons
nous replongerait dans le margouillis.
si nous donnions un seul moment de relâche
aux aristocrates, si nous leur laissions le temps
de respirer, ils lèveraient bientôt la crête, et
notre tour arriverait. pour se débarrasser de
nous, ils ne feraient pas tant de façons, ils
n'auraient pas besoin de juges pour nous faire
perdre le goût du pain; aussitôt pris,
aussitôt pendu.
§ quels sont donc les viédases qui ont osé
proposer à la convention de rebrousser chemin?
qu'elle était donc leur intention,
foutre? craignaient ils que les bougres qui
sont prêts à cracher dans le sac ne découvrissent
le pot aux roses? sur quelle herbe
avais tu donc marché, endormeur *thuriot ,
<Epg=4>quand tu as lâché ton robinet de paroles, au
haut de la montagne, pour l'inonder du poison
du *marais? et toi, ci-devant *sans-culotte
et maintenant le plus musqué des muscadins,
*bazire , as tu pensé que l'on tirerait le rideau
sur tes aventures de *lyon, et sur tous tes tours
de passe-passe au comité de sûreté générale!
apprends que les *sans-culottes voyent
tout, savent tout tôt ou tard, que rien ne
leur échappe, qu'ils ont bonne mémoire et
que quand le sac est plein, il faut qu'il crève.
et toi-même, paillardin *chabot , as tu pu
te flatter que nous ne verrions que du feu à
ton bougre de mariage autrichien? t'imagines tu
qu'un seul patriote ait été dupe de
ton conte bleu de la femme aux deux cents
mille livres? est il un seul père de famille
assez ennemi de lui-même pour te donner sa
fille, quand elle n'aurait qu'un seul cotillon?
bougres de sots, il fallait cacher un peu
votre jeu, et ne pas prendre la chèvre par
la barbe. quand vos manigances ont été découvertes,
et quand les *sans-culottes ont
jasé sur votre compte, vous leur avez tourné
casaque. n'osant plus respirer l'air de la
montagne, vous vous êtes jetés dans la fange
<Epg=5>du *marais. vous espériez que tous les crapauds
allaient vous suivre, et qu'ils allaient
venir barboter autour de vous. lâches
déserteurs de la *sans-culotterie , vous n'avez
pas craint de dire qu'il n'existait plus
de liberté à la convention. pour le bien public,
vous avez proposé de former un nouveau
côté droit. quoi! il n'existe plus de
liberté à la convention? jamais, foutre, a t elle
été plus libre? jamais a t elle fait autant de
choses que depuis que le *marais est desséché
et que les crapauds en ont disparu? aurions nous
une constitution, aurions nous une république,
si cette convention était restée enchaînée,
et si la foudre de la montagne n'avait
pulvérisé tous les fripons de la plaine? est ce
donc de la liberté de nuire et de perdre la
patrie dont vous parlez ? vous n'avez
pas crainte de demander quand finirait
cette boucherie de députés? vous pensez
donc que les *brissotins, les *girondins et
les rolandins qui ont été raccourcis, n'ont
pas mérité leur châtiment, vous qui les avez
accusé les premiers? est ce donc une boucherie
que de faire tomber le glaive de
la loi sur des scélérats qui ont mis la *france à
feu et à sang? les autres jean-foutres qui sont
<Epg=6>en arrestation, ne sont ils pas aussi coupables
qu'eux? comme eux, ne voulaient ils pas
armer les départements contre *paris ? celui
qui tient vaut il mieux que celui qui écorche?
oui, foutre, il n'est pas un seul individu de
cette bande de mandrins qui n'ait dit comme
le prophète *isnard , avant le 31 mai, que
l'on chercherait un jour le lieu où exista
*paris ? semblable au renard qui s'est pris dans
un piège et qui fait le doucereux pour n'être
pas assommé, qui promet, foi de renard,
de ne plus croquer ni poules ni poulets;
chacun de ces gredins fait le bon apôtre. tous
soutiennent qu'ils ont été trompés, et depuis
que l'infâme *brissot a joué à la main chaude,
ils lui jettent le chat aux jambes; comme si
*brissot et les autres jean-foutres qui ont été
raccourcis avaient pu seuls embêter la république
entière de leur bougre de fédéralisme.
que l'on aille fouiller dans les registres de
tous les départements, on y verra toutes les
lettres que ces coquins écrivaient à leurs
commettants, pour brouiller les cartes; on
saura tous les mensonges qu'ils ont débité,
les manoeuvres qu'ils ont employés, pour
perdre la république. qu'on leur fasse rendre
<Epg=7>un compte sévère de leur fortune, et l'on
saura comme ils sont cousus d'or et d'assignats,
on connaîtra comme quoi ils ont acheté des
terres, bâti des châteaux et enrichi leur
bougres de race. est ce donc parce qu'ils
sont députés que l'on voudrait les épargner?
mais ceux qui ont été appelés par le peuple
pour le sauver, et qui n'ont cessé de le trahir,
qui ont égorgé leur patrie, sont les plus grands
des scélérats, et il n'y a pas d'assez grand supplice
pour les punir. point de pitié, foutre,
car en donnant une lessive à ces brigands, ils
n'en seront que plus acharnés dans leurs
mauvais desseins, et la rage dans le coeur de
voir leurs projets s'en aller en eau de boudin;
ils retourneraient bientôt dans leurs départements
pour y allumer le feu de la guerre
civile. point de quartier, foutre, quand on
a du mauvais sang, il faut le tirer. la convention
s'est couverte de gloire en se purgeant
de ces immondices, ceux qui veulent la faire
revenir sur ses pas, sont des traîtres et les
complices de la canaille brissotine. braves
*sans-culottes , intrépides *jacobins , veillez,
veillez plus que jamais. il se trame de nouveaux
coups de chien. si les traîtres ne sont
<Epg=8>pas tous guillotinés, attendez vous à succomber
vous-mêmes. demandez, foutre, que tout
ce qui reste de la race de *capet soit immolé,
et surtout que la grosse *babet aille promptement
rejoindre son prétendu *manuel . ne
lâchez pas prise, jusqu'à ce que le dernier
des *brissotins ait mis la tête à la fenêtre,
foutre.
<Sda=1793> <numero=313> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande colère du *père *duchesne ,
contre le frocard *chabot , qui veut mesurer
tous les *sans-culottes à son aune, et qui fait
courir le bruit par les *autrichiens qui lui
graissaient la patte, que les meilleurs *jacobins
vont siffler la linotte avec lui, et que le marchand
de fourneaux sera bientôt mis à l'ombre,
comme s'il existait encore un comité des
douze. sa grande joie de voir que la mine est
éventée, et que tous les fripons qui ont volé
et pillé le peuple, vont avoir les ongles rognés.
<edito=1> § si les aristocrates étaient aussi forts qu'ils
<Epg=2>sont fins, il y a gros, foutre, que depuis
longtemps ils nous auraient mis le pied sur
la gorge. ils ne sont pas assez sots pour se
chamailler entre eux comme les *sans-culottes ;
ils ne se mangent pas le blanc des
yeux comme nous faisons, ils sont unis, non
pas comme des frères, mais comme des voleurs
qui ont besoin les uns des autres pour
dévaliser les passants et être en force pour
faire un coup de main. ils n'ont tous qu'une
seule volonté, celle de nous égorger. jamais
on ne les a vu se trahir, aucun d'eux ne découvre
la mèche, car ils n'ont d'autre espérance
que la contre-révolution ou la guillotine.
ainsi donc, foutre, pour leur propre
intérêt, pour leur vie même, ils sont obligés
de marcher droit dans le sentier du crime.
§ tonnerre de dieu, se peut il que l'amour
du patriotisme ne soit pas aussi puissant sur
l'âme des républicains, que la haine de la
liberté l'est sur les contre-révolutionnaires?
les *sans-culottes n'ont ils pas encore mille
fois plus de raisons pour soutenir leur cause
que les aristocrates à défendre le despotisme?
que deviendrons nous tous tant que nous
sommes, si les brigands couronnés pouvaient
<Epg=3>nous forcer à mettre les pouces. les jean-foutres
qui nagent entre deux eaux peuvent ils
se flatter qu'on les ménagerait? ils seraient
les premiers allongés, car on ne leur ferait pas
la grâce de les raccourcir. leur compte serait
bon, et les vils esclaves que commande
*cobourg commenceraient par donner à chacun
de ces viédases un bonnet de nuit de
cheval, c'est à dire qu'on leur mettrait
d'abord la corde au col et qu'on les accrocherait
à tous les coins de rues. vous
n'échapperiez pas non plus, lâches coquins
qui après vous être engraissé du sang du
peuple, lui tournez casaque quand vous avez
les mains pleines. vous seriez autant de
vaches à lait pour nos tyrans, et on vous
égorgerait comme des ours, afin d'avoir votre
peau.
§ ça me scie le dos de voir un tas de fripons
bâtir des châteaux en *espagne , sacrifier
honneur, patrie, braver le rasoir national
pour devenir riches. à quoi donc servent les
richesses? celui qui a beaucoup d'or et
d'assignats , dîne t il deux fois? ah! foutre,
si on pouvait lire dans l'intérieur de tous les
bougres qui ont entassé sols sur sols pour
<Epg=4>garnir leur coffre fort; si l'on connaissait les
transes de tous ces ladres qui écorcheraient
un pou pour en avoir la peau, si on les
voyait toujours aux aguets, et ne dormant
jamais que d'un oeil, transis jusque dans la
moelle des os au moindre bruit, criant miséricorde
lorsqu'ils entendent gueuler quelque
décret contre les accapareurs, s'arrachant
les cheveux quand on veut forcer les riches
de lâcher les cordons de leur bourse pour
soulager la patrie, en enterrant leur or, mourant
d'effroi au seul nom de l'armée révolutionnaire?
y a t il dans le monde un supplice
pareil? quelle différence, foutre, du sort de
ce misérable à celui du brave *sans-culotte ,
qui vit au jour le jour du travail de ses mains!
tant qu'il a dans sa huche un pain de quatre
livres et un verre de rogome, il est content.
dès le matin, il est gai comme un pinson,
et à la pointe du jour, il prend ses outils en
chantant la carmagnole; quand il a bien travaillé
le jour, il va le soir se reposer à la
section, et lorsqu'il paraît au milieu de ses
frères, on ne le regarde pas comme un loup garou,
et il ne voit pas tout un chacun se
parler tout bas, et le montrer au doigt
<Epg=5>comme un aristocrate, un modéré. l'un lui
tend la main, l'autre lui frappe sur l'épaule, en
lui demandant comment va la joie. il ne craint
pas d'être dénoncé; on ne le menace jamais des
visites domiciliaires. il va partout la tête haute.
le soir, en entrant dans son galetas, sa femme
lui saute au col, ses petits marmots viennent
le caresser, son chien sautille pour le lécher,
il raconte les nouvelles qu'il a apprises à sa
section. il est d'une joie de bougre en racontant
une victoire sur les *prussiens, les
*autrichiens, les *anglais; il dit comme quoi on
a guillotiné un général traître, un brissotin;
en citant l'exemple des coquins, il leur fait
promettre d'être toujours bons citoyens et
d'aimer la république par dessus toutes choses.
il soupe ensuite avec un appétit de bougre et
après son repas, il régale sa famille en leur
lisant la grande colère ou la grande joie du *père
*duchesne . sa ménagère s'égosille à force de
rire en écoutant les disputes de ma *jacqueline
avec les bigotes qui pleurent leur saints
dénichés. la petite marmaille éclate d'aise
en entendant les *b$... et les *f$... dont je
larde mes discours.
<Sat=1>"ah! qu'il doit être farce,le *père *duchesne,
<Sat=0> dit le grand fillot.<Sat=1> il a de grandes
<Epg=6>moustaches, <Sat=0>s'écrie la petite *perrette.
<Sat=1> fait il du mal aux petits enfants,
<Sat=0>riposte le petit cadet;
<Sat=1> oui, foutre, <Sat=0>s'écrie le papa,
<Sat=1> il les emporte dans sa grande poche,
quand ils pissent au lit, et quand ils sont
bien sages et qu'ils crient vive la république,
il les embrasse et leur donne du croquet et
du pain d'épice.
<Sat=0> §voilà la vie, voilà les jouissances du
véritable *sans-culotte . après avoir ainsi
passé la journée, il se couche tranquillement
et ronfle toute la nuit; tandis , foutre, que
le comité de surveillance va rendre visite à
midi de loup aux ci-devant nobles, robins,
financiers. il faut entendre les cris de toute
la nichée, quand on prie monsieur grippe sol
ou monsieur pince maille de faire leur paquet
dans un chausson, et de quitter leur appartements
dorés et leurs lits de duvet pour aller
tâter de l'égalité au grand hotel des haricots,
autrement dit des *madelonettes .
§ se peut il, foutre, que lorsqu'on est libre
de choisir entre ces deux partis, on puisse
prendre le change? mais, comme on dit, c'est
l'occasion qui fait le larron. un *sans-culotte
en place est environné, comme *saint-*antoine ,
d'un million de diables, l'un lui présente des
monceaux d'or, l'autre des poignées d'assignats ;
une fois que le premier pas est fait,
mon pauvre *job ne va plus qu'en clopinant,
jusqu'à ce qu'il se soit cassé le col. presque
toujours quelque diablesse en falbalas agace
le patron sur son sofa. n'est il pas vrai paillardin
<Epg=7>*chabot qu'on ne résiste pas à pareille
épreuve, tu peux nous en dire des nouvelles,
ainsi que toi, godelureau *bazire , et toi de
même, *julien , l'apostat de la *sans-culotterie ,
toi qui viens de faire un trou dans la lune.
quelle était donc votre espérance, misérables
étourneaux? si près du port vous avez fait
naufrage?
§ les mêmes jean-foutres qui vous ont graissé
la patte et qui ont trouvé les véritables *jacobins
cuirassés, désespérés de voir la mine
éventée, cherchent comme *samson à s'ensevelir
avec les patriotes sous les ruines du
temple. ils font courir le bruit que le *père
*duchesne a été dénoncé par *chabot . partout
on me salue de ces propos, déjà même il a
couru un bruit que je sifflais la linotte. j'en
ai ri de tout mon coeur, et j'ai demandé s'il
existait encore un comité des douze. mais,
foutre, il n'y a point de feu sans fumée. tu
me menaces, infâme frocard, pour me faire
peur et m'empêcher de dégoiser sur ton
compte. tu enrages de ce que je ne me suis
pas plus laissé chaboter, que l'on n'a pu me
brissoter. ce n'était pas pour des prunes , je
le vois maintenant, que tu m'as tant de fois
offert le potage et la côtelette pour me faire
faire connaissance avec ta bohémienne. je n'ai
pas été curieux de savoir ma bonne aventure,
je n'ai pas donné dans le panneau; car je ne
me fie pas plus aux moines qu'aux *autrichiens
convertis. au surplus, je te défie de mordre
sur moi. je suis ferré à glace, on peut tourner
<Epg=8>et retourner mes fourneaux, examiner toute
ma vie, et l'on saura si je suis un franc républicain.
en attendant, perfide moinaillon, je
ne quitterai pas plus ton capuchon que le chef
cornu du vieux *roland . le vin est tiré, il
faut le boire, foutre.
<Sda=1793> <numero=314> <semaine=512> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande colère du *père *duchesne ,
de voir que les *sans-culottes donnent comme
des buses dans tous les paquets qu'on lui
débite. sa grande découverte d'un nouveau
complot des chabotins, pour mettre les *jacobins
à chien et à chat, et brouiller la carte
à la montagne et dans toute la république.
entretien secret du roi *georges-*dandin et
de *pitt , son porte esprit, qui prouve que des
milliers de jean-foutres ont la patte graissée
pour assassiner les meilleurs patriotes.
<edito=1> § il y a encore quelque anguille sous roche.
<Epg=2>je vois de loin, foutre, et j'ai le nez fin.
je flaire tous les fripons, et rarement je me
trompe sur leur compte; aussi m'a t on dit
souvent que j'étais sorcier pour avoir prédit,
souvent un an d'avance, tout ce qui arriverait,
et annoncé les plus fameux coups de
chien avant que personne en eut seulement
l'idée. je ne suis pas pourtant un bel esprit
et un grand politiqueur; mais, foutre, en révolution
il ne faut que le gros bon sens, et
de la probité pour dérouter les coquins les
plus renardés. d'ailleurs, foutre, toutes les
ruses de guerre sont maintenant connues; à
force d'être trompés, les *sans-culottes deviennent
défiants. ils ont le tact maintenant
pour juger les hommes, et le bougre qui
voudra à présent jouer le peuple attaquera
son maître, et se prendra lui-même en ses
propres filets.
§ je dis donc, foutre, que le feu couve
encore sous la cendre. il ne faut qu'une
étincelle pour faire un grand incendie, mais
les *sans-culottes sont là; ils veillent nuit et
jour, et ils sauront bien l'éteindre; il ne faut
pas que le mal soit fait pour le guérir, il faut
le prévenir d'avance. les patriotes les plus
<Epg=3>purs sont menacés. on emploie de nouveaux
moyens pour les détruire, ce n'est plus
avec le poignard que l'on cherche à frapper
les défenseurs du peuple. on ne trouve pas
beaucoup de *charlotte *corday , mais, foutre,
c'est avec le poison de la calomnie. on met
les patriotes à chien et à chat, on les arme
les uns contre les autres, et on espère qu'ils
vont être assez sots pour se manger le blanc
des yeux et se détruire de leurs propres
mains.
§ je commence à voir clair dans ce brouillard
de crimes. je devine la main qui conduit
cette marotte. c'est encore une manigance
du porte esprit du roi *georges-*dandin .
<Sat=1> §je voudrais,
<Sat=0>me disait l'autre jour un brave *sans-culotte ,
<Sat=1>être pendant quelque temps
petite souris pour aller fureter dans tous les
palais des brigands couronnés afin de savoir
ce qui s'y passe , ce qu'ils disent, ce qu'ils
pensent au sujet de notre république.
il n'y a pas besoin, <Sat=0> lui répondis je,
<Sat=1> d'être souris pour
découvrir tous leurs projets, car leurs finesses
sont cousues de fil blanc.
§ tu prétends donc, pauvre marchand de fourneaux,
<Sat=0>ajouta le compère,<Sat=1>
<Epg=4>lire du fond de ta boutique,dans le coeur des rois...
ah!foutre,je sais mieux que personne que c'est
la bouteille à l'encre, mais c'est sur leurs actions
que je les juge, et je ne me trompe pas,
foutre, je suis si sûr de mon fait que je pourrais
répéter mot pour mot tout ce qui se dit
dans le conseil de l'échappé des petites maisons
qui gouverne les trois royaumes d'*angleterre ,
d'*ecosse et d'*irlande , et qui se prétend
par dessus le marché, roi de *france in partibus .
mais puisque tu es si curieux, compère,
d'entendre parler les mangeurs d'hommes appelés
rois, écoute l'entretien secret que ce
cheval morveux d'*allemagne eut l'autre soir
avec son digne palefrenier *pitt . si tu me demandes
de qui je le tiens, je te répondrai
comme aux petits enfants, que c'est mon petit
doigt qui me l'a dit; au surplus, tu jugeras
par la suite si je te dis la vérité.
entretien secret du roi *georges-*dandin avec
son ministre *pitt , au sujet de la république
française, traduit de l'anglais par le véritable
*père *duchesne en bon français, foutre.
le roi *georges-*dandin .
§ ah! quel bougre de métier que celui de
<Epg=5>roi? je ne sais pas s'il n'est
pas plus doux maintenant
de porter un bat qu'une couronne. au
temps jadis, il y avait du plaisir à régner sur un
troupeau d'esclaves qui se laissait tondre sans
murmurer, mais le temps de plumer la poule
sans la faire crier est passé. qu'est il devenu
cet heureux temps où nous étions des dieux
sur la terre; où on ne nous abordait qu'en
tremblant; où on ne nous parlait qu'à genoux?
alors rien ne nous résistait. le mari,
dont nous convoitions la femme, était obligé
de nous la céder, ou il était embastillé. tout
ce que possédaient nos sujets nous appartenait,
attendu que nous ne tenons notre puissance
que de dieu seul. ah! le beau droit que celui
de vie et de mort sur vingt-cinq millions
d'hommes? quelle jouissance que de pouvoir
dire: je puis faire pendre, rompre, brûler,
écarteler celui qui me déplait. mais à présent
nous n'entendons plus corner à nos oreilles
que les mots de liberté, d'égalité, de république,
rien que d'y songer je suis transi de
peur. depuis la triste fin de notre cher frère,
cousin et ami le roi très chrétien, je tâte sans
cesse mon col pour voir si ma tête tient encore
à mes épaules. ma foi le jeu n'en vaut
<Epg=6>pas la chandelle, et s'il faut rester encore
longtemps dans de pareilles transes, je me
déroyaliserai. qu'on me remette , si l'on veut,
encore une fois aux petites maisons, pourvu
que j'y mange et que j'y boive à mon aise. je
serai plus heureux que de rester sur un trône
qui s'en va en canelle. je renonce de bon
coeur à porter un sceptre qui n'est plus maintenant
qu'un misérable hochet.
§ *pitt .
§"quoi! sire, est ce qu'il faut jeter le manche
après la cognée? est ce qu'il faut faire
ainsi l'enfant? je vous ai déjà fait voir bien
du chemin, votre majesté en verra encore
bien d'avantage. apprenez qu'un bougre de
ma trempe est fait pour changer la face de
l'univers. depuis quatre ou cinq cents ans la
nation anglaise a une dent contre la *france ;
ni par la force ni par la trahison l'*anglais n'a
jamais pu faire la loi au *français. enfin une
occasion favorable s'est présentée de terminer
cette vieille querelle, et de faire, moi seul,
ce que toutes nos armées et nos flottes n'ont
pu faire. quand la *france a été sens dessus
dessous au sujet des finances, j'ai d'abord attisé
<Epg=7>le feu sans me montrer, mais quand j'ai vu
que les *français jouaient beau jeu, bel argent,
je me suis jeté dans la mélée. connaissant
tout le prix de l'or dans un siècle
corrompu, j'ai su mettre vos guinées à profit.
c'est avec elles que j'ai armé les *français contre
les *français, c'est avec elles que notre ami
*brissot et la séquelle de la *gironde nous auraient
livré la *france pièce à pièce, sans la
maudite guillotine, c'est avec elles que *dunkerque ,
*brest , *bordeaux , *cherbourg nous
étaient hoc . il ne faut pas rester en si beau
chemin et nous en tenir à ce que nous avons
de poisson pêché; il faut anéantir la *france ,
j'ai dans ma manche des milliers d'individus
qui d'un bout à l'autre de la république brouillent
les cartes et animent les *sans-culottes
les uns contre les autres. c'est maintenant les
plus fameux *jacobins que je couche en joue.
si je puis réussir à faire perdre le change et
à faire massacrer ou guillotiner une vingtaine
de *montagnards, c'est fini, la contre-révolution
sera faite; on ne saura plus à quelle branche
se raccrocher; on ne se fiera plus à personne;
tout le monde aura peur de son ombre et la
*france entière tombera aux pieds de votre majesté
pour vous prier de lui donner un de vos
fils pour roi".
<Sat=0> § mon compère ouvrait de grands yeux.
<Sat=1>je crois, *père *duchesne , me dit il, que tu as
foutu le doigt dessus, mais les *sans-culottes
ne donneront pas dans de pareils godats.
je te crois, foutre, mais il ne faut pas s'endormir.
<Sat=0><Epg=8>*jacobins,*montagnards qui avez les mains
pures et qui ne les avez jamais salies avec l'or
des tyrans, c'est à vous de vous réunir. on va
faire un dernier effort pour vous perdre, mais
les jean-foutres y perdront leur latin. tenez
vous serrés. après avoir détruit les rois, ce
n'est plus qu'un jeu pour vous d'anéantir jusqu'au
dernier des intrigants et des fripons. les
chabotins finiront comme les *brissotins et les
*girondins, foutre.
<Sda=1793> <numero=315> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande colère du *père *duchesne ,
de voir que tous les estafiers de *la-*fayette
ont forcé *marat de vivre pendant quatre ans
avec les chauves-souris, et tous les muscadins
et muscadines qui, comme *charlotte *corday
auraient voulu assassiner l'ami du peuple en
son vivant, osent le fêter après sa mort. ses
bons avis aux braves *sans-culottes , pour
qu'ils se défient des patriotes de deux jours,
qui manigancent de nouveaux coups de chien
contre la république.
<edito=1> § je l'ai dit un million de fois, et je ne cesserai
<Epg=2>de le dire: les faux patriotes sont plus
à craindre que les aristocrates déterminés.
quand je connais mon ennemi, foutre, je
me tiens sur mes gardes, et je l'attends de
pied ferme. à bon chat, bon rat. mais,
foutre, le viédase qui fait contre fortune
bon coeur, qui tend la main à celui qu'il
voudrait baiser mort, est plus à craindre que
le serpent; comme lui, il se tortille en tous
sens, il se glisse partout pour lancer son
poison, et il vous a déjà fait une blessure
mortelle, avant que vous sentiez son dard.
§ braves *sans-culottes , défiez vous plus
que jamais de ces couteaux à deux tranchants.
craignez comme le feu ces bavards à la journée,
qui ne disent jamais ce qu'il faudrait
dire, et qui disent toujours plus qu'ils ne
devraient. songez, foutre, que vous êtes
environnés de fourbes, de voleurs , de conspirateurs
déguisés. ceux qui, avant le 10
août, pissaient le verglas dans la canicule,
qui n'étaient ni chair ni poisson, qui ne
parlaient que d'ordre, de paix, de modération,
qui avaient toujours la langue miellée,
se battent maintenant les flancs pour paraître
républicains, ils dégottent en apparence les
<Epg=3>meilleurs *sans-culottes ; ces bougres qui
n'avaient ni bouche ni éperon, et qu'on avait
beau aiguillonner du matin au soir pour les
mettre au pas sans pouvoir les remuer, s'emportent
maintenant comme la soupe au lait. ils
vous assomment de leurs rodomontades; à
les croire ils ont tout fait; ils se vantent
d'avoir pris la *bastille , et ils se gardent bien
de dire qu'ils étaient au fond de leurs caves
quand le premier coup de canon de la liberté
s'est fait entendre.
§ ils soutiennent qu'ils étaient à *versailles le
six octobre, mais ils ne vous disent pas de quel
côté; ils ne se vantent pas d'avoir été hoquetons
bleus, ou rouges, ou verts de l'ogre
royal ou des autres monstres de la ménagerie,
ils ont également oublié les croquignoles qu'ils
ont reçues à la journée des poignards, ils ne
se souviennent pas davantage d'avoir fait la
navette tantôt à *coblentz , tantôt dans la
*vendée , tantôt à *lyon , tantôt à *toulon ;
mais, foutre, ce qu'ils savent bien c'est le
nouveau mot d'ordre donné par le porte esprit
du roi *georges-*dandin , c'est à dire qu'il
faut singer maintenant les patriotes; avoir un
large pantalon, une petite veste, une perruque
<Epg=4>noire, un bonnet rouge pour cacher
la blonde chevelure, des moustaches postiches,
une pipe à la gueule, à la place de
cure dents, un gros gourdin en guise de badine,
jurer ni plus ni moins que le *père *duchesne ,
au lieu de parluiser du bout des lèvres.
§ voilà, foutre, comment on vous fout dedans,
pauvres *sans-culottes qui ne voyez pas
plus loin que votre nez, et qui prenez toujours
les apparences pour la chose. parce que
vous êtes bons, vous ne croyez pas qu'il existe
des méchants, parce que vous êtes francs,
vous ne vous imaginez pas qu'on puisse tromper.
encore une fois, défiez vous de tout le
monde, car la méfiance est la mère de sûreté.
si les bougres qui vous ont paru les patriotes
les plus déterminés ont pu vous foutre dedans,
que devez vous espérer des jean-foutres
que vous ne connaissez ni d'*eve ni d'*adam ,
et qui tombent comme des nues dans vos sections
et dans les sociétés populaires. vous
les voyez se jeter à tort et à travers pour
embrouiller tout, pour mettre les *sans-culottes
à chien et à chat. quand la convention
rend un bon décret, ils en voudraient un
meilleur. parle t on d'un brave magistrat qui
<Epg=5>sue sang et eau, qui perd le boire et le manger
pour assurer les subsistances du peuple,
et faire son bonheur , alors tous ces coquins
mangent du fromage, et ils ne peuvent s'empêcher
de vomir leur fiel. quand ils ne peuvent
trouver mordre sur la vertu, ils disent
que c'est un ignorant; mais, foutre, quand
on dénonce un accapareur, tous les aboyeurs
se mettent en quatre pour le défendre; quand
on accuse un *custine , un *houchard ou d'autres
généraux d'avoir trahi, ces gredins crient
à la calomnie, et accusent le brave bougre,
qui veille nuit et jour pour le peuple, d'être
un anarchiste, un désorganisateur.
§ il y a dans *paris des milliers de jean-foutres
de cette acabit, soudoyés pour tourmenter les
*sans-culottes . quand les épiciers ont voulu
nous vendre le sucre au poids de l'or , ils ont
graissé la patte de ces gredins pour exciter
le pillage; quand les *brissotins voulaient
forcer la convention à mettre la clef sous la
porte, et la transplanter au beau milieu de la
*vendée , afin de fabriquer un roi de *bourges , tous
ces galopins se répandaient dans les rues de
*paris , dans les cafés, chez les marchands de
vin et traiteurs, et ils s'en foutaient des piles
<Epg=6>éternelles en vilipendant les *jacobins et la
montagne; qui payait l'écot,foutre? c'était
le vieux *roland , avec les millions que les
*brissotins avaient fait remettre en ses pattes
crochues, soi-disant pour acheter des subsistances,
mais dans le vrai pour mitonner la
contre-révolution. quand le 31 mai, tous les
crapauds du *marais se virent au bout de
leurs prouesses, et qu'à force de cris, ils
obligèrent la convention à quitter le terrain,
et à aller en procession à travers les *tuileries ,
toute la bande de *pitt était sur pied et divisée
dans toutes les rues, pour demander la tête
de celui-ci, la tête de celui-là, afin d'allumer
la guerre civile, et de faire marcher tous les
départements contre *paris . une seule goutte de
sang répandue alors, aurait fait égorger des
milliers d'hommes, et, foutre, c'est ce que
les *brissotins désiraient, et ils s'y attendaient
si bien qu'ils étaient tous cachés et déjà en
fuite.
§ cette bougre de canaille vient encore de
nous donner un plat de son métier, aussitôt
qu'elle a vu dénicher les saints d'or et d'argent
des églises, elle a imaginé un nouveau coup
de chien pour faire lever en masse tous
<Epg=7>les bigots et bigotes , tous les marguilliers,
et toutes les confréries du ci-devant royaume.
tandis ,foutre, que l'on célébrait la fête de
la raison dans son nouveau temple, les estafiers
de *la-*fayette qui pendant quatre ans ont forcé
le pauvre *marat d'habiter avec les chauves-souris,
les muscadins et muscadines des sections,
qui étaient autant de *vendée avant le
31 mai, se sont tout à coup convertis et ont
voulu faire un dieu de l'ami du peuple qu'ils
ont sans cesse persécuté pendant sa vie.
on a vu fête sur fête en son honneur, et
la main qui regrettait de n'avoir pas été emmanchée
au poignet de *charlotte *corday a
osé brûler l'encens devant la statue du père
des *sans-culottes . tonnerre de dieu, il faut
être aveugle pour ne pas voir clair dans cette
bougre de marotte. c'est encore un moyen
pour ameuter les fédéralistes contre *paris , en
disant que les *parisiens ne veulent plus reconnaître
d'autre dieu que *marat . *marat un
dieu! lui qui foutait des coups de poing aux
viédases qui le flagornaient, et qui faisaient
auprès de lui les pieds plats? il n'avait pas
plus d'envie d'avoir des autels que le *sans-culotte
*jésus ,que les prêtres, malgré lui,
<Epg=8>ont appelé le fils ainé du père éternel, quoiqu'il
se fût toujours appelé le fils de l'homme,
et qu'il eut renversé toutes les idoles de son
temps, et fait une guerre éternelle aux prêtres,
comme *marat aux aristocrates. braves bougres,
qui chérissez le nom de *marat , imitez
son exemple; mais ne souffrez pas que
les muscadins l'adorent pour le rendre méprisable,
foutre.
<Sda=1793> <numero=316> <quinzaine=52> <semaine=521> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande colère du *père *duchesne ,
au sujet d'un nouveau complot des ci-devant
financiers et des marchands d'argent, pour
s'emparer du numéraire et faire tomber les
assignats. ses bons avis aux braves *sans-culottes ,
pour qu'ils se tiennent sur leurs
gardes, attendu qu'ils sont environnés de
fripons qui leur tendent des pièges, et qui
manigancent la contre-révolution.
<edito=1> § au foutre les belles protestations des
<Epg=2>coquins, je ne me fie pas plus aux modérés,
aux royalistes, aux aristocrates qu'à une planche
pourrie; et jamais, foutre, je ne serai
dupe de leurs grimaces. qui a bu, boira. jamais
d'un sac à charbon il ne sortira de blanche
farine. ainsi donc quand je vois des calotins
découvrir tous leurs tours de gibecière et
convenir qu'ils n'ont jamais été que des joueurs
de gobelets, que pendant dix-sept cents ans
ils ont passé des muscades sous le nez des
*sans-culottes , quand ils avouent qu'ils ont
été toute leur vie des imposteurs, et qu'ils ont
vécu aux dépens des sots, je leur demande,
foutre,pourquoi ils n'ont pas fait plutôt leur
confession, et si un coupeur de bourse, un
voleur de grand chemin, quand il est pris
sur le fait, disait à ses juges:
<Sat=1> "ne me condamnez
pas pour avoir dévalisé les passants,
il faut bien que chacun fasse son métier,
le mien était d'être voleur; maintenant que
toutes les routes sont bien gardées et toutes
les portes fermées, et qu'il n'y a plus d'espoir
même de grappiller, je déclare que je renonce
au métier et même j'avoue qu'il était infâme".
<Sat=0> que devrait répondre le juge à l'audacieux
fripon qui lui tiendrait un pareil langage?
<Epg=3> <Sat=1> il est bien temps,
<Sat=0> lui dirait il, <Sat=1> de se repentir
quand le mal est fait? ceux que tu as dépouillé
jusqu'à ce jour n'ont ils pas le droit de se
plaindre et de demander vengeance? tu as
beau faire le calin, quand on t'a pris la main
dans le sac, et promettre de n'y plus revenir,
il faut que justice se fasse, et, pour servir
d'exemple à tes pareils ,tu auras d'abord les
honneurs de la séance dans la grande assemblée
de la grève, et tu présideras sur le
fauteuil de maître *perein .
<Sat=0> § peuple, c'est toi qui es le juge suprême,
foutre; maintenant que tu es débadaudé et
que tu connais tous les tours de passe-passe
de la bougre de calotte, défie t'en plus que
jamais, car le monstre avant que d'expirer,
peut encore te lancer son venin. il y a gros,
foutre, que les trois quarts et demi des imposteurs
qui jettent le froc aux orties, sont
sur la grande liste des nouvelles recrues du
roi *georges-*dandin et qu'ils ont le gousset
bien garni de guinées pour jouer leurs farces.
les brigands couronnés ne sachant plus de
quel bois faire flèche, ont imaginé ce nouveau
coup de chien pour amener à leur bord
toute la canaille à chapelet et à scapulaire,
<Epg=4>en disant que les *français n'avaient plus ni
foi ni loi et qu'ils ne voulaient plus reconnaître
ni dieu ni ses saints. les bougres encore
une fois se sont pris dans leurs filets;
et toi, peuple sage, tu as fait tourner à ton
profit toutes ces manigances du diable. tes
coffres se sont garnis de tous les trésors dont
les prêtres t'avaient dépouillé; ces calices,
ces ciboires, toutes ces prétintailles de l'église
achetées au prix du sang des *sans-culottes ,
vont servir à nous donner des subsistances,
à habiller nos frères d'armes, à forger les canons
qui vont foutre la dernière danse aux
esclaves des despotes; c'est ainsi que la tricherie
revient à son maître; mais encore une
fois, bon peuple que tant de milliers de
fripons veulent égorger, ne vas pas perdre la
carte et rester en si beau chemin. souviens toi,
foutre, que toutes les fois que tu as fait
un pas vers la liberté, tu as rencontré sur
ton passage des ustubrelus qui t'ont crié plus
vite que ça et qui voulaient te faire galoper
à travers des précipices, tandis qu'il ne fallait
marcher qu'au petit pas pour les éviter et ne
pas te casser le col. de la prudence, foutre,
petit à petit l'oiseau fait son nid. maintenant,
<Epg=5>foutre, que le temple de la superstition
est abattu, élève à sa place celui de la
raison, mais prends garde de faire de la bouillie
pour les chats, il faut pour le bonheur des
hommes que ce temple dure autant que le
monceau de boue sur lequel nous rampons,
sera éclairé par le soleil. choisis donc des
mains habiles pour le construire. ne vas pas
employer à sa construction les imbéciles qui
cherchent à recrépir la vieille masure où les
prêtres faisaient bouillir leurs marmites. ceux-là
gâteraient toute la besogne, quand tu leur
demanderais du plâtre, ils t'apporteraient des
pierres et ton bâtiment ne serait bientôt
qu'une tour de *babel , mais rassemble
tous les braves bougres qui ont du coeur
à l'ouvrage et la besogne ira grand train.
quand ce chef d'oeuvre sera achevé, quand
la divinité que tu chéris aura ranimé la paix
et l'abondance, personne ne pourra douter de
sa vertu. elle fera de véritables miracles, et
tous les peuples de la terre viendront lui
rendre hommage. jusque là, foutre, ne te
hâte pas. laisse les sots adorer leurs magots
et magotes, qu'ils mangent aussi longtemps
qu'ils voudront leur bon dieu de farine. contente
<Epg=6>toi de rire de leur bêtise, mais ne les
persécute pas. plus on bat un âne plus il est
têtu; laisse manger des chardons à ceux qui
les aiment. avec le temps on vient à bout de
tout. si on n'avait pas tant fouetté les premiers
chrétiens, si on n'avait pas pendu les
uns, rôti les autres, écorché celui-ci, fait
bouillir celui-là tout vivant, il n'y aurait jamais
eu ni moines , ni évêques, ni papes. il
faut laisser mourir le fanatisme de sa belle
mort en voulant le tuer à coup d'épingles, ce
monstre pourrait encore ranimer ses forces et
faire un dernier effort pour se venger. qu'il
pourrisse sur son fumier.
§ *sans-culottes , mes amis, bornez vous en
ce moment à couper les vivres aux calotins,
que ceux qui voudront , en naissant, se faire
laver la tête ou se faire couper un petit bout
de chair, soient libres de payer le charlatan
qui le gourera ainsi pour le salut de leur âme.
bientôt le métier tombera de lui-même; car
les hommes se lassent bien vite de payer des
sottises, et rien ne les réveille autant que
leur intérêt particulier. d'ailleurs, foutre, la
convention a mis sur le chantier le grand travail
de l'instruction publique. quand tous les
*sans-culottes seront éclairés, ils rougiront
des momeries de leurs vieilles grandes mères
et ils riront avec nous des contes du temps
passé. au plus, j'en ai trop dit sur ce chapitre,
le meilleur moyen de tuer le cagotisme
c'est de n'en plus parler. ne songeons qu'aux
saints du jour. chantons du soir au matin des
<Epg=7>hymnes à la raison, à la liberté, à la gloire
de nos braves guerriers, et nos chants auront
bientôt étouffé les cris des corbeaux
d'églises.
parlons d'une autre vermine, foutre, aussi
dangereuse et qu'il faut promptement écraser.
c'est l'infâme clique des gens d'affaires, des
monopoleurs, qui manigancent un nouveau
complot pour s'emparer de tout ce qui reste
de numéraire. depuis que l'or et l'argent
pleut au trésor national, les écus et les
louis reparaissent, et l'argent est au pair avec
les assignats. c'est un appât pour attraper les
niais, et l'on nous lâche un pois pour avoir
une fève, les financiers, les gens de banque se
flattent en faisant ainsi circuler quelques sacs
que tout le numéraire enterré va reparaître,
ils se disposent à faire rafle encore une fois
pour discréditer les assignats, quand, par
leur bougre de jeu de la hausse et de la baisse,
ils auront nos écus entre leur griffes crochues.
eh bien, foutre, prouvons à ces financiers
que nous sommes des niais de *cologne , et
que nous prendrons, s'ils le veulent des sols
marqués pour des liards. faisons voir que nous
avons autant d'estoc que ceux qui croient
ainsi nous jouer par sous jambes; faisons
plus, prouvons que nous sommes républicains
en méprisant l'or et l'argent avec lequel on
cherche à nous appâter. foutons au nez de ces
jean-foutres, les écus qu'ils nous présenteront
et ne recevons que les assignats, qu'il arrive
en même temps un bon décret qui oblige tous
<Epg=8>ceux qui possèdent du numéraire à le porter
à la bourse commune en échange du papier
national et bientôt la république possèdera à
elle seule plus de richesses que tous les
brigands couronnés qui nous font la guerre,
et nous verrons après, qui d'eux ou de nous
mangera le lard. nous verrons, foutre, si
toutes les mines de l'*espagne , et toutes les
ruses de *cartouche-*pitt valent les vertus d'un
peuple libre, et si on peut faire la loi à un
peuple qui peut se suffire à lui-même et qui
sait se passer de tout, foutre.
<Sda=1793> <numero=317> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande colère du *père *duchesne ,
au sujet de tous les coups de chiens que les
aristocrates manigancent contre les meilleurs
citoyens, en les menaçant de la contre-révolution
et de les faire assassiner. ses bons avis
aux braves *sans-culottes , pour qu'ils soient
toujours sur le qui vive , en tenant tous les
fripons et les contre-révolutionnaires en joue,
et en restant fidèles à la convention et à la
sainte montagne.
<edito=1> § un peuple républicain doit toujours être
<Epg=2>sur le qui vive . s'il n'est pas sans cesse sur
ses gardes, s'il s'endort un seul instant, il est
foutu, car les ambitieux veillent continuellement
et ils profitent de son sommeil pour l'enchaîner.
<Sat=1>"que viens tu nous rabâcher, me
dira t on, avec tes vieilles réflexions qui sont
aussi usées que le gazon roussi qui couvre ton
crâne pelé. as tu aussi la patte graissée pour
tourmenter les *sans-culottes et pour les effrayer
par tes prédictions sinistres? tu ne
fais que clabauder contre les intrigants, les
fripons et les traîtres; à t'en croire il n'y aura
bientôt plus que toi à qui l'on puisse se fier"
<Sat=0>tonnerre de dieu! quel est le bougre de feuillant
qui ose ainsi envenimer ce que je pense
et ce que je dis? il n'y a jamais eu que le
pape qui ait prétendu être infaillible et c'est
le dernier animal du monde auquel je voudrais
ressembler. je ne connais rien de si
imparfait qu'un homme sans défaut. celui
qui est trop vertueux est un véritable coquin.
témoin *jérôme *petion qui nous a longtemps
paru avoir l'âme aussi bien papillotée que sa
chevelure de muscadin. l'homme pur ne se
moque jamais, il dit franchement ce qu'il
pense. il appelle un chat un chat; il ne ménage
<Epg=3>personne. il crie, il jure contre ceux
qui ne sont pas au pas. dans sa colère, s'il
frappe par méprise sur un brave bougre, il lui
demande excuse, et il répare ses torts en allant
au plus prochain cabaret, étouffer une
demie douzaine d'enfants de choeur avec lui .
il n'y a que de véritables fripons qui craignent
d'être dénoncés. quand la vérité les pique,
ils se cabrent comme des chevaux rétifs;
mais l'homme de bien se fout des mauvais
propos; il gagne à être calomnié, puisqu'en
l'accusant à tort, on lui fournit l'occasion de
se justifier. je me souviens d'un bougre à
poil de l'antiquité, qui avait sauvé sa *patrie
et qui fût dénoncé devant le peuple romain
comme un traître; tous les badauds de *rôme
ouvraient de grandes oreilles; est il possible,
disaient les uns, qu'un patriote de cet acabit
puisse branler dans la manche, et nous tourner
casaque? rien de plus vrai, s'écriaient les
aristocrates. déjà on parlait de la roche
*tarpéienne , qui était la guillotine de ce
temps là, mais le grand homme se présenta
au milieu du peuple, qui remplissait lui-même
les fonctions du tribunal révolutionnaire, il
paraît avec confiance devant un tribunal aussi
<Epg=4>équitable, et pour toute réponse à ses ennemis
il s'écria:<Sat=1>il y a aujourdhui tant d'années
que j'ai détruit *carthage ,
allons rendre grâces aux dieux .
<Sat=0>tout le peuple cria bravo , il battit
des mains et reconduisit en triomphe son
fidèle défenseur. les aristocrates eurent le
bec jaune, et tous confus, ils allèrent se
cacher dans leurs nids de hiboux, méditer
quelque nouveau complot pour diviser les
patriotes.
§ je vois ricaner certains gouailleurs en
m'entendant parler des histoires du temps passé.
<Sat=1>comme te voilà savant,
<Sat=0> me disent ils
<Sat=1> bientôt tu parleras comme un livre.
<Sat=0>je conviens,foutre,que je m'éloigne un peu de mes
fourneaux. sortons des brouillards de l'antiquité,
et revenons au temps présent. je dis
donc, et je soutiens, qu'il n'y a que ceux qui
sentent leur cas sale qui se fâchent quand on
les dénonce. c'est ainsi, foutre, que tous les
gredins qui fondaient leur cuisine sur la liste
civile, se débattaient quand les *jacobins découvraient
le pot aux roses, et faisaient connaître
aux *sans-culottes les manigances
du comité autrichien. ils nous reprochaient
d'avilir les autorités constituées;
ils nous appelaient
<Epg=5>des anarchistes, des désorganisateurs,
quand le vieux *roland faisait ripaille avec
le quibus que la convention lui avait confié
pour les subsistances du peuple, quand tous
les *brissotins, *girondins et tous les crapauds
du *marais partageaient avec ce vil canard les
dépouilles de la république; quand nos braves
*montagnards faisaient feu des quatre pieds
pour débourber la machine que les fripons
avaient enrayée, quelles injures ne vomissait t on
pas contre eux? toutes les rues,
toutes les places publiques, tous les carrefours
étaient tapissés de placards de toutes couleurs
fabriqués dans le boudoirs de la reine coco, et
où les meilleurs patriotes étaient traînés dans
la boue. comment les *montagnards ont ils résisté
à ce torrent d'injures et de calomnies, c'est
en restant fermes et inébranlables; c'est en
embrassant l'arbre de la liberté plus étroitement!
ils ne se sont pas servi des armes de
leurs ennemis pour les combattre.
§ ils n'ont pas eu recours au poison et aux
poignards pour se débarrasser des infâmes
scélérats qui leur donnaient tant de tourments.
ils savaient que tôt ou tard la vérité perce et
que le peuple, qui est toujours juste, leur
<Epg=6> rendrait justice.
<Sat=1> venez,
<Sat=0> disaient ils aux bons citoyens
de tous les départements,
<Sat=1>vous dont on nous menace,accourez pour nous juger.
quand vous nous aurez vu de près,
vous serez de notre bord.
<Sat=0> c'est ainsi,foutre,que la
vérité triomphera toujours du mensonge, et
que la vertu résistera au crime.
§ courage donc, braves républicains, vous
que les intrigants et les traîtres couchent en
joue; ne vous effrayez ni des cris ni des
menaces, foutre; dites tout ce que vous
savez sur les hommes en place; ne ménagez
personne; ne craignez pas d'abattre l'idole du
jour; c'est un crime que de ne pas démasquer
le traître qui se couvre du masque du patriotisme
pour égarer les *sans-culottes et les
foutre dedans. un vrai républicain doit dénoncer
son meilleur ami, son père, quand il a des
reproches à lui faire. où en serions nous,
foutre, si l'intrépide *marat n'avait pas été
sans cesse à la piste des fripons; il les flairait
d'une lieue, il devinait leurs complots avant
même qu'ils les eussent manigancé; il s'élançait
avec sa verge au milieu du peuple, et il
frappait à tours de bras tous les jean-foutres
qui se faisaient adorer, et les badauds qui
<Epg=7>baisaient la croupe du cheval ou l'écharpe
ensanglanté des dieux du jour. il est vrai
qu'il a été forcé de se cacher de caves en caves,
qu'il a vu les districts armés contre les districts
pour avoir sa tête; il est vrai qu'il a été
décrété d'accusation par les trois assemblées
qui devaient au contraire lui donner des couronnes
civiques, mais en véritable républicain
il ne voyait que le bonheur de son pays, et
la tête sur le billot, il n'en aurait pas moins
dénoncé les ennemis de sa patrie. il fût traîné
devant les tribunaux comme un contre-révolutionnaire.
on l'accusa d'être payé par *pitt
et *cobourg pour exciter le meurtre et le pillage,
il confondit la calomnie, et le peuple
porta en triomphe son véritable ami. enfin,
les jean-foutres qui n'avaient pu le faire éternuer
dans le sac, ont armé d'un couteau le bras
d'une furie que cent millions de diables ont
amené du *calvados à *paris . il est mort martyr
de la belle cause qu'il avait si bien défendue.
qu'il est beau mourir ainsi! ah$!
foutre, s'il existait encore un comité des
douze, que de coquins qui m'accusent dans
l'ombre et qui jappent de loin contre moi, lèveraient
la crête! qu'ils osent m'accuser à la
face du peuple. comme toi je suis menacé
de la guillotine ou de la main d'une nouvelle
*charlotte , si je ne mets pas de l'eau dans mon
vin, mais je me fous des coups que les ennemis
de la république veulent me porter. je
suis ferré à glace et je les attends de pied
ferme. égalité, liberté,
république une et indivisible,
<Epg=8> voilà mes dieux. je mourrai, s'il le faut,
pour eux. tant qu'il me restera un souffle,
je défendrai
les droits du peuple; je dénoncerai les
fripons et les traîtres, et jusqu'à mon dernier
soupir, je crierai vive la république, vive la
convention, vive la sainte montagne. tous les
hommes bons et méchants passeront, mais le
peuple restera libre et heureux, foutre.
<Sda=1793> <numero=318> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande colère du *père *duchesne ,
de voir que les gros poissons veulent toujours
manger les petits, que chacun plaide pour son
saint, et que les trois quarts et demi des animaux
à deux pieds ne songent qu'à leur
intérêt, et oublient celui de la *patrie . ses
bons avis aux braves républicains pour qu'ils
foutent de côté tous les ambitieux et les riches,
et qu'ils soutiennent de toutes leurs forces
les bons *sans-culottes .
<edito=1> § l'argent et l'ambition, voilà, foutre, les
<Epg=2>dieux des trois quarts et demi des animaux
à deux pieds. presque tous les hommes sacrifient
tout à ces deux idoles. que de crimes
la soif d'or ne fait elle pas commettre!
que de malheurs l'ambition n'occasionne t elle
pas sur la terre! ah, foutre, si on pouvait
arracher ces deux vices du coeur humain,
tous les peuples ne formeraient bientôt qu'une
famille, c'est alors qu'ils seraient libres et
heureux.
§ à quoi donc, foutre, servent les grandes
richesses? celui qui est riche dîne t il deux
fois? non, au contraire. le sale pourceau
qui à force de bombance s'est arrondi comme
un tonneau, qui n'est que lard de la tête aux
pieds, que la graisse étouffe, qui ne sait comment
soutenir sa lourde bedaine, qui roule
plutôt qu'il ne marche, maudit son existence.
quand il entend un robuste *sans-culotte
chanter à pleine gorge dès la pointe du jour,
quand il le voit leste et fringant, traîner le
rabot, remuer une poutre, conduire la charrue,
le butor ne peut s'empêcher d'envier son sort;
mais surtout quand il le voit dévorer avec
appétit un morceau de pain, lorsque lui au
contraire il est rebuté de tous les mets qui
<Epg=3>lui passent sous le nez, il dit en lui-même
<Sat=1>"mon cuisinier a beau se mettre la cervelle
à l'envers pour ravigoter mon goût par de
nouvelles sauces, mon estomac est usé. pour
avoir trop joui, je ne connais plus aucun
plaisir; l'ennui me suit partout; j'ai des
petites loges à tous les théâtres, et je baille
aux pièces qui font rire les autres à gorge
déboutonnée; les plus jolies femmes m'agacent,
non pas pour moi, mais à cause de mon
or qu'elles convoitent; leurs beaux yeux,
leurs minois friands, toute leur gentillesse ne
fait plus d'impression sur mon coeur glacé;
j'ai honte de me chercher auprès d'elles et
de ne plus me retrouver. l'artisan dans sa
vieillesse est consolé par sa nombreuse famille;
ses enfants reconnaissants des services qu'il
leur a rendu dans leur jeune âge, s'empressent
à leur tour de le soulager dans ses
infirmités; il verse des larmes de joie en
voyant des petits marmots dont il est deux
fois grand-père, sautiller autour de lui, l'un
grimper sur ses genoux, l'autre le tenant au
col, et le petit nourrisson abandonnant le
téton de sa bonne mère, tendre ses petits
bras, et crier pour aller aussi embrasser le
<Epg=4>grand papa. voilà les douces jouissances que
goutte l'honnête ouvrier jusqu'au tombeau,
tandis que moi, être inutile, aussi ennuyant
qu'ennuyé, je suis abandonné de la nature
entière; j'avais des filles, j'en ai voulu faire
de grandes madames; je les ai mariées à des
marquis, à des ducs même, et elles sont
maintenant aux *madelonettes ; j'avais aussi
des fils que j'avais élevé dans l'orgueil, et
ils sont je ne sais où. si j'avais été un pauvre
gagne denier, j'aurais l'espérance de les revoir;
quand ils auraient battu la semelle pendant
trois ou quatre ans, fait une ou deux campagnes,
ils seraient revenus à leur clocher;
mais hélas! ils ont pris la route de *coblentz
depuis le commencement de la révolution,
et cette route maudite est le grand chemin
de la guillotine. on me tourmente moi-même;
on me regarde comme un homme
suspect, et on n'a pas grand tort; car si j'avais
eu de bonnes jambes, je serais, comme nos
amis, dans la *vendée . je vis dans des transes
continuelles; au milieu de l'abondance je suis
privé de tout; je couche sur le duvet, et
je ne connais plus le sommeil. voilà pourtant
mon triste sort, jusqu'à ce que j'étouffe
<Epg=5>d'apoplexie, à moins que le rasoir national
n'abrège le cours de ma triste vie."
<Sat=0> § eh bien, foutre! voilà le tableau de la richesse.
quel bougre assez ennemi de lui-même
peut la désirer à un pareil prix? celui qui
cherche les grandes places, qui veut dominer
est encore plus malheureux en s'embarquant
sur une mer orageuse, obligé de conduire sa barque
au milieu des tempêtes, et à travers des rochers,
presque toujours il fait naufrage au port.
malheur à l'homme qui s'élève trop haut, il ne
faut qu'un faux pas pour le précipiter dans
l'abîme. malheur à celui qui fixe sur lui tous
les yeux, et dont le nom est répété partout.
chacun s'en défie, on le jalouse. s'il est franc
du collier, tous les fripons tombent sur sa friperie.
on lui tend des pièges du soir au matin;
s'il les évite, s'il reste pur, s'il foule aux pieds
l'or qu'on lui présente à pleine mains pour
trahir sa patrie, s'il ferme sa porte aux muscadines
qui l'assiégent pour le corrompre, s'il
reçoit les flatteurs et les intrigants comme des
chiens dans un jeu de quilles; enfin si on ne
peut trouver à mordre sur lui, on le calomnie.
on graisse la patte à des scélérats pour aller
dans les cafés, dans les groupes répandre sur
<Epg=6>son compte les bruits les plus faux, les mensonges
les plus atroces. on paye des journalistes
et d'autres cuistres toujours aux gages
du plus offrant pour l'insulter dans leurs plates
rhapsodies. est il ferme et inébranlable au milieu
de tous ces cris des hiboux et des sifflements
des serpents, il finit par avaler un bouillon
à l'italienne, ou il périt par le poignard.
§ il faut bien convenir, foutre, les hommes
sont bien sots dans cette courte vie de se
donner tant de peines et de tourments pour
courir après un fantôme. tous veulent être
heureux, et ils font presque tous leur malheur.
encore une fois que chacun se contente de
son lot, que chacun sache rester à sa place;
que celui qui a plus de talents et de vertus,
soit le plus modeste; qu'il ne s'en serve que
pour être utile à ceux qui en ont moins.
généraux, magistrats, législateurs, quand
vous connaissez l'étendue de vos devoirs,
vous devez frémir de la tâche qui vous est imposée;
<Epg=7>car vous êtes responsables au peuple
qui vous a choisi, de toutes vos actions; une
seule étourderie, un seul moment de faiblesse
de votre part peut perdre la patrie.
§ plaignons, foutre, ceux qui ont eu le
malheur de sortir de la foule et de paraître
sur le grand théâtre. encourageons les, défendons les
quand on veut les opprimer,
mais s'ils sont jaloux de leur autorité, si
ceux qui gouvernent s'estiment plus que ceux
qui les ont élevé, s'ils préfèrent leur intérêt
personnel à l'intérêt général, regardons les
comme nos plus mortels ennemis. bien des
jean-foutres vont encore se plaindre de ce que
je jette des pierres dans leur jardin. tant pis
pour ceux qui se reconnaîtront dans les portraits
que je viens de tracer, mais je m'en
fous, je ne prendrai pas de mitaines pour
leur parler et je ne cesserai de dire que nous
ne serons jamais républicains, tant que l'on
fera plus de cas des beaux esprits et des riches,
<Epg=8>que des pauvres *sans-culottes , qui n'ont que
le gros bon sens et la vertu. guerre éternelle
à l'ambition et à la richesse, secours et
protection à la modestie et à l'indigence:
voilà la devise de la *sans-culotterie , foutre.
<Sda=1793> <numero=319> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande colère du *père *duchesne
de voir que les jean-foutres qui ne sont ni
chair ni poisson, osent accuser les meilleurs
patriotes. sa grande joie de voir que ces
gredins se brûlent à la chandelle, et que
toutes leurs manigances contre la république
vont se découvrir. ses bons avis aux braves
*sans-culottes , pour qu'ils défendent les
bougres intrépides qui les ont soutenus et qui
les soutiendront jusqu'à la mort.
<edito=1> § encore de nouveaux complots, tonnerre
<Epg=2>de dieu, nous n'aurons donc jamais de
relâche. on nous dit que la convention est
menacée, tous les bons citoyens sont consternés
à ces tristes nouvelles. je rencontre du
soir au matin de braves *sans-culottes qui
me turlupinent pour que je leur dise ce que
je sais sur tous ces bruits.
<Sat=1>"*père *duchesne ,<Sat=0>
me disent ils,<Sat=1> est il possible qu'il existe
encore des traîtres et des conspirateurs? toi
qui as le tact si fin et qui les flaire de si loin,
tu n'y vois toi-même que du feu; tu ne brises
pas ta pipe; tu ne renverses pas tes fourneaux,
tu n'aiguises pas ton sabre pour foutre l'âme
à l'envers à tous ces scélérats. quoi donc,
foutre, ni l'armée révolutionnaire, ni la
guillotine ne peut les effrayer?"
<Sat=0> non, foutre,
§ jamais les bougres qui sont dévorés de la soif
de l'or , ou tourmentés par l'ambition, ne
sont épouvantés d'aucun danger, et ils marcheraient
sur des brasiers pour arriver à leur
but. ils ressemblent à ces insensés qui demeurent
près d'un volcan, quand la lave et le
soufre a détruit leurs habitations, ils se
foutent des périls qu'ils ont couru quand ils
sont passés, et sur les cendres de leurs
maisons, ils en bâtissent de nouvelles qui
<Epg=3>seront encore un jour dévorées par les flammes.
c'est ainsi, foutre, que pensent les fripons
et les ambitieux.
§ toutes les fois qu'un voleur a fait la grimace
au pont rouge, on a vu des filous se glisser
dans la foule et profiter du moment pour couper
des bourses. tandis que la convention
mettait à prix la tête de l'infâme *dumouriez ,
le traître *custine jouait la sienne à pair et
non pour imiter son exemple et lui succéder
dans ses affreux complots. à peine le général
*moustache avait il la tête dans le sac que son
palefrenier *houchard bravait le rasoir national
et cherchait à donner le coup de grâce à la
république, en livrant l'armée qu'il commandait
à nos ennemis.
§ <Sat=1>comment donc nous sauver,*père *duchesne,
<Sat=0> me dira t on,<Sat=1> au milieu
de ce déluge de trahisons ? la république
ainsi déchirée de toutes parts, pourra t elle
résister longtemps?
<Sat=0> si elle résistera, foutre!
quel est le lâche qui pourrait en douter? les
fripons et les traîtres passeront, mais la liberté
ne périra jamais. au milieu des orages et
des tempêtes, nous trouverons toujours un port
aux pieds de la sainte montagne. c'est de sa cime
que partira la foudre qui écrasera et anéantira
tous les conspirateurs.
<Epg=4> § jamais, foutre, la république n'a été aussi
puissante qu'elle l'est aujourdhui. que l'on
se rappelle donc tout ce que nous avons fait
depuis un an. que l'on songe à ce qu'était
la convention il y a quelques mois à ce qu'elle
est aujourdhui; elle renfermait dans son
sein tous les immondices de la république.
une bande de scélérats, aux gages des brigands
couronnés, y faisaient une guerre atroce
aux meilleurs patriotes. nos braves *montagnards
étaient outragés, vilipendés à la
journée dans les cafés, dans les places publiques
et même dans leurs fonctions. proposaient ils
quelques mesures révolutionnaires,
demandaient ils la mort des traîtres, on les
appelait septembristes-massacreurs;
<Sat=1> portez un verre de sang à monsieur ,
s'écriait l'infâme
*buzot à chaque fois qu'un député républicain
disait oui au jugement du traître
*capet . c'est alors, foutre, que la convention
et la république étaient véritablement en
danger. on pouvait trembler pour le salut
public quand *marseille , *lyon , *bordeaux , le
*calvados , le *finistère s'armaient contre *paris ,
et marchaient au grand galop vers la contre-révolution
en voulant étouffer la liberté dans
<Epg=5> son berceau. après avoir triomphé de tous ces
dangers, se peut il, foutre, qu'elle ait encore
des ennemis à redouter?
§ je ne prétends pas, foutre, que les *sans-culottes
doivent s'endormir et rester les bras
croisés. après avoir détruit les lions et les
tigres qui voulaient les dévorer, ils ne doivent
pas oublier les insectes dont les piqûres
sont souvent mortelles. oui, foutre, il n'est
un véritable ami du peuple qui n'ait à ses
trousses une nuée de scélérats qui ne le quittent
pas plus que l'ombre et qui employent le
vert et le sec ou pour le corrompre ou pour
le perdre n'importe comment. moi, foutre,
qui ne suis que la dernière sentinelle de l'arrière-garde
des *sans-culottes , il n'y a pas de
jours que je ne sois exposé à être assassiné
par la calomnie ou par le poignard des aristocrates.
aujourdhui je suis assiégé d'intrigants
qui viennent me mettre le feu sur le ventre
et qui cherchent à me faire perdre la carte
en me racontant un tas de contes bleus
pour me mettre à chien et à chat avec ceux
qui doivent être mes meilleurs amis; demain
de jolies muscadines viendront me faire les
yeux doux. si je pouvais être dupe de leurs
<Epg=6>cajoleries, je serais tenté de faire jabot et
de me regarder comme un beau fils. quel est
le but de cette foutue canaille? ce ne sont
pas mes moustaches noires et ma gueule en
fumée qui leur donnent dans l'oeil; mais
foutre, si j'étais assez sot pour me jeter dans
leurs filets, elles me feraient voir bougrement
du chemin, et comme dit le proverbe:
dis moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es.
§ braves *sans-culottes , ce n'est point assez
de rester pur, il ne faut pas seulement que
vous soyez soupçonnés. songez, foutre, que
vous êtes environnés de pièges et d'embûches,
mais en marchant droit foutez vous de vos
ennemis; attendez vous à être persécutés,
c'est le sort de tous les braves gens. quand
on souffre pour sa patrie, on est trop heureux.
le sort de *marat , toujours menacé du poison
et des poignards, n'est il pas préférable à
celui de ces jean-foutres qui ne sont ni chair
ni poissons, qui ne vivent que pour eux?
quant à moi, foutre, si j'avais cent têtes,
j'aimerais mieux les perdre l'une après
l'autre que de vivre inutile. je connais tous
les coups de chien qu'on prépare, je sais
<Epg=7>tout ce qu'on manigance contre moi. jamais
les royalistes ne me pardonneront d'avoir
traîné l'ogre royal dans la boue; toujours
les gredins qui ont fait leur orgies et qui se
sont graissés des dépouilles du peuple, auront
une dent contre moi, parce que j'ai rengainé
tous les compliments de la reine *roland et que
j'ai refusé les assignats de son vieux cornard.
les amis de *brissot et de la clique de la
*gironde , me regardent comme un loup-garou
parce que j'ai, un des premiers, éventé la
mèche et dévoilé toutes leurs conspirations.
environné d'autant d'ennemis. je dois m'attendre
à être persécuté, mais je m'en fous. je
ne broncherai pas d'une ligne. ce que j'ai été
au commencement de la révolution, je le suis
encore. si mes ennemis se croient assez forts
pour m'accabler, j'appellerai les *sans-culottes
à mon secours. c'est eux qui seront mes
juges. je leur demanderai d'examiner toute ma
vie. s'ils ne me trouvent pas les mains nettes,
<Epg=8> j'ai cessé d'être leur défenseur, eux-mêmes
me condamneront. que l'on crie, que l'on
jappe contre moi. je suis bon cheval de trompette,
je ne m'effraye pas du bruit, foutre.
<Sda=1793> <numero=320> <semaine=522><edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande colère du *père *duchesne ,
de voir que des jean-foutres qui n'ont ni bouche
ni éperon, saignent du nez pendant le
combat, et nous proposent de quitter le champ
de bataille pendant la mélée et au moment de
la victoire. ses bons avis aux braves *montagnards,
pour qu'ils n'abandonnent pas la
barque jusqu'à ce qu'elle soit arrivée à bon
port, et jusqu'à ce qu'ils aient délivré la république
de tous les fripons et de tous les
traîtres qui mettent des bâtons dans les roues.
<edito=1> § on ne saurait plaire à tout le monde,
foutre, car chacun a sa manière de voir et
de sentir, et les trois quarts et demi des
hommes ne savent ce qu'ils veulent. quand
<Epg=2>il fait chaud, on aime le froid;quand il gèle,
on désire l'été; dans la saison de fleurs, on
voudrait être à celle des vendanges,et quand
la terre se dépouille de ses richesses pour
nous nourrir, les jeunes fillettes soupirent tout
bas; elles regrettent la violette, et soupirent
de ne plus voir bientôt la feuille à l'envers.
les gens sages, foutre, prennent le temps
comme il vient, et s'accoutument à tout;
mais malheureusement ils sont en petit nombre
toute la famille d'*adam est une bougre
de race de fous qui n'entend ni a dia ni a hue .
tout ce qui la compose ne rêve qu'extravagances.
les sots croient avoir tout l'esprit
en partage; les beaux esprits souvent n'ont
pas le sens commun; chacun fait des châteaux
en *espagne ; tout le monde plaide pour son
saint, l'un est prodigue, l'autre est avare,
celui-ci est joueur, celui-là libertin; comment
s'entendre dans cette bougre de cohue?
comment mettre d'accord tous ces échappés
des petites maisons? comment faire le
bonheur de tous? ah! foutre, c'est la bouteille
à l'encre! le plus embarrassé, c'est celui qui
tient la queue de la poêle.
§ je ne conçois pas, foutre, comment il se
trouve tant d'insensés qui se précipitent les
uns sur les autres pour conduire et gouverner
les bandes d'animaux indociles au milieu des
lanternes, des guillotines et des poignards;
mais l'envie de dominer est aussi naturelle à
l'homme que la faim et la soif. le dernier
caporal est plus despote dans sa compagnie
<Epg=3>que le général à la tête de son armée. celui,
foutre, qui ne peut sortir de la foule pour
gouverner l'état, s'en venge par tout ce qui
l'entoure. le charbonnier est le roi dans sa cahute
comme on disait dans l'ancien régime; il tranche,
il rogne comme il lui plait; il commande
en maître aux charbonniers subalternes, et
il faut que tout cela cède à sa volonté.
celui qui n'a qu'un chien au dessous de lui
est encore un petit despote; il faut que le
pauvre animal soit soumis à tous ses caprices.
quoique la nature l'ait fait pour marcher à
quatre pattes, il faut qu'il se juche sur ses
deux ergots de derrière, qu'il danse, qu'il
fasse l'exercice ou le mort, qu'il rapporte,
qu'il aille à l'eau, quand il plait à son maître.
c'est ainsi que presque tous les hommes tyrannisent
tout ce qui les environne . ils ont
l'esclavage en horreur, et ils veulent que tout
soit esclave auprès d'eux. ils aiment tous la
liberté; ils l'adorent, et, autant qu'ils peuvent,
ils veulent en priver leurs semblables. cependant
ils naissent tous avec l'amour de la justice;
ils plaignent ceux qu'on opprime, ils
pleurent avec ceux qui souffrent; ils ne peuvent
pardonner le mal, excepté celui qu'ils
font.
§ quel est donc, foutre, le moyen de corriger
leurs vices et de les rendre tous heureux?
ah! c'est un grand secret que celui-là. avec
de bonnes lois, avec notre sainte constitution
nous arriverons un jour à ce but; mais,
foutre, il nous faudra passer encore par bien
<Epg=4>des étamines. patience, avec le temps on vient
à bout de tout. nous ne faisons encore que
labourer la terre de la liberté. nous n'avons
pour nous que les épines, et nos enfants recueilleront
les roses. ne perdons pas courage,
foutre, arrachons de cette terre sacrée les
ronces et les épines. détruisons les plantes venimeuses
qui croissent encore sur son sein.
renversons ces vieux arbres qui ne rapportent
aucun fruit, qui étouffent avec leur tête
énorme les jeunes arbrisseaux , et qui les empêchent
de croître et de profiter.
§ oui, foutre, ça ira, malgré les fripons, les
traîtres et les ambitieux qui jettent des bâtons
dans les roues. il faut, si nous voulons être
libres, n'avoir d'autre maître que la loi. ce
n'est que devant elle que nous devons fléchir.
tous les républicains doivent lui sacrifier tout,
fortune, amis, parents, tout ce qu'ils ont de
plus cher. il ne faut pas calculer ce qu'elle
nous coûte, ce qu'elle nous enlève, mais ce
qu'elle vaut. elle est bonne, si elle plait à la
majorité de la république. tout doit obéir à
la volonté suprême du peuple. ainsi donc,
foutre, puisque ce peuple a dit qu'il voulait
la liberté et l'égalité; tous ceux qui n'en
veulent pas sont des ennemis, ils doivent périr.
celui qui ose regretter un roi, celui qui voudrait
s'élever d'une ligne au dessus des autres
sont des monstres à étouffer.
<Sat=1> § "tu ne parles que d'étouffer, de tuer,
de raccourcir, de massacrer,<Sat=0> me disent les
feuillants;<Sat=1> tu as donc grande soif du sang,
<Epg=5>misérable marchand de fourneaux, n'en a t on
pas assez versé?"
<Sat=0> beaucoup trop, foutre,
mais à qui la faute? c'est la votre, bougres
d'endormeurs, qui avez arrêté le bras vengeur
du peuple, quand il était temps de frapper. si
on avait lanterné quelques centaines de scélérats
dans les premiers jours de la révolution,
il n'aurait pas péri depuis, plus d'un million
de *français. le jour où le peuple fût assez
fort pour faire trembler son tyran; il fallait
qu'il en profitât pour l'envoyer ad patres , avec
toute sa bougre de race. cet exemple aurait
fait rentrer cent pieds sous terre, tous les
coquins et tous les traîtres qui nous ont tant
fait de mal depuis. mais nous avons agi comme
des poules mouillées, nous avons donné le
temps à nos ennemis de se réunir, de se fortifier,
de s'armer jusqu'aux dents et à nos
dépens , de nous diviser. ce n'était qu'un
peloton de neige au commencement, mais
ce peloton est devenu une masse énorme qui
a manqué de nous écraser. que le passé nous
serve donc de leçon, profitons des sottises que
nous avons faites pour n'en plus faire par la
suite. plus de grâce à des coquins que nous
avons trop longtemps ménagé, qui ne nous en
feraient pas, s'ils avaient un seul instant le
grapin sur nous. le combat à mort, entre les
hommes du peuple et les ennemis du peuple,
est engagé, il ne peut finir que lorsque l'un
des deux côtés aura anéanti l'autre. ce n'est
pas au milieu de la mélée qu'il faut parler de
suspension d'armes. ce n'est pas au parti le
<Epg=6>plus fort, à celui de la raison, de la justice,
de la vérité, de la liberté ,de l'égalité à céder
le champ de bataille à celui du mensonge, du
brigandage, de la tyrannie. si nous pouvions
reculer d'un seul pas nous serions foutus et
contrefoutus, car nos ennemis en profiteraient
pour nous égorger tous.
§ quels sont donc les jean-foutres qui oseraient
nous proposer de mettre les pouces au
moment de la victoire?
<Sat=1>"mais, *père *duchesne ,
<Sat=0>disent encore les feuillants,
<Sat=1>est ce
qu'on ne craint pas d'augmenter les ennemis
de la révolution avec toutes ces arrestations,
toutes ces persécutions contre les honnêtes
gens, contre les riches, contre les marchands,
contre des patriotes même."
<Sat=0> d'abord, foutre,
je réponds que le nombre des patriotes opprimés
n'est pas considérable. au surplus si un
bon citoyen, au fort du combat attrape une
égratignure, a t il droit de se plaindre? n'est il
pas sûr que tôt ou tard on lui rendra justice?
quels sont donc les patriotes persécutés depuis
le comité des douze? et quand même il y en
aurait, je le répète, ils doivent encore se
trouver heureux de souffrir pour une si belle
cause. qu'ils se rappellent l'action d'un des
braves *romains qui firent perdre le goût du
pain à un fameux brigand nommé *jules *césar ,
dans le moment où ces braves républicains
environnaient le tyran pour le massacrer,
chacun voulait avoir l'honneur du premier
coup et cherchait la place pour lui donner le
coup mortel.
<Sat=1> "frappez le à travers de mon corps,
<Epg=7> <Sat=0> s'écria l'un de ces bougres à poil,
<Sat=1>je serai trop heureux de mêler mon sang à
celui du tyran".
<Sat=0> § c'est ainsi que pensent les républicains.
point de pitié pour les ennemis de la patrie.
la convention, en mettant la terreur à l'ordre
du jour, a sauvé la république, si elle parlait
d'indulgence, elle se perdrait avec nous.
quand nous tenons le tigre en cage, gardons nous
de le laisser échapper. comité de sûreté
générale, comité de salut public, allez toujours
en avant, et vous *montagnards, ne
quittez pas la barque jusqu'à ce qu'elle soit
arrivée au port. brave *dumont , toi qui as
étouffé les germes d'une nouvelle *vendée
dans les départements que tu as parcourus,
ne jette pas le manche après la cognée , et
poursuis comme tu as fait jusqu'aujourdhui.
et vous, lurons de la gance, couple intrépide,
*collot et *fouché qui avez été envoyés
pour détruire les cavernes de voleurs des
galonniers de *lyon , abattez, rasez, brûlez
les palais de toute la canaille marchande de
cette ville rebelle, qui a osé trafiquer la
contre-révolution. cette leçon épouvantera
les fédéralistes de *rouen , de *brest et d'autres
villes de la ci-devant *normandie et de la ci-devant
*bretagne qui voudraient ouvrir leurs
portes au fils du roi *georges-*dandin et qui
mitonnent depuis longtemps la contre-révolution
avec l'infâme *pitt . encore quelques
jours, foutre, et la république est sauvée,
mais il ne faut pas s'endormir, il ne faut pas
<Epg=8>s'arrêter un seul instant. surtout, braves *sans-culottes ,
soyez unis comme des frères.
plus on fait d'efforts pour vous diviser, plus
vous devez rester serrés. réunissons tous nos
efforts pour détruire le reste des brigands de
la *vendée , que les bombes et les boulets
pleuvent sur l'infâme *toulon , si dans quelques
jours nous pouvons en débusquer les *anglais,
la tête du roi *georges-*dandin et de son porte-esprit
ne pèseront pas une once. encore une
fois, nous n'avons plus d'ennemis à craindre
que ceux de l'intérieur. anéantissons les, et
nous sommes sauvés, foutre.
<Sda=1793> <numero=321> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande joie du *père *duchesne
en apprenant toutes les belles actions de nos
braves bougres qui combattent pour la république
et qui la sauveront malgré les fripons et
les traîtres et tous les brigands couronnés,
qui prendront plutôt la lune avec les dents que
de nous faire la loi.
<edito=1> § s'il existait encore des individus assez
jean-foutres pour douter si nous sommes républicains
et pour croire à la résurrection de
la royauté, je leur dirais de me suivre et de
<Epg=2>venir avec moi passer en revue toutes nos
armées. c'est là, foutre, qu'ils verraient des
hommes libres et qu'ils connaîtront ce que
peut l'amour de la patrie. oui, la fleur de
la république est là. tous ces guerriers grecs
et romains dont on nous fait des histoires à
perte de vue et des contes à dormir debout,
n'étaient que de la *saint-*jean en comparaison
des soldats français; il faut voir avec quel
courage, ils endurent le froid, le chaud,
la fatigue et la faim. les jours de bataille sont
pour eux des jours de fêtes, et ils marchent
au combat comme s'ils allaient au bal, en
chantant, en dansant. plus ils ont d'ennemis
devant eux, plus ils sont intrépides. il n'y a
pas de musique plus agréable pour eux que le
son du canon. quand le butor a renversé une
file de républicains, ils sont aussitôt remplacés
par d'autres, et le dernier cri des mourants est
toujours un cri de joie, les derniers mots
qu'ils prononcent sont, vive la liberté, vive
la république .
§ je n'en finirais pas, foutre, si je voulais
raconter tous les beaux traits qui honorent
nos braves défenseurs; il est juste pourtant
de les faire connaître, pour servir d'exemple
<Epg=3> aux jeunes citoyens. la seule récompense
d'une bonne action aux yeux d'un véritable
républicain, c'est l'estime de ses concitoyens.
sous le règne affreux du despotisme, nos
anciens tyrans ne se contentaient pas seulement
de dévorer la substance des *sans-culottes ,
et de s'engraisser de leurs sueurs et de leur sang ;
ils leur enlevaient jusqu'à la
gloire de leurs exploits. quand dix à douze
mille hommes étaient morts pour la patrie,
on n'en parlait pas plus que les *gascons de
leurs vieilles dettes; tout l'honneur était pour
le général qui était resté au quartier de
réserve pendant les combats; des bougres qui
n'avaient pas seulement senti la fumée de la
poudre, passaient pour les plus intrépides
guerriers. les cuistres de journalistes qui
avaient la patte bien graissée pour mentir à
tant la ligne dans les gazettes royales, faisaient
des éloges pompeux de toutes les poupées
de cour qui étaient à la tête des armées.
le poitreau qui voulait gagner un habit noir,
se mettait la cervelle à l'envers pour rimailler
en l'honneur de tous les talons rouges; il
faisait de grands détails des combats qu'il
n'avait vus que du haut de son grenier; ici
<Epg=4> le prince un tel avait été couvert de sang et
de poussière, là monseigneur un tel avait vu
tant d'hommes blessés ou morts à ses côtés,
tandis que tous ces foutus freluquets tournaient
le cul à l'ennemi, et se dorlotaient
sur le duvet avec les coquines qu'ils traînaient
à leur suite. jamais il n'était question
des pauvres pileurs de poivre, et si quelqu'un
d'eux avait fait une belle action ou contribué
au gain de la bataille, la gloire en était au
colonel ou au général qui, la plupart du temps,
étaient de méprisables capons et les plus jean-foutres
de l'armée. maintenant que le tour des
*sans-culottes est arrivé, ceux qui commandent
et ceux qui obéissent sont des égaux. le
sang des uns n'est pas plus précieux que celui
des autres, et celui qui sert bien la patrie dans
le premier rang comme dans le dernier est
également estimable. la patrie doit autant
au simple fusillier qui, pendant le combat,
a toujours soutenu la charge qu'au général
qui, en conduisant des hommes libres à la
victoire, n'a fait que son devoir, foutre. on
disait, jadis, qu'il fallait rendre à *césar ce
qui appartenait à *césar , on avait tort; car
tous les *césars , c'est à dire les rois, n'ont jamais
<Epg=5>été que des brigands, et rien ne leur devait
appartenir que cent millions de potences
pour les allonger, et des guillotines aujourdhui
pour les raccourcir; disons donc aujourdhui,
avec plus de justice, qu'il faut rendre
aux *sans-culottes ce qui appartient aux
*sans-culottes , et ce ne sera pas peu, car
tout ce que possédaient les ci-devant était
le fruit des sueurs et des larmes des malheureux.
§ tonnerre de dieu, que j'ai de satisfaction
quand il se présente une occasion de rendre
justice à qui elle appartient et de faire connaître
les braves bougres qui combattent pour
nous. un de mes compères vient de m'écrire
de l'armée du *nord une lettre qui m'a fait
pleurer comme un enfant.
<Sat=1> § le coeur saigne mon vieux,
<Sat=0> m'écrit il, <Sat=1> quand on voit nos
braves guerriers étendus sur les champs de bataille
après le combat; mais on est transporté
d'admiration quand on les entend chanter la
carmagnole malgré leurs blessures. après la
journée du 15 au 16 *frimaire , un bougre à
poil, nommé *denis *siboul , natif d'*issy-l-union ,
district du *bourg-l-égalité , département
de *paris , sergent de canonniers au grand
<Epg=6> parc d'artillerie, compagnie de *mignonnet ,
a reçu un boulet qui lui a emporté les deux
pieds, aussitôt il a crié: vive la république ;
et a prié ses camarades, qui venaient le secourir,
de rester à leur poste. quand le chirurgien
l'a ensuite opéré, il a montré la plus
grande fermeté, et n'a pas cessé de chanter
et de crier, vive la liberté, vive la république ,
mais ensuite il n'a pas tardé à pleurer. je lui
ai demandé pourquoi son chagrin: ah! mon
ami, je suis époux et père de quatre enfants,
m'a t il dit en sanglotant. je l'ai consolé
de mon mieux: il va bien maintenant,
et je le regarde comme guéri".
<Sat=0> § ah! foutre, voilà bien le modèle des républicains,
sa première pensée est à sa patrie;
mais qu'il soit ensuite homme et père, c'est
une vertu de plus. console toi, brave homme,
la convention est là pour te récompenser;
c'est notre mère commune, tes enfants sont
les siens, elle en prendra soin, il te reste
encore une âme et un coeur pour jouir du
triomphe de la république, c'est au milieu de
cette famille que tu chéris, que tu raconteras
les exploits de nos frères d'armes et les tiens.
si tu ne peux marcher, nous disputerons à
<Epg=7>tes enfants le plaisir de te porter dans nos
places publiques, dans nos assemblées, et
nos jeunes citoyens envieront tes honorables
blessures.
§ mon compère, dans sa lettre, me raconte
une infidélité de traits héroïques qu'il ne faut
pas passer sous silence.
<Sat=1> "un autre luron,
natif de *vertus près *saint-*denis , volontaire
au quatrième bataillon de l'*aisne , ayant eu
aussi la jambe emportée par un boulet, s'est
écrié tant mieux, foutre, il vaut mieux que
ce soit moi qu'un autre, une jambe de plus,
une jambe de moins pour un tailleur, c'est
égal."
<Sat=0>*jean *gorget , de *saint-*martin-l-*andelle ,
district d'*avranche , volontaire au
troisième bataillon de *seine-et-*oise , tandis
qu'on lui coupait la cuisse, a demandé, pour
toute consolation, un bon verre de vin pour
boire à la santé de la république. *la-*coste ,
natif de *villeneuve-d-*agen , département de
la *haute-*garonne , ne cessait de crier vive
la république, tandis qu'on lui coupait un
bras. *l-*anglois , natif de *caen , ce qui
prouve qu'il y a de braves gens partout,
sergent au quatrième régiment, n'a pas sourcillé
tandis qu'on lui coupait la cuisse. *leroux ,
section de la *croix-*rouge , et *antoine *masson ,
natifs de *paris , volontaires au huitième bataillon
de *seine-et-*oise , n'ont pas démenti
la gloire des *parisiens, et ils n'ont cessé de
crier vive la république pendant des opérations
semblables. *augustin *houssier , district de
*montreuil , département du *pas-de-*calais ,
<Epg=8> volontaire au huitième bataillon, a eu, le 16
sur les trois heures du soir, la cuisse emportée.
ce brave républicain, au milieu de
l'opération, croit que notre armée est battue,
et demande si l'ennemi va prendre *avesnes .
non, au contraire, lui réplique t on, *maubeuge
est débloqué, ah! foutre, s'écrie t il,
coupez toujours, vive la république. voilà des
républicains, foutre. avec de tels hommes,
que l'on ose douter du salut de la *france , et
du triomphe de la liberté! brigands couronnés,
vous prendrez plutôt la lune avec les dents,
que de faire la loi à un peuple aussi grand et
aussi courageux, foutre.
<Sda=1793> <numero=322> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§grande découverte du *père *duchesne ,
de tous les complots de l'infâme *pitt , premier
porte-esprit du roi *georges-*dandin pour
faire la contre-révolution en redoublant la
foule à la porte des boulangers, en enlevant
le beurre, les oeufs, et toutes les subsistances
dans les campagnes, et surtout en mettant
les meilleurs patriotes à chien et à chat, pour
les détruire en détail.
<edito=1> § l'autre jour, après avoir roulé les quatre
<Epg=2> coins de *paris , pour connaître l'air du bureau,
je rentrai chez moi le soir, l'esprit tout
foutimassé et le coeur gros de toutes les sottises
que j'avais entendu , et de tout ce qui s'était
passé sous mes yeux. j'ouvre ma porte
brusquement, je bouscule ma *jacqueline et
sans la remercier, je prends mes pantoufles,
qu'elle me présente, et pouf me voilà étendu
tout de mon long dans mon grand fauteuil.
ma femme et mes marmots, sentant qu'il n'y
faisait pas bon, sortirent en chuchotant tout
bas, et me laissant jurer à mon aise. mon gros
caniche, mon fidèle compagnon, mon dragon,
qui aboye si fort, quand on parle d'aristocrates
et qui saute jusqu'aux nues pour les *jacobins ,
reste seul avec moi, et s'étale à mes pieds .
pauvre animal, lui dis je, toi et tes semblables,
vous êtes mille fois plus heureux que les hommes,
vous vivez au jour le jour, vous ne
vous tourmentez pas la veille sur ce qui doit
arriver le lendemain. si par ci par là, il
survient des querelles entre vous autres, le
combat s'engage bravement et le battu en est
quitte pour quelques coups de dent, presque
jamais il ne s'en suit mort de chien; vous
avez même la générosité de laisser aboyer
<Epg=3> autour de vous les roquets, et vous ne daignez
pas vous venger des insultes qu'ils vous
font. jamais, foutre, on ne vit tous les chiens
d'un canton se réunir et former des armées
pour aller livrer bataille à leurs voisins. il est
vrai pourtant, qu'à force de vivre avec l'homme
vous avez pris ses vices. c'est de lui que vous
avez appris à ramper, à caresser la main qui
vous frappe, à faire la guerre aux lièvres, aux
lapins et aux autres animaux timides qui habitent
les forêts, à déchirer dans un cirque
le taureau qui vous est livré; mais encore
une fois on ne doit pas s'en prendre à vous,
mais à l'animal à deux pieds dont vous êtes
devenus les esclaves.
§ c'est ainsi, foutre, que je ruminais, en
fumant ma pipe. on me demandera peut-être
pourquoi cette humeur noire et ces lugubres
réflexions; je répondrai, foutre, qu'il y a de
quoi se débaptiser, en voyant toujours complots
sur complots et trahisons sur trahisons, les
patriotes à chien et à chat, quand ils devraient
être unis comme des frères et n'avoir
tous qu'une seule volonté pour écraser tous
leurs ennemis. oui, foutre, il faut que nous
renoncions à la liberté, il faut que nous devenions
<Epg=4> les plus vils, les plus malheureux des esclaves,
ou plutôt il faut que nous nous attendions
à périr avec ignominie les uns après les autres,
si tous les patriotes et même tous les hommes
qui ont le sens commun ne s'entendent pas.
les brigands couronnés qui nous font la guerre
n'ont plus d'espérance que dans nos divisions,
et nous sommes assez sots pour nous jeter
tête baissée dans tous les pièges qu'ils nous
tendent, et tout le monde veut être maître,
chacun veut tirer son épingle du jeu. on ne
songe qu'à son intérêt, et celui de la patrie
est foutu de côté. les trois quarts et demie
des gens en place et de tous les bougres que
la république fait vivre, la regardent comme
une vache à lait, c'est à qui l'épuisera davantage.
presque tous les riches sont aristocrates,
tous les gros marchands sont des voleurs.
heureusement, foutre, que les dix-neuf
vingtièmes de la nation ne sont ni riches,
ni marchands, ni coureurs de place. cette
masse est toujours pure, elle restera toujours
pure; elle veut être libre, et elle le sera
malgré cette poignée d'intrigants et de fripons
qui conspire contre elle.
§ ayant la tête farcie de toute ces idées
<Epg=5> noires, je prends mon bonnet de nuit, et
je me couche pour les dissiper. quand on n'a
pas soupé, foutre; quand on n'a pas seulement
étouffé un enfant de choeur avant de
se mettre au lit, on ne peut pas manquer de
rêver. aussi, foutre, pendant cette nuit mon
sommeil fût troublé par des songes. parmi tous
mes rêves, il en est un pourtant qui n'est pas
indifférent, et qui se rapproche tant de la
vérité, que je dois le raconter. en fera le profit
qui voudra.
§ après un cauchemar qui manqua de m'étouffer,
je rêve tout à coup que je suis transporté
au beau milieu de la ville de *londres ; je rode
de tous côtés pour entendre ce que l'on dit
de la guerre. dans tous les cafés, dans les
tavernes, dans les places publiques je rencontre
des politiqueurs à perte de vue. les
*français sont à quia , disent les uns, dans
quelques jours *le-*havre , *brest et tous les
ports de *france seront à nous comme *toulon .
avec quoi les achèterez vous, bougres d'enfonceurs
de portes ouvertes, m'écriais je,
venez y avec vos guinées, et les *sans-culottes
vous recevront en enfants de bonne maison;
d'autres font la gageure qu'avant qu'il soit
<Epg=6> l'âge d'un petit chien, la contre-révolution
sera faite à *paris , et que le fils cadet du bon
roi *georges-*dandin y sera couronné et proclamé
roi de *france et de *navarre ; malgré
tous ces beaux discours, je vois cependant
presque toutes les mines allongées; ici c'est
un manufacturier qui s'arrache les cheveux
de désespoir d'avoir tout perdu par la guerre,
là c'est un marchand qui a fermé sa boutique,
et qui est réduit à la besace. je n'entends parler
à droite et à gauche que de banqueroutes; les
ouvriers murmurent de n'avoir plus de travail,
et pour consoler tous les badauds de l'*angleterre
de la misère qu'ils éprouvent, on leur
annonce de nouveaux impôts pour soutenir
l'honorable guerre, pendant laquelle ils ont
été étrillés de toutes parts et d'importance,
et qui ne leur a valu que la prise d'une seule
ville, dans laquelle, encore, ils ne sont entrés
qu'avec la clef d'or. tout le monde désire la
paix, et attend avec impatience le nouveau
parlement pour mettre fin aux maux du peuple.
§ dans un rêve on fait bougrement du chemin,
et en peu de temps, me voilà tout à coup
transporté en corps et en âme, dans le
cabinet secret du bateleur *pitt . je le vois sans
<Epg=7>en être vu, et j'examine ce tigre qui rugit de
voir sa proie lui échapper.
<Sat=1>"me voilà au bout de mes prouesses,
<Sat=0> dit il,<Sat=1> la *france ne sera
pas conquise. les brigands de la *vendée ne
font plus que se battre contre la mort: *toulon
va être réduit en cendres par les républicains
français; mes complots du *midi sont éventés.
je n'ai plus d'espérances que dans les bons
amis que j'ai en *france , il est vrai qu'ils
jouent leur rôle à merveille et ils savent bien
singer le patriotisme. ils animent, comme je
le désire, les véritables patriotes les uns contre
les autres. tandis que les républicains se
chamailleront et se mangeront le blanc des
yeux, j'aurai toujours beau jeu, et je profiterai
de leurs querelles pour les perdre les uns
après les autres, et les détruire en détail par
leurs propres armes. c'est par les vivres surtout
que je saurai les prendre. je ferai naître
la misère au milieu de l'abondance. la foule
redoublera à la porte des boulangers. je ferai
enlever le beurre, les oeufs et toutes les denrées
dans les campagnes. je nourrirai les poissons
de la *seine et de la *loire avec les subsistances
des *sans-culottes de *paris , et quand
ils tireront la langue d'une aune, il faudra
bien qu'ils reçoivent les lois que je leur dicterai."
<Sat=0> § quand on compte sans son hôte, infâme
brigand, on compte deux fois, m'écriai je,
tes finesses sont cousues de fil blanc. nous
ne donnerons plus dans tes panneaux; nous
sommes debout pour exterminer les jean-foutres
<Epg=8> que tu soudoies. ils ne nous foutront
plus dedans; nous resterons unis malgré tes
manigances. tremble, scélérat, ta dernière
heure va sonner. je me réveille désespéré de
n'avoir approché qu'en songe de cet infâme
garnement auquel j'aurais voulu foutre l'âme
à l'envers.
<mois=06>
<Sda=1793> <numero=323> <quinzaine=61> <semaine=611> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande joie du *père *duchesne ,
au sujet de la grande victoire remportée par les
soldats de la *liberté , dans la ville du *mans ,
sur les brigands de la *vendée , qui ont été
taillés en pièces, et qui ont perdu leurs trésors,
leur artillerie, leurs saints et leurs reliques.
sa grande ribotte avec tous ses compères et
commères, en réjouissance de cette bonne
nouvelle, qui donne le coup de grâce aux
aristocrates, aux calotins et à tous les
conspirateurs.
<edito=1> § on me reproche d'être trop souvent en
<Epg=2>colère. on s'imagine que je ne ris jamais
que d'une joue; les aristocrates me regardent
comme un loup-garou. on ne parle que de
mes moustaches , de ma voix de tonnerre,
en un mot, je suis un bougre à faire trembler
la volaille. ceux qui me connaissent,
savent bien cependant que je ne suis pas si
diable que je suis noir. au surplus, que l'on
pense de moi tout ce qu'on voudra, je m'en
fous, cela ne m'otera pas un seul cheveu
de mon crâne pelé. je marcherai toujours
droit mon chemin, sans faire attention aux
cris des corbeaux et aux sifflements des serpents
que je rencontrerai sur mon passage. je
consens à passer pour un ours mal léché au
vis-à-vis des conspirateurs et des traîtres,
pourvu que les *sans-culottes continuent
de me regarder comme un bon vivant et
comme leur véritable ami. avec eux, je
jurerai toujours tant que je verrai les sots
dupes des intrigants, tant que les fripons
pêcheront en eau trouble, tant que les
loups se couvriront de la peau de l'agneau,
pour mieux tromper le troupeau et pour nous
manger la laine sur le dos; mais, foutre,
si je m'emporte comme une soupe au lait,
<Epg=3> quand j'apprends de mauvaises nouvelles, je
me réjouis de même des bonnes. quand je
vois tourner la girouette au mauvais vent, je
suis triste comme un bonnet de nuit, et quand
le temps est beau, je suis gai comme un pinson.
les jean-foutreries des aristocrates me font
renverser mes fourneaux, les bonnes actions
des *sans-culottes , les victoires des républicains
font sauter mes pintes.
§ ah foutre! quelle joie dans ma boutique
quand on est venu m'annoncer que les brigands
de la *vendée avaient dansé une si fameuse
carmagnole dans la ville du *mans ! tous
mes compères et commères du voisinage sont
accourus en m'entendant crier: victoire, vive
la république . grande nouvelle, mes amis, leur
ai je dit; femmes, taisez vous et écoutez.
alors j'ai pris mes besicles, et j'ai lu une
lettre d'un brave canonnier de mes amis,
contenant tous les détails de la bataille.
§ du *mans, ce 23 *frimaire , l'an 2 de la rép- une et
indivisible .
<Sat=1>"réjouis toi, brave marchand de fourneaux,
l'armée du pape qui , pour la gloire
du bon dieu, ravageait depuis si longtemps
plusieurs départements, qui égorgeait les
vieillards, les femmes et les enfants, dont la
<Epg=4>trace était plus funeste que la peste, qui a
changé la *vendée dans un vaste cimetière, ces
bandes de scélérats que l'*angleterre avait
vomi sur la terre de la liberté pour renverser
son temple, sont à la fin écrasés; le fanatisme
a reçu son coup de grâce. ces scélérats,
depuis qu'ils avaient été si bien étrillés à
*granville , sachant combien pèse le bras des
républicains, n'osaient plus revenir à la charge,
et fuyaient comme des lièvres devant les soldats
de la liberté. enfin nous leur avons si
bien serré la botte, qu'ils ont été forcés de
faire volte-face; comme ils étaient les plus
forts en nombre, ils nous ont repoussé d'abord,
et déjà ils criaient victoire ; les braves volontaires
de *cherbourg arrivent et nous soutiennent,
et nous les foutons en déroute; mes
jean-foutres se replient sur leurs retranchements,
et semblaient défier à tous les diables de les
débusquer. c'est alors que notre courage
redouble; ni retranchements, ni ponts, ni
canons, rien ne peut arrêter des guerriers
patriotes; ils taillent en pièces les brigands;
c'est alors, foutre, qu'il fait chaud; jamais on
n'a vu un combat aussi terrible; il dura jusqu'à
neuf heures du soir; la nuit le fait cesser
<Epg=5>quelques instants, mais les républicains
craignant de perdre l'occasion de purger
la république de ces monstres, recommencent,
comme de plus belle, à leur foutre
le bal; ils se pressent, ils gagnent le
terrain pied à pied, et les pourchassent
à travers des rues jusqu'au beau milieu de la
grande place du *mans . c'est là que se donne
le grand coup de peigne. la mélée a duré
jusqu'à deux heures du matin. l'armée chrétienne,
voyant alors que ses reliques étaient
sans vertu, et que le grand dieu, le dieu tout puissant,
celui auquel on ne saurait résister,
c'est celui qui veut que les hommes soient
libres, commencent à jouer des jambes et à
vanner à la faveur de la nuit, et ils s'éclipsent
petit à petit de la ville. à la pointe du jour,
nos chasseurs les ont poursuivi l'épée dans
les reins, et les ont mis en pièce par milliers.
toutes les routes sont couvertes de leurs cadavres;
depuis quinze heures nous en avons
fait une boucherie et le combat dure encore.
nous leur avons tout pris, leurs canons,
leur trésor, leurs bagages, leur malles, tous
leurs effets,les carrosses qui étaient à leur
suite pour conduire les princesses, duchesses,
<Epg=6>marquises, comtesses et toutes les muscadines
que les chefs mènent à leur suite. des
croix d'or et d'argent, des mitres et d'autres
prétintailles de la calotte sont aussi entre nos
mains. nous leur avons aussi enlevé leur
plus chère pacotille, les reliques que des
prêtres scélérats portaient avec eux pour
embêter les habitants des campagnes. les principales
étaient un crâne pourri de *st-*charles
*borrhomé , car les vers mangent aussi bien les
reliques des saints que les os des hérétiques,
une dent de la machoire de *st-*vincent , une côte
de *st-*julien , un morceau de la robe de l'enfant
*jésus , un morceau du crâne de *st-*sébastien ,
et une petite fiole du lait de la vierge *marie ,
qui,par parenthèse,devait en avoir plus à
elle seule que toutes les vaches de *suisse ,
si tous les fourbes, qui se vantent d'en posséder
sont crus sur parole. voilà, mon vieux,
une grande nouvelle qui va faire gueuler, dans
tous les coins de *paris , la grande joie du *père
*duchesne . continue de défendre les généraux
*sans-culottes , qui, comme tu vois, jouent
beau jeu bel argent, et qui répondent aux
injures que l'on débite sur leur compte en
remportant des victoires. si nous n'avions eu
<Epg=7> que des *biron , des *dubayet , des *thunck et
d'autres muscadins de cette espèce à notre
tête, jamais, foutre, nous n'aurions vu la
fin de cette guerre, que ces godelureaux regardaient
comme leur pot-au-feu. embrasse
pour nous le brave *pache , et dis lui que son
fils s'est battu comme un petit déterminé.
quand il aura de la barbe, ça fera un fier
luron. à quinze ans, il dégote les plus vieux
canonniers. tandis que le petit bougre servait
nos pièces avec une ardeur sans pareille, un
boulet lui a passé entre les jambes. il n'en a
pas bronché d'une ligne. notre bon maire
pleurera de joie en apprenant les dangers que
son enfant a bravé avec nous et ça le consolera
des chagrins que les coquins lui font endurer,
foutre".
salut et fraternité. sans-quartier , canonnier
de *paris .
ah! *père *duchesne , la bonne aubaine,<Sat=0>
s'écrièrent nos commères;<Sat=1> en réjouissance de
ces heureuses nouvelles, il faut nous en foutre
une pile; volontiers, mes amis. allons, *jacqueline ,
une table, des verres, vas vite à la
cave, et prends derrière les fagots ces vieilles<Epg=8>
bouteilles de *bourgogne ;<Sat=0> aussitôt dit, aussitôt
fait; nous voilà tous tablés, nous mangeons, nous
buvons jusqu'au jour, ma maison
retentit des cris de vive la liberté, vive la
république, foutre.
<Sda=1793> <numero=324> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande colère du *père *duchesne ,
de voir les aristocrates se sans-culottiser pour
mieux nous foutre dedans, et pour perdre les
véritables patriotes. ses bons avis à tous les
citoyens pour qu'ils se tiennent sur leurs gardes
afin d'arracher le masque à tous les fripons et
pour qu'ils environnent la convention et la
défendent jusqu'à la mort contre les intrigants
et les traîtres qui cherchent à la diviser.
<edito=1> § ah! quel bougre de métier que celui de se
<Epg=2> faire imprimer tout vivant, et de dire pour
deux sols, tous les matins, la vérité à ceux
qui ne veulent pas l'entendre! il n'y a pas de
cheval de bat qui souffre autant qu'un pauvre
diable qui s'est lui-même imposé la tâche de
dénoncer tous les fripons et les traîtres qui lui
tombent sous la patte, et de dévoiler tous les
complots que l'on manigance contre la république.
s'il a de trop bons yeux, on veut les
lui crever; s'il ne ménage ni *pierre ni
*paul , dans ses discours, on trouve bientôt
le secret de lui couper la parole, soit
en l'amadouant, soit en l'épouvantant. sur
quelle mauvaise herbe avais je donc marché,
le jour où il me prit fantaisie de quitter
mes fourneaux pour me mettre à broyer du
noir? quel démon, ennemi de mon repos,
m'inspira un semblable dessein? depuis ce
temps j'ai passé ma vie dans des transes continuelles.
plus j'ai fait de bien, plus on m'a
voulu de mal. souvent j'ai passé pour un jean-foutre
pour avoir démasqué les plus grands scélérats.
la première fois qu'on entendit gueuler
ma grande colère aux quatre coins de *paris
contre le ministre *jean *farine :
<Sat=1> "est il possible,<Sat=0>
s'écrièrent tous les badauds,<Sat=1> que l'on ose
<Epg=3> accuser un aussi grand homme! oui, celui
qui peut ainsi vilipender le vertueux *necker ,
le digne mentor de notre bon roi, est un
incendiaire payé par les aristocrates, il faut
le lanterner, il faut le pendre";
<Sat=0> en attendant
que ce beau jugement fût exécuté, on commençait
par me brûler en effigie. on arrêtait
par centaines tous les pauvres bougres
qui avaient colporté ma feuille; on les jetait
dans les cachots, sans s'embarrasser si leurs
femmes et leurs enfants avaient du pain cuit.
§ lorsque je me débaptisais en voyant tant
de viédases agenouillés devant l'écharpe ensanglantée
du traître *bailly , et tous les courtauds
de boutique se disputant l'honneur de
baiser la botte du général courbette, quand
je tombais sur la friperie des têtes à perruque
qui gouvernaient les districts, qui regardaient
les *sans-culottes du haut de leur grandeur et
qui se croyaient les premiers moutardiers du
pape, attendu que par un décret sanctionné
par sa majesté, ils avaient des têtes en façon
de marc d'argent, alors, foutre, je n'étais pas
bon à jeter aux chiens, mais surtout quand
je découvrais le pot aux roses et que je foutais
mon nez dans les mystères du comité
<Epg=4> autrichien, c'est alors que tous les aboyeurs
de la liste civile jappaient contre moi. tous
les mouchards du maire grue étaient à mes
trousses. tantôt le juge de paix *brideoison
me faisait arrêter pour ma grande
colère contre madame veto ; un autre jour un
échappé des petites maisons me dénonçait à
l'assemblée nationale, et demandait le décret
d'accusation contre moi. et voilà, depuis
quatre ans, les menus plaisirs du *père *duchesne ,
toujours marchant entre deux feux, toujours
sous le couteau des fripons; je ne parle point
des *brissotins, qui, après m'avoir fait un pont
d'or pour tourner casaque à la *sans-culotterie
et n'ayant pu me corrompre, ont remué ciel
et terre pour me perdre; je ne parle point
du comité des douze, qui m'a fait siffler la
linotte et qui voulait commencer par moi le
massacre de tous les patriotes; je ne parle
point des estafiers de *custine , qui ont levé
le poignard sur moi quand je dénonçais ce
traître aux *jacobins; mais je dis, foutre, que
tous les amis et serviteurs de *capet , que les
complices des *brissotins, des rolandins, des
*girondins ont une dent de lait contre moi. je
dis que tous les hypocrites qui font contre
<Epg=5> fortune bon coeur, et qui crient à tue-tête, vive
la république, tandis que dans leur intérieur
ils soupirent après la royauté; oui, foutre,
tous ces scélérats me guettent comme le chat
fait la souris, et ils n'attendent que le moment
de se venger de moi et de me déchirer à belles
dents. ils me tendent des pièges mais je n'y tomberai
pas. l'un me reproche d'être un emporte-pièce
et de ne ménager personne; l'autre
soutient que je suis un modéré; celui-ci prétend
que j'ai tort d'estimer le *sans-culotte *jésus ,
et de recommander de suivre tout uniment
son évangile sans chercher midi à quatorze
heures et sans s'embarrasser de tous les
mensonges et des tours de passe-passe des
calotins; celui-là soutient que je suis un athée,
parce que j'ai toujours engagé les *sans-culottes
à vivre en paix, à ne jamais disputer
sur ce qu'ils ne comprennent pas, et surtout
à ne pas souffrir que l'on répande une seule
goutte de sang au nom de celui qui prêcha
toute sa vie la paix, l'union, la fraternité, et
le mépris des injures.
§ comment faire, me disent tous les jours
mes amis? comment s'entendre au milieu de
tout ce charivari? à qui se fier, foutre?
<Epg=6> celui-ci veut blanc, celui-là veut noir; l'un
pousse à droite, l'autre à gauche. voilà,
foutre, le secret de conduire toujours sa barque
à bon port au milieu de tous les orages et
des bourrasques; c'est de ne consulter que le
bons sens et la probité, de ne croire que sa
conscience. on nous annonce de nouveaux
coups de chien, des complots affreux contre
la convention, eh bien, foutre, c'est autour
d'elle qu'il faut toujours se rallier, comme je
n'ai cessé de le dire. ceux qui voudraient
y exciter la trouble, la diviser, doivent être
regardés comme les plus mortels ennemis du
peuple. malédiction à celui qui voudrait ramener
les crapauds dans les marais fangeux dont
ils ont disparu depuis le trente-et-un *mai . tant
que nos législateurs seront unis, les ennemis
de la république seront confondus, c'est du
haut de la montagne que partira la foudre
qui doit les écraser. c'est là, foutre, qu'est
le trône de la liberté. c'est de là qu'elle va
pulvériser tous les trônes des despotes, et
verser ses bienfaits sur les humains. le comité
de salut public est son bras droit: elle lui a
remis la massue qui écrasera tous les traîtres.
bons citoyens, mettez toute votre confiance
<Epg=7> dans ceux qui ont détruit la tyrannie, fondé
la république, et à qui vous devez cette belle
constitution qui fera un jour votre bonheur.
il est impossible que ceux qui, depuis quatre
ans, ont affronté tant de périls, bravé la rage
de tous les despotes, pour défendre les droits
du peuple, puissent jamais l'abandonner; car
foutre, quelle serait leur espérance? les rois
leur pardonneront ils jamais d'avoir fait raccourcir
le dernier de nos tyrans? ne seraient
ils pas les premières victimes, si la contre-révolution
arrivait? souvenez vous au surplus de
ce mot de *robespierre , qu'il soit à jamais gravé
dans votre mémoire:
s'il était possible que le
comité de salut public trahit le peuple, je le
dénoncerais.
vingt fois ce comité a sauvé la
république; il la sauvera encore. braves *sans-culottes ,
restez donc unis à la convention,
tout votre espoir est dans elle, toute sa force
est dans vous. veillez plus que jamais; arrachez
le masque à tous les jean-foutres qui
se sont sans-culottisés pour brouiller les cartes
ralliez vous; tenez vous serrés, et vous confondrez
tous vos ennemis, foutre.
<Sda=1793> <numero=325> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande colère du *père *duchesne ,
de voir que les *sans-culottes se laissent
foutre dedans par des aristocrates à bonnet
rouge, qui les mettent à chien et à chat. sa
grande joie d'avoir vu *marat en songe,et
qui lui a dévoilé toutes les manigances des
étrangers, des aristocrates, des complices de
*brissot et des prêtres, pour brouiller les cartes,
pour détruire les patriotes les uns par les
autres.
<edito=1> § encore un rêve, mais un rêve bougrement
<Epg=2> patriotique, dont il faut que j'entretienne les
*sans-culottes ; ils ne m'en voudront pas de
leur faire connaître jusqu'à mes songes, ça
leur prouvera, foutre, que jour et nuit le
*père *duchesne n'a que le bien public en tête,
d'ailleurs, c'est de *marat que je vais leur
parler. je l'ai vu cette nuit pendant mon
sommeil, ses yeux étincelaient de colère,
il menaçait du poing, il se trémoussait, il
s'agitait, il jurait même en frappant la terre
de ses pieds; il m'a semblé encore le voir à
la tribune de la convention quand il bravait
les poignards des *brissotins, ou quand il délivrait
des brevets de guillotine aux infâmes
tripotiers du comité des douze.
<Sat=1> "bougre de *père *duchesne,
<Sat=0> s'est il écrié d'une voix de tonnerre,
<Sat=1> tu dors, tu t'amuses à gober des
mouches quand tu devrais faire feu des quatre
pieds et fulminer contre les intrigants et les
traîtres qui veulent perdre la république.
on annonce de grands complots, et tu n'oses
les dévoiler! tu te contentes de dire qu'il y
a quelque anguille sous roche; tu annonces que
le feu couve sous la cendre, et tu n'indiques
pas d'avance aux bons *sans-culottes les
moyens d'arrêter l'incendie qui les menace!
<Epg=3> tu dénonces des fripons, des conspirateurs et
tu ne nommes pas les masques! as tu donc
aussi la patte graissée pour te taire, ou bien
n'es tu à présent qu'une poule mouillée qui
craint pour sa peau et qui aime mieux voir la
république en danger que de s'exposer en
disant la vérité".
§ <Sat=0>non foutre, m'écriai je, je suis toujours
le même. si je ne vais pas si vite en besogne
c'est que je me souviens que qui trop embrasse
mal étreint. depuis que tu n'es plus,
ami du peuple, je suis comme un aveugle
qui a perdu son bâton. tu étais la sentinelle
avancée des écrivains patriotes. c'est toi qui
allais à la découverte, tu nous donnais le
mot d'ordre, et d'après toi nous pouvions
charger l'ennemi en toute confiance; mais
depuis que l'infernale guenon du *calvados
t a percé le sein, les fripons, les traîtres ont
beau jeu. ton nom seul les glaçait d'effroi;
tes yeux perçants lisaient jusqu'au fond de
leur coeur. tu étais toujours à leur piste;
tu connaissais toutes leurs actions, et tu devinais
la plus secrète de leurs pensées. depuis
ta mort ils ont redoublé d'audace. pour
mieux nous donner le change, ils singent de
<Epg=4> leur mieux les *sans-culottes . à les croire,
ils dégottent les plus chauds patriotes, et
tout ce qu'il y a de *cordeliers et de *jacobins
ne sont que de la *st-*jean . ils se vantent
d'avoir été républicains dès le ventre de
leur mère, et avant d'avoir dit papa et maman ,
ils soutiennent qu'ils ont crié vive la république .
enfin, mon pauvre *marat , si tu revenais
en ce bas monde, tu ne t'y reconnaîtrais
plus. tous les muscadins aux petites
bottines, aux culottes étroites, sont devenus
des fiers à bras. ils portent maintenant
des moustaches postiches qui, d'une lieue,
font fuir les petits enfants et trembler la volaille.
ils traînent tous de grands sabres à
leur cul de chien. on ne voit plus que de
larges pantalons et des vestes de *sans-culottes .
les rues de *paris , les promenades
sont comme des champs de coquelicots; on
y voit fourmiller les bonnets rouges. jamais
le faubourg *st-*antoine ne vit un pareil carnaval.
bientôt pour n'être pas confondus avec
tous les jean-foutres, qui ont pris leur costume,
il faudra que les *sans-culottes prennent des
culottes étroites, et se fassent à leur tour friser
et bichonner. le grand secret des contre-révolutionnaires
<Epg=5> est de tout embrouiller, et de
mettre les patriotes à chien et à chat. les
véritables agents de *pitt et *cobourg , accusent
les meilleurs républicains, et les *sans-culottes
sont assez badauds pour tauper dans
de semblables panneaux.
§<Sat=1> "c'est pour faire cesser tout ce tintamarre
que je viens trouver le *père *duchesne ,<Sat=0> me dit
*marat en m'interrompant;<Sat=1> mes yeux sont toujours
ouverts sur ma république, et au jour
et à la minute je suis informé sur le rivage
sombre de tout ce qui se passe sur la terre
de la liberté. je connais tous les intrigants
qui brouillent les cartes, et qui veulent détruire
les patriotes, et, comme dit le vieux
marchand de fourneaux, qui se servent de la
patte du chat pour tirer les marrons du feu.
on connaîtra tous les fripons qui jettent de
l'huile sur le feu. sur les rapports les plus faux
et les mensonges les plus atroces, on vient
d'en imposer à la convention, et on lui a
escamoté un décret pour mettre en état
d'arrestation le patriote *vincent . dis à tous
nos braves *montagnards qu'il n'y a pas un
mot de vrai dans tout ce qu'on a avancé contre
lui; dis leur que *vincent était mon ami; dis
<Epg=6>leur que c'était lui qui me communiquait
toutes les notes contre les généraux scélérats
qui voulaient perdre la république, contre
les fripons fournisseurs que je dénonçais;
dis leur que c'est l'énergie de *vincent qui a
purgé les bureaux de la guerre de tous les
muscadins que *servant , et *beurnonville y
avaient placé; dis leur que ces muscadins ont
été remplacés par de vieux *cordeliers et d'excellents
*jacobins . il peut se trouver parmi ces
commis quelques faux frères, mais c'est
ceux-là qu'il faut dénoncer et nommer, et ne
pas confondre avec eux ceux qui ne l'ont pas
mérité. raconte ce qui s'est passé la veille
de ma mort entre *vincent , toi et moi.
tu sais si nous trois nous nous occupions
alors de la chose publique. sans nous trois,
l'infâme *custine vivrait encore; il aurait livré
l'armée du *nord ; *lille , *metz , toutes nos
places de guerre auraient été vendues l'une
après l'autre. eh bien, foutre, tu peux l'attester,
sans *vincent , cet infâme complot s'exécutait;
c'est lui qui a mis tout sens dessus dessous dans
les bureaux pour réunir toutes les pièces
qui ont prouvé les crimes de ce scélérat.
je sais que le petit bougre est hargneux, que
<Epg=7> dans sa fièvre patriotique il frappe quelquefois
à tort et à travers; c'est aussi le crime
qu'on n'a cessé de me reprocher. quand je
couvrais de boue les aristocrates, un patriote
a t il pu se plaindre de ce que je l'éclaboussais
par mégarde. au surplus, je sais bon gré
à nos frères les *cordeliers , aux électeurs et
aux citoyens de la section de mutius soevola
d'avoir rendu hommage au patriotisme de
*vincent . j'invite mes braves amis du comité
de sûreté générale à examiner sa conduite, et
à lui accorder prompte justice. si comme tant
d'autres , il a changé, ce que je ne saurais
croire, il faut qu'il soit puni; s'il est innocent,
il faut lui rendre la liberté. je ne doute pas
qu'il n'y ait des milliers de jean-foutres à la
porte de ce comité pour accuser les meilleurs
patriotes. les amis de la royauté, les complices
de *brissot remuent ciel et terre pour se venger.
on cherche surtout à sauver les restes de la
bande brissotine et girondine. les parents, les
femmes de tous les jean-foutres qui sont en
état d'arrestation, jettent le chat aux jambes des
patriotes. les banquiers qui mangent du
fromage de voir les assignats au pair, cherchent
à exciter un mouvement pour en profiter et
ruiner encore la fortune publique. surtout
que l'on se défie de la conversion subite des
prêtres. le serpent qui quitte sa vieille peau
reste toujours serpent. recommande ,*père
*duchesne , à tous les *sans-culottes d'être toujours
unis. qu'ils daubent d'importance les
coquins qui veulent les diviser. qu'ils réfléchissent
<Epg=8> qu'en s'accusant, qu'en se déchirant
entre eux ils font bouillir du lait aux
aristocrates. que la convention, que la sainte
montagne soient toujours leur point de ralliement!
périssent tous les traîtres et les conspirateurs!
mais que les patriotes protègent
les patriotes! ils ont besoin de toutes leurs
forces pour sauver la république. adieu,*père
*duchesne ; une autre fois je t'en dirai davantage,
et je te montrerai au doigt ces bougres
d'intrigants auxquels il faut livrer un combat
à mort, foutre."
<Sda=1793> <numero=326> <semaine=612> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande joie du *père *duchesne ,
de voir que tricherie revient à son maître, que
les fripons et les intrigants qui ont été pris les
mains dans le sac, et qui voulaient jeter le
chat aux jambes des patriotes sont démasqués.
ses bons avis à la convention, pour qu'elle
fasse danser la carmagnole aux intrigants
et aux traîtres qui veulent la foutre dedans,
diviser la montagne, armer les patriotes contre
les patriotes et ramener sur l'eau tous
les crapauds du marais.
<edito=1> § mon dernier rêve où notre cher *marat
<Epg=2>m'est apparu, m'a remis du baume dans le
sang, foutre. avant ce songe heureux, j'étais
tout foutimassé, je voyais tout en noir, j'entendais
du soir au matin bourdonner à mes
oreilles un essaim de commères qui foutent
leur nez partout, qui abandonnent leurs enfants
pour balayer avec leurs cottes toutes les
rues de *paris en allant motionner à droite et
à gauche, qui ne sachant pas gouverner leur
ménage veulent gouverner l'état, qui enfin,
si nous les laissons faire, s'empareront bientôt
de nos culottes. ces motionneuses soufflées
je ne sais pas par qui, il y a gros pourtant
qu'elles pourraient nous dire de quelle couleur
et de quel poids est la monnaie de *pitt
et de *cobourg ; ces viragos débitaient à tous
les coins de rues des histoires à faire peur
et des contes à dormir debout. l'une disait:
<Sat=1> "n'est ce pas indigne que l'on manque toujours
de pain et que nous autres pauvres gens nous
soyons obligés de perdre nos journées et de
nous faire écharper à la porte des boulangers.
c'est la municipalité, c'est ce coquin de *pache
qui sont la cause de notre misère".<Sat=0> quelque
bon luron regardait il entre les deux yeux de
cette guenon, il y lisait le mensonge et le crime;
<Epg=3>s'il allait à sa poursuite, il la voyait rentrer
le soir dans quelque grand hotel et découvrait
que c'était la chère moitié d'un maître laquais
d'un émigré, ou la cuisinière d'un calotin, ou
quelqu'autre salope de même acabit qui
avait la patte bien graissée pour tourmenter
les *sans-culottes . d'autres garces pareilles
allaient clabaudant le long des rues, qu'aujourdhui
on avait arrêté tel patriote, que demain
on en arrêterait tel autre.
§ c'est ainsi, foutre, que les aristocrates et
les conspirateurs mitonnent leurs complots
dans l'ombre, et disposent les esprits aux
coups de chien qu'ils nous préparent. les
pauvres *sans-culottes n'y voient que du feu:
ils regardent jouer toutes les marionnettes, et
ne connaissent pas les grands bateleurs
qui sont derrière la toile. *polichinelle
amuse les badauds avec ses quolibets,
mais, foutre, le coupeur de bourse est
là, il profite du moment où un nouveau
débarqué ouvre le bec d'une aune, et rit à
gorge déboutonnée. quand la farce est jouée,
mon nigaud se retire tout joyeux d'avoir vu
gratis la comédie; comme le temps a passé
vite, il veut voir quelle heure il est; mais il
<Epg=4> ne trouve plus sa montre; il fouille à sa poche
et son porte-feuille est fondu. il se lamente,
il se désespère, il jure, il s'arrache les cheveux.
il n'est plus temps, il ne lui reste plus
que les yeux pour pleurer, tandis, foutre,
que l'homme aux marionnettes et le compère,
et les filous se partagent sa dépouille et
boivent à la santé des imbéciles.
§ voilà, foutre, trait pour trait le tableau
de ce qui se passe tous les jours sous nos yeux.
le pauvre peuple est toujours dupe des apparences.
à force d'avoir été trompé, il devrait
cependant être un peu dégourdi et ne pas
donner tête baissée dans tous les pièges qu'on
lui tend. mais il est des bougres qui sont si
fins, si déliés qu'il faudrait être sorcier pour
deviner leurs desseins. ce qui nous console
pourtant c'est que tôt ou tard le papillon se
brûle à la chandelle. jusqu'à présent tous les
fripons, tous les traîtres, tous les ennemis du
peuple se sont pris eux-mêmes dans leurs
propres filets. tous les masques tombent
peu à peu et à la fin du bal, les aristocrates
dansent la grande *carmagnole .
§ revenons au fait et après, les réflexions.
je dis donc, foutre, que depuis quelque temps
<Epg=5> il s'est élevé autour des patriotes un certain
brouillard si épais, foutre, qu'ils ne pouvaient
plus se reconnaître les uns les autres.
les coquins qui voyent que leur cas est sale,
n'avaient plus d'espérance qu'en brouillant les
cartes et en mettant les *sans-culottes à chien
et à chat.
<Sat=1> "le pot aux roses est découvert,
<Sat=0> se sont ils dit,
<Sat=1> on crie déjà sur nous, eh
bien crions plus fort sur les *sans-culottes .
on nous accuse d'avoir mis la main dans le
sac et de nous être enrichi des dépouilles du
peuple, accusons ceux qui nous accusent et
renvoyons leur le chat aux jambes. on nous
reproche d'avoir sauvé les émigrés, d'avoir
protégé les accapareurs, nous ne pouvons pas
nous en défendre, on trouve dans nos poches
des millions d'assignats, ripostons à ceux qui
dévoilent notre turpitude, qu'eux-mêmes en
ont reçu davantage de *pitt et de *cobourg .
tous ceux qui sont d'accord avec nous et
qu'on ne connaît pas encore, nous défendront
de toutes leurs forces. nous trouverons des
témoins, car nos dénonciateurs ont accusé
avant nous tous les traîtres et les ont conduit
à la fatale bascule, les parents, les amis, les
complices des *brissotins, des *girondins et de
<Epg=6> tous ceux qui ont craché dans le sac, saisiront
l'occasion de se venger de ces maudits patriotes.
on les dénoncera, on épiloguera toutes
leurs paroles, on envenimera toutes leurs actions,
on leur supposera les plus criminelles intentions.
ainsi, foutre, si nous périssons, il faudra
bien qu'ils périssent, ou du moins ils seront
trop heureux de se sauver dans la même barque
avec nous. une amnistie générale confondra
tous les accusés, et on ne saura, à la
fin du compte, qui avait tort ou raison".
<Sat=0> § voilà, foutre, au doigt et à l'oeil le projet
qui est maintenant sur le tapis. on a commencé
par accuser le brave *ronsin , général
de l'armée révolutionnaire. il fallait arracher
du pied la plus forte épine. quand on frappe
la tête, il est aisé de tuer le corps. si on
avait pu trouver à mordre sur le chef, les soldats
auraient bientôt été accusés, et l'armée
de la liberté aurait été détruite avant qu'il
soit l'âge d'un petit chien. on a fait aussi
siffler la linotte au patriote *vincent pour se
débarrasser de ce maudit argus, qui a fureté
dans tous les bureaux de la guerre, et qui a
entre les mains des pièces capables de faire
cracher dans le sac tous les fripons et tous
<Epg=7> les conspirateurs. après eux, dit on, c'était
ton tour, vieux marchand de fourneaux.
tonnerre de dieu, je suis bon cheval de
trompette, je ne m'effraie pas du bruit; il n'y
a plus de comité des douze, et quand il y
en aurait, je m'en battrais l'oeil. la convention
peut être trompée, mais elle est juste, et
puis les bons *sans-culottes sont là pour l'éclairer,
et lui demander vengeance contre les
ennemis de la liberté.
§ heureusement, foutre, l'intrépide défenseur
de la *sans-culotterie , le brave *collot-d-*herbois
est arrivé pour débrouiller toute
l'intrigue. le géant a paru, et tous les nains
qui asticotaient les meilleurs patriotes sont
rentrés cent pieds sous terre. il a parlé au
comité de salut public, à la convention, aux
*jacobins, et il a confondu les intrigants qui
voulaient armer les patriotes contre les patriotes,
diviser la montagne, rappeler les
crapauds du *marais.
§ la convention connaît maintenant la vérité,
et tricherie revient à son maître. non, foutre,
non, elle ne reculera pas; la montagne restera
unie. les patriotes se serreront plus que
jamais. les aristocrates de *lyon qui voulaient
<Epg=8> assassiner la patrie, qui ont égorgé les
meilleurs républicains subirent tous le supplice
qu'ils ont mérité. la foudre nationale va
achever la destruction de leurs superbes maisons
bâties avec le sang du peuple. les patriotes
ne seront plus opprimés. la liberté
leur sera rendue, ils reprendront leurs fonctions
et, d'accord avec la montagne, ils vont
donner le coup de grâce à l'aristocratie, au
fédéralisme et ça ira, foutre.
<Sda=1793> <numero=327> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande joie du *père *duchesne ,
au sujet de la prise de *toulon , et de voir dans
l'embarras l'infâme conseiller du roi *georges-*dandin,
qui va bientôt jouer à la main chaude
comme son confrère *capet . ses bons avis
aux patriotes anglais, pour qu'ils se vengent
de l'échappé des petites maisons qui les gouverne
et de son infâme ministre qui les a ruiné
pour mettre la *france à feu et à sang.
<edito=1> § victoire, foutre, victoire! aristocrates,
<Epg=2> que vous allez manger de fromage! *sans-culottes ,
réjouissez vous, chantez, buvez à
la santé de nos braves guerriers et de la convention.
nos ennemis sont à quia ; *toulon
est pris, foutre. brigands couronnés, mangeurs
d'hommes, princes, rois, empereurs,
pape qui vous disputiez les lambeaux de la
république, tous vos projets s'en vont ainsi
en eau de boudin. comment vas tu parer cette
botte, méprisable conseiller du roi *georges-*dandin ?
comment vas tu dorer la pilule?
que vont dire les *anglais quand ils apprendront
la défaite totale de leur armée, la prise
de toutes ses provisions, la ruine de leur
flotte, quand tu vas être entouré de tous les
marchands que tu as ruinés,des femmes et
des enfants que tu as fait égorger pour bâtir
tous les châteaux en *espagne , que pourras tu
leur répondre? quand le parlement va être
rassemblé pour juger ta conduite et celle de
l'échappé des petites maisons que tu mènes
par le nez, comment feras tu pour t'excuser?
je te vois sur la sellette en présence des représentants
du peuple anglais; je vois les mines
allongées de toutes ces têtes à perruque. assis
sur leurs balles de laine les honorables membres
<Epg=3> vont tous se jeter le chat aux jambes, et t'accuser
de tous les maux de la patrie. on va te
demander compte de toutes les richesses que
tu as prodiguées pour soutenir le despotisme.
c'est alors, foutre, que l'amour de la liberté
va se ranimer dans le coeur des *anglais. tu
auras beau présenter tes mémoires d'apothicaire,
et mettre en ligne de compte toutes
les sommes que tu as dépensées pour entrer,
avec la clef d'or, dans *toulon , et pour te
faire ouvrir les portes de toutes les villes
maritimes de *france . les *anglais ne se
payent pas en monnaie de singe, ils savent
compter, foutre. en vain tu leur montreras
la liste de tous les mouchards que tu as payé
pour brouiller les cartes en *france , de tous
les traîtres à qui tu as graissé la patte, de
tous les accapareurs qui, avec tes guinées,
nous ont si longtemps affamés; lorsqu'à la fin
de ton compte on verra qui de tant paye tant
reste zéro ; et quand, par dessus le marché,
tu seras obligé d'annoncer la banqueroute, la
famine et la guerre civile, c'est alors, foutre,
qu'il n'y aura pas assez de potences pour t'accrocher.
sire *georges , que tu fais jouer depuis
si longtemps à colin-maillard, va jouer
<Epg=4> à son tour au roi dépouillé, et finir comme
son très honoré frère et cousin le roi de
*france et de *navarre ; car, foutre, la tête du
roi d'*angleterre ne pèse pas une once quand
le peuple anglais est en train de bien faire.
§ ainsi, foutre, tôt ou tard, il faut que
justice soit faite. tonnerre de dieu comme
ils ont le bec jaune tous les coquins qui voulaient
nous faire marcher à la liberté comme
les écrevisses! si nous avions cru les viédases
qui pissent le verglas dans la canicule, les
modérés, qui barrent le chemin aux *sans-culottes
quand ils sont au pas où en serions nous?
quelle différence de la situation actuelle
de la république, à celle qu'elle était avant
le 31 mai, nos armées chassées de la *belgique
et presque détruites; tous nos magasins
livrés à nos ennemis; nos braves soldats
sans habits, sans souliers; nos armées
n'ayant à leur tête que des talons rouges qui
se préparaient à les vendre au plus offrants;
la convention, espoir de la patrie, déchirée
par des scélérats qui voulaient la perdre;
toutes les frontières ouvertes à nos ennemis,
et l'*europe entière armée contre nous. voilà,
foutre, le tableau déchirant qui s'offrait à nos
<Epg=5> regards à l'ouverture de la campagne. le
génie de la liberté a tout bravé, il a triomphé
de tous les obstacles. plus un peuple libre
est en danger, plus il est puissant, la convention
a été délivrée des monstres qui l'enchaînaient,
et aussitôt qu'elle a été libre,
elle a fait plus de bien chaque jour que les
autres assemblées qu'elle a remplacé n'en
avaient fait en quatre ans. elle nous a donné
une constitution qui fera à jamais le bonheur
du peuple. les traîtres ont été raccourcis,
les nobles chassés de nos armées sont remplacés
par des braves *sans-culottes ; partout
nos ennemis ont été battus à plate couture.
les villes rebelles ont été détruites; la *vendée
n'est plus, ça va, foutre, et ça ira encore
mieux malgré les fripons et les ambitieux qui
mettent des bâtons dans les roues.
§ comment avons nous fait tant de miracles
en si peu de temps? c'est en nous rebiffant
contre tous les jean-foutres qui nous trahissaient
à la journée; c'est en exterminant
tous les coquins. ce n'est depuis que
nous avons mis les gens suspects à l'ombre,
ce n'est que depuis que la terreur est à l'ordre
du jour, ce n'est que par le vertu de la sainte
<Epg=6> guillotine que nous nous sommes sauvés,
si nous faisions un seul pas à reculons,
nous serions foutus. ne donnons pas à nos ennemis
le temps de nous reconnaître. que le torrent
de la révolution entraîne tous les ennemis de
la république, et renverse tous les traîtres.
ne nous lassons pas de frapper tant que nous
rencontrerons des ennemis sur notre passage.
profitons de la grande battue, et tandis que
nous cernons toutes les bêtes féroces qui
voulaient nous dévorer, exterminons sans pitié.
mieux vaut tuer le diable que le diable nous
tue, comme je n'ai cessé de le dire; il n'y
a que des poules mouillées ou des traîtres qui
puissent s'effrayer de la vengeance nationale;
trop longtemps nous avons été bons et humains,
trop souvent nous avons pardonné. tous les
scélérats que le peuple a épargné, au lieu de
bénir sa clémence, ont au contraire tourné
contre lui les armes qu'il leur a laissé entre
les mains. si les vils jean-foutres qui , l'année
dernière, livrèrent *longwy et *verdun à nos
ennemis avaient été passés au fil de l'épée;
si ces villes rebelles avaient été rasées comme
il avait été décrété, les marchands de
galons de *lyon y auraient regardé à deux
<Epg=7> fois avant de tauper dans le fédéralisme et de
s'armer contre la patrie. maintenant que ces
traîtres voient renverser leurs nids d'aristocrates;
maintenant qu'ils sont à la gueule
du canon et sous le fatal rasoir, ils crient
miséricorde. tonnerre de dieu, s'ils avaient
réussi dans leurs affreux complots, nous auraient
ils épargné? existerait il un seul
montagnard? a t on oublié qu'ils avaient
juré la mort de tous les *jacobins, de tous
les patriotes. ç' aurait bien été une autre
boucherie sans la révolution du 31 mai , qui
a fait tourner leurs projets en eau de boudin.
fiez vous donc au loup qui, quand il est pris,
fait le chien couchant et promet de ne plus
croquer les moutons.
§ ah, foutre, si ce n'était pas un jour de
joie comme je jurerais contre les jean-foutres
qui cherchent à nous endormir; mais, foutre,
la convention est payée pour ne plus se
laisser foutre dedans par les coquins. chat
échaudé craint l'eau froide. pour son salut,
pour celui du peuple, ses décrets seront
exécutés.les galonniers de *lyon seront engloutis
sous leurs murs; les scélérats qui ont
livré *toulon , qui ont égorgé les patriotes,
<Epg=8> massacré les représentants du peuple, vont
perdre le goût du pain. non, foutre, non, il
n'existera aucune trace de ces villes abominables,
et leurs cendres vont couvrir le sang des
républicains qui y furent immolés; tremblez,
ennemis de l'égalité, tremblez, tyrans, le peuple
est debout, il ne se reposera que lorsque vous
serez exterminés, foutre.
<Sda=1793> <numero=328> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande joie du *père *duchesne ,
en apprenant la destruction totale des rebelles
de la *vendée , et en songeant au désespoir des
brigands couronnés, quand ils vont apprendre
cette nouvelle. sa grande colère contre certains
jean-foutres qui veulent recruter tous les brigands
et former une nouvelle *vendée en proposant
d'ouvrir les prisons et de faire grâce
aux conspirateurs. ses bons avis aux braves
*montagnards pour les empêcher de donner dans
un pareil panneau,et pour les engager à continuer
d'exterminer les fripons et les traîtres.
<edito=1> § je suis d'une telle joie, foutre, que je ne
<Epg=2> me possède pas. ah! quelle pille je vais m'en
donner, en réjouissance de toutes les bonnes
nouvelles qui nous arrivent de tous côtés;
quelle carmagnole on vous fait danser,
*autrichiens, *prussiens et *anglais; messieurs les
bougres, vous savez ce que peut le bras des
patriotes: il y a longtemps, foutre, que je
vous ai prédit que vous vous en tireriez comme
arlequin, et qu'à la fin du bal vous payeriez les
violons. brigands couronnés, ours du *nord ,
tigres d'*allemagne , vous croyez qu'il n'y avait
qu'à se baisser et en prendre, des villes, des provinces
des départements. d'avance vous vous
partagiez nos dépouilles; mais quand on compte
sans son hôte, il faut compter deux fois. êtes vous
satisfaits d'avoir fait égorger un million
d'hommes pour venger soi-disant la mort d'un
misérable ivrogne et d'une infâme guenon qui
ne valait pas une pipe de tabac? quel
fruit allez vous retirer de toutes les richesses
que vous avez répandues et de tous les hommes
que vous avez sacrifiés à votre ambition?
quand tu vas arriver à *berlin , sans sol ni
maille, en pélerin de *st-*jacques , *mandrin-2 ,
tes sujets. quand ils te demanderont où sont
<Epg=3> les dépouilles de la *france que tu leur avais
promises; que pourras tu leur répondre; quand
ils chercheront derrière toi l'armée puissante
que tu t'étais vanté de conduire à la victoire,
et qu'ils apprendront que leurs pères, leurs
frères, leurs amis ne sont plus; quand, pour
les consoler, tu leur annonceras de nouveaux
impôts, et lorsqu'à coups de bâtons tu voudras
les forcer de te suivre à leur tour.
<Sat=1> § vas te
faire foutre, te répondront ils, maudit aventurier;
que celui qui a cassé les verres, les
paye, nous avons été trop longtemps victimes
de tes fredaines; au lieu de continuer la
guerre avec les *français, nous allons au contraire
suivre leur exemple, et toi, pêcheur
de grenouilles, petit *françois , empereur
muscadin, pauvre blanc bec, qui te croyait
déjà maître de la moitié de la *france , toi qui
te vantais d'exterminer jusqu'au dernier républicain,
pour venger le raccourcissement de
la guenon que tu nommais ta chère et très
honorée tante, autant t'en pend à l'oreille.
toi, salope maudite qui as fait fondre la
république fromage , et qui te crois reine de
*hollande , ton compte est bon, les *hollandais
vont se souvenir qu'ils ont été républicains,
<Epg=4> et, foutre, tu sauteras le pas. je t'ai
déjà annoncé ton triste sort, *georges-*dandin ,
c'est toi qui vas commencer la danse. ton
tour viendra bientôt, roi d'*espagne et des
*indes . tes chapelets, tes scapulaires, toutes
tes reliques ne pourront te préserver de la
foudre républicaine qui va écraser tous les
tyrans. oui, foutre, le tocsin de la liberté
va sonner, tous les trônes vont tomber
comme des quilles, et les peuples vont jouer
à la boule avec les têtes couronnées.
§ mangeurs d'hommes, vous n'avez reculé
que pour mieux sauter. vous n'aviez d'espérance
que dans nos divisions, eh bien, foutre,
nous allons être unis plus que jamais pour vous
détruire. vous avez armés les *français contre
les *français; *lyon et *toulon vont être réduits
en cendres, la *vendée n'existe plus.
la convention vient de recevoir la nouvelle
de la destruction totale des brigands; ceux
qui ont échappé au fer des républicains ont
été engloutis dans la *loire . partout nos armées
sont victorieuses. les campagnes du
*nord , les rives du *rhin sont couvertes des
cadavres des monstres qui les ont ravagés.
d'un bout de la république à l'autre, tout
retentit des cris de la victoire.
<Epg=5> § braves *sans-culottes , foutre, ne soyez pas
enivrés de vos succès. vous avez encore
bougrement de monstres à étouffer. vous êtes
encore environnés de traîtres et de conspirateurs.
défiez vous des bougres qui cherchent
à vous endormir. veillez plus que jamais.
c'est au milieu de vos triomphes que vous
fûtes toujours trahis. ceux qui n'ont pu vous
réduire par la force, vont employer la ruse
pour vous perdre. déjà, foutre, des serpents
se sont glissés au pied de la montagne pour
darder leur venin. on veut diviser la convention,
on cherche à armer les patriotes
contre les patriotes. *brissot et *gorsas sont
ressuscités, oui, foutre, leur voix s'est déjà
fait entendre. des patriotes ont été dénoncés,
accusés par les amis de *custine et de *dumouriez .
on ose blâmer hautement toutes les
mesures révolutionnaires qui ont sauvé la république.
on pleure la mort des scélérats qui
ont voulu égorger la patrie. un bourriquet à
longues oreilles, qui n'eut jamais ni bouche,
ni éperon, fait feu des quatre pieds depuis
quelques jours; il paraît, foutre, qu'il veut
gagner son avoine, et depuis qu'on lui a
foutu sous le nez force picotins d'*angleterre ,
<Epg=6> il rue à droite et à gauche, et, comme on dit,
il donne le coup de pied de l'âne à tous les
patriotes que les aboyeurs du roi *georges-*dandin
outragent et calomnient. il ose se dire
l'avocat consultant des *montagnards, quoique
jamais il n'ait été que l'avocat du diable. après
avoir défendu tous les tripotiers de *paris ,
après avoir plaidé la cause du muscadin *dillon ,
et soutenu que sans la protection des talons
rouges, la république ne pouvait se sauver,
il devient aujourdhui le champion de tous les
jean-foutres qui sifflent la linotte. "ouvrez
les prisons , dit il, à ces deux cent mille
citoyens que vous appelez suspects" ouvrir les
prisons, tonnerre de dieu,combien l'infâme
*pitt a t il payé cette bougre de motion de
*coblentz ? ouvrir les prisons, est ce donc
pour recruter la *vendée , ou plutôt pour en
former une nouvelle, mais suivons pied à
boule notre endormeur. "vous voulez , continue t il,
exterminer tous vos ennemis par la
guillotine, mais y eut il jamais une plus grande
folie? pouvez vous en faire périr un seul sur
l'échafaud, sans vous faire dix ennemis de sa
famille et de ses amis"? quel est le républicain
qui ne ménage pas son sang en entendant
<Epg=7> un pareil discours? oui c'est une folie que
de purger la *france de tous les scélérats?
quoi c'est augmenter le nombre de nos
ennemis que de nous délivrer des conspirateurs,
suivant maître *camille , il faudrait que
les *sans-culottes tombassent aux pieds des
aristocrates pour leur demander grâce. où en
serions nous, foutre, sans la sainte guillotine;
sans elle existerait il un seul jacobin? aurions
nous encore une convention? toutes nos armées
ne seraient elles pas détruites? si le rasoir
national cessait un seul instant d'être suspendu
sur la nuque des contre-révolutionnaires,
que deviendraient les patriotes? bientôt ce
serait leur tour, et on ne ferait pas tant de
façons pour s'en débarrasser.
<Sat=0> § tel est le langage, foutre, d'un misérable
intrigailleur qui ose s'appeler le vieux *cordelier ,
le doyen des *jacobins . déjà les *cordeliers
ont fait justice du viédase qui, sous leur
étiquette, ose débiter un semblable poison,
et ils l'ont chassé de leur sein. jamais *gorsas
et *carra ont ils eu plus d'audace? celui qui
traite les meilleurs patriotes de bourreaux,
d'assassins, et qui en même temps s'apitoye sur
le sort des aristocrates, n'est il pas un conspirateur,
qui veut rallier tous les malveillants,
encourager tous les traîtres pour les armer
contre la république? n'est il pas un rebelle
contre les décrets de la convention, qui a
sauvé la *sans-culotterie en foutant à l'ombre
tous les hommes suspects, et en mettant la
terreur à l'ordre du jour? mais j'ai déjà dit le
<Epg=8> fin mot, les faux patriotes, les fripons qui
ne savent plus à quelle branche s'accrocher,
tâtent les modérés et les aristocrates; ils
cherchent à faire cause commune pour écraser
ensemble les hommes purs qui les pourchassent.
§ ça ne prendra pas, foutre, le peuple est
éclairé. il connaît les intrigants, il protégera
ses véritables amis. l'apôtre du modérantisme
est déjà bafoué, mais ce n'est pas assez, il
faut savoir quelle nouvelle liste civile paye
les rhapsodies qu'il débite gratis . au dénouement
de cette nouvelle farce contre-révolutionnaire,
nous découvrirons plus d'un mystère,
il y a gros que milord *pitt est encore
derrière la toile; patience, avec le temps tous
les brouillards de la *tamise se dissiperont et
nous verrons à nu tous les personnages, foutre.
<Sda=1793> <numero=329> <quinzaine=62> <semaine=621> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande joie du *père *duchesne .
après avoir vu la fête qui a été célébrée en
réjouissance de la prise de *toulon , et en apprenant
que l'armée du *rhin a fait danser la
carmagnole aux esclaves des despotes et s'est
emparée de leur artillerie après les avoir foutus
en déroute.
<edito=1> § ah! le beau jour, ah! la belle fête que
<Epg=2> celle de la victoire d'un peuple libre. badauds
imbéciles,*français du temps jadis, qui avez
eu le malheur de vivre sous les rois, vos
jours de triomphe étaient des jours de deuil;
car ils ne servaient qu'à river vos fers. quand
vous vous étiez battus comme des lions, et
que vous aviez étripé des milliers d'ennemis,
que vous en revenait il? rien, foutre! que
de nouvelles calamités! la guerre n'était
qu'un jeu pour l'infâme canaille qui vous
gouvernait, les putains et les maquereaux conduisaient
la partie, et le pauvre peuple était
toujours la dupe. après avoir versé son sang
dans les combats, il fallait qu'il suât sang et
eau pendant la paix pour payer les frais de la
guerre. pour l'étourdir sur ses souffrances,
l'ogre royal et toute la ménagerie de *versailles
défilait en pompe dans les rues de la
bonne ville pour aller brûler un cierge devant
la patronne de *paris , en réjouissance de ce
qu'un des tigres, nommé *bourbons , venait
d'être proclamé roi d'*espagne et de *naples .
les échevins, avec leurs perruques à trente-six
marteaux, allaient se prosterner devant le
monstre couronné, et le félicitaient de ce
qu'un autre peuple allait être dévoré par un des
<Epg=3> animaux voraces, soi disant sorti de la côte de
*saint-*louis . toutes les cloches étaient en branle,
toutes les rues étaient illuminées, on s'égosillait
à force de crier vive le roi, grand bal, grand
feu d'artifice à la ville. quand sa jean-foutre
de majesté avait assez humé d'encens, quand
elle était saoule de flatteries autant que de vin,
on s'en retournait au grand galop; malheur
alors aux curieux qui se trouvaient sur son
passage, les vieillards, trop faibles pour se
tirer de presse, les femmes, les enfants renversés
étaient foulés sous les pieds des chevaux
des hoquetons bleus, et écrasés sous les
voitures. ces fêtes coûtèrent toujours la vie à
plusieurs milliers d'hommes. le lendemain
pour terminer la farce on annonçait un grand
édit pour la levée d'un nouvel impôt, les
pauvres badauds étaient forcés d'avaler tous
les goujons. personne n'osait murmurer. il
fallait encore que les *sans-culottes adorassent
la main qui les écrasait.
§ ah! foutre, comme vous devez bénir votre
sort,*français républicains! vos pères, comme
l'abeille, amassaient le miel, et les frelons
le dévoraient, comme les oiseaux, ils faisaient
leur nid, et d'autres y venaient pondre; comme
<Epg=4> aux moutons, on leur mangeait la laine
sur le dos; comme le boeuf, il portaient le
joug, ils labouraient, ils suaient sang et eau
pour engraisser les prêtres, des moines, des
évêques, des financiers, des robins, des courtisans,
les rois et leurs putains. vous, hommes
libres, travaillez pour vous et vos enfants. la
liberté est devant vous, et vos ancêtres n'avaient
pour vis-à-vis que l'image dégoûtante
de l'esclavage. il n'est pas étonnant que vous
fassiez tant de prodiges de courage. si vous
tombez au champ de la gloire, votre mémoire
est respectée, votre nom est répété avec
attendrissement par vos concitoyens. vos fils
vous vengeront, et votre souvenir ne périra
jamais.
§ voilà, foutre, les réflexions que je faisais
avec quelques braves bougres de ma coterie,
pendant la fête que nous avons célébrée en
réjouissance de la prise de *toulon . jamais,
foutre, *paris ne vit un spectacle aussi beau.
la joie la plus vive brillait dans les yeux
des *sans-culottes . les aristocrates étaient
cachés au fond de leurs nids de cocu. on en
rencontrait cependant par ci, par là quelques uns
qui se chatouillaient pour faire contre
<Epg=5> fortune bon coeur; mais au lieu de rire ils
grimaçaient, et ils avaient la face allongée
d'une aulne. au lieu de ces voitures dorées,
qui traînaient autrefois dans les fêtes publiques
tous les vices, tous les crimes réunis, on a vu
rouler des chars simples,mais admirables par
les ornements républicains qui les décoraient.
chacun d'eux était consacré à une de nos
armées. ils étaient chargés de lauriers et des
attributs de la victoire,celui des bougres à
poil qui nous ont délivré de la peste de la
*vendée , traînait les dépouilles ensanglantées
des brigands; des drapeaux blancs, couverts
de fleurs de lys, des images des saints et
souillés du nom exécrable de l'avorton du
*temple , ont balayé toutes les rues. celui
de l'intrépide armée du *nord était entouré
des drapeaux et des étendards enlevés
aux ours et aux tigres de l'*allemagne ; quelle
joie, foutre, quels chants de victoire retentissaient
autour de celui qui portait les dépouilles
des *anglais et des rebelles de *toulon !
on n'a pas eu besoin de baïonnettes pour
faire observer l'ordre pendant la marche
tout le cortège défilait paisiblement. la
convention n'a point avili le peuple en lui
<Epg=6> jetant au nez des sacs de monnaie et des saucissons
de cheval, et des cervelats de chien
et de chat, comme faisaient nos anciens
tyrans; mais chacun de nos braves *montagnards
tenait à sa main une gerbe de blé, pour
annoncer que nos législateurs honorent par
dessus tout l'agriculture, et que leur premier
soin est notre garde-manger. en passant
devant le ci-devant *hotel-des-*invalides, qu'elle
a nommé le temple de l'humanité, elle est
allée toute entière visiter les vieux guerriers
qui ont versé leur sang pour la patrie,
quelques républicains ombrageux se sont effarouchés
de voir le président de la convention,
(le brave *couthon ) porté par des chevaux
dans son fauteuil; mais fallait il que ce
brave bougre, qui a si bon coeur, fût privé de
la fête parce qu'il est impotent; ce n'est pas
son président que la convention a voulu honorer,
c'est la vertu et l'infirmité.
§ jamais, foutre, on n'a autant chanté et
dansé. tout le long de la route ce n'était
que des rondes, des carmagnoles. quant
à moi, à force d'avoir remué le gigot j'étais
harassé. je me suis tant égosillé, foutre, en
chantant la *marseillaise et en criant vive la
<Epg=7> république, que mon gosier était ardent
comme un brasier. je serais mort de soif, et
quelle mort pour le *père *duchesne ! si je ne
m'étais pas trouvé au beau milieu des gentilles
commères qui m'ont pris mon mal en pitié et
qui ont partagé avec le vieux marchand de
fourneaux une petite gourde remplie d'excellent
rogome.
§ pour mettre le comble à la joie publique,
pendant la cérémonie, des courriers extraordinaires
ont apporté la nouvelle d'une nouvelle
victoire, on a annoncé que les lignes
de *wissembourg avaient été reprises. les
ennemis ont été battus à plate couture. toute
l'artillerie des esclaves est tombé entre les
mains des guerriers républicains. *haguenau
a été évacuée; on poursuit les gros talons du
*nord l'épée dans les reins. bientôt *landau en
sera débarrassée, et avant qu'il soit l'âge d'un
petit chien, l'étendard de la liberté flottera
sur les remparts de *valenciennes , foutre.
§ le coeur plein de ces heureuses nouvelles,
les patriotes faisaient retentir l'air de leurs
chants; arrivés à l'autel de la patrie les airs
de joie ont redoublés. on a fait un grand feu
de toutes les dépouilles des tyrans et
<Epg=8> traîtres, et une grande ronde, qui a durée
jusqu'au milieu de la nuit , a terminé cette
heureuse journée. ce ne sera pas la dernière,
car, foutre, nos braves guerriers, qui ne se
mouchent pas du pied, préparent une danse
générale à tous les ennemis de la république,
et la dernière carmagnole des rois, foutre!
<Sda=1793> <numero=330> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande colère du *père *duchesne .
de voir une nouvelle clique de modérés, de
feuillants, d'aristocrates nommés *phélipotins
soudoyés par l'*angleterre , pour remplacer
les *brissotins et brouiller les cartes à la convention,
en dénonçant les meilleurs patriotes
pour faire revenir sur l'eau tous les brigands
qui sont à l'ombre et chasser tous les généraux
*sans-culottes , afin de mettre à leur place
tous les talons rouges et les blancs becs de
l'ancien régime.
<edito=1> § *sans-culottes , mes amis, souvenez vous
<Epg=2> foutre, que je vous annonçais dans une de
mes dernières colères encore quelques nouveaux
coups de chien contre les patriotes;
je n'avais pas tort de dire qu'il y avait encore
quelqu'anguille sous roche, mais que la mèche
serait bientôt découverte; j'aurais pu dès lors
nommer les masques, mais j'ai voulu laisser
les papillons se brûler à la chandelle; je savais
qu'il existait une nouvelle clique d'aristocrates,
de modérés, d'intrigants, de voleurs
qui s'entendaient comme larrons en foire pour
animer les patriotes les uns contre les autres,
et les détruire par eux-mêmes; je savais que
*pitt était derrière la toile, et qu'il vidait le
restant de la bourse que le foutu roi de carreau
*georges-*dandin , lui a confié pour brouiller
les cartes, et mettre en bisbille nos braves
*montagnards. le moment est arrivé de dauber
tous ces jean-foutres, et de dévoiler toutes
leurs manigances.
§ j'ai déjà dit, foutre, comme quoi tous
ces gredins ne sachant plus à quelle branches
se raccrocher accusent les meilleurs patriotes
pour qu'on les oublie, ou du moins pour les
entraîner dans leur naufrage. on ne peut être
sali que par la boue, foutre. au surplus la
tricherie revient toujours à son maître. plus
on accuse, plus on calomnie, plus on persécute
les patriotes, plus on leur rend service.
il est doux de souffrir pour sa patrie.l'honnête
homme, qui se trouve aux prises avec
un coquin, sort toujours victorieux du combat;
car le peuple a de bons yeux, il n'est
<Epg=3> pas facile de le foutre dedans; il connaît ses
véritables amis; il est juste surtout. malheur
au scélérat qui cherche à l'égarer.
§ revenons à nos brigands, braves *sans-culottes ,
vous ouvrez de grands yeux, écoutez
de toutes vos oreilles, vous cherchez autour
de vous les nouveaux conspirateurs que je
vous dénonce. vous jurez, vous tempêtez,
vous demandez leur nom; eh bien, sachez
qu'ils se nomment les phélipotiers . quels sont,
m'allez vous dire ces nouveaux insectes dont
on ne connaît l'existence que quand ils font
sentir leur dard empoisonné? qui sont ils?
d'où viennent ils? ils sortent de la fange du
*marais, foutre. ce sont les vils excréments
du royalisme et du brissotisme, en un mot,
c'est le fond du sac de la contre-révolution.
mais laissons là tout cet amphigouri; il faut
nommer chaque chose par son nom.
§ il est certain canton de la république, voisin
de la ci-devant *normandie . (la lisière,
comme on sait, ne vaut pas mieux que le
drap).il y a pourtant de braves gens partout
je le sais, mais dans le pays dont je
veux parler, les huissiers, les avocats, les procureurs
fourmillaient dans l'ancien régime.
c'est là qu'à chaque coche les témoins de
toutes les façons arrivaient autrefois à *paris
par douzaines pour déposer pour et contre et
au plus offrant, c'est là qu'habitent des bougres
si renardés en chicane qu'ils valent, dit on,
un normand et demi.
§ gens pesant l'air fine fleur de *normands .
<Epg=4> § enfin, comme chacun sait, le haut et le bas
*maine ont été, de tous temps, un véritable
pays de *cocagne pour tous les églefins du
barreau. un jour, le grand diable de la chicane
en visitant son apanage, se déguisa en
procureur, d'autres disent en bailli, qu'importe
la maudite robe. une je ne sais quelle
dévergondée, longue, sèche, jaune comme
le safran, tomba tout à coup amoureuse de
lui. tout diable qu'il était, il recula d'horreur
quand elle lui défila son doux compliment.
<Sat=1> voilà pourtant, se dit il, une bonne
occasion d'engendrer un second moi-même.
ne la perdons pas.
<Sat=0> la *mancelle fût endiablée,
et de leur union infernale sortit un petit diablotin.
la grosse horloge du palais carillonna;
le jour de sa naissance, toute la robinaille se
disputa l'honneur de lui trouver un nom digne
de la destinée qui lui était réservée, les uns
proposaient de l'appeler *fripotin , mais celui
de *phélipotin chatouilla davantage les oreilles
des procureurs et procureuses qui environnaient
son berceau.
§ *phélipotin fût dans son enfance un petit prodige,
il avait l'esprit comme un petit démon;
à sept ans, il crachait du latin comme
le grand théologal, et il savait par coeur sa
petite coutume. il n'avait pas encore de barbe,
qu'il dégotait tous les aboyeurs du grand
baillage. tous ces bougres s'ébahissaient en
l'entendant plaider le vrai et le faux, et lui
demandaient où il pêchait tout ce qui lui
roulait dans la cervelle. ils ne savaient pas,
<Epg=5> les jean-foutres quel était son véritable père,
ils ne se doutaient pas que le diable en personne
était toujours à son oreille pour l'inspirer
et lui dicter son thème. nul ne savait
comme lui embrouiller une affaire, et prouver
que ce qui est noir est blanc, et que ce qui
est blanc est noir. c'est ainsi que *phélipotin
faisait la pluie et le beau temps, en s'engraissant
de poulardes, de chapons, de perdrix,
de râles et du plus fin gibier, pour prix de
toutes les mauvaises causes qu'il gagnait, des
amis qu'il mettait à chien et à chat, des
ménages qu'il brouillait.
§ malheureusement, foutre, la révolution
arriva, et tous les escogriffes de la chicane
eurent les ongles rognés. *phélipotin se désolait
de ce qu'il n'y eu plus d'eau à boire,
ni pour lui ni pour ses pareils,
<Sat=1> "console toi,
<Sat=0> lui dit son père,
<Sat=1> je ne t'abandonnerai
pas; par ma vertu, tu auras deux visages,
l'un pour les *sans-culottes et l'autre pour les
aristocrates; je t'apprendrai l'art de tromper
tout le monde; on te croira d'un côté, un
patriote enragé, et de l'autre ,tu seras l'espérance
des nobles, des calotins et de tous
nos amis"
<Sat=0> § ce qui fut dit fut fait, *phélipotin
joua si bien son double rôle, qu'il arriva tout
bâti à la convention. d'abord il se montra
moitié montagnard, moitié brissotin. dans
le jugement de *capet , il opina pour et
contre, malgré lui il dit oui, pour qu'on
raccourcit le gros cornard, et, par sous-main,
il engagea les sots qui lui prêtaient l'oreille
<Epg=6> à dire non. mais c'est dans la *vendée que
tous les diables de l'enfer jetaient leur grand
coup de filet. *phélipotin , toujours guidé par
son papa, fit là ses grandes prouesses. c'est
là qu'il brouilla les cartes de la bonne manière;
c'est là qu'il fit une guerre ouverte
aux généraux *sans-culottes , et qu'il fût
l'avocat de *biron , de *dubayet , de *tunc et
de tous les talons rouges qui allongeaient la
courroie et qui voulaient perdre la république.
la convention y vit clair à la fin. elle se
lassa d'être *phélipotée , les protégés de
*phélipotin furent mis à l'ombre et le protecteur
rengaina tous ses bougres de projets de
contre-révolution. alors les généraux *sans-culottes
furent partout victorieux et la *vendée
a été détruite, foutre.
§ *phélipotin se rongeait le bout des griffes
de voir tous ses complots à vau-l-eau ; c'est
alors que son père est venu à son secours.
<Sat=1> "formons une nouvelle *vendée ,
<Sat=0> lui a dit
l'animal cornu,
<Sat=1> formons la à *paris , dans la
convention même; cries, gueule contre les
meilleurs *montagnards, accuse le comité de
salut public dans le moment où il vient de
sauver la république; dénonce les meilleurs
patriotes."
<Sat=0> § le monstre *phélipotin a vomi
tout son fiel; il a dénoncé à tors et à travers.
des jean-foutres de son acabit lui ont prêté
la main; par leurs menées le général de l'armée
révolutionnaire et le patriote *vincent ont sifflé
la linotte; mais, foutre, ce n'était qu'un
coup d'essai de ceux qu'il voulait porter aux
patriotes.
<Epg=7> § le gros *bourdon de la *vendée a fait plus
de charivari que *georges d'*amboise ; il a
raisonné comme une véritable cloche, en
faisant chorus avec *phélipotin , *fabre-d-*eglantine
et le renégat *camille , pour perdre le
*sans-culotte *bourbotte . les plus francs républicains
ont été dénoncés par ces aboyeurs de
*pitt . moi-même je suis accusé par *phélipotin
d'être un muscadin soudoyé par l'*angleterre
pour avoir rivé son clou à ce *phélipotin dans
un dîner patriotique où il était venu écrémer
la marmite sans être prié, et pour l'avoir rembarré
de la bonne sorte lorsqu'il osa dire, en
ma présence, que les *jacobins étaient des scélérats,
et qu'il les ferait sauter.
§ il vient de faire imprimer à grands frais et
avec des bonnes guinées, sans doute, que le
roi *bouchotte vidait le trésor national pour
me graisser la patte et pour empoisonner les
armées de mes écrits. braves défenseurs de
la patrie, vous qui lisez avec tant de plaisir
mes joies et mes colères, vous que j'ai averti
de toutes les trahisons de l'infâme *dumouriez ,
du traître *custine , du palefrenier *houchard ,
c'est à vous à me rendre justice. vous ai je
jamais trompé? m'avez vous jamais vu flagorner
les ministres? n'ai je pas toujours été
votre ami sincère? si *bouchotte avait été
suspect, je serais le premier tombé sur sa friperie,
et je vous l'aurais dénoncé.
je me fous bien des hommes, je ne vois que la république.
si mon père était un traître je ne
l'épargnerais pas plus qu'un autre. c'est par
<Epg=8> ordre du comité de salut public que *bouchotte
vous envoie ma feuille ainsi que les autres
journaux patriotiques.si je suis un homme
vendu, le brave *audouin , *duval , auteur du
républicain, *rousgiff , le sont comme moi;
*marat l'était donc aussi. si *bouchotte est coupable
pour avoir éclairé ses frères d'armes,
il faut donc aussi accuser les comités de la
convention. pour chauffer mes fourneaux on
sait bien qu'il me faut de la braise, foutre.
<Sda=1794> <numero=331> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande colère du *père *duchesne .
contre certains brigands qui veulent crever
les yeux des *sans-culottes pour empêcher
de voir leurs brigandages, et leur couper bras
et jambes pour mieux manigancer la contre-révolution,
en donnant la clef des champs
aux aristocrates qui sifflent la linotte, en proposant
une amnistie pour tous les traîtres. son
grand serment de braver la vengeance et les
poignards de ces scélérats, et de continuer de
démasquer les ennemis de la liberté.
<edito=1> § il n'y a rien de si foutant que de parler de
<Epg=2>soi; car les bons républicains ne doivent s'entretenir
que de la patrie; ils lui doivent toute
leur existence, et le temps qu'ils perdent en
s'occupant de foutaises, qui n'intéressent que
*pierre ou *paul est volé à la chose publique!
j'ai déjà dit, foutre, que la république est
une grande ruche où chaque abeille doit apporter
le plus de butin qu'il lui est possible;
celles qui s'amusent à bourdonner , au lieu
d'amasser la cire et le miel, trompent ou
trahissent le reste de la famille qui travaille de bon coeur
et qui vit de bon accord. mais
quand, dans cette ruche il se glisse quelque
frelons pour jeter le désordre, alors toutes
les abeilles doivent se réunir pour exterminer
l'insecte malfaisant. la meilleure besogne, le
premier devoir est de se délivrer de l'ennemi
commun.
braves *sans-culottes , c'est vous qui êtes
les abeilles dont je parle. personne plus que
moi, foutre, ne respecte votre industrie.
vous ne m'avez jamais regardé comme un
boute-feu et un emporte-pièce; bien loin de
là, foutre, je n'ai cessé de vous recommander
l'union et la fraternité. dans tous les temps
je fus votre sentinelle vigilante; et j'ai toujours
<Epg=3> crié qui vive dans les postes les plus
avancés. j'ai essuyé toutes les bordées des
aristocrates, des royalistes, des *brissotins,
mais jamais ils ont pu me faire quitter mon
poste, et je suis toujours dans la même guérite
où vous m'avez vu depuis le premier jour
de la révolution. quand les conspirateurs et les
traîtres ont emportés quelques victoires sur la
*sans-culotterie , *marat et le marchand de
fourneaux ont été les premiers mis en joue,
et si vous ne vous étiez pas rebiffé pour les
sauver, s'ils avaient eu cent têtes, ils les auraient
perdues l'une après l'autre.
§ je croyais avoir du relâche et me reposer
sur mes lauriers, foutre, lorsque j'ai vu la convention
délivrer des serpents et des crapauds du
*marais. j'étais d'une joie de bougre en songeant
que la constitution républicaine allait rallier
les bons *français. je croyais m'en donner
des pilles éternelles, et déjà j'avais quitté
mon encrier pour retourner à mes fourneaux.
maintenant, disais je à mes compères et commères,
que nos braves *montagnards ont tous
leur tête dans un bonnet, et qu'ils vivent d'un
si bon accord, la machine va marcher sans le
moindre choc. à l'aide de sainte guillotine qui
<Epg=4> va nous raccourcir tous les scélérats, personne
ne sera aussi audacieux pour trahir la république.
ainsi donc je rengaine toutes mes
colères, et je ne reprendrai la plume que pour
exprimer ma joie sur toutes les victoires que
nous allons remporter; mais, foutre, les fripons
et les traîtres vont et viennent comme
les ombres chinoises, et comme on dit, un
clou chasse l'autre. mon rêve n'a duré qu'un
instant, et je n'ai pas tardé à réfléchir que tant
qu'il y aura des trésors à gaspiller, il existera
des voleurs, que tant qu'il y aura des sots, il
se trouvera des hypocrites pour les foutre
dedans et les mener par le nez, que tant qu'il
y aura des places et des dignités, il se trouvera
des intrigants et des ambitieux qui affronteront
la guillotine pour s'en emparer. ne voit on pas
les renards à la barbe du chien de la ferme faire
main-basse sur la basse-cour, et le loup croquer
les moutons à la face du berger le plus
vigilant.
§ bon gré mal gré, il a donc fallu que je
continuasse de broyer du noir. j'ai juré comme
un charretier embourbé toutes les fois que j'ai
trouvé sur mon passage des bougres qui n'étaient
pas au pas; mais quand j'ai rencontré
<Epg=5> des ci-devant patriotes qui avaient l'air de
saigner du nez et de vouloir tourner casaque,
je les ai daubé comme les aristocrates. quand
j'ai vu *chabot , que j'aimais autrefois comme
mes petites boyaux lorsqu'il était un des plus
fermes soutiens de la *sans-culotterie ; quand
je l'ai vu, bras dessus bras dessous, avec les
plus fieffés garnements de l'ancien régime, et
cajolé par toutes les muscadines, d'abord je
me suis mis tout bas en colère contre lui.
<Sat=1> "est ce que tu voudrais aussi nous faire faux bon,
<Sat=0>lui ai je dit;
<Sat=1>prends y garde, foutre; car,
comme dit le proverbe dis moi qui tu hantes,
je te dirai qui tu es" .
<Sat=0> § il s'est foutu de mes avertissements
et du qu-en-dira-t-on , et pour s'achever
de peindre, il s'est marié à qui, à je ne
sais quelle bohémienne qui est tombée amoureuse
de lui, dit il, sans l'avoir vu. et quelle est
cette bohémienne encore? c'est la fille d'un
aventurier, faisant une poussière de prince à
la cour de *vienne , et dont l'impératrice,
mère de la louve que nous avons raccourcie,
a tenu tous les enfants sur les fonds de baptême.
en voyant un mariage aussi biscornu, n'y avait il
pas de quoi se débaptiser soi-même? n'est ce
pas un crime à un sans-culotte français d'épouser
<Epg=6> une autrichienne? que deviendraient donc
nos jeunes filles qui sont si délaissées depuis la
guerre, si le peu de républicains qui peuvent
les contenter imitaient un pareil exemple?
un législateur épouser une esclave, et l'esclave
d'un des tyrans qui nous font la guerre, quand
il y a tant de filles libres qui séchent sur pied
à force d'attendre! lorsqu'ensuite ce même
*chabot coup sur coup, après le conte bleu de
son mariage de deux cent mille livres, a le front
de faire une complainte au beau milieu de la
convention sur ce qu'il n'existe plus de plaine
ni de marais, et de faire signe de loin à tous
les crapauds, en leur disant qui m'aime, me
suit, pour les engager à y venir barboter avec
lui, ai je eu tort de lui chanter sa gamme?
après tout ce tripotage, j'apprends que mon
frocard est à l'ombre pour avoir reçu quelques
centaines de mille livres des brigands couronnés.
je jure, je tempête. ses amis me répondent que
c'est lui-même qui a déposé cette somme au
comité de sûreté générale, en découvrant un
grand complot qu'il connaissait depuis plus de
six mois. je réponds pourquoi il n'a pas plus tôt
dénoncé ce complot, pourquoi il ne l'a fait que
le lendemain qu'il avait été dénoncé lui-même
aux *jacobins on me répondra que tout cela
s'éclaircira avec le temps.
§ je le désire foutre; mais il n'est pas un
bon républicain qui voit clair dans cette
bouteille à l'encre, et qui n'ait dit et pensé
tout ce que j'ai écrit sur ce chapitre. eh bien,
tonnerre de dieu, on m'en a fait un crime.
<Epg=7> n'est il donc plus permis de réfléchir? faut il
se crever les yeux pour ne pas voir les manigances
de certains personnages? on dit que
je suis un chef de parti parce que je pense et
je parle comme les véritables *sans-culottes .
où est il donc ce parti? qu'a t il fait? c'est ce
qu'on ne saurait dire, foutre. si c'est être
chef de parti que d'être sans cesse à l'affût et
de donner la chasse à tous les conspirateurs,
si c'est être chef de parti que de braver les
poignards, si c'est être chef de parti que de
vivre pendant quatre ans entre les baïonnettes
et les cachots, que d'être persécuté tantôt par
le comité autrichien, tantôt arrêté par le comité
des douze, j'en conviens, j'en suis un,
et je m'en fais gloire puisqu'on me force à
parler de moi. oui, j'ai toujours conspiré contre
les ennemis de la liberté, et je ne lacherai pas
prise, foutre.
§ je me fous de vos propos et de vos menaces,
*chabotins et *phélipotins ;je vous défie
de trouver à mordre sur moi. vous pouvez
répéter toutes les kyrielles de calomnies et d'injures
dont *carra et *gorsas ont régalé tant de
fois les aristocrates. faites moi paraître comme
*marat devant les tribunaux, j'en sortirai comme
lui, foutre. tout ce que vous dites de moi,
vous l'avez dit de lui; tout ce que vous manigancez
contre moi vous l'avez employé contre
lui. vous ne me reprochez pas ce que les feuillants
et les *brissotins m'ont reproché avant
vous. je n'ai pas changé, mais vous jouez leur
rôle aujourdhui . malgré tous vos coups de
<Epg=8> chien que l'on connaît maintenant, vous ne
diviserez pas les patriotes; ils resteront unis
à la montagne. on ne donnera pas la clef des
champs aux aristocrates qui sont en cage,
comme vous le voulez; il n'y aura point d'amnistie,
et, à votre tour, vous jouerez à la main
chaude,foutre.
<Sda=1794> <numero=332> <semaine=622> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande colère du *père *duchesne .
de voir toutes les manigances des *phélipotins
contre les meilleurs citoyens, et surtout contre
les généraux *sans-culottes à qui l'on veut
donner de la pelle au cul, afin de vendre encore
des batailles à milord *pitt , et de lui livrer nos
villes de guerre.
<edito=1> § avant de faire le voyage dans la voiture
<Epg=2> à trente-six portières, *brissot et sa clique
s'écrièrent:
<Sat=1> "ce qui nous console, c'est que
nous aurons des vengeurs."
<Sat=0> les jean-foutres
savaient bien qu'ils auraient une arrière-garde
d'hypocrites, d'intrigants, d'ambitieux et de
traîtres qui, tôt ou tard, prendraient leur
place, et qui n'attendaient que le moment
favorable pour lever la crête. cette prophétie
n'épouvanta pas les patriotes et ils ripostèrent:
<Sat=1> "s'il existe encore des conspirateurs, nous les
verrons, foutre, et nous les ramasserons au
contre."
<Sat=0> § cependant on manigançait dans
l'ombre de nouveaux coups de chien. tous
les furets de l'*angleterre se mirent aux
trousses des patriotes pour les corrompre;
ceux qui résistèrent à l'appas de l'or ont été
assassinés par le poignard de la calomnie. les
royalistes, les feuillants, les aristocrates de
toutes les acabies, les complices de *brissot ,
les voleurs publics se sont tous ligués pour
écraser ensemble la liberté. mais pour mieux
jouer leur jeu, tous les gredins ont pris le
masque du patriotisme. on n'a plus vu que
des bonnets rouges. ces *sans-culottes de
nouvelle fabrique se sont répandus dans les
sections, dans les sociétés populaires pour
mettre les patriotes à chien et à chat.
<Epg=3> de tous côtés on a soufflé le froid et le
chaud. les bons citoyens asticotés par ces
jean-foutres, se sont chamaillés, sans savoir
ni pourquoi, ni comment leurs ennemis riaient
sous cape de leurs disputes, et ils versaient
autant qu'ils pouvaient, de l'huile dans le feu.
pour mieux brouiller les cartes, les modérés
se sont mis sur les rangs; ils ont jeté les hauts
cris sur les arrestations; la barre de la convention
a été assiégée des pleureurs et de pleureuses
à gage qui venaient demander d'un ton menaçant
la clef des champs pour leurs frères, leurs
pères, leurs fils, leurs époux. comment s'entendre
au milieu de ce charivari? la convention
est restée ferme et inébranlable, et
ces complots s'en sont allées en eau de
boudin. oui, foutre, tant que nos législateurs
seront unis, ses ennemis ne tireront
que des coups d'épée dans l'eau. mais,
malheur à elle, malheur à la république,
si cette union cessait un seul instant.ceux-là,
foutre, qui ont voulu la diviser, en proposant
au restant des crapauds *brissotins et
*girondins de venir encore barboter dans le
*marais, ont proposé la contre-révolution. le
feu de la guerre civile serait il éteint au *midi ?
<Epg=4> *lyon , *toulon auraient ils été détruits? l'armée
chrétienne et royale serait elle détruite
s'il avait seulement existé une centaine de
*phélipotins dans cette convention ? quels sont
donc les scélérats qui osent se plaindre quand
la machine est en si beau chemin; quand nos
ennemis fuient de toutes parts; quand les
brigands couronnés sont à quia et ne savent
plus à quel saint se vouer.
§ c'est au milieu de nos victoires, foutre,
que l'on veut nous arrêter. c'est lorsque les
*sans-culottes triomphent partout que l'on
redouble d'efforts pour les perdre. les escrocs
les voleurs, les plus vils intrigants osent
accuser les hommes les plus pures; croient ils
que le peuple prendra le change? c'est un
juge redoutable qu'on ne saurait tromper.
celui qui fût un pilier de tripots; qui écornifla
les dîners des aristocrates; qui fût
l'avocat consultant de tous les talons rouges,
qui défendit les complices de *la-*fayette
et *dumouriez , celui-là, foutre,
aurait beau dire: je suis le vieux cordelier ,
doyen des *jacobins . on lui répondra qu'à
bonne auberge, il n'y a pas besoin d'enseigne.
plus il vantera ses anciennes prouesses, plus
<Epg=5> on se méfiera de lui, mieux on le tancera,
s'il a tourné casaque à la *sans-culotterie .
après s'être autrefois intitulé le *procureur-général
de la *lanterne , s'il devient le procureur
général de l'aristocratie et de la *phélipoterie ;
s'il propose de former une nouvelle
*vendée en mettant en liberté ses bons amis
les muscadins et muscadines qui sifflent la
linotte, s'il ose appeler les hommes révolutionnaires
des hommes de sang, des septembristes,
qui lèchent le collier de la guillotine , on
lui répondra qu'il frise de près la fatale cravate.
ou plutôt, on ne lui répondra rien.
on lui donnera une loge aux petites maisons,
et il sera fustigé comme un fou. mais si cet
écervelé, au lieu de profiter de son brevet
de folie, continue dans sa fureur de mordre
et de déchirer les meilleurs républicains on
l'étouffera comme un enragé.
§ pardon, braves *sans-culottes , si je vous
entretiens si souvent d'un aussi mince personnage;
mais, foutre, vous savez qu'il y avait
autrefois à la cour des fous à titre d'office,
c'est par eux souvent qu'on découvrait les
plus grands secrets et que la mèche était
éventée. or donc, milord *pitt , qui a mis en
<Epg=6> jeu le niais *camille , et qui s'en sert comme
le singe de la patte du chat pour tirer les marrons
du feu, vous a, sans le vouloir, dévoilé
tous les complots qu'il médite à son agonie.
voilà foutre, la dernière espérance de l'infâme
*pitt , et en se débattant avec la mort,
il a dit à *phélipotin :
<Sat=1> "après *brissot , il
ne me reste plus que toi. remue toi de cul
et de tête pour me sauver; dénonce , accuse
tous les *sans-culottes , soutiens que les généraux
qui ont détruit la *vendée sont des
conspirateurs; trouve quelques gobe-mouches
pour appuyer tes grandes dénonciations , un
*camille , par exemple: attache toi comme
une teigne à la personne de ce maudit *bouchotte ;
alors, foutre, ces généraux *sans-culottes
qui m'ont fait danser leur bougre de
carmagnole seront remplacés par des talons
rouges: un nouveau *beurnonville reviendra
sur le tapis,alors les *phélipotins pêcheront
en eau trouble, alors, je n'épargnerai pas les
guinées, je gagnerai des batailles, et je prendrai
des villes, et à la fin la contre-révolution!
mets toi en quatre surtout pour me
délivrer de ce comité de salut public qui vient
de m'enlever *toulon , et qui va me
<Epg=7> conduire à la lanterne si toi et tes amis vous
ne lui donnez pas un croc en jambes."
<Sat=0> § n'ai je pas mis le doigt dessus, foutre, il
n'y a pas d'homme assez aveugle pour ne pas
voir clair maintenant dans tout le phélipotage.
la convention si grande et si forte depuis que
ses membres sont unis, ne sera pas le jouet
de cette nouvelle intrigue. après avoir sauvé
la *france , elle restera à son poste jusqu'à
ce qu'elle ait assuré le bonheur du peuple,
et les bons républicains environneront toujours
la sainte montagne et la défendront
jusqu'à la mort, foutre.
§ encore une petite bouffée de ma pipe à
*poinsinet-*camille .
il n'est pas si fou que l'on s'imagine, le
benêt *camille et si on le prend pour un
niais, je dis, foutre, que c'est un niais de
*sologne , car il sait amadouer les aristocrates
et leur escamoter joliment leurs *corsets . il a
vendu plus de cent mille exemplaires de son
vieux *cordelier à vingt sols le numéro; et il
me fait un crime d'avoir débité mes feuilles
à raison de deux sols la pièce pour les armées.
il prétend que je suis riche comme un
*crésus parce que depuis le mois de juin j'en
<Epg=8> ai débité cent mille, ce qui fait quatre-vingt-dix
mille livres. une telle somme à un
misérable marchand de fourneaux! mais *camille
doit rabattre dans son calcul plus de
quinze mille livres de dépenses pour achat de
presses, et de caractères, le papier, les frais
journaliers, les dépenses de bois et de chandelle,
la paie de 10 ouvriers, les gratifications
de nuit, une augmentation de loyer, ce qui
reste est peu de chose et encore n'en ai je que
la moitié, puisque j'ai un associé. au surplus,
j'ai placé mon bénéfice dans l'emprunt volontaire.
c'est là que *camille appelle voler
la *république .
<Sda=1794> <numero=333> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande colère du *père *duchesne .
de voir que les fripons, les intrigants, les
modérés, les royalistes et les aristocrates osent
lever la crête, et accusent les meilleurs patriotes
de tous les coups de chien qu'ils manigancent
contre la liberté. ses bons avis aux braves
*sans-culottes , pour qu'ils soient unis plus
que jamais, et qu'ils montrent les dents aux
jean-foutres qui veulent diviser la convention,
et qui tripotent sous-main un nouveau projet
de contre-révolution.
<edito=1> § depuis deux ans je n'ai cessé de dire aux
<Epg=2> *sans-culottes qu'ils ne devaient pas attendre leur
salut que d'eux-mêmes; car ce n'est que pour
eux qu'ils ont fait la révolution, et non pas
pour se donner de nouveaux maîtres. je me
suis égosillé à force de leur crier: défiez vous
des nobles et des calotins. les uns m'appelaient
vieux bavard, les autres m'ont appelé
anarchiste, désorganisateur. les talons
rouges sont restés à la tête de nos armées,
comme je l'avait prédit: les jean-foutres les
ont livrés à nos ennemis, et ce n'est qu'après
les trahisons de *la-*fayette , de *dumouriez et
de *custine , qu'on s'est rappelé les prédictions
du vieux marchand de fourneaux, et qu'on est
revenu à son avis, en donnant de la pelle au
cul à tous les muscadins qui commandent nos
armées, en mettant à leur place des bougres à
poil, nés dans le sein de la *sans-culotterie .
c'est alors, foutre, qu'on est allé beau jeu bel
argent, et que tous les esclaves des tyrans ont
dansé la carmagnole au *nord et au *midi .
maintenant que ça va, et que tous les brigands
couronnés sont forcés de mettre les
pouces, ils jouent de leur reste, en employant
le vert et le sec pour diviser les patriotes. on
fait des querelles d'allemand à tous ceux qui,
<Epg=3> par leur vertu, par leur courage, ont sauvé la
république. les poltrons qui se sont cachés
pendant le combat, veulent arracher les lauriers
des vainqueurs, les fripons dénoncent
les hommes les plus purs, les traîtres accusent
les plus francs républicains de tous les complots
qu'ils méditent.
§ c'est ainsi, foutre, qu'après la révolution
du 10 août on a vu les *brissotins lever la
crête, et clabauder contre les *sans-culottes
qui avaient foutu le trône en canelle; c'est
ainsi que le vieux *roland vilipendait les
*jacobins et cette commune intrépide, l'effroi
des aristocrates et le plus ferme appui de la
montagne; le boudoir de la reine *coco devint
un atelier de contre-révolution. c'est là
que se manigançaient tous les coups de chien
pour perdre les patriotes, c'est là que cette
bande de pillards et de brigands se partageaient
les dépouilles du peuple; c'est là
que le friand *louvet était régalé de nanan en
composant son fameux discours contre *robespierre ;
c'est là que l'infâme *gorsas recevait
à pleines mains l'or et les assignats pour
traîner dans la boue tous les amis de la liberté;
c'est là que le goujat *barbaroux couvrait
<Epg=4> d'une perruque de boeuf le front tondu de ce
ministre de *coblentz , en promettant de lui
livrer *marseille et les principales villes des
départements du *midi ; c'est là que *petion ;
*guadet ,*vergniaud ,*gensonné tripotaient
leur bougre de fédéralisme . malgré cette
bande de *cartouches et de *mandrins , qui
jetaient des bâtons dans les roues, nos
armées étaient partout victorieuses. les drapeaux
tricolores flottaient sur les murs de *bruxelles
et la *hollande allait être conquise, mais les
victoires devaient bientôt s'en aller en fumée,
car les conspirateurs avaient tous les généraux
dans leur manche, et le traître *dumouriez
leur avait promis de conduire nos braves défenseurs
à la boucherie et de livrer nos magasins
à l'ennemi, afin d'accabler les républicains
à force de revers et de les contraindre
à accepter une paix honteuse avec les étrangers.
il n'y avait alors dans le ministère
qu'un seul homme qui leur barrât chemin.
le brave *pache , au lieu de donner dans leur
tripotage contre-révolutionnaire, les démasqua
et resta fidèle à la *sans-culotterie . on mit
tout en usage pour perdre celui qu'on n'avait
pu corrompre, on appela aussi un imbécile,
<Epg=5> un sot qui se laissait gouverner par
des fripons: on lui reprocha même sa vieille
redingote et ses coudes percés. *carra ,*gorsas
et *brissot dirent alors contre lui tout ce que
le vieux *cordelier a depuis copié sur leurs
libelles. le *sans-culotte *pache ne put opposer
que sa vertu à tous les assauts de l'intrigue,
il succomba, il fût remplacé par le bateleur
*beurnonville . il fallut voir alors tous les patriotes
déménager des bureaux de la guerre,
une recrue de *coblentz succéda aux braves
*sans-culottes dont *pache s'était environné.
les deux battants de toutes les portes de ces
commis muscadins étaient ouverts à toutes
les coquines, et les défenseurs de la patrie
couverts de blessures, trouvaient partout
visages de bois dans ce nouveau *versailles .
tous les officiers *sans-culottes furent opprimés,
chassés, emprisonnés, et tous les bandits,
auparavant soudoyés par la liste civile,
tous les piliers de tripots du *palais-*royal les
émigrés et leurs valets furent placés à la tête
de nos bataillons. les fripons péchèrent en
eau trouble. enfin nous fûmes trahis et vendus
à la journée, et il a fallu toute l'énergie républicaine
pour sauver la *france .
<Epg=6> § je réfléchis et je dis que nos ennemis se
sont toujours servi des mêmes moyens pour
nous opprimer. *la-*fayette ,*dumouriez ,et
*custine ont suivi la même route. les *brissotins,
comme les jean-foutres de conseillers de
*capet , ont persécuté les patriotes et les ont
accusé également d'être des anarchistes. on
se sert aujourdhui d'un autre mot pour avilir
les ardents républicains. on les appelle des
ultra-révolutionnaires, parce que les mots de
factieux et de désorganisateurs sont usés; mais
foutre, le peuple ne prendra pas le change,
ce sont encore les apôtres du modérantisme,
les amis de la royauté et les aristocrates déguisés
qui les accusent. ce n'est pas seulement
aux généraux *sans-culottes , c'est au gouvernement
révolutionnaire qu'on en veut. le
comité de salut public est attaqué en même
temps que les bougres à poil dont il s'est servi
pour sauver la république. qui ne voit pas,
foutre,qu'il y a derrière la toile, comme je
l'ai déjà dit, des fripons qui veulent brouiller
les cartes et tout désorganiser pour qu'on les
oublie? existe t il donc de nouveaux *brissotins?
non, foutre; ce n'est qu'une poignée de
misérables intrigants qui veulent se venger des
patriotes qui les ont démasqués; mais, foutre,
si on ne leur montrait pas les dents de bonne
heure, et si on ne les arrêtait à temps bientôt
peut-être ils seront redoutables; car les feuillants,
les royalistes et tous les ennemis de la révolution
les applaudissent déjà, et ils se rangeraient
bientôt sous leur bannière. il faut donc que
<Epg=7> tous les amis de la liberté et de l'égalité se
rallient plus que jamais autour de la convention;
car tant qu'elle marchera d'accord avec
le peuple, elle triomphera de toutes les cabales
et tous les conspirateurs se casseront le
nez, foutre.
§ note du rédacteur .
§ le traître *carra , avant les *phélipotins ,
avait dit dans une de ses feuilles$: le 12 juin:
<Sat=2> "*marat et *hébert ont touché 50 mille livres,
à la trésorerie nationale, pour le prix de leurs
journaux envoyés par le ministre de la guerre
dans les départements et les armées..."
<Sat=0> *bouchotte
répondit à cette calomnie par la lettre
suivante insérée dans tous les journaux patriotes:
<Sat=2> § "le fait n'est pas exact, car les abonnements
existaient avant le 12 juin, non pas
pour ces deux feuilles seulement, mais pour
un plus grand nombre de journaux patriotiques
qui ne sauraient être trop répandus dans les
armées, et c'est le conseil exécutif qui, sur
les fonds qui sont à sa disposition, a accordé
les 50 mille livres employés à cet usage.
signé, *bouchotte."
<Sat=0> § d'après cette note , j'avais avancé que
le journal de *marat comme les autres feuilles
patriotiques, était envoyé dans les armées.
j'ai su depuis que *marat n'avait touché aucun
fonds pour cet abonnement qui était projeté,
mais que sa mort a empêché d'effectuer. je
m'empresse de relever cette erreur, non
qu'elle puisse faire le moindre tort à la mémoire
de l'ami du peuple mais pour rendre
hommage à la vérité. il serait au surplus bien
utile de réimprimer les ouvrages de ce grand
publiciste pour l'instruction du peuple. c'est
le voeu de tous les patriotes, et il sera sans
doute secondé par la convention.
<Sda=1794> <numero=334> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande joie du *père *duchesne .
de voir que l'infâme clique soudoyée par
milord *pitt , pour brouiller les cartes et mettre
les patriotes à chien et à chat, est enfin dénichée,
et que les chefs de la conspiration
sont maintenant sur le pot. ses bons avis aux
braves *sans-culottes , pour les engager à être
unis et à rester sur pied jusqu'à ce que les
fripons et les conspirateurs aient tous craché
dans le sac.
<edito=1> § quand je songe à cette multitude d'intrigants,
<Epg=2>de voleurs et de traîtres dont nous
sommes entourés, je serais souvent tenté de
jeter le manche après la cognée, et d'aller
m'ensevelir dans le fond d'un bois. oui,
foutre, on est plus en sûreté au milieu des
loups, des ours et de toutes les bêtes fauves ,
que parmi tant de scélérats qui vont et viennent
tour à tour, qui se disputent les dépouilles
du peuple et le fatal pouvoir d'opprimer les
hommes. il ne faut pas cependant que les
bougres qui ont du courage, fléchissent. plus
le danger est grand, plus ils doivent montrer
d'énergie. la vie d'un républicain ne lui
appartient pas; son sang est à la patrie; il
ne doit respirer que pour elle. où en serions nous,
foutre, sans cette poignée de braves
*montagnards qui, pendant neuf grands mois,
a résisté à tous les pièges de l'intrigue, bravé
les poignards pour sauver la république? sans
ces bougres à poil, *brissot et son infâme
clique feraient maintenant la pluie et le beau
temps. *paris ne serait plus qu'un monceau de
cendres; il n'existerait plus un seul jacobin;
tous les patriotes auraient perdu le goût du
pain; tout le territoire de la république serait
dévasté; un crêpe lugubre serait étendu sur
<Epg=3> toutes nos villes; les campagnes seraient
couvertes de cadavres; on ne verrait partout
que l'image de la mort, et ce qui est plus affreux,
sur les monceaux de cendres et les débris
ensanglantés s'élèverait le trône d'un nouveau
tyran. un des fils du roi *georges-*dandin ,
ce polisson royal, nommé duc d'*york ,aurait
été couronné roi de *france , et graissé
de la tête aux pieds dans la cathédrale de
*reims par *claude *fauchet , son grand aumônier,
avec cette huile puante que les moines
assuraient avoir été craché par le père éternel
et toute exprès apportée par les anges pour
sacrer et rendre inviolables les fils aînés de l'église,
c'est à dire, les soixante et tant de
tigres qui, pendant quinze cents ans, ont
dévoré les entrailles du peuple, et se sont engraissé
de son sang. maintenant l'infâme *dumouriez ,
pour prix de ses trahisons,serait le
connétable de cette nouvelle majesté égorgeante;
*brissot serait son premier ministre,
*carra , *vergniaud , *guadet , *gensonné et tous
les chefs de la bande seraient à la tête du conseil
royal. aucun d'eux n'aurait été oublié,pas
même le pantin *gorsas qui occuperait au
moins la place de premier porte coton.
<Epg=4> § braves *sans-culottes , quel serait aujourdhui
votre sort? songez vous, foutre, à tous
les maux que vous auriez endurés, à tous
ces supplices qu'on vous réservait? riches
égoïstes qui restiez les bras croisés et qui regardiez
de loin le combat, croyez vous que
vous auriez été épargnés. vieillards républicains
qui versez des larmes de joie en entendant
raconter les exploits de vos fils, vos
cheveux blancs ne vous auraient pas fait respecter;
vous auriez vu votre sang couler avec
celui des femmes et des filles. l'enfant aurait
été égorgé sur le sein de sa mère. voilà,
foutre, trait par trait l'horrible tableau de
la *france , si les *sans-culottes ne s'étaient
pas rebiffés le 31 mai et si les francs républicains
n'avaient mis leur tête dans un bonnet.
les conspirateurs auront beau remuer ciel et
terre, ils n'ébranleront jamais la masse du
peuple qui restera toujours pure.
§ ainsi donc, foutre, que tous les patriotes
s'entendent, ils feront sauter les intrigants et
les ambitieux. les hommes du 14 juillet,
du 10 août, du 31 mai, se retrouveront toujours.
les ennemis de la liberté passeront,
mais la liberté ne passera jamais. il ne faut
<Epg=5>pas s'étonner de voir tant de coquins se succéder
nous sommes encore environnés des
immondices de la royauté; mais peu à peu
l'air que le despotisme a corrompu, se purifiera.
la révolution jette maintenant sa
gourme. au milieu des orages et des tempêtes,
la mer s'enfle et bouillonne; ses flots voiturent
sur le rivage un limon empesté, mais
enfin le calme revient, le soleil reparait et
dessèche ce limon qui rend ensuite la terre
plus fertile. ainsi, foutre, tous les coups de
chien que l'on médite contre la république,
au lieu de la détruire, lui donnent au contraire
une nouvelle vie. ils tiennent les patriotes
en haleine; ils s'endormiraient dans
le repos, le danger les ranime. plus un bien
est acheté, plus il est précieux. la liberté
ressemble à une belle femme. les uns la
courtisent, mais pour la déshonorer; mais ses
faveurs ne sont réservées qu'à celui qui l'aime
en tout bien et tout honneur. pour la posséder,
il faut lui faire tous les sacrifices, n'avoir
des yeux que pour elle. on ne peut
l'obtenir qu'après de longs tourments, mais
une fois qu'on a été assez heureux pour en
jouir, on ne l'oublie jamais, on ne saurait
s'en séparer.
<Epg=6> § je dis donc, foutre, que tous les bons
républicains doivent être constants et inébranlables
dans leurs desseins. quand je découvre
quelque nouvelle manigance contre les *sans-culottes ,
mon front se ride, je jure, je tempête,
je brise ma pipe, je renverse mes fourneaux;
mais pour cela je ne perds pas la carte,
je vois venir de loin l'ennemi, et je l'attends
de pied ferme; si j'ai affaire à un bougre
renardé, je tâche d'être plus fin que lui, je
me garde surtout de faire un coup fourré,
et autant qu'il est possible, je le laisse s'enfiler
de lui-même. il y a longtemps que je
furetais pour découvrir la nouvelle conspiration
qui est maintenant sur le tapis. si
j'avais d'abord nommé les masques, j'aurais
tiré un coup d'épée dans l'eau; j'ai laissé les
papillons se brûler à la chandelle; j'ai vu les
fripons se rallier pour perdre les patriotes,
j'ai vu les plus vils intrigants accuser les meilleurs
républicains; je me doutais bien que le
viédase qui a osé dire que les patriotes qui
ont fait jouer le traître *custine à la main
chaude, étaient des agents de *pitt et de
*cobourg , avait lui-même la patte graissée
par le roi *georges-*dandin , pour armer les
<Epg=7>*sans-culottes contre les *sans-culottes . quand
le sac est trop plein, il faut qu'il crève, foutre.
enfin nous savons maintenant qui a graissé
les roues du brillant carrosse de ce vil intrigant,
nous savons qui a meublé si richement le
grand hotel du *figaro de la révolution, nous
allons savoir qui a payé les riches domaines
acquis par certain charlatan, il y a deux jours
marchand de baume sur la place de *tours ,
et l'un des fameux généraux de la *vendée , qui
n'a pas brûlé une amorce pendant la guerre.
il est prouvé maintenant que c'est avec le
quibus de milord *pitt que tous ces équipages,
ces chevaux magnifiques, ces palais, ces riches
possessions ont été payées. *cartouche d'*eglantines
est sur le pot. on doit deviner maintenant
la cause de sa haine contre *bouchotte ,
*ronsin et *vincent . on voit enfin les *phélippotins
à nu. j'avais donc raison de dire
que tricherie revient à son maître. patience,
avec le temps, nous en découvrirons bien
d'autres.
§ la *sans-culotterie triomphera de toutes les
intrigues. la révolution est comme la voûte
d'un pont; pour l'élever on est obligé de se
servir de toutes sortes d'instruments, mais
quand la clef est posée, en tirant une seule
cheville, tout l'échafaudage fout le camp, et
il ne reste que l'architecture , qui dégagé de
cet amas de charpente à moitié pourrie, s'élève
avec majesté et brave l'injure des temps.
voilà comme quoi, foutre, nous verrons disparaître
les uns après les autres tous les mauvais
<Epg=8>ouvriers qui ont travaillé à la révolution
non pour le peuple , mais pour leur propre intérêt.
les bons travailleurs recevront seuls le
prix de leurs peines, mais, foutre, ce ne sera
qu'après avoir achevé leur tâche. le peuple
est là pour examiner le travail, il offre à ceux
qui l'auront bien servi, la couronne civique
et à ceux qui lui auront tourné casaque, le
sac fatal où il faudra qu'ils crachent, foutre.
<mois=07>
<Sda=1794> <numero=335> <quinzaine=71> <semaine=711> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande colère du *père *duchesne .
au sujet de tous les complots des intrigants et
des fripons, qui ont la patte graissée par milord
*pitt pour dissoudre la convention et allumer
la guerre civile. ses bons avis à tous
les francs républicains, en leur dévoilant tous
les coups de chien et en leur faisant connaître
tous les jean-foutres qui les trompent à la journée
et qui, comme de plus belle, manigancent
sous-main la contre-révolution.
<edito=1> § les brigands couronnés jouent de leur reste.
<Epg=2>la grande débâcle va arriver, foutre, et nous
allons voir tous les trônes tomber comme des
quilles; mais il ne faut pas encore chanter victoire,
car tous ces jean-foutres nous donneront
pendant longtemps du fil à retordre. s'il ne
leur reste pas assez de puissance pour éviter
leur chute, ils ont eu bougrement de moyens
de nous nuire. ce serpent que l'on écrase
se replie et darde son poison, il donne souvent
la mort à celui qui le détruit. ce n'est donc
pas assez que d'exterminer tous les rois, il
faut encore prévenir le mal qu'ils peuvent nous
faire, avant qu'ils aient disparu de la terre.
soyons donc plus que jamais sur le qui vive, et
quand nous sommes partout victorieux par la
force des armes, prenons garde que nous ne
soyons vaincu par l'intrigue. souvent , foutre,
nous n'y voyons que du boeuf. nous sommes
payés pour nous méfier de tout le monde. ceux
qui nous paraissent les plus francs du collier,
ne sont la plupart du temps que des hypocrites
qui nous cajolent pour mieux nous foutre
dedans. je me souviens que le jour où *cartouche
*brissot fût nommé député, fût un
jour de fête.
<Sat=1> "nous avons obtenu trois bonnes
choses aujourdhui ,
<Sat=0>disaient les pauvres badauds,<Epg=3>
<Sat=1> la constitution, *avignon et *brissot "
<Sat=0> eh bien, foutre, deux de ces cadeaux du diable
ont manqué de donner la mort à la
patrie. il n'est pas un bon *sans-culotte qui
ne s'en soit foutu une pille en réjouissance
du triomphe de *petion , et pourtant cet infâme
*petion , dans le temps où il était l'idole
du peuple,aiguisait en secret le poignard qui
devait égorger la *sans-culotterie .
§ guérissons nous donc une fois pour toutes
de cette badauderie qui a perdu toutes les
nations. habituons nous à voir par nos propres
yeux et à juger par nous-mêmes. malheureusement,
foutre,on ne voit partout que
des dindons qui se laissent mener à la baguette.
le premier qui passe est suivi de
toute la bande, et s'il se jette dans un précipice
tous les autres suivent son exemple.
tonnerre de dieu,des hommes qui se vantent
d'être libres, ne le sont pas de leurs pensées
et de leurs actions,s' ils ne font que ce qu'ils
voyent faire et ne savent que singer les bougres
les plus adroits et les charlatans qui leur
jètent de la poudre aux yeux.
§ on doit se rappeler que j'étais d'une colère
de bougre quand j'ai vu tout à coup baisser
<Epg=4>l'argent. c'est encore un coup de chien des
banquiers, m'écriai je. ils vont lâcher quelques
sacs afin que tout le monde les imite, et
lorsqu'ils se seront emparés de
notre numéraire, ils resserreront les cordons
de leurs bourses et ne feront encore une fois
tomber nos assignats. on me regarda comme
un vieux radoteur, et la suite cependant a
prouvé que je n'avais pas tort. la mine est
éventée et le complot que j'avais dénoncé,
est enfin découvert.
§ quand j'ai vu les calotins jeter tous au
même signal le froc aux orties , quand j'ai
entendu ces jean-foutres faire leur confession
générale; et dire:
<Sat=1>"depuis quinze ou dix-huit
siècles nous vivons aux dépens des sots,
nous n'avons jamais été que des escamoteurs,
et nous faisons amande honorable devant le
peuple que nous avons trompé; nous renonçons
maintenant à un métier avec lequel il n'y
a pas l'eau à boire aujourdhui,"
<Sat=0>je me suis
encore écrié:
<Sat=1>"défions nous de ces imposteurs;
celui qui a trompé toute sa vie, peut
encore nous foutre dedans."
<Sat=0>j'avais encore
raison, puisque ces gueusarts t'ont rentrés
depuis dans leurs boutiques de charlatan, et
<Epg=5>qu'ils continuent, comme de plus belle, leur
commerce de confession et d' oremus .
§ tricherie revient à son maître, comme je
l'avais prédit, foutre. les traîtres se sont pris
dans leurs propres filets, et tous ces coups de
chien qui étaient dirigés contre le peuple
tourneront à son bénéfice. la défroque des
prêtres lui produira deux bons milliards, et ce
qui vaut mieux encore, il sait maintenant à
quoi s'en tenir sur ce chapitre. son sang ne
coulera plus pour soutenir l'imposture. il n'y
a plus de *vendée , foutre, et jamais on ne
verra des républicains s'égorger pour les
menus plaisirs de la bougre de calotte. chacun
adorera son dieu à sa manière; celui qui croira
avoir un petit bout de chair de trop, et être
damné pour manger du lard, sera libre de se
faire raccourcir tout ce qu'il lui plaira; celui
qui, pour effacer le crime que ses premiers
parents ont commis, en mangeant une pomme,
se fera laver la tête, ne sera pas plus troublé.
mais surtout l'homme sage et paisible, qui
rend hommage à la raison éternelle, qui ne
reconnaît d'autre dieu que la nature, qui admire
l'astre du jour, quand il vient éclairer
la terre, dont le coeur tressaille de joie en
<Epg=6>voyant la verdure des près et des campagnes
couvertes de moissons, qui bénit paisiblement
l'auteur de toutes choses, sans le définir, et
sans avoir l'orgueil de vouloir le connaître, qui
jouit ses bienfaits, sans exiger de son créateur
plus qu'il n'a fait pour lui, qui suit en tout son instinct,
qui fuit le mal parce que sa conscience lui
dit de faire le bien, qui attend la mort sans
la désirer ni la craindre, celui-là surtout sera
protégé des lois; mais, foutre, si les sots
veulent obliger ceux qui pensent, à croire à
leur momeries; si le cafard, qui fonde sa
cuisine sur la bêtise des cagots, qui trafiquent
le paradis avec les vieilles bigotes, veut contraindre
le philosophe à prendre le chapelet
à dire des litanies, ces mêmes lois viendront
au secours du philosophe; car, foutre, le
premier bien de l'homme c'est son opinion.
nul n'a le droit de la gêner. toutes les religions
sont bonnes quand elles inspirent
l'amour de l'humanité, le respect pour les
lois, la paix, la concorde; mais, foutre, celle
qui troublerait les citoyens et qui les armerait
les uns contre les autres, au lieu d'être
regardé comme l'ouvrage d'un dieu, ne serait
au contraire qu'une invention du diable, si
<Epg=7>diable y a. je l'ai déjà dit cent fois et je le
dirai toujours que l'on imite le *sans-culotte
*jésus , que l'on suive à la lettre son évangile,
et tous les hommes vivront en paix. ce *jésus
n'a jamais dit comme les prêtres qu'il fallait
tuer et égorger ses semblables pour plaire à
dieu; au contraire, quand une troupe égarée
et furieuse poursuivit la femme adultère, il
écrivit sur le sable ces mots:
que celui de vous
qui est sans péché lui jette la première pierre ,
quand *pierre coupa l'oreille de certain *phélippotin ,
il ordonna à *pierre de rengainer
son épée en lui disant:
quiconque frappe du
glaive, du glaive sera frappé.
pendant toute
sa vie, ce brave républicain fit la guerre aux
riches et aux prêtres; en un mot, foutre, il
n'a jamais existé de meilleur *jacobin .
§ c'est assez parler de prêtres; je reviens au
chapitre des intrigants; c'est sur eux, foutre, que
les lois doivent frapper. après les prêtres, le
peuple n'a pas de plus grands ennemis; car
qui nous a mis sur les bras tous les brigands
couronnés? ce sont les intrigants; ce sont eux
foutre, qui depuis quatre ans ne nous ont pas
donné un seul instant de relâche, qui, malgré
vent et marée, ont soutenu l'ogre *capet , pour
retirer en son nom et pour partager avec lui
<Epg=8>les dépouilles du peuple; qui, lorsque ce
monstre abominable a été raccourci, se sont
entendus comme larrons en foire avec l'infâme
*pitt , pour mettre les patriotes à chien et à
chat: ce sont eux qui jètent la pomme de
discorde au milieu de la convention dans le
moment où la république triomphe de tous ses
ennemis, qui veulent sauver les fripons que
l'on prend les mains dans le sac, et remuent
ciel et terre pour perdre les meilleurs patriotes.
patience, justice sera faite; la dernière heure
de leur vie est sonnée, foutre.
<Sda=1794> <numero=336> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande colère du *père *duchesne .
au sujet de tous les coups de chien que les
limiers de l'*angleterre manigancent contre
les patriotes. son grand déguisement pour
découvrir tous les trous où se cache le restant
des hiboux de l'aristocratie, et pour leur
donner une bonne fois la chasse.
<edito=1> § le monde est plein de jean-foutres qui
<Epg=2>rechignent sur tout. quand on fait le bien, ils
désirent le mieux. personne ne leur plait, et ils
trouvent à mordre sur les meilleurs patriotes.
parle t on devant eux d'un franc républicain,
d'un bougre à poil, républicain jusqu'au
bout des doigts; ils disent que c'est un démagogue,
un enragé, un factieux; vantons
la sagesse, la prudence d'un citoyen sans
reproche, ils soutiennent que c'est un intrigant
déguisé, un ambitieux. celui dont la
vertu les offusque, leur paraît un hypocrite:
mais, foutre, quels sont ces pieds plats qui
osent ainsi blâmer les meilleures choses, et
vilipender les hommes les plus purs? qu'on
les épluche, et on verra qu'ils sont, pour la
plupart, des feuillants renforcés, des royalistes
déguisés, des aristocrates à bonnet rouge, qui
veulent se venger de leurs chagrins sur les
patriotes. on verra encore tous les fripons
faire chorus avec eux. ceux qui ont regardé
la république comme une vache à lait, et qui
se sont engraissés à ses dépens, accusent aussi
les hommes purs pour faire prendre le change
aux *sans-culottes .
<Sat=1>dénonçons, <Sat=0>disent ils,
<Sat=1> ceux qui nous connaissent et qui veulent nous
démasquer, soutenons que ceux qui nous ont
<Epg=3>pris les mains dans le sac, sont aussi des voleurs;
crions à tue-tête contre les agents de *pitt et
de *cobourg , et on ne nous soupçonnera pas
d'avoir la patte graissée par eux; embrouillons
les affaires; qu'un nuage épais couvre toute
la république; que les patriotes et les aristocrates,
les hommes purs et les fripons soient
confondus, alors les *sans-culottes ne sauront
plus lequel entendre. nous nous sauverons
dans la mélée avec le butin, ou si nous succombons,
nous entraînerons du moins tous les
républicains dans le précipice où nous serons
engloutis.
<Sat=0> § mais, foutre, la vérité triomphera toujours
du mensonge; les patriotes ont de bons
yeux. je l'avais bien dit que tous les brouillards
de la *tamise se dissiperaient, et que bientôt
on découvrirait qui faisait agir toutes les
marionnettes politiques dont milord *pitt se
servait pour nous embêter. on commence à
voir derrière la toile tous ces compères. on
sait maintenant que ceux qui ont commencé
ce branle contre-révolutionnaire, qui ont osé
calomnier les patriotes, qui ont accusé les
dénonciateurs de *custine d'être les pensionnaires
du roi *georges-*dandin , avaient eux-mêmes
<Epg=4>les poches pleines de guinées quand ils
ont fabriqué toutes ces dénonciations à perte
de vue. on saura avant qu'il soit l'âge d'un
petit chien dans quel tripot se sont manigancées
toutes ces intrigues.
§ j'ai vu un moment les aristocrates riant
sous cape de tous ces coups de chien. leurs
faces blêmes, qui s'étaient allongées d'une
aulne depuis la prise de *toulon et la destruction
des brigands de la *vendée , commençaient
à se dérider. déjà la joie brillait dans leurs
yeux creux; déjà ils se flattaient que les
meilleurs républicains allaient siffler la linotte
et que tous les guichets des prisons allaient
s'ouvrir pour donner la clef des champs à leurs
parents, à leurs amis; déjà ils mitonnaient dans
leurs têtes sans cervelle de nouveaux plans de
contre-révolution; une *saint-*barthélemy de
tous les comités révolutionnaires, de cette
maudite commune, de ces *jacobins , de cette
montagne dont le nom seul leur fait venir
chair de poule. eh bien, foutre, encore
une fois tous leurs châteaux en *espagne s'en
vont en eau de boudin.
§ c'est au milieu de ces crises que je me
trémousse, et que je suis aux aguets pour examiner
<Epg=5>les jean-foutres, et leur tirer les vers
du nez. je me déguise sous toute sorte de
costumes, et je me faufile partout pour
connaître l'air des bureaux. quand je rencontre
quelque mine de la *vendée , quelque
face à guillotine, je ne les quitte pas plus
que mon ombre; je parle d'abord de la
pluie et du beau temps, peu à peu la conversation
s'enfile, et je plaide le vrai pour savoir
le faux. c'est ce qui m'arriva l'autre jour dans
le jardin encore appelé *luxembourg , je ne
sais pour quoi; je voyais roder dans le
parterre un grand homme sec en habit noir,
avec une perruque à trois marteaux, ayant
sous le bras un parapluie, tenant, d'une main,
une canne à bec de *corbin , et de l'autre une
lorgnette d'approche; il visait l'une après
l'autre toutes les fenêtres du ci-devant palais,
et, de temps à autre, il laissait échapper de
gros soupirs. je m'approche de mon bougre et
je singe trait pour trait tout ce qu'il fait. il me
reluque, il me toise; comme lui je prends
un air consterné.
<Sat=1>"monsieur,<Sat=0> me dit il,<Sat=1> nous
avons sans doute la même pensée. comme
moi, vous gémissez sur le sort des honnêtes
gens qui sont ici détenus". monsieur,<Sat=0> lui <Epg=6>
répondis je,<Sat=1> je ne saurais vous dire tout ce que
j'ai dans l'âme, car les murs ont des oreilles.
"monsieur,<Sat=0> ajoute l'homme noir,<Sat=1> vous
m'avez l'air d'un homme comme il faut,
voulez vous que nous ayons ensemble quelques
instants d'entretiens? faites moi l'honneur
de venir chez moi, là nous pourrons parler
sans contrainte et vider notre coeur". très
volontiers, monsieur,<Sat=0> lui répondis je. je suis
mon aristocrate et nous entrons ensemble
dans un sapin qui l'attendait à la porte.<Sat=1> dans
un autre temps,<Sat=0> me dit il,<Sat=1> je vous aurais
conduit dans mon carrosse, mais ces maudits
*sans-culottes ont mis mes chevaux en réquisition,
je suis obligé de marcher maintenant
comme un va-nu-pieds. en vérité c'est révoltant.
<Sat=0>nous jasons, chemin faisant, sur ce chapitre.
enfin nous arrivons dans je ne sais quelle
petite rue du faubourg *saint-*germain .
nous entrons dans un grand hotel désert.
nous passons d'abord dans le cabinet de
*monsieur qui, me croyant de son bord, se
déboutonne au vis-à-vis de moi. je le gratte
où ça lui démange, et j'en dégoise comme
si j'arrivais de *coblentz .
<Sat=1>je veux,<Sat=0> me dit il,
<Sat=1>que nous fassions tout à fait connaissance et
que ma famille partage avec moi cet avantage.
vous me ferez l'honneur de dîner. c'est
autant de pris sur l'ennemi<Sat=0>, me dis je en
moi-même.<Sat=1>très volontiers, monsieur.<Sat=0> il
me conduit dans le grand salon. là je rencontre
une vieille rechignée couverte de plâtre
et de rouges, deux jeunes muscadines assez
<Epg=7>drôleries, mais qui avaient l'air de sécher sur
pied, et enfin un foutriquet bien peigné,
bien atiffé , qui me tire l'escarpin en pirouettant.
après quelques compliments d'usage, on
annonce le dîner. nous passons dans le salon
de la boufaille. on me place au haut bout de la
table. je ne perds pas un coup de dent, je vous
pompe du *bourgogne et du *bordeaux , et je
vous sable mon *champagne sans sonner le
mot. enfin le dessert arrive, entre la poire
et le fromage chacun lâche son paquet.
<Sat=1>"vous voyez une famille bien unie,
<Sat=0> me dit le baron,<Sat=1>
mais qui vit dans des transes continuelles. j'ai
le malheur d'avoir trois ou quatre cent mille
livres de rentes acquises par trente années de
travaux dans la finance. dites moi, *monsieur ,
croyez vous que la contre-révolution arrive
bientôt, quant à moi je commence à en
désespérer ? nous avions formé une société de
gens d'affaires, de banquiers, de notaires, de
riches capitalistes pour affamer ce maudit
peuple. n'ayant pu le réduire par la force,
nous croyons le prendre par les vivres. nous
mettions tous les matins sur pied quelques
centaines d'estafiers pour faire écraser les
femmes et les enfants à la porte des boulangers,
notre ruse a été enfin découverte et le pain
abonde maintenant. nos femmes, qui ne
croyent pas plus au diable que vous et moi,
étaient tout à coup devenues des modèles de
piété, et pour la gloire de dieu, elles donnaient
à pleines mains l'or et l'argent aux
prêtres que les *sans-culottes appellent réfractaires,
<Epg=8>pour allumer la guerre civile; enfin
nous avions mis sur le tapis un nouveau projet
de banqueroute, ce complot est découvert, et
nous sommes au bout de nos rolets, nous ne
savons plus de quel bois faire flèche."
<Sat=0>entendant un pareil discours, la moutarde me
monte au nez.
<Sat=1>sais tu, vieille tête à gifles, que
tu parles au *père *duchesne , foutre !
<Sat=0>à ce
mot toute la foutue nichée disparaît. je fais
un boucan sterlin, et je mets toute la maison
en canelle; je sors pour dénoncer cette canaille,
mais les corbeaux étaient dénichés, foutre.
<Sda=1794> <numero=337> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande colère du *père *duchesne ,
de voir que les brigands couronnés ne savent
de quel bois faire flèche, graissent la patte à
des endormeurs pour demander la paix, pour
allumer la guerre civile dans l'intérieur, en
proposant de donner la clef de champs à tous
les corbeaux de l'aristocratie, qui sifflent la
linotte. ses bons avis à la convention, pour
qu'elle n'abandonne pas la barque avant de
l'avoir conduite au port.
<edito=1>§ les *sans-culottes sont renardés maintenant,
<Epg=2>foutre; ils ne se laissent plus jeter
de la poudre aux yeux; on a beau leur dorer
la pilule, ils ne l'avalent pas facilement; ils
se souviennent d'avoir été dupes, et ils ne
veulent plus l'être, foutre. ils regardent à
deux fois avant que de mordre à l'hameçon.
ils ont toujours l'oeil au guet, et si par ci
par là quelque fripon adroit les fout encore
dedans, il ne le porte pas en enfer, il
crache en l'air et ça retombe sur son bougre
de nez. vils intrigants, aristocrates maudits,
infâmes royalistes, vous vous battez de la tête
contre un mur. tous vos complots s'en iront
en fumée. vous avez commencé la danse et
vous payerez les violons, foutre.
§ on se rappelle de quelle manière on a
manigancé la guerre actuelle. on n'a pas
oublié que le serpent *brissot se plia et replia
pour mettre l'assemblée nationale aux prises
avec tous les brigands couronnés. ce monstre
nous promettait alors monts et merveilles.
<Sat=1>"avant qu'ils soit l'âge d'un petit chien,<Sat=0> disait le
jean-foutre,<Sat=1> les *français planteront l'arbre de
la liberté à *vienne , à *berlin ; *cato elle-même
changera sa couronne impériale pour la
cocarde tricolore et le grand *turc se fera
<Epg=3> jacobin".
<Sat=0>tous les francs républicains secouaient
la tête en entendant ces promesses
de *gascon .
<Sat=1>"cache tes cartes, infâme coquin,
nous voyons ton jeu,<Sat=0> lui répondirent ils,
<Sat=1>tu as la patte graissée par nos ennemis
pour nous engager à faire des pas de clerc,
et pour nous précipiter dans un bourbier,
dont tu sais que nous ne pourrons nous tirer
facilement."
<Sat=0> § malheureusement, foutre, les patriotes
n'étaient pas en force; malgré eux, la guerre
fût déclarée dans un temps où la *france n'avait
ni armes, ni fortifications, ni provisions,
et pour donner plus promptement le coup de
grâce à la liberté, on ne mit à la tête des
troupes que des talons rouges qui s'entendaient
comme larrons en foire avec l'ogre *capet , pour
conduire à la boucherie les soldats de la
liberté; mais, foutre, plus le danger est grand,
plus les hommes libres ont de courage. les
*sans-culottes jurèrent de mourir plutôt que
d'être esclaves, ils forgèrent des piques, ils
se rebiffèrent contre la cour et les *brissotins
qui les vendaient à la journée, enfin le 10
août ils firent le siège de la ménagerie royale;
tous les ours mal léchés, tous les tigres,
<Epg=4>toutes les bêtes fauves dont le monstre *capet
s'était environné, et avec lesquels il espérait
faire curée des patriotes, furent immolés; ce
beau jour devait être le dernier des traîtres;
tandis, foutre, que le bras du peuple était
levé, il devait exterminer jusqu'au dernier
aristocrate. il fallait, comme je m'égosillais à
le dire, traîner par les cheveux l'égorgeur
*capet et la louve autrichienne sur les cadavres
des *sans-culottes qu'ils venaient de faire
massacrer, et leur couper le sifflet, ainsi qu'à
leur bougre de race; mais les *sans-culottes
furent embêtés par des scélérats; ils laissèrent
la vie à leurs plus mortels ennemis. les *brissotins
employèrent le vert et le sec, non
seulement pour se sauver, mais même pour
le remettre sur le pinacle et le regrimper sur
son trône que nous venions de mettre en
canelle. on sait, foutre, combien il nous en
a cuit pour avoir été alors des poules mouillées
et pour nous être arrêtés en si beau chemin.
tous les brigands que nous avions eu la sottise
d'épargner, levèrent bientôt la crête. nous
fûmes tourmentés plus que jamais. l'infâme
clique des *brissotins, des *girondins , des
rolandins brouilla les cartes dans la convention.
<Epg=5>pendant cinq mois nos législateurs ne
s'occupèrent que d'un misérable ivrogne dont
la tête ne devait pas peser une once. il fallut
encore une fois que le peuple donnât un grand
coup de collier pour faire aller la machine que
les fripons avaient enrayée, et le 31 mai fût
le dernier acte de la tragédie du 10 août.
§ depuis cette dernière victoire nos ennemis
sont a quia ; la convention, délivrée des jean-foutres
qui jetaient des bâtons dans les roues,
a fait chaque jour, plus de bien que les assemblées
qu'elle a remplacées n'en avaient fait pendant
quatre ans; elle a triomphé de tous les
ennemis du dedans et du dehors. les muscadins
qui étaient à la tête de nos armées, ont
eu de la pelle au cul, et on les a remplacés par
de braves *sans-culottes . les esclaves des
brigands qui se partageaient d'avance les lambeaux
de la république, ont été rossés à plate
couture au *nord et au *midi . les rebelles de
*lyon , de *toulon , ont été pulvérisés. il n'y a
plus de *vendée , foutre. les feuillants, les
royalistes, les aristocrates qui mettaient les
patriotes à chien et à chat, sifflent la linotte.
tous les scélérats qui ont trahi la république
crachent dans le sac. ça va, foutre, et ça ira
encore mieux.
il existe cependant encore des bougres
assez audacieux pour vouloir nous barrer chemin.
les mêmes viédases qui voulaient la
guerre quand nous n'étions pas en force pour
la soutenir, demandent aujourdhui la paix
à hauts cris, pour nous arrêter au milieu de
nos victoires. la paix, tonnerre de dieu $!
<Epg=6>nous ne devons la faire que lorsque tous les
brigands couronnés nous la demanderons à
genoux; lorsqu'ils auront payé les frais
de la guerre. la paix, foutre, non, il ne
peut en exister entre des hommes libres et
des rois. nous ne devons point donner de
relâche à ces mangeurs d'hommes jusqu'à ce
que nous leur ayons rendu tous les maux qu'ils
nous ont faits. oui, foutre, avant que les
républicains rengainent le sabre que ces
monstres couronnés les ont forcé de tirer, il
faut que les rois deviennent l'horreur des
peuples qu'ils ont épuisés pour faire une guerre
injuste, il faut que tous leurs trônes s'éboulent
comme des monceaux de neige aux rayons du
soleil; il faut que les *anglais, les *autrichiens,
les *prussiens, les *espagnols, comme les
*français, jouent à la boule avec la tête de
leurs derniers tyrans.
§ quels sont donc les jean-foutres dont la
langue miellée ose prononcer ce mot de paix?
ce sont des scélérats qui ont la rage dans le
coeur et qui nous préparent dans l'intérieur la
guerre la plus meurtrière. ce sont les mêmes
qui déjà nous ont proposé d'ouvrir les prisons
et de donner la clef des champs aux corbeaux
que nous avons mis en cage. croyent ils donc
que la convention donnera dans un pareil
panneau et qu'elle soit disposée à faire une
nouvelle *vendée . non, foutre, non, avant
que de parler de paix, il faut que les ennemis
<Epg=7>du dehors soient exterminés, il faut que la
république soit purgée de tous les traîtres.
§ législateurs, vous n'abandonnerez point la
barque avant de l'avoir conduite au port. vous
ne quitterez votre poste que lorsque la république
sera sauvée et le règne de la liberté et
de l'égalité assuré. ce n'est pas assez, foutre,
de nous avoir donné une constitution républicaine,
il faut nous en assurer la jouissance,
et vous ne devez pas abandonner le temple de
la liberté que vous avez eu tant de peine à
construire, à des intrigants qui détruiraient
bientôt son culte. votre tâche ne sera remplie
que lorsque vous aurez assuré le bonheur du
peuple. continuez, foutre, de mériter les
bénédictions des *sans-culottes en donnant la
chasse à tous les fripons et en écrasant tous
les ennemis de l'égalité. foutez vous de tous
les complots que l'on osera méditer contre
vous. le peuple est là pour vous soutenir tant
que vous travaillerez pour sa gloire et sa
prospérité.
§ et vous, braves défenseurs de la république,
guerriers républicains, n'êtes vous pas indignés
contre les jean-foutres qui veulent vous ravir
les lauriers que vous allez cueillir? quoi donc,
on ose parler de paix quand vous voyez les
esclaves des despotes fuir devant vous comme
des lièvres $! marchez en avant, reprenez
*condé et *valenciennes . portez le fer et le
feu dans l'*allemagne , la *hollande , l'*espagne .
vengez vos frères d'armes qui ont été massacrés
à vos côtés par les trahisons de l'infâme
<Epg=8> *dumouriez et du traître *custine . mais
je n'ai pas besoin d'exciter votre courage, vous
avez juré de vivre libres ou de mourir; vous
ne déposerez les armes que lorsque la liberté
sera consolidée et quand la république
n'aura plus d'ennemis. c'est alors, foutre,
que vous rentrerez dans vos foyers, et que
nous irons au devant de vous avec des couronnes
civiques. vos amis, vos mères, vos
femmes, vos maîtresses vous serreront, en
pleurant, entre leurs bras, et nous nous en
donnerons des pilles éternelles en buvant à la
santé de la république et de ceux qui l'auront
sauvé, foutre.
<Sda=1794> <numero=338> <semaine=712> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande joie du *père *duchesne ,
de voir que le tocsin de la liberté va se faire
entendre chez toutes les nations, et que la
dernière heure des brigands couronnés est
prête à sonner. ses bons avis à tous les républicains,
pour qu'ils continuent de foutre la
chasse aux esclaves des despotes, jusqu'à ce
que tous ces mangeurs d'hommes soient dégringolés
de leurs trônes.
<edito=1>§quand je rumine tout seul sur les affaires
<Epg=2>publiques, il me passe en la cervelle des idées
à perte de vue. je suis si occupé de mon sujet,
que je l'oublie moi-même, et je voyage dans
le pays des chimères. cependant, foutre,
tout en bâtissant des châteaux en *espagne , en
cherchant à lire dans l'avenir pour savoir tout
ce qui doit arriver, quelques fois j'entrevois
des tableaux si agréables, je forge des projets
qui me paraissent si utiles, que je suis tenté
de les coucher sur le papier. je prends la
plume, je griffonne quelques lignes, puis
tout à coup j'efface, je déchire mon griffonnage,
et j'allume ma pipe; transporté de
colère, je me frappe le front, et je retourne, en
jurant, mon vieux gazon. il te convient bien,
m'écriai je, vieux songe creux, d'entretenir
le peuple de tes rêveries, et de l'occuper d'un
aussi mince personnage que toi, quand tu
ne dois lui parler que des jean-foutres qui le
trompent à la journée, et des complots des
intrigants. ma boutade se passe, et malgré moi,
je reviens encore à mes folies; en dépit de la
raison, je me livre à mon délire, et j'écris
tout ce que je sens, tout ce que je pense. je
me fous du qu-en-dira-t-on. que l'on m'appelle
fou, insensé, je m'en bats l'oeil, et je réponds
<Epg=3>que souvent il y a plus de sagesse et de
bon sens parmi ceux qui sont aux petites
maisons, que dans la tête sans cervelle de
ces grands politiques qui se croient les premiers
moutardiers du pape, qui blâment tout
ce qu'ils n'ont pas fait, et qui ne trouvent
rien de bon dans tout ce qui existe, quoiqu'on
en dise et quoiqu'on glose, je dirai toujours
la vérité à ma manière, et pour la dire , je
choisirai autant que je pourrai les moments de
bonne humeur, car tous les hommes aiment
la gaieté, ils souffrent, sans se fâcher, qu'on
jette des pierres dans leur jardin, et ils profitent
des leçons qu'on leur donne lorsqu'on
les fait rire; mais ils se cabrent quand on les
éperonne trop vivement.
§ braves *sans-culottes , excusez donc mes
lubies, foutre, et pardonnez au vieux marchand
de fourneaux de vous raconter une de
ses visions. en ruminant l'autre jour, comme
je viens de le dire, un vieillard caduc se présente
à mon imagination; il avait l'air si
décrépit qu'à côté de lui je paraissais un cadet.
son visage, quoique couvert de rides, était
encore beau, et ses traits inspiraient le respect;
de longs cheveux blancs tombaient sur ses
<Epg=4>épaules, et une barbe vénérable couvrait toute
sa poitrine, et descendait jusqu'à sa ceinture,
ses bras et ses jambes paraissaient desséchés
par l'âge; cependant il était plein de vigueur,
et il marchait d'un train de poste. une femme
superbe, couverte d'un voile épais, le suivait
de loin, je veux l'arrêter un moment, il
m'échappe, je le conjure de m'entendre et
de satisfaire l'envie que j'ai de le connaître.
<Sat=1>téméraire,<Sat=0> me dit il,<Sat=1> quel est le but de ta
curiosité? sais tu qui je suis? apprends que
rien ne me résiste, que tout est détruit par
moi, que dans ma course rapide je rase les
palais des rois comme les cabanes des bergers,
que je foule aux pieds tous les trônes, et que
je renverse les empires; ce flambeau qui
éclaire l'univers, je l'ai vu s'allumer; ce soleil
qui donne la vie au monde, est moins ancien
que moi; tous ces animaux qui respirent sur
ce monceau de boue, depuis le plus petit
insecte jusqu'à l'éléphant, je les ai vus sans âme;
les eaux de la mer sont rentrées sous mes
yeux dans les limites où la nature a voulu les
renfermer. eh bien, foutre,<Sat=0> lui répliquai je,
<Sat=1>qui que tu sois, tu m'entendras; plus tu es
puissant, plus tu as vu des choses, plus tu en
<Epg=5>sais, plus tu pourras m'instruire. es tu devin,
sorcier, dieu ou diable? je ne te lâche pas
que tu ne me dises ce que tu penses de l'avenir.
tu demandes,<Sat=0> me dit le vieillard,<Sat=1> ce qui ne
peut être accordé à l'homme. et, foutre,
<Sat=0>répondis je,<Sat=1> c'est que je désire savoir si tous les
hommes seront un jour libres et heureux.
tu me parles de liberté,<Sat=0> s'écria t il,<Sat=1> c'est
mon plus bel ouvrage; à peine jusqu'à présent
a t on pu l'entrevoir sur la terre; mais enfin
son règne commence pour ne plus finir. je
suspends ma course pour te parler de cette
divinité chérie, et je vais prendre devant toi
ma forme naturelle, je suis le temps, le créateur
et le destructeur de toutes les choses.
<Sat=0> § en prononçant ces mots, ses vêtements disparaissent;
j'aperçois des ailes sur ses épaules
et une longue faux entre ses mains.
<Sat=1>femme qui me suit, c'est la vérité,<Sat=0> ajouta
t il;<Sat=1> l'ignorance, le mensonge, la mauvaise
foi, la calomnie la font fuir et la dérobent
aux yeux des hommes; mais tôt ou tard je
la venge. et je la montre telle qu'elle est.
<Sat=0>le vieillard fait signe d'approcher à sa belle
compagne: elle s'avance d'un pas timide;
le vieux barbu soulève le voile qui l'entoure.
<Epg=6>je la vois toute nue et dans toute sa beauté. je
me jette à ses pieds et je l'écoute en silence.
<Sat=1>"tu veux savoir de ma bouche,<Sat=0> dit elle,
<Sat=1>quelle sera la destinée de ta patrie? sois
satisfait ! dis au braves *sans-culottes ,
qui combattent avec tant de courage pour
la liberté, que la victoire va partout couronner
leurs glorieux travaux. la dernière
heure des rois est sonnée; c'est en vain
qu'ils se battent contre la mort. tous les
peuples que ces mangeurs d'hommes oppriment,
vont s'armer contre leurs tyrans; mais
pour avancer leur chute, il faut que les *français
se hâtent d'achever leur ouvrage. il faut que
tous les patriotes soient unis comme des frères,
car ce n'est que par l'union et la concorde
qu'ils peuvent exterminer leurs ennemis.
qu'ils ne s'endorment pas dans leurs triomphes.
pour arrêter leurs succès, des hypocrites
leur proposeront la paix, mais ils ne doivent
jamais la faire avec les rois. le premier article
des traités qu'ils concluront avec les peuples
qui se lasseront de combattre pour la tyrannie,
doit être signé avec le sang des despotes. que
la convention continue de se couvrir de gloire,
qu'elle reste ferme et inébranlable à son
<Epg=7>poste jusqu'à ce qu'elle ait purgé la république
de tous les traîtres.
<Sat=0> § lorsque la déesse eut achevé ce discours
elle m'annonça qu'elle allait me faire lire
dans le grand livre des destinées, et me dévoiler
tous les événements qui vont suivre la révolution.
on se doute bien qu'elle était ma joie,
foutre. je vois la république telle qu'elle sera
dans quelques années. les *sans-culottes ne
font plus qu'une seule famille; ils ne connaissent
plus que la sainte égalité; les talents,
les vertus sont récompensés, la vieillesse est
honorée. on ne voit plus de riches insolents,
mais aussi la misère a disparu; le faible est
protégé, l'infirme est secouru et servi par ses
plus de haine, plus de procès; tous
les citoyens respectent les lois et s'y soumettent
aveuglément. il n'existe plus de culte que
celui de la raison; la première idole, c'est la
liberté. les campagnes mieux cultivées, sont
plus fertiles; les villes s'embellissent et deviennent
plus peuplées. partout se retrace
l'image du bonheur. les hommes libres de
tous les pays accourent pour contempler un
si beau spectacle, et toutes les nations imitent
l'exemple des *français. tous les trônes des
brigands couronnés sont renversés, tous les
peuples sont enfin libres,ils jurent paix éternelle
et amitié inviolable à la nation généreuse
qui a brisé leurs fers.
§ voilà un beau rêve, foutre, mais bientôt
il s'accomplira. si nous voulons voir ces
jours heureux, il faut redoubler de zèle et
<Epg=8>de courage. en défrichant le champ de la
liberté, nous n'avons encore cueilli que des
épines; il produira bientôt les fruits les plus
doux, si nous arrachons les plantes venimeuses;
mais, foutre, si nous nous rabattons,
si nous nous endormons, nous n'aurons fait
que de l'eau toute claire. il n'y a plus à reculer,
il faut que nous soyons des hommes libres,
ou les plus vils et les plus malheureux des
esclaves, foutre.
<Sda=1793> <numero=339> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande joie du *père *duchesne ,
de voir que les bons *sans-culottes continuent
de prendre coeur à l'ouvrage, et qu'ils sont
toujours disposés à exterminer les ennemis du
dedans et du dehors. ses bons avis aux braves
*montagnards, pour qu'ils laissent japper tous
les roquets de l'aristocratie qui osent se plaindre
de l'arrestation des hommes suspects. sa
grande motion pour que la bougre de séquelle
qui siffle la linotte, soit promptement embarquée
pour la *cayenne .
<edito=1> § c'est un beau titre que celui de républicain;
<Epg=2>mais, foutre, il y a peu d'hommes qui
méritent de porter ce nom ! ce n'est pas ce
bavard qui crie à tue-tête contre les aristocrates,
ce n'est pas ce bel esprit qui fait de beaux
discours et qui griffonne de gros livres, ce
n'est pas celui qui a toujours le nez en l'air
pour voir de quel côté vient le vent, et qui
tourne comme une girouette du côté des honneurs
et des richesses, ce n'est pas celui qui,
bouffi d'orgueil et dévoré d'ambition, traite
la *sans-culotterie comme une maîtresse qu'il
veut duper, qui la cajole pour obtenir ses
faveurs, et qui se propose de lui tourner casaque
quand il n'en pourra plus rien tirer;
ce n'est pas celui qui prend aujourdhui la
livrée des *sans-culottes , qui se coiffe du
bonnet rouge , ce n'est pas l'homme à moustache,
cet enfonceur de portes ouvertes, qui
jappe de loin comme le chien de la ferme;
qui au lieu d'aller sur les frontières combattre
les ennemis de la liberté, traîne à son cul
de chien un sabre à la *malbrough , et fait le
crâne dans tous les tripots, balaye tous les
bureaux pour demander des places qui ne devraient
être accordées qu'au courage et à la
vertu. non, foutre, non, ce n'sont pas là
des républicains.
<Epg=3> § pour être républicain, foutre, il faut aimer
sa patrie plus que soi-même, ne vivre que
pour elle, lui sacrifier fortune, amis, parents,
tout ce qu'on a de plus cher, être toujours
prêt à verser son sang pour elle; il faut être
bien faisant, juste et surtout honnête homme;
car, foutre, il n'y a pas de patriotisme sans
probité; il faut mépriser l'argent et les dignités,
n'employer ses talents que pour le bonheur
commun. peu de riches se reconnaîtront dans
ce portrait, et pour trouver des bougres tel
que je les peins, il ne faut pas les chercher
dans les palais, ni dans les magasins des gros
marchands et trafiquants,mais dans les greniers
qu'ils habitent. c'est là, foutre, que je rencontre
l'artiste *sans-culotte quoique réduit à la besace
par la révolution, il n'est pas moins joyeux.
<Sat=1>je suis gueux comme un rat d'église,<Sat=0> dit il,
<Sat=1>mais je m'en fous. dans l'ancien régime, je
faisais grande poussière, j'avais de beaux appartements,
des cabriolets, des diamants,
mais il fallait acheter toutes ces folies par
bassesses. j'étais aux gages du dernier pied-plat.
je dépendais des caprices des plus sots
et des plus méprisables personnages. l'ignorant
financier forçait mon pinceau à décorer
<Epg=4>le boudoir de la coquine avec laquelle il
dévorait la substance du peuple; quand je
voulait peindre les grâces et les amours,
une vieille duchesse édentée venait me relancer
dans mon atelier, et bon gré, mal gré,
m'obligeait de faire son portrait. si je rendais
fidèlement ses traits, mon tableau n'était
qu'une croûte; pour lui plaire, il fallait
lui retrouver sa figure de quinze ans, et lui
prêter tous les airs du premier âge. ainsi,
foutre, tous les hommes à talents n'étaient
que des esclaves. je suis libre aujourdhui , et
je puis travailler pour la gloire. le bon temps
reviendra bientôt. les beaux-arts seront protégés
et honorés par la république. on élèvera
des monuments publics à la gloire des
grands hommes; on construira des temples
à la liberté, à l'égalité, à la raison, à la philosophie.
c'est alors que nous ferons une
abondante moisson.
<Sat=0> § c'est ainsi que pense le véritable républicain;
mais ,foutre, veut on connaître la fine
fleur de la *sans-culotterie , que l'on visite
les galetas des ouvriers; c'est là, foutre, que
se trouvent les hommes purs, les véritables
républicains. le pauvre bougre qui vit au jour
<Epg=5>le jour et qui sue sang et eau pour nourrir
sa famille, il faut le voir dans son ménage,
il faut lire dans son coeur pour savoir comme
il aime sa patrie; ce n'est pas pour lui qu'il
est patriote; il ne vise pas aux grandes places;
mais, foutre, comme il a été longtemps
opprimé et avili, comme il connaît le malheur,
il bénit la révolution, il soutient la
république, parce qu'il sait que la république
rendra tous les hommes heureux. quand il
arrive quelque grabuge, quand les aristocrates
manigancent quelques coups de chien contre
la liberté, il prend son sabre et sa pique, il
vole à sa section, et reste sur pied jusqu'à ce
que l'ordre soit rétabli; quand le son du tambour
appelle tous les jeunes citoyens à la
défense de la république, il va lui-même enrôler
ses fils:
<Sat=1>"mes enfants,<Sat=0> leur dit il, en
armant leurs bras,<Sat=1> vous étiez l'espoir de ma
vieillesse; mais avant d'être à moi vous
apparteniez à la patrie; allez combattre ses
ennemis, revenez victorieux, et à votre retour
j'éprouverai plus de joie que le jour où vous
êtes nés; si vous perdez la vie pour la cause
de la liberté, je m'en consolerai en songeant
que vous avez fait le devoir de bons citoyens;
<Epg=6>je marcherai à mon tour et je vengerai votre
mort".
<Sat=0> § quelle différence ,foutre, de ces sentiments
d'avec ceux des hommes de l'ancien régime!
le jour de la milice était un jour de deuil.
le père maudissait son fils quand il lui voyait
la cocarde au chapeau et suivre le racoleur
qui l'avait embauché; mais alors, foutre, le
soldat n'était qu'un misérable esclave. c'était
en pure perte qu'il versait son sang. il combattait
pour la tyrannie, et aujourdhui il défend
la liberté. aussi, foutre, c'est dans les
armées qu'existe le véritable patriotisme. les
guerriers républicains vont au combat aussi
gaiement qu'à la noce. ils endurent sans se
plaindre le froid et le chaud; qu'ils aient le
ventre vide ou plein, ils s'en foutent, et
sans habits, sans bas, sans souliers, on les a
vu cent fois pousser l'ennemi, la baïonnette
dans les reins et enlever des redoutes en dansant
la carmagnole. s'ils tombent sous les
coups de l'ennemi, leur cri est celui
de vive la république .
§ sauveurs de la *sans-culotterie , braves
*montagnards, qui avez fondé la république,
achevez votre ouvrage, foutre. laissez japper
<Epg=7>tous les roquets de l'aristocratie et continuezde mériter les bénédictions
du peuple en le
délivrant de tous ses ennemis du dedans et du
dehors. toute votre force est dans ce peuple
qui vous chérit et qui ne vous abandonnera
jamais; mais, foutre, prenez garde de faire
un seul pas en arrière. des bougres d'endormeurs
osent vous parler de grâce en faveur
des gredins qui sifflent la linotte. songez que
ces viédases , qui mettent aujourdhui les
pouces, aiguisaient,il y a quelques mois, les
poignards pour vous égorger. ils font aujourdhui
les chiens couchants; ils vous flattent,
mais c'est pour mieux vous mordre, si vous
leur donniez la clef des champs. ah, foutre!
si l'assemblée constituante n'avait pas saignée
du nez avant de mettre la clef sous la porte
et d'abandonner le terrain aux amateurs de la
liste civile, si elle avait fait, comme vous,
coffrer tous les feuillants, tous les royalistes,
tous les aristocrates, elle se serait couverte de
gloire et elle aurait empêché le sang de plus
d'un million d'hommes de couler. vous ,*montagnards,
vous, foutre, qui avez réparé ses
sottises en faisant raccourcir le tyran qu'elle
nous avait laissé sur les bras, tandis que
<Epg=8>vous tenez la balle, profitez en. soyez
fermes et inébranlables. achevez d'exterminer
l'aristocratie. purgez la *république
de tous les intrigants, des fripons, des conspirateurs
qui veulent vous faire aller comme
des écrevisses; il n'y a plus à reculer, foutre,
le vin est tiré, il faut le boire. envoyez à
*cayenne toute la séquelle des hommes suspects.
n'allez pas encore une fois mêler
l'ivraie au bon bled; sauvez vous en nous
sauvant, foutre.
<Sda=1794> <numero=340> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande joie du *père *duchesne ,
de voir que le roi *georges-*dandin ne sait plus
à quelle branche se raccrocher, et que sous
peu de jours cet échappé des petits maisons
et milord *pitt vont danser la carmagnole.
ses bons avis aux *ecossais et aux *irlandais
pour les engager à commencer la danse à l'aide
des *sans-culottes français qui se préparent à
s'embarquer et à faire une descente sur leurs
côtes, pour leur donner un bon coup d'épaule.
<edito=1> § dans le royaume des aveugles, les borgnes
<Epg=2>sont rois; c'est à dire, foutre, que lorsqu'on
ne trouve pas mieux, on se contente de
ce qu'on a. le pauvre bougre qui, toute l'année,
est réduit à manger du pain bis, fait carnaval
quand il peut mettre au pot un morceau de
lard. c'est ainsi, foutre, que les *anglais,
dans le temps où ils étaient un peu moins fous
que nous, nous regardaient comme des poupées
et des marionnettes. quand ces bougres
à l'huile voyageaient en *france ,ils trouvaient
à mordre sur tout ce qu'ils voyaient;
tout les offusquait; ils nous appelaient des
esclaves, parce qu'ils portaient des fers un peu
moins lourds que les nôtres; comme nous
cependant ils avaient un roi, ce roi avait
des ministres, ces ministres avaient des coquines,
et le peuple anglais suait aussi sang
et eau pour payer les impôts et pour entretenir
cette bougre de ménagerie, comme nous celle
de *versailles . je me suis souvent pris de
langue et même gourmé à coups de poings
avec ces balourds, qui croyaient être sortis de
la côte d'*adam , qui s'élevaient jusqu'aux
nues, et qui nous ravalaient dans tous leurs
discours.
<Sat=1>il vous convient bien,<Sat=0> leur disais je,
<Sat=1>foutus fanfarons, de blâmer un peuple qui
<Epg=3>vaut mieux que vous, et dont vous ne
parlez que par envie. vous nous reprochez
des vices, et vous en avez de plus grands.
vous dites que nos femmes nous enrôlent
tous dans la grande confrérie, croyez vous
que les vôtres ménagent plus votre front, parce
qu'elles paraissent froides comme des carafes
d'orgeat. les sournoises vous en font aussi
bien porter que les nôtres; elles savent se
venger des coups de canif que vous donnez
dans le contrat, et tandis que milord pot-au-feu
vient semer chez nous ses guinées de
coulisse en coulisse; miladi, de son côté,
prend sa revanche sans avoir l'air d'y toucher ,
et, dans son absence, lui fabrique des marmots
dont il est autant père que l'ivrogne
*capet des avortons maudits engendrés par la
louve autrichienne. oui, foutre, on est aussi
bien cocu à *londres qu'à *paris . on y boit plus
dur, mais c'est de la ripopée. si, par ci, par là,
nous autres *français, nous nous en foutons
des piles, c'est un véritable plaisir; quand le
bon vin nous fait perdre la raison, il nous
donne plus d'esprit, c'est avec lui que nous
noyons nos chagrins, notre ivresse est toujours
gaie; mais, foutre, vous autres, enfants bâtards
<Epg=4>du patriarche qui planta la vigne, les *normands
qui vous ont vaincu ne vous ont appris qu'à
faire la vendange à coups de gaule, quand
vous êtes empaffés de cidre ou de bière, vous
êtes aussi lourds, aussi dégoûtants que le compagnon
de *saint-*antoine , et comme lui, vous
vous vautrez dans votre fumier; ne me vantez
pas votre punch au raki, au rhum. quand vous
sortez des tavernes, le ventre plein de ce
poison, vous êtes furieux comme des taureaux
échappés du combat. passons votre
ivrognerie, et revenons à vos vices.
dans la société vous n'êtes que des ours mal
léchés; jamais vous ne riez que du bout des
lèvres: tristes, maussades, après avoir ennuyé,
pendant trente ou quarante ans, tout ce
qui vous entoure, il vous prend tout à coup
fantaisie de déménager de ce bas monde en
prenant un déjeuner à l'italienne, ou en vous
brûlant votre cervelle mal organisée.
<Sat=0> § c'est ainsi, foutre, qu'on rivait le clou à
ces marsouins de la *tamise avant notre révolution,
mais aujourdhui, quel beau champ
de bataille nous avons pour les bafouer. eux,
foutre, qui se vantaient d'être les seuls
hommes libres de l'*europe , sont les plus misérables,
<Epg=5>les plus avilis de tous les esclaves, et nous
pouvons à notre tour redoubler les croquignoles
sur les bougres de nez à lunette de ces
grands politiques. qu'ils viennent encore
nous parler de rois qu'ils ont mis en cage,
des tyrans auxquels ils ont fait la conduite
de *grenoble , de celui qu'ils ont fait raccourcir,
qu'ils n'osent se vanter d'avoir été
quelques jours républicains, ils ne leur reste
que le deshonneur d'avoir saigné du nez au
moment de la victoire ! après avoir brisé leurs
fers, ils ont eu la bassesse de tendre les bras
pour en recevoir de nouveaux; après avoir
renversé le trône, ils ont été assez lâches pour
le relever eux-mêmes. c'est ainsi que des
nègres se rebiffent quelque fois contre le tigre
blanc qui se nourrit de leur sang; mais leur âme
engourdie par l'esclavage, n'est pas assez forte
pour immoler ce maître barbare; la peur les
saisit au moment d'exterminer leur bourreau;
ils tombent à ses pieds, ils tendent le dos sous
le bâton en criant grâce.
§ voilà, foutre, trait par trait l'histoire de
ces *anglais si orgueilleux, leur fierté est celle
du cheval, il a beau se cabrer et faire quelques
ruades, il est cependant obligé de se laisser
<Epg=6>brider et grimper par le plus petit jockey qui
serre la bride, lui donne de l'éperon et le conduit
où il veut, et comme il veut, au pas,
au trot et au galop, suivant son caprice. aujourdhui,
foutre, c'est un échappé des petites
maisons qui gouverne cette nation que nous
regardions,il y a quelques années, comme la
plus libre de l'*europe . au nom de ce mannequin
couronné, un méprisable polisson a
entrepris de mettre la *france à feu et à sang,
et de culbuter toute l'*europe . tous les badauds
de *londres ont taupé dans tous les projets
à perte de vue de ce jean-foutre, qui leur
a promis plus de beurre que de pain, pour escamoter
leurs guinées, ni plus ni moins que
l'infâme *calonne , le restant de nos écus. maintenant,
foutre, qu'il ne leur reste plus que les
yeux pour pleurer, et qu'ils voyent que milord
*pitt n'a pu tirer que des coups d' épée dans
l'eau, ces têtes à perruques se mordent le bout
des doigts d'avoir été dupes de ce bateleur,
pour les consoler et leur remettre le coeur au
ventre, *georges-*dandin , qui, non content
d'être roi des trois royaumes, prétend encore
être le pape de l'*angleterre , ordonne à
tous ses fidèles sujets de faire un jeûne universel
<Epg=7>pour les menus plaisirs du père éternel,
et afin d'obtenir son secours pour exterminer
tous les républicains
<Sat=1> "goddem" ,
<Sat=0> s'écrient tous
les pauvres *sans-culottes , qui n'ont plus ni
travail ni secours,
<Sat=1> nous ne jeûnons que trop
depuis la maudite guerre que tu as entreprise
sans rime ni raison. s'il ne fallait qu'un carême
pour gagner des batailles et prendre des
villes, nous en avons fait un si long que toute
la *france serait déjà conquise. crois tu nous
attraper avec ta graine de niais,
<Sat=0> disent aussi
tous les marchands ruinés, tous les boutiquiers
qui mettent la clef sous la porte, tous les fabriquants
qui font banqueroute, tous les propriétaires
qui sont accablés d'impôts et qui
serrent les cordons de leurs sacs.
<Epg=1>tire toi,
foutu roi de carreau, du bourbier où tu t'es
engagé et où tu voulais nous précipiter avec
toi, tire t'en comme tu pourras; au lieu de
te donner la main pour t'en sortir, s'il ne faut
qu'un seul coup de pied pour t'y enfoncer nous
te le donnerons, foutre.
<Sat=0> § courage, foutre, courage, braves *ecossais
qui avez jeté le gant et engagé le combat;
ne lâchez pas prise, et vous triompherez.
votre situation est la même que celle de
nos braves *bretons en 1788. ils commencèrent
la danse, et bientôt toute la *france suivit
leur exemple. les *irlandais que *georges-*dandin
et les autres mangeurs d'hommes auxquels
ils a succédé, ont toujours regardé
comme des bêtes à somme, frémissent sous
<Epg=8> le joug. ils vous tendent les bras, et ils n'attendent
que le signal. levez vous ensemble,
armez vous, faites main basse sur vos tyrans,
renversez les bastilles où l'on jette vos défenseurs.
les *sans-culottes français sont là
pour vous soutenir. nos flottes sont prêtes.
devenez ,comme nous,un peuple libre et
indépendant; quand le premier pas sera fait,
*pitt et *georges sauteront le pas, foutre; je
suis bon prophète; suivez les avis du *père
*duchesne , foutre.
<Sda=1794> <numero=341> <quinzaine=72> <semaine=721> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande colère du *père *duchesne .
contre les marchands qui se foutent du
maximum , et accaparent, comme de plus
belle, toutes les denrées;contre les épiciers
qui volent à la journée les pauvres *sans-culottes ;
contre les marchands de vin qui les
empoisonnent plus que jamais avec leur bougre
de mélange; contre les bouchers qui n'ont plus
que de la réjouissance pour les petites pratiques;
contre les cordonniers qui n'ont plus de
cuir pour chausser les *sans-culottes , mais
qui ne manquent pas de carton pour fabriquer
les souliers de nos braves défenseurs. sa grande
joie de voir que petit à petit la vertu de sainte
guillotine nous délivrera de tous ces mangeurs
de chair humaine.
<edito=1> <Sat=2>§ il faut manger pour vivre ,
<Sat=0>foutre, dit très
<Epg=2> savamment *molière ; or donc, les aristocrates
qui savent très bien qu'avant d'être libres il
faut manger, ne trouvent pas de plus court
chemin pour nous mener à la contre-révolution
que de nous couper les vivres. c'était le grand
cheval de bataille des *brissotins . ils avaient
fait *roland grand pourvoyeur de la république;
mais comme de fripon à fripon il n'y
a que la main, le vieux cornard et ses fournisseurs
s'entendaient comme des larrons en foire
pour plumer le pauvre peuple, et lui faire la
loi; car comme on dit$: affamé n'a point
d'oreilles. *coco pêchait en eau trouble, on
lui donnait millions sur millions pour acheter
des subsistances chez l'étranger, et le jean-foutre
au lieu d'aller moissonner dans le *nord
et dans l'*italie , comme il l'annonçait, épuisait
au contraire les départements les plus fertiles de
la république. notre or et nos assignats, au lieu
de nous procurer de l'abondance, servaient à
amener la famine. les rolandins, les *brissotins,
les buzotins et toute la bougre de séquelle
aristocratique et fédéraliste ont perdu
le goût du pain, et nous autres *sans-culottes ,
nous avons bon appétit, nous voulons vivre
libres et heureux; nous avons du pain maintenant,
<Epg=3>grâce aux décrets de la convention et
à l'armée révolutionnaire, qui a mis les fermiers
au pas, mais surtout par la vertu de
sainte guillotine.
§ notre premier bien c'est le pain, je le
sais, foutre, quand on en a, on ne meurt
pas de faim, mais ce n'est pas assez, tonnerre
de dieu, que de ne pas mourir, il faut que
les *sans-culottes , en travaillant, vivent
joyeux; avec ce pain, il faut un peu de
fricot; il leur faut la goutte patriotique
pour les ravigoter quand ils sont exténués de
fatigue; il leur faut des habits, des chemises,
des souliers, ou tout au moins des sabots;
et bien, foutre, si on n'y met promptement
ordre, pas un *sans-culotte ne pourra bientôt
plus mettre le pot-au-feu, nous boirons de
l'eau comme les cannes, ce qui, suivant moi,
est le supplice qui ne doit être réservé qu'aux
modérés, aux aristocrates, aux royalistes et
aux phélippotins , enfin, nous serons obligés
de marcher nus comme des petits *saint-*jean.
§ oui, les accapareurs se foutent du maximum
et ils recommencent sur nouveaux frais
tous leurs tripotages pour nous affamer et nous
réduire à la plus affreuse misère. les cultivateurs,
<Epg=4> les fermiers qui cependant ont tout
gagné à la révolution, sont aussi voraces
que les bêtes fauves qui ravageaient autre fois
leurs moissons. ils oublient ce que les *sans-culottes
des villes ont fait pour eux; ils ne se
souviennent plus de ceux qui les ont délivré
de la taille, de la gabelle, de la chasse et de
toutes les mangeries de l'ancien régime. ils
ne réfléchissent pas que c'est aux villes que
les campagnes doivent toutes leurs richesses;
car, foutre, que feraient ils de leurs denrées,
ces cultivateurs si ladres, s'ils n'y avaient pas de
villes pour les consommer? sans doute il n'y a
pas d'homme plus utile, plus respectable que
celui qui laboure la terre et qui l'arrose de
ses sueurs pour nourrir son semblable.j'aime
de tout mon coeur celui qui plante la vigne,
celui qui élève et engraisse les troupeaux qui
servent à nous nourrir et à nous habiller;
mais, foutre, le *sans-culotte qui file la laine
du campagnard, qui en fabrique des étoffes,
celui qui forge le soc de sa charrue et les
armes avec lesquelles on extermine les ennemis
de la république, ne sont ils pas aussi de
braves bougres et des hommes aussi précieux?
tous les hommes qui travaillent sont égaux
<Epg=5> devant la loi; elle doit tous les protéger. les
habitants des campagnes n'ont pas plus le droit
d'affamer leurs frères des villes, que ceux-ci
d'épuiser les campagnes, et de s'engraisser du
sang des cultivateurs. nous ne faisons tous
maintenant qu'une seule famille; le riche doit
partager avec le pauvre; celui qui est fort doit
aider celui qui est faible; l'homme d'esprit
doit éclairer, instruire celui qui a le malheur
de ne connaître ni a ni b; il faut que tous les
bons républicains se tiennent par la main,
foutre, et qu'ils soient unis comme des frères.
malheureusement, foutre, il y a peu d'hommes
qui pensent ainsi. tous ont dans la bouche
les mots de liberté et de l'égalité, et si peu de
gens l'ont dans le coeur ! chacun plaide pour
son saint, et cherche à tirer son épingle du
jeu. c'est à qui sera le plus fin: l'un veut
être libre, et, pour remplir son coffre-fort,
tous les moyens lui sont égaux; l'autre cherche
les honneurs, et, pour y parvenir, il rampe
d'abord, et ensuite il écrase tout ce qui s'oppose
à son passage. mais, foutre, je le répète,
parmi tous ces égoïstes, cette peste publique,
il n'est point de plus coupable que ceux
qui spéculent sur le travail des *sans-culottes ,
<Epg=6> et qui s'engraissent de leur sang. il est temps
foutre, que la *convention donne le coup de
grâce à tous les scélérats, qui bravent ses
décrets et qui veulent tous nous mettre à la
besace.
§ n'est il pas bien foutant de voir tous les marchés
dégarnis depuis que la *convention a
rogné les ongles aux accapareurs. tous les
marchands, depuis le plus petit jusqu'au plus
gros, semblent s'être donné le mot. le boucher
n'a plus que de la réjouissance et des os pour
les petites pratiques; le marchand de vin,
quand vous vous plaignez d'avoir été empoisonné
par son foutu mélange, vous ricanne
au nez, en vous disant que c'est du maximum .
le cordonnier n'a plus de cuir pour chausser
les *sans-culottes , mais en récompense, il
ne manque pas de carton et de papier mâché
pour fabriquer les souliers des défenseurs de
la patrie. les regrattiers n'ont plus de beurre
ni d'oeufs que pour les grosses bouches; les
épiciers (je suis pas las d'en parler, foutre) ils
vous vendent de la poussière de bois pourri
pour du poivre, de l'huile d'oeillet pour celle
de *provence ; des fèves brûlées pour du café.
§ les riches rient sous cape de tous ces brigandages;
<Epg=7> car, foutre, ils n'ont pas de plus
grande jouissance que de voir pâtir les *sans-culottes
plus la misère est grande, plus ils
font bonne chair. rira bien qui rira le dernier,
foutre. *sans-culottes mes amis, vous avez
pour vous la raison, la justice, la loi. on veut
vous réduire par la faim, mais soyez fermes
et constants, et vous forcerez tous vos ennemis
à mettre les pouces. surveillez tous les jean-foutres
qui jouent au fin et qui trafiquent les
subsistances. suivez les dans les campagnes,
lorsqu'ils vont dans les fermes acheter les denrées
pour les empêcher de circuler; dénoncez
ces fermiers cossus qui refusent de vendre
leurs boeufs, leurs moutons et leurs porcs,
pour forcer la main des acheteurs. soyez tranquilles,
foutre, la convention est là pour vous
soutenir et pour faire respecter ses lois. si
les riches s'obstinent à tourmenter les pauvres,
s'ils continuent de manigancer la disette et la
famine, il arrivera quelque matin un bon
décret qui leur coupera les vivres à eux-mêmes.
oui, foutre, je voudrais que lorsqu'il y aura
la moindre apparence de disette, il soit
décrété que les riches, les marchands, les
gros fermiers et tous ceux qui sont reconnus
<Epg=8> pour être les affameurs du peuple, soient
condamnés à faire carême; bientôt l'abondance
reviendrait, foutre.
<Sda=1794> <numero=342> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande joie du *père *duchesne .
au sujet du décret de la convention, qui donne
la clef des champs aux deux braves *sans-culottes
*ronsin et *vincent . ses bons avis
à tous les républicains, pour qu'ils se
tiennent sur leurs gardes, attendu qu'il existe
un nouveau complot des royalistes et des
*brissotins pour perdre tous les bougres à poil
qui ont fait la révolution du 31 mai, et qui
ont sauvé la montagne et la république.
<edito=1> § encore une victoire des patriotes sur les
<Epg=2> intrigants, les fripons et les aristocrates. deux
de mes compères, braves bougres, s'il en fût
jamais, le *sans-culottes *vincent et le général
*ronsin , avaient été dénoncés à la convention
comme des contre-révolutionnaires, les phélippotins
les accusaient d'être des agents de
*pitt et de *cobourg ; les aristocrates faisaient
chorus et, de leur côté, ils criaient haro sur
ces deux républicains.
<Sat=1> "s'ils sont des traîtres,<Sat=0>
disaient les *sans-culottes ,<Sat=1> nous les renions
et nous demandons qu'ils soient raccourcis;
mais, tonnerre de dieu, s'ils sont innocents,
il faut qu'on leur rende une bonne et prompte
justice"."rien de plus juste,<Sat=0> répondaient nos
braves *montagnards;<Sat=1> mais il faut débrouiller
tout ce tripotage; car si l'on donnait la clef
des champs à des patriotes, avant d'avoir confondu
leurs calomniateurs, on aurait l'air de
leur faire grâce, et les républicains n'en
veulent point. cependant il est foutant, pour
des bougres aussi francs du collier, de siffler
la linotte pendant près de deux mois; d'être
confondus avec les ennemis du peuple, et
de manger à la gamelle des aristocrates; mais
foutre, il est beau de souffrir pour la patrie.
<Sat=0> un républicain aime à faire voir les blessures
<Epg=3> qu'ils a reçues en combattant pour la liberté,
eh bien $! foutre, nous qui combattons les ennemis
de l'intérieur, nous devons aussi nous
attendre à recevoir quelques bordées. plus un
patriote est persécuté, plus il sera récompensé:
les injures, les libelles, les dénonciations
des modérés, des intrigants et des
royalistes sont autant de couronnes civiques.
quel est, foutre, le bon républicain qui ne
se glorifie pas aujourdhui d'avoir été pourchassé
par les hoquetons bleus de *bailly et de
*la-*fayette ; d'avoir été appelé factieux par le
cocâtre *dandré ; d'avoir été plongé dans les
cachots, quand les patriotes étaient égorgés au
*champ-de-*mars ; d'avoir escamoté la guillotine,
quand les *brissotins faisaient la pluie et
le beau temps, et lorsque l'infâme comité des
*douze , comme *kénoir et *sartines , faisait
arracher, la nuit, le citoyen des bras de sa
femme, et enlever les magistrats au milieu de
leurs fonctions.
§ *ronsin , *vincent , mes vieux camarades,
ne vous plaignez donc pas de votre sort, foutre.
déjà vous pouvez vous vanter d'avoir été
persécutés par les royalistes et les aristocrates,
après avoir fait face à l'avant-garde et au corps
<Epg=4> d'armée des contre-révolutionnaires, vous deviez
vous attendre à quelques chiquenaudes
de la part des traîneurs. toi, général de l'armée
révolutionnaire, bougre à poil, dont la
plume et le sabre sont également redoutables
aux ennemis de la liberté; ceux qui t'ont accusé
de lâcheté, oseraient ils ôter un seul poil
de ta moustache? quand tu te donnais de si
bons coups de peigne avec les brigands de la
*vendée ,que faisait ce *phélippotin qui a voulu
te lâcher le coup de pied de l'âne? dans son
carrosse doré, il fuyait à toutes brides et il
tournait le cul aux intrépides lurons qui faisaient
danser la carmagnole à l'armée royale
et catholique? a t il humé de loin seulement
la fumée du canon, quand tu combattais
comme un lion à la tête des bataillons; quand
le danger était passé, il revenait en poste sur le
champ de bataille faire claquer son fouet, parler
des boulets qui avaient caressé son panache.
on ne peut être sali que par la boue; fous toi
de toutes les calomnies des intrigants et va
ton train. achève de démolir les nids des
aristocrates de *lyon ; extermine tous les fédéralistes;
continue d'être la terreur des aristocrates
et des accapareurs.
<Epg=5> § et toi, véritable *sans-culotte , ami *vincent
qui n'as jamais bronché d'un pas depuis la
prise de la *bastille, franc cordelier, que les
phélippotins de 1789 appelaient un factieux,
un désorganisateur, un anarchiste; toi qui
n'échappas au fer des assassins du peuple au
*champ-de-*mars , que pour être plongé dans
les cachots de la *conciergerie ; toi que j'ai
toujours vu pauvre et vertueux batailler sans
relâche avec les ennemis de l'égalité; toi que
j'ai vu environné de poignards, quand on a
donné de la pelle au cul à tous les muscadins
qui étaient à la tête de nos armées; toi qui
as flairé de cent lieues l'infâme *dumouriez ,
qui as prédit sa trahison dans le temps où il
jetait de la poudre aux yeux des meilleurs
patriotes; toi, foutre, qui as de même dévoilé
toutes les manigances du traître *custine et
de son palefrenier *houchard , tu avais à dos
trop de coquins pour n'être pas persécuté.
mais, foutre, comme je l'avais prédit, tricherie
revient à son maître; la vérité est
plus forte que toutes les intrigues. celui qui
te dénonçait comme un agent du roi *georges-*dandin ,
est maintenant démasqué; son palais,
ses châteaux, ses riches ameublements, son
<Epg=6> carrosse, ses beaux chevaux ne sont pas sortis
des brouillards de la *seine ; mais, foutre,
c'est pour lui et ses complices que la *tamise
est un fleuve d'or et une source de richesses.
toi, pauvre diable, qui sortiras aussi pur de
ta place que tu y es entré, ne va pas jeter
le manche après la cognée; que tes yeux
perçants ne se lassent point d'examiner toutes
les intrigues, et de lire dans le coeur de tous
les hypocrites; frappe à coups redoublés sur
les fripons et les traîtres: sois toujours inflexible
pour les aristocrates ; qu'ils te reprochent
d'être un cerbère, un ours mal léché;
tant mieux, foutre; mais aussi ne cesse pas
d'être le soutien des patriotes, le défenseur
des généraux *sans-culottes et l'appui du
soldat.
§ *sans-culottes , mes amis, qui êtes témoins
de tous les coups de chien que l'on manigance
contre les patriotes, soyez plus que jamais
sur vos gardes; car, foutre, il y a encore
bougrement de *brissotins et de royalistes. la
guillotine nous délivre des plus connus, mais
il y a tant d'aristocrates déguisés, tant de jean-foutres
qui singent le patriotisme, que si les
républicains s'endormaient un seul instant, à
<Epg=7> leur tour, ils seraient exterminés. on ne s'amuserait
pas à les juger. oui, foutre, si les
aristocrates pouvaient un seul instant jeter le
grapin sur nous, les *jacobins, les *montagnards
seraient écrasés comme des mouches. il existe
un complot abominable contre les bougres à
poil qui ont fait la révolution du 31 mai. les
complices des *brissotins et des *girondins
craignent pour leur peau; ils savent, foutre,
qu'ils frisent la guillotine, et ils emploient
le vert et le sec pour se délivrer des hommes
courageux qui leur portent ombrage. cependant,
foutre, sans cette révolution, où en
serions nous? les rebelles de *lyon , de *toulon ,
de *marseille nous feraient la loi. les brigands
de la *vendée seraient aux portes de *paris ,
ou plutôt *paris n'existerait plus. la prophétie
de ce bougre d'*isnard serait accomplie; pas
plus de convention que dessus ma main. pas
un seul montagnard ne verrait le jour. *pitt
et *cobourg se partageraient les lambeaux de
la république.
§ républicains, achevez votre ouvrage; tenez
bon, foutre: ralliez vous sans cesse autour de
la montagne qui, avec vous, a sauvé le vaisseau
au milieu des orages et des tempêtes.
<Epg=8> nous essuierons encore quelques bourrasques;
mais le plus fort est fait. les patriotes pourront
encore être tourmentés quelque temps; mais
leur triomphe est assuré; oui, foutre, tant
qu'ils seront unis , ils seront invincibles; mais
le jour où ils cesseront de s'entendre, serait
le dernier jour de la république. union, courage,
persévérance, voilà notre cri de ralliement;
vive la liberté, l'égalité ! vive la convention,
vive la montagne, foutre!
<Sda=1794> <numero=343> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande colère du *père *duchesne .
en passant en revue tous les brigands couronnés
et les esclaves qui nous font la guerre. sa
grande joie de voir arriver au printemps la
grande débâcle qui fera tomber tous les trônes
comme des quilles. ses bons avis à tous les
peuples, pour qu'ils fassent danser la carmagnole
à tous les rois, à tous les empereurs,
et qu'ils mettent avec nous leur tête dans un
bonnet, afin d'étouffer tous ces mangeurs
d'hommes et cette poignée de bêtes féroces
qui s'engraissent du sang des *sans-culottes .
<edito=1> § ah $! foutre, si le premier homme revenait
<Epg=2> sur la terre, quelle serait sa douleur de
voir toutes les sottises et tous les crimes de
ses descendants; que dirait il, en contemplant
tous les animaux à deux pieds, qui sont
sortis de lui et que couvrent toute la surface de
la terre, se déchirer les uns les autres?
pourrait il retenir ses larmes en voyant tant
de nations dans l'esclavage? on nous dit,
foutre, que le pommier fatal dont il partagea
le fruit avec la mère *eve , que ce maudit
arbre de *normandie , était celui de la science
du bien et du mal, c'est du moins ce que le
diable persuada à sa femme pour lui tourner
la tête; la sotte se lassa d'être ignorante et
innocente, elle voulut tout savoir et tout
connaître. son badaud de mari se fia comme
elle aux paroles du serpent, et il mordit le
fruit défendu. mais le diable n'était qu'un
*gascon ; car, foutre, si cette pomme avait
eut la vertu de lui donner la science, il aurait
lu l'avenir , au lieu de peupler la terre
des plus méchants et de plus cruels animaux,
il l'aurait abandonné aux tigres et aux bêtes
féroces, qui du moins respectent leur espèce
et ne se dévorent pas entre eux.
§ oui, foutre, je voudrais que le papa du
<Epg=3> genre humain fût un moment témoin de tout
ce qui se passe aujourdhui . en entendant
ronfler le canon du *nord au *midi ;en voyant
partout forger des armes, toutes les mers
couvertes des vaisseaux , des fourmilières
d'hommes s'exerçant aux combats, partout
les apprêts de mort et du carnage, des
villes réduites en cendres, les campagnes
inondées de sang, et à chaque pas des monceaux
de cadavres,
<Sat=1>"où suis je",<Sat=0> s'écrierait il.
<Sat=1> "quel est cet affreux désordre? ai je pu donner
le jour à cette race criminelle? ah $! je reconnais
les enfants de *caen ! pourquoi, monstres
féroces, égorgez vous vos frères? d'où vous
vient cette soif du sang de vos semblables?
qu'espérez vous en vous détruisant ainsi ?
pourquoi commettez vous tant de forfaits
contre la nature?" nous n'en savons rien,
<Sat=0> répondraient les rustres de *prusse et d'*autriche ,
<Sat=1> mais notre auguste monarque, notre
grand roi *frédéric , et notre très cher souverain
et maître, l'empereur, le veulent, nous
n'avons pas le droit de souffler le mot, et de
fidèles sujets comme nous doivent se trouver
trop heureux de mourir pour leur princes. il
est vrai que nous sommes les plus malheureux
<Epg=4> des hommes, que nous suons sang et eau pour
payer les impôts; que nous sommes si accablés
sous le fardeau que nous ne saurions plus
tenir, et que nous sommes prêts à crever de
fatigue et de faim; mais c'est égal. "eh $! quels
sont donc, foutre,<Sat=0> s'écrierait le premier père,
<Sat=1> ces deux monstres pour qui vous vous sacrifiez
ainsi?"... s'il faut vous le dire franchement,
mais tout bas, l'un est un grand,
gros et large butor qui ne sut jamais que
boire et dormir; pendant la paix, il s'amusait
à jouer des gobelets et à faire des cocus;
tout à coup l'ivrogne a pris le mors aux dents,
et parce qu'il était neveu d'un grand guerrier,
il a rêvé qu'il serait aussi un fameux conquérant.
il est allé chercher une querelle d'allemand
à un peuple qui ne devait avoir rien à
démêler avec lui, et dans l'espérance de rendre
esclaves vingt cinq millions d'hommes, il a
vidé son coffre-fort, et nous a réduit à la
besace. après avoir été étrillé, comme il le
méritait, après avoir fait périr cinquante à
soixante mille hommes, il est revenu tout
penaud; trop heureux d'en avoir réchappé, il
devait du moins s'en tenir là; mais y a t il
dans le monde animal aussi têtu qu'un roi.
<Epg=5> sur nouveaux frais, il a recommencé la danse
et il payera les violons, foutre. l'autre viédase
que tu veux connaître est un foutriquet
qui n'a pas encore de barbe , sa grande passion
était de prendre des grenouilles, au lieu de
s'en tenir à ce qu'il avait de poisson pêché
et de vivre en paix pour réparer tous les maux
que le jean-foutre qu'il remplaçait avait fait
à ses sujets, il les a au contraire jeté de fièvre
en chaud mal, et il joue maintenant sa couronne
royale et impériale à pair ou non.
§"quoi$! c'est pour de pareils bougres que les
hommes s'entre-égorgent ! quoi $! vous êtes
assez imbéciles pour ne pas vous délivrer des
scélérats qui vous arment les uns contre les
autres ! quoi $! c'est pour les menus plaisirs
d'un ivrogne et d'un blanc bec que vous versez
des flots de sang !" ce n'est encore rien, père
*adam , puisque vous êtes en train de donner
la correction à toute la grande famille,allez
aussi demander aux *hollandais, pourquoi ils
sont de même transportés de la rage d'égorger.
eux qui ont autrefois connu la liberté, ils
devraient protéger ceux qui veulent devenir
libres. ils ont secoué le joug des rois et ils
sont aujourdhui les plus vils esclaves. ils
<Epg=6> prodiguent toutes leurs richesses, ils versent
leur sang pour soutenir la tyrannie, et ils se
laissent museler par une putain; mais, foutre,
ce qui va vous fâcher encore davantage, c'est
de voir le pays de *brutus , *rome gouvernée
par un prêtre. ah $! père *adam , quelle kyrielle
de meurtres, d'assassinats, d'empoisonnements!
jamais la guerre , la peste et la famine n'ont
autant détruit d'hommes que les monstres
sacrés qui font ici baiser leur mule à votre
race badaude et crédule. vous allez frémir
d'indignation en jetant un regard sur l'*espagnol
abruti. voyez la terre la plus fertile, sans
culture, les plus riantes campagnes presque
désertes, les villes dépeuplées, les routes, les
grands chemins remplis de moines et de mendiants;
un peuple stupide et bigot n'ayant
d'autre amusement que le combat du taureau
et les bûchers de l'inquisition, des hommes
couverts de vermine, de reliques et de scapulaires,
jeûnant toute l'année encore plus
par fainéantise que par cagoterie, toujours à
genoux devant les calotins, massacrant les
femmes et les enfants de ceux qui ne croyent
pas que *saint-*jacques est un des cordons
bleus de la cour du père éternel et le premier
favori de la vierge *marie .
§ mais, foutre, le tableau qui vous révoltera
davantage , vieux papa, c'est celui de l'*angleterre .
c'est là, foutre, que vous verrez un
peuple orgueilleux dans la servitude, un ours
lié et garrotté qui ose se vanter de sa liberté; des
marchands, des banquiers, des écumeurs de
<Epg=7> mer qui veulent envahir toutes les richesses
de l'univers, un échappé des petites maisons,
et qu'un polisson mène par le nez, régnant
sur cette nation avide et sanguinaire, des têtes
à perruque et sans cervelle oser tenir la place
du représentant du peuple et trafiquant sa
liberté avec le tyran.
§ voilà, père *adam , les scélérats qui, depuis
quatre ans ont fait immoler plus d'un million
de vos petits enfants. vous frémissez; vos
cheveux se dressent; vous désirez qu'un nouveau
déluge vienne engloutir cette postérité
avilie et dégradée qui vous déshonore; mais,
foutre, pour vous consoler, jetez un regard
sur un peuple généreux, la seule espérance de
votre race. les *français, vos dignes enfants,
ont juré de réparer tous les maux qui affligent
leurs frères; ils sont armés; ils combattent,
mais c'est pour exterminer les tyrans, c'est
pour purger la terre des brigands couronnés,
de cette poignée d'assassins qui s'engraissent
du sang des hommes. la victoire couronne
leurs efforts. ils ont juré guerre éternelle aux
despotes et amitié inviolable à tous les peuples
qui voudront être libres. ils ne veulent plus
connaître que la liberté, l'égalité, la fraternité,
et ils n'ont d'autre culte que celui de la
raison et de la justice; il faut espérer que bientôt
tous les peuples suivront leur exemple et
que tous les hommes vivront en paix, foutre.
<Sat=0> § après avoir ainsi passé en revue tout le genre
humain, notre premier père pourrait se consoler
dans cette espérance; mais, foutre, si
<Epg=8> nous-mêmes nous détruisions notre ouvrage;
si, au lieu d'être unis comme des frères, nous
pouvions nous déchirer, nous n'aurions fait
qu'un beau rêve, notre liberté, notre bonheur
et celui de tous les peuples seraient ajournés
jusqu'au jugement dernier, et il serait à souhaiter
que la gourmande *eve , eut cassé tous
les oeufs de la nichée, foutre.
<Sda=1794> <numero=344> <semaine=722> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande joie du *père *duchesne .
de voir tous les ouvriers républicains forger
des armes pour exterminer les tyrans et les
*parisiens fabriquer à force le salpêtre qui
va foudroyer tous les trônes des despotes.
ses bons avis à tous les *sans-culottes pour
qu'ils continuent de prendre coeur à l'ouvrage,
en leur annonçant qu'avant qu'il soit l'âge
d'un petit chien le drapeau de la liberté
flottera sur les murs de *condé et de *valenciennes .
<edito=1> § les rois sont aussi sots qu'ils sont scélérats.
<Epg=2> non, foutre, je ne connais rien de si stupide
que le monstre qui porte une couronne,
si ce n'est la brute qui lui obéit, et qui
rampe sous ses lois. quelqu'en soit, dans mon
humeur noire je me rappelle toutes les fanfaronnades,
tous les châteaux en *espagne des
mandrins qui nous font la guerre, le coeur
me saigne en songeant à toutes les sottises
que ces mangeurs d'hommes ont faites depuis
quatre ans, et je gémis, foutre, de voir tant
de peuples enchaînés et tant de millions
d'hommes victimes des caprices et de la rage
d'une poignée de brigands qu'il est si facile
de détruire et qui ne valent chacun qu'un coup
de poignard. habitants du *nord , vos coeurs
sont ils donc aussi glacés que vos rochers?
ne seront ils donc jamais échauffés du feu
sacré de la liberté? les ours de vos forêts
sont moins abrutis que vous. leur instinct
leur apprend à vivre dans l'indépendance. jamais,
foutre, vous ne pouvez les dompter.
celui que vous avez pris dans vos pièges et
que vous muselez, vous épouvante de ses
rugissements, et quand il ne peut dévorer son
maître, il l'étouffe.
§ dans je ne sais quel chapitre, le premier
<Epg=3> prédicateur de la *sans-culotterie , le bon, le
brave *rousseau a dit que pour être libre, il
suffit de le vouloir.pourquoi donc, foutre,
tous les peuples ne sont ils pas libres? tous
les hommes cependant désirent l'être. le
mot sacré de liberté est dans toutes les bouches,
et presque toutes les nations languissent dans
l'esclavage; il faut espérer cependant que
bientôt les hommes ouvriront les yeux, et que
la terre sera purgée de la peste des rois. le
combat est engagé entre la liberté et le despotisme;
la raison et la justice triompheront.
oui, foutre, je le prédis, et je ne serai pas
un faux prophète, tous les tyrans seront
immolés; eux-mêmes ils ont filé la corde qui
doit les pendre, et ils ne font plus que se
battre contre la mort; leur dernière heure
va sonner; tous leur trônes sont ébranlés, et
ils vont être engloutis sous leurs débris.
§ ces jean-foutres savent maintenant ce que
peut le bras des républicains. ils croyaient,
au commencement de la guerre, que ce n'était
qu'une promenade que d'aller de *berlin et de
*vienne à *paris . d'avance ils se partageaient
les lambeaux de la *france .
<Sat=1> "moi, comme
empereur et chef du *saint-*empire ,<Sat=0> disait le
<Epg=4> muscadin *françois ,<Sat=1> j'aurai la première et la
meilleure part du gâteau, la fève m'appartient,
je retiens donc la *lorraine , la *flandre ,
l'*alsace , etc. j'y consens,<Sat=0> répondait le grand
escogriffe de *prusse ,<Sat=1> mais à condition que tu
m'abandonneras le pillage de *paris et que la
*bourgogne et la *champagne seront dans mon
lot, car j'aime le bon vin."
<Sat=0> c'est ainsi, foutre,
que ces deux mandrins se disputaient la peau
de l'ours avant de l'avoir couché par terre,
comme dit la chanson. pour mettre le coeur
au ventre de leurs pandores, ces deux garnements
leur promettaient plus de beurre que de
pain. les troupeaux d'esclaves qui marchaient
à leur suite se flattaient d'arriver tout bottés
et sans résistance aux portes de *paris . déjà ils
nous débusquaient des *porcherons et de la
*courtille . c'est là, qu'en buvant le vin des
républicains, ils espéraient partager le butin,
après avoir pillé, saccagé et brûlé tous les nids
de cocus des pauvres badauds.
<Sat=1> " choulis p-tit
femmes, choulis p-tit horloges",
<Sat=0> disaient ces
mangeurs de choucroute dans leur baragouin;
mais quand on compte sans son hôte, il faut
compter deux fois. les balourds ne se doutaient
pas qu'entre eux et *paris , il y avait
<Epg=5> un rempart de vingt-cinq millions d'hommes.
oui, les vagabonds sont entrés en *france ,
mais c'est pour engraisser de leur sang les
campagnes qu'ils avaient ravagées. ils ont
passé le *rhin , mais, foutre, c'est pour laisser
leurs os sur le rivage; oui, ils ont pénétré
dans la *champagne ; ils ont fourragé dans les
vignes des républicains, mais, foutre, ils
ont perdu le goût du pain. ils devaient une
bonne fois se souvenir de la conduite de
*grenoble , que les soldats de la liberté leur
avaient fait, et ne pas revenir à la charge.
une seconde fois ils se sont fait étriller et
écharper; maintenant, foutre, que ces soldats
de la royauté, que ces enfonceurs de portes
ouvertes sont aussi clairsemés que les épis
dans un champ ravagé par la grêle; maintenant
que la république possède quatorze armées
et que douze cent mille bougres à poil
sont sur pied pour faire danser la dernière
carmagnole aux brigands couronnés; ces esclaves
jouent des jambes et ils fuient de tous
côtés comme des lièvres dans une battue. ils
ne songent plus aux choulis p-tit femmes , aux
choulis p-tit horloges , et ils y renoncent,
comme leurs maîtres aux provinces qu'ils convoitaient.
<Epg=6> mais,foutre, puisque le vin est
tiré, il faut le boire.
§ dans quelques jours nos champs vont reverdir.
le soleil en se rapprochant de nous ,
va donner la vie à toute la nature, mais son
retour annonce la chute de tous les trônes.
ils vont tomber comme la neige du haut des
montagnes; pour la dernière fois, il éclairera
les crimes des despotes. nos braves guerriers
qui, pendant l'hiver, se sont exercés aux
combats, vont sortir de leurs cantonnements,
ils vont couvrir toutes les frontières. les
armes que nous avons forgées, vont exterminer
tous les ennemis de la liberté. du
*nord au *midi , tout retentit du bruit du
canon. encore quelques jours, et le drapeau
tricolore flottera sur les murs de *condé et de
*valenciennes . les patriotes liégeois rentreront
dans leurs murs, et ils y planteront l'arbre
de la liberté, mais, foutre, il prendra
cette fois; et il ne se trouvera pas un second
*dumouriez pour l'arracher. la *belgique sera
libre tout de bon, les *sans-culottes hollandais
prendront le bonnet rouge, et les gros
marchands de morue de *la-*haye et d'*amsterdam
nous payeront les frais de guerre.
l'infâme *pitt dansera en l'air et le roi *georges
essayera à son tour la cravate de *capet .
§ les gazetiers d'*allemagne nous annoncent
que leurs majestés qui leur graissent la patte
pour mentir à tant la ligne, vont aussi faire
lever en masse leurs fidèles sujets, c'est à dire,
foutre, que les racoleurs ne pouvant plus
<Epg=7> étrenner, on va essayer de faire marcher à
coups de bâton les paysans de la *bohême et
de la *hongrie . une pareille recrue sera en
effet une véritable masse, sans âme et sans
mouvement. il n'y a que l'amour de la liberté
qui puisse arracher le cultivateur de sa
charrue. non, foutre, il n'appartient qu'à des
hommes libres d'abandonner leurs foyers, et
de se séparer de leurs femmes et de leurs
enfants pour voler à la défense de la patrie.
l'esclave, en combattant pour son maître, ne
fait que river ses fers; mais le républicain
travaille pour son compte, et il ne verse pas
inutilement son sang; ce n'est pas à coups de
fouet qu'on le fait marcher; quand le bruit
du tambour le réveille, il vole au combat en
chantant. ah $! foutre, si les despotes voyaient
quel zèle, quel courage anime tous les jeunes
*français, s'ils connaissaient l'ardeur de tous
les ouvriers républicains, pour forger les armes
qui doivent anéantir la tyrannie s'ils savaient
de quelle manière les braves *parisiens fabriquent
le salpêtre qui va foudroyer leurs esclaves,
comme ils se mordraient les pouces
d'avoir entrepris une guerre injuste d'où ils
sortiront comme arlequin.
§ braves républicains, redoublez d'ardeur,
et battez le fer pendant qu'il est chaud; soyez
unis, je ne cesserai de vous le répéter; marchez
tous de bon accord, et vous allez
écraser tous vos ennemis de l'intérieur et du
dehors. encore un grand coup de collier, et
la république est sauvée, et vous allez être à
<Epg=8> jamais libres et heureux. soyez sur vos gardes;
gare les trahisons; sans les traîtres, depuis
longtemps vous seriez au port. le plus difficile
à écorcher, c'est la queue, foutre.
<Sda=1794> <numero=345> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande colère du *père *duchesne
de voir que les marchands et les accapareurs
se foutent du maximum . sa grande motion
pour que les bouchers qui traitent les *sans-culottes
comme leurs chiens, et qui ne leur
donnent que des os à ronger, jouent à la main
chaude comme tous les ennemis de la *sans-culotterie ,
ainsi que les marchands de vin
qui font vendange sous le *pont-*neuf , et qui
empoisonnent avec leur ripopée les joyeux
républicains.
<edito=1> § je prends le mors aux dents, foutre.
<Epg=2> transporté de colère, je fous de côté mes
fourneaux pour ne plus m'occuper que des
accapareurs et des affameurs du peuple. je
leur déclare une guerre éternelle, et j'invite
tous les bons *sans-culottes à suivre mon
exemple jusqu'à ce que nous ayons mis à la
raison cette bougre de canaille. riches fermiers,
marchands et trafiquants de toute espèce,
je vous livre un combat à mort. je
n'épargnerai pas plus le marchand de carottes
que le plus gros négociant; car, foutre, je
vois une ligue formée de tous ceux qui vendent
contre tous ceux qui achètent, et je trouve autant
de mauvaise foi dans les échoppes que dans
les gros magasins. c'est à qui débitera la plus
mauvaise denrée; c'est à qui gourera le mieux
le pauvre chaland. je ne suis pas moins indigné
d'acheter un chou vingt sols, que de payer
cent francs une aulne de drap.
§ ce n'est pas la faute de la convention, car,
foutre, elle a employé le vert et le sec pour
nous procurer l'abondance, elle a fait les lois
les plus sages contre les accapareurs; mais ces
lois n'ont point été exécutées. on se fout du
maximum , et à la barbe de toutes les autorités,
les boutiques vendent à prix défendu.
<Epg=3> bon gré mal gré, pourtant ils ont été au pas
pendant quelques jours, et sainte guillotine
semblait les avoir convertis, à l'approche de
l'armée révolutionnaire, tous les magasins
s'ouvraient, les tonnes de sucre et d'épices
sortaient des caves où elles étaient cachées,
tous les marchés regorgeaient de denrées de
toutes espèces, les courtauds de boutique
n'étaient plus insolents, et ils faisaient autant
de courbettes au *sans-culotte le plus déguenillé
pour son gros sol, qu'au muscadin le
mieux atiffé qui vidait son portefeuille.qui
donc a pu produire d'aussi grands miracles?
je le répète, foutre, sainte guillotine et l'armée
révolutionnaire; mais depuis qu'on a
proposé d'ouvrir les prisons, les espérances
des traîtres et des conspirateurs se sont ranimées;
ils ont recommencé à lever la crête;
ils s'entendent maintenant comme larrons en
foire avec les marchands et les accapareurs
pour nous couper les vivres. des bandits soudoyés
par les ennemis de la république,
parcourent les campagnes et font rafle dans
les villages et dans les fermes, du beurre, des
oeufs et de toutes les denrées; ils les achètent
au poids d' l'or, pour empêcher les pauvres
<Epg=4> *sans-culottes d'en approcher. les gens de
campagne, qui n'ont d'autre dieu que leur
intérêt, prêtent les mains à ce bougre de tripotage;
ils sont avides d'argent, qu'ils se
vendraient eux-mêmes au diable tout cornu
qu'on le dit, pour grappiller quelques sols de
plus. voilà, foutre, pourquoi les marchés
sont dégarnis, voilà la cause de la disette
des villes.
§ millions de foutre, mon sang bouillonne
de voir ainsi le peuple ballotté par les fripons
et les traîtres. ça finira, foutre, nous
avons des lois, elles seront exécutées ou j'y
perdrai mes moustaches, tonnerre de dieu.
quoi donc nous avons foutu la chasse aux
nobles, nous avons fait mettre les pouces
aux calotins, nous avons raccourci le dernier
de nos tyrans; quoi? le *sans-culottisme a
ébranlé tous les trônes des despotes, et les
marchands nous feraient la loi? nous nous
laisserions manger la laine sur le dos par une
poignée de coquins qui rentreront cent pieds
sous terre quand nous voudrons leur montrer
les dents? n'y a t il pas mille acheteurs contre
un vendeur? eh bien, foutre, que tous
les républicains mettent donc leur tête dans
<Epg=5> un bonnet rouge, qu'ils s'entendent aussi bien que
les capons qui cabalent pour les affamer ! que
l'avare fermier qui refuse de vendre ses denrées
au maximum , soit dénoncé; que le manufacturier
qui fabrique de mauvaises étoffes,
que le marchand qui vend à faux poids, et
qui altère la qualité de ses marchandises,
soient punis comme la loi le veut; surtout
que les riches qui mettent le feu à toutes les
denrées, soient pourchassés et daubés comme
ils méritent: que tous les accapareurs,
grands comme petits, jouent à la main chaude,
et bientôt l'abondance renaîtra, et l'ordre se
rétablira; mais, foutre, pour arriver à ce but,
il faut que les administrations ne soient plus
composées que des véritables *sans-culottes ;
car si on souffre des accapareurs dans les municipalités
et dans les comités révolutionnaires,
la loi sera toujours méprisée. je touche du
bout du doigt la cause de tous nos maux.
qui voyons nous à la tête de la plupart des
municipalités? de riches fermiers, de gros
marchands. les loups du bois ne se mangent
point, et ceux-là, qui sont juges et parties
malgré nous, à notre barbe et à notre nez,
feront toujours la pluie et le beau temps.
<Epg=6> § que l'on commence donc par balayer toutes
les autorités constituées, qu'on en fasse sortir
le restant des immondices de l'ancien régime.
pour tuer d'un seul coup l'aristocratie fermière
et marchande, que l'on divise toutes
les grandes terres en petites métairies, elles
en seront mieux cultivées, et , foutre, nous
n'aurons pas tous nos oeufs dans le même
panier. le bon *sans-culotte qui n'aura que
quelques arpents à labourer, se contentera de
vivre libre et heureux; il n'aura d'autre ambition
que celle de nourrir et d'élever ses
petits marmots; il n'enterrera pas son bled,
mais travaillera mieux son champ. pour qu'il
en produise davantage; comme les gros fermiers,
il ne tuera pas ses vaches, mais il en
élèvera un plus grand nombre pour avoir
plus de lait, de fromage et de beurre; il ne
détruira pas sa basse cour, il la regardera au
contraire comme sa première richesse, et il
s'empressera, pour jouir de son produit
d'échanger ses poules et ses chapons avec les
étoffes dont il a besoin. voilà, foutre, je le
répète, le seul moyen de rogner les ongles
des gros fermiers, et de réprimer leur aristocratie.
si en même temps on ne vend les
domaines nationaux qu'en petites portions,
si on met en culture tous les parcs des émigrés,
si des vignes et des arbres fruitiers remplacent
les sapins et les cyprès des jardins
anglais, si la pomme de terre croît dans les
larges allées des parterres, si des gazons inutiles
sont changés en pâturages, nous aurons
<Epg=7> des subsistances à vendre, et jamais nous
n'éprouverons la disette.
§ pour faire cesser ce bougre de tripotage
des agioteurs et la cupidité des marchands,
que l'on double, que l'on triple l'armée révolutionnaire,
foutre. qu'il en soit envoyé
de forts détachements dans tous les départements,
c'est le seul moyen d'établir le maximum .
que les têtes des affameurs du peuple
tombent comme celles des traîtres et des conspirateurs;
que le boucher qui traite les *sans-culottes
comme ses chiens, et qui ne leur
donne que des os à ronger, lorsqu'il réserve
l'aloyau pour les grosses pratiques, soit
raccourci comme un ennemi de la *sans-culotterie ;
que le marchand de vin, qui
fait vendange sous le *pont-*neuf et qui empoisonne
les républicains joyeux, soit traité de même.
je ne parle pas des boulangers, car,
dieu soit loué, nous avons trouvé un bon moyen
de les mettre au pas. le grand garde-manger
est bien garni, et le trafic des pains de
quatre livres ne recommencera pas de si tôt.
§ braves *sans-culottes , prenez donc patience
et ne vous rebutez pas. vous avez des lois qui
feront votre bonheur quand elles seront
exécutées. mettez toute votre confiance dans
la convention qui s'occupe avant toute chose
de vos subsistances. malgré tous les brigands
couronnés, malgré tous les coups de chien
des ennemis de l'intérieur, elle a trouvé
moyen d'alimenter et de tenir sur pied douze
cents mille hommes; elle verra bientôt tous
<Epg=8> les tyrans de l'*europe à ses pieds, et elles ne
pourront mettre à la raison les marchands et
les accapareurs. n'avons nous pas vingt millions
de bras pour faire respecter ses décrets,
tremblez, sangsues du peuple, sa hache est levée
pour vous frapper. il suffit de sa volonté pour
vous réduire en poudre.le jour de la vengeance
est arrivé; elle sera terrible, foutre.
<mois=08>
<Sda=1794> <numero=346> <quinzaine=81> <semaine=811> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande colère du *père *duchesne ,
au sujet de tous les nouveaux coups de chien
que les aristocrates manigancent, pour rebuter
les *sans-culottes , et leur faire jeter le manche
après la cognée, en les alarmant sur les subsistances.
son grand projet pour rogner les
ongles des gros fermiers, des bouchers et de
tous les affameurs du peuple, et pour procurer
l'abondance aux armées, en réduisant la pitance
des riches fainéants et de tous les muscadins
et muscadines qui sifflent la linotte.
<edito=1> § des bougres qui ne sont ni chair ni
<Epg=2> poisson, des jean-foutres qui pissent le verglas
dans la canicule, s'effrayent de tous les événements.
dans la saison des orages et des tempêtes,
ils voudraient jouir des douceurs du
printemps. dans toutes leurs litanies ils ne
cessent de répéter:
<Sat=1> hélas $! que deviendrons nous?
<Sat=0> ce que nous deviendrons, foutre $! rien que
ce que nous sommes, des républicains; jamais,
non, foutre, jamais nous ne reviendrons sur
nos pas. nous avons juré d'être libres, nous
resterons libres, malgré tous les brigands couronnés
et les millions d'esclaves qu'ils ont
armés contre nous. la nature entière serait elle
conjurée contre nous, un nouveau déluge
fût il prêt à fondre sur nous, la terre dût elle
nous engloutir, le monde entier fût il bouleversé,
jusqu'au dernier soupir, nous crierons:
vive la république, vive la liberté et l'égalité.
l'âme d'un véritable patriote est inébranlable,
son courage augmente avec les dangers. il ne
redoute qu'un seul malheur c'est celui d'être
esclave.
§ infâmes tyrans, qui, pour nous faire la loi,
avez voulu nous épouvanter par des brigandages,
des incendies, des massacres, vous
vous battez la tête contre un mur, foutre,
<Epg=3> nos campagnes ravagées, les vieillards, les
femmes, les enfants égorgés nous crient vengeance.
le sang que vous avez versé rejaillira
sur vous. toutes les trahisons que vous avez
manigancées pour nous perdre ne feront que
hâter votre chute. vous avez commencé la
danse, et, foutre, nous vous avons appris
notre fameuse carmagnole; la dernière ronde
va commencer, et, foutre, vous sauterez le
pas, j'en jure par ma moustache. vous êtes
au bout de votre rollet, et vous ne savez plus
de quel bois faire flèche; vous êtes si bas
percés, foutre, que vous n'osez plus nous
tenir tête, et vous n'avez plus d'espoir que
dans les trahisons que vous cherchez à exciter
parmi nous. la disette est votre grand cheval
de bataille, vous espérez réduire par la famine
un grand peuple que vous n'avez pas la force
de combattre. encore une fois, ignorez vous
de quoi les républicains sont capables? avez vous
oublié les sièges de *lille et de *landau ?
les bougres à poil qui défendaient ces deux
places, n'ont ils pas préféré mourir de faim
et s'ensevelir au milieu des ruines, plutôt que
de capituler? eh $! foutre, ne vous ont ils pas
forcés, par leur constance et leur courage, à
<Epg=4> rebrousser chemin, et rentrer chez vous comme
des colimaçons dans leur coquille? comme
les lièvres, perdez vous donc la mémoire en
courant? n'avez vous pas vu nos braves
guerriers sans habits, sans bas, sans souliers,
vous pousser l'épée dans les reins, et, la
baïonnette en avant, vous enlever des redoutes
hérissées de canon.
§ non, foutre, il n'y a que des républicains
capables de pareils traits; mais, tonnerre de
dieu, les *sans-culottes de l'intérieur ne se
laisseront pas plus dégoter en générosité. ils
ont aussi une rude guerre à soutenir: environnés
d'intrigants, de voleurs et de traîtres,
toujours aux prises avec les aristocrates et les
royalistes, ils ne cessent de batailler, et ses
lâches ennemis, qui veulent assassiner la république,
ne sont pas moins cruels que les
pandores prussiens et autrichiens. leurs poignards
sont plus redoutables que les canons
chargés à mitraille. diviser les *sans-culottes
et les affamer, voilà la devise de cette clique
infâme.
§ des lois salutaires et la surveillance des
magistrats *sans-culottes avaient fait cesser la
guerre du pain, mais, foutre, la bande de
<Epg=5> *cartouche , soudoyé par *pitt pour nous tourmenter,
est revenue à la charge; ces scélérats
se sont répandus dans les campagnes, ils y
achètent tout ce qu'ils peuvent trouver de
vaches et de brebis pleines. les bouchers,
qui ne demandent pas mieux que nous faire
manger de la vache enragée, ont donné à
plein collier dans cet affreux tripotage; la
génisse a été égorgée avec le veau qu'elle portait,
la brebis et l'agneau qui était prêt à
naître, la truite et ses petits marcassins, à
peine formés, ont été détruits. heureusement,
foutre, les braves lurons du faubourg *saint-*antoine ,
qui sont sans cesse à l'affût, ont
découvert cet abominable complot, et ils l'ont
dénoncé; il était temps, foutre, car, en détruisant
ainsi toutes les femelles des animaux
utiles à l'agriculture, bientôt les campagnes
auraient été sans engrais, bientôt les boeufs
auraient manqué à la charrue, bientôt nous
n'avions plus de laine pour nous vêtir, bientôt
plus de cuir pour nous chausser; nos armées
de terre n'allaient plus avoir de subsistances,
et la gamelle était renversée, plus de salaison
pour nos braves marins. les jean-foutres qui
ont prêté les mains à ce nouveau coup de
<Epg=6> chien, sifflent maintenant la linotte, et j'espère
que leur châtiment servira d'exemple à
ceux qui seraient tentés de les imiter.
§ pour réparer le mal que ces coquins ont
déjà fait, et pour donner le temps de peupler
à toutes les espèces d'animaux utiles qui
commencent à s'épuiser, je voudrais, foutre ,
que l'on prenne d'avance des précautions; je
me débaptise, foutre, quand je vois de
riches fainéants qui ne font oeuvre de leurs
dix doigts, et qui ne savent que conspirer
et dévorer à eux seuls, toutes nos subsistances.
que l'on commence d'abord par mettre
au régime tous ces muscadins et muscadines,
toute cette canaille qui regorge dans nos prisons,
et qui, au mépris de l'égalité, y fait une
chair de chanoine, tandis que les autres prisonniers,
beaucoup moins coupables, n'ont
que du pain détrempé dans leurs larmes. je
voudrais que dans les halles et les marchés,
les hommes utiles, les ouvriers eussent la
première part. les subsistances appartiennent
de préférence à ceux qui travaillent pour les
autres. les paresseux ne sont pas même
dignes de glaner sur la terre de la liberté.
si notre révolution se perfectionne, comme
je n'en doute pas, le *lazare ne sera pas
étendu sur son fumier à la porte du mauvais
riche en attendant les miettes de sa table;
mais, foutre, à son tour le *sans-culotte
jouira du fruit de ses sueurs , et ce sera le
riche égoïste, l'être inutile qui crèvera de
honte et de misère, ou plutôt cette race
pestiférée disparaîtra.
<Epg=7> § avant tout il faut songer à nos braves
frères des armées. il n'est pas un bon *sans-culotte
qui ne se réduise au pain et à l'eau
pour assurer les subsistances de ceux qui défendent
la patrie. je propose donc, et je suis
assuré qu'aucun républicain ne me démentira,
de faire un carême civique dans toute l'étendue
de la république. le printemps approche;
lorsque nous pourrons remplacer la viande
par les légumes, qu'il soit défendu de tuer
un seul animal, bientôt ils fourmilleront dans
tous les départements et nous en aurons à revendre.
les gourmands vont crier haro sur
moi, mais, foutre, celui qui préfère son
ventre à la patrie, doit plier bagage et ne pas
rester avec les républicains qui doivent faire
tous les sacrifices à la patrie. eh, foutre $! en
est il d'assez grands pour obtenir la liberté?
d'ailleurs nous ne ferons que semer pour recueillir.
quand nous aurons chassé nos ennemis
de notre territoire, quand la paix sera
assurée au dehors et au dedans , nous nous
décarêmerons et nous nous en foutrons des
pilles éternelles.j'invite donc tous les amis
sincères de la liberté à appuyer ma motion.
qu'est ce donc que quelques mois de privation
pour assurer la liberté? ah $! foutre, si
nous pouvions jeter le manche après la
cognée, si les mangeurs d'hommes, qui
veulent nous asservir, pouvaient réussir, il
faudrait bien nous attendre à un autre carême.
les *sans-culottes qui échapperaient à
la hache des bourreaux seraient condamnés à
<Epg=8> un jeûne éternel. plongés dans le plus dur
esclavage, la terre arrosée de leur sang, ne
produirait que pour les maîtres barbares qui
les feraient expirer dans les plus longs et les
plus cruels tourments, foutre.
<Sda=1794> <numero=347> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande joie du *père *duchesne .
au sujet de la fête que les *sans-culottes ont
célébrée dans le temple de la raison, en
réjouissance de l'abolition de l'esclavage des
nègres. ses bons avis à tous les républicains,
pour qu'ils continuent de ne reconnaître d'autre
culte que celui de la liberté et de l'égalité,
en dépit des cagots, des calotins et des intrigants
qui cherchent à se raccrocher aux
branches, pour tromper le peuple et l'égarer.
<edito=1> § si je n'ai pas encore parlé du fameux décret
<Epg=2> qui abolit l'esclavage des nègres, qu'on ne
s'imagine pas, foutre, que le *père *duchesne
ait été un des derniers à l'approuver et à
bénir la convention d'avoir tranché le noeud
gordien, en rendant la liberté à tant de milliers
d'hommes. fallait il donc tourner si longtemps
autour du pot pour savoir s'il peut exister des
esclaves dans un pays libre ! quoi donc,
la nation française a déclaré dans sa
constitution qu'elle donnerait assistance à tous
les peuples opprimés, et elle souffrirait qu'au
delà des mers on put exercer en son nom la
plus odieuse tyrannie. je sais que des raisonneurs
à perte de vue prétendent que sans l'esclavage
des nègres, les colonies ne pourraient
exister. tonnerre de dieu $! quelle est la terre
maudite qui ne peut rien produire si elle n'est
arrosée de sang, et quels sont les fruits amers
et empoisonnés qui sortent de son sein? quoi!
nos îles seraient stériles, si elles étaient cultivées
par des hommes libres ! oui, foutre,
elles le seraient, mais pour qui? pour les marchands,
les accapareurs, les riches égoïstes,
pour ces aventuriers, ces vagabonds, le rebut
de l'*europe , pour ces tigres blancs qui s'engraissent
du sang des noirs; mais, foutre,
<Epg=3> ces noirs , devenus libres, en seront ils moins
industrieux? deviendront ils impotents quand
ils travailleront pour eux? croit on que la
liberté soit moins puissante pour leur donner
du coeur à l'ouvrage que les fouets et les bâtons
sous lesquels on les fait expirer? non, foutre,
le nègre devenu libre et propriétaire deviendra
plus industrieux, plus actif. ce ne sera plus
pour un maître barbare qu'il arrosera la terre
de ses sueurs et de ses larmes.ses enfants lui
appartiendront, ils lui feront chérir la vie;
en échange du sucre et des autres denrées qu'il
aura cultivées, nous troquerons avec lui nos
étoffes et les productions de notre sol. alors
nous ferons avec lui des traités d'alliance et de
commerce. heureux, foutre, si le blanc républicain
peut un jour, par sa bonne foi et sa
justice, faire oublier à l'homme noir tous les
maux que ses pères lui ont fait endurer.
§ ah $! quel beau jour, foutre, que celui où
on a vu un brave africain et un mulâtre prendre
séance à la convention. un temps viendra, je
l'espère, où tous les peuples de la terre,
après avoir exterminé leurs tyrans, ne formeront
qu'une seule famille de frères. peut-être
un jour verra t on des *turcs, des *russes,
<Epg=4> des *français, des *anglais, des *allemands même
réunis dans le même sénat, et composer une
grande convention de toutes les nations de
l'*europe . c'est un beau rêve qui cependant
peut se réaliser. je ne crois cependant pas,
comme le prophète *anacharsis , que nous
devions faire les *don-*quichotte , et aller
entreprendre une croisade universelle pour
convertir à la liberté ceux qui ne sont pas
encore dignes de la connaître. c'est au temps
et à la raison à faire un pareil miracle. commençons
à établir chez nous cette liberté; lorsque
les autres nations verront les fruits qu'elle
aura produit, lorsque sous des lois sages nous
serons tous heureux, alors les hommes qui
auront un peu de sang dans les veines, chercheront
à nous imiter, et nous donnerons un
coup d'épaule à ceux qui voudront sortir
d'esclavage.
§ un événement aussi heureux, foutre, que
celui qui anéantit jusqu'au dernier signe de
l'esclavage en *france devait être célébré par
les *sans-culottes . la commune de *paris qui,
la première, a levé le drapeau de la liberté,
vient de rendre hommage à la raison de ce
nouveau triomphe. j'aurais voulu, foutre, que
<Epg=5> la *france entière eut assisté à la fête républicaine
qui a eu lieu, décadi dernier, en réjouissance
de l'abolition de l'esclavage des nègres.
jamais, foutre, les voûtes de la ci-devant
cathédrale ne retentirent d'un pareil te deum .
tous les bons *sans-culottes , les sociétés populaires ,
les autorités constituées environnaient
l'autel de la raison. une députation de
la convention vint aussi lui offrir l'encens des
représentants du peuple. tous les regards
étaient fixés sur les trois *montagnards américains.
alors, foutre, je me suis rappelé
l'histoire ou le roman du *sans-culotte *jésus
en contemplant auprès de la statue de la liberté,
ces trois braves lurons qui viennent du
bout du monde rendre hommage à la divinité
des hommes libres; j'ai cru voir les trois mages
qui visitaient dans son berceau le prétendu
fils du patron des cocus. mais, foutre, ce
n'est pas une étoile qui leur a servi de chandelle,
mais c'est le flambeau de la vérité qui
les a conduit; ce n'est pas un dieu mangeant
de la bouillie qu'ils viennent adorer, mais
c'est la divinité éternelle, c'est la raison. les
bergers et les pastoureaux, en célébrant la
naissance du fils de *marie , se réjouissaient
<Epg=6> de ce qu'il venait de leur naître un nouveau
roi, mais, foutre, les *sans-culottes au contraire,
dans leurs chants de victoire ont annoncé
la chute de tous les rois. *chaumette ,
agent national, dans un discours rempli de
patriotisme, a célébré la liberté des noirs,
et tous les bons *sans-culottes lui ont pardonné
son réquisitoire de malheur, et dont lui-même
il a fait depuis longtemps amende honorable.
§ tous les bons républicains s'empresseront
sans doute d'imiter leurs frères de *paris ;
comme nous, foutre, ils se réjouiront de l'abolition
de l'esclavage des nègres. les sociétés
populaires, d'un bout de la république à
l'autre, établissent le culte de la raison. pour
prouver comme elles sont au pas, je copie le
serment que les *sans-culottes de *moulins
viennent de prêter. j'espère qu'il sera bientôt
celui de tous les *français .
<Sat=2> "je jure de maintenir de tout mon pouvoir
l'unité et l'indivisibilité de la république,je
jure en outre de reconnaître pour mon frère tout
homme juste et vraiment ami de l'humanité,
quelque soit sa couleur , sa taille et son pays,
je jure enfin de n'avoir jamais d'autre religion
<Epg=7> que celle de la nature, d'autre temple que
celui de la raison, d'autres autels que ceux
de la patrie, d'autres prêtres que nos législateurs,
ni d'autre culte que celui de la liberté, de
l'égalité et de la fraternité."
<Sat=0> § voilà, foutre, la véritable religion des patriotes.
voilà la foi des hommes libres, malgré
les cagots, malgré les calotins qui cherchent
à se raccrocher aux branches, malgré
les fourbes et les intrigants, les bons républicains
n'auront d'autre culte que celui de la
raison. la religion des esclaves ne sera jamais
celle d'un peuple libre. les *français ne s'égorgeront
plus pour des prêtres imposteurs
qui, au nom d'un dieu de paix, ont inondé
la terre de sang, et établi leur domination
sur des ruines et des monceaux de cadavres.
si l'être qui nous a créé exige de nous un
culte, celui de la raison doit seul lui être
agréable. il a mis dans nos coeurs l'amour de
la justice et la haine des méchants. sa volonté
est donc, foutre, que nous soyons humains,
bienfaisants et justes, n'importe comment.
puisque la raison seule peut nous apprendre
nos devoirs et nos droits, n'écoutons qu'elle
seule. tout le reste n'est que mensonge et
<Epg=8> imposture. ainsi donc, foutre, vive la raison
vivent la vérité et l'humanité ! au foutre les
prêtres, qui ne savent que mentir, tromper,
voler et égorger, foutre.
<Sda=1794> <numero=348> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande colère du *père *duchesne ,
en apprenant une nouvelle conspiration des
phélippotins, pour armer tous les ci-devant
procureurs, avocats, huissiers et clercs du
*haut et *bas *maine , contre les *jacobins et
la *montagne . grand serment prêté par ces
cartouches de ne pas souffrir qu'un seul chapon
du pays de la chicane , entré dans le garde-manger
des *sans-culottes parisiens, jusqu'à
ce que le brevet des petites maisons, qui a été
délivré à *phélippotin, ait été changé contre
un certificat de raison et de probité.
<edito=1> § lorsqu'un grand orage se prépare, on
<Epg=2> aime à le voir se former, à examiner les
nuages qui s'élèvent et qui portent la foudre.
il n'y a pas de plus beau feu d'artifice que les
éclairs qui en partent, et de musique comparable
au bruit du tonnerre; mais, foutre, c'est
de loin que tout cela est beau, car lorsqu'on
se voit environné de feu, quand on entend sur
sa tête les roulements des tambours du père
éternel, et, comme disent les bonnes femmes,
lorsqu'il déchire ses draps, lorsque la grêle renverse
les arbres et les maisons, lorsque la
foudre, en tombant, ébranle la terre, alors
le bougre le plus intrépide est frappé d'épouvante.
ce tableau ressemble à celui de la guerre.
rien de plus beau que les préparatifs; lorsque le
son de la trompette ou le bruit de la caisse appellent
les jeunes républicains aux combats,
quel plaisir, quelle joie, foutre, de voir tous
les soldats voler aux armes ! l'air alors retentit
du son des instruments guerriers et des chansons
civiques. tous les bons *sans-culottes
sont émus jusqu'aux larmes. le vieillard se sent
rajeunir, il ranime le peu de forces qui lui
restent pour se mettre sur les rangs, et pour
voler comme les enfants à la défense de la patrie.
les femmes mêmes oublient leur faiblesse et
<Epg=3> n'écoutant que leur courage, elles
veulent partager les dangers de leurs pères et
de leurs époux.
§ tel est, foutre, en ce moment le grand
spectacle que la république nous retrace d'un
bout à l'autre. partout je vois forger des
armes. tous les bras sont occupés à fabriquer
les instruments qui vont porter la mort à tous
les brigands couronnés et à leurs esclaves. le
salpêtre travaillé par les *sans-culottes , arrive
par charretées à la convention. les routes
sont couvertes de chariots et d'équipages de
guerre. encore quelques jours et le grand
coup de peigne va commencer. jamais, foutre,
depuis que le monde existe, on n'aura vu
une carmagnole semblable. d'un côté, douze
cent mille bougres à poil qui ont juré de vivre
libres ou de mourir, s'exercent du soir au
matin aux combats, et ils brûlent d'impatience
de voler à la victoire. ils n'attendent que le
signal pour se précipiter, comme un torrent,
sur les lâches et vils satellites des tyrans. de
l'autre côté, je vois ces bandes de voleurs et
d'assassins, que l'espoir du pillage avait armés
qui, après avoir ravagé nos frontières sans
défense, saccagé les villes et les villages,
<Epg=4> égorgé les vieillards, les femmes et les enfants,
auraient tous laissé leur os dans les plaines de
la *champagne et sur les bords du *rhin , sans
les trahisons de l'infâme *dumouriez , du
général *moustache et du galfâtre *houchard .
maintenant, foutre, que ces enfonceurs de
portes ouvertes savent ce que pèsent les bras
des républicains, ils sont comme le chien à
*jean de *nivelle , qui s'enfuit quand on l'appelle.
ce n'est plus qu'à coups de bâton que
l'on peut remuer ces ours mal léchés. quoiqu'il
en soit cette foutue canaille aura beau
mettre les pouces et demander quartier, ils n'en
sera plus temps, il faut que tout le sang pur
versé par ces monstres soit enfin vengé. le
vin est tiré, il faut le boire, foutre.
§ tonnerre de dieu, quand je songe au grand
combat qui va s'engager entre la liberté et le
despotisme, mon sang bouillonne, et je m'arrache
les poils de la moustache en songeant
que je resterai les bras croisés pendant la
mélée,quoi,foutre,on va donner le coup
de grâce à la tyrannie, et le *père *duchesne ne
sera pas de la fête ! quoi $! pendant cette
guerre sanglante je n'aurai pas seulement dérouillé
ma vieille rapière ! quoi, dans mon
<Epg=5> jeune âge j'étais le plus terrible canonnier-bombardier
de toute l'armée; je me peignais
si dur et si bêtement pour un roi, et je n'aurai
pas brûlé une seule amorce pour la république!
je n'aurai pas foutu l'âme à l'envers à un seul
*autrichien ! quand nos jeunes républicains,
après la victoire, rentreront couvert de lauriers,
on me montrera au doigt comme un
capon, et je n'oserai plus montrer mon bougre
de nez. c'est fini, foutre; adieu mes fourneaux,
adieu ma *jacqueline , adieu mes petits
marmots, je vous quitte pour voler à la gloire.
je pars pour la guerre, foutre; mais, nom
d'une pipe, quand je n'y serai plus qui surveillera
les traîtres? n'y a t il donc plus de
conspirateurs à dénoncer? aristocrates, royalistes,
phélippotins, quelle épine je vous
tirerais du pied en allant me faire casser
gueule. c'est alors que vous feriez la pluie et
le beau temps; non, foutre, non, je vous l'ai
promis, je ne vous quitterai pas plus que
votre ombre, et vous me verrez toujours à
vos trousses jusqu'à ce que vous ayez fait
la dernière révérence à la statue de la liberté
sur la place de la révolution. si j'ai eu la bouche
close pendant quelques instants, c'était pour
<Epg=6> mieux vous observer. je connais tous les coups
de chien que vous manigancez contre les patriotes.
jean-foutres, vous serez confondus , et
je reste pour vous combattre; puisque mon lot
est d'écraser les crapauds et les serpents qui infectent
la terre de la liberté, je renonce aux
honneurs de la guerre. c'est toujours servir
sa patrie que de la délivrer des plus vils et
des plus méprisables de ses ennemis. ainsi
j'abandonne mon projet d'aller batailler avec
les brigands du *nord , pour livrer un combat
à mort aux *cartouche-*philippotins qui osent
encore lever la crête.
§ tremblez, *sans-culottes , vous ne connaissez
pas, foutre, tous les dangers qui vous
menacent; apprenez à ne jamais chanter victoire
avant d'avoir foutu votre ennemi sur le
carreau. *phélippotin qui devait se trouver trop
heureux d'être sorti du combat avec ses longues
oreilles, est encore le champion qui va vous
donner du fil à retordre; c'est un second
*charette qui, après avoir été étrillé, sort de
dessous terre, et reparait à la tête de nouveaux
brigands, en un mot, c'est un bougre à faire
trembler la volaille. aussitôt que les avocats
et procureurs du *haut et *bas *maine , ont été
<Epg=7> informés de la fatale déconfiture, aussitôt
qu'ils ont appris que le grand *phélippotin ,
le dernier espoir de la chicane avait reçu un
brevet des petites maisons, tous se sont levés
en masse pour venger l'honneur de la robinaille:
<Sat=1>"vengeons nous,<Sat=0> se sont ils écriés
d'une commune voix,<Sat=1> déclarons à la face de
la *haute et *basse *normandie que *phélippotin
a toujours notre confiance, quoique les *jacobins
lui aient donné les étrivières. soutenons
malgré la montagne, que *phélippotin a plus
d'esprit, de bons sens et de probité que la
convention entière; demandons à grands cris
que *vincent , *ronsin et *rossignol soient remis
en cage, et si notre pétition est sifflée,
mettons une barrière éternelle entre la *seine
et la *sarthe . jurons que jamais un seul chapon
du *maine n'entrera dans le garde-manger d'un
*parisien; jurons qu'aucun jacobin ne sentira
le fumet de nos perdrix jusqu'à ce que *levasseur
et *choudieux , ces renégats manceaux,
aient été raccourcis, jusqu'à ce que ce maudit
*père *duchesne ait éternué dans le sac".
<Sat=0> § ce serment terrible a été prononcé, foutre,
nous voilà dans des beaux draps, mais heureusement
qu'il y a de braves gens partout.
il ne faut pas croire que tous les *manceaux
soient des phélippotins. les *sans-culottes du
*mans doivent se connaître en brigands; ils ont
vu de près ceux de la *vendée . ils verront que
les phélippotins ressemblent aux soldats de l'armée
catholique, comme un petit lièvre à un
grand, et eux-mêmes ils se joindront à nous
<Epg=8> pour en purger la terre. au surplus, les gens
de loi qui savent si bien dévirer les chapons,
ne les élèvent pas; malgré les phélippotins,
nous mangerons encore des poulardes et des
perdreaux; mais les phélippotins à force de cabaler
et de conspirer, finiront par perdre le
goût du pain, foutre.
<Sda=1794> <numero=349> <semaine=812> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande colère du *père *duchesne ,
de voir que l'instruction publique ne va que
d'une aile, et qu'il existe des accapareurs
d'esprit qui ne veulent pas que le peuple soit
instruit, afin que les gueux continuent de
porter la besace. ses bons avis à toutes les
sociétés populaires, pour qu'elles donnent le
grand coup de collier à l'instruction des *sans-culottes ,
afin d'écraser une bonne fois le
fanatisme et la tyrannie.
<edito=1> § le plus grand malheur de l'homme, c'est
<Epg=2> l'ignorance, foutre; elle est la cause de presque
toutes les sottises et de tous les crimes qui se
commettent sur la terre. c'est elle, foutre,
qui a engendré tous les maux qui nous affligent.
le despotisme est son ouvrage, le fanatisme
est son chef d'oeuvre; car, foutre, si
les hommes avaient eu le sens commun, jamais
ils n'auraient été dupes des tours de gibecière
des charlatans à calotte, et ils ne se seraient
pas laissé lier, garrotter et museler
pendant tant de siècles par les faquins qui
osaient s'intituler princes, rois et empereurs.
le premier qui fut prêtre était un bougre un
peu plus dégoisé que les sauvages avec lesquels
il vivait. il avait remarqué que son chat se
frottait le museau ou que son âne remuait
l'oreille toutes les fois que le temps devait changer.
tout fier d'avoir fait cette grande découverte,
il s'en servit pour tromper les autres et
pour les voler, en leur disant que le père
éternel ou même le diable lui soufflaient dans
l'oreille pour lui annoncer la pluie ou le beau
temps. comme on sait, il n'y a que le premier
pas qui coûte, foutre. l'imposteur, après avoir
une fois trouvé des dupes, imagina d'autres
sornettes pour embêter les sots qui l'entouraient .
<Epg=3>il se joignit ensuite à d'autres fourbes qui lui
servirent de paillasses et qui imaginèrent
d'autres tours de force pour jeter de la poudre
aux yeux. voilà, foutre, la véritable origine
du métier de calotin , qui est devenu si
bon pour ceux qui l'exerçaient, et si funeste
pour les peuples qui se sont laissé gourer par
ces bateleurs. c'est donc, foutre, parce que
de pauvres badauds, qui ne savaient ni a ni b ,
n'avaient pas examiné pourquoi les chats se
grattaient, c'est parce qu'ils ne savaient pas
toute la science qu'il y a dans les oreilles
d'âne, qu'ils ont eu des prêtres, et que le
chancre du fanatisme a si longtemps rongé l'espèce
humaine.
§ si l'on veut également remonter au premier
roi, on trouvera un brigand farouche et cruel,
un véritable chouan qui n'a eu d'autre mérite
que d'avoir une crinière longue et plus
noire que celle des autres sauvages, et une
barbe si touffue, qu'il avait l'air d'un loup-garou,
et s'il osa le premier faire la loi à ses
semblables, c'est qu'il savait jouer du bâton
à deux bouts. voilà, foutre, le premier
sceptre qui a existé sur la terre; ce n'était
qu'un casse-tête qui servait à ce mangeur
<Epg=4> d'hommes à fendre les crânes de ceux qui
osaient lui disputer la meilleure part de la
chasse; quoique ce sceptre ne paraisse plus
qu'un hochet entre les mains des muscadins
couronnés, c'est cependant l'arme la plus
terrible; il écrase des milliers d'hommes, il
donne le signal de l'incendie, du viol, du
meurtre, du carnage, et il détruit plus
d'hommes que la peste et la famine.
§ c'est donc encore l'ignorance qui a fait les
rois, et, comme je le soutiens, si les lâches
qui, les premiers, ont pu se donner un maître,
n'avaient pas été des poules mouillées, s'ils
n'avaient pas eu peur d'une grande barbe, si,
au lieu de se laisser rondiner par le premier
scélérat qui osa lever la main sur son semblable,
ils avaient aussi appris à jouer du bâton, ou
plutôt s'ils avaient mis leur tête dans un bonnet
pour étouffer ce monstre, ils auraient continué
de vivre libres et heureux. au lieu de
se déchirer et de se dévorer les uns aux autres,
ils seraient restés unis comme des frères.
§ les tyrans, foutre, qui savaient bien que leur
pouvoir est fondé sur l'ignorance, ont grand
soin de l'entretenir, car il ne faut qu'un souffle
de la raison pour renverser tous leurs châteaux
<Epg=5> de cartes. ils protègent la superstition, parce
que la superstition abrutit l'homme et lui ôte
tout son courage et son énergie, ils veulent
que le peuple soit trompé, car, foutre, tandis
qu'il a la tête pleine de sorciers, de revenants,
et de tous les contes du diable et de l'enfer,
il ne songe pas au véritable enfer, à l'enfer
de l'esclavage. aussi, foutre, le plus grand
crime aux yeux des despotes, c'est de parler
raison et de prêcher la vérité. j'ai vécu dans
ces temps de malheur, où il n'était permis aux
*sans-culottes que de lire l'almanach de *liège
et le messager boiteux. malheur au pauvre barbouilleur
qui osait dans son grenier griffonner
un livre pour éclairer le peuple. je me souviens
d'avoir vu brûler au pied de l'arbre de la *bazoche ,
tous les écrits des braves bougres qui
nous ont appris à devenir libre. je me souviens
de tous les mandements d'évêques et d'archevêques
contre le bonhomme *j-*j- *rousseau ,
de tous les arrêts du parlement, de toutes les
lettres de cachet qui pleuvaient comme la
grêle sur la tête de cet ami de l'humanité.
comme *marat , il était obligé de se cacher de
cave en cave pour n'être pas grillé tout vivant
en place de *grève . le paillard, le crapuleux
<Epg=6>*louis-XV n'aurait jamais pardonné à *voltaire
d'avoir fait *brutus , et d'avoir turlupiné, toute
sa vie, les calotins. si ce même *voltaire ,
pour se tirer de presse et pour éviter la brûlure,
ne s'était pas avili en flagornant les rois
et en faisant des couplets muscadins en l'honneur
de toutes les putains royales et des maquereaux
du roi très chrétien.
§ il est donc clair comme deux et deux font
quatre, que le grand secret de la tyrannie,
pour écraser les hommes, c'est de les tenir
dans l'ignorance, il faut donc, foutre, que
tous les bougres qui ont du sang dans les
veines et qui savent aussi que la raison est la
botte secrète pour tuer la tyrannie, ne cessent
de prêcher la raison. il faut donc, si on veut
sincèrement établir la liberté, combattre,
étouffer tous les préjugés ; il faut instruire tous
les hommes. car, foutre, si nous continuons de
laisser toujours tous nos oeufs dans le même
panier, c'est à dire, si les *sans-culottes ne
peuvent se procurer autant d'instruction que
les riches, bientôt ils redeviendront esclaves,
il y aura bientôt un accaparement de science,
et les gueux porteront toujours la besace.
§ ah $! foutre, si l'assemblée constituante avait
<Epg=7>joué beau jeu, bel argent, si elle avait été
de bonne foi comme la convention, les
écoles primaires seraient établies depuis quatre
ans, et il n'y aurait pas un seul *sans-culotte
dans toute l'étendue de la république qui ne
sut lire et écrire. nous ne serions pas à la
merci des gens de loi et des calotins qui
occupent toutes les places, et qui feront la
pluie et le beau temps jusqu'à ce que tous les
*sans-culottes soient instruits. pour réparer le
temps perdu, et pour écraser une bonne fois
toutes les vermines de l'ancien régime, je
voudrais que tous les amis de la liberté se
réunissent pour donner un grand coup de
collier à l'instruction publique. sociétés patriotiques
quelle belle tâche je vous propose!
désignez tous les hommes purs et éclairés pour
remplir les places dans les écoles primaires;
chargez vous vous-mêmes d'instruire les *sans-culottes ,
et ouvrez, toutes les décades,
des cours d'instruction pour les pauvres *sans-culottes ;
donnez des prix à ceux qui composeront
les meilleurs ouvrages pour cette
instruction, et pour les livres élémentaires
que la convention a décrétés; obligez chacun
de vos membres à payer ce tribut qu'il doit
<Epg=8>à la patrie. quand tous les hommes qui savent
penser et écrire auront couché leurs idées sur
le papier, vous ramasserez tout ce que vous
trouverez de bon. c'est vous, foutre, qui
avez fondé la liberté; mais ce n'est pas assez
vous devez nous apprendre à la conserver;
délivrez nous du mensonge et de l'ignorance,
et vous donnerez le coup de grâce à toute
espèce de tyrannie, foutre.
<Sda=1794> <numero=350> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande joie du *père *duchesne ,
au sujet du fameux décret qui confisque les
châteaux, les palais et tous les biens des
jean-foutres qui sifflent la linotte, et de voir
que les viédases qui avaient la patte graissée
pour demander l'ouverture des prisons, ont
enfin un pied de nez. ses bons avis pour
qu'on foute à fond de cale tous ces aboyeurs
et des journalistes de *coblentz , et qu'on les
envoie avec toute la pacotille du diable qui
va partir pour le *mississipi .
<edito=1> § dans ce bas monde tout va par compère
<Epg=2> et compagnon; chacun a sa coterie et chaque
coterie veut l'emporter sur les autres.
voilà, foutre, la cause de toutes les disputes,
de toutes les querelles des trois quarts et demi
des hommes; au lieu de suivre la route que
la raison leur a tracée, ils semblent chercher
toutes les pierres pour se casser le col, et tous
les précipices pour s'y plonger; ils se forgent
mille chimères, ils bâtissent des châteaux en
*espagne , ils veulent tous être heureux, et
ils tournent le dos au bonheur; ils détestent
l'esclavage, et ils ne font que se forger des
fers; toujours dupes des charlatans et des
fripons, ils méprisent ceux qui leur donnent
de bons avis, et ils baillent quand on leur
parle raison; ils cherchent la vérité, et ils se
bouchent les yeux quand son flambeau les
éclaire, ils sont sourds à sa voix.
§ je pardonne ces défauts, tous ces vices
à des pauvres bougres abrutis par l'esclavage,
mais, foutre, je mange mon sang quand je
vois des républicains se faire des procès sur
la pointe d'une aiguille. je me débaptise
quand je songe à tous les malheurs que leurs
divisions peuvent occasionner, et je voudrais
étouffer de mes mains tous les jean-foutres
<Epg=3>qui les trompent et qui les égarent. il est des
scélérats qui ne cherchent que plaie et bosse,
monstres qui ne respirent que le meurtre
et le carnage pour s'engraisser, comme des
corbeaux, sur les cadavres des *sans-culottes .
§ pendant quelques instants ces oiseaux de
proie avaient disparus, foutre, et depuis que
la terreur était à l'ordre du jour, ils restaient
tapis dans leurs trous. le peuple commençait
à respirer; les denrées abondaient, les assignats
étaient au pair, et les patriotes, avec
raison, regardaient la sainte guillotine comme
la pierre philosophale; mais, foutre, depuis
que les renégats de la *sans-culotterie ont
proposé d'ouvrir les prisons, et de donner la
clefs des champs à tous les brigands qui sifflent
la linotte, les fripons, les conspirateurs ont
repris le mors aux dents, et plus que jamais
ils ont osé lever la crête. des *jean-foutres ,
qu'on ne connaissait ni d'*eve ni d'*adam ,
sont tombés , comme des nues, dans les sections
et dans les sociétés populaires avec
des bonnets rouges et des larges pantalons.
ils ont soufflé le froid et le chaud, et ils
ont trouvé le moyen de brouiller les cartes,
et de mettre tous les citoyens à chien et à
<Epg=4>chat. les meilleurs patriotes ont été vilipendés,
traînés dans la boue par les plus vils jean-foutres;
des bougres à poil qui depuis la prise
de la *bastille n'avaient pas bronché d'une
ligne, ont été jetés dans les cachots; on ne
savait plus lequel entendre, ni à quelle branche
se raccrocher; les fripons qui bâtissent
leur fortune publique, ont profité
de ce désordre pour mieux pêcher en eau
trouble; tandis, foutre, que les patriotes
étaient obligés de se défendre, on ne songeait
pas à eux, et ils ont eu un moment
de répit.
§ tonnerre de dieu, ils ne porteront pas
en enfer, et ils auront du rabat joie avant
qu'il soit l'âge d'un petit chien. déjà , foutre,
tous les véritables républicains se réveillent.
on ne leur fera pas plus longtemps à croire
que des vessies sont des lanternes. c'est en vain
que l'on veut ménager la chèvre et le chou,
et que l'on cherche à sauver des scélérats
qui ont conspiré contre la liberté . justice
sera faite, malgré les endormeurs qui veulent
nous mettre au pas des écrevisses. nous savons
maintenant là où le bat nous blesse.
l'ordre, la sûreté, l'abondance, le salut de
<Epg=5>la république dépendent de notre courage et
de notre énergie; ce dernier signe de vie
que les aristocrates viennent de nous donner,
ne fera que hâter leur supplice. le peuple
connaît ses véritables ennemis malgré tous les
masques dont ils se couvrent, il les tient en
joue; et foutre, au premier signal ils vont
être exterminés. pas un n'échappera au sort
qu'il a mérité. chat échaudé craint l'eau froide.
les *sans-culottes ne se laisseront plus foutre
dedans par les intrigants. il leur a cuit l'année
dernière pour être restés les bras croisés lorsque
l'infâme *dumouriez manigançait tous ses
coups de chien avec les *brissotins. les bougres
qui veulent aujourdhui ressusciter le fédéralisme,
les jean-foutres qui accusent les
généraux *sans-culottes , et qui employent le
vert et le sec pour mettre à la tête de nos
armées certain coupe-jarrets,que nous connaissons
tous, ces intrigants, tous ces gibiers
de guillotine, auront un pied de nez, et,
comme les *brissotins, dont ils suivent les
traces, ils finiront par faire la grande bascule.
§ au surplus, je suis tranquille, foutre, la
convention, au milieu de tous les orages et
environnée de toutes sortes d'intrigues, est
<Epg=6>toujours au pas. dans le moment où j'écris,
j'apprends qu'elle vient de rendre un décret
fameux qui va ronger les ongles à tous les
ennemis du peuple, et mettre à quia tous les
conspirateurs. bravo , foutre, bravo , les gredins
qui sifflent la linotte ne souilleront jamais
la terre de la liberté. au foutre toutes les
motions de *coblentz et tous les projets des
phélippotins, au foutre le tribunal de clémence,
le grand jugement du peuple, porté
sur tous les hommes suspects, sera exécuté.
il est décrété, foutre, qu'à la paix ils seront
tous embarqués pour le *mississipi , leurs châteaux,
leurs palais, tout ce qu'ils possèdent
est confisqué au profit de la république. que
de jean-foutres ont les vivres coupés. tous
ces écrivailleurs qu'ils soudoyent, tous ces
brigands à qui ils graissent la patte pour nous
affamer, perdront leur dents aux crocs: ainsi
donc, foutre, ce décret salutaire va ramener
la paix dans l'intérieur, et va procurer de
nouvelles ressources à la république pour
combattre ses ennemis, et pour récompenser
ses braves défenseurs. il est foutant qu'on ne
s'est pas tout de suite délivré d'une pareille
peste; car, foutre, tant que cette bougre de
<Epg=7>canaille respirera près de nous, nous devons
nous attendre à être toujours sur le qui-vive.
les parents, les amis de ces coquins combattront
encore, ils intrigueront de toutes manières
pour empêcher cette pacotille du diable
d'arriver aux *indes . mais nous ne nous endormirons
pas, foutre, et quiconque osera
prendre leur défense sera comme eux foutu
à fond de cale.
§ courage, braves *montagnards, continuez
de mériter les bénédictions du peuple, en
rendant tous les jours de pareils décrets;
frappez le fer pendant qu'il est chaud, et
ne remettez jamais à demain ce que vous
pouvez faire aujourdhui . encore quelques
jours, et tous les brigands couronnés seront
à vos pieds; tandis que d'une main vous
tenez la foudre pour écraser les despotes et
leurs vils esclaves, tendez l'autre aux malheureux,
assurez du travail à tous les citoyens,
accordez des secours aux vieillards et aux
infirmes, et pour couronner votre ouvrage,
<Epg=8>organisez promptement l'instruction publique;
ce sera là votre chef d'oeuvre; car,
foutre, sans instruction, point de liberté,
foutre.
<Sda=1794> <numero=351> <quinzaine=82> <semaine=821> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ *la grande colère du *père *duchesne ,
de voir tous les coups de chien que les aristocrates
manigancent pour tourmenter les
*sans-culottes au sujet des subsistances. sa
grande dispute à la *courtille avec des calotins
et des émigrés déguisés, qui lui sont
tombés sous la main et qu'il a étrillés solidement.
<edito=1> § il n'y a qu'un *paris dans le monde, il n'y
<Epg=2>a qu'une *courtille dans *paris ; donc, foutre,
la *courtille est le plus beau lieu de tout
l'univers; que des badauds, cependant, qui
n'ont jamais rien vu que par le trou d'une
bouteille, ignorent s'il y a une courtille sur
la terre, que je les plains, foutre; car qui
n'a jamais vu la *courtille , n'a rien vu, je le
soutiens. tonnerre de dieu, y a t il dans le
monde un plus beau spectacle que celui d'une
ville dont toutes les maisons sont des cabarets?
peut il exister un tableau plus animé
que celui des plus francs, des meilleurs *sans-culottes
rassemblés comme des fourmilières?
tout ce qu'on y voit annonce la gaieté, tout
ce qu'on y entend réjouit le coeur; le vin y
coule à flots, l'air retentit des chansons les
plus joyeuses; de tous côtés le son du tambourin
et du violon font trémousser tous les
jeunes gens, et sautent tous les cotillons. oui,
foutre, la *courtille est un véritable pays de
*cocagne . si des prêtres qui, pour nous engueuser,
ont imaginé des paradis de toutes
les façons, en avaient imaginé un tel que la
*courtille , je crois, foutre, que je me serais
converti, et que je me serais laissé aller à
leurs promesses. un luron de la gance, en
<Epg=3>quittant la vie, se consolerait s'il croyait
rejoindre tous les bons enfants qu'il a connus,
et s'il espérait s'en foutre là haut des pilles
avec les anges et le père éternel; mais, foutre,
faire un si long voyage pour aller trouver qui?
tous les sots qui nous ont fait damner de
leur vivant, ces vieilles et laides dévotes, ces
capucins crasseux et toute la séquelle de la
cagoterie? en pareille compagnie, je serais
aussi à mon aise qu'une anguille dans un grenier;
mais, foutre, pouvais je me perdre avec
ces réflexions qui ne sont plus de saison.
revenons au paradis des vivants, parlons de
la *courtille , foutre.
§ la dernière décade, après avoir célébré le
matin, au temple de la *raison , la messe
républicaine avec tous les *sans-culottes de
ma section, c'est à dire, foutre, qu'après
avoir entendu prononcer les discours les plus
patriotiques, et chanter, à pleine gueule, des
hymnes en l'honneur de la liberté, tout joyeux,
je m'acheminais le soir avec quelques bons
enfants, pour aller à vêpres à cette chère
*courtille . je ne parle point des stations que
nous fîmes en route; je passe sous silence
tous les petits cabarets où nous étouffâmes
<Epg=4>des enfants de choeur, tous les vinaigriers où
nous pompâmes quelques roquilles. de pareilles
fontaines ne sont pas dignes de vous
occuper, *sans-culottes , mes amis; il ne faut
pas, comme dit *paillasse , vous amuser aux
bagatelles de la porte, entrez avec moi à la
*grande pinte.
§ ah $! foutre, quelle foule, que de coups
d'épaule il fallut donner pour la traverser,
et pour arriver à une table ! quel boucan
il fallut faire pour trouver des places ! cependant,
à force de jurer, j'en viens à mon
honneur, foutre, et nous voilà, tant bien
que mal, assis sur une banquette branlante.
citoyen garçon, vite une pinte, en attendant
mieux; la pinte arrive, et, dans un clin d'oeil,
elle est vide; une autre, citoyen garçon;
aussitôt arrivée, aussitôt pompée; eh!
foutre, camarade, apporte nous tout de suite
un broc; ça y est, citoyen, réplique le marmiton;
ce qui fut dit, fut fait; le broc arrive.
en bons compagnons, nous allumons à force.
la conversation s'anime, et nos oreilles
s'échauffent en écoutant certains propos de
certaines coteries qui nous avoisinent.
<Sat=1> ah!
que le temps est dur,<Sat=0> disait certaine commère,
<Epg=5> en criant à tue-tête pour être mieux entendue;
<Sat=1> hélas $! oui,
<Sat=0> répétait un gros joufflu
habillé en fort de la halle;
<Sat=1> on n'y saurait plus tenir,
<Sat=0> ripostait un grand flandrin couvert
d'une sous-guenille de charbonnier;
<Sat=1> qu'allons nous
devenir, l'pauvre monde va mourir de
faim.
<Sat=0> la moutarde me monte au nez;
<Sat=1> qui t'a dit cela,
bougre d'oiseau de mauvais augure,
<Sat=0> m'écriai je, en lui montrant mon poing.
<Sat=1> c'est ce que ça ne saute pas aux yeux ,
<Sat=0>s'écria
la garce mal enguenillée qui avait commencé
la bougre d'antienne;
<Sat=1> au temps jadis on ne
manquait de rien; en venant à la *courtille ,
on était sûr de trouver son éclanche, la fine
salade et les oeufs rouges; au jour d'aujourdhui
il faut faire carême, un carême civique,
comme dit ce vieux jean-foutre de marchand
de fourneaux, que cent millions de diables
lui tortillent le col$... au *père *duchesne ,
foutre, à lui-même $! est ce que tu prends sa
défense, vieux sac à vin?" oui, foutre, et
je m'en vante, mais encore moins la sienne
que celle des bons *sans-culottes que des
échappés de la *vendée , tels que vous autres,
poursuivent partout, jusque dans leurs
plaisirs, pour les troubler. nous connaissons
<Epg=6>les jean-foutres qui veulent nous couper les
vivres; mais le rasoir national leur tranchera
le sifflet; en nous affamant, on croit nous
faire perdre patience; mais non, foutre; plus
on nous tourmentera, moins nous nous rebuterons;
ce n'est pas pour enfiler des perles
que l'armée révolutionnaire a été formée,
mais pour mettre à la raison tous les ennemis
du peuple; quand elle aura fait une tournée
à vingt lieues à la ronde, pour balayer tous
les châteaux où se sont tapis tous les bougres
qui nous enlèvent les denrées, alors, foutre.
l'abondance renaîtra d'elle-même. c'est donc
en vain que l'on veut semer parmi nous, et
jusqu'à la *courtille de la graine d'*angleterre ;
jamais elle ne perdra racine. ainsi donc,
foutus gibiers de guillotine, cachez vos cartes,
nous voyons votre jeu; toutes les prophéties
de malédiction que vous venez débiter ici,
comme vous voyez, ne nous empêchent pas
de boire, de chanter et de danser. un verre
de vin et un croûton, c'est tout ce qu'il faut
à des véritables *sans-culottes . bravo, bravo,
*père *duchesne ,
<Sat=0> s'écrient à la fois les citoyens
et citoyennes qui étaient dans le
<Epg=7> cabaret et qui m'écoutaient défiler ainsi mon
chapelet.
§ à ce mot, foutre, la bougre de coterie
de *coblentz cherche le chemin par où les
marrons n'ont point travaillé; mais, nous
poursuivons ces jean-foutres, et bientôt ils
sont rattrapés. j'empoigne, d'une main la
prétendue commère, et de l'autre, le faux
charbonnier; un brave luron de nos amis
ramène par le toupet le fort de contrebande
qui se trouve être un ci-devant chanoine , le
charbonnier un garde du corps émigré, et la
commère un de ces muscadins du *palais-*royal .
nous les menons en lieu de sûreté. c'est
ainsi, foutre, que les filous, les voleurs et
les scélérats de toute espèce se déguisent,
et sous toutes sortes de masques, cherchent
à tromper le peuple; mais, foutre, les *sans-culottes
ont le nez fin, ils flairent d'une
lieue les aristocrates et les conspirateurs
<Epg=8>qui finissent toujours par payer les violons,
foutre.
<Sda=1794> <numero=352> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande joie du *père *duchesne ,
en apprenant la générosité des braves défenseurs
de la patrie qui, non contents de verser
leur sang pour la *république , sacrifient encore
leurs subsistances et renoncent à leur
ration de viande. sa grande colère contre les
jean-foutres qui n'ont d'autre dieu que leur
ventre, et qui, au lieu d'imiter un si bel
exemple, emploient le vert et le sec pour nous
réduire à la famine.
<edito=1> § dans tous les temps, foutre, les soldats
<Epg=2>français ont été des bougres intrépides. un
jour, dit on, il prit fantaisie à *voltaire de voir
de quelle manière ces bougres se peignaient,
quand je dis voir, c'est à dire de loin. quand
il revient de la campagne, le royal jean-foutre,
nommé *louis-XV , lui demanda ce qu'il avait vu;
<Sat=1> cent mille heures à cinq sols par jour ,
<Sat=0>répondit *voltaire . si le bougre vivait aujourdhui ,
et s'il faisait une tournée sur nos frontières,
que dirait il de nos braves guerriers?
les soldats du temps passé n'étaient que de la
*st-*jean , en comparaison de ceux d'aujourdhui,
et on ne saurait leur en faire un crime; car,
foutre, ils servaient la tyrannie, tandis que
nos jeunes républicains combattent pour la
liberté; c'est pour eux qu'ils travaillent;
leurs vertus civiques surpassent encore leur
courage. je l'ai déjà dit, foutre, et je ne
cesserai de le répéter, la fine fleur de la
*sans-culotterie est dans nos armées; il faudrait
de gros volumes pour retracer toutes les belles
actions qu'ils font; je n'en finirais pas, foutre,
si j'entreprenais de les raconter; cependant
ce serait un crime d'oublier celles qui peuvent
servir d'exemple aux bons républicains. je
crois donc, que mes amis les *sans-culottes
<Epg=3> me sauront bon gré de leur faire part
de la lettre suivante qu'un de mes camarades
m'écrit de l'armée du *nord .
<Sat=1> § "tu fus un des premiers, brave marchand
de fourneaux, à engager les *sans-culottes à
diminuer leur consommation de viande, afin
de conserver cette denrée de première nécessité;
tu devais t'attendre sans doute que tous
les bons républicains des villes allaient se
disputer l'honneur de commencer à donner
l'exemple de cette privation civique. il était
réservé aux braves bougres qui combattent
pour la liberté, de donner, encore une fois,
un nouvel exemple de leur dévouement à la
chose publique. tu n'apprendras pas, sans
admiration, qu'aussitôt qu'ils ont entendu
tes bons avis à ce sujet, la division cantonnée
à *maroilles , sur la rive droite de la
consommation de cette denrée. dès le lendemain
tous les soldats de ce cantonnement
firent la remise de la moitié de la viande
qu'on avait coutume de leur donner. j'ai cru
te faire plaisir en te faisant connaître cette
action de nos braves camarades. sans doute
ils ne tarderont pas à avoir des imitateurs,
<Epg=4>et les *sans-culottes triompheront encore de
cet obstacle comme de tous les autres. dans
peu, j'espère, nous ferons danser la grande
carmagnole aux *autrichiens. tous nos bougres
à poil brûlent d'envie de commencer le bal,
et le jour où ils seront aux prises avec les
satellites des despotes, sera pour eux un
jour de fête; il les consolera de tout ce
qu'ils ont enduré pendant l'hiver. vive la
république, foutre".
signé, *celliers .
<Sat=0> § tonnerre de dieu, voilà le véritable patriotisme.
moi, foutre, à qui ne sort pas
plus d'eau des paupières, qu'il ne m'en passe
par le gosier, en lisant cette lettre, des larmes
de joie ont coulé de mes yeux; je me suis
senti le coeur gonflé. quel exemple,
me suis je écrié, pour tous ces jean-foutres
qui ont les pieds bien chauds, et qui se
dorlotent dans des lits de duvet, tandis que
nos braves frères d'armes marchent nu pieds,
et couchent sur la dure. je vois tous ces
bougres d'égoïstes accoutumés à faire des
chairs de chanoine, jurer, tempêter de ne
pouvoir plus se restaurer après leurs débauches
<Epg=5>avec leurs friands consommés. j'entends tous
ces gourmands regretter le succulent aloyau;
ils meurent de faim, disent ils, parce qu'ils
ne peuvent plus digérer de veau de *pontoise
et de mouton de *pré-salé ; c'est un supplice
pour eux de renoncer à la moindre jouissance;
ils aimeraient mieux voir la république saccagée,
et la liberté au foutre, que de s'imposer
la moindre privation; ils se foutent d'être
esclaves, pourvu qu'ils puissent, comme le
cochon s'engraisser sur leur fumier, et nos
braves volontaires qui depuis le commencement
de la guerre affrontent le canon et supportent
avec tant de courage la fatigue et la
misère, renoncent à la moitié de leur existence.
ce n'est pas assez pour eux de verser
leur sang pour la patrie, ils lui sacrifient encore
leur subsistance. millions de foutre,
quand ils auront exterminé les ennemis de la
république, quand la paix arrivera, il n'y
aura pas assez de couronnes civiques pour
récompenser de tels hommes. oh $! que la
république sera forte, lorsque tant de héros
rentrés dans leurs foyers, se joindront aux
véritables patriotes, pour foutre la chasse aux
intrigants et aux aristocrates ! quand des
<Epg=6>bougres aussi généreux, aussi désintéressés
occuperont les fonctions publiques, c'est
alors que le peuple sera heureux. quand les
assemblées nationales ne seront composées
que de ceux qui auront si bien défendu la
cause commune, tout y sera montagne; on
n'y verra plus d'intrigues, ni factions, ni
*brissotins, ni *girondins, ni rolandins, pas
même de phélippotins.
§ braves défenseurs de la république, ne
croyez pas, foutre, que les bons *sans-culottes
de l'intérieur soient moins généreux que vous;
ils ont des ennemis plus dangereux que vous
à combattre, et ils leur tiennent tête, foutre.
la corruption les environne, l'intrigue les
assiège et ils restent fermes et inébranlables.
plus on fait d'efforts pour les diviser, plus
ils sont amis. veut on les prendre par les
vivres et les réduire à force de misère, ils
s'en vengent sur les jean-foutres qui les tourmentent
et tricherie revient toujours à son
maître. oui, foutre, le feu sacré de la liberté
embrase tous les coeurs de bons *sans-culottes ;
ils ont tout bravé pour briser leurs fers, et
ils sauront tout endurer pour défendre leurs
<Epg=7>droits; rien ne les épouvante, rien ne les
rebutera, foutre.
§ braves bougres qui nous servez de remparts
sur les frontières, reposez vous sur nous pour
défendre la république que les scélérats
voudraient frapper au coeur pour mieux la
tuer. nous sommes en sentinelle pour observer
tous les intrigants, tous les fripons. vous
ne verrez plus à votre tête des bougres de
sac et de corde; ne craignez plus d'être
commandés par des *dumouriez , des *custine .
nous connaissons certains coupe-jarrets prônés
par les phélippotins, qui remuent ciel et terre
pour escroquer le commandement des armées,
comme autrefois les portefeuilles et l'argenterie
des traiteurs. *marat , de son vivant mit
sur leur front le sceau de l'infamie. c'est en
vain, foutre, qu'ils veulent appeler de son
jugement. le sort de la république ne sera
plus confié à des mains aussi impures. soldats
républicains, vous ne serez plus commandés
que par des généraux *sans-culottes , que par
des lurons dignes de vous; continuez, foutre,
de vous exercer aux combats, soyez soumis
à la discipline, et lorsque tout à l'heure, le
signal vous sera donné, précipitez vous,
<Epg=8>comme des lions, sur les bandes d'animaux
stupides que les brigands couronnés ont déchaînés
contre votre patrie; marchez sur leurs
cadavres jusqu'à *valenciennes et *condé , et
faites flotter l'étendard de la liberté sur les
portes de ces villes que la clef d'or ouvrit à
nos ennemis, et que le canon républicain
doit enfoncer, foutre.
<Sda=1794> <numero=353> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande colère du *père *duchesne ,
au sujet d'une nouvelle conspiration des aristocrates
déguisés et des faux patriotes, pour
dégoûter les bons *sans-culottes de la *révolution ,
à force de les persécuter. sa grande joie
de ce que le tribunal révolutionnaire continue
à être au pas, et qu'il est aussi empressé à venger
les innocents que de punir les traîtres et les
conspirateurs.
<edito=1> § nom d'un foutre, entendrai je toujours les
<Epg=2>plaintes des patriotes? jusqu'à quand les
défenseurs du peuple seront ils persécutés?
quoi, foutre, les meilleurs *sans-culottes et
les plus infâmes aristocrates sont confondus?
quoi $! les plus francs républicains sont jetés
dans les cachots pêle-mêle avec les aristocrates
et les royalistes? il est temps que ce
désordre finisse; il est temps que les jean-foutres
qui prennent le masque du patriotisme
et de la vertu pour opprimer tous les
bons citoyens,soient punis de leurs crimes.
il est temps que l'innocence soit vengée; il
est temps enfin que le peuple que l'on tourmente
de tant de manières, pour le dégoûter
de la révolution, commence à respirer. périssent
tous ses ennemis, foutre; mais que
les braves bougres qui ont constamment défendu
ses droits, cessent d'être vilipendés,
et tyrannisés par une poignée d'intrigants et
de fripons qui manigancent dans l'ombre les
plus noirs complots, qui embrouillent les
affaires, pour pêcher en eau trouble, qui
protègent et défendent tous les scélérats, pour
grossir leur parti, qui accusent et calomnient
les hommes purs, pour se débarrasser d'eux,
qui veulent assassiner le patriotisme, pour
établir la tyrannie, foutre!
<Epg=3> § c'est en vain que ces jean-foutres se flattent
de réussir dans leurs affreux complots. jamais,
non jamais la liberté ne périra; quelques
patriotes, au milieu de la mélée, pourront
être victimes, mais ils seront vengés. eh!
foutre, quel est le républicain qui n'ambitionne
pas le sort du martyr *challier ! sa gloire est
immortelle; son sang a servi à cimenter la
liberté. les monstres qui l'ont égorgé, n'ont
fait que hâter leur perte. il en sera de même,
foutre, de tous les intrigants, de tous les
ambitieux, de tous les scélérats qui oseront
s'élever contre la *sans-culotterie , et faire la
guerre aux patriotes.
§ les bons citoyens doivent s'attendre à la
persécution, foutre. plus un homme est vertueux,
plus il a des ennemis; plus il veut faire
le bien, plus il est exposé; mais, foutre, ce
qui doit l'encourager, c'est la récompense qui
l'attend, c'est l'estime publique qu'on ne peut
lui ravir; car, foutre, la masse du peuple est
toujours pure; il est quelque fois trompé, mais
ses intentions sont bonnes, jamais on ne peut
le corrompre; s'il aime à voir tomber la tête
des conspirateurs, il est encore plus flatté de
trouver des innocents.
<Epg=4> puisque je suis sur ce chapitre, il faut que
je raconte une scène délicieuse qui vient de
se passer au tribunal révolutionnaire, et dont
j'ai été témoin, foutre. deux patriotes de
*marseille , deux bougres à poil qui depuis le
commencement de la révolution avaient toujours
été la terreur des aristocrates, paraissent
sur le fatal gradin; on les accuse, dans leurs
fonctions de juges, d'avoir rendu journellement
des jugements arbitraires en faveur des aristocrates
de *marseille et des fédéralistes. les
journaux phélippotins, pour les noircir , avaient
répandu que ces deux magistrats étaient des
ultra-révolutionnaires, des hommes de sang,
et, comme dit le gentil *camille , qu'ils n'avaient
pas de plus grand plaisir que de lécher le collier
de la guillotine . enfin les débats commencent;
plusieurs témoins sont entendus, et déclarent
ne pas connaître seulement les accusés; un
brave député, membre du comité de sûreté
générale, *moyse *bayle , parait a son tour,
et dit:
<Sat=1>"je connais ces deux citoyens depuis
le commencement de la révolution; ils ont
tout fait, tout sacrifié pour elle; ils ont été
constamment à *marseille les fléaux de l'aristocratie;
pendant le triomphe des rebelles, ils
<Epg=5>furent précipités dans les cachots; leurs mains
portent encore l'empreinte de leurs chaînes,
et sans l'entrée inattendue du général *cartaux ,
ils étaient menacés, le même jour, de perdre
la tête. quels que soient leurs accusateurs, je
ne vois encore dans ces deux citoyens que des
patriotes purs et des magistrats intègres."
<Sat=0> vingt autres témoins sont encore entendus,
et tous font l'éloge des accusés.
§ déjà, foutre, l'affaire est jugé par le
grand juge, par le peuple qui assistait à l'audience.
tous les *sans-culottes se demandent
à l'oreille quels sont les jean-foutres qui ont
osé accuser d'aussi braves bougres? c'est un
ci-devant noble, c'est un nommé *montmo ,
sentinelle perdue de la *vendée et apostée à
*marseille pour y brouiller les cartes et mettre
les *sans-culottes à chien et à chat. c'est un
ci-devant comte de *lapoipe , autrefois officier
aux gardes françaises, qui, pour se raccrocher
aux branches, singea le patriotisme après la
prise de la *bastille ; mais *capet le raccourci,
qui le connaissait à fond, malgré son prétendu
*sans-culottisme , le nomma colonel,
sans doute pour le récompenser d'avoir épousé
la fille de *jean *fréron , l'apôtre de la tyrannie
<Epg=6>et du fanatisme, l'ennemi de *voltaire , de
*rousseau et de tous les philosophes. le pape
*royou , ce bougre d'empoisonneur, auteur de
l'ami du roi, comme toute la *france sait, avait
enrôlé *jean *fréron dans la grande confrérie,
et en reconnaissance, il eut toujours une
affection paternelle pour ses petits marmots;
ce fût lui qui prononça le conjungo , lorsque
le gentilhomme *lapoipe mit l'anneau au doigt
de sa filleule *fréronnette . voilà comme quoi
de fil en aiguille, et par le canal du pape
*royou , *lapoipe fut fait colonel. il n'y a que
le premier pas qui coûte. un colonel de cette
acabit n'a pas eu de peine à devenir général.
*dumouriez , *custine , *houchard et tant d'autres
n'avaient pas d'aussi grandes protections
que l' âne à *fréron .
§ ah $! foutre, quelle grêle va tomber sur
ma tête ! moi, chétif marchand de fourneaux,
oser mettre mon doigt entre l'arbre et l'écorce ,
oser toucher aux hautes puissances du jour!
gare la colère du vieux *cordelier ; l'avocat
des nobles va reprendre sa plume pour prouver
que je suis un ultra , un avilisseur des autorités
constituées, mais je m'en fous; maintenant
je suis ferré à glace; j'en ai une kyrielle à
dégoiser, et je casse les vitres. lorsque le
brave *antonelle dont toute la vie a été consacrée
à la vertu, est rayé des *jacobins , parce
qu'il a eu le malheur de naître de parents nobles,
je ne verrai pas, sans jurer et tempêter, à la
tête de nos armées des ci-devant officiers aux
gardes, des protégés de *royou . qu'on ne me
<Epg=7>parle pas des exploits du comte de *lapoipe .
*dumouriez aussi passait pour un grand général;
à *jemappes , il chargeait, le sabre à la main,
à la tête des bataillons, et il enlevait les redoutes;
il n'en était pas moins un traître. la
bravoure ne prouve rien, et ne peut effacer la
tâche du ci-devantisme. d'ailleurs, foutre; le
général *royou s'est lui-même démasqué en
désarmant les *sans-culottes de *marseille , en
voulant y rétablir une bastille que les patriotes
avaient démolie au commencement de la révolution,
en détruisant les beaux monuments de
cette ville républicaine, et surtout en persécutant
les magistrats *sans-culottes .
§ revenons à ces braves bougres échappés à
la fureur du général *royou . aussitôt que les
témoins eurent été entendus, un mouvement
général d'indignation se fit entendre. l'accusateur
public devint le défenseur des accusés.
<Sat=1>"quelque soit,
<Sat=0> s'écria ce brave bougre, <Sat=1> le
crédit de leurs persécuteurs, quelque soit leur
pouvoir, qu'ils ne pensent pas trouver dans le
tribunal révolutionnaire l'instrument de leurs
passions et de leurs vengeances."
<Sat=0> les jurés
déclarent qu'ils sont suffisamment instruits, et
ils demandent à émettre leur opinion, sans
désemparer; à l'unanimité ils déclarent que
jamais l'innocence n'a été si audacieusement
et si atrocement persécutée.
<Sat=1>citoyens,<Sat=0> dit
alors le président, en s'adressant aux accusés:<Sat=1>
"comme vous, *marat fut traduit devant ce tribunal
redoutable, comme lui, venez embrasser
vos juges".
<Sat=0> des larmes coulaient de tous les
<Epg=8> yeux; tous les coeurs étaient suffoqués; juges,
jurés, accusés, spectateurs, tous volent dans
les bras les uns des autres; la salle du tribunal
et les lieux qui l'entourent, retentissent des
cris, mille fois répétés, de vive la république,
vive l'innocence, vive le tribunal, mort aux
intrigants, aux ambitieux et à tous les ennemis
de la liberté, foutre.
<Sda=1794> <numero=354> <semaine=822> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§la grande joie du *père *duchesne ,
de voir que les jean-foutres qui voulaient
mettre les *jacobins et les *cordeliers à chien
et à chat, ont tiré des coups d'épée dans
l'eau. sa grande colère contre ces mêmes
bougres qui osent le mesurer à leur aulne et
l'accusent d'être un accapareur,
<edito=1> § *sans-culottes de *paris , républicains de tous
<Epg=2>les départements, si vous avez jusqu'à ce jour
triomphé de tous vos ennemis, si le vaisseau
de la patrie si longtemps battu par la tempête,
a résisté à tous les orages, et échappé à tant
d'écueils, à qui en êtes vous redevables, foutre;
n'est ce pas aux sociétés patriotiques ? sans
elles, tous les faquins de l'ancien régime
feraient la pluie et le beau temps, l'infâme
*capet engraissé de votre sang, régnerait encore,
la louve autrichienne tiendrait dans ses
mains impures la clef du trésor national, et
toute la bougre de ménagerie de *versailles se
partagerait les dépouilles du peuple. vous
n'avez pas oublié tous les efforts des véritables
amis de la liberté pour nous délivrer de cette
peste; vous vous souvenez des sacrifices qu'ils
ont faits, des dangers qu'ils ont bravés pour
défendre vos droits, foutre.
§ tant qu'il existera un homme libre sur la
terre, il se rappellera deux sociétés fameuses
qui ont foutu le trône du tyran en canelle, et
fondé la république, les *jacobins et les *cordeliers .
je suis fâché, soit dit en passant, que
les deux premiers temples élevés à la liberté,
portent des noms de moines; mais, foutre,
l'habitude fait tout; au reste les noms ne font
<Epg=3>rien, et les braves bougres qui portent aujourdhui
ceux de *jacobins et de *cordeliers sont
aussi aimés et estimés des bons *sans-culottes ,
que les autres étaient avilis et détestés. mais,
foutre, c'est trop baliverner sur les mots,
revenons au fait; parler à un aristocrate d'un
jacobin ou d'un cordelier, c'est lui donner la
fièvre, foutre. l'infâme *la-*fayette dont ils
dévoilèrent courageusement toutes les manoeuvres;
leur déclara une guerre à mort, et
son bougre de cheval blanc fit feu des quatre
pieds pour marcher à la tête de son armée
contre *paris , afin d'exterminer les clubistes.
quand le mandrin *léopold , d'accord avec
l'ogre *capet , commença le fameux branle qui
a mis toute l'*europe à feu et à sang, il n'en
voulait qu'aux *jacobins ; l'ours mal léché de
*berlin , *georges-*dandin , la vieille *cato,
le roi des marmottes, l'âne chargé de reliques
qui gouverne les *espagnols, et même le porte-clefs
du paradis répètent tous le même refrain.
pourquoi tous ces bougres de mangeurs
d'hommes ont ils tant de haine contre les
sociétés populaires? ah $! foutre, c'est qu'ils
savent là où le bat les blesse, ils s'attendent
que tôt ou tard chacun d'eux mettra la tête à
<Epg=4>la lunette comme leur confrère *capet ,et ils
n'ignorent pas que ce sont les *jacobins et les
*cordeliers qui leur feront faire le saut
périlleux;aussi ces monstres en jouant de leur
reste, jettent ils l'or par les fenêtres pour diviser
les *sans-culottes , et dissoudre toutes les
sociétés républicaines.armer les *jacobins
contre les *cordeliers ,ce serait pour eux le
plus grand coup d'état;mais, foutre, les
*jacobins et les *cordeliers resteront à jamais
unis;ils verront tomber tous les trônes, et
tous les hommes libres leur devront leur
bonheur.
§ cependant, foutre, les furets de *pitt qui
sont toujours aux aguets pour brouiller les
cartes parmi nous,viennent d'essayer de mettre
ces deux sociétés à chien et à chat.les *cordeliers
indignés de voir les fripons aller
la tête haute,tandis,foutre, que les meilleurs
patriotes étaient persécutés,ayant les oreilles
rebattus de tous les projets de contre-révolution
de nos ennemis, s'apercevant que les
modérés,les feuillants et les royalistes osaient
lever la crête,et menaçaient de former une
faction pour dissoudre la convention et anéantir
la liberté, la moutarde leur a monté au nez,
<Epg=5> et encore une fois ils ont prouvé aux aristocrates
qu'ils avaient bec et ongle,et qu'ils
sauraient les faire rentrer cent pieds sous terre.
<Sat=1> "tremblez,ennemis du peuple,<Sat=0>se
sont ils écriés,<Sat=1> vous voulez une insurrection,
eh bien, foutre, nous en ferons encore une,
mais ce sera la dernière;le peuple encore une
fois se lèvera en masse,mais ce sera pour
vous exterminer;les *jacobins et nous,toujours
unis à la convention,nous allons tous mettre
nos têtes dans un bonnet,pour purger la
république de tous les traîtres".
<Sat=0>à ce mot d'insurrection, tous les jean-foutres
qui craignent pour leur peau,parce
qu'ils ont volé la république, ou conspiré
contre la *sans-culotterie , ont commencé à
jeter feu et flamme;ils ont osé dire que les
*cordeliers ,qui cent fois ont sauvé la convention,
voulaient la dissoudre.les *jacobins allarmés
par ce bruit répandu par les journalistes et les
gazetiers de *coblentz et de la *vendée ,sont
venus demander une explication fraternelle
à leurs frères les *cordeliers .déjà,foutre, les
aristocrates riaient sous cape , et s'applaudissaient
d'avoir jeté une pomme de discorde
<Epg=6> rendu compte de leur conduite à leurs frères
qui loin de les blâmer, ont juré de s'unir à
eux plus intimement pour exterminer tous les
conspirateurs; cette scène touchante a fini par
des embrassements. une députation de la
société fraternelle, compagne fidèle et inséparable
des *cordeliers , qui, avec eux, vit ses
membres égorgés au *champ-de-*mars , est
venue, pendant cette séance, déclarer à ses
frères les *cordeliers qu'elle partageait toujours
ses opinions, et qu'elle marcherait constamment
avec eux dans la route de la révolution.
§ ainsi donc, foutre, tous les aristocrates
qui croyaient voir les patriotes aux prises,
ont tiré un coup d'épée dans l'eau. le bateleur
*pitt a perdu ses guinées, et tous les
bons *sans-culottes se réjouissent de cette
explication salutaire qui a rallié tous les flancs
républicains. c'est encore l'occasion de dire:
tricherie revient à son maître, foutre.
atroce calomnie à ajouter aux mille et une
fabriquées contre le *père *duchesne .
§ le comité révolutionnaire de la section de
*bonne-*nouvelle vient de faire une visite
<Epg=7>patriotique dans son arrondissement, et il a
déniché beaucoup de saloirs très bien garnis,
et entre autres, chez certain marchand de vin
signataire, qui, toutes les nuits, fait vendange
en son puits, et qui, pour sa provision,
n'avait qu'un porc et demi.
<Sat=1> allez donc aussi
chez le *père *duchesne ,<Sat=0> a dit monsieur
*mélange ,<Sat=1> et vous verrez quelle provision lui
est arrivée hier.
<Sat=0>les commissaires viennent;<Sat=1>
est il vrai, *père *duchesne , que tu es un accapareur
de lard,<Sat=0> me disent ils?<Sat=1> moi, foutre,
pour qui me prenez vous? tenez, voilà mon
accaparement, visitez.
<Sat=0> je présente aussitôt
un petit pot contenant vingt-quatre livres
qu'un de mes compères avait reçu de ses
parents, et qu'il m'avait envoyé la veille;
le pot était empaqueté encore avec l'adresse
de la messagerie; je le donne, et moi-même
je presse les commissaires de l'emporter et
de le distribuer. les malveillants saisissent
cette occasion pour débiter dans tout *paris
que l'on a trouvé chez moi plus de cinq
cents livres de salé, que je suis arrêté comme
un accapareur, et que je vais être, pour le
moins, guillotiné. une telle atrocité ne
méritait pas d'être relevée; mais pour éloigner
<Epg=8> tout soupçon, je fais afficher ma justification
signée du comité révolutionnaire et de la
société populaire de la section.
<Sda=1794> <numero=355> <edito=0> <Epg=1> <Sat=0>
§ la grande colère du *père *duchesne ,
contre les modérés qui emploient le vert et
le sec pour s'opposer à l'exécution des décrets
révolutionnaires et pour sauver les aristocrates
et les conspirateurs. ses bons avis à tous les
francs républicains pour qu'ils mettent tous
leur tête dans un bonnet pour faire exécuter
la loi du maximum et celle qui confisque les
biens des hommes suspects.
<edito=1> § ah! foutre, que l'aristocratie est dure à
<Epg=2> tuer. quand elle est prête à recevoir le coup
de grâce, elle fait la morte, et lorsqu'elle
parait écrasée, elle se révolte et se ranime
tout à coup pour lancer son poison avec plus
de force. chaque jour elle enfante de nouveaux
monstres pour tourmenter le peuple.
pourquoi, foutre, les patriotes s'arrêtent ils
presque toujours à moitié chemin ? pourquoi,
quand ils sont en train de frapper, n'exterminent
ils pas à la fois tous leurs ennemis?
tout était fini le 10 août si des bougres d'endormeurs
n'avaient pas arrêté le bras vengeur
du peuple; l'ogre *capet et son abominable
race perdaient le goût du pain, pas un seul
chevalier du poignard n'aurait échappé; d'un
seul coup de filet on enlevait à *paris tous les
feuillants, tous les royalistes, tous les aristocrates,
et les départements qui désiraient autant
que nous cette grande journée, auraient
donné à plein collier dans tout ce que les
*parisiens auraient fait; mais au contraire les
*sans-culottes se laissèrent embêter par des
jean-foutres à double face; le modérantisme
l'emporta; qu'en arriva t il, foutre? les *brissotins
firent la pluie et le beau temps; le vieux
*roland , avec les millions que la convention
<Epg=3> lui avait confié pour acheter des subsistances,
manigança la contre-révolution. le boudoir
de la putain qui l'encornaillait, remplaça le
comité autrichien; ses mouchards, dispersés
dans toutes les parties de la république, allumèrent
partout le feu de la guerre civile.
presque tous les journalistes vendus à cette
infâme clique, empoisonnèrent l'opinion. les
meilleurs citoyens furent traînés dans la boue.
les législateurs purs et courageux passèrent
pour des scélérats. on accusa ceux qui avaient
détruit la tyrannie de vouloir la rétablir. la
voix de la vérité fût étouffée par le mensonge
et la calomnie. il n'y eut plus de sûreté pour
le petit nombre d'écrivains qui était resté
fidèle au peuple. *marat fût regardé comme
un loup-garou; il passa pour une bête féroce,
et dans plusieurs départements on se demandait
combien il mangeait de petits enfants à son
déjeuner et combien par jour il buvait de
pintes de sang; cependant, foutre, il n'y avait
pas dans la république d'homme plus humain.
les jean-foutres qui voulaient s'en débarrasser
à tel prix que se fût, le firent décréter d'accusation,
et pour l'assassiner plus sûrement, ils
avaient formé le projet de donner de la pelle
<Epg=4>au cul au tribunal révolutionnaire, pour en
créer un autre composé de coquins et de
brigands de leur acabit; mais, foutre, les
*sans-culottes se rebiffèrent, le peuple défendit
la cause de son véritable ami, il ne laissa
pas aux *brissotins le temps d'achever leur crime;
*marat parut devant ses juges, et il confondit
ses accusateurs; ramené en triomphe au haut
de la sainte montagne, il y épouvanta tous
les scélérats.
§ tandis, foutre, qu'une poignée de braves
*montagnards faisait face à l'orage, et bravait
tous les dangers pour sauver la république,
l'infâme *dumouriez , d'accord avec les *brissotins,
menait nos soldats à la boucherie, et
vendait la *belgique aux *autrichiens; *roland
et sa séquelle en même temps prêchaient le
fédéralisme, armaient les départements contre
*paris , et déjà, foutre, ils manigançaient la
guerre de la *vendée . pour donner le coup de
grâce à la liberté, le bougre de tripot appelé
comité des douze, fût imaginé; ce fût dans la
fange du *marais qu'on alla chercher les crapauds
et les serpents qui le composèrent.
la mort de tous les patriotes fût arrêtée. il t'en
souvient, pauvre marchand de fourneaux,
<Epg=5>c'était par toi que devait commencer la danse;
car, foutre, dans tous les temps tu fus toujours
le premier couché en joue; auparavant le
comité autrichien t'avait fait également siffler
la linotte, et les feuillants avaient juré que ta
tête serait le premier cadeau qu'ils feraient à
la louve autrichienne. quand le sac est trop
plein, il faut qu'il crève, foutre. la journée
du 31 mai servit de second acte à la tragédie
du 10 août; elle a sauvé la république, elle
a mené à l'échafaud les principaux chefs de
la conjuration; mais, foutre, tout n'est pas
détruit; depuis qu'on a osé demander l'ouverture
des prisons, les aristocrates ont employé
le vert et le sec pour délivrer leurs amis et
leurs parents, et pour perdre les patriotes.
*carra et *gorsas sont ressuscités; les mêmes
infamies qu'ils débitaient, sont répétées par
d'autres cuistres de leur espèce. les plus
grands conspirateurs trouvent des hommes
assez audacieux pour faire leur éloge et pour
les défendre, et les meilleurs patriotes, calomniés,
persécutés, traînés dans les cachots
et confondus avec les fripons, les aristocrates
et les royalistes, sont lâchement abandonnés;
ou s'il se trouve des hommes assez justes, assez
<Epg=6>hardis pour prendre leur défense, on les accuse
d'être des chefs de parti, des ambitieux,
des désorganisateurs. l'or de *pitt circule à
flots pour exciter tous ces désordres, pour
entretenir la corruption, pour protéger le
crime et pour accabler l'innocence et la vertu.
§ ce ne sont pas seulement les patriotes que
l'on veut perdre, c'est la république, foutre.
les feuillants, les *brissotins de nouvelle fabrique,
en même temps qu'ils répandent le poison
du modérantisme, osent blâmer les mesures
révolutionnaires qui ont sauvé la liberté; ils
minent sous-main le gouvernement, afin de
s'en emparer. un comité de salut public, un
comité de sûreté générale, composé de phélippotins,
serait le chef d'oeuvre de l'aristocratie;
bientôt de nouveaux crapauds barboteraient
dans le *marais , bientôt recommencerait
un combat meurtrier entre le crime et
la vertu. voilà pourtant ce que certains coquins
n'ont pas crainte de demander.
§ et c'est à la veille du grand coup de peigne,
c'est le moment où nos braves guerriers
brûlent d'impatience d'exterminer les esclaves
des despotes, que l'on jette ainsi des bâtons
dans les roues ! oui, foutre, les patriotes ont
<Epg=7>raison d'exprimer leur indignation, en voyant
se former de pareils complots. il faut sauver
la république, et pour la sauver, il faut faire
justice de tous les fripons, de tous les intrigants,
de tous les conspirateurs.
§ braves *sans-culottes , il ne faut pas jeter
le manche après la cognée. ceux qui prêchent
le modérantisme sont vos plus grands ennemis.
il n'y a plus à reculer, foutre; il faut que
la révolution s'achève. la convention vient de
rendre un nouveau décret sur le maximum , qui
va tuer les accapareurs et ramener l'abondance.
la loi qui confisque les biens des hommes
suspects, et qui ordonne leur déportation, va
ôter à tous les ennemis du peuple les moyens
de troubler la paix, et purger la république de
tous les monstres qui l'empoisonnent. ainsi,
foutre, pour triompher de toutes les cabales
et de toutes les intrigues, il faut que tous les
vrais républicains continuent d'environner la
convention qui travaille d'arrache pied au
bonheur du peuple. que les *sans-culottes
se rallient donc pour la délivrer de tous les
traîtres qui conspirent contre la liberté: leur
nombre est encore grand; mais, foutre, si les
lois révolutionnaires sont exécutées promptement
<Epg=8> et vigoureusement, ils rentreront tous
dans le néant. je ne saurais trop le répéter:
la cause de tous les troubles qui nous agitent,
vient de l'indulgence que l'on a mis dans le
châtiment des traîtres. un seul pas en arrière
perdrait la république. jurons donc, foutre,
la mort des modérés, comme celle des royalistes
et des aristocrates. de l'union, du courage,
de la constance, et tous nos ennemis
seront a quia , foutre.